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2004, DAC 475 - Apposition d’une plaque commémorative rappelant les réunions du bureau permanent du Conseil national de la Résistance, 182, rue de Rivoli (1er).


M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. Nous passons � l?examen du projet de d�lib�ration DAC 475 relatif � l?apposition d?une plaque comm�morative rappelant les r�unions du bureau permanent du Conseil national de la r�sistance, 182, rue de Rivoli dans le 1er arrondissement.

Il y a trois inscrits, M. VUILLERMOZ, M. LE GARREC, M. LEGARET, et Mme Odette CHRISTIENNE r�pondra.

C?est un sujet important, mais si vous pouvez, compte tenu de l?heure, condenser vos interventions, ce ne serait pas trop mal.

La parole est au Pr�sident VUILLERMOZ.

M. Jean VUILLERMOZ. - Merci, Monsieur le Maire.

Un mot pour dire que bien s�r nous partageons totalement la proposition qui nous est faite de rendre hommage au Conseil national de la r�sistance dans le cadre de la c�l�bration du 60e anniversaire de la Lib�ration de Paris.

Il est important de montrer que le regroupement de l?ensemble des mouvements de la r�sistance a �t� d?un apport historique immense et au-del� de la force qu?il a repr�sent�, il a produit un programme d?avenir consid�rable. Notre coll�gue Nicole BORVO, dans son intervention � propos de la communication sur la sant�, hier matin, a rappel� � juste titre que l?une des mesures majeures prises par le Conseil national de la r�sistance a �t� la cr�ation de la S�curit� sociale et on en mesure aujourd?hui toute l?importance.

Plus g�n�ralement dans le programme du Conseil de la r�sistance adopt� dans la clandestinit�, le 15 mars 1944, qui portait le titre ?les jours heureux?, extraordinaire formulation pour un texte qui r�clamait un ordre social plus juste par l?instauration d?une v�ritable d�mocratie �conomique et sociale, celui-ci affirmait tout un ensemble de droits comme ceux donnant acc�s pour tous � la sant�, � la culture et � l?�ducation, tout comme ceux permettant la libert� de la presse, mais aussi les retraites g�n�ralis�es, les grands services publics, les comit�s d?entreprise. En mati�re �conomique, le Conseil national de la R�sistance appelait au contr�le des f�odalit�s �conomiques qui allait d�boucher sur un programme de nationalisations qui, il faut bien le dire, est remis en cause depuis par les diff�rents gouvernements.

Aujourd?hui, dans un autre contexte, on voit bien qu?il y a beaucoup � faire contre les injustices sociales pour aboutir � un d�veloppement durable de notre soci�t� pr�tant une grande attention � l?�panouissement de chaque �tre humain, � la d�mocratie, donc � l?implication politique des citoyens, � la paix dans un monde o� la guerre menace perp�tuellement. Les membres du Conseil de la r�sistance ont montr� que r�sister c?�tait aussi cr�er les perspectives d?une soci�t� plus juste. C?est bien la question qui nous est pos�e aujourd?hui.

L??uvre du C.N.R. a �t� immense, cr�ative alors m�me que la France �tait occup�e et affaiblie. Cette ?uvre est pour nous un encouragement magnifique pour nos combats d?aujourd?hui.

(Applaudissements sur les bancs des groupes communiste, socialiste et radical de gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur VUILLERMOZ, pour ce bel hommage � la R�sistance et au Conseil national de la R�sistance.

Monsieur LE GARREC, vous avez la parole.

M. Alain LE GARREC. - Merci, Monsieur le Maire.

Effectivement, le 27 mai 1943 au 48, rue Dufour se r�unissait pour la premi�re fois le Conseil national de la r�sistance.

Jean Moulin venait de r�ussir sa mission: faire taire les rivalit�s politiques, les rivalit�s des hommes pour un temps suffisamment long et essayer de r�tablir ou d?�tablir les fondements d?un futur pouvoir politique, administratif, de fa�on � red�marrer le pays rapidement quand il aurait �t� lib�r�.

Le texte fondateur �tait tr�s clair: s?opposer par tous les moyens et particuli�rement les armes � la main aux Allemands, � leurs alli�s et � leurs complices pour la libert� en �tant contre toutes les dictatures, notamment celle de Vichy quel que soit le visage dont elle se pare. Le Conseil national de la R�sistance forme l?embryon d?une repr�sentation nationale r�duite. Le

C.N.R. institue en son sein une commission permanente pr�sid�e par le repr�sentant du G�n�ral de Gaulle ou un adjoint de son choix.

