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(La séance, suspendue à treize heures dix minutes, est reprise à quatorze heures trente-cinq minutes sous la présidence de Mme la Maire de Paris).

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers collègues, la séance est reprise. Examen des questions d'actualité.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers collègues, nous entamons notre séance de questions d'actualité. I - Question d'actualité posée par le groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes à Mme la Maire de Paris sur l'état du service Vélib'.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - La première question d'actualité revient au groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes, elle est posée par Séverine de COMPREIGNAC.

Mme Séverine de COMPREIGNAC. - Merci, Madame la Maire.

Améliorer l'offre de transport, nous le souhaitons tous. Aider les Parisiens à se servir de mobilités douces, nous souscrivons totalement à cette idée. Avoir un service de vélos à la demande qui fonctionne comme dans quasiment toutes les grandes métropoles et au-delà de nos frontières, pourquoi pas.

Nous pourrions en effet tenter d'offrir aux Parisiens des Vélib? qui roulent jour et nuit, électriques ou non, et qui ne viendraient pas vider le portefeuille du contribuable. Je sais que vous y travaillez depuis de nombreuses années sans véritable succès.

Au-delà de l'ironie, les chiffres sont accablants. Un marché de 700 millions d'euros, une rallonge de 12 millions accordée à Smovengo pour ne voir aucune amélioration. Des tarifs plus élevés de 18 % par rapport aux tarifs pratiqués par les autres villes françaises, et qui continuent d'augmenter.

Il faut le dire, c'est encore plus vrai depuis quelques semaines, la dégradation du service est continue, à tel point que vous avez dû faire évoluer l'application pour que l'on puisse voir sur une station quels sont les vélos qui marchent.

Faites le test, je vous assure, c?est très parlant. C'est donc à juste titre que les 370.000 abonnés et usagers de Vélib' sont en droit de se demander pourquoi le système est à ce point dysfonctionnel. Stations vides, boitiers électroniques en panne, batteries électriques à plat, vélos cadenassés ou privatisés, le ressenti des usagers est bien loin des 80 % de disponibilité que claironne l'opérateur.

Je le signale aussi au passage, on constate l'insuffisance de structures pour les autos propres, pas assez de stations de recharge, et quand il y en a, beaucoup de chargeurs défectueux sans parler des embouteillages.

De même, sur les questions de sécurité, des défaillances se multiplient : pneus crevés, freins qui lâchent, la vie de certains usagers a ainsi pu être mise en danger quelques fois.

Qui ici, dans notre Assemblée, accepterait de payer le prix fort pour un service peu disponible, défaillant, et qui pourrait vous blesser ? Car les usagers payent leur abonnement. Et nous n'oublions pas les collectivités, comme le disait hier mon collègue Pierre CASANOVA, les contribuables payent encore plus.

Madame la Maire, se gargariser d'un succès de façade en soulignant que près de 40 millions de trajets en Vélib' sont effectués chaque année, c'est bien. Mais pouvez-vous nous dire ce que le syndicat Autolib? et Vélib? Métropole compte faire pour que les Parisiens en aient enfin sinon pour leur argent, au moins pour un service disponible, fiable et sécurisé ? Le résultat, nous le connaissons par avance. Les Parisiens qui en ont les moyens s'achèteront des vélos, parce qu?ils auront aussi les moyens de les parquer dans un endroit sûr. Les autres, la plupart, vont se débrouiller avec un service en panne permanente. En attendant, on prend un retard fou dans la révolution des mobilités propres. Alors oui, les Parisiens ont le droit de vous demander des comptes. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est à David BELLIARD, pour vous répondre.

M. David BELLIARD, adjoint. - Je vous remercie pour cette question sur le service et la qualité du service Vélib' qui nous occupe.

Peut-être en préambule, je tiens ici à vous rappeler que notre priorité pour cette première année de mandat, pour ces derniers mois écoulés, était d'abord de sauver le service Vélib'. Service utilisé par près de 400.000 Parisiennes et Parisiens et Métropolitaines et Métropolitains. L'avenant dont nous avons parlé dans cette Assemblée, débattu, va permettre d'assurer la pérennité du service.

J'en profite pour remercier une nouvelle fois l'ensemble des services de la ville, le SAVM et son président Sylvain RAIFAUD pour tout le travail effectué.

Le service aujourd?hui fonctionne, et son succès est réel. En témoignent quelques chiffres que je vous livre ici. Un Vélib' électrique parcourt en moyenne 51 kilomètres par jour, avec 16 usagers différents ; le Vélib? mécanique, 23 kilomètres avec 8 usagers différents. Rien qu?hier, 172.000 courses ont été effectuées pour une distance totale parcourue de 402.000 kilomètres, soit si cela peut vous parler, davantage que la distance entre la Terre et la Lune.

En tout, ce sont 19.500 vélos auxquels viendront s'ajouter, et c?est une excellente nouvelle, 3.000 vélos électriques supplémentaires courant septembre. C'est un début de réponse à votre question. Cela améliorera la qualité globale du parc en fonctionnement et la qualité au total.

Malgré ces chiffres, le travail, je vous l?accorde, n?est pas fini, loin s?en faut. Vous le savez, le SAVM a couplé les discussions financières avec Smovengo avec des exigences en termes de qualité de service. Comme vous, nous pensons que justement cette qualité de service n'est pas encore satisfaisante. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé un point concernant les accidents récents et équipements défectueux de certains vélos et notamment sur les freins.

Je partage avec vous quelques informations qui nous ont été transmises sur ce point : les freins des Vélib? ont fait l'objet d?une homologation indépendante, d'un contrôle attentif lors de la conception et des premières livraisons de vélos. C'est la partie du vélo qui connaît le plus de contrôle, car c?est la plus sollicitée avec les pneus. Afin de détecter au plus vite les incidents éventuels, Smovengo utilise toutes les sources de signalement possibles, en particulier les signalements des utilisateurs de l?application Velib?. Dès qu?un signalement relatif à la sécurité est émis, en particulier sur les freins, Smovengo bloque immédiatement le vélo concerné pour prévenir tout danger.

Après réparation par les mécaniciens cycles, les vélos ne ressortent des ateliers qu'après avoir été préparés, testés et recontrôlés par le service qualité. Nous resterons extrêmement attentifs sur ce sujet premier de sécurité pour les usagers.

Enfin, sous l?égide de Sylvain RAIFAUD, le comité des usagers a repris pour faire remonter les dysfonctionnements à Smovengo et améliorer la qualité de service. Depuis une semaine, conformément à ce que nous avions exigé, les utilisateurs peuvent également noter leur Vélib' à la fin de leur course pour faciliter la remontée des vélos défectueux et nous permettre d?avoir un état des lieux plus factuel et en temps réel du parc de stationnement.

Enfin, plus globalement, afin de faire un point sur ces sujets si importants, je vous propose un temps d'échanges à la rentrée avec les services du SAVM et Smovengo, le 8 septembre prochain, auquel seront invités tous les élus de notre Conseil.

Pour terminer, le SAVM accueillera un nouveau directeur général le 1er septembre. Le premier point de sa feuille de route sera de relever la qualité de service de Vélib'.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup à vous, cher David BELLIARD. Madame de COMPREIGNAC, vous pouvez reprendre la parole si vous le souhaitez.

Merci beaucoup. II - Question d'actualité posée par le groupe Paris en commun à Mme la Maire de Paris : "A Paris, la culture plus que jamais".

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous passons à la 2e question d'actualité, posée par le groupe Paris en Commun.

Madame Dominique KIELEMOËS, vous avez la parole.

Mme Dominique KIELEMOËS. - Monsieur le Préfet de police, le monde de la culture a été profondément touché par un an et demi de crise sanitaire. Dans ce contexte exceptionnel, la Ville a fortement soutenu les acteurs culturels en 2020, et a poursuivi son aide en 2021.

