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2021 DU 135 - Plan Local d'Urbanisme. - Débat du Conseil de Paris sur les orientations générales du projet d'aménagement et de développement durables (article L. 153-12 du Code de l'urbanisme). - Communication de la Maire. Vœu déposé par le groupe Ecologiste de Paris relatif à l’utilisation du sursis à statuer dans le cadre de la révision du P.L.U. Bioclimatique. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif à la dédensification de la ville en arrêtant les projets de constructions de tour et les surélévations. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif à la reconquête de la pleine terre pour un objectif de 30 % sur l’ensemble du territoire parisien. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif au temps nécessaire sur le diagnostic territorial et environnemental. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif aux hôpitaux et équipements de santé. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif à des matériaux biosourcés. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif à un bilan de tous les appels à projets urbains. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif à la programmation des catégories de logements sociaux.


 

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers collègues, la conférence d?organisation a décidé d?un débat organisé sur les orientations du projet d?aménagement et de développement durable, le PADD, dans le cadre de la révision du Plan Local d?Urbanisme de Paris. Il s?agit du projet de délibération DU 135. Il a été convenu en conférence, avec les présidents, d?un débat organisé sur ce thème. Ce débat inclura donc, dans les temps de parole définis, la présentation des v?ux, comme il est de coutume. Je vais introduire ce débat.

Mes chers collègues, en décembre dernier, nous avons voté à l?unanimité du Conseil la révision de notre Plan Local d?Urbanisme en vue de l?élaboration d?un Plan Local d?Urbanisme bioclimatique. Ce changement d?appellation est tout sauf anecdotique. Il acte notre volonté de penser l?avenir de notre ville face à l?urgence climatique. Chacune de nos actions s?inscrit désormais dans une logique d?adaptation de notre capitale pour qu?elle reste vivable pour nos enfants et nos petits-enfants. Une ville où la nature retrouve sa place, où l?on peut respirer un air qui ne tue pas, où l?on peut profiter de la Seine et de ses espaces verts, où l?on peut se déplacer en toute sécurité et vivre dans un logement de bonne qualité.

L?année écoulée nous a permis de mener la première phase de nos travaux, celle de l?élaboration du diagnostic territorial. Pour ce travail colossal, je tiens, bien sûr, à remercier les services, en premier lieu la Direction de l?urbanisme - cher Stéphane LECLERC - qui est pilote de cette révision épaulée par l?APUR. Je veux aussi saluer le travail exceptionnel de Dominique ALBA, qui dirige cette très noble agence parisienne d?urbanisme qui a une très grande réputation.

Je veux, bien sûr, remercier Emmanuel GRÉGOIRE, mon premier adjoint, qui porte ce dossier, et avec lui, toutes les adjointes et les adjoints puisqu?évidemment, nous sommes dans des politiques transversales. Parler d?aménagement, c?est parler de toutes nos politiques publiques.

D?avril à juillet, une première phase de concertation s?est tenue avec les Parisiennes, les Parisiens et tous les acteurs de la Ville pour partager les enjeux, parfois techniques, que soulève la révision d?un P.L.U. Nous leur avons ainsi permis de prendre part au débat pour définir le futur document d?urbanisme qui dessinera le nouveau visage de Paris.

Je veux aussi, dans les adjoints très impliqués, puisque nous sommes dans une démarche très participative, au-delà d?Emmanuel GRÉGOIRE, remercier Anouch TORANIAN et, bien sûr, tous les maires d?arrondissement. Malgré les contraintes imposées par la pandémie, vous avez réussi à informer, à aller vers les Parisiennes et les Parisiens, et à échanger aussi avec le monde de l?immobilier, de la construction et toutes les associations.

Je veux aussi saluer le travail mené par le Conseil d?architecture, d?urbanisme et de l?environnement - le C.A.U.E. - et la communauté éducative, avec laquelle nous avons travaillé pour que cette belle idée d?un P.L.U. des enfants, qui prend en compte leur vision de la ville où ils grandiront, soit aussi un élément qui nous inspire et nous éclaire.

Cette phase de concertation a été un franc succès. Plus de 6.300 participations ont été recensées, plus de 2.900 contributions ont été enregistrées entre avril et juillet 2021. Sans surprise, d?ailleurs, cette implication a montré les inquiétudes des Parisiennes et des Parisiens face à l?urgence climatique, mais aussi leurs attentes en matière de lutte contre les nuisances ou encore de logement. Cette concertation se poursuivra, bien sûr, tout au long de la procédure.

Mais, cette première phase passée, il nous faut désormais débattre des grandes orientations du projet d?aménagement et de développement durable pour donner à notre futur document d?urbanisme une vision politique claire de la ville de demain. Les orientations que nous retiendrons s?appliqueront à chacun des projets immobiliers et d?aménagement. C?est donc un débat essentiel qui s?ouvre aujourd?hui, un débat que je souhaite ouvert et constructif.

J?aimerais, auparavant, prendre un moment pour nous souvenir d?où nous venons et mieux comprendre où nous devons aller. Paris est une ville au patrimoine exceptionnel, que nous avons en héritage, une ville qu?il faut protéger, mais aussi une capitale dont la transformation est absolument nécessaire pour permettre aux jeunes générations d?y vivre, et surtout aux générations futures, dans de bonnes conditions. Nous devons aussi avoir à l?esprit le changement radical de vision qu?il nous revient de porter, en assumant, bien sûr, nos choix politiques.

Nous devons substituer à une conception par trop fonctionnaliste et routière qui a présidé à la destinée de notre ville - d?ailleurs, pendant les "Trente Glorieuses" - une conception bioclimatique, c?est-à-dire qui place la réduction de l?empreinte environnementale et l?écologie au c?ur de la construction et de l?aménagement. Ce changement copernicien, nous l?avons déjà intégré. Les exemples sont nombreux. Je pense, par exemple, à la transformation des voies sur berges, à la création des "rues aux écoles", à la démarche "Embellir votre quartier" - d?ailleurs, merci à Jacques BAUDRIER de s?y impliquer aussi fortement - qui est engagée dans 17 quartiers. Merci aussi à tout le travail autour du "Plan Climat Air Energie" adopté en 2018, porté par Dan LERT, après tout un travail fait aussi par Célia BLAUEL, ou encore le "Plan Arbres", porté par Christophe NAJDOVSKI, afin d?améliorer notre environnement par la plantation d?arbres, ou encore le "Plan d?amélioration contre les nuisances sonores", puisque c?est aussi un sujet très important.

Tous les adjoints - David BELLIARD, Dan LERT, Jacques BAUDRIER, Christophe NAJDOVSKI - sont impliqués dans ce travail. Je veux vraiment les remercier parce que c?est aussi de cette façon, extrêmement collaborative et en équipe, que nous pouvons porter la vision la plus large qui est celle des Parisiennes et des Parisiens.

Aujourd?hui, nous devons aller plus loin et traduire ces efforts dans le P.L.U. bioclimatique. Bien sûr, il ne faut pas se tromper de constat. A ceux qui fustigent une bétonisation excessive de la ville, j?aimerais rappeler quelques chiffres. Sur les 15 dernières années, l?emprise au sol du parc bâti a augmenté de 31 hectares, soit 0,02 % par an sur l?entière surface de Paris. Chiffre qui prend d?ailleurs en compte le développement des nouveaux grands quartiers, comme Clichy-Batignolles ou encore Paris Rive Gauche.

Dans le même temps, sur ces 15 dernières années, 142 hectares d?espaces verts supplémentaires ont été créés et ouverts au public, pour une surface totale de près de 78 hectares en désimperméabilisant. Si nous devons évidemment redoubler d?efforts, parce qu?il faut toujours faire mieux, restons honnêtes sur le constat pour ne pas perdre de temps à soigner les mauvais maux.

Ma ligne pour ces débats à venir, vous la connaissez : l?adaptation de notre ville à l?urgence climatique sans jamais vaciller sur notre responsabilité sociale. Penser la ville décarbonée, ce n?est pas simplement s?interroger à l?infini sur la bonne hauteur des bâtiments, mais c?est aussi répondre à une double question : pour qui adaptons-nous la ville et pour quels usages ? A la question "pour qui ?", je réponds : pour toutes les Parisiennes et les Parisiens, et surtout celles et ceux qui en ont le plus besoin. Entre 2001 et 2018, plus de 100.000 logements sociaux ont été produits et devraient nous permettre, si nous ne fléchissons pas, et nous ne fléchirons pas, de respecter nos obligations légales de 25 % de logements sociaux en 2025, et même d?aller au-delà, à 30 %, en 2030.

Je veux remercier notamment Ian BROSSAT qui, depuis 2014, porte cette ambition lui aussi, avec beaucoup de professionnalisme et d?énergie.

Pourtant, nous le savons, de très lourdes inégalités persistent. Certains arrondissements n?atteignent pas, voire sont très en deçà de ces objectifs. 257.000 ménages sont aujourd?hui en demande d?un logement social. Nous ne pouvons pas fermer la porte à celles et ceux qui font vivre notre ville ou encore la font tourner par leur travail. Ce sont ceux que l?on appelle "les classes qui travaillent".

Nous devons répondre à ces familles, aux travailleurs, aux enseignants, aux soignants, aux commerçants, aux éboueurs. Nous devons leur répondre, et nous ne pouvons pas priver les classes moyennes et populaires d?habiter à Paris au plus près de leur lieu de travail. C?est pourquoi ce nouveau P.L.U. doit "a minima" maintenir le rythme de construction de logements, notamment de logements sociaux et à des prix abordables, pour réduire les disparités entre les quartiers et les arrondissements.

Je veux le dire avec force : la diversité et la mixité sont la condition même de la survie, de la vie du rayonnement de notre capitale, de son dynamisme économique et aussi de sa créativité. Rééquilibrer notre ville, c?est aussi rééquilibrer géographiquement les emplois de l?Ouest vers l?Est, l?hyperspécialisation touristique de certains quartiers. Tout cela n?est pas une fatalité. C?est pourquoi nous continuerons à lutter contre la généralisation des locations saisonnières, qui soustrait un nombre conséquent de logements aux Parisiennes et aux Parisiens. Je me réjouis du combat engagé. Là encore, Ian BROSSAT a été en pointe sur ce combat, au niveau national comme au niveau européen. Nous avons engrangé un certain nombre de succès sur le terrain du droit.

Rééquilibrer notre ville, c?est aussi redonner une vie plus dynamique à certains quartiers. Je pense, par exemple, aux aménagements sur le grand site tour Eiffel, ou au travail qui s?engage autour de la cathédrale Notre-Dame, ou encore, bien sûr, à ce projet emblématique dans le 18e arrondissement, autour de la porte de la Chapelle.

Les Parisiennes et les Parisiens doivent se réapproprier ces sites emblématiques. Il n?y aura jamais un Paris pour les touristes, et un Paris pour celles et ceux qui y habitent. C?est une ligne que nous fixons dans le travail sur ce P.L.U. bioclimatique. C?est aussi l?un des enjeux de la ville du quart d?heure, à savoir : avoir accès à tous les services et les équipements de santé, d?éducation, de culture, de sport, de loisir, les commerces dont on a besoin dans son quartier.

Rééquilibrer notre ville, enfin, c?est tenir compte de sa place au c?ur de la Métropole du Grand Paris, en pensant au-delà du périphérique. Nous devons prendre notre part, notamment en matière de construction de logements, pour ne pas renvoyer la balle à nos voisins. Ce serait très simple, très facile, à nos voisins métropolitains et franciliens. Au détriment de quoi ? De terres agricoles et forestières d?Ile-de-France. Cela aussi, c?est une autre ligne que nous fixons pour l?élaboration de ce P.L.U. bioclimatique.

Maintenant que nous avons montré le cap, il reste, bien sûr, à définir la méthode. Comment nous y prendre ? Tout d?abord, nous devons partir d?un constat : Paris étant très largement bâti, notre principal champ d?action repose sur l?existant, ce qui est déjà là. Nous devons inscrire la diversification des usages et la réversibilité dans tous les projets. C?est une clé indispensable. A l?avenir, de nouvelles règles s?imposeront nécessairement à la construction pour faire face à l?urgence climatique, aux défis de l?énergie, à la préservation de la biodiversité.

Nous devrons construire autant avec moins. Nous devrons toujours préférer la réhabilitation à la démolition, inciter au recyclage des matériaux, faciliter la rénovation énergétique des bâtiments et exiger, bien sûr, l?emploi de matériaux moins polluants. Mais ce travail, notamment avec le secteur de la construction, se fait dans un état d?esprit de coopération, que je veux ici souligner.

Dans cette même logique, nous devrons sanctuariser et protéger les espaces qui permettent de rafraîchir notre ville lors des épisodes de températures élevées. Je pense, par exemple, aux 5.600 mètres carrés du jardin Truillot, au c?ur du 11e arrondissement, ou encore à l?extension du jardin Debergue, dans le 12e arrondissement, qui atteindra 2.500 mètres carrés.

Mais, ne nous leurrons pas. Nous ne pourrons pas relever les défis qui sont devant nous en nous concentrant uniquement sur l?existant. Nous devons également restaurer certains espaces qui sont aujourd?hui inaccessibles aux Parisiennes et aux Parisiens. Ces espaces, d?ailleurs, qui dysfonctionnent et nous séparent les uns des autres. Je pense, bien sûr, à Bercy-Charenton, à la porte de la Villette, à la porte de la Chapelle, dont j?ai parlé tout à l?heure, ou encore à la porte de Montreuil. Nous devons repenser ces espaces, les réparer, les dépolluer, car beaucoup d?entre eux sont très pollués. Nous devons y créer du lien avec nos voisins, permettre aux familles et aux jeunes de se les approprier, d?y vivre, de s?y promener, d?y faire du sport, de s?y retrouver. Il y a, en effet, une urgence à désenclaver certains quartiers qui ont plus souffert qu?ailleurs de la pandémie.

Je pense aux quartiers "politique de la ville", où nous devons apporter des réponses pour améliorer la santé environnementale, l?accès à l?emploi et aux services publics, la qualité des logements et la rénovation énergétique, le développement économique, mais aussi le développement des commerces.

Je veux, d?ailleurs, remercier Anne-Claire BOUX qui travaille d?arrache-pied sur ces quartiers populaires, qui a fait un travail exceptionnel, à ma demande, avec Jean-Luc ROMERO-MICHEL, sur la promesse républicaine dans nos quartiers populaires. C?est le sens des actions que nous avons engagées à la Goutte d?Or, gare des Mines ou encore à Python-Duvernois, avec un très vaste programme de rénovation énergétique des logements, la création d?un nouveau parc de 3 hectares et des équipements sportifs qui auront vocation, bien sûr, à transformer le quartier mais aussi à rayonner au-delà.

Je veux remercier le maire du 20e arrondissement, qui s?est beaucoup impliqué, et d?ailleurs, dans les investissements localisés qu?il a souhaités en priorité, a souhaité que ces investissements concernent notamment le quartier Python-Duvernois.

Mesdames et Messieurs, l?heure n?est plus à la prise de conscience, mais à l?action. Ce P.L.U. bioclimatique doit être une opportunité d?inscrire notre ambition d?adapter Paris face à l?urgence climatique. Ce P.L.U. bioclimatique sera un signal fort pour tous les acteurs, les acteurs de la construction, de l?immobilier, pour celles et ceux qui élaborent, les architectes, qui construisent, investissent, aménagent. Face à l?urgence, nous ne pourrons rien faire seuls. Nous n?en détenons ni les moyens financiers, ni les moyens juridiques. Nous devons donc mettre en commun nos efforts pour innover. Car, oui, il va falloir être imaginatif pour faire bouger les lignes. Nous devrons contribuer à changer de référentiel, à faire en sorte que la qualité environnementale, écologique, constructive, et la qualité des usages soient créatrices de valeurs, et ne plus exclusivement prendre en compte la maximisation du nombre de mètres carrés construits.

C?est, en effet, une révolution copernicienne. Mais je sais que beaucoup des acteurs y sont prêts parce qu?ils sont conscients. Nous l?avons vu, pour ceux qui sont allés notamment à Glasgow ou ont suivi les études des scientifiques. Nous savons qu?il est, je ne dirais pas trop tard puisque nous agissons, mais que nous sommes contraints aujourd?hui à une adaptation rapide de notre espace et de notre ville si nous voulons pouvoir tenir dans ce qui nous est annoncé au niveau de l?évolution du climat sur la planète, et bien sûr, dans notre ville.

Mais j?irai plus loin : la qualité environnementale d?un projet ne pourra pas simplement être une cerise sur le gâteau ou un simple prétexte pour être acceptée. Sa participation positive sur le plan environnemental et, plus généralement, son apport à la ville en ?uvrant à l?intérêt général, seront au c?ur des choix pour construire et aménager.

Je veux à nouveau saluer le travail mené par Emmanuel GRÉGOIRE avec tous nos collègues et tous les acteurs économiques, les acteurs de l?aménagement, qui se réunissent déjà à intervalles réguliers pour repenser les manières de construire, d?intégrer le bien-être dans nos outils de performance et de le valoriser autrement.

Je veux aussi remercier les Parisiennes et les Parisiens qui se sont investis et continueront à le faire dans cette grande consultation concernant l?avenir de leur ville. Vous l?aurez compris, la tâche est immense, mais ayons l?ambition, soyons exigeants et pragmatiques. Nous avons là un levier évident pour changer de modèle et adapter notre ville au changement climatique en ne laissant personne sur le bord du chemin.

Je vous remercie.

Merci beaucoup.

Nous allons passer maintenant aux différents orateurs.

Le premier, M. Jean-Pierre LECOQ, pour le groupe Changer Paris.

M. Jean-Pierre LECOQ, maire du 6e arrondissement. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers collègues, comme vous le savez, notre débat d?aujourd?hui s?inscrit dans une démarche visant à doter Paris d?un nouveau plan d?urbanisme qui influera sur les 20 à 30 prochaines années. C?est une démarche exigeante et très encadrée. Si elle est menée à terme, elle nous permettra, dans deux ans, de disposer d?un nouvel outil réglementaire qui nous aidera à façonner le Paris du XXIe siècle. Sujet passionnant et ambitieux, car ce P.L.U., si l?on veut qu?ils y adhèrent, ne peut être élaboré sans les Parisiennes et les Parisiens. Passionnément amoureux de leur ville, les Parisiens sont habités par un double sentiment : celui de la nostalgie du passé, plutôt répandu chez les plus âgés, tandis que les plus jeunes sont plus ouverts au changement et au mélange des architectures.

