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M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Nous examinons maintenant le projet de d�lib�ration DEVE 16 relatif � la d�nomination "jardin Toussaint-Louverture" attribu�e � l?espace vert situ� 47, rue des Cendriers, dans le 20e arrondissement.

La parole est au maire du 20e arrondissement, M. �ric PLIEZ.

M. �ric PLIEZ, maire du 20e arrondissement. - Merci, Monsieur le Maire.

Mesdames et Messieurs, chers coll�gues, le nom de "Toussaint Louverture" - je l?ai constat� par moi-m�me�- ne dit pas grand-chose � beaucoup de jeunes Fran�aises et Fran�ais. C?est injuste, tant cet homme a marqu� de son empreinte son �poque et son pays, bien au-del� de la r�gion qui fut l?�picentre de sa vie publique militaire, puis politique.

Disons-le d?entr�e�: Toussaint Louverture n?�tait pas un saint. Le pragmatisme semble avoir guid� sa vie, � une �poque o�, bien souvent, il l?emportait sur toute autre consid�ration. Tout comme Bonaparte, qu?il eut � affronter, Toussaint Louverture �tait un chef et un militaire. Tout comme lui, il a travers� dans le combat cette �poque particuli�rement chaotique, en �pousant les causes qu?il a rencontr�es. Quelle est la part de conviction ou d?intuition qui animait alors les ressorts intimes de l?�me de ces hommes�? Est-il utile de tenter de le savoir puisqu?au bout du compte, cette travers�e lui a permis de construire au gr� des �v�nements une identit� politique propre, et finalement, un h�ritage singulier que nous c�l�brons aujourd?hui�?

N� esclave dans la colonie de Saint-Domingue en 1743, Toussaint se signale tr�s t�t par ses aptitudes � susciter l?adh�sion � sa personne. Affranchi relativement jeune, il prend le nom de "Toussaint Br�da". Quand la R�volution �clate en m�tropole, il est un notable �tabli de la colonie, propri�taire d?une plantation et des hommes qui y travaillent. Les esclaves noirs de la colonie se soul�vent pour obtenir leur libert� et sont rejoints par de nombreux hommes libres. Toussaint Br�da est de ceux-l�. Il r�v�le rapidement des talents militaires et d?organisateur qui le propulsent au poste de commandement de cette arm�e de lib�ration et le font remarquer du pouvoir r�volutionnaire jusqu?en m�tropole. Il gagne le nom de "Louverture" du fait de sa hardiesse au combat. Ce nom lui restera. La colonie de Saint-Domingue est alors partag�e entre l?Espagne et la France. Toussaint Louverture prendra le parti de la France et de l?abolitionniste r�volutionnaire. Il est nomm� g�n�ral des brigades en 1795 par la Convention.

Toussaint Louverture va poursuivre son ascension politique jusqu?� se dresser contre le pouvoir central et proclamer une constitution pour Ha�ti en 1802. �?en �tait trop pour Napol�on qui envoya un corps exp�ditionnaire pour abattre la s�dition. L?arm�e de Toussaint Louverture fut rapidement d�faite. Il fut emmen� en France avec sa famille, incarc�r� au fort de Joux, dans le Doubs. Il d�c�dera le 7 avril 1803 sans avoir pu conna�tre l?ind�pendance de son �le. C?est son ancien esclave et principal lieutenant militaire, Jean-Jacques Dessalines, qui proclamera l?ind�pendance de la R�publique de Ha�ti le 1er janvier 1804. Il reste que, par son action r�solue, Toussaint Louverture a permis l?�mergence de la Premi�re R�publique, issue d?une r�volte d?esclaves. Il a ainsi plus que contribu� � donner espoir, dignit� et fiert� � tout un peuple bris� et humili� depuis plus de deux si�cles.

Nous avons � le constater aujourd?hui�: le traumatisme de la colonisation, et la trag�die de la d�portation et de l?esclavage sont bien loin d?�tre purg�s. Cette douleur au c?ur des populations des Cara�bes s?est transmise. Elle a donn� naissance � une culture propre, qui cherche encore aujourd?hui � construire un bonheur sur ce champ de malheurs individuels et collectifs. Notre universalisme ne conna�t qu?un seul peuple. Il d�passe les origines et les convictions. Notre R�publique aime tous ses enfants de la m�me fa�on, d?o� qu?ils viennent. C?est notre honneur de ne pas trier, de ne pas discriminer. Mais notre R�publique doit-elle fermer son c?ur aux meurtrissures de certains groupes�? Je ne saurais me montrer cat�gorique sur ce point, tant il me para�t n�cessaire d?�couter davantage celles et ceux qui ont d� trop longtemps se taire.

