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2021 DAC 498 - Apposition de plaques commémoratives sur les lieux d'arrestation de la rafle du 14 mai 1941.


Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Nous examinons le projet de d�lib�ration DAC 498 relatif � l'apposition de plaques comm�moratives sur les lieux d'arrestation de la rafle du 14 mai 1941.

Pour commencer, je donne la parole � Marie TOUBIANA, pour le groupe Changer Paris, qui est en salle Webex.

Mme Marie TOUBIANA. - Madame la Maire, mes chers coll�gues, le 13 mai 1941, pr�s de 6.500 hommes juifs �trangers en grande majorit� des juifs polonais, mais �galement tch�ques ou apatrides furent convoqu�s pour le lendemain dans des centres de rassemblement sur convocation de la police fran�aise pour proc�der � ce qu?ils croyaient �tre un examen de situation.

La plupart s'y rendirent, ne pouvant imaginer une trahison de la part de la France, leur pays d'accueil. Arr�t�s sur le champ, ceux-l� furent envoy�s dans les camps d'internement de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande.

Et si l'id�e m�me de la solution finale n'avait pas encore �t� con�ue lors de leur arrestation, une majorit� d'entre eux firent ensuite partie des premiers convois vers Auschwitz.

A l'occasion du prochain 80e anniversaire de cette rafle, dite du billet vert, d'apr�s la couleur de la convocation, l'apposition de plaques comm�moratives sur les anciens lieux d'arrestation constituera un symbole puissant.

Le 52, rue Edouard Pailleron, dans le 19e, est un de ces lieux de sinistre m�moire. Ces plaques seront un pas important vers une meilleure connaissance et reconnaissance de cette premi�re vague d'arrestations massives de Juifs par le r�gime de Vichy. Une premi�re vague encore relativement m�connue. Ces plaques seront pr�cieuses pour la m�moire de ces hommes en partie oubli�s ou, comme l'�crivait Simone Veil en 2006 en pr�face d'un livre qui leur �tait consacr�, "de ces ombres resurgies au d�tour d'une anecdote, au regard d'une derni�re lettre griffonn�e sur un papier de fortune jet� du train, ou encore sur une photographie aux contours flous, qui montre les visages heureux d'une vie que l'on a supprim�e pour rien, dont on a bafou� impun�ment la dignit�". Je vous remercie.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Merci beaucoup, Madame TOUBIANA.

Je donne la parole � Ariel WEIL, maire de Paris Centre, pour le groupe PEC.

M. Ariel WEIL, maire de Paris Centre. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers coll�gues, effectivement, Marie TOUBIANA l'a tr�s bien dit, cette histoire de la rafle du billet vert est peut-�tre relativement m�connue, elle n'est peut-�tre m�me pas connue de tout cet h�micycle. Et pourtant, il s'agit de la premi�re rafle d'envergure des Juifs en France, le 14 mai 1941, ce sont plus de 6.000 qui sont convoqu�s par un billet vert dans plusieurs lieux parisiens pour un examen de situation.

Deux de ces lieux au moins sont situ�s dans le 3e et le 4e arrondissement, qui font aujourd'hui partie de Paris Centre, la caserne Napol�on et la caserne des Minimes.

Ces hommes se pr�sentent donc pour ce qu'ils croient �tre une simple v�rification d'identit�, accompagn�s d'un membre de leur entourage proche. Leur liste a �t� �tablie gr�ce au fichier de recensement mis en place � partir de septembre 1940 par les autorit�s fran�aises sur ordre de l'occupant allemand.

Cette convocation pour examen de situation, vous le savez, est un leurre, ils seront arr�t�s d�s leur arriv�e. Et ce sont 3.710 hommes pr�cis�ment qui seront ainsi intern�s dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, les camps du Loiret. Parmi eux, 3.430 Polonais, 123 apatrides, 150 Tch�ques, ils resteront dans ces camps plus d'un an, puis la majorit� d'entre eux sera d�port�e vers les camps d'extermination, dont celui d'Auschwitz.

La rafle du billet vert pr�c�de de 14 mois la rafle du V�l' d'Hiv'. Elle est bien moins document�e que celle-ci, mais elle m�rite pourtant que l'on s'y attarde et que des recherches soient men�es afin d'�tablir quels autres espaces ont �t� des lieux de rassemblement pour ces hommes. Il conviendra alors d'apposer de nouvelles plaques sur des lieux �ventuellement d�couverts.

Madame l'adjointe � la m�moire, ch�re Laurence PATRICE, je sais que tu seras d'accord avec moi, la m�moire est mouvante, elle n'est jamais fig�e, elle se nourrit des recherches historiques et s'amplifie au fur et � mesure des d�couvertes des historiens.

Notre connaissance de l'histoire ne s'arr�te pas.

C'est par loyaut� et sans m�fiance aucune que ces 3.710 hommes se sont rendus, ou plut�t le double, dans les commissariats et les casernes. C'est par confiance envers la France, le pays qui les accueillait et envers un syst�me administratif qu'ils respectaient, qu'ils ont pr�sent� patte blanche.