Le défi de cette appropriation du P.L.U., et sa co-construction que nous souhaitons avec les habitants, est donc majeur pour tous les élus du groupe Changer Paris. Tout en contribuant à façonner son avenir, les Parisiens peuvent redécouvrir leur ville, ses quartiers, et les aimer davantage. Cette démarche n?est pas anodine, mes chers collègues, car l?accélération des départs des Parisiens, que malheureusement la crise Covid a amplifiée, sonne douloureusement à nos oreilles.

Alors, qu?avez-vous fait, Madame la Maire, Monsieur le Premier adjoint ? Vous avez, conformément à vos tendances, truffé la présentation du P.L.U. hier et du PADD aujourd?hui de votre novlangue et de vos slogans. A travers ce PADD, vous recyclez vos thématiques, ce qui vous permet d?affirmer que le futur P.L.U. sera bioclimatique. Or, pour nous, le compte n?y est pas.

Tout d?abord, disons la vérité aux Parisiens : il n?y a quasiment plus de foncier libre à Paris, hormis des terrains en bordure du périphérique ou sur le domaine de la S.N.C.F., sur lequel se situera en partie l?opération Bercy-Charenton.

Chers collègues, Paris existe depuis plus de 2.500 ans. Le P.L.U. n?aura qu?une importance toute relative, les principes généraux n?étant théoriquement pas modifiés en matière de zonage, d?espace vert ou de hauteur.

Ensuite, sur la participation de nos concitoyens, elle n?est pas au rendez-vous, et le Covid n?a rien arrangé. Lancée depuis un an, la concertation s?est déroulée essentiellement en "visio", ce qui a limité drastiquement le nombre de participants. Vous avez rappelé, Madame la Maire, leur nombre : 6.000, face à plus de 2 millions d?habitants. On ne peut plus s?en satisfaire. Vous voulez créer de nouveaux instruments de démocratie participative qui se superposent les uns aux autres, mais plutôt, écoutez et consultez correctement les Parisiennes et les Parisiens. Assez de "visio", assez de dates imposées ou d?enquêtes publiques bâclées qui ne correspondent plus à la réalité de la vie à Paris. Innovez, faites une véritable consultation avec un questionnaire précis.

Les Parisiens, après la Covid, veulent-ils une ville plus dense ? Non. Souhaitent-ils la préservation des espaces verts ? Oui, alors que le recensement de ces espaces laisse à désirer et que plusieurs d?entre eux ont fait l?objet de remise en cause, comme l?indique fort justement la contribution de "France Nature Environnement". Acceptent-ils une densification du bâti existant via la disparition des dents creuses ou la surélévation de certains bâtiments ? De moins en moins, compte tenu de la densité déjà existante, particulièrement forte dans de nombreux arrondissements de l?Est parisien ou du Sud-Ouest.

Mes collègues Claire de CLERMONT-TONNERRE, Valérie MONTANDON, Anne BIRABEN et Véronique BALDINI reviendront dans quelques instants sur les nombreux aspects de ce P.L.U. : sur les hauteurs, sur la protection et la sauvegarde du patrimoine, effectivement essentiels. Sur la tour Triangle, qui constitue une aberration dans cette crise post-Covid et à l?heure du réchauffement climatique.

Sur ce dernier dossier, Monsieur le Premier adjoint, êtes-vous prêt à fouler aux pieds tous les principes décrits dans ce P.L.U. pour encaisser des droits de mutation ? La situation financière de la Ville est-elle suffisamment grave pour justifier ce reniement, ce grand écart ?

Voilà les questions fondamentales que se posent les Parisiens. Le reste n?est que littérature et bavardage. Nous ne sommes plus à l?époque de la fausse concertation, mise en ?uvre dans cette ville pendant des années, qui s?est résumée dans le triptyque : un bureau d?études, un PowerPoint et une réunion, où l?on laisse s?épancher quelques personnes avant de réaliser le projet tel qu?il était prévu dès le départ. Les Parisiens et les grandes associations veulent un vrai débat, avec les moyens correspondants et de la cohérence entre les objectifs énoncés et la réalité des projets.

Le concept de ville du quart d?heure est intéressant, mais ses implications dans le P.L.U. ne sont que marginales. En revanche, tout reste à faire et à dire sur les futures opérations d?urbanisme, les grandes comme les petites, puisqu?en 15 ans, entre 2005 et 2020, ce sont 3 millions de mètres carrés supplémentaires qui ont été construits grâce à 160.000 autorisations d?urbanisme délivrées par la DU.

Tout reste à préciser en matière de végétalisation et de nombre d?arbres plantés en pleine terre, nous dit-on. Si l?on crée à grands frais des forêts urbaines et, simultanément, si l?on abat des arbres pour différentes opérations, vous décrédibilisez votre action et la parole publique.

Mes chers collègues, j?achèverai mon intervention en évoquant deux sujets majeurs qui ne sont que peu ou pas traités dans le document qui nous est soumis aujourd?hui.

Le premier est celui de la santé environnementale, qui doit devenir une priorité de notre action. Certes, une direction est en cours de création - nous l?avons noté - mais la crise sanitaire et les préoccupations légitimes des Parisiens nous poussent à intégrer les problèmes que sont la qualité de l?air, les émissions de polluants, les nuisances sonores de tout type comme une composante essentielle de nos politiques publiques. L?opération Maine-Montparnasse devra être aussi exemplaire qu?a été désastreux en ce domaine le chantier Maine-Commandant-Mouchotte.

Enfin, sur le second sujet, le P.L.U. parisien devra s?articuler - vous l?avez dit - avec le SCoT métropolitain ainsi qu?avec le SDRIF de la Région Ile-de-France. Paris est une petite ville, si on la compare avec les autres grandes métropoles. Il est donc normal que les documents d?urbanisme de Paris et de la zone dense métropolitaine se parlent, soient en cohérence, comme avec celui de la Région Ile-de-France, où de nombreuses actions environnementales vont être menées. Dans ce domaine de la cohérence, la Ville de Paris et la Métropole du Grand Paris doivent se doter d?un plan de circulation : ou vous le concevez en dialoguant avec toutes les parties prenantes, ou il vous sera imposé dans la perspective des Jeux Olympiques.

Madame la Maire, mes chers collègues, les Parisiennes et les Parisiens ne veulent ni d?une concertation bâclée menée à la hussarde, ni d?un document d?urbanisme évanescent sonnant creux.

Vous l?avez compris, Monsieur le Premier adjoint : ou vous mettez les bouchées doubles sur la concertation et vous y consacrez les moyens nécessaires comme nous vous l?avons demandé à plusieurs reprises, ou le nouveau P.L.U. risque d?apparaître comme un document hors sol qui générera des recours et des insatisfactions.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur le Maire.

La parole est à Mme Fatoumata KONÉ, Présidente du groupe Ecologiste de Paris.

Mme Fatoumata KONÉ. - Merci.

Madame la Maire, chers collègues, tout d?abord, je souhaite rappeler le soutien plein et entier du groupe Ecologiste de Paris à la Ville dans cette révision du P.L.U. actuel. Ce P.L.U. est à bien des égards caduc et, nous le savons, ce travail de révision se doit d?être ambitieux. La priorité étant avant tout de mieux protéger les Parisiennes et les Parisiens face aux phénomènes climatiques extrêmes que la ville s?apprête à subir dans les années et décennies à venir. Nous remercions l?Exécutif pour la mise en place d?un dialogue serein sur ce sujet au sein de la majorité et de cet hémicycle. Certains clivages ont pu être dépassés, là où d?autres restent plus persistants, mais toujours accueillis en bonne intelligence et dans le respect de chacun. Je laisserai mes collègues vous exposer plus tard les points sur lesquels les écologistes souhaitent un document plus contraignant qu?incitatif.

Avant d?entrer sur certaines questions de fond, parlons forme et méthode. Cette révision du P.L.U. est échelonnée sur 3 ans, quand la précédente s?étalait sur près de 6 ans. Permettez-nous de douter de la pertinence de cette course au P.L.U. Le calendrier resserré implique au moins 2 conséquences, que nous déplorons.

La première, et peut-être la plus importante : un dispositif de démocratie participative insuffisant. On sait la difficulté de mener à bien une concertation en période de crise sanitaire, mais elle n?a pour l?instant pas permis à la population de prendre part pleinement à ce travail de transformation de la ville. La concertation s?est résumée à la page "idee.paris.fr" et à des réunions "zoom" par arrondissements. C?est pourquoi, pour les prochaines phases de cette révision, nous vous invitons à former la population sur les potentialités et les enjeux d?un tel document afin d?obtenir les contributions les plus informées possible. Il ne faut pas que nous nous rations.

La seconde conséquence de cette organisation en 3 ans concerne la tenue de ce débat PADD sans que l?on ait eu le temps de produire ni de diffuser certains documents pourtant essentiels. Le diagnostic biodiversité ne sera publié qu?en 2022, quand le bilan du P.L.U. de 2006 et de sa modification en 2016 ne verra sans doute jamais le jour. Et surtout, quelle pertinence peut avoir cette révision si nous ne savons pas ce qui a fonctionné ou dysfonctionné auparavant, et donc, ce qu?il est nécessaire de réviser ? On ne pourra pas finaliser le PADD sans avoir ce dialogue.

Alors, justement, entrons dans ce qui est révisé dans la présente communication, ce qu?apportait ce nouveau P.L.U. Je m?attacherai à développer les deux points présentés comme innovants. Premièrement, l?ajout de l?adjectif "bioclimatique" qui mérite sa définition précise. Il désigne l?influence du climat local sur les organismes vivants d?un territoire. Le P.L.U. doit donc, dans son entièreté, s?ancrer sur le constat suivant : la Ville de Paris connaît et connaîtra des phénomènes imprévisibles extrêmes, notamment un réchauffement sans égal dans les prochaines années. Cela nécessitera protection, sobriété, respiration et inclusion.

La seconde innovation de ce P.L.U. est l?évaluation des externalités positives d?un projet pour que celui-ci soit accepté. L?idée est intéressante : accepter un projet d?aménagement seulement s?il rend un service à son environnement direct. Outre les questions de validité juridique, le groupe Ecologiste de Paris demande des précisions sur les externalités positives sélectionnées. Parce que, des externalités positives, nous pouvons en trouver autant que possible quand nous voulons en trouver : création d?emplois dans une tour Duo, de logements sans respect des normes environnementales, ou que sais-je. Aussi n?est-il pas possible d?intégrer les externalités négatives à ce calcul. Dans un P.L.U bioclimatique, un projet ultra-énergivore ou très émetteur de gaz à effet de serre doit pouvoir être suspendu.

Soyez sûrs, mes chers collègues, que les écologistes seront sur le pont durant les 2 prochaines années pour vous aider à construire un P.L.U. avec les Parisiennes et les Parisiens, dont la nature bioclimatique ne fera aucun doute. Paris engagera alors un tournant historique en préservant son habilité, tout en rééquilibrant le développement métropolitain et en s?accordant aux ambitions du SCoT.

Parce que, oui, Paris doit prendre sa part dans le développement de la Métropole, mais doit surtout éviter de l?engloutir par une attractivité excessive et délétère. C?est aussi à cause de cet héritage de la macrocéphalie parisienne, de ce Paris et de ce désert francilien, que nous sommes arrivés à l?absurde construction d?une métropole sans P.L.U. intercommunal. Or, cette absence de P.L.U.I. conduit à la compétition économique que nous connaissons. Elle ne nous permet pas de penser sereinement l?avenir climatique, social et économique de notre ville et encore moins de notre Métropole.

La prochaine fois, je l?espère, nous nous retrouverons alors pour la révision d?un P.L.U. intercommunal bioclimatique qui nous sera bien utile.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame la Présidente.

La parole est à Mme Barbara GOMES, pour le groupe Communiste et Citoyen.

Mme Barbara GOMES. - Merci, Madame la Maire.

Le Plan local d?urbanisme est l?un des enjeux centraux de cette mandature. On le comprend au regard de l?urgence climatique et écologique que l?on connaît. Mais le défi est aussi d?ordre social, spécialement depuis la crise sanitaire. Le P.L.U. doit en être le reflet. Pour cela, permettez-moi de vous parler des emprises hospitalières dans notre ville. Vous allez peut-être me dire : mais quel est donc le rapport avec un projet d?aménagement et de développement durable ? Je vais vous le dire. Je vais prendre un exemple concret, d?ailleurs, un exemple actuel : celui de l?hôpital Bichat.

Vous le savez, cela fait des mois que je vous en parle avec mon groupe. Cet hôpital public est menacé de fermeture, tout comme l?hôpital Beaujon, à Clichy, sous prétexte de la création d?un mastodonte hospitalier à Saint-Ouen. Je dis bien "mastodonte", parce que l?on parle de concentrer sur un même site plus de 120.000 passages annuels aux urgences. C?est d?après l?Autorité environnementale. Elle nous dit aussi que l?on va avoir un accroissement des flux de circulation routière : près de 15 % à Saint-Ouen. Si vous faites un tour au centre-ville de Saint-Ouen à 7 heures du matin, vous allez très vite comprendre, ne serait-ce que pour cette raison, l?aberration de ce projet.

On ne peut pas avoir comme cap de voter des objectifs climatiques ambitieux qui encadreront les projets d?aménagement à Paris, et puis, en même temps, demander à nos voisines de Plaine Commune de déroger à leur P.L.U. bioclimatique pour réduire par 3 les prescriptions d?espaces libres, par 5 celles relatives aux espaces végétalisés et par 7 celles relatives à la proportion de pleine terre, le tout en fermant un hôpital qui est indispensable au nord de Paris. Parce que c?est cela, le projet d?hôpital Grand Paris Nord.

Paris ne peut pas réaliser sa transition écologique en externalisant sans cesse ses activités essentielles et en demandant aux autres de faire les efforts à sa place. C?est inacceptable. Alors, je pose la question : quel est le sens du développement durable que nous voulons à Paris ? Peut-on faire du climat et de la préservation de l?environnement une priorité, mais continuer d?entériner des projets écocides tant que ce n?est pas chez nous ?

Puisque j?évoque les emprises hospitalières, je vais en profiter pour parler du cas de l?Hôtel-Dieu, parce que, là aussi, dans le genre scandale absolu, on n?est pas mal non plus. Cela fait plus de 20 ans que l?offre de soins, qu?elle soit hospitalière ou en ville, manque cruellement à Paris. Dans notre ville, on a 1 personne sur 3 qui renonce à se faire soigner pour des raisons financières. Paris détient le record des dépassements d?honoraires en France et ne dispose que d?un médecin traitant pour 10.000 habitants. Il y a 50 % des médecins à Paris qui vont partir à la retraite dans 3 ans. Bref, je ne vais pas continuer cette triste liste. Je pense que je me fais relativement bien comprendre.

En résumé, on manque d?offres de soins à Paris. Pourtant, à l?Hôtel-Dieu, il y a des locaux vides. Ils sont vides depuis des années. Est-ce que l?on va en profiter enfin pour y remettre des soins hospitaliers de qualité au service des Parisiennes et des Parisiens qui souffrent tant de ce déficit d?offres de soins ? Et bien, non, mes chers collègues, parce que l?on va y mettre des commerces. C?est Novaxia qui est l?heureux élu qui va récupérer plusieurs milliers de mètres carrés d?hôpital. Pour y installer quoi ? Des commerces de luxe et un restaurant gastronomique. On rêve ! C?est quand même ubuesque ce qui est en train de se passer en plein c?ur du 4e arrondissement. C?est vrai que l?on en avait besoin, au milieu de La Samaritaine, du BHV, des halles de Rivoli. On avait vraiment besoin de commerces de luxe, qui sont si utiles à la population, tellement plus utiles qu?une offre publique hospitalière, n?est-ce pas ?

Quand je lis, dans le PADD, que l?on veut lutter contre la concentration de flux humains, notamment le surtourisme qui déséquilibre la vocation de certains quartiers à Paris, et que l?on veut réinterroger la soutenabilité de ce modèle économique et l?empreinte carbone qu?il suppose. Evidemment, on est d?accord. Mais permettez-moi de vous dire qu?il serait impensable de ne pas prendre ce problème en considération parce que, si l?on déclasse une partie de l?emprise hospitalière de l?Hôtel-Dieu au profit de commerces et de restauration dans le centre de Paris, à destination notamment des touristes les plus fortunés, je ne suis pas certaine que l?on soit super-aligné sur les objectifs affichés.

Parce que, finalement, tout l?objet du PADD, et d?ailleurs du P.L.U. en général, c?est de savoir ce que l?on fait de l?espace, comment on le distribue, comment on rapproche les besoins des Parisiennes et des Parisiens. C?est éminemment politique. J?attends l?argument qui va nous permettre de dire qu?il est bien-fondé de vendre un tiers de l?emprise hospitalière à Paris à un promoteur immobilier pour ajouter du commerce et de la restauration de luxe à Paris. J?attends l?argument qui nous permet d?être à l?aise pour voter des objectifs climatiques et, dans le même temps, d?accepter des projets pareils.

Du côté du Groupe Communiste et Citoyen, c?est une contradiction que l?on ne va pas vouloir porter devant les Parisiennes et les Parisiens. Vous le comprenez bien. Une emprise hospitalière, cela ne sert pas à faire du commerce. Jamais. Encore moins dans un arrondissement qui est très bien doté en la matière. On ne réduit pas le capacitaire hospitalier dans une ville où le besoin de soins est déficitaire. Mes chers collègues, cela passe par une préservation sans tergiversation, sans concession des emprises hospitalières et de leur vocation hospitalière. C?est l?une des lanternes qui guideront les communistes sur le choix des voies à emprunter pour l?aménagement du territoire, qui nous ont guidés sur ce PADD et nous guideront jusqu?au vote du P.L.U.

A Paris, nous avons besoin d?hôpitaux de proximité, mais nous avons aussi besoin d?une médecine de ville accessible à toutes et à tous, dans des délais raisonnables, et particulièrement dans les quartiers populaires, où la dissuasion financière sévit sur la santé des habitantes et des habitants. C?est pourquoi nous portons la proposition forte d?une puissance publique, d?une collectivité territoriale qui prend ses responsabilités dans les quartiers où l?offre publique est déficitaire en offre de soins. C?est d?ailleurs pourquoi nous proposons le maillage de nouveaux centres de santé municipaux dans les quartiers où l?offre de soins libérale fait défaut, y compris lorsqu?il existe déjà des dispositifs incitatifs en la matière.

Vous l?aurez compris, notre mot d?ordre, c?est la relocalisation. La relocalisation du soin à Paris, la relocalisation des équipements de proximité qui sont essentiels, mais aussi la relocalisation de la production. La crise gouvernementale nous alertait déjà sur la nécessité d?infléchir notre dépendance à l?économie touristique. La crise sanitaire est venue confirmer l?urgence d?en sortir et de s?en sortir.

