Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Nous examinons le projet de délibération DAC 395. C'est une subvention de 6.000 euros à l'association "Comité français pour Yad Vashem". La parole est à Jack-Yves BOHBOT.

M. Jack-Yves BOHBOT. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers collègues, nous avons tous en tête les témoignages et les récits des survivants de la Shoah. Ces textes nous ont tous émus, nous ont marqués, nous ont permis de mieux comprendre le cercle infernal qui conduisit à ces crimes contre l'humanité et les ressorts de la tragédie des camps. En disant tout cela, je pense bien sûr à "Si c'est un homme" de Primo Levi, qui est sans conteste l'une des plus grandes ?uvres littéraires du XXe siècle, mais aussi à de nombreux autres témoignages individuels, comme celui d'Ida Grinspan, à qui le Conseil de Paris a rendu hommage il y a quelques mois, ou à des recueils de témoignages collectifs, comme s'y sont employés le remarquable ouvrage d'Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman ou encore celui de Marek HALTER. Il y a une chose toutefois que ces livres ne peuvent pas transmettre, en tout cas pas complètement, il s'agit de la voix, de sa tessiture, de ses vibrations. Les émotions, les convictions et les éventuelles fêlures qu'elle laisse filtrer sont une manière supplémentaire de rendre ce passé présent.

En effet, la voix est précieuse pour transmettre une mémoire vivante. Elle nous plonge au c?ur des réalités, quand bien même celles-ci nous apparaissent lointaines. Elle donne une réalité matérielle à ce que nous voyons avec la distance du temps ou de notre propre vie quotidienne. Le "Comité français pour Yad Vashem" a justement décidé de créer une série de 10 "podcasts" à partir d'enregistrements de témoignages de Justes dont il dispose. Ces documents exceptionnels nous plongent au c?ur de l'héroïsme. C'est cette initiative qui fait l'objet du présent soutien du Conseil de Paris. Elle sera, j'en suis sûr, le moyen de porter à un plus large public la connaissance de ceux qui ont incarné l'honneur de la France, comme le disait si bien Jacques Chirac en 2007, dans son hommage de la Nation aux Justes de la France. Elle sera aussi plus globalement une manière de garder vivace et vivante la mémoire de la Shoah au sein d'une génération qui s'éloigne, hélas, parfois de la force des textes. Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous.

Je vais donner la parole à Jérôme GLEIZES.

M. Jérôme GLEIZES. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, il y a des moments où certains votes prennent une importance plus grande. C'est ici le cas, même si ce n'est que 6.000 euros. Ce v?u au "Comité français pour Yad Vashem" est très important. Je rappelle que Yad Vashem est le mémorial situé à Jérusalem, construit en mémoire des victimes juives de la Shoah, perpétrée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. L'association française a pour action principale d'?uvrer à la commémoration en France de la Shoah et, surtout, de la transmission de sa mémoire aux générations futures, de faire reconnaître et honorer les "Justes parmi les Nations", celles et ceux qui, au péril de leur vie, ont sauvé des milliers de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pendant longtemps, nous avons commémoré et rappelé le souvenir de ces héros. Mais aujourd'hui, un candidat putatif à la présidence fait du révisionnisme sur ce sujet : Pétain aurait sauvé des Juives et des Juifs. Cette même personne distingue celles et ceux qui avaient la nationalité française des étrangers et des apatrides. Cette distinction est ignoble sur le fond. Certaines et certains auraient mérité d'être sauvés plus que d'autres, car françaises et français. C'est honteux. En plus, c'est faux historiquement, car de nombreux Juifs ont été déchus de leur nationalité avant leur déportation. Il est triste que nous devions à nouveau rappeler des faits documentés, sans contestation, par rapport à un débat nauséeux. J'espère que cette campagne présidentielle reviendra à une norme beaucoup plus républicaine et mettra fin à ces discours ignobles.

J'invite bien sûr tout le monde à voter cette subvention, petite par son montant - 6.000 euros -, mais très importante par son effet sur la mémoire. Merci de votre attention.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous, Monsieur GLEIZES. Pour vous répondre, je donne la parole à Laurence PATRICE.

Mme Laurence PATRICE, adjointe. - Merci, Madame la Maire. Merci, cher collègue.

En 2015, notre Assemblée a voté l'adhésion de notre Ville au réseau "Villes et Villages des Justes de France". La Maire de Paris, Anne HIDALGO, l'a signée officiellement en janvier 2016, avec Pierre-François VEIL, président du "Comité français pour Yad Vashem". J'ai au printemps dernier fait un point d'étape de cette adhésion avec M. VEIL et son équipe.

Nous avons souhaité engager ensemble un partenariat que, je vous rassure, cher collègue, Monsieur GLEIZES, j'espère poursuivre aussi l'année prochaine. Nous sommes sur une subvention de cette année. Un partenariat, donc, pour contribuer à perpétuer la mémoire et le souvenir infiniment précieux de tous ceux qui, souvent au péril de leur vie, sauvèrent des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, les "Justes parmi les nations".

Le "Comité français pour Yad Vashem" dispose de plusieurs enregistrements, cela a été dit, de témoignages de Justes et souhaite créer, à partir de ces enregistrements, une série de "podcasts" pour faire entendre leurs voix, transmettre ces voix à un large public, mais aussi mettre en résonance avec les témoignages précieux de ces aînés, les mettre en résonance avec les réactions de jeunes d'aujourd'hui, ce qui permettra de travailler de façon explicite à une transmission vivante de cette mémoire. C'est le projet intitulé "La voix des Justes", que je vous propose de soutenir par le vote de ce projet de délibération. Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Un grand merci à vous, Madame PATRICE.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DAC 395.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s'abstient ?

Le projet de délibération est adopté. (2021, DAC 395). Je vous remercie.