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2021 DASES 257 - Bilan du schéma des seniors 2017-2021.


 

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous examinons le projet de délibération DASES 257 concernant le bilan du schéma des seniors 2017-2021.

La parole est à M. Frédéric BADINA-SERPETTE.

M. Frédéric BADINA-SERPETTE. - Merci, Monsieur le Maire.

Chers collègues, plus de 450.000 seniors vivent aujourd?hui à Paris. Cela nous oblige à mener une politique publique ambitieuse. C?est ce que nous faisons aujourd?hui pour nos aînés à Paris. Au c?ur de la vie associative, les seniors sont une vraie richesse pour Paris et en assurent une grande partie de la vitalité. C?est également sur elles et eux que reposent les solidarités familiales, la garde d?enfants, mais aussi les aidants des personnes très âgées et en perte d?autonomie. Ce schéma élaboré sous l?impulsion de Dominique VERSINI et repris par Galla BRIDIER, notre collègue élue écologiste sous la mandature précédente - que je salue ici chaleureusement - est exemplaire dans sa construction comme dans le travail qui a eu lieu dans sa préparation. Ce projet de délibération nous en présente le bilan et je voulais mettre en avant plusieurs points.

D?abord, avec les nombreuses aides et dispositifs pour les seniors et la richesse du tissu associatif, l?un des axes de l?action municipale a donc été, ces dernières années, de rendre accessible l?information au grand public. Je pense notamment au guide "Senior à Paris" ou au projet de comparateur des services d?aide à domicile, qui permettent d?accompagner les personnes âgées et leurs proches. Notre collectivité doit continuer son travail en luttant contre la fracture numérique, mais aussi en décomplexifiant les modalités d?accompagnement des seniors, qui ne savent pas forcément toujours comment solliciter une aide.

Concernant les "Maisons des aînés et des aidants", si un gros travail de concertation a été réalisé pour aboutir à leur mise en place, avec pour objectif de proposer une porte d?entrée unique, nous ne pouvons que regretter que les politiques nationales aient déjà commencé à diluer l?action et la lisibilité de ces acteurs par l?élargissement de leurs missions.

Un point, ensuite, sur la mise en place de "Paris en compagnie". Mes collègues ont parlé dans leurs interventions précédentes de "Paris en compagnie", mis en place par Galla BRIDIER sous le mandat précédent. Ce dispositif d?accompagnement est né il y a maintenant trois ans du triste constat que l?isolement des seniors est très fort dans notre ville et que de nombreuses personnes âgées sont hésitantes à l?idée de sortir seules de chez elles. Avec "Paris en compagnie", elles sont désormais accompagnées par des bénévoles dans leur quotidien pour les courses, les promenades, pour se rendre à un rendez-vous médical ou aller à une activité. Le modèle qui a été retenu permet un fonctionnement souple, qui a montré sa capacité d?adaptation lors de la crise Covid.

Sur les E.H.P.A.D., nous savons que les Parisiennes et les Parisiens sont inquiets à l?idée de devoir entrer en établissement, en particulier dans un E.H.P.A.D. Notre Ville a pourtant la chance d?offrir à ses seniors un service public qui permet de proposer un accueil de qualité, dans des établissements souvent refaits à neuf, avec une population variée, y compris pour les personnes les plus précaires. Sur ce sujet, le Gouvernement n?a pas pris sa responsabilité en matière de politique du grand âge, puisque la loi est de nouveau repoussée. Nous le dénonçons, bien entendu.

Enfin, je voudrais en venir au maintien à domicile des seniors, notamment de ceux qui sont propriétaires modestes. Sous la mandature précédente, à l?occasion d?une niche, le groupe Ecologiste de Paris avait porté un projet de dispositif visant à accompagner les seniors devenus propriétaires à Paris, du temps où les classes moyennes le pouvaient, mais dont les revenus à la retraite sont modestes. En s?inspirant du modèle du viager, nous proposions que ces personnes puissent rester à leur domicile en vendant leur logement pour devenir locataire du parc social, le logement étant mis en accessibilité par le bailleur social. Les expérimentations devaient commencer. Nous avons donc une question pour l?Exécutif, chère Véronique : où en sommes-nous sur ce dispositif ?

