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2021 DGRI 19 - DLH - Renouvellement du bail et subvention à la Maison des Journalistes.


M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Nous examinons maintenant le projet de d�lib�ration DGRI 19 relatif au renouvellement du bail et de l'attribution d'une subvention � la Maison des journalistes.

Je donne la parole � Boris JAMET-FOURNIER, qui est inscrit sur ce projet de d�lib�ration.

M. Boris JAMET-FOURNIER. - Absolument, Monsieur le Maire.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Allez-y, cher Boris.

M. Boris JAMET-FOURNIER. - Merci beaucoup.

Chers coll�gues, c?est une initiative unique au monde qu?il nous est propos� de soutenir ce matin. Une initiative qui aura vingt ans l?ann�e prochaine et qui a pour vocation de d�fendre les valeurs fondamentales d?une information libre, en accueillant, en soutenant et en accompagnant des professionnels des m�dias qui sont pers�cut�s dans leur pays et qui ont choisi de trouver refuge en France.

Ce beau projet, c?est la Maison des journalistes, qui a �t� fond�e par Dani�le OHAYON et Philippe SPINAU au d�but des ann�es 2000. Et parce qu?il ne faut pas attendre d?�tre priv�s d?un journalisme ind�pendant pour le r�clamer, c?est une initiative qui v�ritablement nous concerne tous et toutes.

Alors pourquoi c?est important�? Je veux dire quelques mots sur la situation de la Turquie, dont on a beaucoup parl� dans le d�bat public ces derniers jours. La pr�sidente GARRIGOS vient de le rappeler, on a parl� de la situation tragique de Fabien AZOULAY. Je me r�jouis d?ailleurs que le Conseil se saisisse du sujet. On a parl� aussi de la Turquie pour l?attitude v�ritablement grotesque, moralement scandaleuse et diplomatiquement assez ravageuse de son pr�sident Recep Tayyip ERDOGAN, qui n?a pas jug� utile de consid�rer la pr�sidente de la Commission europ�enne comme une interlocutrice cr�dible sur la base de son genre.

Mais ce dont on n?a pas parl� ou trop peu parl�, c?est la chasse aux m�dias critiques qui est men�e par le gouvernement turc aujourd?hui. Apr�s la liquidation de dizaines de m�dias et le rachat du plus grand groupe de presse turc par une holding proche du pouvoir, aujourd?hui l?�tau se resserre v�ritablement sur tout ce qui reste d?un journalisme critique et pluriel en Turquie. On a donc simplement une poign�e de titres qui sont harcel�s, qui sont marginalis�s, et �videmment les journalistes qui travaillent pour ces titres le sont �galement.

La Turquie, c?est brutal mais c?est ainsi, c?est la plus grande prison du monde pour les professionnels des m�dias. Aujourd?hui, en Turquie, passer plus d?un an en d�tention avant d?�tre jug� est devenu la norme et lorsque les condamnations tombent, elles peuvent aller jusqu?� la prison � vie incompressible.

Si ce genre de situations v�ritablement terribles, auxquelles font face les journalistes aujourd?hui dans le monde, et si les conditions d?exercice libre de la presse peuvent s?am�liorer dans quelques endroits, dans certaines zones, � certains moments gr�ce au travail inlassable de plusieurs organisations internationales, c?est aussi gr�ce au travail inlassable des journalistes qui sont sur le terrain et qui prennent le plus de risques.

Il faut se souvenir, de mani�re globale, que plusieurs dizaines de journalistes sont assassin�s chaque ann�e pour faire leur travail, que ce soit dans des zones de guerre ou dans des zones de paix, ce qui est important de mentionner. En ce moment, � l?heure o� nous parlons, il y a deux fois plus de journalistes emprisonn�s sur la plan�te que de membres de notre Assembl�e. Cela veut dire que pour chacun et chacune d?entre nous, d?entre vous, il y a deux personnes que l?on emp�che de faire leur m�tier. Le plus beau m�tier du monde, c?est celui de dire, de montrer, de d�crire, bref celui d?informer.