À cause de la crise, des ajustements ont été demandés aux acteurs culturels, afin de tenir compte des longues périodes de fermeture ou d'activité réduite. Les établissements culturels ont participé de manière très responsable à l'effort d'économie nécessaire dans un contexte budgétaire dégradé. Les acteurs culturels ont su ajuster leur fonctionnement aux contraintes posées par la pandémie. Notre municipalité les a soutenus sans faille. De nombreuses actions ont été menées par la Ville, qui ont permis aux grandes structures culturelles parisiennes, mais aussi aux associations, même petites, de préserver leurs activités. Elles ont pu continuer à travailler même si l'ouverture au public et les contacts avec les Parisiens ne pouvaient être assurés que partiellement. Les bibliothèques, les conservatoires, les ateliers des beaux-arts ont pu fonctionner dans le respect des consignes sanitaires.

Ma question portera surtout sur le dispositif mobilisé par l?Exécutif et la Direction des Affaires culturelles pour favoriser la reprise des activités culturelles cet été, et ensuite après la rentrée de septembre.

L'adjointe en charge de la culture, Mme Carine ROLLAND, dans une interview au "Parisien" le 24 juin, est revenue sur le contexte actuel et a dévoilé le programme des festivités de cet été 2021, qui se veut une rencontre entre les artistes et les Parisiens dans tous les domaines et dans tous les espaces verts de tous les arrondissements. "La vie culturelle reprend possession de Paris" a-t-elle annoncé. La programmation proposée invite les Parisiens à se réapproprier l'espace public.

Ces animations apporteront certainement un élan nouveau aux Parisiens qui ont été privés d'activités culturelles et artistiques si longtemps.

Cet Hyper Festival sera le signal de la reprise de la vie culturelle. Plus de 200 événements nouveaux se tiendront dans la capitale, mais aussi au sein du Grand Paris.

Des manifestations déjà existantes ont été remises au goût du jour comme "Paris Plages" par exemple. D'autres événements en extérieur ont été démultipliés, et souvent en faisant appel aux artistes ancrés dans les divers territoires de la ville.

Dans les lieux d'animation, de convivialité, dans les quartiers, partout, ce retour de la culture symbolise une forme de renaissance dont nous avons besoin pour vivre. L'objectif : mettre la culture au centre de tous les quartiers de manière gratuite pour ceux qui ne partent pas en vacances.

Pouvez-vous, Madame la Maire-adjointe à la culture, revenir auprès de notre Conseil sur ce vaste programme prévu cet été, et sur les mesures qui seront prises pour assurer la rentrée et l'automne culturel dans notre ville ? Dites-nous donc ce qui va nous rendre heureux dans les jours qui viennent.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

Je donne donc la parole à Carine ROLLAND, pour vous répondre.

Mme Carine ROLLAND, adjointe. - Merci, Madame la Maire.

Chers collègues, Chère Dominique KIELEMOËS, vaste ambition que de vous rendre et de nous rendre heureux.

Néanmoins, Madame la Maire, vous vous êtes engagée dès le début de la crise sanitaire en 2020 pour que la culture ne soit pas accessoire. Je ne reviens pas ici sur les modalités de soutien et d'interpellation diverses auxquelles nous avons recouru à vos côtés.

Pourquoi ? Tout simplement parce que la vie culturelle, c'est ce qui nous pousse à imaginer, découvrir, nous rapprocher, nous connaître, nous fréquenter. Une vie sans culture, c'est une vie entre parenthèses, froide, prévisible, sécurisée parce que l'efficience ne suffit jamais, elle permet seulement de survivre, certainement pas de vivre.

Pour toutes ces raisons, la culture contribue à façonner l'identité profonde de Paris. Elle est constitutive de notre créativité, mais aussi de notre dynamisme, de notre avenir, comme de notre quotidien.

Aujourd'hui, notre vie culturelle reprend enfin sa matérialité, vous l'avez dit, Madame KIELEMOËS. Je crois que nous vivons actuellement collectivement un moment fort, un moment de retrouvailles. Ce moment est intense. Nous nous devions de le rendre exceptionnel. C'est l'ambition et l'objet de l'Hyper Festival.

De quoi s'agit-il ? D'une mobilisation sans précédent de nos établissements culturels ; de plus de 600 manifestations de spectacles vivants ; d'expositions en plein air ; d'une expérimentation des premiers plateaux artistiques, qui permettront à des artistes amateurs et professionnels de créer librement ensemble ; d'un lien que nous avons voulu fort aussi entre culture et sport avec mon collègue Pierre RABADAN pour lancer l'olympiade culturelle.

Cet Hyper Festival représente aussi notre engagement constant aux côtés des professionnels. C'est l'objet du soutien financier de 700.000 euros voté ce matin qui vient en aide directe à plus de 200 associations et compagnies qui ont tant souffert; à travers l'appel à projets de l'été. J'en profite ici pour remercier nos partenaires, la Caisse d'allocations familiales, la Préfecture de Région, le Centre national de la musique, et la Direction régionale des Affaires culturelles qui contribuent à cet été culturel avec nous.

Cet Hyper Festival, c'est avant tout de nouvelles manières de faire vivre la culture à Paris. Avec un été culturel totalement accessible, gratuit, en plein air, au plus près des habitants et sans protocole, qui se déploiera dans tous les quartiers, et a d'ailleurs été conçu conjointement avec les mairies d'arrondissement, avec une attention spécifique aux publics en situation de fragilité, et c'est enfin, et ce n'est pas des moindres, une affirmation sans faille de notre défense de la création artistique sous toutes ses formes, sous ses formes les plus diversifiées.

Vous l'aurez compris, cet été est le fruit d'une mobilisation inédite de la Ville en faveur de la culture, de ceux qui l'aiment, qui la font vivre.

Je tiens, Madame la Maire, à vous en remercier à nouveau, à vous remercier pour la clarté de cet engagement qui ne va pas toujours de soi, ainsi que l'ensemble des équipes de la Ville, en particulier la Direction des Affaires culturelles, Paris Musées, la Direction de la Communication, qui se sont mobilisés et se mobilisent encore sans compter. Eh oui, disons-le ensemble, répétons-le, à Paris l'été sera une fête, dans le respect des contraintes sanitaires bien sûr.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, chère Carine ROLLAND.

Madame KIELEMOËS, souhaitez-vous reprendre la parole ?

Merci beaucoup. III - Question d'actualité posée par le groupe Changer Paris à Mme la Maire de Paris sur la densification urbaine.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous passons à la troisième question d'actualité, déposée par le groupe Changer Paris, par Marie-Claire CARRÈRE-GÉE.

Mme Marie-Claire CARRÈRE-GÉE. - Madame la Maire, chacun le sait, en une seule mandature, vous avez laissé aux Parisiens une énorme dette, 6 milliards d'euros avant la pandémie, 7 milliards à la fin de l'année.

Mais vous avez creusé une autre dette bien plus extravagante encore qui concerne cette fois tous les Français, la dette CO2 de Paris, que vous aurez également fait exploser en 6 ans seulement. Car, derrière les jolies photos d'une agréable couleur verte, comme dirait Babar, derrière les grandes déclarations et autres engagements pour le climat dont vous rêvez d'être l'héroïne, vous êtes la maire qui, entre 2014 et 2020, aura densifié Paris comme personne.

Durant votre première mandature, vous avez en effet autorisé la création de 4.618.560 mètres carrés dans la capitale. Nous vous ferons grâce de ne pas comptabiliser les années où vous étiez adjointe à l'urbanisme, le nombre de mètres carrés autorisés grimperait encore follement à 7.430.000, soit 825.000 par an, sur une période de 9 années, de 2011 à 2019 inclus.

De fait, quand tous les autres secteurs d'activité à Paris, le transport aérien, l'alimentation, les transports, l'énergie, produisaient de moins en moins d'émissions, contribuant depuis 2004 à une baisse de 20 % de notre empreinte carbone, l'activité de construction et tout ce qu'elle implique, les matières premières de construction notamment, constituent le gros point noir des émissions imputables à Paris.

L'impact de ce secteur a progressé de 70 % entre 2004 et 2018. Vous l'évaluez vous-même à 0.45 million de tonnes de CO2 par an dans le bilan carbone 2018 de la Ville de Paris, soit 2,7 millions de tonnes de CO2 en une mandature.

