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2021 DVD 70 - Actions contribuant à la Stratégie Paris Piéton. - Subventions (29.300 euros) et conventions avec 8 associations.


 

Mme Célia BLAUEL, adjointe, présidente. - Nous examinons maintenant le projet de délibération DVD 70 relatif à la stratégie "Paris Piéton" et l'amendement n° 148 qui s'y rattache.

La parole est à Mme Corine FAUGERON, pour cinq minutes.

Mme Corine FAUGERON. - Merci, Madame la Maire.

Hier déjà, nous élus écologistes, avons pu nous réjouir en écoutant la moitié de l'hémicycle promouvoir la réforme du stationnement qui, en lien avec la mise en place de la Z.T.L., zone à trafic limité de Paris centre, vise à réduire drastiquement la circulation d'abord dans le centre, puis dans l'ensemble de Paris.

En 2001 nous avions dessiné pour Paris un réseau vert réservé aux mobilités douces : piétons, vélos, et transports en commun, pour accéder aux espaces verts, aux écoles et aux mairies. Notre objectif était de créer des espaces verts partout pour que personne ne soit éloigné de plus d'un quart d'heure d'un espace vert. Le dernier Plan Climat fixe désormais cet objectif à sept minutes. 20 ans plus tard, nous ne sommes plus les seuls à dire que la voiture pollue, qu'elle occupe une trop grande part de l'espace public et coûte cher. Ce mode de transport urbain pour des déplacements non professionnels est en fait réservé aux privilégiés. Aujourd'hui, la Ville de Paris veut mettre en place la ville du quart d'heure, c'est-à-dire la ville adaptée aux piétons, encourageant le renouveau de la vie de quartier.

Ce projet de délibération propose d'accorder des subventions à huit associations qui contribuent à la stratégie "Paris piéton". Cette stratégie, adoptée en 2017, est structurée en cinq grands axes, afin d'encourager et d'améliorer les déplacements piétons à Paris.

La marche et la promenade sont des modes de déplacement très plébiscités dans notre ville, puisque les Parisiens réalisent près de 60 % de leurs déplacements intramuros à pied.

Avec le développement exponentiel de nouvelles mobilités, l'apparition de nouveaux usages de l'espace public et la très forte densité de la ville, certains piétons peuvent à juste titre ressentir un sentiment d'anxiété. La stratégie "Paris piéton" entend donc répondre aux difficultés rencontrées par ces piétons, notamment par les plus vulnérables, personnes à mobilité réduite, seniors ou enfants.

Les associations que nous finançons aujourd'hui permettent aux Parisiens de s'approprier la culture piétonne dans l'espace public, notamment dans les quartiers populaires, et d'élever les standards de confort piétonnier dans nos rues. Je veux notamment saluer "Des cris et des villes", "Rosa Parks" et "Fabrication maison", trois associations qui travaillent à redéfinir le rapport des habitants avec l'espace public dans le 19e arrondissement. Car, se déplacer et se balader dans son quartier ne coule pas de source pour tout le monde, alors que la marche favorise le lien social et l'ancrage local. Nous sommes conscients qu'il reste à faire pour donner aux piétons la place qu'ils méritent dans notre espace public. Sur le chemin d'une ville apaisée, les élus écologistes se félicitent que la ville s'attelle depuis le début de la mandature à une plus grande régulation des usages de l'espace public. C'était d'ailleurs le sens de plusieurs v?ux déposés par notre groupe. Dans cette continuité, nous espérons, cher David BELLIARD, que la Ville lance rapidement le travail sur le Code de la rue.

Mme Célia BLAUEL, adjointe, présidente. - Merci.

La parole est à Marie TOUBIANA.

Mme Marie TOUBIANA. - Madame la Maire, mes chers collègues, ce projet de délibération consiste en l'attribution de subventions pour contribuer à une ville plus agréable pour les piétons.

Pourtant, la politique de la Mairie de Paris est directement à l'origine de la dégradation de la condition du piéton parisien. Quand un Parisien sort de chez lui, il faut qu'il regarde bien si un vélo ou une trottinette ne frôle pas la porte d'entrée de son immeuble. S'il est accompagné d'un enfant, il faut surtout bien lui tenir la main. Les enfants ne peuvent plus gambader seuls sur les trottoirs. Ce serait dangereux, ils pourraient se faire renverser par une trottinette ou un vélo, ou tomber en raison des encadrements des pieds d'arbres.

Ensuite, il doit se frayer un chemin pour passer sur certains trottoirs où des terrasses de restaurants ou cafés ont été aménagées sans respecter les règles. Sans parler des pistes cyclables sur les trottoirs où les piétons sont en danger. La voirie est en si mauvais état que la Ville doit indemniser chaque année des piétons qui ont été accidentés, certains gravement et qui auront des séquelles mettant en cause la responsabilité de la Ville.

Il faut bien le constater : le piéton n'est pas en sécurité à Paris. En 2020, 16 piétons sont morts à Paris. Ce sont les victimes les plus touchées.