Pour ce faire, il nous faut favoriser les circuits courts, soutenir le tissu artisanal qui existe et favoriser son développement. Les débats sur l?urbanisme ont toujours été pour nous l?occasion de rappeler que la Ville dispose d?outils à cet égard, qu?elle peut mettre en place un mécanisme de protection et de reconquête des lieux de production. Elle peut, par exemple, réserver un pourcentage ou une surface dédiée à la production dans chaque nouvelle zone d?aménagement. D?ailleurs, les bailleurs sociaux de la Ville sont d?excellents partenaires en la matière, qui sont vraiment capables aujourd?hui de nous aider à réaliser des espaces mutualisant des logements, des ateliers et des tiers lieux. Je pense que la réflexion a beaucoup progressé en la matière, lorsque l?on voit l?exemple de la Z.A.C. "gare des Mines", où plusieurs milliers de mètres carrés seront pleinement consacrés à l?installation d?activités artisanales.

Mes chers collègues, il est plus que jamais nécessaire de dessiner un territoire qui réponde aux besoins les plus essentiels des Parisiennes et des Parisiens : la santé, le logement, la production locale. Il faut maintenir, relocaliser, développer les équipements et les infrastructures qui les rendent accessibles. Tel sera le gage d?un P.L.U. qui répond aux besoins de son temps.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame GOMES.

Je donne la parole à Mme Hanna SEBBAH, pour le groupe "Indépendants et Progressistes".

Mme Hanna SEBBAH. - Merci, Madame la Maire.

Parler du P.L.U., c?est parler de la vision d?avenir d?une ville. Ce débat doit nous inviter à partager les grandes orientations que nous souhaitons donner à Paris, notamment en matière d?aménagement et de développement durable. A l?heure de la COP 26 et de l?urgente nécessité de lutter contre le réchauffement climatique, il est essentiel que Paris soit un exemple sur ces sujets environnementaux. Nous partageons évidemment l?ambition de faire de Paris une ville moins polluée, moins bruyante, plus verte, plus douce, une ville qui assume la transformation écologique dans tous les domaines.

Si le positionnement de notre groupe, notamment par les voix de Delphine BÜRKLI et Pierre-Yves BOURNAZEL, est constant, force est de constater, Madame la Maire, que le vôtre ne manque pas d?incohérence. Eh oui, il y a les ambitions affichées et la réalité des faits. Vous ne pouvez pas, Madame la Maire, porter une vision écologique de la ville tout en étant constamment à la recherche de la densification, au détriment de la qualité de vie des habitants. La politique du chiffre vous guide depuis toujours au détriment de la politique du mieux. Bercy-Charenton, la tour Triangle, Erlanger, le stade Championnet, le stade Ménilmontant, combien de projets d?hyper-densification, de bétonisation, d?artificialisation des sols avez-vous mené ou voulu mener, parfois de force, au détriment des Parisiennes et des Parisiens ?

La tour Triangle - nous en reparlerons lors de ce Conseil - ce projet est une aberration écologique, philosophique, esthétique. Ecologique par son aspect énergivore. Philosophique par l?absence de concertation avec les riverains depuis le début. Esthétique, car, évidemment, nous ne sommes pas contre la hauteur à Paris, mais nous nous opposons aux très grandes hauteurs, qui sont anti-écologiques et créent une barrière, un mur, une rupture avec le Grand Paris lorsqu?elles sont près du périphérique. Et vous le savez très bien. Les grandes hauteurs dénaturent profondément l?image de notre ville, son histoire, son patrimoine. L?UNESCO l?a encore dénoncé la semaine dernière.

Paris est une ville dense : 87 kilomètres carrés si l?on retire les bois de Vincennes et de Boulogne. Les grands sujets écologiques des logements, des déplacements, de l?attractivité économique, doivent se penser à l?échelle du Grand Paris et constamment à travers le prisme de la qualité. Des solutions existent, notamment en matière de logement et de construction. Le potentiel des dents creuses pourrait être étudié. Les dents creuses, vous le savez, désignent les vides de construction dans un tissu urbain. Si elles ne doivent évidemment pas être un principe ou une obligation, elles sont une opportunité d?améliorer intelligemment et de manière pragmatique la situation du logement à Paris, sans pour autant délaisser la question de l?esthétique. Par ailleurs, cette surélévation modérée permettrait à la ville d?augmenter son offre de logements, tout en incitant à la rénovation de son bâti ancien pour le rendre moins énergivore et moins sensible aux îlots de chaleur urbaine.

Enfin, je voudrais profiter de ce projet de délibération pour évoquer le sujet des centres de logistique urbaine, autrement dit de l?approvisionnement des Parisiennes et des Parisiens, à l?heure où les modes de consommation changent. En 2016, vous vous targuiez de favoriser la logistique urbaine grâce à la modification du P.L.U. Cinq ans plus tard, des périmètres de localisation d?équipements de logistique urbaine ont été instaurés et les règles encadrant ces espaces ont malheureusement été affaiblies, conduisant à des situations parfois ubuesques. Exemple dans le 18e arrondissement, rue Désiré-Ruggieri, dans ce quartier résidentiel familial et calme, proche du marché Ordener, un grand projet de logistique urbaine est en cours. L?objectif est de reconvertir un ancien garage de 2.400 mètres carrés, soit la superficie de la place Dauphine sur l?île de la Cité, en plateforme de livraison pour favoriser la distribution de colis. Circulation, pollution, nuisances sonores, destruction des petits commerces, l?emplacement de ce centre va à l?encontre de la vision que vous dites vouloir porter pour Paris. Le député Stanislas GUERINI vous a d?ailleurs interpellé sur ce sujet qui mérite une réelle attention.

Paris a besoin de logistique urbaine - nous en sommes conscients - mais pas à n?importe quel prix. Nous nous opposons à ce que ces centres soient implantés dans des quartiers d?habitation ou à forte densité. C?est un non-sens absolu. Il faut revenir sur la taille maximale de ces centres selon le tissu urbain, ou alors privilégier une autre localisation de ces aménagements, le long des portes de Paris par exemple, ou autour des lieux structurants de mobilité. Pourquoi ne pas travailler à la reconversion de parkings routiers en centres de logistique de quartier, tout en étudiant la taille, pour rendre le dernier kilomètre de livraison moins polluant et plus efficace ?

Vous l?aurez compris, Madame la Maire, la Ville doit impérativement mener des discussions avec les partenaires privés pour éviter que ces installations ne se fassent au détriment de la qualité de vie des Parisiennes et des Parisiens. Madame la Maire, si vous pensez Paris avec une véritable vision écologique, il faut avoir une stratégie globale à bonne échelle, en renonçant à la hauteur des tours, à l?hyper-densification, à la bétonisation, en privilégiant la qualité plutôt que la quantité, en préférant le pragmatisme à l?idéologie. Dans ce cas, vous saurez nous trouver à vos côtés, car ce sont des idées que nous portons depuis longtemps.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame.

La parole est à Mme MAQUOI, présidente du groupe "Génération.s".

Mme Nathalie MAQUOI. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, l?enjeu de notre débat de cet après-midi est de poser les principes qui guideront les règles d?occupation et d?utilisation du sol à Paris dans les années à venir. C?est garantir la cohérence dans la manière de faire et de vivre la ville. Les élus de "Génération.s" partagent la vision de l?éco-urbanité. Nous sommes nombreux et nombreuses à vivre à Paris ou à nous y rendre chaque jour pour travailler, étudier, visiter. Parce que nous sommes nombreux et nombreuses, la sociabilité dans notre organisation de la ville est essentielle. De plus, notre intérêt pour la vie de la cité, souvent le premier pas vers la citoyenneté, associé à une conscience écologique élevée, nous permet de penser l?organisation de notre ville, ce formidable territoire d?inventions qui est divers, ouvert, capable de résister aux chocs et aux crises, capable de débattre et de décider ensemble de son destin.

Au XXe siècle, le modèle dominant à Paris était le ménage de classe moyenne actif avec enfant(s). Or, ces 20 dernières années - le diagnostic de l?APUR le met bien en évidence - ce modèle s?est profondément transformé, avec une population à la fois plus âgée et plus jeune, avec des familles monoparentales de plus en plus nombreuses, avec les évolutions de nos modes de vie. Cette diversité chez tous ceux et celles qui habitent Paris influe d?abord sur les logements et, bien sûr, sur leur typologie, et nous invite à repenser notre gouvernance pour que chacun et chacune d?entre nous y trouve sa place. Je le dis tout de suite : à "Génération.s", nous ne portons aucun jugement négatif sur ces évolutions. Nous ne sommes pas nostalgiques d?un supposé "c?était mieux avant". Avant quoi ? Avant que l?émancipation ne permette aux femmes d?avoir un compte en banque autonome, et donc, de pouvoir choisir leur vie. Avant que l?émancipation ne dépénalise l?homosexualité. Non, le P.L.U. peut accompagner notre changement de mode de vie, de mode de ville, poursuivre cette émancipation qui a pour enjeu de remédier aux fractures sociales dans notre ville.

Aujourd?hui, nous devons définitivement sortir de la ville produite par l?urbanisme moderne fondé sur la séparation des fonctions et la domination de l?automobile. Nous ne pouvons plus vivre la ville organisée pour favoriser la consommation exponentielle. Nous ne pouvons plus croire que les communications numériques pourront se substituer aux communications physiques, alors que nous venons de traverser une expérience qui nous a tant révélé à quel point le lien social, le lien à l?autre, est précieux.

Par ce P.L.U., nous souhaitons promouvoir l?organisation de la ville compacte, organique, multifonctionnelle, avec les notions d?échelle humaine et de reconquête urbaine pour les habitants.

Le premier principe : la ville compacte. La compacité, c?est la capacité pour celle et celui qui habite ou fréquente la ville d?accéder à pied à un certain nombre de services alimentaires. C?est une façon de réfléchir la ville en partant des comportements individuels et d?utiliser différents leviers pour les transformer. La ville compacte, c?est aussi penser son avenir avec une logique d?archipels : pas un centre, mais plusieurs centres, plusieurs pôles reliés par des espaces verts, des jardins, des avenues plantées et ombragées, des rues, des places où le bitume est enlevé et la pleine terre est de retour, des c?urs d?îlots et des jardins partagés. Cette organisation de la ville autour de la compacité interroge nécessairement les coûts urbains. Ce sont, bien sûr, les coûts du foncier, les prix des loyers, des particuliers comme des entreprises. C?est aussi l?influence de ces coûts du foncier sur les autres coûts.

A Paris, les prix de la nourriture sont plus chers qu?ailleurs. Tout est plus cher. Des travaux de chercheurs nous offrent une piste de réflexion intéressante. Il y a des organisations urbaines plus économes en coût global par leur façon de guider la construction, d?organiser les réseaux, les déplacements et les services urbains. Ce sont des organisations urbaines de compacité intermédiaire, avec plusieurs centres qui répartissent mieux les pressions immobilières, qui modèrent les coûts, avec une meilleure fluidité.

Nous souhaitons profiter de ce débat pour engager une réflexion de fond sur l?économie générale de notre système urbain en intégrant les valeurs sociales des équipements et des services financiers, la façon dont les choix de localisation, de mobilité impactent nos comportements, les performances écologiques, les prix de l?immobilier.

Le deuxième principe : la mixité. D?abord, la mixité fonctionnelle, ce premier pas indispensable vers la mixité sociale, qui revient à revenir sur la vocation exclusive d?un quartier à un travail ou à un logement. La mixité sociale invite à avoir en tête que notre ville compte un nombre important de pauvres, plus pauvres qu?ailleurs, qui ne doivent pas être invisibles. C?est pourquoi notamment dans les lieux de détente, comme les bois, le long des berges, mais aussi sur chaque place, nous proposons de réserver la part la plus importante aux usages gratuits de l?espace public : lire sur un banc, pique-niquer ce que l?on a apporté et cuisiné sans forcément devoir consommer, flâner sans forcément acheter.

Mixité générationnelle, alors que notre ville est très jeune, notamment grâce aux nombreux étudiants que nous accueillons. Nous souhaitons rappeler à quel point la présence étudiante est un élément essentiel de notre urbanité. Notre ville comptera aussi dans l?avenir une part importante de personnes âgées. Notre responsabilité est qu?elles puissent continuer de bien vivre à Paris. Cela invite à penser l?accessibilité des bâtiments, non pas seulement les futurs mais aussi les existants, et d?encourager les façons d?habiter comme les résidences autonomie.

Une mixité genrée et ethnique, enfin. L?organisation de la ville doit montrer dans sa trame notre volonté d?être une ville refuge.

Le troisième principe, c?est l?implication des habitants et des habitantes, des entreprises, des associations, bref, de toutes celles et ceux qui vivent et fabriquent la ville. Nous souhaitons ainsi rappeler notre profonde confiance en l?intelligence collective, qui se traduit par une culture démocratique et coopérative poussée, et par sa force d?innovation sociale. Le droit à la ville est un droit à l?émancipation par l?urbain. C?est un droit à habiter, un droit à l?appropriation et à la liberté, un droit à devenir citoyen, à tenir un rôle dans la cité pour intervenir dans sa production. Pour cela, la ville doit veiller à favoriser la participation active des habitants à chaque étape des projets, en particulier lors de la définition des orientations et de la programmation de tout projet urbain, à réaliser des diagnostics en amont qui comportent une dimension anthropologique, qui permettent de prendre en compte les usages existants, puisque l?on ne refait pas de la ville comme cela - s?il n?existait rien, cela n?existe plus à Paris - en prenant en compte les usages du passé, et nous fixer l?ambition de favoriser ce débat sur la ville.

C?est pourquoi nous conseillons une attention particulière à l?écriture de ce PADD pour qu?elle soit comprise et partagée par tous, par exemple prendre autre chose que les attractivités positives. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

Je donne la parole à Mme Maud GATEL, présidente du groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes.

Mme Maud GATEL. - Merci beaucoup, Madame la Maire.

Mes chers collègues, nous examinons cet après-midi les orientations du projet d?aménagement de développement durable qui servira d?orientation politique à l?élaboration du futur P.L.U. bioclimatique. Ce PADD défend donc "un Paris inclusif, productif, résilient et décarboné, vertueux et préservé, permettant à Paris de répondre aux enjeux du nouveau régime climatique". Comment ne pas être d?accord avec cet objectif ? Bien évidemment, nous devons tout mettre en ?uvre pour que notre ville soit en mesure d?affronter à l?avenir les étés caniculaires, les pluies torrentielles et les crues. Permettre aux Parisiennes et aux Parisiens de bénéficier des îlots de fraîcheur doit être notre boussole dans la conception du futur P.L.U. bioclimatique. C?est d?autant plus nécessaire que Paris s?éloigne de la trajectoire des Accords de Paris. Ceux-ci passent par le développement de la nature en ville.

Cependant, ce PADD ne tient pas compte des constats et des solutions qui semblent pourtant évidents pour beaucoup de Parisiennes et de Parisiens. Les espaces de nature existant à Paris - qu?ils soient des arbres remarquables, d?alignement, des espaces verts - doivent être protégés et classés par ce nouveau P.L.U. La préservation d?une réelle diversité d?espaces et de milieux est un préalable fondamental à toute politique prétendant ?uvrer en matière de biodiversité, car Paris est l?une des villes les plus pauvres en Europe en mètres carrés d?espaces verts par habitant. Paris est une ville dense et particulièrement artificialisée.

Pour autant, il y a dans cette présentation des ambiguïtés évidentes. D?abord, la contradiction entre le discours de la Mairie sur la biodiversité à Paris et la réalité d?une action cosmétique qui habille de vert des projets d?urbanisation, l?appel à des techniques de végétalisation artificielle qui ne sont pas une alternative équivalente à la préservation de véritables espaces de nature à Paris et de reconstruction de la nature partout là où c?est possible. Enfin, la contradiction entre les appels à projets pour créer de nouveaux sites de biodiversité et la destruction d?espaces naturels, comme les serres d?Auteuil, les bassins de Grenelle, la densification de la Cité universitaire, la Z.A.C. "Bercy-Charenton", les aménagements de Paris Nord-Est, la destruction à la porte Maillot du jardin Alexandre-Soljenitsyne pour le remplacer par un immense cube de béton, et toutes les constructions sur les jardins et cours en c?ur d?îlot.

Comment peut-on à la fois présenter ce PADD et s?entêter sur la tour Triangle, débattre de ce PADD et proposer le projet Tour Eiffel/Champ de Mars ? Il y a là une ambiguïté dont vous ne sortez pas.

Sur le périmètre et la méthode, je m?associerai aux propos de mon collègue Jean-Pierre LECOQ, simplement pour ajouter des remerciements à l?égard du Premier Adjoint sur son souci de bien veiller à associer tous les groupes politiques, même si, encore une fois, sur le sujet de la méthode de concertation avec les citoyens, nous rejoignons les critiques qui ont d?ores et déjà été émises.

Sur le périmètre, même chose. Paris est l?une des villes les plus denses au monde. Plus de 1,80 million de personnes y travaillent tous les jours, sans parler des millions de touristes. Comment imaginer un P.L.U. "parisiano-centré" alors qu?il nous faut au contraire agir en responsabilité ? Car, en environnement, ce qui compte avant tout, ce sont les écosystèmes. Or, Paris ne peut plus se permettre d?engager des changements urbains de cette ampleur sans concerter les villes avoisinantes, au risque d?omettre dans sa conception les enjeux métropolitains qui y sont liés. Je pense particulièrement aux questions de mobilité, à la nécessité de se doter d?un plan de circulation et à la nécessité de concerter la fameuse Z.T.L. que ce PADD nous annonce courant 2022. Un P.L.U. parisien accentuera les disparités entre les territoires, comme l?illustrait la proposition de la conférence citoyenne de reléguer les constructions de tours aux portes de la capitale, déléguant le sujet de la densification, de l?obstruction du paysage et de la consommation énergétique du bâti aux arrondissements les plus excentrés ou aux communes hors périphérique.

Deuxième sujet, il manque énormément de choses dans ce document. On ne parle pas de l?esthétique urbaine parisienne, ni de tours, ni de densification, ni de surélévation, ni de dents creuses. Repenser les principes de l?urbanisme et de ses matériaux est pourtant indispensable pour la maîtrise de l?empreinte écologique de la ville, la nécessité de concevoir une ville moins consommatrice en énergie.