C'est plus que les émissions annuelles des aéroports de Roissy et Orly réunis, directes et indirectes. Elles étaient évaluées à 2 millions de tonnes avant la crise sanitaire par le bilan carbone d'Aéroports de Paris.

Et tout cela, sans compter les émissions liées à l'occupation de ces nouveaux locaux, ni le surcroît de besoins de transport ou d'énergie qu'ils induisent chaque année, car oui la densité a son coût propre très élevé et que vous ignorez superbement.

Malheureusement, non seulement vous avez un très sombre bilan carbone, mais vous avez aussi le projet dans le 14e arrondissement, Saint-Vincent de Paul c'est environ 50.000 mètres carrés, et dans le quartier Maine Montparnasse on aura construit ou rénové quelque 300.000 mètres carrés. Je citerai également dans le 12e les projets Charenton-Meunier, les messageries, garage Nation contre lesquels se bat Valérie MONTANDON aux côtés des habitants.

Madame la Maire, votre dette écologique est déjà extravagante. C'est pourquoi les Parisiens et nous vous le demandons : allez-vous l'aggraver encore ? Allez-vous continuer à densifier Paris ? Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Pour vous répondre, cher Emmanuel GRÉGOIRE, vous avez la parole.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint. - Merci beaucoup, Madame la Maire.

Madame la présidente de la 1ère Commission, Madame CARRÈRE-GÉE, j'avoue être un peu surpris par le contenu de votre présentation. Entendre le groupe Changer Paris, les Républicains, faire une telle critique du secteur économique que représentent le bâtiment et la construction avec, pardonnez-moi la tentation de le dire, une démagogie confondante, est absolument stupéfiant. Stupéfiant, parce que vous piochez au hasard quelques chiffres qui vous arrangent sur la production de mètres carrés, l'enrobant autour d'un contexte de densité sur lequel vous ne nous avez jusqu'à présent jamais interpellés. C'est intéressant, cela permet de détailler un tout petit peu l'approche conceptuelle du terme, renvoyant d'abord aux travaux de la controverse urbaine que nous avons organisée sur le sujet. En matière de densité, parfois vous utilisez le mot bétonisation, oui, pardon de le dire, lorsque nous construisons collectivement, toute construction nécessite de moins en moins, et c'est heureux, avec des technologies de plus en plus performantes, encore un peu de béton et de matériaux de construction. En réalité, vous piochez des chiffres qui n'ont rien à voir les uns avec les autres, sans faire le bilan et l'économie générale des projets que vous citez. D'habitude, l'angle qui nous est donné, c'est celui de la densité en habitation. Il vous arrive parfois dans un subtil paradoxe de dénoncer la surdensification de Paris et de pleurer la baisse démographique en même temps, ce qui est d'une agilité intellectuelle tout à fait stupéfiante. Nous avons promu depuis plusieurs mandatures, avec Bertrand DELANOË, Anne HIDALGO, des projets urbains dans lesquels je le rappelle, vous parlez de mètres carrés construits, nous parlons, pardon de le rappeler, de logements, d'équipements publics, d?écoles, de médiathèques. Si les maires d'arrondissement de votre groupe souhaitent renoncer à toute création de mètres carrés dans leur arrondissement, qu'ils me le disent. Cela aidera beaucoup les finances de la Ville dans la trajectoire qui est la nôtre collectivement. Vous avez un regard très sélectif et je le dis comme je le ressens. Dans votre argumentation, de façon très démagogique, vous surfez sur toutes les micromobilisations. Vous citez des projets qui n'ont rien à voir avec les autres, qui ont souvent un point commun, c'est de ne pas être des projets de la Ville. Ils sont pour certains conduits par des promoteurs privés, par des bailleurs sociaux, municipaux ou non, construits par la S.N.C.F., par la R.A.T.P. Chaque fois, il vous est plus commode et plus agréable d'en accabler la majorité municipale plutôt que les acteurs directement. Je retiens que votre groupe s'enferme dans un conservatisme absolument stupéfiant, qui consiste à faire un moratoire sur toutes les constructions dans Paris. Nous assumons d'articuler deux ambitions. La première, c'est que Paris a encore besoin de constructions. Les Parisiens ont besoin de logements, d'équipements publics, les entreprises ont besoin de locaux d'activité, que ce soit à vocation de bureaux ou de locaux commerciaux, de locaux industriels ou semi-industriels, et de le faire avec une exigence environnementale et une trajectoire d'empreinte carbone, puisque c'était le grand concept de votre intervention, qui s'inscrit dans la stratégie globale du Plan Climat Air Energie territorial, plan conforme à la trajectoire que nous avons engagée collectivement, celle qui vise à la neutralité carbone à l'horizon 2050. Il y a d'un côté le clan du conservatisme, de l'immobilisme, de "surfer" sur les mobilisations de tous ceux qui, inquiets légitimement, voire opposés à tout changement, s'opposent à la fin à tout, et qui le font avec l'aisance et le confort de le mettre sous un prétexte environnemental. Et de l'autre côté, il y a l'ambition de la majorité, qui est d'articuler les projets pour les Parisiens, une façon vertueuse de les concevoir socialement et une façon vertueuse de les construire sur le plan environnemental.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

Madame CARRÈRE-GÉE, vous pouvez reprendre la parole.

Mme Marie-Claire CARRÈRE-GÉE. - Je vous remercie, Madame la Maire.

En réponse à la longue réponse de M. GRÉGOIRE, pour compenser votre bilan carbone de 2,7 millions de tonnes de CO2 en une seule mandature, Madame la Maire, vous nous promettez de planter des arbres. Vous avez raison, il en faut, et partout à Paris. Durant la campagne, vous avez promis d'en planter 170.000, soit 7,7 arbres par jour. Depuis le 28 juin dernier, on aurait dû en planter plus de 2.800, sans en abattre un seul. Je ne sais pas où ils sont.

Pourtant, avec cette promesse irréalisable des 170.000 arbres, vous êtes loin du compte. Vous êtes même à deux ordres de grandeur de compenser vos constructions effrénées. On le sait, un arbre absorbe au maximum 35 kilos de CO2 par an. À supposer, Madame la Maire, que vous lâchiez votre truelle durant toute la nouvelle mandature et que vous ne construisiez plus rien, seule une forêt de 77 millions d'arbres absorberait en un an votre dette écologique comme Maire de Paris. Même en serrant bien les arbres lors de leur plantation avec 1.000 arbres par hectares, c'est une forêt de 770 kilomètres carrés qu'il faudrait planter, soit 7 fois la superficie de Paris. Pour oublier votre première mandature, il faut imaginer Paris tout entière recouverte exclusivement de forêts sur 7 étages. Il ne vous restera plus qu'à inventer le concept de forêts de grande hauteur.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je ne sais pas si votre question visait à masquer qu?hier, votre parti politique au Sénat a empêché que soit inscrit dans la Constitution un texte majeur pour la défense du climat...

Cela avait peut-être cette vocation. C'était bien tenté, mais c'est raté. IV - Question d'actualité posée par le groupe Ecologiste de Paris à Mme la Maire de Paris relative à l'usage du plomb pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous passons à la question d'actualité suivante, qui concerne le groupe Ecologiste de Paris.

La parole est à Mme Corine FAUGERON.

Mme Corine FAUGERON. - Madame la Maire, le 15 avril 2019, l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris détruisait sa flèche et sa toiture. À cette occasion, de fortes quantités de plomb étaient émises dans l'environnement.

En juillet 2020, la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture et la présidence de la République approuvaient le projet de reconstruction à l'identique, plomb compris, de la cathédrale.

Dans le même temps, notre Conseil adoptait un v?u vous invitant à interpeller le Gouvernement et le Président de la République, afin de les mettre en garde quant à l'utilisation du plomb dans la reconstruction du fait des forts risques que ce matériau présente pour la santé et la sécurité.