Le 20e arrondissement va donc accueillir le nom glorieux d?un homme au parcours exceptionnel, qui, en jetant les bases de l?Etat de Ha�ti, eut le g�nie d?inventer la d�colonisation tout en opposant l?�mancipation des esclaves noirs. Il est donc juste que nos jeunes concitoyennes et concitoyens aient l?occasion d?appr�cier un pan de l?histoire du mouvement d?�mancipation humaine qui lie �troitement les Cara�bes � la France. La lutte pour l?�galit� animant Toussaint Louverture et ses compagnons produit encore du fruit aujourd?hui.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire du 20e arrondissement.

Je donne maintenant la parole � Mme Antoinette GUHL. Qui doit �tre en salle Webex�?

Mme Antoinette GUHL. - Est-ce que vous m?entendez, Monsieur le Maire�?

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - On vous entend, ch�re Antoinette GUHL.

Mme Antoinette GUHL. - Vous ne me voyez pas, par contre�? Si�? Si. Bien.

Monsieur le Maire, chers coll�gues, j?aimerais � mon tour saluer la nouvelle d�nomination du parc des Amandiers, appel� d�sormais "Jardin Toussaint-Louverture". S?il est des d�nominations qui r�tablissent une forme de justice, celle-ci en est une. Toussaint Louverture, esclave, chef r�volutionnaire, puis chef militaire, est celui � qui l?on doit la r�volution de Saint-Domingue, l?abolition de l?esclavage et ensuite, la R�publique de Ha�ti. Abolition qui interviendra - il faut le pr�ciser - apr�s son exil et sa d�portation en France m�tropolitaine.

C?est un honneur, pour le 20e arrondissement, riche de sa diversit�, d�sireux de plus d?�galit�, de voir cette grande figure de l?abolition de l?esclavage donner son nom � l?un de ses espaces verts. Cette d�nomination sera un symbole�: un symbole de combat et d?espoir pour notre jeunesse.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Antoinette GUHL.

Je donne la parole � Mme Rapha�lle PRIMET.

Madame la Pr�sidente.

Mme Rapha�lle PRIMET. - Mes chers coll�gues, nous sommes, nous aussi, tr�s heureux d?avoir pu trouver ce lieu, en plus dans le 20e arrondissement. Cela nous permettra de faire vivre sa m�moire et celle de la lutte contre l?esclavage. Nous attendons avec impatience l?inauguration, qui devrait avoir lieu le 10 mai pour la "Journ�e nationale des m�moires de la traite, de l?esclavage et de leur abolition".

En 1776, Toussaint Br�da - ainsi se nommait-il - obtint son affranchissement et �chappa � l?esclavage. En 1789, lorsqu?�clata la R�volution fran�aise men�e par la bourgeoisie d?affaires qui tenait entre ses mains le pouvoir �conomique et aspirait � obtenir le pouvoir politique, l?�le, compos�e de 30.000 blancs et de 40.000 mul�tres, jouissait d?une prosp�rit� notable gr�ce � l?exploitation de quelque 550.000 esclaves.

Le message �mancipateur de la R�volution fran�aise irrigue alors les consciences de tous les habitants des colonies. Les exploit�s remettent alors en cause les privil�ges �tablis et d�noncent la hi�rarchie sociale, revendiquant leurs droits � la libert� et � l?�galit�. Le 14 ao�t 1791, sous l?�gide de Dutty Boukman, Georges Biassou et Jean-Fran�ois Papillon, les esclaves du Nord, r�volt�s par leurs conditions et pouss�s par l?�lan r�volutionnaire venu de la m�tropole, entrent en insurrection contre l?oppression coloniale lors de la c�r�monie du Bois-Ca�man, acte fondateur de la r�volution ha�tienne. Toussaint Louverture, alors �g� de 48 ans et nourri des id�es des grands penseurs des "Lumi�res", s?engagea aux c�t�s des insurg�s et en devint la t�te pensante.

Cette r�volte, qui fait place � une v�ritable r�volution, transforme la colonie fran�aise de Saint-Domingue en premi�re R�publique noire libre du monde, sous le nom de "Ha�ti". C?est le premier pays des temps modernes � avoir pos� dans la r�alit� et avoir propos� � la r�flexion des hommes - et ce, dans toute sa complexit� sociale, �conomique et raciale - ce grand probl�me que le XXe si�cle s?essouffle � r�soudre, pour reprendre les mots d?Aim� C�saire qui a largement ?uvr� � la r�habilitation de Toussaint Louverture. Il le d�peint d?ailleurs moins comme un individu en action, avec ses passions et ses vertus, avec sa vie priv�e aussi, que comme l?agent clairvoyant et proph�tique d?une pouss�e de l?histoire.