En guise de conclusion, quelques mots pour le futur schéma. Les écologistes veilleront, en premier lieu, à défendre un véritable service public du grand âge, à défendre une ville qui s?adapte au grand âge, et une politique publique qui associe le plus possible les seniors dans sa conception comme dans sa réalisation.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Frédéric BADINA-SERPETTE.

Je donne maintenant la parole à Mme Hélène JACQUEMONT.

Mme Hélène JACQUEMONT. - Merci, Monsieur le Maire.

Chers collègues, le schéma senior à Paris, dont vous faites le bilan aujourd?hui, est un sujet central compte tenu du nombre de Parisiens concernés. On le rappelle encore : un quart des Parisiens. Le Code de l?action sociale et des familles prévoit qu?il revient aux départements, donc au Département de Paris, de définir et de mettre en ?uvre l?action sociale envers les personnes âgées, leurs proches, les aidants, et de coordonner, dans le cadre du schéma départemental, l?organisation sociale et médico-sociale. C?est ainsi que le schéma senior parisien 2017-2021 a été élaboré à partir d?une vaste concertation citoyenne, associative et institutionnelle, avec l?objectif d?éviter des situations d?isolement, de répondre aux situations de précarité sociale et de prévenir et accompagner la dépendance. Jusque-là, tout est parfait.

Le schéma 2017-2021, dont le bilan nous est proposé, était clairement articulé autour de 3 axes. Le premier mettait l?accent sur la communication auprès des seniors afin d?améliorer la circulation, la qualité et la visibilité de l?information qui leur est destinée. Il s?agissait - je cite - "de permettre à chacun de mieux connaître les dispositifs existants, de pouvoir ainsi mieux s?en saisir". Oui, vous aviez raison d?insister sur la communication auprès des seniors dans le cadre du schéma 2017-2021. C?était et cela reste une priorité absolue, dont malheureusement votre bilan ne fait aucunement mention. Il est vrai que l?on n?a pas vu grand-chose en la matière. Vous n?avez donc aucune évolution, aucun progrès à mettre en avant sur l?information des professionnels et des usagers ?

Concernant les deux autres axes, faire de Paris une ville inclusive et innovante où les seniors sont de véritables acteurs du développement, prévenir et accompagner les fragilités, qu?il s?agisse de la perte d?autonomie, de l?isolement ou de la précarité financière, vous avez choisi de faire un bilan quantitatif plus que qualitatif. Soit. Néanmoins, le bilan avancé ne répond que partiellement aux attentes malgré les chiffres que vous indiquez, parmi lesquels on se perd. Que penser des 15.000 usagers des clubs, des 200.000 heures d?activité, des 72.000 places de loisirs offertes ? Est-ce beaucoup ? Pas beaucoup ? L?évolution est-elle favorable ? Votre communication manque véritablement d?analyses sur les données. "A contrario", nous aimerions savoir combien de millions d?euros le département a consacré, ou soutien, à la population âgée. Un seul chiffre. Vous communiquiez sur 294 millions d?euros en 2010. Qu?en est-il 10 ans plus tard ? Quelle est l?enveloppe totale, Ville et Département, des subventions versées aux associations intervenant auprès des seniors ? Combien d?associations concernées ?

Sans avoir répondu à ces questions, et au détriment de la transparence que vous devez pourtant à vos électeurs et à nos concitoyens, vous évoquez déjà les grandes lignes de l?élaboration du futur schéma senior 2022-2026. Vous prévoyez à nouveau une concertation citoyenne, une concertation institutionnelle. La concertation, c?est bien, mais c?est consommateur de temps et d?énergie. Cela sert surtout à renouveler une feuille de route lorsque le chemin a été accompli. L?ambitieux schéma senior 2017-2021 à Paris n?a pu répondre que très partiellement aux engagements et aux attentes, certes, dans un contexte de crise sanitaire imprévisible. Les besoins n?ont pas beaucoup évolué en 4 ans. Nous les connaissons déjà. Par exemple, compte tenu de l?évolution démographique, nous savons qu?il manque globalement entre 15.000 et 20.000 places en établissement à Paris pour les 10 prochaines années.