Rappelons que le plomb est un métal d'usage ancien, présent de façon ubiquitaire dans l'environnement quotidien, dans les anciennes peintures par exemple, sur la Tour Eiffel, dans les canalisations, les sols et poussières, sur les balcons haussmanniens, etc. Sa toxicité est sans effet de seuil et il contamine particulièrement les jeunes enfants exposés par le geste main-bouche à la présence de plomb dans l'environnement. Le saturnisme, dont le plomb est la cause, inquiète la santé des Parisiens et Parisiennes. En 2015 encore, 313 enfants souffrant de saturnisme étaient dépistés malgré l'action de la Ville contre le plomb depuis 1986. Comme vous, nous considérons que la reconstruction à l'identique de la cathédrale constitue un impératif patrimonial et mémoriel. Mais pour se résoudre à utiliser à nouveau ce matériau dangereux qui peut être toxique pour l'être humain et la faune sauvage, nous voudrions savoir si des alternatives à ce matériau ont été étudiées. Par conséquent, nous vous interrogeons aujourd'hui, Madame la Maire, afin de savoir si vous prévoyez d'interpeller l'Etat pour savoir si une alternative au plomb dans la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris a été étudiée. Pouvez-vous aussi nous préciser selon quelles modalités et sous quels délais cette interpellation se fera-t-elle.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

La parole est à Mme Anne SOUYRIS, pour vous répondre.

Mme Anne SOUYRIS, adjointe. - Merci, Madame la Maire.

Chère Corine FAUGERON, à cette question du plomb, vous l'avez rappelé, la Ville conduit une action de lutte contre le plomb et le saturnisme depuis 1986 avec son laboratoire municipal d'hygiène, qui est devenu maintenant le Service parisien de santé environnementale depuis 2016.

Nous avons par ailleurs eu l'occasion de rappeler l'historique de l'action municipale lors des Etats généraux de la santé environnementale que nous venons de lancer à destination, dans un premier temps, des agents de la Ville et des élus, et lors du dernier Comité de pilotage du plan parisien de lutte contre le plomb que j'ai tenu mardi dernier en présence des services de l'Etat, de la Ville, des associations de santé environnementale et des représentants de parents impliqués sur ce sujet.

L'incendie de Notre-Dame nous a engagés à passer à la vitesse supérieure sur cette question de santé environnementale et de santé publique. C'est ce que nous faisons avec notre plan lancé le 18 septembre 2019.

La Ville met en ?uvre des investigations poussées dans l'ensemble des crèches et écoles dont elle a la responsabilité en débutant par un échantillon d'établissements répartis au sein de la ville, et généralisera la démarche au cours des années à venir pour la totalité des écoles et crèches parisiennes.

La Ville de Paris met en place un dispositif de dépistage complémentaire à celui réglementairement prévu : déclaration obligatoire des cas de saturnisme de l'enfant mineur correspondant à une plombémie supérieure ou égale à 50 microgrammes par litre et destinée à renforcer le suivi des enfants parisiens présentant une plombémie comprise entre 25 microgrammes par litre, seuil de vigilance, et 49 microgrammes par litre.

Le plan comprend également des actions de sensibilisation à la pratique du dépistage auprès des professionnels de santé parisiens.

La Ville s'est enfin engagée pour une transparence totale des résultats des campagnes de prélèvements de plomb pour elle et ses partenaires, qu'il s'agisse de l'espace public ou des établissements et à systématiser les opérations de nettoyage et de contrôle quand les taux étaient supérieurs aux normes. Enfin, la Ville s'est engagée en interpellant, et c'est votre question précise, les autorités sanitaires pour que soient revues les normes, à baisser les seuils de vigilance quant à la présence de plomb dans l'espace public. Concernant l'alternative au plomb pour la reconstruction de Notre-Dame, je suis effectivement assez inquiète par la situation actuelle. Nous avons une position de l'Etat par le général GEORGELIN, président de l'établissement public chargé de la reconstruction de Notre-Dame, qui n'est pas franchement moderne et n'est pas celle qui respecte la santé pour l'instant de nos concitoyens et concitoyennes. Il dit : "nous avons fait le choix de matériaux durables, comme le plomb pour la toiture, et le bois que l'on utiliserait pour la charpente". Le bois, je veux bien, mais les matériaux durables comme le plomb, on a vu que ce n'était pas forcément durable et que quand 400 tonnes de plomb allaient en fumée, cela posait de graves problèmes de santé publique.

Mme la Maire de Paris, Anne HIDALGO, a interpellé le Gouvernement à plusieurs reprises sur cette question, à partir de 2019, en disant qu'il était absolument essentiel d'étudier ces alternatives. A ce jour, nous n'avons eu aucune réponse et au lieu d'avoir une réponse, nous avons eu toujours une réponse de facto, qui est de continuer sur non seulement la flèche, mais également la reconstruction de toute la toiture en plomb, ce qui pose évidemment un problème et va à l'encontre de ce que les instances de santé disent sur l'utilisation du plomb.

Le Haut Conseil de Santé publique a estimé, en février 2021, qu'il fallait une interdiction de l'utilisation du plomb laminé sur les toitures, ce qui est quand même extrêmement clair en termes de recommandation.

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, l'Anses, met en garde contre la persistance du plomb, avis qui date du 15 janvier 2020 et dit : "l'ingestion de poussières déposées sur les surfaces d'espaces publics extérieurs étant une voie d'exposition pertinente, la mise en ?uvre d'actions visant à réduire durablement la contamination de ces surfaces et/ou à identifier les personnes à risque est justifiée".

Il est absolument impératif d'avoir cette réponse et juste, quand même, quand certains disent qu'il n'y a pas d'alternative, que l'on ne peut pas reconstruire à l'identique si l'on ne met pas de plomb, je vous le dis, les toitures incendiées des cathédrales de Chartres en 1836, de Strasbourg en 1870, et Metz en 1867 ont été rebâties en cuivre, pourquoi pas Notre-Dame ? Nous recommencerons, nous réinterpellerons le Gouvernement sur cette question, justement à l'aune de ces nouvelles recommandations qu'il n'y avait pas encore à l'époque.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Anne SOUYRIS.

Est-ce que Mme FAUGERON veut reprendre la parole ?

Mme Corine FAUGERON. - La réponse est assez complète, puisqu'il va y avoir une nouvelle interpellation, et donc nous aurons forcément le résultat le jour où il arrivera, puisque d'après ce que je comprends, les réponses ne sont pas immédiates. Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci à vous. V - Question d'actualité posée par le groupe Communiste et Citoyen à Mme la Maire de Paris relative à un état des lieux des dispositifs de démocratie participative.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous passons à la 5e question d'actualité, du groupe Communiste et Citoyen, posée par Mme Barbara GOMES.

Mme Barbara GOMES. - Madame la Maire, à Paris, plus de 66 % des Parisiennes et des Parisiens ne se sont pas rendus aux urnes. Le bilan des dernières élections est inquiétant, l'abstention a atteint des sommets. Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

Je suis élue dans le 18e et on constate que c'est dans les quartiers les plus populaires que les taux d'abstention explosent. La crise démocratique à laquelle on assiste, c'est celle de la perte d'espoir, de confiance des plus pauvres.

J'ai souvent cette phrase d'Edouard LOUIS en tête, je la cite : "ça aussi c?est étrange, c?est eux, les dominants, qui font la politique, alors que la politique n'a presque aucun effet sur leur vie. Pour les dominants, le plus souvent la politique est une question esthétique : une manière de se penser, de voir le monde. Pour nous, c'était vivre ou mourir".

Il a raison, quand on est issu des classes populaires, on a l'impression que celles et ceux qui font de la politique sont à la cour de "récré" n'est-ce pas, qu'ils n'en ont rien à faire des problèmes des petites gens, on a l'impression que de toute façon, on ne sera jamais écouté, jamais compris, que tout cela, la politique, cela ne sert à rien, que cela ne changera rien. C'est dans le dépit que l'abstention fait son lit.

Vous le savez, avec mon groupe nous soutenons l'idée de la participation citoyenne, mais force est de constater que ce sont toujours les mêmes que l'on retrouve, les gens d'un certain bagage culturel et social, ceux qui ont fait des études, qui n'ont pas peur de s'exprimer en public, beaucoup d'hommes, mais ces gens-là, même si on est ravi qu'ils s'investissent, il faut bien dire qu'on les écoute déjà assez, ce sont eux que l'on entend dans le débat public, ce ne sont pas vraiment eux le public visé par le dispositif de participation citoyenne. Ce sont les femmes, les immigrés, les jeunes des quartiers, les personnes très isolées, toutes ces personnes qui ne se sentent pas légitimes à s'exprimer, qui n'osent pas ou n'espèrent plus.