La presse s'est fait l'écho dernièrement d'un dramatique accident de trottinette électrique ayant renversé un piéton, qui a trouvé la mort ; d'une femme renversée par un cycliste sur un passage piéton. Il faut bien le constater, malheureusement, les piétons ne sont plus en sécurité.

Au lieu d'afficher une "stratégie piéton", la Ville devrait revoir sa politique pour préserver la sécurité des piétons, qui représentent plus de 60 % des déplacements dans la capitale.

Nous voterons cependant ces subventions, mais je voulais profiter de ce projet de délibération pour alerter sur la condition dégradée du piéton à Paris.

Mme Célia BLAUEL, adjointe, présidente. - Merci.

La parole est à M. Vincent BALADI.

M. Vincent BALADI. - Madame la Maire, chers collègues, personnes malvoyantes ou en fauteuil roulant, jeunes parents avec poussette, enfants en bas âge, seniors, quelle que soit notre situation, nous avons en ce moment même une très grande difficulté à nous réapproprier les trottoirs, pourtant élargis ces dernières années à Paris dans de nombreuses voies.

Nous sommes tous piétons, cela a été dit par mes collègues. Or, le piéton n'a pas la part belle dans le Paris de 2021. Les trottoirs sont encombrés par de nombreux travaux, on vient d'en parler, peu coordonnés ni contrôlés, par les dépôts sauvages, par les trottinettes, les scooters mal garés, par certains cyclistes aussi roulant sur les trottoirs, sans parler des livreurs sur les passages piétons et les terrasses irrespectueuses non réglementaires posées par une minorité de restaurateurs.

J'en prends pour exemple l'école de la rue Robert Estienne dans le 8e, où les parents d'élèves ne peuvent même plus emprunter les trottoirs lorsqu'ils vont chercher leurs enfants à l'école.

Espérons que par ce projet de délibération, le piéton revienne au centre des préoccupations de la Mairie centrale. Nous demandons ainsi une plus grande vigilance et une réactivité de la part de la Ville suite aux signalements nombreux déposés par les riverains dans l'application "DansMaRue". Je vous remercie.

Mme Célia BLAUEL, adjointe, présidente. - Merci.

La parole est maintenant au maire du 6e arrondissement, M. Jean-Pierre LECOQ.

M. Jean-Pierre LECOQ, maire du 6e arrondissement. - Madame la Maire, je voulais saisir ce projet de délibération pour proposer un amendement relatif à la mise en place d'un plan général de circulation, de stationnement, et de protection des piétons.

En effet, on a vu depuis un an se développer de nombreuses mesures, certaines sous l'emprise de la crise sanitaire, notamment les coronapistes, qui ont été réalisées en urgence avec l'accord de l'Etat, il faut le signaler.

Et puis, on a eu de l'urbanisme tactique, on a eu également l'impact des terrasses implantées sur beaucoup d'endroits, de places de stationnement, on en parlait hier, de places de livraison, ce qui peut conduire à des difficultés, tant pour les piétons que pour certains automobilistes qui tournent en rond. Je ne parle pas des chantiers.

On a donc une accumulation de mesures annoncées, sans vision d'ensemble, même si certains reconnaissent un certain nombre d'objectifs que nous connaissons bien. Ces dispositifs entraînent un encombrement de la voirie parisienne, un déséquilibre dans le partage de l'espace public, et interrogent, comme cela a été dit par différents intervenants sur les différents bancs de cette Assemblée, sur la condition du piéton, sa sécurité dans les rues et les espaces publics.

C'est pour cette raison que je souhaiterais qu'un article 10 soit ajouté au projet de délibération DVD 70, rédigé comme suit :

"1-, ou a, ou A, un plan général, selon vos souhaits, un plan général de la circulation du stationnement et de la condition du piéton est élaboré par la Ville de Paris, en concertation avec les mairies d'arrondissement, les conseils de quartier, et les acteurs socioéconomiques et culturels.

2- Un organisme indépendant, à définir, réalisera une évaluation du dispositif mis en place sur la voie publique parisienne depuis la crise sanitaire, coronapistes, fermeture de la rue de Rivoli, voies mises en sens unique ou dont le sens de circulation a été inversé, et terrasses éphémères". Je vous remercie.

Mme Célia BLAUEL, adjointe, présidente. - Merci.

Pour vous répondre, la parole est à David BELLIARD.

M. David BELLIARD, adjoint. - Contrairement à ce qui a été dit, notamment à ce que vous avez dit, Madame TOUBIANA, notre politique, en réduisant la place de la voiture, préserve et améliore la situation des piétons, bien plus d'ailleurs qu'elle ne l'était et que la marche à pied ne l'était dans un Paris manifestement fantasmé dans votre esprit, qui débordait de voitures, où l'on ne pouvait même plus marcher sur les trottoirs et où il était extrêmement difficile de traverser la chaussée tellement nos avenues ressemblaient à des autoroutes.