Concernant l?isolement et le maintien du lien social, il est urgent de poursuivre l?action et d?innover. L?isolement est le fléau du grand âge. Le fléau d?une grande ville comme Paris. En plus, l?isolement va à l?encontre de la prévention. Il tue à petit feu, comme le souligne le rapport des "Petits Frères des Pauvres" publié en mars 2021. Ce ne sont que deux exemples, mais les problématiques émergées sont nombreuses et attendent des réponses. Nous comptons sur vous pour ne pas les dissoudre dans la future concertation.

Pour conclure, je forme le souhait que le nouveau schéma se donne pour ambition de donner toute leur place aux seniors, citoyens à part entière, quels que soient leur visibilité et état de fragilité, lutte contre l?âgisme, et permettre une ville capitale plus hospitalière aux aînés dans toutes les problématiques, qu?elles soient médicales, sociales, psychosociales, économiques, éthiques, sportives. Car, 5.000 usagers de "Paris Sport Seniors", ce n?est pas suffisant et l?on ne peut pas s?en glorifier. Enfin, la prévention pour favoriser le bien vieillir à Paris.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Hélène JACQUEMONT.

Je donne la parole à M. Hamidou SAMAKÉ.

M. Hamidou SAMAKÉ. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, en cette fin d?année, à mesure qu?arrivent à échéance plusieurs documents programmatiques pluriannuels, nous sommes amenés à quitter un instant la succession de dossiers en cours pour prendre de la hauteur, tirer les grands enseignements de la période qui s?achève et envisager, à leur lumière, les priorités pour les années à venir pour chaque grande dimension de notre action sociale. C?est à cet exercice que nous sommes invités aujourd?hui, s?agissant du schéma des seniors 2017-2021 et, à cette occasion, de l?élaboration du schéma 2022-2026. Je peux vous dire qu?il s?agit d?un exercice difficile. Exercice difficile, parce que les seniors représentent une part conséquente de la population parisienne - environ 22 %, soit 480.000 Parisiennes et Parisiens de plus de 60 ans - et cette part atteindra plus de 25 % de la population parisienne en 2050, selon l?INSEE.

La réalité de ce qu?est un senior dans notre société est aussi à redéfinir à mesure que s?allonge l?espérance de vie. Pour autant, il faut se garder de croire que le troisième âge est toujours celui de tous les possibles. Les difficultés dans les gestes quotidiens apparaissent en effet dès 63 ans en moyenne pour les hommes, et 64 ans et demi pour les femmes. Les inégalités sociales qui persistent et s?accentuent ont également leur traduction sur ces indicateurs démographiques. L?espérance de vie est plus basse de 13 ans pour les hommes et de 8 ans pour les femmes, pour les 5 % les moins riches de la population, comparée aux 5 % qui le sont le plus.

Les actions menées par les différents services qui s?adressent aux seniors cherchent donc à s?adapter à leur réalité en évolution et proposent une gamme toujours plus riche de services et projets autour de trois axes cardinaux du schéma 2017-2021, à savoir : communiquer auprès des seniors pour rendre plus lisible et accessible l?information qui leur est destinée ; faire de Paris une ville inclusive et innovante où les seniors sont reconnus comme de véritables acteurs du développement ; et enfin, prévenir et accompagner les fragilités, qu?elles relèvent de l?état de santé, de l?isolement ou des difficultés financières.

C?est aussi un exercice difficile parce que la période que nous venons de vivre, et que nous vivons encore, a bouleversé de fond en comble aussi bien nos modes de vie que les modalités d?intervention de l?ensemble du secteur social, s?agissant des seniors en tout premier lieu. Oui, il a fallu du jour au lendemain aider les établissements à réinventer leur accompagnement. La Ville de Paris, en lien avec l?A.R.S., a su s?adapter rapidement, notamment en proposant un référent unique pour fluidifier les échanges. Nous avons fourni des masques et équipements de protection dès le début de la crise, renforcé le personnel de ces E.H.P.A.D. en mobilisant 458 agents de la Ville, dont 154 du C.A.S.-V.P. autour de cette mission, et lancé une campagne de tests systématiques dans l?ensemble des E.H.P.A.D. parisiens dès avril 2020. Les vaccinations dans les différents établissements du C.A.S.-V.P. ont pu être déployées très rapidement depuis 2021, avec l?aide du service "Paris Domicile" qui a organisé des équipes mobiles de vaccination pour les résidences autonomie, permettant d?en vacciner plus de 600. Par le biais du dispositif "REFLEX", anciennement "CHALEX", les personnes âgées pouvant résider seules ont, elles aussi, été accompagnées.