C'est pourquoi si les motivations qui animent la création de l'Assemblée citoyenne sont louables et partagées par notre groupe, nous nous interrogeons. Est-ce qu'on va vraiment régler ces problèmes avec une nouvelle instance ? Ne faudrait-il pas faire le bilan de l'existant et ensuite construire une solution globale en fonction ?

Comment faire de la participation citoyenne et notamment pourquoi pas de cette nouvelle instance un outil concret de reconquête de l'esprit démocratique ? Un outil pour être plus proche de la population, pour l'écouter, pour qu?elle se sente respectée, et agir concrètement dans la vie de tous les jours de ces personnes qui se sentent si délaissées, si impuissantes ? En somme, un outil au service du peuple parisien.

Madame la Maire, comment allons-nous, dans cette perspective, coordonner les travaux, en dresser le bilan, faire le lien entre les membres pour faciliter des échanges et travailler à renforcer cette démocratie participative et même la démocratie tout court. Allons-nous réaliser un état des lieux des dispositifs de démocratie participative à Paris ? Recenser les différentes instances avant de nous lancer dans un nouveau dispositif ? Plus que jamais, il faut aller vers les publics isolés pour qu?ils ne se sentent pas seuls, qu'ils sachent qu'ils comptent, qu'ils sont légitimes à s'exprimer, qu'ils font pleinement partie de cette société autant que les autres. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

La parole est à Anouch TORANIAN, pour vous répondre.

Mme Anouch TORANIAN, adjointe. - Madame la Maire, mes chers collègues, votre question relative à la participation citoyenne de ceux qui en sont les plus éloignés est naturellement tristement justifiée au moment d'élections régionales qui ont connu un record d'abstention qui nous préoccupe tous.

En tant qu'élus, cette abstention nous contraint à nous interroger sérieusement sur notre exercice de la démocratie et nous oblige à répondre aux aspirations des citoyens qui souhaitent être plus, mais surtout mieux associés aux décisions qui impactent leur quotidien.

La Ville de Paris a une longue tradition en matière d'association des Parisiens à l'élaboration de nos décisions. Ce nouveau mandat ne fait pas exception, au contraire, puisque nous portons l'ambition d'aller encore plus loin sur le chemin de la démocratie réelle et continue.

Grâce au nouveau pacte de gouvernance entre la Ville et les Parisiens, la participation citoyenne se concrétise chaque jour dans leur quotidien. Je citerai pour exemples : la relance du budget participatif, la démarche "Embellir votre quartier", les conférences de citoyens qui nous guident dans l'élaboration de nos politiques publiques à l'instar de la révision du plan local d'urbanisme, la communauté des volontaires de Paris. Je m'arrête là car la liste serait longue, mais ces exemples suffisent à illustrer notre volonté d'associer systématiquement les Parisiens à la construction de leur Paris, celui d'aujourd'hui et celui de demain.

Cette diversité de dispositifs peut interpeller, mais c'est un choix assumé. Chacune de ces démarches s'inscrit dans un continuum de la participation citoyenne et cherche à tirer profit de l'expertise et de la créativité des Parisiens dans chaque aspect de leur quotidien et de les traduire en actes.

Grâce à la diversité de nos dispositifs, nous répondons à l'engagement de véritablement recueillir la voix de toutes et tous et surtout des publics invisibles, celles et ceux qui sont ou se sentent les plus éloignés de la participation citoyenne. Là est le véritable défi.

Pour y arriver, il faut innover et expérimenter. Je vous rejoins sur le fait que pour ce faire, un état des lieux est indispensable pour les évaluer et les enrichir. C'est chose faite et j'aurai plaisir à vous le présenter en 7e Commission.

Notre ambition de créer un droit universel à la participation citoyenne est grande. C'est en ce sens que nous avons par exemple mis en place un panel citoyen pendant la crise sanitaire composé de Parisiens tirés au sort. Ils exprimaient chaque semaine leur état d'esprit, leurs préoccupations et leurs aspirations et nous permettaient à nous, élus, d'y répondre par des mesures concrètes et d'enrichir nos politiques publiques.

Ce panel a permis d'abattre les frontières invisibles qui séparent parfois les citoyens des élus que nous sommes et leur a permis d'être entendus dans leurs espoirs comme dans leurs inquiétudes. Il leur a donné le sentiment de ne pas être un ensemble d'individus éclatés mais un corps social solidaire, d'appartenir à un collectif qui ?uvre ensemble pour le bien commun. Ce sentiment est inestimable en ce qu'il constitue le fondement de notre démocratie.

Dans la lignée de cette ambition et en réponse à la demande des Parisiens, nous créons l'Assemblée citoyenne. Cette demande a été débattue, puis adoptée dans le cadre d'une délibération citoyenne votée dans cet hémicycle. Son opportunité, sa pertinence ne sont donc plus à questionner puisqu'elle émane des Parisiens eux-mêmes. Mais soyons clairs : il ne s'agit pas simplement de créer une instance supplémentaire, au contraire, il s'agit de construire une assemblée qui portera la voix des Parisiens, véritable lieu de débat et de fabrique des politiques publiques en lien étroit avec le Conseil de Paris.

Pour façonner et mettre en ?uvre cette Assemblée, nous avons fait appel aux meilleurs experts et universitaires dans le monde qui nous accompagnent pour créer ce dispositif unique. A l'issue de notre séminaire de travail de la semaine dernière, tous ont salué l'ambition de la Ville de Paris et sont extrêmement enthousiastes à l'idée de construire un dispositif d'une telle ampleur, véritablement représentatif.

Cette Assemblée citoyenne constituera une véritable clef de voûte de la participation citoyenne. Elle renforcera les instances existantes, elle nous permettra d'aller vers les citoyens dans la lignée du "big bang" de la proximité voulue par la Maire de Paris, afin qu?ils puissent faire entendre leurs voix autrement que par les urnes.

Mais surtout, cette Assemblée citoyenne donnera aux citoyens de Paris un véritable pouvoir d'agir à nos côtés pour façonner la ville à laquelle ils aspirent pour leur propre avenir et celui des générations futures.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, chère Anouch TORANIAN.

Madame Barbara GOMES, vous pouvez reprendre la parole.

Mme Barbara GOMES. - Evidemment, nous avons hâte de discuter de tout cela ensemble, je suis sûre que les choses vont très bien se passer. Déjà, on sait qu'il y a une vraie volonté de travailler en concertation. Évidemment, ces questionnements demeurent, et au regard de l'actualité il faut y répondre avec exigence, mais je sais que vous ne manquez pas de volonté politique en la matière.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, nous comptons sur vous bien sûr pour accompagner et apporter aussi les évolutions nécessaires. Tous ces dispositifs sont évidemment évolutifs, mais ils sont très, très importants. Souvent, je me pose la question : qu'est-ce qui se passerait si on n'avait pas mis en place tous ces dispositifs avec leurs évolutions depuis quelques années? C'est vrai que l'on constate tous une abstention extrêmement importante, mais je pense que ces dispositifs sont vraiment des anticorps face au fatalisme que l'on voit et qui a ses raisons aussi concernant le rôle du politique et de la politique.

Merci beaucoup à vous. VI - Question d'actualité posée par le groupe "Indépendants et Progressistes" à Mme la Maire de Paris relative aux terrasses éphémères et à l'aménagement de l'espace public.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je donne la parole à présent à Alexis GOVCIYAN, pour la 6e question d'actualité, posée par le groupe "Indépendants et Progressistes".

M. Alexis GOVCIYAN. - Merci, Madame la Maire.

Monsieur le Préfet, mes chers collègues, nos cafés, brasseries et restaurants commencent à prendre leur rythme de croisière après une longue période d'inactivité et malgré des perspectives encore incertaines et aussi un tourisme à l'arrêt.

