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relatif à une dénomination en hommage à Hubert Germain (1920-2021). Vœu déposé par le groupe Changer Paris relatif à une dénomination en hommage à "Hubert Germain". Vœu déposé par l'Exécutif.


 

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Nous examinons les v?ux nos 115, 116 et 116 bis relatifs à une dénomination en hommage à Hubert Germain qui, comme chacun sait, vient de nous quitter. La parole est à Johanne KOUASSI.

Mme Johanne KOUASSI. - Merci, Madame la Maire.

Lors de notre dernière séance, le 13e arrondissement a présenté un v?u afin que la Ville honore la mémoire de Claude Lalet, qui figurait parmi les 27 fusillés de Châteaubriant, alors qu'il n'avait que 21 ans.

Aujourd'hui, c'est à Hubert Germain que nous souhaitons que la Ville rende hommage. Quoi de commun entre ces deux hommes, tous les deux nés en 1920, entre Claude Lalet, qui aura à peine vécu, et Hubert Germain, qui se sera éteint près de 80 ans jour pour jour après le jeune étudiant, au terme d'une longue vie bien remplie où il aura été maire, député et ministre ?

Quoi de commun entre le communiste et le gaulliste, outre le lien avec le 13e arrondissement, où le premier vivait et dont le second a été longtemps l'élu ?

Ils avaient en commun tout simplement la volonté de dire non. Celle de refuser l'occupation. Celle de refuser l'humiliation de la patrie. Celle de rejeter l'esprit de collaboration et les compromissions.

Que serions-nous si de tels hommes ne s'étaient pas levés ? C'est la question que posait le Président de la République lors des hommages du 11 novembre. J'ajouterai la question : où irons-nous si nous les oublions, si nous ne rappelons pas aux jeunes générations qui étaient ces hommes, quels ont été leurs choix ? Des choix qui pour l'un d'eux ont conduit jusqu'au sacrifice suprême.

Avec Hubert Germain, dont les faits de guerre sont désormais connus de tous, c'est le dernier des 1.038 compagnons de la Libération qui disparaît. Avec Hubert Germain, c'est le temps des acteurs et des témoins directs de cette époque qui s'achève. Certains l'ont bien compris et tentent de réécrire l'histoire à leur convenance, au gré de leurs ambitions. Des propos, qui hier encore auraient été taxés de révisionnistes, semblent dorénavant, pour certains, propices à assurer un destin national. Mes chers collègues, nous sommes élus de Paris, la capitale de notre pays, ville qui s'est soulevée contre la barbarie et qui a elle aussi été élevée au rang de Compagnon de la Libération. Cet héritage nous oblige. Il nous appartient plus qu'à d'autres de conserver la mémoire de ce qui a été. Dénoncer clairement que souhaiter la victoire de l'Allemagne, pour reprendre les paroles de Pierre Laval, ou appeler à la poursuite du combat comme le fit le général le Gaulle en juin 1940, ce ne sont pas les mêmes choses. Engager volontairement et résolument la France dans la collaboration avec le régime nazi ou résister à l'occupant, ce ne sont pas les mêmes choses. C'est pourquoi nous devons célébrer sans réserve celles et ceux qui en ces heures les plus sombres de notre histoire, ont fait le choix de l'honneur, du courage, de la justice et de la dignité.

Je vous en remercie.

(M. Jacques GALVANI, adjoint, remplace Mme Colombe BROSSEL au fauteuil de la présidence).

M. Jacques GALVANI, adjoint, président. - Merci beaucoup, Madame la conseillère.

Je donne la parole à René-François BERNARD, du groupe Changer Paris.

M. René-François BERNARD. - Monsieur le Maire, chers collègues, c'est un honneur de porter ici le v?u de notre arrondissement, au nom de Mme la Maire du 7e arrondissement, présidente de notre groupe.

Hubert Germain était le dernier Compagnon de la Libération. Il est mort le 12 octobre 2021 à l'âge de 101 ans. Par son engagement et son courage, ce fils de général est devenu celui de l'histoire. Son engagement dans le combat a honoré la France.