Enfin, je voudrais saluer tout particulièrement le travail très important réalisé par "Paris en compagnie" pour lutter contre l?isolement des seniors durant les mois de confinement, notamment en passant 10.000 appels de convivialité. Lister l?ensemble des actions qui ont été menées serait trop long pour cette présentation orale. Je vous en ferai donc grâce. Le document est très complet et engageant, et montre bien les diverses dimensions de cette action.

Je souhaiterais simplement ici attirer votre attention sur l?important travail de simplification de l?accès aux aides sociales et de lisibilité de l?offre existante, notamment par le biais de la cartographie. Le soutien aux aidants et la lutte contre les maltraitances sont aussi des aspects qui me tiennent à c?ur. Je sais que ces différents enjeux, comme d?autres, seront au c?ur des réflexions pour le prochain schéma qui s?annonce et dont l?élaboration se fera de manière participative en donnant aux seniors, premiers concernés, toute leur place.

Je donne, bien entendu, mon soutien plein et entier à cette démarche, et remercie tous les services impliqués dans les actions listées dans ce très beau bilan. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Hamidou SAMAKÉ.

Je donne la parole à Mme Mélody TONOLLI.

Mme Mélody TONOLLI. - Monsieur le Maire, chers collègues, en 2050, dans moins de 30 ans, plus de 20 % des Parisiennes et des Parisiens auront plus de 65 ans. La place des seniors dans la ville, ainsi que leur prise en charge lorsque leur santé se détériore, doit donc être une préoccupation croissante de toutes nos politiques publiques, à l?élaboration desquelles ils doivent être associés. Ainsi, la cessation de la vie professionnelle n?est en aucun cas la cessation de l?activité. C?est chaque jour ce que nous pouvons constater avec l?engagement des seniors dans la vie de notre cité. Investissement associatif, bénévolat, aide aux plus démunis, que seraient les associations sans l?engagement de milliers de bénévoles, dans les rangs desquels on compte nombre de personnes retraitées, qui, une fois leur activité professionnelle arrivée à terme, décident cependant de consacrer beaucoup de leur temps au service de la collectivité.

Au-delà de l?intérêt incontestable que représente cet engagement pour la société, nous savons aussi que la poursuite de l?activité, qu?elle soit culturelle, sportive, citoyenne ou associative, est un facteur déterminant dans une avancée en âge sereine, en bonne santé physique et mentale. C?est pourquoi la Ville de Paris propose plusieurs dispositifs pour permettre aux seniors l?accès à de nombreuses activités, et ce, gratuitement.

Au-delà des questions liées à la santé, malheureusement inhérentes au vieillissement, la question de l?isolement est prégnante. A Paris, plus de la moitié des personnes de plus de 80 ans vit seule. Le sujet est particulièrement important dans les quartiers "politique de la ville". Là encore, la Ville de Paris déploie de nombreux dispositifs pour lutter contre l?isolement - cela a été évoqué par mes collègues précédemment - comme "Paris en compagnie", la création de solutions numériques, ou encore, pour les seniors non connectés, parce qu?il y en a beaucoup, des actions spécifiques comme des appels de convivialité.

Nous n?oublions pas non plus l?impact du Covid pour les seniors. Le virus a coûté la vie à de trop nombreuses personnes âgées. La pandémie a également eu pour ces publics de lourdes conséquences psychologiques, en raison de la rupture de lien social imposée par le confinement. Les services de la Ville et leurs équipes se sont pleinement mobilisés dans cette période, et nous tenons à leur rendre hommage. Mais, au-delà du bilan présenté ce jour, le nouveau schéma des seniors 2022-2026 à Paris, dont l?élaboration débutera dans 2 mois, se propose d?améliorer les dispositifs en vigueur, en poursuivant l?adaptation et l?accessibilité de l?espace public et des mobilités aux seniors, en faisant de Paris une ville de plus en plus accessible et inclusive. Il prévoit, d?autre part, l?accompagnement à des moments charnière de la vie des seniors, comme la baisse de revenu au moment de la retraite, un veuvage ou une détérioration de l?état de santé. La Ville de Paris doit en effet poursuivre ses efforts pour permettre le maintien à domicile ou l?accueil dans un établissement adapté.