Saint-Domingue est donc le premier pays des temps modernes � avoir pos� le probl�me colonial�: le premier pays o� s?est nou� ce probl�me, le premier pays o� il s?est d�nou�. Avec Toussaint Louverture, c?est la libert� de l?une des classes de la soci�t� coloniale qui a fait jour. Il fallait lib�rer toutes les classes. Pour les lib�rer toutes, il fallait lib�rer Saint-Domingue elle-m�me, remettre en jeu l?existence m�me de la soci�t� coloniale.

Toussaint Louverture, c?est aussi l?homme trahi, ou qui s?est laiss� trahir, par Napol�on Bonaparte, qui va r�tablir purement et simplement l?esclavage et refusera obstin�ment d?accepter la destin�e de la premi�re nation d?Am�rique latine � conqu�rir son ind�pendance. Toussaint Louverture finira ses jours dans un cachot du Jura, loin de la terre qu?il a lib�r�e, l�guant au nouveau monde l?exemple de la dignit� conquise par la lutte. En effet, la r�volution ha�tienne, m�re de toutes les r�volutions d?Am�rique latine, ouvrira la voie � l?�mancipation des peuples du continent de la tutelle coloniale europ�enne. En 1804, Saint-Domingue disparaissait avec son lib�rateur et Ha�ti naissait.

Mes chers coll�gues, je me permets de m?�carter un peu du sujet de ce projet de d�lib�ration pour parler ici du peuple ha�tien qui, dans l?indiff�rence g�n�rale des chancelleries occidentales et m�dias europ�ens, affronte l?une des phases les plus dramatiques de son histoire. Depuis 2018, le peuple ha�tien se mobilise contre le pouvoir corrompu et autoritaire de Jovenel MOISE. Les manifestations populaires ont �t� r�prim�es dans le sang. Plusieurs dizaines de personne ont perdu la vie. Mais le Pr�sident ha�tien continue de b�n�ficier au plan international du soutien de l?administration �tats-unienne, de l?Union europ�enne, et m�me, sous couvert de son �lection au suffrage universel, d?une partie des instances des Nations Unies. Pourtant, il dirige par d�cret depuis un an. Ha�ti conna�t une inqui�tante recrudescence des enl�vements contre ran�ons. Les protestataires d�noncent la collusion entre pouvoir et bandes criminelles. Utilisant un climat d?ins�curit�, il a d�cid�, par un d�cret pr�sidentiel ce vendredi 19 mars, d?instaurer l?�tat d?urgence pour une dur�e d?un mois, en jurant de restaurer ainsi l?autorit� de l?Etat dans les secteurs contr�l�s par des gangs arm�s. La France, en se taisant, prend une tragique responsabilit�.

Je voulais dire ici, puisque l?on parlait de Ha�ti, toute ma solidarit�, la solidarit� et le soutien de notre groupe aux mouvements citoyens, syndicaux et politiques en lutte pour les droits fondamentaux en Ha�ti.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Rapha�lle PRIMET.

Je donne la parole maintenant � Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Mes chers coll�gues, oui, c?est avec fiert� que nous allons pouvoir voter - je pense, � l?unanimit� - pour nommer un jardin du 20e arrondissement du nom de Toussaint Louverture. Comme l?ont dit les coll�gues pr�c�demment, notamment le maire du 20e arrondissement, c?est pour nous extr�mement important de pouvoir l?accueillir dans le 20e arrondissement, dans le quartier des Amandiers, dans ce jardin situ� au 47, rue des Cendriers.

Toussaint Louverture, comme cela a �t� dit, est un descendant d?esclaves noirs, lui-m�me affranchi, une figure de la r�volution ha�tienne et des mouvements d?�mancipation des colonies. Il fait partie de ces h�ros trop m�connus de la R�volution fran�aise. Il va jouer un r�le d�terminant dans la conqu�te de la libert� des esclaves, libert� arrach�e aux planteurs de Saint-Domingue, aujourd?hui nomm� "Ha�ti". Il participe, quand �clate la R�volution fran�aise, au soul�vement des esclaves noirs. Il fait preuve de tant de courage - le combattant militaire qui enfonce des br�ches - qu?on le nommera "Louverture" de ce fait.