En quelque mois jusqu?au printemps 1944 cette organisation va se muscler en continuant son travail de sape dans l?administration de Vichy via le N.A.P, noyautage des administrations publiques, avec ses sp�cificit�s que l?on conna�t � la

S.N.C.F. et aux P.T.T

Il y a d�sormais un pouvoir clandestin qui coordonne l?ensemble des activit�s de la r�sistance dans notre pays.

Je pourrais, Monsieur le Maire, �tre anecdotique et nous avons l?habitude du spectacle, les armes et les grands sentiments, mais je parle ici de travail souterrain et tout aussi dangereux d?hommes et de femmes qui n?apparaissent pas au g�n�rique et qui portent notre histoire sur leurs �paules.

Jean Moulin, dit Max, par amiti� pour Max Jacob, qui, lui, mourra de froid � Drancy, sera arr�t� le 21 juin 1943 � Caluire, tortur� � mort, il donnera un nom: le sien. Apr�s quelques mouvements et des discussions difficiles, Georges Bidault prendra la pr�sidence du Conseil national de la r�sistance qui ne se r�unira alors plus qu?en commission ou en bureau.

La r�pression allemande sera terrible, pendant l?hiver 1943 et jusqu?� l?�t� 1944, des centaines de r�sistants, femmes, hommes, enfants, jeunes, moins jeunes furent arr�t�s, tortur�s, fusill�s, d�port�s et tr�s peu en reviendront. Donner abri et participer au bureau du C.N.R. �tait prendre un risque pour soi consid�rable, mais aussi pour ses proches.

Benard Lafaille, ing�nieur, tr�s t�t en ligne au sein de son administration fut suspendu de ses fonctions, recherch�, il aura la chance que d?autres n?auront pas il ne sera pas arr�t�.

C?est donc dans son appartement au 182 rue de Rivoli que par deux fois se r�unira le bureau du Conseil national de la r�sistance, Bidault, Parodi, Saillant et d?autres s?y crois�rent.

Le C.N.R. approuvera le 15 mars 1944 un texte, auquel faisait r�f�rence Jean VUILLERMOZ, � appliquer d�s la lib�ration du territoire national, 60 ans apr�s ces mesures nous paraissent souvent lointaines, presque d�su�tes puisque on y parle de libert� et de conscience, de libert� de la presse, de libert� d?association, de suffrage universel, d?�galit� absolue de tous les citoyens devant la loi, de la cr�ation effectivement de la S�curit� Sociale et du droit � la retraite.

C?est bien cette organisation coh�rente qui permettra que Paris se lib�re en quelques jours au prix, il faut le rappeler, de la vie d?un millier de r�sistants � Paris. C?est bien cette organisation pacifi�e qui permettra dans le reste du pays des op�rations coordonn�es et redonnera � notre pays ses lettres de noblesse, que certains avaient foul� aux pieds pendant plus de cinq ans.

Bernard Lafaille demande d�s 1947 qu?une plaque soit appos�e sur son immeuble et permette ainsi � ceux qui avaient particip� � ces r�unions et � cette aventure de se retrouver et de se souvenir de ceux qui ne viendraient plus.

M. Bidault lui ayant fait parvenir une attestation, le Maire du 1er de l?�poque donna son accord, puis essaya d?activer la Mairie de Paris en vain ! Pas assez spectaculaire !

Bernard Lafaille dispara�t en 1955 et ce n?est qu?en 2001 qu?un �tudiant faisant une th�se sur les travaux de cet ing�nieur, sp�cialiste des charpentes m�talliques, d�couvrit les correspondances relatant ces faits et expliquant ainsi qu?� son enterrement se trouvait Bidault, d?Astier de la Vigerie, L�o Hammon, Emile Bollaert, un repr�sentant de l?ambassadeur d?U.R.S.S. et un t�l�gramme tr�s chaleureux de Jacques Duclos, absent de Paris ce jour-l�.

Histoire ordinaire de ceux qui participent � l?histoire sans s?�tre glorifi�s. L?ignorance un peu hautaine des politiques deux ans apr�s la fin de la guerre, incitant au silence et au haussement d?�paule, Bernard Lafaille n?en parlera plus jamais.

Pour la m�moire de Bernard Lafaille, pour ses enfants, ses petits-enfants et aussi pour l?honneur de ceux qu?il y a plus de 60 ans d�cid�rent que la libert� de ceux qui suivraient, c?est-�-dire nous, et de ceux qui nous suivrons, c?est-�-dire nos enfants valait qu?ils prennent le risque de la souffrance et de la mort.