Dès le 24 juin 1940, à l'âge de 20 ans, il s'engage au sein de la France libre et décide de s'embarquer pour la Grande-Bretagne avec trois de ses camarades à destination de Liverpool. Il prend part aux principales campagnes militaires contre le camp de l'Axe. Il combat d'abord en Syrie en 1941, puis foule le sable de la Libye en 1942, avant de poursuivre le combat en Tunisie, en Italie, lors des batailles de Bir Hakeim et Monte Cassino à l'occasion desquelles il s'illustre.

Aux heures les plus décisives de notre histoire, Hubert Germain répondit présent. En 1944, il participe au débarquement de Provence et au combat de la première armée française qui remonte la vallée du Rhône vers l'Allemagne.

La force de ses convictions et l'exigence de son attachement à la démocratie l'amènent par la suite à poursuivre son engagement au service de l'intérêt général en qualité d'élu local, de député et de ministre. On se rappelle encore dans cette administration historique le Ministre débonnaire des P.T.T. qui la portait.

L'histoire d'Hubert Germain est intimement liée au 7e arrondissement. Il en fut l'éminent résident place du Palais Bourbon, qu'il a quittée pour l'institution des Invalides, dont il fut pensionnaire jusqu'à la fin de ses jours. Il porte la mémoire héroïque des défenseurs de la liberté, de ceux qui, au nom d'une certaine idée de la France, se sont battus pour que triomphent les valeurs de la Résistance.

La Nation lui a rendu un hommage solennel aux Invalides, puis le 11 novembre comme l'a rappelé notre collègue.

"Il faut aujourd'hui, en France, des braises ardentes" disait-il. Ainsi, pour que les enfants de France puissent continuer à les ranimer, nous vous appelons, chers collègues, à voter ce v?u qui donne le nom de "Hubert Germain, Compagnon de la Libération", à la contre-allée du boulevard des Invalides située le long de l'Hôtel national et de l'Institution, entre la rue de Grenelle et la rue de Tourville. Je vous remercie.

M. Jacques GALVANI, adjoint, président. - Merci, Monsieur le conseiller.

Pour vous répondre, je donne la parole à Mme Laurence PATRICE, pour deux minutes.

Mme Laurence PATRICE, adjointe. - Je vous remercie, chers collègues. Comme en pareil cas, lorsqu'un v?u est déposé sur le même sujet, je préfère avoir la sagesse de déposer un v?u de l'Exécutif. Vous avez pu en prendre connaissance durant la séance. Je vous propose donc de ne pas le relire, puisque nos deux collègues ont largement évoqué la grande personnalité d'Hubert Germain. Il est certain que c'était le dernier Compagnon de la Libération. L'hommage de la nation lui a été rendu en ce 11 novembre. En même temps, c'était aussi, en plus d'être le dernier compagnon, un grand parisien, puisque M. Hubert Germain est effectivement né à Paris dans le 16e arrondissement, et qu'il a été dans sa vie politique un ministre et un député précédemment du 13e arrondissement. Et puis, évidemment, il est mort dans le 7e arrondissement. Je vous propose que nous agissions avec sagesse, et donc au nom de l'Exécutif, j'émets le v?u que la Commission des nominations des voies, des places, espaces verts et équipements que j'ai l'honneur de présider, étudie très précisément les différentes possibilités, en lien évidemment avec la famille d'Hubert Germain comme il se doit, en lien également avec l'Ordre de la Libération pour que Paris honore donc Hubert Germain posément, que nous trouvions le meilleur emplacement possible. Voilà le v?u que je vous propose en substitution, si je puis dire, des deux v?ux du 13e et du 7e arrondissement. Je vous remercie.

M. Jacques GALVANI, adjoint, président. - L'Exécutif a donc déposé un v?u n° 116 bis. Le v?u n° 115 déposé par le groupe Paris en commun est-il retiré au profit de l'Exécutif ? J'ai cru comprendre que oui.

Mme Johanne KOUASSI. - Exactement.

M. Jacques GALVANI, adjoint, président. - Le v?u n° 116 déposé par le groupe Changer Paris est-il retiré au profit de celui de l'Exécutif ?

M. René-François BERNARD. - Oui également.

M. Jacques GALVANI, adjoint, président. - Merci beaucoup.

Je mets donc aux voix, à main levée, le v?u n° 116 bis de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le v?u est adopté. (2021, V. 361).

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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