Donc, la Maison des journalistes r�pond concr�tement � ces menaces. Pour cela, elle b�n�ficie de la mise � disposition, via un bail civil par la Ville de Paris, d?un immeuble dans le 15e arrondissement d?une surface d?un peu plus de 500 m�tres carr�s. Afin d?aider l?association � louer ce local, la Ville accorde une aide en nature qui correspond peu ou prou au loyer annuel de ce local de 119.000 euros. Ces locaux servent aux activit�s d?h�bergement et de soutien des journalistes qui sont exil�s en France, mais aussi de sensibilisation de la population parisienne � la libert� de la presse, ce qui �videmment est tr�s important. La Ville de Paris accorde par ailleurs une subvention de 34.000 euros � l?association.

Pour terminer, je veux rendre hommage � Arnaud NGATCHA et � la DGRI pour leur engagement sur le sujet de la libert� de la presse. C?est d?ailleurs ensemble avec Arnaud NGATCHA, avec le maire Ariel WEIL, que nous avions appos� une banderole en soutien au journaliste alg�rien Khaled DRARENI sur la mairie de Paris centre, journaliste qui a depuis �t� lib�r�. Il faut �videmment s?en f�liciter.

Et je termine mon intervention en disant que ces situations sont moins lointaines qu?on le croit parfois. Dans notre pays, la journaliste Morgan LARGE a fait l?objet d?intimidations et de menaces. Elle a vu sa voiture sabot�e et a donc risqu� la mort avec sa famille, alors qu?elle enqu�te sur un certain nombre d?entreprises en Bretagne. On le voit, ce sont des situations terribles qui sont parfois plus proches qu?on ne le pense et il faut soutenir la Maison des journalistes avant d?avoir peut-�tre un jour � y recueillir des journalistes fran�ais, ce que l?on n?esp�re �videmment pas. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Boris JAMET-FOURNIER.

Je donne la parole � Antoinette GUHL, qui doit �tre �galement en salle Webex.

Mme Antoinette GUHL. - Monsieur le Maire, chers coll�gues, effectivement la Maison des journalistes est unique au monde et c?est une tr�s belle initiative parisienne pour la protection des journalistes en danger ou pers�cut�s � travers le monde, ainsi que pour la d�fense aupr�s des jeunes de la libert� de la presse. Aussi soutenons-nous sans r�serve, au groupe Ecologiste de Paris, l?attribution d?une dotation sous forme d?avantages en nature ou de subvention � cette structure.

L?ann�e 2020 est une ann�e noire pour la libert� de la presse. Deux sources, Reporter sans fronti�res et le Comit� de protection des journalistes, C.P.J., donnent des chiffres effarants�: 274 journalistes emprisonn�s, 26 tu�s.

Vous �voquiez la Turquie, Monsieur JAMET-FOURNIER, j?ajouterai la Chine, l?�gypte, l?Arabie Saoudite, la Bi�lorussie qui figurent tous les cinq parmi les plus r�pressifs � l?�gard des professionnels des m�dias. Ces pays ont d?ailleurs fait l?objet de nombreuses prises de position fortes de la part des Ecologistes au travers des nombreux v?ux que nous vous avons propos�s depuis le d�but de cette mandature.

Qu?en est-il en France�? Notre pays, symbole des droits de l?Homme et de la libert� � travers le monde, est � la 34e position mondiale en mati�re de libert� de la presse. Nous avons tous en t�te des atteintes graves � la libert� de la presse. En premier lieu, bien s�r, l?horrible attaque contre "Charlie", mais pas plus tard que la semaine derni�re, c'�taient les pressions subies par Morgan LARGE, vous les �voquiez, alors qu?elle enqu�tait sur les d�g�ts de l?agro-industrie en Bretagne. Mais encore, je pourrais citer les centaines de violations de la libert� de la presse par les forces de l?ordre lors des manifestations des "Gilets jaunes" ou, comble de l?ironie, lors des manifestations pour la libert� d?expression contre l?article 24 de la loi S�curit� globale.

Enfin, si la France est si mal class�e - 34e, je le r�p�te - c?est aussi parce que les m�dias fran�ais sont concentr�s dans les mains de quelques familles, je pourrais presque dire de quelques hommes au classement d?ailleurs des plus riches de France.