Je vous rappelle une donnée statistique essentielle : aujourd'hui, les premières causes d'accidents mortels sont d'abord liées à la voiture individuelle, ensuite aux poids lourds, et ensuite aux scooters. Ce sont bien les véhicules motorisés qui tuent principalement à Paris, très largement par rapport aux autres moyens de déplacement. Bien sûr, il y a encore beaucoup à faire, notamment parce qu'il y a une complexification des modes de mobilité et de déplacement, une multiplication de la façon d'user l'espace public. Nous continuons à faciliter et promouvoir la marche à pied en améliorant l'hospitalité des espaces publics et la diversité des usages lors de nos déplacements quotidiens. C'est particulièrement important pour les usagers les plus vulnérables, je vous rejoins Corine FAUGERON, notamment les enfants et les seniors. Cela se traduit notamment par la facilitation des continuités piétonnes et la création de nouveaux cheminements piétons sur la voirie, le développement de nouveaux usages de la rue comme nous le ferons cet été dans de nouvelles "rues aux écoles" rendues aux enfants et à la communauté éducative. Mais aussi en élevant les standards de confort des espaces publics, en assurant la bonne orientation des piétons, et en confortant aussi une culture piétonne à Paris, que nous construisons petit à petit. Toutes ces dynamiques requièrent l'engagement de tous les acteurs concernés, au premier rang desquels les associations qui collaborent, et avec lesquelles nous travaillons pleinement avec les services de la Ville de Paris, et développent avec nous des politiques piétonnes à la hauteur des attentes formulées aujourd'hui par les Parisiennes et Parisiens.

Par ce projet de délibération, je vous propose d'en soutenir huit très rapidement : "Rue de l'avenir", qui ?uvre depuis 1988 à un partage plus équilibré de l'espace public et mène avec nous une action éducative et pédagogique en direction de l'ensemble des usagers de l'espace public, et plus particulièrement en direction des enfants et des jeunes. Je tenais ici à les en remercier.

Les associations "Fabrication maison", "Rosa Parks", "Home Sweet Mômes" et "Des cris des villes" qui ?uvrent toutes les quatre dans les 17 et 18e arrondissements au développement de nouveaux usages de l'espace public, à de nouvelles signalétiques et à la convivialité de nos rues.

Nous proposons également de soutenir l'association "le Picoulet", bien connue dans le 11e arrondissement et l'association "Passerelle" dans le 17e, qui organisent des événements de quartier, des fêtes, et participent à la mixité sociale, tout en repensant les usages de la rue par de nouvelles approches artistiques.

Enfin, "Paris sans voiture", association pionnière dans son travail d'apaisement de l'espace public, ayant contribué notamment au développement de la journée sans voiture dans la capitale.

La prochaine édition de cette journée se tiendra le 19 septembre prochain.

Votre amendement, Monsieur le Maire, Monsieur LECOQ, demande de nouvelles concertations sur la circulation, le stationnement et la stratégie du piéton alors que nous venons tout juste de terminer la première phase de concertation du projet de zone à trafic limité du centre, à laquelle vous et vos équipes étiez associés, et qui se poursuivra sous d'autres formes dans les mois à venir.

Nous avons récemment mené aussi une longue consultation sur le stationnement, les Etats généraux du stationnement, nous en avons largement débattu et parlé hier lors de notre séance, qui ont abouti à la délibération votée ce mardi, ainsi qu?une concertation en vue du passage de Paris à 30 kilomètres/heure dès cet été.

Par ailleurs, l'équipe municipale avait déjà organisé une grande consultation qui associait les maires d'arrondissement et territoires limitrophes, les associations et les institutions parisiennes, pour rétablir sa stratégie piétonne votée à l'unanimité en janvier 2017. Je voulais en profiter pour remercier et saluer mon collègue Christophe NAJDOVSKI.

Les Parisiennes et Parisiens attendent des résultats. Pour ne pas multiplier ces dispositifs de concertation, je vous demanderai de retirer votre amendement. Sinon, je me verrai dans l'obligation d'y émettre un avis défavorable.

Je vous appelle à soutenir ces associations, chers collègues, à voter ce projet de délibération. Ces associations participent pleinement à la politique de la Ville. Les subventions demandées sont d'un montant total assez négligeable, petit, de 29.300 euros.

Je vous remercie.

Mme Célia BLAUEL, adjointe, présidente. - Merci, Monsieur le Maire.

Monsieur le Maire, votre amendement est-il maintenu ?

M. Jean-Pierre LECOQ, maire du 6e arrondissement. - Il est maintenu. Je voulais simplement dire que ce n'est pas un amendement négligeable. Un plan général de circulation, c'est même dans votre intérêt, mon cher collègue. À force d'empiler les mesures, on aura des difficultés. Je voulais vous le rappeler.

Mme Célia BLAUEL, adjointe, présidente. - Merci.

Je mets aux voix, à main levée, la proposition d'amendement n° 148 déposée par le groupe Changer Paris, assortie d'un avis défavorable de l'Exécutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition d'amendement n° 148 est repoussée.

Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DVD 70.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de délibération est adopté. (2021, DVD 70).

V?u déposé par le groupe Ecologiste de Paris

 

Juillet 2021
Débat
Conseil municipal
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