Finalement, ce document n?est que l?illustration d?un débat non tranché au sein de votre majorité entre construction de logements et préservation des espaces de respiration. "In fine", on ne sort pas de l?ambiguïté que vous entretenez depuis le début de la mandature, faute d?accords politiques sur ce sujet et sur lesquels achoppent les grands projets. Comment concilier plus de constructions et plus de nature à Paris ?

Je voudrais m?arrêter un moment sur la question de la végétalisation. La végétalisation a une face cachée : celle de gonfler de façon artificielle les plantations les plus utiles, parmi lesquelles la diminution de pleine terre dans les nouvelles parcelles construites ou reconstruites. Qu?il s?agisse de contribuer à l?atténuation du changement climatique en stockant le carbone ou de s?adapter à ses effets en rafraîchissant la ville lors des canicules, ou en captant l?excès de ruissellement lors des pluies d?orage, la végétalisation tient une place prépondérante dans notre ville de demain. D?ailleurs, certaines stratégies urbaines affichent, sous forme de slogan, une préoccupation particulière pour l?un des effets du changement climatique, par exemple la gestion du ruissellement et des inondations. Toutes reposent en pratique sur un même triptyque : maintien d?un sol vivant, accroissement du couvert végétal, rétablissement de la circulation naturelle de l?eau.

Une ville éponge est plus rafraîchissante grâce à l?évapotranspiration végétale, et les couloirs végétaux de la ville fraîcheur lui permettent de mieux stocker l?eau. Ces approches présentent des bénéfices connexes - épuration de l?eau et de l?air, biodiversité - d?autant plus importants que les espaces sont gérés écologiquement et sont reliés entre eux par une trame verte et bleue, et ce, à toutes les échelles. L?approche minérale de la rénovation parisienne de Nation à République en est absolument le contre-exemple.

Au-delà des slogans, il nous faut donc agir. Il faut cesser de détruire les espaces naturels existants, consolider une véritable trame verte et bleue en articulation avec le Grand Paris et la Région Ile-de-France. Créer un véritable réseau de zone humide dans Paris. Inscrire dans le P.L.U. tout espace non bâti comme espace non constructible. Recenser tous les espaces de nature avec des aménagements appropriés, en lien avec les associations et les habitants des quartiers concernés.

Madame la Maire, ce PADD est davantage l?éloge d?une politique que vous ne menez pas et que vous n?avez jamais menée, plutôt que de solides orientations politiques nous permettant de donner aux Parisiennes et aux Parisiens la possibilité d?être protégés face aux hausses déjà prévues de température. Paris et les Parisiens étouffent. Il y a urgence. Ce n?est pas du "en même temps" dont nous avons besoin, ce n?est pas de la schizophrénie dont vous faites preuve, c?est d?un réel volontarisme.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est à M. Thomas CHEVANDIER, pour le groupe Paris en commun.

M. Thomas CHEVANDIER. - Je vous remercie, Madame la Maire.

Mes chers collègues, depuis plusieurs années, Paris est engagée dans la lutte contre le changement climatique. Un engagement qui est désormais internationalement reconnu. Preuve en est, la récompense reçue par notre ville lors de la COP 26 et dont nous sommes particulièrement fiers.

Nos objectifs : atteindre une ville décarbonée, en faire une ville qui s?adapte au changement climatique, une ville solidaire, une ville qui se renouvelle. Voir Paris récompensée au moment où un débat essentiel sur le Paris de demain intervient, ne peut que nous encourager à poursuivre le travail engagé et à aller chercher en permanence ce point d?équilibre, cette ligne de crête, à savoir protéger la ville et ses habitants face au changement climatique et, en même temps, lui permettre de se renouveler en maintenant et en diversifiant son activité économique, et surtout, en produisant et en construisant du logement, et particulièrement du logement social.

Dans le but de maintenir cet équilibre, nous nous félicitons en premier lieu de l?ambition du PADD en termes de préservation des espaces verts et de renforcement de la végétalisation, notamment de l?application du principe "zéro artificialisation nette" qui doit être appliqué au niveau de l?aire urbaine. Cet objectif devra se conjuguer avec l?indispensable production de logements, notamment de logements sociaux.

Si, entre 2006 et 2017, ce sont près de 48.000 logements qui ont été créés dans le parc social, ce chiffre ne doit pas occulter la réalité, à savoir que cette augmentation du parc est insuffisante pour répondre à la crise du logement, à la crise du logement social. Dès lors, nous devrons poursuivre notre politique active en faveur du logement et du logement abordable. Le P.L.U. offre un certain nombre de leviers : en encadrant la transformation de locaux commerciaux en meublés de tourisme, en encourageant la réversibilité des bureaux en logements, en continuant d?accroître la surface minimum de logements sociaux dans les opérations nouvelles, en développant l?usage du bail réel solidaire, etc.

Toutefois, et j?insiste sur ce point, la production de nouveaux logements, si elle privilégiera évidemment la réhabilitation, ne devra exclure ni la déconstruction/reconstruction singulièrement en faveur du logement social, ni, dans les mêmes conditions, la surélévation, y compris en c?ur d?îlot si l?on souhaite arriver à l?objectif de 30 % de logement social à échéance 2030.

L?outil réglementaire qu?est le P.L.U. devra enfin être un outil au service du rééquilibrage de l?implantation de logements sociaux entre arrondissements déficitaires et excédentaires. Il faudra également conjuguer ces objectifs en termes de logements et en termes de préservation environnementale de la ville, avec celui du maintien de l?activité économique. Paris concentre 2 millions d?emplois répartis de manière inégale sur son territoire. Si un rééquilibrage est à noter avec une augmentation des emplois dans un certain nombre d?arrondissements périphériques, ce rééquilibrage devra se poursuivre. Le développement de la ville du quart d?heure y contribuera particulièrement par la protection de la mixité fonctionnelle, par le soutien à l?économie sociale et solidaire, et à l?économie circulaire.

La réintroduction d?activités de production en ville nous oblige aussi à penser la logistique urbaine de manière durable. En ce sens, le fret fluvial devra être particulièrement envisagé, la Seine étant, à ce titre, un outil stratégique si l?on considère le développement des circuits courts à l?échelle régionale ou métropolitaine.

Enfin, et je terminerai par-là, la fabrique de la ville durable ne se fera pas sans préservation du patrimoine. Patrimoine architectural et patrimoine végétal se devront d?être protégés, élargis et valorisés. Car la ville de demain préservée, c?est aussi celle qui est témoin de son passé, de notre passé, et le P.L.U. constitue un outil central en ce sens. Alors, le PADD tel qu?il nous a été présenté permettra de maintenir cet équilibre qui fait de Paris une ville qui vit, qui change, qui s?adapte aux enjeux, mais dans laquelle on maintient le même degré d?exigence en matière de mixité sociale, de mixité fonctionnelle. Bref, une ville dans laquelle tout le monde peut vivre et dans des conditions acceptables.

Je vous remercie.

(M. Patrick BLOCHE, adjoint, remplace Mme la Maire de Paris au fauteuil de la présidence).

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Thomas CHEVANDIER.

La parole est à Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Madame la Maire, je suis d?accord avec vous sur un point : oui, il faut changer le modèle, mais il faut rompre avec le vôtre. Quel déni démocratique ! Vous nous demandez de débattre des orientations générales du PADD alors même que nous n?avons pas débattu en séance du Conseil de Paris sur le diagnostic. Par ailleurs, où est le diagnostic environnemental ? Les quelques réunions de concertation en visioconférence et la concertation 2.0 ne sauraient constituer une réelle concertation sur un diagnostic très tardivement transmis aux élus et aux Parisiens. L?absence de débat sur le diagnostic, que rien légalement n?interdit dans le processus de révision d?un P.L.U., nous fait prendre le risque de fragiliser la procédure d?établissement du futur P.L.U.

J?ai donc déposé un v?u pour que soit organisé, pendant la période consacrée au débat sur le PADD, un débat sur le diagnostic intégrant le diagnostic environnemental. Ce futur P.L.U. bioclimatique doit répondre aux enjeux en termes d?atténuation et d?adaptation aux défis climatiques. Vous avez bétonné Paris, mais vous prétendez que, depuis 2006, 70 hectares d?espaces verts ont été créés. Mais que comptabilisez-vous ? Les pieds d?arbres végétalisés, les jardinières, les toitures végétalisées, les hectares Parisculteurs ? Vous affichez un objectif de tendre à 30 % de pleine terre, mais c?est flou. S?agit-il des secteurs les plus fortement imperméabilisés ?

Je dépose un v?u pour que cet objectif concerne tout le territoire parisien, que les berges hautes et basses de la Seine soient classées "zone urbaine verte", et que l?on supprime la bande "Z" et les coefficients biotopes injustifiés dans le futur P.L.U. Dans votre communication, aucune référence sur le débat sur les tours, pourtant énergivores, anti-écologiques et appartenant au passé. Je dépose un v?u pour l?abandon de la tour Triangle, des tours prévues à Masséna-Bruneseau, Bercy-Charenton, et qu?un débat soit organisé sur la surélévation.

Vous lancez la troisième édition de "Réinventer Paris" sur la transformation de bureaux en logements. Très bien. Mais je demande un bilan des "Réinventer Paris" précédents, avec transparence sur la composition des jurys, sur les promoteurs retenus, pour quels usages et à quels prix. Et, comme vous le savez, je reste très attentive contre tout pantouflage, tout conflit d?intérêts, à Novaxia comme ailleurs.

Alors, à bon entendeur.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Danielle SIMONNET.

La parole est à Mme Claire de CLERMONT-TONNERRE.

Mme Claire de CLERMONT-TONNERRE. - Monsieur le Maire, chers collègues, alors que vous nous demandez de mener la concertation au plus près des quartiers et à l?échelle des îlots, nous déplorons que vous n?ayez pas jugé utile de saisir en amont les conseils d?arrondissements sur les orientations générales du PADD et sur le diagnostic territorial. En l?état, nous sommes à des années-lumière du big-bang de proximité vanté par la Maire de Paris. Pourtant, ce diagnostic territorial aurait pu être utilement complété par le ressenti des arrondissements, d?autant que le dérèglement climatique et la crise sanitaire nous conduisent à travailler localement sur les questions de densification, de protection du patrimoine et du manque d?espaces verts au c?ur de nos territoires. Thèmes sur lesquels j?axerai mon intervention.

L?actuel P.L.U., que vous avez élaboré et refusé de réviser sous la précédente mandature en dépit de nos demandes réitérées, est, il est vrai, totalement obsolète, inadapté, et a produit une ville où le béton est roi et continue d?envahir les berges de Seine, où vous autorisez encore la construction de nouvelles centrales. Si le P.L.U. de 2006 prévoyait des hauteurs de 25 mètres dans les secteurs centraux et de 31 et 37 mètres dans les arrondissements périphériques, il n?est plus acceptable que la Municipalité contourne ces limites au gré des modifications des documents d?urbanisme, et des ambitions de certains édiles prompts à donner des coups de canif dans le vélum parisien en autorisant des projets hors normes, comme la tour Triangle ou les tours Duo.

A contre-courant des objectifs de protection du paysage parisien, des enjeux du XXIe siècle et des aspirations de nos concitoyens, ces projets anti-écologiques vantent une ville dense et prétentieuse, au détriment de la qualité de vie de ses habitants et du bien commun qu?est le paysage. L?avis rendu cet été par l?UNESCO, que vous avez curieusement passé sous silence, nous invite à mettre un terme à ces hauteurs surdimensionnées et à mieux protéger notre patrimoine et les perspectives parisiennes. Paris n?a pas vocation à être encerclée par une muraille d?immeubles de grande hauteur, comme vous l?avez envisagé à Bruneseau ou encore à Bercy-Charenton, avec l?érection d?une ribambelle de tours, en faisant au passage table rase du tunnel des artisans Baron-Leroy, dernier vestige du quartier de négoce du vin de Bercy.

Plutôt que de densifier et de bétonner à tout va, nous plaidons pour la conception de projets mixtes et jalonnés d?espaces verts arborés pour donner envie aux Parisiens de rester dans leur ville plutôt que de la fuir. Il faut dire que, sous la précédente mandature, la suppression du COS et la floraison des appels à projets "Réinventer Paris" ont largement ouvert les vannes pour contribuer à la densification de la capitale. J?ajoute qu?entre 2006 et 2020, l?Exécutif a autorisé 1.477 surélévations du bâti existant, souvent au détriment du paysage urbain et du cadre de vie des voisins, et encore, sans compter tous les projets en cours d?instruction que l?absence de sursis à statuer ne pourra freiner. Au Conseil de Paris d?octobre dernier, par exemple, 2 immeubles de 2 et 3 étages situés rue Marx-Dormoy ont été remplacés par des bâtiments de 7 et 11 étages.

Mes chers collègues, nous sommes opposés aux saccages occasionnés par ces surélévations outrancières qui maquillent et dénaturent le patrimoine faubourien, ou le remplacent par des immeubles sans âme et souvent mal intégrés. En lien avec les acteurs locaux, nous entendons poursuivre le travail d?identification amorcé par la Commission du Vieux Paris en 2006 pour protéger les bâtiments emblématiques de l?identité d?un quartier et préserver certaines dents creuses, dont l?échelle basse marque le paysage de la rue. Les Parisiens ne disposant que d?un peu plus de 3 mètres carrés d?espace vert public par habitant hors bois, soit bien en deçà des 10 mètres carrés préconisés par l?O.M.S., nous pensons qu?un principe de conception des nouveaux bâtiments dotés d?une F.A.I. dégagerait des vues sur les c?urs d?îlots végétalisés, permettrait d?accroître les espaces de respiration, de renforcer la biodiversité et de désimperméabiliser les sols.

Dans les années 1980-1990, alors qu?il n?y avait pas d?élus écologistes sur ces bancs, les opérations d?aménagement prévoyaient la création de grands parcs comme Bercy, Brassens et Citroën. "A contrario", dans les projets les plus récents, la superficie des espaces verts est trop souvent revue à la baisse, comme sur le site de Chapelle-Charbon. De surcroît, vous saisissez la moindre friche pour bétonner. C?est encore le cas lors de ce Conseil, où vous prévoyez la construction d?un immeuble rue des Trois-Couronnes, dans un quartier du 11e arrondissement qui manque cruellement d?espaces verts.

Comme le souligne l?APUR, la végétalisation du bâti reste encore peu convaincante, d?autant que certaines réalisations dépérissent du fait de leur mauvaise conception. C?est par exemple le cas des colonnes végétales des façades de l?immeuble R.I.V.P. du 218, rue de la Croix-Nivert, à l?abandon depuis plusieurs années. Elles sont désormais empruntées par les rongeurs, au grand désarroi des locataires.

Si nous sommes favorables à l?urbanisme transitoire, en revanche, nous ne voulons pas d?une végétalisation transitoire. Ce n?est pas en disposant des plantes en pots que l?on crée des corridors écologiques. En l?état, nous sommes bien loin des forêts urbaines vantées dans votre programme électoral. Faute d?études préalables, plusieurs projets sont abandonnés ou ne pourront être conçus en pleine terre, que ce soit à l?Opéra, sur les berges ou encore sur la place de l?Hôtel de Ville. Et comment ne pas évoquer le pont d?Iéna, où le projet présenté au jury final, présidé par la Maire de Paris, prévoyait l?implantation de 26 arbres d?alignement sur ce monument historique, alors que leur développement y serait impossible ?

Plutôt que des effets d?annonces surréalistes, nous souhaitons disposer d?objectifs concrets, car, à vouloir planter sans stratégie, c?est l?équilibre écologique qui risque de se voir planter. En revanche, il est assez surprenant que votre communication fasse l?impasse sur la petite ceinture, dont nous attendons impatiemment l?extension et surtout, sa connexion avec un réseau de trame verte irriguant les quartiers. Je rappelle également que nous menons de front un combat pour le déclassement de l?héliport afin d?y réaliser un vaste parc parisien en lieu et place des activités polluantes et des nuisances sonores.

Dans le 15e arrondissement, comme d?ailleurs dans les autres arrondissements, l?actuel P.L.U. autorisant des projets contre nature, nous entendons que le futur texte acte entre autres la suppression du classement des berges de Seine en "zone urbaine de grands services urbains", l?interdiction de transformer une zone urbaine verte - notamment le réservoir d?eau non potable de Grenelle - en champ de serres en plastique, l?impossibilité de construire un immeuble à la place d?un jardin en pleine terre. Bien sûr, nous demandons que le futur P.L.U. refuse les abattages d?arbres de hautes tiges pour la construction de locaux poubelles ou pour l?installation de chantiers, comme celui de la tour Triangle pour lequel 15 arbres d?alignement vont être abattus d?ici quelques jours, avenue Ernest-Renan.

Pour conclure, si l?administration municipale et l?APUR ont produit un important travail pour la réalisation du diagnostic, nous restons sceptiques devant le dispositif de concertation mis en place pour l?élaboration du P.L.U. Les contributions exprimées sur le site "idee.paris.fr" et dans les cahiers d?acteurs peinent à recevoir des réponses convaincantes. Faute de moyens adaptés, la participation citoyenne innovante qui nous a été annoncée montre ses limites. Enfin, au vu de certaines orientations du PADD, je crains que des pans entiers du futur P.L.U. ne s?apparentent à un manifeste politique tendant à enraciner dans nos rues la trame de votre seul programme électoral, au détriment, entre autres, des trames vertes et bleues. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Claire de CLERMONT-TONNERRE.

La parole est à M. Émile MEUNIER.

M. Émile MEUNIER. - Madame la Maire, Monsieur le Premier adjoint chargé de l?urbanisme, mes chers collègues, le climat nous oblige. Le climat nous oblige, car, chaque année, la ville se réchauffe un peu plus. Un jour ou l?autre, peut-être l?été prochain, nous vivrons le dôme de chaleur qui a frappé le Canada. Imaginez une température de 45 degrés Celsius, 10 jours d?affilée, sans même pouvoir se rafraîchir la nuit. Paris n?est pas prête à affronter ces méga-vagues de chaleur. Pourquoi ? En quelques mots : trop de béton, trop dense, pas assez de parcs, pas assez de jardins. Notre alternative est simple : soit nous arrivons à transformer Paris, soit la ville va devenir invivable et se vider de ses habitants comme de son sang. Cela a déjà commencé. Nous sommes donc à un tournant de l?histoire parisienne.

Mais, mes chers collègues, pour transformer Paris, nous devrons d?abord rompre avec les dogmes qui nous ont menés dans l?impasse. D?abord, le dogme de l?attractivité. C?est un miroir aux alouettes. Une ville qui capte toute la richesse de la Métropole ne peut pas être une ville durable. Un million de personnes viennent travailler à Paris tous les jours, dans des transports saturés, et nous continuons à construire des bureaux. Chaque mètre carré de bureau construit à Paris fait monter le prix de l?immobilier et exclut les plus modestes. Chaque mètre carré en plus, ce sont des emplois que nous prenons aux autres villes du territoire.

