M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Nous allons à présent examiner le projet de délibération DLH 127.

Je donne la parole à Paul HATTE qui, a priori, n?est pas là.

Je donne dans ce cas la parole à Émile MEUNIER, pour le groupe Ecologiste de Paris.

M. Émile MEUNIER. - Monsieur le Maire, mes chers collègues, je voulais profiter de ce projet de délibération pour rappeler très rapidement la doctrine des Ecologistes sur la question des dents creuses, puisque c?est d?une dent creuse dont il s?agit.

Vous le savez, nous sommes très attachés au dénivelé des toits, notamment pour la beauté patrimoniale, mais aussi pour des questions climatiques. Nous avons besoin de ces espaces d?aération, de respiration pour laisser passer l?air, le soleil, et rafraîchir nos rues. Voilà le principe. Donc, oui, il faut conserver des dents creuses à Paris. Nous y sommes attachés.

Néanmoins, et nous avons souvent ce débat au Conseil de Paris, il faut aussi faire du logement social pour garder les classes populaires et moyennes, mais aussi pour lutter contre la spéculation.

Où le faire ? C?est là que cela devient, j?allais dire, technique et intéressant. Nous ne pouvons pas le faire, nous, sur les sols de pleine terre. Il faut donc s?accorder de la surélévation à certains points. Là, typiquement, c?est un endroit qui correspond aux critères permettant une surélévation. Nous sommes dans un quartier, disons, assez riche et on va faire une pension de famille de 19 logements en PLAI, c?est-à-dire le plus social. On apporte donc de la mixité dans cette rue.

On a un quartier qui est assez peu dense. Je suis allé vérifier la densité. Vous savez, c?est le C.O.S. Dans le quartier, il est de 4 ; dans cette rue, il est de 2,5. Typiquement, on peut donc surélever sans apporter de la densité.

L?esthétisme, je suis allé voir le projet final des architectes. Franchement, on conserve le côté faubourien. Cela s?adapte bien dans la rue, c?est bien fait, ce qui n?est pas toujours le cas. Même chez nos bailleurs sociaux qui défendent un intérêt général, la question esthétique peut parfois poser débat. Là, objectivement, c?est bien fait.

Comme vous le voyez, ce n?est pas pour ou contre le comblement des grandes dents creuses. Disons que, si l?on doit poser un principe, il vaut mieux ne pas le faire, mais faisons-le pour des logements sociaux à certaines conditions. Quand c?est rempli - esthétisme, peu de densité, mixité sociale, de larges avenues - alors, oui, il faut le faire.

Les contre-exemples pour lesquels nous prendrons parfois la parole - j?espère que nous ne serons pas caricaturés en nous répondant que nous sommes contre le logement social - c?est typiquement à la Goutte-d?Or. Allez rue Myrha, vous avez maintenant du R+6 et R+7 sur toute la rue. Alors, la pauvre petite dent creuse qui reste, s?il vous plaît, épargnez-la. Il y a une densité de 60.000 personnes au kilomètre carré à la Goutte-d?Or.

Il faut faire de la dentelle, j?allais presque dire de l?acupuncture, sur ces questions de dents creuses.

Pour la révision du P.L.U., il faut reprendre rue par rue - je dis bien rue par rue ! - les filets de hauteur et voir là où cela a du sens de les augmenter pour faire du logement social et là où c?est déjà fait, là où on veut préserver des maisons de ville. Nous avons le droit de garder des maisons de ville à Paris ; nous n?allons pas faire du R+7 partout.

C?est donc ce travail fin qu?il faut faire. En l?occurrence, nous trouvons que c?est très bien fait et nous voterons pour.

Nous remercions Ian BROSSAT, son équipe et la R.I.V.P. pour ce projet de délibération.

Merci.

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Merci beaucoup.

Pour vous répondre, je donne la parole à Ian BROSSAT.

M. Ian BROSSAT, adjoint. - Merci à Émile MEUNIER pour son intervention. J?ajouterai quelques éléments car c?est un dossier dont j?ai bien l?historique en tête : la réalisation de cette pension de famille au 8 rue des Apennins dans le 17e arrondissement.

Une pension de famille, tout le monde sait ce dont il s?agit : ce sont des logements pour des personnes qui étaient à la rue, et des logements pérennes. C?est le grand avantage des pensions de famille. Cela nous permet de sortir d?une logique précaire conduisant les personnes sans-abri de centre d?hébergement en centre d?hébergement. Quand ils sont dans une pension de famille, ils ont un logement à eux et ont la possibilité d?y rester.

Avec la Maire de Paris, avec ma collègue Léa FILOCHE également, nous avons décidé d?engager la création de 20 pensions de famille dans cette mandature. Nous en avons lancé 11 et celle-ci en fait partie.

J?ajoute deux éléments. Le premier est sur l?historique du rachat de cette parcelle. Il y avait un projet d?un promoteur privé qui avait d?ailleurs le même projet architectural, mais c?était du logement à 15.000 euros du mètre carré. Nous avons fait le choix de préempter cette parcelle en gardant le projet architectural du promoteur mais, au lieu d?être du logement à 15.000 euros du mètre carré, ce sera une pension de famille pour des personnes qui étaient jusqu?à présent à la rue.

Deuxième élément, vous l?avez dit : nous montons un peu par rapport au niveau de hauteur actuelle du bâtiment. En revanche, nous dédensifions la parcelle puisque, en c?ur d?îlot, sera créé un jardin qui, je crois, représente 30 % de la parcelle.

Comme vous l?avez dit, c?est parfois compliqué, mais je crois que nous avons réussi l?équation avec ce très beau projet. Je salue d?ailleurs l?architecte talentueux qui en est à l?origine.

Je vous invite donc à voter ce projet de délibération et encore merci pour votre intervention.

M. Antoine GUILLOU, adjoint, président. - Merci beaucoup, Ian BROSSAT.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DLH 127.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté à l?unanimité. (2021, DLH 127).

Je vous remercie.