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Vœu déposé par le groupe Paris en commun relatif aux mises à l’abri rapides des campements de rue dans le 19e. Vœu déposé par le groupe Ecologiste de Paris relatif au soutien aux grévistes de la faim de Calais. Vœu déposé par l'Exécutif.


 

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Nous passons à l?examen de v?ux non rattachés.

Les v?ux référencés nos 58, 59 et 59 bis sont relatifs aux mises à l?abri rapides des campements de rue dans le 19e et au soutien aux grévistes de la faim de Calais.

Qui présente le v?u n° 58 du groupe PEC ?

Le maire du 20e arrondissement Éric PLIEZ, qui a donc la parole pour le présenter en deux minutes.

M. Éric PLIEZ, maire du 20e arrondissement. - Monsieur le Maire, chers collègues, toutes les formes de grande précarité font système et dire que les quartiers du Nord-Est parisien concentrent la plupart des enjeux de lutte contre la pauvreté de notre capitale est depuis de trop nombreuses années un lieu commun qui peut, au mieux, faire sourire avec compassion ou romantisme ; au pire, nous résigner à accepter cette fatalité sans se convaincre que d?autres voies sont possibles et qu?il nous faut collectivement nous battre pour casser le cycle d?une addition permanente de diverses scènes de misère humaine sur un même territoire.

Une fois n?est malheureusement pas coutume, ce v?u n?évoque pas la situation dramatique du square Forceval, mais celle non moins déplorable du campement du tunnel Sigmund-Freud dans le prolongement de la rue des Marchais, toujours dans le 19e. Ce lieu est le théâtre depuis plusieurs semaines de l?installation de campements de personnes sans solution d?hébergement qu?une première mise à l?abri effectuée fin octobre - 146 personnes prises en charge - n?ont pas permis d?endiguer. Les riverains, unanimement émus des drames humains qui se jouent sous leurs fenêtres, sont également excédés et ne comprennent pas pourquoi ces campements se fixent aussi longtemps.

Les habitants des quartiers populaires semblent durablement condamnés à subir toutes les manifestations d?une déchéance humaine à plusieurs visages, auxquelles certes répondent certains des dispositifs interinstitutionnels - les Z.E.P., les Q.P.V., les G.U.P. - qui renforcent l?action publique sur des zones auprès de publics identifiés. Mais, dans le cadre des campements trop fréquemment présents sur le territoire du 19e, permettez-moi de constater que, non seulement les moyens des mises à l?abri qui doivent être déployés par l?Etat ne sont pas à la hauteur, mais que les durées des mises à l?abri de telles opérations ne sont pas les mêmes selon les quartiers concernés : cela varie de quelques jours à plusieurs semaines.

Si nous voulons saluer l?action des services d?évaluation sociale de la Ville, très réactifs, présents dès les premières installations, dès les premiers moments d?une installation, et celles des mises à l?abri des services de l?Etat, nous demandons à ces derniers une plus grande réactivité dans l?organisation des opérations d?hébergement des personnes présentes dans les campements qui sont souvent organisés de longue date et dont les localisations sont toujours les mêmes, le tout afin de casser le rythme des installations systémiques et systématiques et permettre une prise en charge digne des personnes qui les occupent, et ainsi redonner de l?air aux habitants qui font face à ces situations en permanence. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci, Monsieur le Maire, pour la présentation de ce v?u n° 58.

Le v?u n° 59 a le même objet. La parole est à Nour DURAND-RAUCHER, pour le présenter puisque c?est un v?u du groupe Ecologiste de Paris.

M. Nour DURAND-RAUCHER. - Absolument. Merci, Monsieur le Maire.

Chers collègues, "ils s?en foutent qu?on meure", voilà les mots de Ludovic HOLBEIN et Anaïs VOGEL ce midi, en annonçant mettre un terme à leur grève de la faim après 38 jours sans manger. Voilà la manière dont ils ont vécu l?absence totale de réponse satisfaisante de notre Gouvernement.

Il est vrai que leur demande était exagérée : Anaïs et Ludovic soutenaient une demande de suspension des expulsions quotidiennes et des démantèlements de campements dans le Calaisis durant la trêve hivernale. Il et elle demandaient l?arrêt de la confiscation des tentes et des effets personnels des personnes exilées et l?ouverture d?un dialogue citoyen raisonné entre autorité publique et associations non mandatées par l?Etat portant sur l?ouverture et la localisation de points de distribution de tous les biens nécessaires au maintien de la santé des personnes exilées.

"Amnesty International France", "ATD Quart-Monde", "CCFD - Terre solidaire", la "Cimade", le "Collectif des associations de soutien aux personnes exilées de Calais", "Emmaüs France", la "Fédération d?entraide protestante", la "Fondation Abbé-Pierre", "Human Rights Watch", "JRS France", la "Ligue des droits de l?Homme", "Médecins du Monde", "Médecins sans frontières France", "Oxfam France", le "Secours catholique" - toutes et tous soutiennent pleinement les trois revendications élémentaires, mais toujours pas prises en compte.