Laurent JOLY le rappelle tr�s bien dans "l'Etat contre les Juifs", il dit�: "la presse de zone occup�e � ordre de pr�senter l'op�ration", je le lis "comme 100�% fran�aise". Voil�, il montre bien dans tout ce livre comment, s'il s'agit de l'ex�cution d'ordres allemands par l'administration fran�aise, contrairement � la rafle du V�l' d'Hiv' qui, elle, prend la forme d'une cod�cision entre les Fran�ais et le r�gime nazi, la rafle du billet vert constitue tout de m�me l'une des premi�res �tapes de cette longue chute et de l'abandon de la France � la collaboration.

Les ordres donn�s en allemand sont verbaux et c'est ce qui explique le peu de traces retrouv�es par les historiens sur le sujet de la rafle du billet vert. C'est l� en quelque sorte un paradoxe puisque la propret�, la nettet� de l'administration fran�aise ne laisse paradoxalement pas assez d'archives dans ses tiroirs pour permettre aux historiens des jours d'apr�s de remonter le fil de cette rafle et d'identifier pr�cis�ment les lieux concern�s par cet �pisode dramatique de mai 1941 expliquant le projet de d�lib�ration dont nous d�battons ce jour. Je salue la d�cision d'honorer ces hommes par l'apposition de plaques comm�moratives sur les lieux o� ils furent rassembl�s, et je voudrais avoir ici une pens�e pour eux, pour ces hommes de la rafle du billet vert d�crits ainsi en 2006 par Simone Veil, Marie TOUBIANA je la cite aussi, mais une phrase diff�rente�: "Ce sont des tailleurs, des artisans, des pauvres gens, d'autres plus ais�s que l'on a d�port�s. Des familles enti�res venues d'Allemagne ou de Pologne, des �migr�s qui avaient confiance en la France comme en leur terre d'asile". Je vous remercie.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Merci � vous, cher Ariel WEIL, pour cette intervention. Pour vous r�pondre, je donne la parole � Laurence PATRICE.

Mme Laurence PATRICE, adjointe. - Merci, Madame la Maire, merci, Monsieur le Maire, et �galement ma coll�gue Marie TOUBIANA.

Effectivement, ce projet de d�lib�ration vise � travailler la m�moire, � mettre en avant la m�moire de cette rafle qui n'en �tait donc pas une r�ellement puisqu'il s'agissait de convocations, et qu'effectivement, ces hommes de 18 � 60 ans �taient donc sur la base du recensement des Juifs �trangers vivant en cette p�riode � Paris. Il faut signaler que vraiment ils y sont all�s comme si c'�tait une formalit�.

�videmment, c'est la premi�re vague d'arrestations massives sous le r�gime de Vichy, et qui devance la rafle du V�l' d'Hiv'.

J'ai souhait� que nous travaillions sur les diff�rents lieux de convocation et d�j� nous en avions signal� quelques-uns � la fois � Japy, � Austerlitz o� il y avait d�j� des plaques. Ce projet de d�lib�ration va nous permettre de mettre des plaques dans d'autres lieux, notamment � la caserne des Minimes, � la caserne Lobau tout � c�t� d'ici, � la rue de la Grange-aux-Belles dans le 10e arrondissement au n��33 et comme l'a dit Marie TOUBIANA, � Edouard Pailleron.

Cela aura lieu sur cette semaine, puisque le jour c'est le 14 mai, mais entre le 11, le 12 et le 13 mai nous ferons plusieurs c�r�monies. L'id�e �tait de faire travailler en amont les classes les plus proches des lieux qui vont �tre signal�s par des plaques. Evidemment, les conditions sanitaires ne l'ont pas permis, mais j'ai bon espoir que tout un travail puisse �tre fait par la suite par les �tablissements scolaires proches de ces nouveaux lieux.

Comme le disait Ariel WEIL, le maire de Paris Centre, les chercheurs poursuivent ce travail et ce projet de d�lib�ration servira donc de base � d'autres plaques � venir sur d'autres lieux qui seront d�voil�s au fil du temps.

Evidemment, c'est un travail que nous poursuivons dans le cadre de notre vive coop�ration avec le M�morial de la Shoah qui pr�voit aussi une programmation, notamment avec la mairie du 11e par le biais d'une belle exposition, puisque comme je vous le disais, les recherches avancent et le m�morial a pu avoir un don de photographies in�dites qui seront pr�sent�es devant le gymnase Japy.

Le 13e arrondissement fera �galement une c�r�monie pour le lieu � la gare d'Austerlitz, qui faisait converger tous les Juifs qui �taient alors d�port�s dans les camps du Loiret pour ensuite �tre assassin�s � Auschwitz. Je vous remercie de votre vote pour ce projet de d�lib�ration, qui nous permettra de rendre la m�moire vivante de tous ces Juifs �trangers qui ont �t� d�port�s. Je vous remercie.

(Mme la Maire de Paris reprend place au fauteuil de la pr�sidence).

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, ch�re Laurence PATRICE.

Je mets aux voix, au scrutin public, le projet de d�lib�ration DAC 498.

Le scrutin est ouvert.

(Il est proc�d� au vote �lectroniquement).

Le scrutin est clos.

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l'unanimit�. (2021, DAC 498).

Unanimit�, je crois, je vous remercie.

Avril 2021
Débat
Conseil municipal
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