Je lis le texte ?Ici au printemps 1944, le bureau permanent du Conseil national de la r�sistance, mis en place apr�s l?assassinat de Jean Moulin a tenu deux de ses r�unions clandestines, alors que plusieurs responsables de la r�sistance venaient d?�tre arr�t�s par la gestapo?.

Je vous demande donc, mes chers coll�gues, de voter � l?unanimit� cette d�lib�ration, c?est un peu la m�moire d?hommes et de femmes dont nous sommes fiers et pourtant nous ne les avons pas connus.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen, communiste et ?Les Verts?).

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur LE GARREC.

Je donne la parole � M. LEGARET, maire du 1er arrondissement.

M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - Il est heureux de trouver au sein de notre Assembl�e des sujets d?unanimit� et des moments dans lesquels nous nous retrouvons dans cet exercice d?hommage et de m�moire. Il s?est pass� beaucoup de choses � Paris, tout particuli�rement dans le 1er arrondissement, mais il est vrai que ce fait �tait trop souvent ignor�, � proximit� imm�diate du si�ge de la ?Kommandatur?, � l?h�tel Meurice, se sont tenues en 1944, deux r�unions secr�tes du Bureau permanent du Conseil national de la R�sistance, pr�sid� par Georges Bidault apr�s l?assassinat de Jean Moulin.

Je crois que c?est un fait qui doit �tre rappel� et je suis tr�s heureux qu?au Conseil du 1er arrondissement, apr�s quelques mises au point, nous ayons pu nous retrouver unanimement pour donner un avis favorable sur ce projet de d�lib�ration que nous allons bien entendu, je l?esp�re, tous voter ensemble maintenant.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur LEGARET.

Je mets aux voix cette d�lib�ration DAC?

La r�ponse de l?Ex�cutif, j?imagine est favorable, mais, Madame CHRISTIENNE, excusez-moi de ne pas vous avoir donn� la parole.

Mme Odette CHRISTIENNE, adjointe, au nom de la 9e Commission. - Merci de me la donner maintenant. Je dois dire que pour une fois il est tr�s satisfaisant de pouvoir dire que j?adh�re totalement aux expos�s des trois intervenants. J?appr�cie particuli�rement bien s�r l?historique de M. LE GARREC. Je dis aussi que M. Jean VUILLERMOZ a expos� et mis en valeur les deux aspects : � la fois le renforcement de l?efficacit� de la R�sistance par le C.N.R. et, d?autre part, mis en �vidence, les programmes dont le volet �conomique et social �tait fondamental pour l?avenir et toujours d?actualit�, dirons-nous, puisqu?il y a des r�f�rences en ce moment au contenu de ces programmes assez mis � mal.

Je rappellerai que les mouvements de r�sistance souhaitaient le C.N.R. pour renforcer leur efficacit�, et le chef de la France libre le voulait pour conforter sa l�gitimit� face aux Alli�s, il ne faut pas oublier cela, et notamment face aux Am�ricains tr�s r�serv�s � l?�gard d?un g�n�ral inconnu, souvent per�u comme un apprenti dictateur.

Apr�s tout ce que vous avez �voqu�, Monsieur LE GARREC, je dirai l?ensemble des mouvements de r�sistance qui y ont particip� : le MUR pour la zone sud, l??Organisation civile et militaire?, ?Lib�ration-Nord?, ?Ceux de la Lib�ration?, ?Ceux de la R�sistance et, pour la zone Nord?, le ?Front national?, mais aussi les principaux courants politiques et syndicaux : le parti communiste, le parti socialiste, le parti radical-socialiste, les d�mocrates-populaires, l?Alliance d�mocratique, la F�d�ration r�publicaine, la C.G.T. et la C.F.T.C.

Le programme comportait � la fois une action imm�diate contre l?oppresseur et des mesures destin�es � instaurer d�s la lib�ration du territoire un ordre social plus juste.

Comme vous l?avez dit, ce programme du C.N.R. pr�voyait notamment la s�curit� de l?emploi, l?am�lioration des conditions de travail, la s�curit� sociale, le droit au travail et au repos, l?�gal acc�s � tous � l?instruction et � la culture et l?ind�pendance de la presse par rapport � l?Etat ou aux puissances de l?argent.

Nous appelons donc bien entendu � voter favorablement.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - A l?unanimit�. Merci, Madame CHRISTIENNE.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 475.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2004, DAC 475).

Novembre 2004
Débat
Conseil municipal
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