Mandaté par le Ministre de l?Intérieur, M. Didier LESCHI a essentiellement annoncé deux mesures : un préavis de 45 minutes avant les expulsions - 45 minutes ! - et la création d?un sas pour 300 personnes avec une orientation vers les hébergements loin de la frontière britannique.

La question qui se pose à nous, chers collègues, n?est plus la défense de ce que je croyais être nos valeurs, mais si on peut dire que ce sont nos valeurs quand on voit la réponse de notre Gouvernement qui se prétend rempart à l?extrême droite. Aucun raisonnement, ni aucune justification ne peuvent rendre acceptable l?inhumanité, et c?est bien d?absence d?humanité dont nous parlons ici.

Je rappelle que la Défenseure des droits dénonce la situation à Calais, que la Commission nationale consultative des droits de l?Homme, le 12 février de cette année, dénonçant la violation des droits fondamentaux des exilés à Calais et Grande-Synthe, parle de "déni d?existence" des migrants et des migrantes précisant, et c?est important, que "l?Etat doit comprendre que la politique dissuasive qu?il met en place n?affectera pas la détermination des exilés dans leur projet migratoire. Il faudrait donc plutôt trouver des solutions que de poursuivre cette politique inhumaine."

Nous voyons aujourd?hui aux frontières de l?Europe l?instrumentalisation des phénomènes migratoires. Nous avons tous vu les images terribles des familles dormant dans le froid.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci de conclure.

M. Nour DURAND-RAUCHER. - La question qui se pose à nous est de ne pas laisser l?extrême droite dicter sa politique. Je compte sur la sagesse de ce Conseil pour soutenir les demandes des grévistes de la faim qui ne sont qu?humanité.

Merci.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Nour DURAND-RAUCHER.

Je donne la parole à Ian BROSSAT qui va, je crois, présenter un v?u n° 59 bis de l?Exécutif.

M. Ian BROSSAT, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire, et merci de nous avoir permis de répondre à ces deux v?ux en même temps.

Ils sont relatifs à la situation des exilés et des réfugiés, que ce soit à Paris ou à Calais. En effet, les deux situations renvoient au même constat et à la même cause : les défaillances de la politique nationale d?accueil des réfugiés.

Plus précisément quelles sont-elles, ces situations ? A Paris, nous le constatons, et cela s?aggrave ces derniers jours, les campements de rue ont augmenté. Derrière les chiffres, ce sont des femmes, des hommes, des enfants qui souffrent et que l?Etat ne prend pas en charge alors qu?il s?agit de sa responsabilité.

Fort de ce constat, notamment avec Léa FILOCHE qui est en charge de ce dossier avec moi, nous nous sommes mobilisés de différentes manières en interpellant l?Etat à de multiples reprises, notamment à travers plusieurs courriers cosignés avec les maires d?arrondissement ces derniers jours, en travaillant à des solutions concrètes avec les services de l?Etat et en proposant des mises à l?abri, comme ce fut le cas à 22 reprises depuis le début de l?année 2021 permettant de prendre en charge près de 3.900 personnes, en mettant à disposition des lieux qui appartiennent à la Ville ou aux bailleurs pour produire de l?hébergement d?urgence. D?ailleurs, nous avons voté un peu plus tôt dans cette séance la création de 60 places d?hébergement dans le 18e arrondissement, rue du Roi d?Alger, avec le projet de délibération DLH 96. Nous l?avons fait aussi en soutenant des associations engagées auprès des réfugiés, comme ce fut le cas tout à l?heure avec le projet de délibération DASES 208.

Mais il est indispensable - au-delà de ce que nous faisons, nous - que l?Etat entende qu?il est de sa responsabilité d?agir à Paris comme à Calais et je soutiens pleinement les propos de Nour DURAND-RAUCHER sur la situation de Calais.

Je vous invite donc à voter le v?u de l?Exécutif qui résume bien, je crois, la problématique et nos exigences communes dans ce domaine.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, président. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire, cher Ian BROSSAT.

Le groupe PEC accepte-t-il de retirer son v?u n° 58 ? Merci.

Le groupe GEP accepte-t-il de retirer son v?u n° 59 ?

Dans ce cas, je mets aux voix, à main levée, le projet de v?u référencé n° 59 bis déposé par l?Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Le groupe Changer Paris, c?est noté.

Abstentions ?

Le projet de v?u est donc adopté. (2021, V. 334). V?u déposé par le groupe Communiste et Citoyen

 

Novembre 2021
Débat
Conseil municipal
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