Enfin, une réflexion sera engagée avec le nouveau schéma des seniors sur le projet intergénérationnel que doit porter Paris, l?un des facteurs essentiels de la lutte contre l?isolement et le bien vieillir dans notre ville. Nous nous inscrivons pleinement dans ces objectifs qui nous permettront de donner à chacun et à chacun les moyens de vivre dignement toutes les étapes de la vie, et d?adapter notre société ainsi que nos villes à cette transition démographique.

Ainsi, afin d?apporter tous les éléments indispensables à l?élaboration de ce futur schéma, nous saluons la mise en place de deux concertations. Une concertation qui réunit les arrondissements - le 14e arrondissement se fait une joie de s?impliquer et d?y participer - les associations, des établissements médico-sociaux et des bailleurs. Une concertation citoyenne composée de 90 Parisiennes et Parisiens de plus de 60 ans, qui permettra aux seniors d?être pleinement acteurs de l?élaboration d?une politique publique les concernant directement.

Si nous nous réjouissons des modalités de ce travail d?étape dans l?élaboration du futur schéma, un aspect de cette concertation citoyenne nous interroge cependant. En effet, il est prévu que cette concertation citoyenne se tienne par voie dématérialisée, en dehors de la réunion de lancement. Or, je pense que nous avons tous conscience qu?il existe chez les seniors, comme dans d?autres tranches d?âge, toute une catégorie de population n?ayant pas accès au numérique ou étant peu à l?aise avec celui-ci. La Ville travaille d?ailleurs activement sur la problématique de la fracture numérique. A notre sens, une concertation citoyenne dont les enjeux touchent de manière aussi importante la vie de toute une partie de la population parisienne, ne peut reposer uniquement sur la dématérialisation. Aussi, nous proposons, si cela n?a pas été envisagé à ce stade, que cette concertation citoyenne puisse également se tenir en complément du dispositif prévu, sous la forme de réunions physiques en petits groupes, et ce, afin que le nouveau schéma des seniors 2022-2026 réponde pleinement aux attentes et aux besoins des seniors de notre ville. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Mélody TONOLLI.

Vous avez compris que l?on suspendra après la fin de l?examen de ce projet de délibération.

La parole est à Mme Béatrice LECOUTURIER.

Mme Béatrice LECOUTURIER. - Merci, Monsieur le Maire.

Monsieur le Maire, mes chers collègues, les seniors sont une chance pour notre ville et non pas une charge. Ils sont une chance pour notre ville et pour notre société. Mais quelle place accordons-nous à nos aînés dans notre ville ? A Paris, nous l?avons rappelé, les seniors constituent environ 20 % de la population. Leur participation aux activités et leur implication pour une vie urbaine mixte doivent être valorisées. Première force associative dans notre pays, la richesse de leur savoir-faire doit se transmettre aux jeunes générations dans un moment d?échange et de sociabilité. A Paris, les liens entre seniors, étudiants ou jeunes actifs doivent être renforcés. Les colocations intergénérationnelles sont une réponse au problème du logement étudiant et un moyen de lutter contre l?isolement de certaines personnes âgées, une manière plus humaine d?optimiser l?espace disponible dans les tâches du quotidien, tout en bénéficiant chacun de son espace logement, en repensant nos modes d?habiter et nos liens sociaux en s?entraidant. L?intergénérationnel est donc l?une des clefs de l?intégration urbaine des seniors.

Le projet de notre Ville doit être de ceux qui permettront aux générations de vivre le dialogue et non la confrontation. Les anciens sont la base et les jeunes, les pierres qui doivent permettre de monter l?édifice de la vie. Sans base solide, rien ne tient et sans pierre, rien ne se construit. Les seniors sont une chance pour notre ville, où toute une "silver économie" se construit, qui est une réelle opportunité pour l?économie et l?emploi dans notre capitale. En France, on parle de la création de 800.000 emplois dans les services à la personne d?ici 2024. Certaines estimations prévoient même 2 millions d?emplois qui devront être créés d?ici 2025 dans cette branche, afin d?être aux côtés des personnes âgées les plus fragiles. Paris doit être au rendez-vous pour aider ses entrepreneurs.