Autre dogme à déconstruire : les bienfaits du tourisme. Accueillir 38 millions de touristes par an, c?est une folie. Nos émissions de gaz à effet de serre explosent, car la plupart viennent en avion. Nos logements se transforment en "Airbnb". Nos commerces vont tous se ressembler. A ce rythme, nous courons à la catastrophe. Du tourisme, oui, évidemment, mais pas dans ces quantités industrielles. Non au surtourisme.

Dernier dogme, nous pourrions construire sans limite à Paris. Eh bien, ces 15 dernières années, nous avons subi une véritable colonisation du béton. Près de 3 millions de mètres carrés nets ont été construits en plus. Je dis bien "nets", "en plus". C?est l?équivalent de 2 nouvelles tours Montparnasse construites chaque année. Nous avons consommé 30 hectares nets au sol - "nets" aussi, du sol qui était libre - pour y bâtir des immeubles. C?est dans le diagnostic. C?est l?équivalent du parc de la Villette qui a disparu. Les espaces de respiration ont fondu comme la banquise. On ne peut plus continuer ainsi. Comme la planète, notre ville a ses limites, qu?il faut respecter.

J?entends l?interrogation légitime : mais comment va-t-on loger les gens ? Je n?ai pas dit que l?on ne pourra plus construire. Cela n?aurait pas de sens de figer Paris. La ville est vivante et doit évoluer, mais en se renouvelant en priorité sur elle-même, sans empiéter sur les espaces de respiration. La rareté de ces espaces nous oblige à choisir. Nos priorités, à nous, les écologistes, sont claires : le logement social et les parcs et jardins. Pas les bureaux. Pour le dire autrement, lorsqu?un Parisien ouvre sa fenêtre, il doit avoir vue sur un jardin plutôt que sur des bureaux.

Ma collègue, Léa VASA, va développer dans un instant notre plan pour atteindre les 30 % de logement abordable en 2030. Nous réaffirmons fermement cet objectif et nous soutenons qu?il est possible, indispensable, de le conjuguer avec davantage de pleine terre, et même avec une forme de dédensification du bâti. Cela étant, quel est notre plan pour transformer Paris ? En trois mots : protéger, respirer, rafraîchir.

Protéger, d?abord. Les Parisiens ont le droit de vivre dans un environnement sain. Comme le dit le serment d?Hippocrate : "D?abord, ne pas nuire". Donc, on arrête de mettre encore des habitants ou des travailleurs là où c?est nocif pour leur santé. Nous ne voulons plus de foyers de travailleurs migrants au-dessus du périphérique, comme dans le 15e arrondissement, ou une tour de 50 mètres de logements entre la porte d?Aubervilliers et une bretelle d?autoroute. Ces endroits à risque doivent être identifiés. La possibilité de construire sera fortement limitée dans ces zones tant que de meilleures conditions de santé ne seront pas réunies.

Respirer, ensuite. Paris étouffe. Aujourd?hui, on coupe les arbres dans les cours intérieures pour y faire des immeubles. Les règles d?urbanisme actuelles le permettent. Nous devons l?interdire. Pour le dire simplement, les c?urs d?îlots et les espaces verts protégés doivent être sanctuarisés. Mais il ne suffit pas de protéger ces espaces de respiration. Ils doivent gagner du terrain sur le béton. Pour cela, il faut augmenter la place de la pleine terre à la parcelle, aller jusqu?à 30 %, voire 50 % dans certaines zones en déficit de nature, et sans exception possible, au prétexte que l?on aurait planté 3 choux et de la bruyère sur le toit pour compenser, comme c?est permis actuellement par le coefficient de biotope. Autrement dit, il faudra construire moins large qu?avant et préserver les hauteurs, les dents creuses pour laisser passer l?air et la lumière dans nos rues. Et surtout, on arrête les grandes tours.

Rafraîchir, enfin. La nature est le meilleur climatiseur au monde. On peut gagner 3 à 8 degrés Celsius là où elle foisonne. Les écologistes proposent de créer au minimum un nouveau parc de 1 hectare d?un seul tenant par arrondissement. Si besoin, n?hésitons pas à détruire des parties d?îlots, en particulier s?il s?agit de bureaux ou d?équipements vétustes. Les parcs et les squares existants seront agrandis partout où c?est possible, à la place des trottoirs ou des routes. Je pense notamment au parc de Bercy, où l?on pourrait gagner 10 hectares en dilatant le parc jusqu?à la Seine.

Enfin, pour rafraîchir, quoi de mieux que l?eau ? Nous voulons faire rejaillir la Bièvre, cette rivière oubliée, mais vraiment - pas un petit point par-ci ou un petit point par-là - grâce à notre adjoint Dan LERT. Et l?on fait rejaillir des points d?eau un peu partout dans la ville.

Pour conclure, mes chers collègues, notre futur Plan Local d?Urbanisme ne pourra pas contenter tout le monde. Nous sommes à l?heure des choix, et il va falloir hiérarchiser. Les nôtres sont clairs : les logements pas chers, les parcs et les jardins. L?attractivité, le tourisme et les bureaux doivent être désormais traités à l?échelle de la Métropole.

Plusieurs fois dans le passé, Paris a dû faire face à son destin. Au milieu du XIXe siècle, la ville menaçait d?imploser à cause de la révolution industrielle. En moins de 20 ans, nous avons réussi à la transformer de fond en comble pour trouver un souffle nouveau. Aujourd?hui, le péril est différent, mais c?est bien à ce niveau que nous devons élever notre ambition.

Enfin, avant de finir, je voudrais parler très brièvement du v?u sursis à statuer. Vous savez, c?est comment est-ce que l?on peut, en attendant le nouveau P.L.U., bloquer certains projets qui ne seraient pas conformes aux règles que nous nous sommes données. Nous avons déposé un v?u. Il a été accepté sous amendement par l?Exécutif. Je tiens à remercier franchement Emmanuel GRÉGOIRE et son cabinet pour ce travail. Je pense que c?est un signal important que nous allons envoyer aux Parisiennes et aux Parisiens.

Je vous remercie, mes chers collègues.

(Mme Laurence PATRICE, adjointe, remplace M. Patrick BLOCHE au fauteuil de la présidence).

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Merci, Monsieur MEUNIER.

Je donne la parole maintenant à Mme Camille NAGET, pour le groupe Communiste et Citoyen.

Il vous reste 3 minutes 34.

Mme Camille NAGET. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, il y a un enjeu fondamental dans l?élaboration du Plan Local d?Urbanisme et dans ce projet d?aménagement et de développement durable. C?est celui du rééquilibrage territorial. De la ville du quart d?heure, en passant par la lutte contre la mono-activité des territoires, la question de la répartition des activités et des flux humains doit retenir toute notre attention, non seulement pour dessiner la ville de demain, mais surtout pour répondre aux besoins qui se manifestent dès aujourd?hui. Si l?on fait de la mixité fonctionnelle une priorité de l?aménagement urbain, la réflexion se doit d?intégrer pleinement le paramètre de la mixité sociale. Sortir un quartier ou un arrondissement du modèle de surtourisme, développer l?offre de services publics déficitaire dans un autre, tout cela ne peut aboutir que si l?on crée les conditions de la mixité sociale sur l?ensemble du territoire parisien, si l?on assure un accès équitable à notre ville à toutes et tous.

Nous voulons une ville inclusive, où chacun, chacune puisse prendre sa place quelle que soit sa situation : femme, homme, jeune, âgé, en situation de handicap, avec des revenus modestes ou en situation de précarité. Parce qu?aujourd?hui, notre ville reste marquée de part et d?autre par des inégalités sociales majeures. Lorsque l?on parle de spécificités localisées, de déficit ou de surconcentration de certaines activités, on parle avant toute chose d?une distribution inégale des chances sur notre territoire. La première clef d?une répartition plus juste, plus équitable, c?est l?habitabilité. Cela passe par le rééquilibrage social et résidentiel de notre ville.

Social, parce qu?il faut créer des dizaines de nouveaux équipements publics, culturels, sportifs, de santé, pour la jeunesse. Il faut créer 50 nouveaux gymnases, des piscines, des bibliothèques, des conservatoires dans tout Paris et prévoir pour cela les réserves d?équipements publics nécessaires.

Résidentiel, parce qu?il faut garantir l?accessibilité là où les prix et la composition du parc locatif ne permettent pas ou plus l?installation des classes moyennes et populaires. C?est atteindre 30 % de logements sociaux à Paris, ce qui permettra de garantir cet accès au logement partout dans Paris, et favorisera un rééquilibrage entre l?ouest et le nord-est parisien. Pour ce faire, pourquoi ne pas abaisser le seuil d?obligation d?inclure du logement social en dessous des 800 mètres carrés de construction ? J?insiste sur le logement social dans le cadre de ce PADD. C?est aussi parce qu?il nous faut penser les relations avec les villes voisines de petite et grande couronne, voire des régions voisines. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de repousser toujours plus loin les travailleuses et travailleurs qui font Paris au quotidien, sans être en capacité de s?y loger à prix raisonnable.

Autre volet de l?interaction avec les territoires voisins, celui de l?activité économique. Ma collègue, Barbara GOMES, en parlait tout à l?heure. La relocalisation de la production est un enjeu majeur. Elle a pour préalable la préservation de l?intermodalité. Notre ville doit penser le remaillage dans un objectif de développement durable, comme le prévoit ce PADD. Il est indispensable de maintenir des réserves dans le P.L.U. pour l?artisanat et le commerce de proximité. Fabriquer ici, consommer ici, à l?image de?

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Il faut conclure, s?il vous plaît.

Mme Camille NAGET. - A l?image de la lessive de Paris, de brasseries ou de fromageries, pour ne citer que ces exemples.

Enfin, nous continuons de poser les bases du futur P.L.U?

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Il faut conclure.

Maintenant, je donne la parole à Mme Maya AKKARI, pour le groupe Paris en commun.

Mme Maya AKKARI. - Madame la Maire, mes chers collègues, l?urgence écologique nous contraint à réfléchir différemment, à trouver des réponses efficientes au service de la transition écologique de Paris. Le chemin vers un Paris décarboné est long, mais nous n?en sommes pas au début. Notre Municipalité a déjà montré à maintes reprises son engagement écologique. Je pense, par exemple, au "Plan Climat" adopté en 2018, qui a notamment comme objectif de rendre Paris neutre en carbone ou de diviser par 2 la consommation énergétique à horizon de 2050. La révision du P.L.U. marque simplement l?amplification de notre engagement pour un Paris vivable et confortable malgré les bouleversements écologiques que nous subissons. Bouleversements auxquels le Projet d?Aménagement et de Développement Durable - PADD - se devra de répondre.

Dès lors, les espaces de nature et de respiration trouveront toute leur place en ce qu?ils permettent de lutter et de prévenir les conséquences des épisodes caniculaires et du phénomène d?îlot de chaleur urbain. Émile MEUNIER en parlait tout à l?heure. Ces espaces de fraîcheur sont des moyens de résilience thermique de la ville. De fait, la végétalisation aura un rôle indispensable. La préservation et la protection de la végétation existante sont nécessaires, mais un effort de végétalisation devra être envisagé, surtout dans les zones de carence. Pour ce faire, la désimperméabilisation sera un outil parmi d?autres. Je rappelle que l?un des objectifs du "Plan Biodiversité" est de déminéraliser 35 % du territoire en surface perméable et végétale, et ce n?est pas rien.

Véritable enjeu écologique, véritable enjeu social, le PADD ne sera pas complet s?il évite le sujet du boulevard périphérique, qui n?est autre que l?infrastructure la plus polluante d?Ile-de-France. Je regrette que mes collègues n?en aient pas parlé depuis tout à l?heure. A l?origine de 37 % des émissions de dioxyde d?azote et de 35 % des émissions de particules fines, cette infrastructure est nocive, tant pour l?environnement que pour la santé de ses riverains. Un travail sur l?évolution de cette infrastructure a déjà été engagé. Travail qu?il conviendra de continuer. Il ne doit plus constituer une fracture entre Paris et sa Métropole, mais bien une continuité urbaine et végétale qui répond aussi bien aux préoccupations environnementales qu?au bien-être des riverains.

L?urgence écologique est là, mes chers collègues, et celle-ci ne doit pas éclipser les priorités sociales, néanmoins. Aussi, penser un Paris vivable pour demain, c?est penser aux besoins primaires de ses habitants, parmi lesquels le logement, qui, je le rappelle, est un droit fondamental. L?objectif annoncé en la matière dans le support de débat est double, et je m?en réjouis : développer une offre de logements diversifiés et permettre un accès durable à un logement décent, quelles que soient les ressources ou l?origine des personnes. La demande de logement social n?a eu de cesse d?augmenter depuis 2006. Elle a plus que doublé en 14 ans, alors que, sous l?effet de la loi S.R.U., le parc social s?est agrandi, puisque, depuis 2001, ce sont plus de 110.000 logements locatifs sociaux qui ont été financés à Paris. Le prix élevé des loyers pour les ménages explique pour partie cette explosion de la demande.

Permettre aux classes moyennes et aux classes populaires de se loger décemment à Paris est une nécessité. Paris ne doit pas être la seule ville des classes aisées. La mixité sociale est primordiale et doit être encouragée, comme vous l?a bien expliqué Mme la Maire tout à l?heure.

Je voudrais rebondir sur les propos de mon collègue, Jean-Pierre LECOQ, sur la densité. Certains pensent qu?en construisant davantage de logements, on participe de la densification de la ville. Détrompons-nous. Construire du logement, notamment social, permet de lutter contre la densification de l?habitat et la suroccupation des logements, mais n?augmente pas la densité de la ville en général. Preuve en est, nous avons augmenté significativement le nombre de logements sociaux à Paris ces dernières années, sans que toutefois sa population n?ait augmenté. Si nous ne construisons pas davantage de logements, l?attractivité de Paris est telle que les gens ne vont pas la quitter pour autant, mais vont continuer à s?entasser dans des logements exigus. Pour cela, différents leviers peuvent être envisagés : bien sûr, l?objectif de 30 % de logements sociaux au sein du parc total de logements d?ici à 2030 en veillant au rééquilibrage est ouest, mais aussi le développement du bail réel solidaire à la faveur des classes moyennes, ou celui de logements à destination des étudiants, par exemple. Cela signifie donc qu?il faudra créer des logements à la fois via le renouvellement urbain, mais aussi via la construction. Consciente que les espaces fonciers disponibles dans notre ville se font rares, la surélévation pourra être parfois une solution.

Voici les quelques aspects que je souhaitais aborder dans ce vaste et important débat.

Je vous remercie.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Merci, Madame.

Je donne maintenant la parole à Mme Valérie MONTANDON, pour le groupe Changer Paris.

Il reste 14 minutes 58 pour votre groupe.

Mme Valérie MONTANDON. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers collègues, avant même de commencer mon intervention, je voulais réagir sur ce que je viens d?entendre. Émile MEUNIER a fait juste avant une intervention qui disait totalement le contraire, en disant, en effet, que l?on utilisait tous les espaces libres pour construire. Et vous nous dites qu?en fait, plus on construit, plus les Parisiens s?en vont, et que, donc, il faut continuer à construire. Enfin, il y a quelque chose de pas logique du tout. Je vous invite à vous mettre d?accord entre vous.

Je voulais vous dire que, comme mes collègues, je déplore que l?on commence ce débat sur les orientations du PADD sans avoir débattu ensemble au Conseil de Paris, mais aussi avec les Parisiens sur le bilan du diagnostic territorial et du diagnostic environnemental. Cela a été biaisé, tout a été bâclé. Et d?ailleurs, votre communication d?aujourd?hui est elle aussi bâclée, et je le regrette. Je le regrette parce que j?ai vraiment l?impression que vous voulez tourner la page très vite de l?ancien P.L.U. 2006 et de sa révision, notamment en 2016, où il comportait de nombreuses dérives, que vous avez du mal à assumer aujourd?hui.

Je n?avais pas forcément prévu de parler de Netter-Debergue, mais Mme la Maire de Paris, tout à l?heure dans son introduction, l?a cité comme exemple. Mais ce n?est pas un exemple à prendre, parce que la parcelle Netter-Debergue, justement, lors de la révision du P.L.U., a été déclassée. D?ailleurs, c?était un espace protégé pour du jardin à 100 % et cela a été déclassé pour construire. En plus, cela a été des constructions qui n?ont pas respecté l?existant : ni l?existant des arbres, puisqu?ils ont tous été abattus, ni l?existant que sont les riverains, parce que les constructions se sont faites au plus proche des bâtiments existants, provoquant même parfois des destructions de murs lors du début des travaux.

Je voulais vous dire que, face à l?urgence climatique que nous connaissons, face à l?augmentation du phénomène d?îlot de chaleur urbain, face aux prévisions météorologiques selon lesquelles on prévoit de plus en plus de périodes de canicule dans la capitale, notamment des nuits tropicales où l?on ne descendra pas en dessous des 25 degrés Celsius, où il va y avoir des inconforts, des dysfonctionnements de l?écosystème, face à tout cela, on ne peut pas avoir la main qui tremble lorsque l?on parle de sobriété foncière ou d?engagement sur les espaces verts. Hélas, je vous le dis, vous avez la main qui tremble.

D?abord, vous avez la main qui tremble parce que vous ne mettez aucun objectif chiffré. Le seul endroit où il y en a, c?est le logement. Et encore, c?est simplement pour répéter que vous avez comme objectif 30 % de logements sociaux en 2030. Lorsque l?on regarde dans le détail, vous n?expliquez pas comment vous souhaitez rééquilibrer les logements sociaux dans les quartiers. Je vous rappelle que, dans certains arrondissements, comme le 13e ou le 19e arrondissement, on atteint 42,50 % de logements sociaux, et vous continuez à construire du logement social dans ces arrondissements, et même dans certains quartiers, comme dans le 13e arrondissement, le quartier Jeanne-d?Arc, où l?on atteint les 60 % de logements sociaux. Là, j?aurais bien voulu voir comment vous comptiez rééquilibrer justement ces logements. Pareil, le logement intermédiaire, qui, pourtant, est un logement destiné aussi à la classe moyenne. "Quid" dans cette orientation ? Je ne vois rien du tout.