Depuis le printemps 2020, l'État est à leurs côtés pour les aider à affronter cette crise d'ampleur. Avec le fonds de solidarité et le chômage partiel, les exonérations, le P.G.E., ce sont ainsi des aides inédites qui ont été déployées et ont sauvé des millions d'emplois.

Il y a un an, pour accompagner la relance, la Ville de Paris a offert l'opportunité à des cafés et restaurants qui le souhaitaient et le pouvaient d'installer sur les places de stationnement devant leur établissement des terrasses éphémères exonérées de taxes locales. Nous alertions déjà à cette époque sur l'impréparation qui a sans surprise conduit à une forme d'anarchie. Comme toute expérimentation, ce dispositif aurait en effet dû être évalué et des mesures auraient dû être prises pour l'améliorer et faire un saut quantitatif.

C'est pourquoi, dès septembre 2020, avec Delphine BÜRKLI, nous vous avons proposé de réunir l'ensemble des fédérations des cafés, hôtels et restaurants avec les maires d'arrondissement afin d'anticiper l'organisation des conditions de la reprise et d'une exploitation juste et équitable et aussi de modifier sans attendre le règlement des étalages et terrasses parisiens en y intégrant un chapitre dédié aux terrasses éphémères.

Alors, où en étions-nous au 19 mai 2021, jour de réouverture des terrasses ? Rien ne semblait avoir été pensé ni anticipé pour que ces installations éphémères entrent enfin dans un cadre réglementaire, pourtant attendu par les professionnels du secteur et des riverains.

La nature a horreur du vide, vous le savez, toutes les libertés ont donc été saisies. Vous avez finalement publié un nouveau règlement le 1er juillet dernier, soit un mois et demi après l'installation des nouvelles terrasses. Disons-le sans détour : il ne sera pas appliqué cet été. C'est aussi pour nous une façon de respecter les riverains et les commerçants que de le dire et nous le répéterons.

Enfin, Madame la Maire, cette question s'inscrit dans une logique plus large d'aménagement urbain et de régulation de l'espace public. Aujourd'hui, le compte n'y est pas. Dans une société, il y a des règles, à Paris, elles semblent absentes.

Notre question, celle de notre groupe "Indépendants et Progressistes" est donc simple : au regard de l'absence de règles clairement établies cet été notamment, comment assurer cet équilibre entre relance économique de nos commerçants et respect de la tranquillité des riverains alors que la police municipale, je vous le rappelle, ne sera pas encore en place et que les problèmes interviennent la plupart du temps le soir en dehors des heures couvertes par la DPSP ? Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur GOVCIYAN.

La parole est à Mme Olivia POLSKI.

Mme Olivia POLSKI, adjointe. - Madame la Maire, mes chers collègues, je veux d'abord remercier M. GOVCIYAN pour l'intérêt qu'il porte à ce phénomène qui a été très porté par la Maire de Paris et qui a, au-delà de Paris, fait des petits qui sont ce que l'on avait appelé les terrasses éphémères, ce nouveau dispositif qui a rencontré un grand succès dans un cadre comme vous l'avez rappelé de crise épidémique sans précédent, et a été renouvelé à chaque fois que l'on a redécouvert que cette épidémie allait durer, qui a permis aux restaurateurs et aux Parisiens, dans un cadre beaucoup plus sécurisé, d'aller dans nos restaurants.

D'abord, premier point, en ce qui concerne l'aide apportée aux restaurateurs, c'est évidemment le point très important aussi que vous avez oublié de mentionner malheureusement, des exonérations que nous avons pratiquées à la demande de la Maire de Paris, pour plus de 40 millions d'euros. C'est évidemment très important.

Ce dispositif des terrasses éphémères a aussi été unanimement salué, encore une fois, ils nous disent aujourd'hui combien cela les a sauvés.

Bien évidemment, à cette occasion, à l'automne dernier a été du coup annoncé le fait que nous allions revoir ce fameux règlement. Le calendrier qui a été annoncé et respecté, c'était celui d'une concertation au printemps et nous sommes donc allés beaucoup plus loin que ce que vous préconisiez, puisque vous demandiez uniquement un rendez-vous entre les fédérations et les maires d'arrondissement, nous avons fait une concertation par l'intermédiaire d'une agence qui s'appelle "Etat d'esprit". Il y a eu plus de 68 heures de groupes de travail avec différents collectifs, des Parisiens, des commerçants, toutes les fédérations qui pouvaient potentiellement être de près ou de loin concernées et évidemment les élus d'arrondissement, les maires d'arrondissement étaient systématiquement conviés, d'ailleurs il y en a eu quelques-uns, assez peu c'est dommage, mais j'ai salué la présence de Jeanne d'HAUTESERRE qui a été là à chaque atelier hier, et j'ai moi-même rencontré les groupes politiques, toutes les fédérations, etc.

Cela a pris beaucoup de temps, plus de 500 personnes ont contribué dans ce cadre et nous avons maintenant un nouveau règlement. Je vous rappelle quand même que le cadre de déconfinement que vous avez évoqué était un peu particulier puisqu'ils ne pouvaient pas exercer à l'intérieur et que l'on reste encore dans un contexte extrêmement incertain. De toute façon, cet été est une période de transition et il va y avoir, parce que vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a eu plus de 9.000 demandes de terrasses éphémères à l'époque, et maintenant nous allons basculer dans un régime d'autorisation et les différents services, notamment ceux de la Préfecture de police, vont être sollicités jusqu'à l'avis motivé du maire d'arrondissement pour pouvoir y donner suite. Donc, effectivement, nous nous dotons d'outils, dans ce nouveau règlement il y a un cadre, notamment un cadre esthétique, et nous avons aussi installé, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent, un nouveau régime de sanctions avec une échelle de sanctions graduées. Celle-ci va d'abord de l'avertissement et progressivement, y compris grâce à un nouveau régime d'amende administrative qui peut aller jusqu'à 500 euros et qui est beaucoup plus dissuasif que ce que nous avions jusque-là, va nous permettre de sanctionner ceux qui vont beaucoup trop loin. Parce que nous savons que nous sommes dans une période de transition, y compris à la demande hier encore du groupe les Républicains, nous avons dit que nous allions être dans une phase de tolérance, le temps que les autorisations soient traitées par tous les services et les mairies d'arrondissement, et le temps de les aider cet été encore comme vous l'avez dit dans cette période sans touristes. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, chère Olivia POLSKI.

Monsieur GOVCIYAN, vous pouvez reprendre la parole.

M. Alexis GOVCIYAN. - Merci, Madame la Maire.

Juste pour rassurer notre collègue Olivia POLSKI, chère Olivia, je n'avais pas oublié les exonérations de la Ville de Paris, mais je pensais que vous les diriez et que cela me ferait gagner du temps. Par ailleurs, votre façon de présenter les choses, c'est comme si tout était idyllique alors que vous savez bien que les maires d'arrondissement n'ont pas été suffisamment mis à contribution. Vous dites que vous allez faire des choses, on verra bien comment cela va se passer, mais il y a d'un côté votre volonté, dont je ne doute pas de la sincérité, de dire des choses, d'organiser d'une manière qui vous semble cohérente, et d'un autre côté la réalité sur le terrain, pourtant vous êtes une élue de terrain. Je sais que vous êtes toujours et sur le terrain et avec les fédérations et les chambres consulaires. Je suis donc étonné de votre réponse qui est en décalage par rapport à la réalité et à la manière dont les choses se passent concrètement. Je souhaite que sur ces questions, il y ait davantage de préparation, d'anticipation et que l'on puisse organiser les choses dans le sens de l'intérêt général, en tous les cas de celui à la fois des commerçants mais aussi des riverains qui aussi souffrent beaucoup comme vous le savez.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Cher Alexis GOVCIYAN, la réalité, c'est quoi ? La vie reprend et on en est tous très heureux.

Deuxième chose, toutes les organisations professionnelles de restaurateurs, artisans, commerçants n'attendaient que cela et elles sont vraiment en soutien des dispositions de la Ville.