Lors de la derni�re mandature, le groupe Ecologiste de Paris avait soutenu sans rel�che, avec d?autres groupes politiques et je pourrais citer le groupe Communiste, l?installation de la Maison des m�dias libres � Paris. Une maison destin�e aux m�dias ind�pendants en France, � qui d?ailleurs le jury de "R�inventer Paris" avait pr�f�r� en son temps un projet musical dans le 11e. Depuis, les n�gociations ont �volu�, me dit-on, et il semble que cette maison va voir le jour. Pourriez-vous nous dire, Monsieur le Maire, ce qu?il en est de ce projet�? Ou, car je sais que ce n?est pas de votre responsabilit� directe, pourriez-vous demander � votre coll�gue en charge de nous transmettre dans les jours � venir l?�tat d?avancement de ce projet�?

Merci.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Antoinette GUHL.

Je donne la parole � Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Je me retrouve totalement dans les propos qui ont �t� tenus par les deux pr�c�dents coll�gues sur ce projet de d�lib�ration qu?il faut absolument soutenir parce que ce projet est extr�mement important, tr�s utile et il honore notre Ville.

Comme cela a �t� rappel�, la Maison des journalistes, depuis des ann�es, accueille, h�berge, soutient des journalistes qui sont exil�s en France et dont les droits, et les droits � la libert� de la presse, ont �t� totalement bafou�s. Il peut s?agir de demandeurs d?asile, il peut s?agir de r�fugi�s. Et le travail de la Maison des journalistes est aussi de sensibiliser la population, notamment les jeunes, justement sur l?enjeu de la bataille pour la libert� de la presse.

Je remercie les coll�gues qui ont insist� notamment sur la situation des journalistes turcs et kurdes. Je rappelle � celles et ceux qui pensaient, il y a quelques ann�es, que M. ERDOGAN �tait finalement un islamiste mod�r�, qu?un dirigeant politique, qui se revendique de l?islam politique, ne peut pas �tre mod�r� et cela am�ne forc�ment � cette logique. ERDOGAN incarne v�ritablement un fasciste islamiste nationaliste. La pers�cution dont sont victimes les journalistes de tous les m�dias qui sont ferm�s les uns apr�s les autres et qui remplissent les prisons est une situation inacceptable.

Je rappelle par ailleurs que la quasi-totalit� des dirigeants de l?opposition, notamment du mouvement HDP, se retrouvent en ce moment emprisonn�s. D?ailleurs notre Ville, notre Conseil s?�taient honor�s en faisant la d�put�e Le�la G�VEN citoyenne d?honneur de la Ville de Paris, m�me si, h�las, aucune c�r�monie n?avait pu se tenir du fait m�me de son emprisonnement. Je pense qu?il faudra trouver une forme pour pouvoir v�ritablement r�exprimer notre soutien � celles et ceux qui se battent en Turquie pour la libert� et la d�mocratie.

Je pense important, lorsqu?on vote une telle d�lib�ration sur la Maison des journalistes, de bien regarder que la France pays des droits de l?Homme, la France pays des libert�s, la France de la R�volution fran�aise de 1789 et qui doit de par le monde rayonner sur ces grands principes pour lesquels la question de la libert� de la presse est un pilier essentiel, la France n?a pas de quoi fanfaronner, elle est class�e en 34e position�! Ce n?est pas simplement parce qu?elle a �t� victime - tout le monde pense notamment aux attentats sur "Charlie Hebdo" - mais aussi parce que la politique m�me du Gouvernement fran�ais � l?�gard de la libert� de la presse pose probl�me, pose d�bat.

Avec la loi sur la s�curit� globale, la bataille sur l?article�24, il a �t� rappel� et il faut rappeler sans cesse le nombre de journalistes et de photographes qui subissent la r�pression violente des manifestations, pas simplement de la police mais la r�pression organis�e par l?encha�nement de la conduite des op�rations de maintien de l?ordre. C?est donc bien un probl�me dans la fa�on dont nos Gouvernements successifs ne respectent pas le droit de manifester et ne respectent pas la libert� de la presse.

Il a �t� rappel� que le probl�me des m�dias en France est aussi la concentration de l?ensemble des m�dias dans les mains d?une petite poign�e, d?une oligarchie de grandes richesses. Je rappelle que le programme du Conseil national de la R�sistance disait d�j� en 1945 qu?il fallait absolument emp�cher cette concentration et cette collusion entre le pouvoir �conomique, le pouvoir industriel et le pouvoir m�diatique. Un pays d�mocratique doit au contraire bien dissocier tout cela.