Mais il n?est pas facile d?être senior à Paris. Accessibilité aux transports, coût de la vie, sécurité, mobilier urbain, état des trottoirs et tranquillité piétonne, l?espace urbain de notre ville n?est ni accueillant, ni apaisant, ni sécurisant. A Paris, les plus de 60 ans constituent les deux tiers des piétons tués. Nous devons impérativement repenser l?adaptation et l?accessibilité de notre ville à ces publics, remettre des bancs dans l?espace public pour se poser, se reposer, mais aussi maintenir un lien social. L?âgisme se heurte trop souvent au jeunisme. La fragilité dérange la force de l?âge. La lenteur est devenue un obstacle à nos vies qui vont à 100 à l?heure.

Oser parler du vieillissement est un défi dans un espace parisien où tout est fait pour des personnes jeunes, actives et en bonne santé. Pourtant, la croissance sans précédent du nombre des personnes âgées issues de la génération du "baby-boom" va modifier en profondeur notre manière de vivre ensemble. Il est temps de construire une ville nouvelle avec des idées nouvelles. Il est temps de recoudre une ville où trop de fractures existent entre les jeunes et les personnes âgées. C?est notre vivre ensemble qui est en question, car ce que les seniors ont à transmettre aux nouvelles générations n?est pas que de la connaissance. C?est aussi et surtout un savoir être.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Béatrice LECOUTURIER.

Dernière intervenante avant la réponse de Mme Véronique LEVIEUX, Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Je vous remercie.

Le débat sur le bilan est important puisque l?on va être amené à devoir travailler le prochain bilan. Avant de se projeter dans l?avenir, il est important d?analyser ce que l?on souhaitait faire et ce que nous avons fait. Déjà, merci pour la démarche. J?aurais tellement aimé que l?on ait la même démarche sur le P.L.U. Hélas, nous ne l?avons pas eue.

Néanmoins, sur le rapport, je trouve que le bilan est très riche, parce que dans la description de tout ce qui a pu se faire et de toutes les innovations qui ont pu être portées par la Ville, ou soutenues et financées par la Ville et portées par des associations, cela permet de montrer à quel point on a pu travailler sur énormément d?aspects importants quand on souhaite garantir une vie heureuse pour nos aînés. Je ne reviendrai donc pas sur tous les éléments de comment lutter contre l?isolement, les actions culturelles ou les actions pour construire de l?intergénérationnel, du lien, de la vie et vivre avec tous les âges de la vie. Cela me semble extrêmement riche et important. Bravo pour toutes celles et ceux qui ont pu y contribuer. Quand on intervient sur un bilan qui est extrêmement riche, c?est toujours frustrant, à un moment donné, de ne donner son propos que sur certains aspects que je souhaite plus critiquer. Mais je souhaitais pondérer mon propos en valorisant le travail qui a été réalisé.

Ce qui me manque le plus dans le bilan, c?est, finalement, qu?un bilan doit permettre de confronter les objectifs et les résultats. On n?a pas toujours, sur l?ensemble des dimensions, quelles étaient les analyses et les projections lorsqu?a été élaboré ce projet. On estimait et on évaluait à combien de personnes en perte d?autonomie qui allaient avoir besoin, soit d?aide à domicile, soit d?une place dans un établissement de type E.H.P.A.D. ou autre, et finalement, on a pu satisfaire quel pourcentage de la demande ? Je n?ai pas ces éléments chiffrés. Autant, on les a sur la petite enfance, par exemple. On a les projections et on peut avoir les réponses de combien de familles par arrondissement ont pu voir leur demande satisfaite ou pas. Autant, sur les personnes âgées, il nous manque ces éléments. Ou alors je n?ai pas suffisamment "bossé" le rapport.

Je pense que l?on a besoin d?avoir accès à ces éléments lorsque l?on va arriver dans l?étape de travailler sur le plan à venir pour bien confronter les objectifs que l?on se fixera, puisque l?on sait que l?on a du retard. On a du retard en termes d?offres pour être à la hauteur du besoin qui est croissant de rester chez soi, même quand on est en situation de perte d?autonomie. Néanmoins, on a aussi du retard en termes de places en E.H.P.A.D., parce qu?il y a des situations où, rester chez soi, n?est plus forcément une bonne solution adaptée.