C?est extr�mement important pour nous, non seulement de nommer, et donc, de faire ce travail de transmission de la m�moire de l?histoire, de notre histoire, mais il faudra accompagner la nomination de cette place. Car beaucoup ignorent qui �tait Toussaint Louverture. On voit bien que notre universalisme - ne l?oublions jamais - est une promesse. Ce n?est pas, h�las, une r�alit�. Si Toussaint Louverture a, pendant des si�cles, �t� � ce point ignor� et que la m�moire n?a pas �t� transmise, ce n?est pas du fait du hasard. Cette bataille pour rendre � nouveau visibles celles et ceux qui ont fait notre histoire et l?�mancipation des peuples contre l?esclavage, l?�mancipation contre la colonisation, il est important que nous fassions preuve de transmission de cette m�moire et de cette bataille. C?est en cela que nous pouvons contribuer au fait que, oui, si la R�publique est un id�al inachev�, la bataille doit continuer. Elle se fait aussi dans le choix de la m�moire.

Nous sommes dans un contexte particulier o�, pour d?autres, le plus important, c?est de rendre un hommage colossal � Napol�on. Napol�on, excusez-moi, mais je ne vois pas la fiert� qu?il y a � rendre hommage � Napol�on, qui, lui, comme le disait d?ailleurs une universitaire am�ricaine d?origine ha�tienne, Marl�ne DAUT�: "Napol�on n?est pas un h�ros � c�l�brer. Napol�on est un belliciste, raciste, qui a r�tabli l?esclavage dans les Cara�bes fran�aises".

Quand on choisit - nous, dans le 20e arrondissement - de nommer un jardin "Toussaint Louverture", nous assumons dans quel camp nous sommes�: celui de l?�mancipation.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Danielle SIMONNET.

Pour r�pondre aux oratrices et orateurs, je donne la parole � M. Jacques MARTIAL.

Je voudrais que Jacques MARTIAL puisse �tre �cout� dans un silence qui est celui de toute Assembl�e respectueuse.

M. Jacques MARTIAL. - Merci, Monsieur le Maire.

Merci, mes chers coll�gues. Merci, Monsieur le Maire du 20e arrondissement, �ric PLIEZ, Madame la Pr�sidente de la 2e Commission, Rapha�lle PRIMET, Antoinette GUHL, Danielle SIMONNET, pour toutes ces paroles que vous avez prononc�es au sujet de Toussaint Louverture.

Ce projet de d�lib�ration - que je rapporte avec Laurence PATRICE, avec Arnaud NGATCHA, et aussi avec Christophe NAJDOVSKI - porte sur la d�nomination du "Jardin Toussaint-Louverture" attribu�e � l?espace vert situ� 47, rue des Cendriers, dans le 20e arrondissement. Il y a 20 ans, �tait vot�e � l?unanimit� la loi Taubira, d�clarant la traite et l?esclavage de crimes contre l?humanit�. Cette loi et son autrice souhaitaient que cette histoire soit plus et mieux enseign�e, et connue, afin de permettre d?en d�construire les cons�quences n�gatives toujours � l??uvre dans nos soci�t�s. Aujourd?hui, nous vivons une �poque o� nous constatons l?�mergence de nouvelles formes de racisme, o�, sous couvert d?avoir une parole dite "d�complex�e" ou lib�r�e - lib�r�e de quoi, on peut se le demander�- on entend des discours et des propos aux relents clairement racistes, mais aussi des propos porteurs de haine, des propos porteurs de m�pris de l?autre, des propos qui clivent la soci�t� et favorisent les replis communautaristes. D?autres souhaitent d�boulonner des statues ou faire dispara�tre de l?espace public les noms de personnages, dont une partie de l?action est aujourd?hui condamnable et condamn�e.

La Maire de Paris a r�affirm�, d�s le d�but de cette mandature, sa volont� non pas de gommer l?histoire, mais de la faire mieux conna�tre et partager par toutes et tous. Tout comme elle a r�affirm� son souhait d?ajouter, dans l?espace public parisien, la pr�sence de personnages issus de la diversit�, h�ros de luttes pour la victoire des principes et des valeurs de notre R�publique. Ce fut le sens de la nomination du "Jardin Solitude" en septembre dernier. C?est le sens de la nomination de ce "Jardin Toussaint-Louverture" dans le 20e arrondissement.