Pour conclure, je voudrais m?associer aux questions qui demandent�: o� en est-on de la Maison des m�dias libres pr�vue normalement boulevard Barb�s�? Si on pouvait nous informer du calendrier des travaux et de quand cette Maison des m�dias libres pourra enfin ouvrir, j?en serai ravie.

Je vous remercie et je pense que l?on votera tous et toutes ce projet de d�lib�ration.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Danielle SIMONNET.

Je donne la parole � Arnaud NGATCHA, pour r�pondre aux intervenantes et intervenants.

M. Arnaud NGATCHA, adjoint. - Monsieur le Maire, Mesdames les Conseill�res ch�re Antoinette GUHL et ch�re Danielle SIMONNET, Monsieur le Conseiller de Paris cher Boris JAMET-FOURNIER, je vous remercie tout d?abord pour vos mots de soutien en faveur de la DGRI et � mon encontre. Je vous remercie de me donner l?opportunit� de m?exprimer sur le projet de d�lib�ration DGRI 19 qui renouvelle le bail de la Maison des journalistes et lui accorde entre autres une subvention de fonctionnement.

C?est un projet de d�lib�ration que j?ai eu le plaisir de co-porter avec mon coll�gue Ian BROSSAT. Je le remercie d?abord pour cette belle collaboration entre nos deux administrations, afin de maintenir le soutien que nous accordons � la Maison de journalistes depuis ses premi�res heures, et je f�licite Ian BROSSAT pour tout le travail qu?il m�ne par ailleurs.

Ce projet de d�lib�ration t�moigne du fait que la Ville de Paris n?aura de cesse de lui renouveler son soutien. Il est primordial qu?une telle structure existe quand, encore au XXIe si�cle dans le monde, des campagnes de d�sinformation sont men�es et que les libert�s et des vies s?en trouvent menac�es.

La Maison des journalistes a h�berg� et accompagn� chaque ann�e depuis 2002 une trentaine de journalistes pers�cut�s qui ont trouv� refuge en France. Elle r�pond ainsi � notre aspiration � prot�ger la libert� de la presse, laquelle est intrins�quement li�e � notre combat pour la protection de la libert� d?expression et des droits humains � l?international.

Notre collectivit� a toujours soutenu avec constance la libert� d?expression et nous savons � quel point elle doit �tre ardemment d�fendue. Elle est facteur de d�veloppement au sein de nos soci�t�s et s?assurer de la libert� de la presse constitue une garantie pour la pr�servation de la d�mocratie. Notre Ville et les Parisiens ont pay� et paient encore un lourd tribut.

C?est pourquoi nous sommes fiers de contribuer � cette initiative qui, comme l?a rappel� Boris JAMET-FOURNIER, est unique dans le monde, ayant pour objet d?accueillir, d?h�berger et soutenir les journalistes exil�s en France, demandeurs d?asile et r�fugi�s, et de sensibiliser la population, en particulier les jeunes, � la libert� de la presse et aux valeurs citoyennes. En soutenant ce projet de d�lib�ration, vous manifestez votre soutien � la d�fense de ce droit reconnu comme essentiel par la communaut� internationale et vous contribuez � la continuit� de la politique de notre collectivit� dans la protection des droits humains.

J?ai eu l?opportunit� de visiter la Maison des journalistes au mois de novembre dernier et c?est avec le plus grand plaisir que j?ai pu rencontrer ses �quipes. Je vous invite � le faire, �videmment d�s que la situation sanitaire le permettra, parce que c?est vraiment un endroit tenu par des gens qui ont � c?ur de d�fendre cette valeur fondamentale. Merci beaucoup.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Arnaud NGATCHA.

Je vais vous inviter � vous connecter ou reconnecter pour que nous puissions proc�der au vote de ce projet de d�lib�ration.

Je mets donc aux voix, au scrutin public, le projet de d�lib�ration DGRI 19 - DLH.

Le scrutin est ouvert.

(Il est proc�d� au vote �lectroniquement).

Le scrutin est clos.

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2021, DGRI 19 - DLH).

Avril 2021
Débat
Conseil municipal
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