Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Nous examinons le projet de délibération DAC 396. C'est une subvention à l'association "L'enfant et la Shoah - Yad Layeled". La parole est à Jack-Yves BOHBOT.

M. Jack-Yves BOHBOT. - Madame la Maire, mes chers collègues, nous sommes tous des enfants de la Shoah. Ce moment de l'histoire s'est imprimé dans la conscience collective de notre pays et de l'Europe. Comme une boussole, elle guide, elle devrait guider notre sens de la responsabilité. Cela a été dit et prouvé à de nombreuses reprises, je pense à l'enquête qui avait été réalisée au début des années 2000 par ces professeurs, ces enseignants, "Les Territoires perdus de la République", il est de plus en plus difficile pour nos jeunes générations d'appréhender et de regarder en face ce qu'a représenté l'extermination industrialisée des Juifs d'Europe.

La transmission de cette mémoire et sa bonne compréhension par tous sont un défi de plus en plus difficile à relever. Il est vrai aujourd'hui que parler d'un sujet aussi tragique et d'un épisode aussi traumatique, aussi barbare à de jeunes enfants n'a jamais été chose facile.

C'est bien pour cela que des associations, telles que "L'enfant et la Shoah - Yad Layeled", sont aussi indispensables. Cette association organise des interventions de témoins de la Shoah, des expositions itinérantes, crée des formations, élabore des supports de travail et des ressources pédagogiques. Elle est de ces initiatives précieuses qui permettent aux enseignants d'aborder cette thématique difficile dans les meilleures conditions et en usant de la manière la plus adaptée à chaque classe d'âge.

En préambule d'une année qui nous commande de mobiliser plus encore notre énergie au service de la transmission de notre histoire, le soutien de la Ville de Paris est un devoir essentiel, républicain, à l'heure où les profanateurs de l'histoire, je rejoins tout à fait l'intervention précédente de M. GLEIZES, intoxiquent notre jeunesse. Merci.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous, Monsieur BOHBOT. La parole est à Mahor CHICHE.

M. Mahor CHICHE. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers collègues, je me joins évidemment aux propos de Jack-Yves BOHBOT et Jérôme GLEIZES sur le projet de délibération précédent et le soutien à apporter au "Comité Yad Vashem" et au travail éducatif.

Au moment où les derniers disparaissent, où ces femmes et hommes, anciens résistants ou déportés, nous quittent, leur seule inquiétude est : que restera-t-il de leur histoire, de leur combat, de leur mémoire ? Notre génération saura-t-elle être à la hauteur de cette transmission de mémoire de la Résistance et de la Shoah ? En 2022, nous commémorerons les 80 ans de la rafle du "Vél' d'Hiv'", qui s'est déroulée à Paris les 16 et 17 juillet 1942. 13.152 personnes, Juifs allemands, autrichiens, tchécoslovaques, russes et apatrides, furent raflées, dont 4.115 enfants. Drancy, Pithiviers, Beaune-la-Rolande avant Auschwitz Birkenau et ses chambres à gaz. La barbarie absolue. Il aura fallu attendre le 16 juillet 1995 avant que le Président Jacques Chirac, Président de la République, reconnaisse officiellement cette tache noire dans l'histoire de France : "Que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français."

Pourtant, trop de jeunes ignorent ce qu'a été la Shoah. Beaucoup d'enseignants se trouvent démunis face à certaines questions, face à certaines négations. "L'enfant et la Shoah - Yad Layeled France" est une association créée en 2016, avec pour objet de développer des ressources pédagogiques qui doivent venir en soutien à ces enseignants, notamment au sein des établissements scolaires et universitaires. Elle propose divers ateliers faisant réfléchir : peut-on avoir une raison légitime de désobéir aux lois ? En quoi suis-je concerné par le sort des autres ? Quelles valeurs faut-il défendre pour défendre la paix ?

Au moment où l'extrême droite veut réhabiliter Pétain et le régime de Vichy, au moment où il tente une distinction macabre entre Juifs français morts pour la France en déportation et ceux de nationalité étrangère, faisant mine d'oublier que Vichy a collaboré et agi avec l'occupation nazie de son propre chef, que ce sont bien tous les Juifs qui furent concernés par la politique discriminatoire et d'extermination de Vichy, au moment où la lutte contre les haines, l'antiracisme sont considérés comme de l'endoctrinement par certains par un biais de l'histoire, un retournement opportuniste de nos valeurs, la Ville de Paris s'honore à soutenir ces associations mémorielles, qui aident les enseignants à mieux expliquer, à transmettre la citoyenneté et la mémoire aux élèves, à mieux comprendre l'histoire de France. Enseigner contre les préjugés, contre les haines, contre toutes les haines, décrypter l'histoire, regarder en face ces pages sombres, ce n'est pas faire acte de repentance.

Je tiens à saluer le travail des associations mémorielles, qui participent à éveiller les consciences, qui organisent des voyages sur les lieux de la barbarie, qui sont présentes à nos cérémonies patriotiques et qui nous permettent de faire vivre la devise de la République : Liberté, Égalité, Fraternité. Transmettre cette mémoire est aujourd'hui notre devoir.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Je vous remercie. La parole est à Laurence PATRICE.

Mme Laurence PATRICE, adjointe. - Merci, Madame la Maire, et merci, chers collègues, pour vos inscriptions qui mettent l'accent sur une initiative très importante et nécessaire dans la période dans laquelle nous vivons et nécessaire dans le travail de transmission, dont je poursuis la mise en ?uvre.

L'association "L'enfant et la Shoah" est un partenaire reconnu dans nos écoles et son travail sur les ressources pédagogiques concernant l'enseignement de l'histoire de la Shoah est effectivement exemplaire. Comment parler de la Shoah aux enfants ? L'association s'y attache en proposant un travail transversal avec les élèves, en articulant son programme avec les cours d'enseignement moral et civique et de l'histoire. L'année prochaine, en 2022, nous commémorerons le 80e anniversaire de la rafle du "Vél' d'Hiv'". Il m'a semblé essentiel de vous proposer de soutenir l'association dans ses missions, notamment en contribuant à la réédition du kit pédagogique "Une histoire sans paroles", afin de le mettre à la disposition de davantage de professeurs des écoles. Une exposition prolongeant ces ressources sera également proposée aux mairies d'arrondissement. Elle permettra notamment de proposer des visites aux classes de C.M.2, avec des médiations faites par les bénévoles de l'association. Je sais que certaines mairies d'arrondissement sont déjà intéressées à recevoir cette exposition.

Je ne doute pas, chers collègues, que ce projet de délibération fera l'objet d'une belle unanimité. Je vous remercie.

Mme Colombe BROSSEL, adjointe, présidente. - Merci à vous.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DAC 396.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s'abstient ?

Le projet de délibération est adopté à l'unanimité. (2021, DAC 396). Merci, en effet, pour l'unanimité de ce vote.