Concernant les espaces verts, là aussi, vous manquez énormément de clarté. On aurait pu s?attendre à ce que vous envoyiez un engagement fort sur le zéro artificialisation nette des sols. Pourtant, il n?y a rien. C?est un engagement que l?on a pris tous conjointement lors du vote du "Plan Biodiversité" en 2018. Pourtant, expliquez-moi, je ne vois rien. Il y a aussi les coefficients de biotope. Certes, c?est un peu technique, mais enfin, les coefficients de biotope, ce sont ceux qui permettent d?avoir une définition de ce qu?est la pleine terre. Aujourd?hui, la pleine terre, ce n?est pas la pleine terre telle qu?on l?entend. Cela prend en compte les jardinières, les murs végétalisés. Là encore, j?aurais pu espérer que, dans un tel débat d?orientation, nous ayons votre définition de la pleine terre. Ce sera peut-être une autre fois.

Je voulais aussi rebondir sur les déclarations du premier adjoint. Cher Emmanuel, je pense qu?en ce moment, vous devez être très torturé vu le nombre des multiples injonctions contradictoires que vous avez faites. Tout d?abord, un jour, il y a des tours, un autre jour, il n?y en a plus. D?ailleurs, je ne sais pas comment vous faites, dans la même semaine, pour avoir une communication sur le fait que vous vous réjouissez de la tour Triangle, et puis, deux jours après, nous expliquer qu?il ne faudra plus de tours à Paris. D?ailleurs, je veux bien aussi avoir quelques éclaircissements sur Bercy-Charenton, dossier qui, vous le savez, me tient à c?ur, parce que, là encore, j?avais cru comprendre que les tours étaient enterrées. Mais, non, je vois que, de nouveau, vous avancez le slogan que la verticalité permettra certainement d?éviter l?horizontalité. Sauf qu?avec vous, le problème, c?est que l?on a, et la verticalité, et l?horizontalité. On a les deux pour le prix d?un.

J?espère que vous allez bientôt nous rejoindre sur notre vision de Bercy-Charenton. Vous savez que ce territoire est complètement enclavé entre le périphérique, les voies ferrées, l?échangeur de Bercy, et que nous partageons une vision d?un territoire qu?il va falloir recoudre, avec un projet de bâtiments à taille humaine et, bien sûr, avec des espaces verts et des jardins conséquents. Mais je ne désespère pas qu?un jour vous nous rejoigniez.

En fait, je voulais vous dire qu?il sera difficile de vivre bien en vivant serré, si vous n?arrivez pas à anticiper cela, c?est une erreur majeure. Ne pas reconnaître que la densité du bâti est un facteur majeur - je dis bien "majeur" - du phénomène d?îlot de chaleur urbain, là aussi, c?est irresponsable. Je vous invite à aller voir, dès 2016, lorsqu?il y avait la révision du P.L.U., nous avions déposé des v?ux pour sanctuariser les espaces verts et les espaces de respiration. Mais, bien sûr, cela avait été refusé. Donc, quand on parle de sobriété foncière, je voulais vous dire que ce n?était pas mettre forcément Paris dans du formol, mais c?était surtout l?adapter, moderniser l?existant et faire en sorte que l?on puisse voir de nouveaux usages dans les bâtiments existants. Enfin, je vous invite aussi à avoir une vision métropolitaine, qui est totalement absente de votre communication.

Je donnerai rapidement les positions des v?ux concernant certains v?ux rattachés de votre groupe. D?abord, nous voterons favorablement les v?ux qui demandent l?arrêt des projets de construction de tours. En revanche, nous aurons du mal à voter votre v?u, Madame SIMONNET, parce que 30 % d?emprise de pleine terre sur tout Paris - si c?est sur les nouveaux projets, oui, bien sûr - mais sur tout Paris, on ne voit pas comment c?est faisable. Nous sommes aussi d?accord avec vous sur le constat qu?il n?y a pas eu de débat préliminaire et de bilan. Mais, là encore, nous ne voulons pas retarder le débat sur le P.L.U., d?autant plus que nous souhaitons comme vous qu?il y ait bientôt un sursis à statuer.

Là encore, je regrette que les "Verts" retirent leur v?u au profit de celui de l?Exécutif, parce que le vôtre était vraiment engageant, Monsieur MEUNIER, alors que celui de l?Exécutif met des conditions qui sont totalement, je n?allais pas dire irréalisables, mais quand on me dit que c?est pour les projets de nature à compromettre ou à rendre plus difficile l?existence du futur Plan Local d?Urbanisme, je peux vous dire que votre v?u perd toute sa nature et son engagement.

En conclusion, je voulais vous dire que nous sommes très préoccupés par les sujets de santé et qu?en effet, comme le fait mon collègue Rudolph GRANIER dans le 18e arrondissement, nous sommes favorables à maintenir des activités de santé dans l?hôpital Bichat, mais que le v?u, hélas, est mal ficelé.

En conclusion, cette communication brasse beaucoup de vent. Vous allez me dire : le vent, c?est peut-être de l?énergie renouvelable. C?est peut-être un début.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Merci, Madame.

Je donne la parole maintenant à Mme Léa VASA, pour le groupe Ecologiste de Paris.

Il vous reste 5 minutes 03.

Mme Léa VASA. - Merci, Madame la Maire.

Bonsoir à toutes et tous.

Evidemment, beaucoup de choses intéressantes dans cette communication, dans ce futur PADD, mais vous aurez compris, au travers des interventions de mes collègues, que, pour le groupe Ecologiste de Paris, ce qui est important, c?est vraiment de remettre en cause les moteurs du cercle vicieux de la hausse des prix et de la densification à Paris. On a déjà parlé de ce dogme de l?attractivité, mais on a peut-être un peu moins parlé du problème de la financiarisation de l?immobilier par la place que l?on laisse, que l?on donne aux promoteurs et aux investisseurs, qui n?ont qu?un seul objectif, celui de spéculer. Ils ne sont pas là pour faire un Paris vivable ou du logement abordable.

J?entendais l?argument de Mme la Maire qui consistait à dire qu?aujourd?hui, si l?on ne construit pas à Paris, si l?on ne densifie pas Paris, alors on va bétonner la banlieue. La banlieue, cela fait un moment qu?elle est bétonnée. Ce n?est pas parce que l?on densifie Paris, et, en parallèle, on continue à densifier la petite couronne. Cela ne fait aucun doute. La Métropole du Grand Paris, la zone dense, c?est le fruit de l?attractivité de Paris et de la densification de Paris. Evidemment que c?est cela. Il y a un autre argument qui dit : construisons du logement à Paris et l?on rapprochera le logement des emplois. Mais on peut également faire de l?emploi en banlieue et le rapprocher ainsi des logements. On dépasse la frontière du périphérique, côté 93, et l?on a moins d?un emploi par habitant. C?est effectivement une vision métropolitaine dans laquelle il faut s?inscrire.

Aujourd?hui, à Paris, on continue à augmenter l?attractivité de Paris. Sur les 6 grands projets d?urbanisme qui sont projetés aujourd?hui, on est en train de prévoir un million de mètres carrés de surfaces de bureaux. Je ne parle pas des surfaces d?activités et de logements qui pourraient être prévues dans tout le triangle gare des Mines, Paris Rive Gauche, Lilas, porte de Montreuil, Bercy-Charenton : un million de mètres carrés de bureaux. On fait des tours pour pouvoir héberger notamment ces bureaux, alors qu?il y en a d?autres qui sont, par ailleurs, vides à La Défense, et on les construit sur des terrains publics ou qui ont appartenu à la S.N.C.F., à la Ville de Paris. On les vend, alors que la maîtrise du foncier, c?est le nerf de la guerre aujourd?hui. 50 % du prix d?un logement à Paris, c?est le foncier. Nous sommes opposés à vendre encore notre foncier. C?est l?or brun de la Ville de Paris.

Et si l?on doit construire, choisissons nos priorités. Pour nous, c?est le logement social. Il doit prendre plus de place dans tous les programmes privés qui sont programmés. Aujourd?hui, on a un seuil : à partir de 800 mètres carrés, il faut pouvoir faire 30 % de logements sociaux. Cela ne suffit pas. Il faut que l?on puisse baisser ce seuil, augmenter la proportion de logements vraiment sociaux que l?on va mettre dans ces programmes privés, et également renforcer les ambitions sur les emplacements réservés dans notre futur P.L.U.

Il faut reconquérir aussi les quartiers les plus aisés. C?est aujourd?hui le visage insupportable de la ségrégation sociale à Paris. Effectivement, il faut un vrai plan de géographie solidaire et un engagement sans faille des arrondissements de l?opposition, qui ont des interventions assez fortes à ce sujet aujourd?hui. On espère qu?ils seront solidaires de cet objectif.

Evidemment, si l?on construit, il faut aussi que cela puisse se faire dans des conditions de densité acceptables. Je ne reviendrai pas sur ce point puisque mes collègues et d?autres intervenants ont largement détaillé ce sujet.

Attention. Simplement, la construction, on a vu aussi qu?à Paris, cela pouvait être un peu un trompe-l??il. En 15 ans, on a construit 50.000 nouveaux logements à Paris et aujourd?hui, 15 ans après, nous n?avons aucune résidence principale supplémentaire à Paris. Paris est un panier percé à résidences principales. Il y a aussi des trous dans ce gruyère, dans l?existant. Un logement sur 10 est vide à Paris. Il y a 20.000 "Airbnb" à aller récupérer. Presque un logement sur 10 est une résidence secondaire. Il y a des milliers de ventes dans le diffus chaque année, que l?on peut aussi récupérer pour faire du logement social, ce qui nous permettrait de faire de la mixité très fine à l?échelle des quartiers.

La vraie réserve immobilière de Paris est dans l?existant. Il faut améliorer l?existant, travailler sur les quartiers prioritaires, les quartiers "politique de la ville" qui souffrent aujourd?hui des plus grandes inégalités sociales et environnementales, et évidemment répondre à la véritable demande de logement social qui est du logement social très social. 70 % des demandeurs sont éligibles à la catégorie la plus modeste du logement, donc le P.L.A.I. Aujourd?hui, notre offre de logements n?est pas encore suffisamment adaptée à cette demande des foyers les plus modestes.

Voici les principes qui nous guideront dans la continuité de la révision de ce P.L.U. et nous y serons très attentifs. Je rejoins mes collègues Émile MEUNIER et Fatoumata KONÉ, et vous remercie pour la qualité du travail et de l?écoute qui a été de mise jusqu?ici.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Merci.

Je donne maintenant la parole à Mme Geneviève GARRIGOS, pour le groupe Paris en commun.

Mme Geneviève GARRIGOS. - Madame la Maire, mes chers collègues, réfléchir et penser la ville n?est pas une responsabilité nouvelle. Les politiques publiques se doivent de répondre présentes tout en pensant l?avenir. Cependant, les bouleversements climatiques que nous connaissons et qui ne vont que s?accentuer, nous contraignent. Il nous faut penser la ville résiliente et décarbonée, penser ses fonctions de manière durable pour assurer à ses habitantes et habitants des conditions de vie adaptées à ces changements climatiques, et ce, sans discrimination de quelque nature, en particulier de revenus de genre, d?origine. Cela a été développé notamment sur les revenus.

Les villes en général, Paris ne faisant pas exception, sont organisées par pôles d?activité, et en fonction des moments de la journée, la population présente varie fortement. Le diagnostic préliminaire de l?APUR le confirme, en précisant qu?à l?exception du 20e arrondissement, l?ensemble des arrondissements parisiens comptent en journée moins de résidents que de personnes présentes à la journée. Par exemple, dans le 8e arrondissement, quartier central des affaires, la population présente en journée est 6 fois plus importante que la population résidente. Ces variations importantes sont l?une des sources des inégalités environnementales et sociales. L?exigence de transition écologique et de justice sociale, qui sont indissociables, nous oblige à repenser l?organisation de la ville et à ne plus l?envisager par pôles d?activité. Chaque quartier doit ainsi offrir à toutes et tous l?ensemble des fonctionnalités urbaines essentielles, parmi lesquelles se loger, travailler, s?approvisionner, s?éduquer, se soigner et, bien sûr, s?épanouir avec la culture et le sport. La ville doit se penser dans sa densité, qui devient un levier central de la réponse à cette exigence, car, je le dis et l?assume, la densité est la première alternative à l?étalement urbain.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Est-ce que l?on pourrait avoir un petit peu de silence, s?il vous plaît ?

Mme Geneviève GARRIGOS. - Ce phénomène d?un autre temps, un dogme que, Monsieur MEUNIER, vous avez oublié de citer : l?étalement urbain, voire périurbain, est particulièrement néfaste pour l?environnement. C?est l?artificialisation des sols qui nuit notamment à l?infiltration des eaux et augmente l?érosion des sols. C?est la diminution de surfaces agricoles et la destruction d?écosystèmes, réservoirs de biodiversité. Au-delà des conséquences directes qu?il a sur notre environnement, l?étalement urbain promeut intrinsèquement un mode de vie qui encourage le recours à la voiture individuelle et allonge les trajets domicile travail ou domicile commerce. Il pénalise les plus modestes. C?est un constat que la crise générée par l?augmentation du coût des énergies ne fait qu?aggraver.

Pour mémoire, "France Stratégie" soulignait, dans un rapport publié en juillet 2019, que l?augmentation de la densité et du taux de renouvellement urbain pourrait réduire drastiquement la consommation d?espaces naturels agricoles ou forestiers. La densité des villes est un facteur de leur attractivité par l?accès aux activités qui font vie et lien grâce, justement, à la vivacité du tissu économique, culturel, éducatif, sanitaire, sportif, et au déploiement des modes de transport publics actifs ou doux au détriment de la voiture individuelle. Elle crée de la proximité et favorise le lien social. Elle donne corps au concept de la ville du quart d?heure et contribue au mieux vivre des habitantes et des habitants. Elle réduit les inégalités. Réduction inscrite dans l?A.D.N de mon groupe, de notre programme, de notre A.D.N.

J?entends ceux qui contestent cette attractivité et voudraient la remettre en cause. Toutefois, j?aimerais savoir combien ici sont nés à Paris, y ont grandi et ont été attirés comme moi je l?ai été. Cela montre bien que l?attractivité de cette ville a un intérêt.

La densité est une solution durable et désirable. Encore faut-il, pour cela, que nous passions d?une densité minérale à une densité qui fait la part belle aux matériaux biosourcés et géosourcés, qui réhabilite l?existant chaque fois que possible, qui développe des formes urbaines propices à la respiration : parcs, jardins, arborisation des communs, fontaines et points d?eau. Une densité organique.

Dans ce dispositif, les c?urs d?îlots sont précieux pour un Paris durable. Espaces de fraîcheur et de respiration, ces espaces peuvent être utilisés à différentes fins : agriculture urbaine, production d?énergie renouvelable, création de communs en végétalisation, des espaces de fraîcheur et de vie. Cette dynamique est déjà enclenchée. Nous allons la poursuivre et l?accentuer.

Enfin, et j?en terminerai par-là, la forme urbaine influence beaucoup le ressenti de chacun. A densité égale et à forme urbaine différente, la densité vécue varie. Je me réjouis donc que, dans le superbe débat qui nous a été transmis, soit inscrit un réel changement de paradigme liant l?autorisation de nouveaux projets à ces externalités positives sur son environnement. Une avancée majeure qui s?imposera à toutes et à tous pour bâtir le Paris de demain, un Paris de transition écologique et de justice sociale.

Merci beaucoup.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Merci.

Je donne la parole maintenant à Mme Anne BIRABEN, pour le groupe Changer Paris.

Il reste 7 minutes 20 à votre groupe, Madame.

Mme Anne BIRABEN. - Merci, Madame la Maire.

Dans cette discussion sur le PADD, je m?attacherai à parler de la ville du quart d?heure, un concept de ville qui se veut idéal, mais qui est en réalité une ville de l?enfermement, une ville qui limite la liberté des déplacements et une ville qui organise des frontières invisibles. C?est l?organisation d?une ville qui juxtapose les quartiers entre eux. La ville du quart d?heure est en réalité celle de la continuité du confinement. Pendant le confinement, nous étions restreints dans nos déplacements à un kilomètre de chez nous. Ce concept revient à perpétuer l?état de confinement.

Que dire de la ville du quart d?heure au regard des services publics ? Les services publics se font de plus en plus rares à Paris. Le principe de réalité s?impose. Combien de postes ont été fermées à Paris ? Combien de quartiers parisiens ont vu leur poste fermer, alors que c?est un service de proximité très utile ? Aujourd?hui, de nombreux Parisiens habitent à plus d?un quart d?heure d?une poste. Comment feront-ils s?ils ont besoin de ce service tout en respectant le règlement du quart d?heure de marche ?

Les équipements sportifs. Les Parisiens passent plus de temps à chercher une piscine ouverte qu?à nager. Dans le 5e arrondissement, il n?y a pas de piscine ouverte en continu et de façon satisfaisante pour les nageurs occasionnels ou les sportifs. Ils sont obligés d?aller dans d?autres arrondissements, dans d?autres quartiers.

Avoir accès à tous les services dont on a besoin dans nos quartiers, tels sont vos mots à l?instant, Madame la Maire, y compris pour les équipements sportifs et en matière éducative. Je vous cite : "Refaire de Paris une ville productive de biens autant que de services, animée par un développement économique durable au service de ses habitants, dans une logique de circuit court limitant l?impact carbone de ces activités, constitue une priorité des prochaines années". Je comprends donc que l?objectif, pour faciliter les circuits courts, est de multiplier à l?avenir les services publics dans un souci de proximité immédiate. Mais alors, pourquoi les ferme-t-on avec un tel empressement, en limitant les sites et les horaires, sans entendre la moindre plainte de la Ville ? Encore une fois, le principe de réalité s?impose.

Les équipements éducatifs. Parlons d?"Affelnet". Comment expliquer ou faire apprécier la ville du quart d?heure aux parents quand les algorithmes obscurs ont décidé que leur enfant devait aller dans un lycée loin de chez eux et faire parfois plus d?une demi-heure de métro ? La ville du quart d?heure serait-elle un facteur d?égalité ou d?inégalité ? A qui s?adresse la ville du quart d?heure ? Qui pourrait s?y sentir bien et en profiter ? Quels sont les quartiers qui répondent aujourd?hui en partie à ce concept ? En quoi est-ce un progrès de contraindre les gens à un quart d?heure de chez eux ? En quoi la vie des gens va-t-elle s?améliorer ? Va-t-on rétablir les octrois, les péages urbains entre quartiers ?