Troisième élément de la réalité, quand il y a des débordements, il faut bien sûr intervenir. Mais franchement, après des mois de confinement où il n'y avait plus rien dans Paris, vous êtes encore à vous poser la question si quand la vie revient ce n'est pas mieux ?

Franchement, je sais quelle est l'orientation que j'ai choisie et on gérera les débordements comme il se doit, parce qu'il y a des règles à respecter, mais je me réjouis qu'avec notre équipe, et je remercie Olivia pour son travail et les maires d'arrondissement aussi, nous accompagnions le retour de la vie. Cela fait vraiment du bien.

Je vous remercie. VII - Question d'actualité posée par le groupe "Génération.s" à Mme la Maire de Paris relative à l'ouverture nocturne des grands parcs parisiens.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je vais à présent donner la parole à Mme Nathalie MAQUOI, pour la question d'actualité du groupe "Génération.s".

Madame la Présidente ?

Mme Nathalie MAQUOI. - Merci, Madame la Maire.

Depuis plusieurs années, l'ouverture nocturne des grands parcs parisiens comme les Buttes Chaumont, Montsouris, le Jardin des explorateurs, Villemin, Méliès, Séverine, rencontre un franc succès. Cette ouverture 24 heures sur 24 pendant la période estivale permet aux Parisiennes et Parisiens de se retrouver dans ces lieux qui sont souvent plus frais pour des temps festifs conviviaux, pour des promenades, des temps sportifs aussi, par exemple avant que la chaleur du jour ne les rende pénibles.

Ils accueillent aussi des opérations ponctuelles, festives ou pédagogiques, je n'en citerai qu'une : "Paris sous les étoiles", dont nous avons voté hier la quatrième édition cet été en reconduisant une subvention à l'"Association française d'astronomie", qui se déroule au-delà de minuit. Nos étés sont de plus en plus caniculaires et nécessitent l'ouverture plus large des espaces de fraîcheur et de végétation que sont ces grands parcs en complément bien sûr des places, des squares, de petits jardins qui ne sont pas fermés. A l'heure où le dérèglement climatique se constate quotidiennement et après une période de confinement pénible pour nombre d'entre nous, il nous faut favoriser partout où c'est possible l'accès pour les Parisiens et Parisiennes aux espaces verts qui sont des communs gratuits. A l'heure où les terrasses reprennent leur droit dans nos rues et sur leur place, il nous faut préserver des portions de notre espace public accessibles gratuitement et inconditionnellement. Ce souci nous anime de façon transversale et nous, c'était déjà ce que nous avions exprimé lors des débats introductifs du P.L.U. bioclimatique. De plus, favoriser des espaces multiples évite d'avoir trop de monde par exemple sur les quais de Seine ou le long des canaux, et cela permet aussi l'accès dans la proximité, dans l'idée de la ville du quart d'heure, où que l'on habite. Certes, la fréquentation des grands parcs baisse au c?ur de la nuit, mais plutôt entre 1 heure 30 et 2 heures du matin sur les expériences remontées, et la tendance le week-end est d'y rester un peu plus tard. Nous avons donc appris il y a quelques jours que les grands parcs parisiens devraient être fermés entre minuit et 7 heures du matin, selon un dispositif nouveau dont la logique nous échappe. Pouvez-vous donc nous assurer de la volonté la Ville de favoriser l'accès le plus large possible de toutes et tous à ces espaces essentiels à Paris et de leur ouverture 24 heures sur 24.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame MAQUOI.

Christophe NAJDOVSKI ?

M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint. - Merci beaucoup, Madame la Maire, et merci à Mme la Présidente du groupe "Génération.s" pour cette question qui me permet de mettre l'accent sur notre dispositif estival d'augmentation de l'accès aux espaces verts municipaux parisiens.

Vous l'avez souligné, nous avons fait le choix pour cet été de maintenir un dispositif d'ouverture renforcée des espaces verts, mais de le faire évoluer pour poursuivre deux grands objectifs.

Le premier est d'augmenter l'accès aux espaces verts pour les habitants. En passant à une ouverture 7 jours sur 7 de 7 heures à minuit dans 15 parcs parisiens, nous augmentons sensiblement l'offre d'accès aux espaces verts pour les Parisiens, notamment pour les familles qui ne partent pas en vacances cet été. Je signale que plusieurs parcs qui étaient ouverts auparavant 24 heures sur 24 n'étaient pas ouverts toute la semaine mais seulement le week-end ou trois jours par semaine, c'était le cas du parc des Buttes Chaumont, du jardin Louise Michel, ou encore du jardin Villemin. Ce sera le cas désormais 7 jours sur 7. En outre, les retours du terrain font état d'un véritable succès populaire du dispositif en soirée, mais d'une chute de la fréquentation après minuit. Pour le dire autrement, nous faisons le choix d'ouvrir moins tard mais plus fréquemment et de manière harmonisée sur tous les sites retenus. Je souligne également que la liste peut être étoffée sur demande des maires d'arrondissement, c'est le cas dans le 14e arrondissement, puisque le square Ferdinand Brunot a rejoint la liste des ouvertures estivales sur demande de la maire d'arrondissement. Je me permets d'insister, en ouvrant une quinzaine de grands parcs tout l'été 7 jours sur 7 de 7 heures du matin jusqu'à minuit, nous augmentons l'accès aux espaces verts pour les Parisiens y compris par rapport au dispositif déployé les années précédentes. Enfin, rappelons qu'environ un quart des 490 parcs, jardins et squares municipaux sont d'ores et déjà, de par leur configuration, ouverts 24 heures sur 24 et le resteront bien entendu. Le second objectif est de mieux prendre en compte la biodiversité. Nous souhaitons mieux prendre en compte les cycles de la nature et les besoins en entretien. Bien sûr, il ne s'agit pas d'opposer biodiversité et habitants, les deux vont de pair. L'année dernière, le fait de ne pas pouvoir arroser convenablement les pelouses des Buttes Chaumont a conduit à devoir réduire le nombre de nuits ouvertes, car les pelouses n'étaient plus accessibles faute d'avoir pu être arrosées. En prenant en compte les contraintes d'entretien, notamment les besoins de 7 à 8 heures d'arrosage dans certains parcs, on s'assure de pouvoir ouvrir tard toute la semaine avec une prestation de qualité et des pelouses en meilleur état. La nature, la végétation comme la biodiversité, vous le savez, ont besoin de repos pour se développer dans la durée. Pour résumer, l'ouverture de 15 grands parcs tout l'été, tous les jours de 7 heures à minuit permet de renforcer l'accès des Parisiens à des espaces verts de qualité, confortables et riches de leur diversité. Ces espaces verts pourront d'ailleurs être ouverts encore plus tard pour des manifestations comme "Paris sous les étoiles" ou en période de canicule. Comme je l'ai indiqué aux maires d'arrondissement, nous ferons un bilan hebdomadaire du dispositif. Je me tiens à votre disposition pour étudier tout ajustement qui paraîtra nécessaire.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, cher Christophe NAJDOVSKI.

Madame MAQUOI ?

Mme Nathalie MAQUOI. - Merci, Madame la Maire.

Merci, Christophe NAJDOVSKI pour ces précisions. Je crois que quand on mène une politique publique, il faut parfois concilier des enjeux qui peuvent apparaître contradictoires. J'attire votre attention sur des périodes au-delà de minuit, notamment pour les jeunes, ce sont des espaces pour se retrouver qui sont gratuits. Là aussi pourrons-nous peut-être en tirer le bilan, puisque ce sera le premier été où ce sera proposé comme cela, et voir si vraiment le chemin que vous proposez est celui qui permet de passer au mieux l'été pour tous les types d'habitants à Paris.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame MAQUOI. VIII - Question d'actualité posée par Mme Danielle SIMONNET à Mme la Maire de Paris : "Comment la Ville de Paris s'engage-t-elle à faire respecter les principes républicains et la laïcité ?".

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Dernière oratrice, pour la dernière question d'actualité, Mme SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Madame la Maire, ma question est la suivante : comment la Ville de Paris s'engage-t-elle à faire respecter les principes républicains et la laïcité ?