Toussaint Louverture, vous l?avez dit, est un g�n�ral de l?arm�e fran�aise n� en esclavage en Ha�ti, en 1743, qui rach�tera sa libert� et s?affranchira de l?esclavage. Lorsque les noirs se soul�veront contre le maintien de l?esclavage en Ha�ti au d�but de la R�volution fran�aise, Toussaint Louverture qui, entre-temps, avait rachet� sa libert�, se joindra aux insurg�s. Il deviendra tr�s vite leur chef en raison de sa capacit� � percer, � ouvrir des lignes ennemies - d?o� son nom de Toussaint "Louverture" - mais aussi en raison des talents d?organisateur et de strat�ge dont il fera preuve. C?est donc sous son commandement que les anciens esclaves r�volt�s se transformeront en une arm�e form�e et entra�n�e. 4.000 soldats que Toussaint Louverture ralliera � la France lorsque celle-ci aura enfin proclam� l?abolition de l?esclavage, en f�vrier 1794. Ralliement qui entra�nera, en 1795, la capitulation des Espagnols qui renonceront � la partie de l?�le qu?ils occupaient.

Le 23 juillet, il est nomm� g�n�ral de brigade dans l?arm�e fran�aise. En mars 1796, g�n�ral de division. En 1798, il triomphe des Anglais, qui, comme en Martinique, ont �t� appel�s par les colons esclavagistes pour tenter d?emp�cher l??uvre de la R�volution fran�aise et l?abolition de l?esclavage. En 1801, pour comm�morer l?abolition de l?esclavage de 1794, il envahit la partie toujours espagnole de l?�le, qu?il unifie au-del� des clivages de couleurs�: noir, blanc, m�tis. Toujours en 1801, sans s?occuper de Paris, il proclame une constitution qui stipule�: "Il ne peut exister d?esclaves sur ce territoire. La servitude y est � jamais abolie. Tous les hommes y naissent, vivent, meurent et demeurent libres et Fran�ais". Ou encore�: "Tout homme, quelle que soit sa couleur, y est admissible � tous les emplois".

C?en sera trop pour Bonaparte qui a d�cid� de r�tablir l?esclavage dans les colonies et d�cid� aussi d?abattre Toussaint Louverture. Il enverra une arm�e de 20.000 hommes command�s par son beau-fr�re, le g�n�ral Leclerc. Malgr� les pertes qu?il fera subir � cette arm�e, Toussaint verra que la victoire lui �chappe. Il n�gociera une capitulation avantageuse. C?est en venant finaliser les termes de cette capitulation qu?il sera enlev�, transf�r� avec sa famille et intern� dans le fort de Joux, dans le Jura. Il succombera en avril 1803.

Les afro-descendants en Ha�ti, � Saint-Domingue, reprendront la lutte, �craseront le corps exp�ditionnaire fran�ais. La R�publique de Ha�ti sera proclam�e le 1er janvier 1804. Toussaint Louverture est donc bien un h�ros de la lutte contre l?esclavage. Son combat ouvrira la voie � l?ind�pendance de Ha�ti, faisant de cette �le la premi�re R�publique noire n�e d?une r�volte d?esclaves.

L?espace vert auquel nous nous proposons de donner son nom se trouve rue des Cendriers, � une encablure de la rue Louis-Delgr�s, h�ros malheureux de la m�me lutte des noirs guadeloup�ens contre le m�me r�tablissement de l?esclavage par Bonaparte. Rue Louis-Delgr�s, l� o� se trouve le fameux banc que l?auteur Toni Morrison offrit et inaugura � Paris en 2010, afin de permettre � tout le monde de s?asseoir un moment pour se reposer, r�fl�chir et aider � se souvenir des Africains r�duits en esclavage.

La d�pouille de Toussaint Louverture repose au Panth�on. En l?honorant ainsi et en donnant � ce jardin le nom de ce h�ros, Paris r�affirme sa vocation � �tre un livre autant qu?un mus�e � ciel ouvert, o� l?histoire de la France et celle du monde se lisent � travers le nom de ses rues, de ses quartiers, de ses jardins. "Il n?est jamais trop tard pour honorer les morts", devait d�clarer Toni Morrison en s?asseyant sur l?un de ses bancs en acier noir. Il n?est jamais trop tard non plus pour applaudir les vivants qui leur font honneur.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Jacques MARTIAL.

Je mets donc aux voix, au scrutin public, le projet de d�lib�ration DEVE 16.

Le scrutin est ouvert.

(Il est proc�d� au vote �lectroniquement).

Le scrutin est clos.

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l'unanimit�. (2021, DEVE 16).

Unanimit� pour Toussaint Louverture�!

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