Je souhaiterais aussi avoir plus d?éléments concernant les aides à domicile. Je ne sais pas si vous avez, chers collègues, vu l?excellent film "Debout les femmes !" de François RUFFIN. Ce film décrit bien la grande précarité de l?ensemble des métiers du lien. Dans ces métiers du lien, il y a notamment celui d?aide à domicile, où la prise en charge des aides à domicile et de leur travail ne tient jamais compte du temps de déplacement, et conduit à des journées totalement hachées, avec une situation de précarité absolue, et des toutes petites feuilles de paie à l?arrivée qui ne couvrent même pas un Smic. Il est donc important que nous travaillions à cela.

Où en sommes-nous par rapport à cela, puisque nous avons notre propre service de la Ville concernant les aides à domicile ? Comment réglons-nous cette difficulté pour que les femmes qui travaillent puissent avoir un vrai contrat de travail avec un Smic ? Quel travail avons-nous avec les associations ou les entreprises privées d?aides à domicile ? On sait que "l?ubérisation" tend à se développer. Comment peut-on lutter contre le développement de "l?ubérisation" dans ce secteur ? Est-il possible de conditionner les participations financières de la Ville au fait que les aides à domicile soient bien traitées par leurs employeurs ? Excusez-moi de jeter un peu en vrac mes questions. Comment peut-on sortir de ces schémas de grande précarité ? Certains départements ont pu. Dans le film, on parle notamment de l?expérience à Dieppe. A-t-on pu se rapprocher de cette expérience et de son président, M. JUMEL, pour voir comment être aussi exemplaire dans la lutte contre la précarité ?

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup.

Mme Danielle SIMONNET. - J?ai déjà terminé. Bien.

Dernière petite chose : attention sur la gratuité des transports. Le rapport raconte quand même un peu du couac. Enfin, il oublie de dire que s?il y a eu la gratuité depuis 2018, sous critères sociaux, c?est parce que l?on avait supprimé la gratuité deux ans auparavant. L?honnêteté, dans un rapport, c?est toujours mieux.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Danielle SIMONNET.

Je donne la parole à Mme Véronique LEVIEUX, pour répondre aux oratrices et orateurs.

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Permettez-moi, tout d?abord, de remercier très sincèrement et chaleureusement l?ensemble des inscrits sur cette communication que j?ai souhaité organiser avec la Maire de Paris sur le bilan du schéma des seniors 2017-2021. Nous n?étions absolument pas obligés de le faire. Vraiment, j?ai souhaité que l?on ait ce premier temps d?échange et de partage sur ce sujet extrêmement important, qui est la place des seniors dans notre ville, et les enjeux liés à la longévité et au vieillissement de nos populations. Vous l?avez très bien dit, Béatrice LECOUTURIER, qui est d?abord à voir comme des opportunités, des éléments de chance, des atouts, même s?il y a aussi des problématiques lourdes quand il s?agit des sujets de perte d?autonomie et de dépendance.

J?ai souhaité organiser ce premier temps de discussion. Je salue, comme vous l?avez fait, Dominique VERSINI qui avait travaillé à la rédaction de ce schéma des seniors, et Galla BRIDIER qui avait pu en partie le mettre en ?uvre. C?est donc une démarche que j?ai souhaitée volontariste, un point de départ pour des travaux à venir, qui nous permet d?illustrer la structuration de l?action de la Ville sur cette période à l?égard d?un public extrêmement divers sur le territoire parisien, qui a des besoins et des envies différentes. C?est tout ce panel d?actions portées directement par la Ville, le Département, le Centre d?action sociale, les autres institutions, le grand nombre d?acteurs associatifs présents ou les autres professionnels, quand il s?agit des SAAD, des SIAAD ou autres établissements. C?est vraiment un grand nombre d?acteurs, d?où la difficulté pour nous tous de parler dans un temps aussi contraint. Mais il faut bien le faire.

L?enjeu, c?est, sur la base de ce bilan, de nous projeter au mieux pour ce temps de préparation qui va nous conduire jusqu?au schéma - qui vous sera présenté, je le souhaite, à l?automne prochain - et nous permettre de renforcer nos actions dans les objectifs, dans les modalités de mise en ?uvre, dans les modalités de suivi, sans doute aussi, pour renforcer le bien vieillir dans notre ville qui a beaucoup d?atouts, mais a aussi des difficultés sur lesquelles il faut travailler. Difficultés qui peuvent peut-être fragiliser certains de nos seniors les plus vulnérables.