Carlos MORENO n?a rien inventé. Il n?a pas fallu attendre les socialistes pour faire de Paris l?une des villes d?Europe où l?on marche le plus, puisque près de la moitié des déplacements dans la capitale s?effectuent à pied. Pourtant, aujourd?hui, tout est pensé pour les vélos et les trottinettes. La place du piéton est remise en cause à chaque carrefour. Les familles avec poussette et jeune enfant slaloment sur les trottoirs encombrés. Quant aux personnes à mobilité réduite, avec les trottoirs étroits et inégaux, les déplacements sont vraiment difficiles.

Si la pandémie a redonné du souffle à ce concept au détriment de la liberté des Parisiens, l?Exécutif se doit de prendre en compte la souffrance des Parisiens limités dans leurs déplacements, dans leur besoin de circuler, dans leurs échanges, comme on l?a connu pendant le confinement. Depuis tout temps, les gens circulent. La vie, c?est la circulation. La liberté de circulation est le droit pour tout individu de se déplacer librement dans un pays, dans une ville, de quitter celui-ci et d?y revenir. C?est l?article 13 de la Déclaration des droits de l?homme depuis 1948.

Je vous remercie.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Merci.

Je donne maintenant la parole à M. Éric LEJOINDRE.

Est-ce qu?il pourrait y avoir un petit peu de calme, s?il vous plaît, pour écouter M. Éric LEJOINDRE pour le groupe Paris en commun ?

M. Éric LEJOINDRE, maire du 18e arrondissement. - Merci, Madame la Maire.

Cher Emmanuel GRÉGOIRE, chers collègues, je vais essayer de revenir au débat sur le PADD, qui est un débat important puisqu?il engage la façon dont nous imaginons le visage de Paris pour les années à venir.

Paris, c?est à la fois une ville monde, une grande capitale mondiale, une métropole attractive, qui est regardée d?ailleurs dans le monde entier pour ce qu?elle a été, mais aussi pour ce qu?elle est aujourd?hui et pour ce qu?elle va devenir demain, comme nous avons pu en avoir un témoignage ce matin avec le prix de l?ONU qui a été remis à la Maire de Paris. Paris, c?est une ville dynamique, active, qui allie la vitalité économique, culturelle, associative, scientifique, étudiante, touristique. Paris, c?est l?une des rares grandes métropoles du monde qui rassemble et permet à toutes les catégories sociales de continuer à y vivre, y compris dans son hypercentre, grâce à l?engagement extrêmement fort que nous avons eu ces 20 dernières années pour permettre à chacun de pouvoir rester une Parisienne ou un Parisien.

Et Paris, chère Anne BIRABEN, c?est une ville de quartiers, pas d?enfermement dans le quartier, mais c?est une ville de quartiers. Chacun ayant une vie à cette échelle microlocale de quartier, avec chacun leur identité, leur réalité, parfois leurs défis, et souvent, leur propre art de vivre. Et surtout, Paris, c?est une ville qui vit, bouge, change, qui se transforme en permanence, s?adapte aux différents défis auxquels elle a à faire face et aux différents modes de vie qui sont souhaités par ses habitantes et ses habitants. Paris, c?est une ville qui n?a cessé d?évoluer, de s?adapter et de faire en sorte de devenir résiliente face aux différents défis auxquels nous avons eu à faire face. Ils sont nombreux dans la capitale d?une grande nation comme la France.

Dans ce débat, différentes visions de la ville et de son évolution se sont exprimées, et je pense que c?est sain. Peut-être aurait-il été plus sain de se mettre d?accord sur un certain nombre de fondements et peut-être même sur un certain nombre de données précises ? Mais, au fond, ce débat est important parce qu?effectivement, sont proposées aux Parisiennes et aux Parisiens - d?ailleurs, ils ont tranché à maintes reprises - différentes visions, différentes façons de voir la ville pour demain.

Le document d?urbanisme sur lequel nous travaillons, le futur P.L.U. tel que nous allons le travailler, va nous engager - nous, bien sûr - mais il va engager, au-delà de nous, pour les années qui viennent. Voilà à quelle hauteur nous devons avoir ce débat. Et c?est peu dire que cette discussion du P.L.U. se fonde aussi sur tout ce qui a changé, notamment ces 20 dernières années, parce que nous ne partons pas de rien. Pour prendre le seul exemple du 18e arrondissement et pour essayer de retracer les évolutions que nous avons engagées dans notre ville, nous avons, par exemple, éradiqué l?habitat insalubre et presque atteint les 25 % de logements sociaux. Cela me permet de rappeler à Mme MONTANDON que lorsque l?on éradique l?habitat insalubre, en réalité, on réduit le nombre des habitants des quartiers concernés, tout simplement parce qu?on limite de beaucoup la suroccupation de logements.

Dans le 18e arrondissement, il y a 20 ans, il n?y avait ni Eole, ni Rosa-Luxemburg, ni Chapelle-Charbon. Il n?y avait ni le tramway, ni les pistes cyclables. Je n?oublie pas les plus petits espaces verts que nous avons créés : Françoise-Hélène-Jourda, 24 avril 1944, Alain-Bashung, Nush-Eluard, l?ouverture de la petite ceinture, la création de la ferme de Chapelle International. Il y a 20 ans, dans le 18e arrondissement, il n?y avait ni la Halle Pajol, ni Chapelle International. Il n?y avait ni le gymnase du 122, rue des Poissonniers, ni le gymnase Micheline-Ostermeyer. Il n?y avait ni les nouvelles écoles que nous avons créées, ni les dizaines de crèches que nous avons organisées.

Tout cela a exigé des changements, des modifications, des évolutions. Au fond, dans le 18e arrondissement, ces 20 dernières années, on a plutôt beaucoup débitumé. Parce que tous ces espaces verts que je vous ai cités, ils ont tous remplacé des masses de béton qui étaient sans doute utiles au moment où elles existaient, notamment pour permettre le fonctionnement du train. Nous avons beaucoup débitumé et créé beaucoup de patrimoine pour les Parisiennes et les Parisiens, et ce n?est pas fini. Certains projets ont été évoqués par la Maire de Paris - je n?y reviens pas : Hébert, Ordener-Poissonniers, la rénovation complète de la porte de la Chapelle, gare des Mines-Fillettes. Tout ce qui va nous permettre de continuer à faire évoluer notre arrondissement et, de fait, à l?adapter au prochain défi, le plus important aujourd?hui : celui du réchauffement climatique. On n?adaptera pas notre ville au changement climatique sans la transformer, ou plutôt, sans poursuivre sa transformation, y compris parfois un peu profondément. Il faut le faire pour répondre aux enjeux et aux demandes des Parisiennes et des Parisiens.

Il y a beaucoup de rééquilibrages à opérer pour permettre à notre ville d?être plus résiliente. Dans certains quartiers, il faudra plus d?emplois, plus de commerces, plus d?activités. Dans d?autres, plus de logements. Dans d?autres encore, plus d?équipements publics. Et, dans tous, évidemment, plus d?espaces verts d?un seul tenant, d?espaces verts de pleine terre, d?espaces verts dans la rue, à la place des voitures. Bref, tout ce qui va nous permettre de veiller à réduire la chaleur en ville.

C?est en opérant ces changements - le texte que nous étudions aujourd?hui en est une bonne base, nous allons pouvoir avancer - que nous préserverons et assurerons la résilience de notre ville, son dynamisme, son énergie, sa qualité de vie et son adaptation au changement climatique, qui est, chacun le sait, l?enjeu majeur des années qui viennent. La ville conservatrice ne sera jamais écologique. La ville que nous voulons engager - je crois que c?est entre autres pour cela que les Parisiens nous ont fait confiance - c?est cette ville qui change, s?adapte et dans laquelle on vit bien. Je suis très heureux que ce débat s?engage sur d?aussi bonnes bases.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Merci, Monsieur le Maire.

Je donne la parole maintenant à Mme Véronique BALDINI, pour le groupe Changer Paris.

Il vous reste 3 minutes 30.

Mme Véronique BALDINI. - Madame le Maire, mes chers collègues, le bois de Boulogne est un véritable trésor pour les Parisiens, particulièrement pour les habitants du 16e arrondissement. Il est une sorte de grand lac de verdure, une véritable forêt urbaine - pas une de vos pseudo-forêts urbaines - qu?il convient donc absolument de protéger. Le protéger, car il est victime de son succès. Il est extrêmement fréquenté, avec toutes les conséquences d?une surfréquentation : pollution automobile, pollution sonore et malpropreté. Selon vous, protéger le bois, c?est interdire la circulation automobile. Mais le développement durable, c?est bien plus que cela.

Notre bois possède une faune et une flore remarquable, notamment des arbres anciens très fragiles. Il faut être attentif également à cette faune, construire des crapauducs, par exemple, à l?occasion de la réfection des chaussées très abîmées et recouvrir celles-ci de revêtement antibruit. Etre attentif également à certains conflits qui peuvent naître et naissent entre les pêcheurs et certains oiseaux présents sur les lacs. Il faut également sauvegarder, mais plus encore entretenir le patrimoine bâti du bois de Boulogne : le kiosque de l?empereur et quelques maisonnettes abandonnées, anciens pavillons de gardes. On me dit même qu?elles seraient prochainement détruites.

Je vous demande vos projets sur ce point. On pourrait, dans l?une de ces maisons, implanter une maison du bois, sorte d?accueil du public, avec une exposition sur l?histoire du bois et des expositions temporaires sur sa faune et sa flore, comme c?est le cas à Hyde Park à Londres. Ces éléments font partie intégrante du bois. Il est impératif de les sauver. Il convient d?interdire toute nouvelle construction, tout nouveau mitage, même sur ces lisières.

Nous vivons des dimanches d?embouteillages, notamment liés à la Fondation Vuitton, pour laquelle vous n?avez pas accepté de construire un parking. Cela va être accentué par la rénovation du musée national des Arts et Traditions populaires. Heureusement que la mairie du 16e arrondissement a obtenu à cette époque le passage du bus 63 le week-end, les jours fériés et les vacances scolaires.

Enfin, il faut protéger plus encore notre bois. Pourquoi ne pas demander le classement en réserve naturelle régionale, ou bien, mieux encore, son classement au patrimoine mondial de l?UNESCO, qui se justifierait par son patrimoine végétal et bâti ? Nous devons rester vigilants avec les divers événements dont la Ville autorise l?organisation au sein du bois de Boulogne, mais aussi du bois de Vincennes. Ils ont des conséquences importantes sur l?état des lieux et la biodiversité, que nous devons maîtriser afin de ne pas oublier la première vocation des bois : être des espaces naturels.

Cette notion, de plus en plus de personnes l?ont redécouverte depuis les confinements. Ce bois, proche de chez eux, pour certains, répondant en quelque sorte à votre fameuse idée de la ville du quart d?heure. Ces personnes déplorent trop souvent son manque de propreté. Il faut donc que vous mettiez davantage de personnel de propreté dédié à cet espace. Le personnel actuel est en sous-effectif pour un bois tel que le bois de Boulogne.

Les objectifs que vous mettez dans ce PADD montrent l?exercice d?équilibriste qu?est la gestion de ces bois. Vous parlez à la fois de les rendre plus accessibles, de bien y intégrer tous leurs usages, notamment économiques, tout en préservant le patrimoine naturel et architectural, et la biodiversité. Tout cela est difficilement conciliable. Pourtant, nous devons le faire.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Il vous faut conclure.

Mme Véronique BALDINI. - La position de notre groupe sur ce point restera importante.

Je veux terminer cette intervention.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Vous avez dépassé le temps de parole de votre groupe, Madame.

Mme Véronique BALDINI. - Je vous remercie.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Monsieur MADEC, vous serez le dernier intervenant.

Vous avez 7 minutes 54. Vous n?êtes pas obligé de les prendre.

M. Roger MADEC. - Madame la Maire, mes chers collègues, rassurez-vous, je serai plus court. Comme j?étais le dernier orateur, j?avais prévu court.

Quelle ville voulons-nous pour demain ? En effet, c?est une question qui se pose à nous tous, élus parisiens. Paris a traversé les siècles en faisant face aux défis qui se présentaient. Toujours fidèle à ce qui fait sa force, c?est une ville où l?on vit. Aujourd?hui, les métropoles doivent repenser leur urbanité pour permettre à leurs habitantes et à leurs habitants de vivre dignement en bénéficiant de tous les équipements dont une ville dispose, sans dépendre d?une voiture, dont nous savons toutes et tous que nous devons en réduire l?usage pour notre santé, d?abord, mais aussi pour celle de la planète. Paris est une ville reconnue sur ce point, car c?est une ville où l?on vit. La forte concentration des services, des équipements, des espaces publics et des commerces, permet cela. C?est la politique que nous menons déjà depuis de nombreuses années.

Quelle capitale, aujourd?hui, peut se targuer d?avoir 1 actif sur 3 qui habite et travaille dans le même arrondissement ? Le moment qui s?ouvre avec la révision du P.L.U. est à saisir. C?est l?occasion de renforcer cela en développant les équipements de proximité pour toutes et tous, pour que rien d?essentiel ne soit à plus d?un quart d?heure de chez soi. C?est une question d?égalité. Car si l?offre globale est riche, toutes les Parisiennes et tous les Parisiens ne sont pas logés à la même enseigne. Inégalement répartie sur son territoire, l?offre en équipements de proximité se devra d?être uniformisée. Equipements liés à la petite enfance, aux commerces de quartier ou à la diversité, leur maillage devra être renforcé. C?est un élu du 19e arrondissement qui parle, là où la densité commerciale est de 12 commerces pour 1.000 habitants, contre 28 en moyenne à Paris. Concernant les équipements de santé, l?offre est, là aussi, inégalement répartie. Il conviendra de faciliter l?installation de telles structures. Les locaux commerciaux en déshérence apparaissent, sur ce point, être une bonne solution.

La mutualisation des espaces et la multifonctionnalité des équipements sont également à repenser et peuvent constituer une réponse aux carences constatées. Je citerai un exemple : le "Centquatre" du 19e arrondissement, dont vous savez qu?il me tient à c?ur, est un bel exemple de polyvalence. Dans un espace autrefois déserté par les équipements culturels et par les services, se regroupent aujourd?hui un espace de production et de spectacles, un studio de pratiques artistiques amateurs, des services et des commerces. La création d?équipements polyvalents permet l?optimisation des usages en fonction des temporalités. L?ouverture des cours d?école le samedi en est aussi un bon exemple.

Renforcer le maillage des équipements, c?est indirectement animer l?espace public, des commerces de proximité aux services ou équipements de proximité se situant en rez-de-chaussée, aux usages sportifs, en passant par des espaces de respiration. Un espace public animé contribue à la convivialité du quartier, qui devient l?échelle centrale.

Alors, quelle ville voulons-nous pour demain ? La révision du P.L.U. est l?occasion de le redire : nous voulons d?une ville où l?on vit, où l?on vit dignement. Nous voulons d?une ville qui s?adapte aux défis à venir et anticipe les changements. Et surtout, nous voulons d?une ville fidèle à son désir d?égalité.

Je vous remercie.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Merci.

Pour répondre à tous les intervenants, je donne la parole à M. Emmanuel GRÉGOIRE.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint. - Merci beaucoup, Madame la Maire.

Merci beaucoup, mes très chers collègues.

Je trouve que notre débat a été à la hauteur du sujet qui nous réunit aujourd?hui.

D?abord, pour vous remercier de la courtoisie et du respect, y compris dans la grande diversité des opinions qui ont été exprimées, ce qui, sur ces sujets, est compliqué parce que nous venons toucher à de la matière inflammable quand il s?agit de toucher à un objet aussi singulier, précieux et prestigieux que Paris.

La deuxième chose, c?est que j?observe un certain nombre de points de convergence, de consensus, qui sont, je trouve, d?excellentes bases de travail.

La première, c?est une forme d?unanimité - je reviendrai sur les quelques nuances que j?ai entendues - mais une forme d?unanimité sur le caractère obsolète du P.L.U. actuel. Obsolète parce que, simplement, il a été révisé en 2006, avec quelques modifications, mais révisé en 2006. Grosso modo, le cycle d?usage des grands règlements d?urbanisme à Paris est, en fonction des cas, entre 20 et 30 ans, à peu près depuis une centaine d?années. Il est donc bien normal, au regard de l?exigence, de la rapidité des enjeux de transformation du monde, que nous remettions sur la table le sujet de l?actualisation des règles d?urbanisme.

Deuxième sujet, qui m?est moins agréable, mais cela me permet de l?évacuer pour essayer de se concentrer sur l?essentiel, c?est-à-dire sur l?avenir. Faire le procès de notre débat aujourd?hui sur les orientations du PADD en citant à nouveau des projets urbains qui ont été conçus il y a 25 ans pour certains d?entre eux, mis en ?uvre il y a 15 ans ou livrés il y a 10 ans, ne me paraît pas tout à fait en lien avec le sujet qui nous occupe, qui est celui de parler de l?avenir plutôt que celui de parler du passé.

Je vous le dis avec un peu de gourmandise, Madame SIMONNET, vous qui avez été dans la majorité municipale jusqu?en 2014. Excusez-moi? Cela a beaucoup changé, et positivement. Votre critique s?arrête rarement à la tour Triangle vis-à-vis de la majorité municipale. Beaucoup des choses que nous livrons aujourd?hui, pardon de vous le dire, ont été conçues à une époque où vous étiez dans la majorité. Je veux bien que, dans votre aggiornamento, vous rejetiez tout jusqu?à votre héritage militant, mais enfin, un tout petit peu de cohérence et de respect vis-à-vis?

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Madame SIMONNET, vous n?avez pas la parole.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint. - Des leçons de votre part, j?en reçois souvent, et donc, qu?il me soit plaisant de vous en adresser en retour.

Le troisième sujet, c?est de revenir à l?essentiel de notre débat. Notre débat, c?est d?articuler deux points qui n?ont pas de cohérence naturelle, pas de convergence naturelle. Je crois que toute l?essence de notre travail est d?arriver à les mettre en commun. Il y a de nombreux défis auxquels notre ville est confrontée. D?ailleurs, certains étaient déjà traités plutôt avec succès, pas toujours de façon satisfaisante, mais plutôt avec succès dans le dernier P.L.U.

Mais quels sont les deux enjeux structurants pour notre ville dans les années qui viennent, en plus de tous les autres que je ne pourrai pas détailler ? C?est la question de l?enjeu climatique et de l?adaptation de notre ville à ce phénomène structurel, bouleversant, urgent que nous allons connaître, c?est-à-dire les effets du changement climatique, et, pour reprendre des mots qui ont été employés, comment il va venir percuter le fonctionnement traditionnel de la ville jusqu?à la rendre potentiellement et à certains moments de l?année invivable, voire insalubre.