Car, non sans l'arrogance dont seul le PS a le secret, vous vous êtes récemment autoproclamée vigie du respect des principes républicains suite à la fusion des listes pour le second tour des élections régionales. En matière de soutien, on avait déjà noté de quoi vous étiez capable, votre propre candidate a pu goûter dès le premier tour votre capacité à savonner les planches.

Tandis que Mme PÉCRESSE insultait les Insoumis d'ennemis de la République, peu de temps après les appels au meurtre d'Insoumis du fasciste Papacito sur Youtube et dans la même semaine que le procès de "Valeurs Actuelles" pour ses attaques racistes à l'encontre de notre députée parisienne Danièle OBONO, vous aviez décidément le sens du "timing" et de la solidarité républicaine.

Madame la Maire, vous n'avez, hélas, aucune leçon à donner. Je vous accuse à mon tour, mais preuves à l'appui, de piétiner la laïcité et les principes républicains.

Et puisque cela fait plus d'un an que vous annoncez tambour battant que vous réfléchissez, sans que l'on entende la moindre proposition politique, prenez cette question d'actualité comme une contribution à vos cogitations.

Comment pouvez-vous prétendre incarner l'exemplarité dans le combat laïque, alors même que vous avez participé l'année dernière, en tant que maire, à la bénédiction de la capitale et de ses habitants par l'archevêque de Paris, Monseigneur Michel AUPETIT, le jour du jeudi saint pour les catholiques, qui plus est depuis l'esplanade de la basilique du Sacré-C?ur sur la butte Montmartre ?

Prenez plutôt l'engagement de ne plus participer en tant qu'élue à quelque cérémonie religieuse. La République ne reconnaît ni ne finance aucun culte, c'est la base. Prenez l'engagement de cesser tout financement de crèches confessionnelles Loubavitch, et des crèches gérées par les associations familiales catholiques connues pour leur orientation intégriste. Chaque année, c'est près de 2,5 millions d'euros d'argent public que vous leur octroyez pour encourager le séparatisme dès la petite enfance.

Cessez de faire du SARKOZY en usant de la confusion entre le culturel et le cultuel, car en créant et en finançant l'Institut des cultures d'Islam hier et sa salle de prières, le centre européen du judaïsme, dont sa synagogue, le temple bouddhiste dans le Bois de Vincennes, ou encore un temple protestant pourtant hors inventaire des édifices religieux relevant de la responsabilité municipale, c'est bien la loi de 1905 que vous avez piétinée.

Soutenez plutôt la proposition de la France insoumise pour la fin du concordat, afin que l'ensemble du territoire de la République cesse de financer des cultes.

Etait-ce bien républicain, Madame la Maire, de faire voter lors de la précédente mandature en 2016, une convention avec Lafarge pour Paris Plages alors que l'on avait appris 15 jours auparavant que cette holding avait financé Daesh en Syrie ? Etait-ce bien républicain de dénoncer Attac le week-end dernier pour un peu de gauche, et réaffirmer votre soutien à L.V.M.H. pourtant professionnel de l'évasion fiscale ?

Plus récemment, en quoi est-ce républicain que de participer à la manifestation des syndicats d'extrême droite de la police, qui vise à faire pression sur la justice au mépris du principe républicain de la séparation des pouvoirs ?

Pour conclure, vous avez toujours le responsable du recrutement des futurs agents de la Police municipale qui a été accusé d'avoir accolé un autocollant d'extrême droite...

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Il faut conclure, c'est Emmanuel GRÉGOIRE qui va vous répondre, même si je n'ai pas tout compris.

M. Emmanuel GRÉGOIRE, premier adjoint. - Madame SIMONNET, c'est un plaisir de vous garder avec nous. Cela nous donne l'occasion d'aborder beaucoup de sujets dans des interventions très éclectiques, sur les thèmes... Les compétences de la Maire de Paris sur le concordat d'Alsace Moselle étant un tout petit peu limitées, je vais revenir sur quelques éléments.

Nous avons beaucoup traité pour l'instant, Madame SIMONNET, des sujets que vous évoquez, qui pour la part d'une maire, en l'occurrence de membres de l'Exécutif, relèvent parfois simplement du respect et de la cordialité républicaine. Quand on est invité parfois par des représentants du culte, on y participe.

J'imagine que vous avez déjà eu l'occasion d'aller à des mariages religieux, que vous avez déjà eu l'occasion de participer à des événements culturels associatifs de solidarité relevant de structures qui ont une origine confessionnelle. Cela n'a rien à voir avec la pratique du culte, avec le respect ou non porté à l'une de ces religions, mais simplement dans le cadre de la laïcité, puisque c'est bien comme cela que le cadre législatif avait été prévu, le respect de toutes les religions, de la liberté de chacun de croire et de ne pas croire, et de le vivre très sereinement.

À la Ville de Paris, nous avons mis en place des procédures extrêmement rigoureuses, qui pour certaines d'entre elles ont été renforcées par la dernière loi sur la fonction publique en matière des droits et obligations des fonctionnaires, notamment l'article 25 obligeant à la formation en matière de laïcité.

Vous savez que parmi les premières collectivités, nous avons mis en place un observatoire parisien de la laïcité en 2015 que le très émérite conseiller d'Etat Olivier ROUSSELLE continue à présider dans une forme reconfigurée en début de mandature ; que nous avons mis en place un référent laïcité pour la Ville auprès du Secrétariat général ; que nous avons organisé le 7 décembre dernier une semaine de la laïcité dans laquelle à la fois des enfants, des collégiens, ont pu venir travailler et discuter collectivement. Nous avons lancé l'appel à projets "Citoyenneté, laïcité, valeurs de la République" après les attentats de l'année 2015 pour lutter contre le racisme, l'antisémitisme et toutes les discriminations, mais aussi pour comprendre les complexités de la production de l'information, peut-être pourriez-vous vous y associer. Enfin, des Copil et des rencontres sont régulièrement organisés par le Secrétariat général avec déplacement de la chargée de mission sur le terrain afin d'accompagner les services publics parisiens. C'est un sujet suffisamment grave, lourd et important pour qu?il fasse l'économie des invectives et des caricatures. Respectons-nous les uns les autres, respectons-nous parfois nous-mêmes et je pense que nous arriverons à pouvoir discuter sereinement de tous ces sujets dans notre Assemblée. Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, cher Emmanuel GRÉGOIRE.

Madame SIMONNET, vous pouvez reprendre la parole.

Mme Danielle SIMONNET. - Avec plaisir. Je suis ravie de savoir que je vous ai fait peur et que vous avez eu peur que je vous manque dans cette Assemblée. Vous êtes rassurés pour quelques mois encore.

Oui, si j'interviens sur ce sujet, c'est précisément parce que du mépris, il y en a eu. Et des invectives, il y en a eu, jamais étayées, jamais démontrées.

Vous nous avez attaqués, Madame la Maire, vous avez attaqué également les écologistes, et je ne vous demande pas simplement de faire de grandes manifestations sur la laïcité, mais de l'appliquer là où c'est en votre pouvoir. Votre pouvoir, c'est donc de ne pas vous rendre en tant qu?élue de la République à des cérémonies religieuses. Votre pouvoir, c'est de ne pas financer des structures confessionnelles quand il faut au contraire réserver l'argent public à des structures publiques ou associatives laïques. C'est également d'arrêter la confusion entre cultuelle et culturelle. Et Madame DATI, si j'ai cité Nicolas SARKOZY, c'est en référence au rapport MACHELON qu'il avait commandé, et qui a organisé cette confusion. Il est important, quand on respecte la République et la laïcité, de respecter concrètement dans les actes, dans les faits, ce que signifie la loi de 1905. Et non, hélas, la Ville de Paris ne le fait pas. Oui, Madame la Maire, je continuerai sur ce combat parce que j'estime que vous n'avez pas de leçons à donner et qu'il va falloir vous y faire, la République, ce n'est pas vous.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Cela rappelle quelque chose, "la République, c'est moi". Bon, bref, merci beaucoup, Madame SIMONNET.

Je crois que la réponse d'Emmanuel GRÉGOIRE a été très claire.

 

Juillet 2021
Débat
Conseil municipal
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