Ce document n?est pas un copier-coller du schéma précédent. Le schéma prochain s?en inspirera sans doute plus. Je pense notamment aux éléments du portrait social, qui ne figure pas à proprement parler pour le moment dans le bilan, mais devra être présenté de manière plus chiffrée, exhaustive dans le schéma qui vous sera présenté.

Je tiens à remercier très sincèrement l?ensemble des services de la Ville, notamment ceux de la DASES et du C.A.S.-V.P., qui sont quand même en mode pilotage de gestion de crise depuis presque deux ans maintenant, qui ont dû adapter un grand nombre d?actions, de dispositifs, qui ont dû aussi intégrer un certain nombre d?annonces ou de mesures prises au niveau national, mais de manière un peu disparate, puisqu?en plus nous n?avons pas eu la loi que nous attendions, qui nous avait été promise pendant un certain temps. Au bout d?un moment, on n?y croyait plus. Cela a été confirmé cet automne. Cela fait que l?on a certains dispositifs, des mesures souhaitables.

D?ailleurs, demain matin - Danielle SIMONNET, vous évoquiez les SAAD - il y a un projet de délibération qui permet de voter l?enveloppe afin que les professionnels des SAAD associatifs parisiens, il y en a 59, puissent ne pas voir leur équilibre modifié compte tenu de l?avenant 43 qui a été voté et permet d?augmenter de 12 % à 15 % la rémunération des personnels des SAAD parisiens. Il y a donc une enveloppe versée par les départements. Je vous inviterai à la voter. Cela met de côté d?autres types de SAAD, d?autres acteurs de l?intervention à domicile. On pourra y revenir.

Je ne vais pas revenir sur l?ensemble des sujets qui ont été listés. Il y en a évidemment un certain nombre, qu?il s?agisse des actions auprès des établissements, des résidences, la création de la "Maison des aînés et des aidants" - vous l?avez dit, Frédéric - qui sont déjà, par l?A.R.S. en train de changer leur modèle de mise en ?uvre, ce qui est un petit peu problématique puisqu?ils ne sont plus censés s?occuper à 100 % que des personnes âgées. L?ensemble des activités de lien social à travers les activités sportives, les activités culturelles, les clubs seniors, les restaurants Emeraude. Il s?agit d?un grand nombre d?informations et je conçois que ce soit un peu indigeste. On a voulu rendre ce premier temps le plus accessible possible.

Rapidement, Frédéric, oui, pour le viager solidaire, évidemment, cela a été mis en ?uvre. L?étude prévue a été mise en ?uvre. On n?a pas trop eu le temps d?y revenir à cause de la crise sanitaire. C?est quand même un dispositif compliqué, comme cela peut l?être pour l?ensemble des dispositifs autour de l?habitat inclusif partagé. Mais je crois que, là, on va pouvoir atterrir. Je ne sais pas précisément sur le viager solidaire, mais on l?a bien en tête.

La concertation qui a été évoquée, c?est une concertation pour les seniors et une concertation pour les institutionnels.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Si vous pouviez conclure, merci.

Mme Véronique LEVIEUX, adjointe. - Je reviendrai vers vous au Conseil de Paris en septembre. D?ici là, je travaillerai avec l?ensemble des acteurs. Je tiens à souligner l?engagement des maires d?arrondissements et de leurs adjoints, avec lesquels on travaille vraiment dans de très bonnes conditions.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, chère Véronique LEVIEUX.

S?agissant d?une communication, il n?y a pas de vote.

Je vous propose, à 21 heures 20, ce qui est raisonnable, de suspendre la séance jusqu?à demain matin, 9 heures.

Elle débutera par la suite de l?examen des dossiers de la 4e Commission, notamment des dossiers de Véronique LEVIEUX, puisque nous n?avons pas encore terminé les dossiers concernant sa délégation. Ce sera à 10 heures 30 qu?aura lieu le débat organisé sur l?attractivité économique de Paris.

Je vous souhaite une très bonne soirée. Suspension et reprise de la séance.

(La séance, suspendue le mardi 16 novembre 2021 à vingt-et-une heures vingt minutes, est reprise le mercredi 17 novembre 2021 à neuf heures cinq minutes, sous la présidence de M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint).

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint. - Bonjour. Nous allons commencer nos travaux pour la journée.

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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