Le deuxième enjeu, c?est la question du logement. Notre pays souffre d?une crise structurelle du logement qui est gravissime. Compte tenu de la situation de mal-logement, de précarité qu?il y a dans notre pays, je vous le dis très simplement : si chaque maire de France raisonne sur ce sujet de la même façon que je l?ai entendue dans certaines expressions, la situation est très simple : il y aura dans notre pays, dans les 15 années qui viennent, une crise du logement à la hauteur de celle de l?hiver 1954, c?est-à-dire des taudis, des bidonvilles et des gens qui dormiront dans la rue. Pardon de dire que lorsqu?il y a des sans domicile fixe qui dorment dans la rue, à part la pensée magique, je ne connais pas d?autre solution que celle de produire des logements pour permettre qu?ils y dorment.

Nous devons donc répondre, articuler intelligemment ces deux objectifs. Je redis qu?il y en a d?autres - je vais y revenir - mais ces deux-là sont centraux. Oui, ce n?est pas simple d?être cohérent sur ce sujet. Quelles sont les options que nous avons sur la table, et nous avons l?occasion d?y travailler régulièrement avec Ian BROSSAT ? Comment fait-on du logement à Paris, notamment du logement social ? Nous avons été nombreux à rappeler que le logement social est l?un des instruments de politique publique dont nous avons besoin, mais pas le seul et pas suffisant, parce qu?il y a la question du logement intermédiaire. Comment fait-on du logement ? Soit on transforme le parc existant. Vous savez que c?est un axe que nous développons : sur la transformation d?actifs tertiaires dégradés, sur la transformation par conventionnement ou par préemption de façon plus marginale dans le parc privé. Mais nous n?arriverons pas collectivement. Je dis cela en me tournant vers ceux qui l?ont mis dans leur programme électoral, et je donne grâce à la droite de ne pas l?avoir fait.

Quand nous disons que nous voulons 25 % de logements S.R.U. en 2025, 30 % de logements sociaux S.R.U. en 2030, nous devons construire du logement. Parce que les 2 autres voies qui existent, de conventionnement ou de préemption, ne sont crédibles ni sur le plan technique, ni sur le plan financier. Nous devons donc intelligemment, de façon dosée, travailler sur ces opportunités, non pas de bétonisation, ou alors insultons sémantiquement tout projet de construction humaine. Quand nous construisons une école, c?est de la bétonisation. Quand nous construisons des logements, c?est pareil. Vous savez très bien que nous faisons la promotion de matériaux plus respectueux, biosourcés, géosourcés. Mais enfin, il faut encore un petit peu de béton. Et nous avons besoin de les faire.

Ce qui m?amène à un deuxième sujet, parce que je l?ai entendu plusieurs fois et j?en suis un petit peu surpris, c?est la question de la cohérence de notre futur PADD - je reviens sur cette notion de futur - avec les enjeux métropolitains. Nous passons un temps immense à travailler avec les collègues. Nous avons écrit à tous les maires des communes de la Métropole, à tous les présidents d?E.P.T., à la Métropole du Grand Paris, à la Région. Leur écrire ne suffirait pas. Une très grande majorité d?entre eux nous ont écrit en nous disant : "Voilà notre calendrier de révision P.L.U. intercommunaux ou P.L.U. communaux". Je suis le premier adjoint et, comme président de groupe à la Métropole, extrêmement impliqué dans les travaux d?élaboration du schéma de coordination métropolitain, du SCoT métropolitain, qu?est notre document de méta-urbanisme. Nous travaillons également avec la Préfecture de Région, avec la Région Ile-de-France quand elle l?acceptera sur le SDRIF. La question de la cohérence métropolitaine est donc fondamentale.

Je suis le premier à dire que lorsque l?on a une ville centre, Paris en l?occurrence, qui a une densité qui tangente les 30.000, dans certains quartiers beaucoup plus et parfois beaucoup trop, c?est exact, on a une densité de première couronne à 8.000. Evidemment que toutes les opportunités qui permettent de projeter une cohérence de densité désirable, densité souhaitable, à l?échelle de la Métropole, nous devons le faire. Cela ne doit pas nous exonérer de nos responsabilités propres. Mais évidemment que c?est à l?échelle métropolitaine que nous relèverons ces défis et pas à l?échelle simple de notre Ville. J?ai moi-même animé plusieurs réunions et rencontres avec les maires, etc., limitrophes pour travailler sur ce sujet.

Deuxième sujet. Madame SEBBAH, je me permets de vous adresser un tout petit reproche, pas sur ce que vous avez exprimé, parce qu?après tout, vous avez le droit de le penser. Mais enfin, vous êtes dans un groupe qui prétend être en soutien à l?action du Gouvernement, qui prétend être en soutien à l?action du Président de la République. Le Président de la République dit : "Il faut produire du logement, nous avons un déficit structurel de 400.000 logements à peu près. On devrait atteindre ces objectifs en production annuelle". Nous, nous avons un dialogue, la Ville de Paris avec l?Etat, à travers le Préfet de Région, sur quelles sont les attentes de l?Etat et du Gouvernement en matière d?urbanisme. Les sujets sont complexes, on y reviendra. Que nous dit le Gouvernement à travers la plume du Préfet de Région, dans la lettre qu?il nous envoie pour faire les commentaires sur les orientations du PADD que nous-mêmes, nous lui avons soumis ?

Je vais vous le lire parce que je ne voudrais pas faire d?erreur sur un sujet aussi important. Je cite le courrier du Préfet de Région. Evidemment, c?est la position du Gouvernement. "L?objectif de poursuivre l?augmentation de l?offre de logements est central pour permettre aux populations, notamment aux revenus modestes, voire faibles, de se loger". Objectif louable, que nous partageons totalement. "Ainsi, il paraît important que pour remplir les objectifs de construction de logements audacieux, une plus grande densification soit recherchée dans les quartiers où elle apparaît possible au regard de la situation de l?ensemble du territoire de Paris. Le P.L.U. devra permettre de réaliser cela". Vous êtes donc dans un groupe qui s?oppose très directement, ou en tout cas dans votre expression, à l?expression politique qui est formulée par le Gouvernement, qui est, je le redis, de densifier Paris pour créer du logement.

Autre sujet que je voudrais évoquer, c?est la végétalisation. Je connais les procès qui sont faits à la Municipalité, à l?actuelle - mais, en réalité, c?est bien l?héritage depuis 2001 qui est mis en cause - sur la sincérité de notre stratégie de végétalisation. On a eu l?occasion, avec Christophe NAJDOVSKI, de revenir sur la présentation du "Plan Arbres" pour essayer - pardon de cette expression, mais elle est à la mode - de "débunker" les "fake news" qui sont, avec instrumentalisation, avec cynisme, entretenues sur ces sujets. Le "Plan Arbres" au global, mais également sur un certain nombre de projets d?aménagement. Nous devrons effectivement, dans le cadre de l?élaboration du P.L.U., réaliser les arbitrages que j?évoquais compliqués, notamment dans l?arbitrage construction/densification ou dédensification puisqu?il y a des endroits où c?est évidemment souhaitable, et préservation de la pleine terre. J?ai moi-même dit que l?objectif de zéro artificialisation sera un objectif.

Je rappelle que le texte dont nous débattons n?est pas le PADD. C?est un débat préalable aux orientations du PADD puisque le PADD ne sera finalisé dans son document écrit qu?au début de l?année 2022, et d?ailleurs, sera lui-même à nouveau soumis à une publicité et à des échanges avec les Parisiens.

La préservation de la pleine terre sera un objectif central. La préservation de la pleine terre et dans une définition qui ne souffrira d?aucune ambiguïté. La pleine terre, c?est la pleine terre. Une jardinière, c?est une jardinière. Un toit terrasse, c?est un toit terrasse. Une façade végétalisée, c?est une façade végétalisée. Dans ce très beau mot que maintenant tout le monde maîtrise, qui est le coefficient biotope, nous ferons la clarification. Cela ne veut pas dire que c?est mal. C?est très bien de faire des toits et des façades végétalisés, etc., mais on ne peut pas considérer que cela vaut autant que la pleine terre, c?est-à-dire de la pleine terre, de la terre en profondeur. On aura l?occasion de préciser cela.

Peut-être une petite nuance. Émile MEUNIER, je suis vraiment très en accord avec beaucoup de ce que vous avez dit, mais je dis : faisons attention à quelques points. Mais je vous propose de ne pas y répondre de façon définitive. On en reparlera.

L?objectif de 30 % à la parcelle de pleine terre à Paris est un objectif qui conduit, de fait, à geler tous les possibles, parce que l?on a très bien travaillé ce sujet, notamment dans les travaux préparatoires de diagnostic, non seulement sur le P.L.U., mais également sur le SCoT. La densité historique de Paris, dont je rappelle - Jean-Pierre LECOQ le disait fort justement - que 90 % du bâti était déjà là il y a 30 ans. Et, dans 30 ans, nous n?aurons que marginalement bougé quantitativement le bâti. C?est le principe des villes denses et historiques.

Se fixer des objectifs trop ambitieux à la parcelle risque d?avoir l?effet inverse de celui ce que l?on recherche. Ce n?est pas d?être une incitation vertueuse au changement, mais, "in fine", d?apparaître comme un blocage empêchant de déployer des projets d?adaptation.

J?ai un peu bondi, Émile, lorsque vous avez évoqué les 30 hectares nets détruits. Oui, on l?a écrit et je l?ai moi-même dit. Simplement, vous oubliez un corollaire fondamental : c?est que nous avons créé 77 hectares d?espaces verts en désimperméabilisant. Où ? Si vous aviez un peu travaillé et regardé le diagnostic produit par l?APUR, vous auriez su où, puisque cela figure sur les cartographies détaillées où exactement sont ces emprises. Plusieurs interventions ont permis de rappeler les espaces verts concernés. Oui, une partie de ces espaces verts n?a pas été créée sur la désimperméabilisation pure. Je reprends un exemple précis : la petite ceinture était une friche industrielle, mais elle n?était pas imperméabilisée sur la totalité de sa surface. Mais beaucoup d?espaces verts ont été créés sur la désimperméabilisation de friches industrielles, que ce soit sur Paris Rive Gauche, dans les quartiers nord-est, etc., où, touche par touche, nous faisons les objectifs.

Autre exemple, Émile MEUNIER, qui est un objectif que je ne peux que partager. Mais, simplement, à l?épreuve de la mise en ?uvre, il se heurtera à des difficultés immenses de capacité juridique et de capacité financière. Vouloir créer un hectare de jardin d?un seul tenant par arrondissement soulève des enjeux. Je vais prendre un exemple, un arrondissement. Je veux prendre le 5e arrondissement. Un hectare d?un seul tenant créé nouvellement dans le 5e arrondissement, on ne sait pas faire, tout simplement parce que l?on ne va pas préempter, exproprier sur ce motif. Et il n?y aurait même pas de base légale. Je ne parle même pas du prix.

Sujet important également, qui est celui des tours, des hauteurs. Les hauteurs, la position est très claire sur ce sujet. Je l?ai exprimée. C?est la différence entre l?histoire et l?avenir. Le P.L.U. de 2006 prévoyait des sites d?implantation de hauteur : Bercy-Charenton, la porte de Versailles, les Batignolles et Paris Rive Gauche. Ce sont les quatre seuls lieux où a été instruite cette orientation. Dans trois d?entre eux, les situations sont déjà très avancées. Livrées dans deux endroits, Paris Rive Gauche et les Batignolles, les tours Duo et le tribunal de Paris. Cela me permet de rappeler, pardon, que les tours ne servent pas qu?à faire des méchants bureaux. Cela sert, en l?occurrence pour le tribunal de Paris, à faire 100 % de service public, c?est-à-dire un service de la justice modernisée.

Comme quoi l?un des éléments de réflexion à avoir sur les tours, ce n?est pas seulement : est-ce que c?est bien ou mal, c?est : à quoi ça sert, où est-ce que l?on en est, à quoi cela ressemble ? Cela semble, à mon avis, une clef d?entrée plus intéressante sur le sujet.

La tour Triangle, on aura l?occasion d?en reparler, mais ce sujet a été tranché par le Conseil de Paris en 2015. Nous ne pouvons plus y faire obstacle juridiquement dès lors que les investisseurs s?engagent. J?ai dit moi-même combien c?était un élément de signature urbaine important, y compris pour reconstruire des polarités qui soient dans une cohérence métropolitaine et permettent de nous sortir de cette impasse qui est celle de l?hyper-centralité de la création d?emplois, etc., sur le triangle d?or parisien, c?est-à-dire les quartiers d?affaires et l?axe Défense. Nous avons besoin de projeter des zones urbaines dynamiques pour accompagner cette multipolarisation de la Métropole.

Les tours, j?ai exprimé une position très claire : nous ne porterons pas, en tant qu?Exécutif, des propositions supplémentaires d?implantations de hauteurs. Nous considérons que ce n?est pas un sujet d?urgence et central pour nos débats parisiens, par rapport à l?immensité du sujet qui nous préoccupe sur la transition énergétique, sur la rénovation thermique des bâtiments, sur les stratégies de végétalisation de l?espace public. On a déjà suffisamment de sujets importants à traiter pour ne pas perdre de temps, y compris médiatique et politique, en futilités secondaires. Il n?y aura donc pas, de la part de l?Exécutif, de proposition de hauteur supplémentaire.

Enfin, je voudrais revenir sur quelques éléments concernant la concertation. La concertation - pardon de le dire, mais peut-être que la période Covid ne vous a pas permis à tous de prendre la mesure de tout ce qui avait été fait - jamais une concertation n?avait impliqué autant d?outils. Vous avez cité les 17 réunions publiques. J?ai eu le bonheur de les animer aux côtés des maires d?arrondissement. Mais vous oubliez les conférences organisées par le C.A.U.E., les registres en mairie, les marches exploratoires, les forums urbains, les cahiers d?acteurs, le P.L.U. des enfants, toutes les stratégies d?insertion presse pour permettre de recevoir des propositions, les dizaines de rencontres avec des acteurs représentatifs des professionnels du secteur, des associations, etc. Et surtout, vous oubliez que nous ne sommes pas du tout en phase d?achèvement de ces travaux. Le PADD n?est pas finalisé. Il y aura encore les étapes de concertation sur le PADD. Et puis, surtout, pour ceux qui en ont la mémoire, le sujet qui implique le plus les citoyens et le plus positivement, c?est évidemment le projet de règlement. Nous commencerons à y travailler à partir du début 2022.

Concernant les v?ux, le groupe Ecologiste de Paris a déposé un v?u sur le sursis à statuer. Je rappelle en trois mots ce que cela veut dire. C?est, quand vous engagez une révision de P.L.U., la capacité pour la collectivité qui l?instruit de faire un sursis à statuer, c?est-à-dire de dire : "Comme je suis en train de réviser mon P.L.U., je ne peux pas vous répondre tout de suite oui ou non sur le permis". Pour éviter notamment les effets d?opportunité d?opérateurs qui accéléreraient en disant : "Les règles vont se durcir, je vais déposer mon dossier". Je suis favorable à cet esprit. D?ailleurs, j?ai dit que nous mobiliserions cet outil. Simplement, j?ai eu l?occasion de préciser - c?est un peu le sens de l?amendement que je propose - qu?un sursis à statuer doit avoir deux conditions. D?abord, il doit être limité dans le temps parce qu?il y a toujours un risque, sinon, de contentieux. Deuxièmement, il ne peut pas avoir de portée générale du type : "Je fais un sursis à statuer sur tous les permis de construire à Paris". Ce n?est évidemment pas possible, parce que, là, c?est une certitude d?impossibilité juridique.

J?émettrai un avis favorable, en revanche, parce que, oui, nous avons besoin de mieux anticiper l?application des futures règles. Je redis l?urgence d?adopter un nouveau P.L.U. pour pouvoir s?en prévaloir juridiquement. On a utilisé des outils pour cela : les éléments sur le pacte pour la construction parisienne qui nous permettent de donner aux opérateurs des orientations nouvelles en matière de stratégie urbaine. C?est donc un avis favorable sur ce v?u.

Sur les autres v?ux, qui sont tous déposés par Mme SIMONNET, j?émettrai un avis défavorable. Je vais le dire très franchement : pas toujours parce que je suis contre les propositions qui sont formulées ou sous-jacentes, mais souvent parce que je trouve que les considérants sont plus de la polémique et de l?instrumentalisation qu?une relation honnête avec un Exécutif sur ces sujets. Comme on n?arrive pas à avoir un dialogue apaisé en la matière, en dépit des nombreuses rencontres que j?ai proposées et que nous avons mises en ?uvre, je ne peux qu?émettre un avis défavorable sur ces v?ux.

Merci à tous de vos interventions. Je suis persuadé que nous aurons l?occasion de l?approfondir et de le construire collectivement dans les mois qui viennent. Je vous remercie.

Mme Laurence PATRICE, adjointe, présidente. - Merci, cher Emmanuel GRÉGOIRE.

Je vous propose de mettre aux voix les v?ux.

Concernant le v?u n° 8 du groupe Ecologiste de Paris - il y a eu un amendement qui a été accepté par le groupe Ecologiste de Paris - donc avec un avis favorable de l?Exécutif.

Je mets donc aux voix, à main levée, cette proposition de v?u déposée par le groupe Ecologiste de Paris, amendée par l'Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u amendée est adoptée. (2021, V. 318).

Je mets aux voix, à main levée, la proposition de v?u référencée n° 9 déposée par Mme SIMONNET, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?...

Vous voulez compter ?

On recommence une fois ?

Qui est pour ? Défavorable, je l?ai dit tout à l?heure. Avis défavorable de l?Exécutif.

Qui est pour ? Donc, on a 33 pour.

Qui est contre ? Donc, 41 contre.

Qui s?abstient ?

La proposition de v?u est repoussée.

Je mets aux voix, à main levée, la proposition de v?u référencée n° 10 déposée par Mme SIMONNET, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est repoussée.

Je mets aux voix, à main levée, la proposition de v?u référencée n° 11 déposée par Mme SIMONNET, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est repoussée.

Je mets aux voix, à main levée, la proposition de v?u référencée n° 12 déposée par Mme SIMONNET, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est repoussée.

Je mets aux voix, à main levée, la proposition de v?u référencée n° 13 déposée par Mme SIMONNET, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est repoussée.

Je mets aux voix, à main levée, la proposition de v?u référencée n° 14 déposée par Mme SIMONNET, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est repoussée.

Et enfin, je mets aux voix, à main levée, la proposition de v?u référencée n° 15 déposée par Mme SIMONNET, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est repoussée.

S?agissant d?une communication, il n?y a pas de vote sur le projet de délibération DU 135.

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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