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2021 DU 65 - Dénomination Promenade Gisèle Halimi (7e).


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous examinons le projet de d�lib�ration DU 65 concernant une d�nomination de promenade Gis�le Halimi, dans le 7e arrondissement.

Je donne la parole � Mme Dominique KIELEMO�S.

Mme Dominique KIELEMO�S. - Merci, Madame la Maire.

Lors de la s�ance des 6, 7 et 8 octobre 2020, vous avez �mis le souhait d'honorer la m�moire de Gis�le Halimi, avocate, militante f�ministe et femme politique franco-tunisienne d�c�d�e � Paris, dans le 7e arrondissement, le 28 juillet 2020. Une partie des berges de Seine du 7e arrondissement prendra donc le nom de Gis�le Halimi.

Qui �tait Gis�le Halimi�?

Je pense qu'ici, personne ne l'ignore, mais il est toujours bon de le rappeler.

Ze�za Ta�eb est n�e fille dans un monde socioculturel o� seule la naissance d'un gar�on peut r�jouir le c?ur d'un p�re ou d'une m�re. A 13 ans, elle entame une gr�ve de la faim pour ne plus assumer les t�ches m�nag�res dont ses fr�res �taient dispens�s. A 15 ans, elle refuse un mariage arrang� et tr�s bon �l�ve obtient un an plus tard le droit d'aller en France faire des �tudes de droit, car elle est boursi�re.

Gis�le Halimi deviendra une combattante inlassable du droit des femmes et une grande personnalit� de l'anticolonialisme. Avocate au Barreau de Tunis, elle se bat d�s le d�but pour �tre avocate et non avocat, et d�s ses d�buts professionnels elle d�fend les syndicalistes et ind�pendantistes tunisiens.

Puis, au Barreau de Paris, d�s les ann�es 1950, elle d�fend des militants du F.L.N. Tout d'abord, 44 d�tenus dont 17 femmes, dont les aveux ont �t� extorqu�s par la torture. Puis, en 1960 pendant la guerre d'Alg�rie, elle s'engage pour d�fendre Djamila Boupacha, accus�e d'avoir pos� une bombe, arr�t�e, mais aussi tortur�e et viol�e par les soldats.

Apr�s un premier proc�s militaire, elle obtient un proc�s civil. Djamila Boupacha est condamn�e � mort mais amnisti�e apr�s les accords d'Evian.

Simone de Beauvoir et de nombreux intellectuels fran�ais l'aident � m�diatiser ce combat. Elle ne cessera de d�noncer les tortures perp�tr�es pendant la guerre d'Alg�rie.

Mais elle est plus connue en France �videmment depuis 50 ans exactement, depuis 1971.

Gis�le Halimi est la seule avocate � signer le manifeste des 343 d�clarant avoir avort�, donc avoir viol� la loi. En r�alit�, beaucoup plus de 343 femmes ont sign� ce manifeste, mais seules les plus connues ont vu leur nom publi�. Ce manifeste r�clame le libre acc�s � l'avortement durement r�prim� � l'�poque. En 1972, Gis�le Halimi d�fend Marie-Claire, jeune fille de 16 ans ayant avort� et sa m�re qui l'y avait aid�e lors du proc�s dit "de Bobigny". Gis�le Halimi y plaide pour la l�galisation de l'avortement. Les deux femmes sont acquitt�es et la troisi�me obtient une peine avec sursis. Cela ouvrira la voie � la loi Veil de 1975. En 1978, elle d�fend deux jeunes femmes victimes d'un viol collectif. Sa plaidoirie lors du proc�s au tribunal d'Aix-en-Provence va faire �voluer les mentalit�s jusqu'� un changement l�gislatif en 1980 faisant reconna�tre le viol comme un crime, alors que jusque-l� le viol n'�tait qu'un d�lit, voire un simple attentat � la pudeur. Gis�le Halimi est �lue d�put�e en 1981. Avec Robert Badinter, ministre de la Justice, elle agit en faveur de la parit� en politique m�me si le vote de la loi instaurant des quotas est annul� par le Conseil constitutionnel. Elle agit en faveur de la loi abrogeant la distinction de la majorit� sexuelle pour les relations homosexuelles. Elle agit enfin pour la modification du serment d'avocat, car elle et Robert Badinter estiment qu'un avocat n'a pas � respecter des lois injustes et discriminantes. Par la suite, nomm�e ambassadrice de la France � l'UNESCO puis � l'ONU, elle continue � agir en faveur de la parit� dans la vie politique. D�s 1989, elle se prononce pour une loi interdisant le port du voile � l'�cole qu'elle qualifie d'apartheid sexuel. Elle d�fend �galement l'abolition de la prostitution et s'oppose � la G.P.A., consid�rant que le corps d'une femme n'est pas � vendre. Toute sa vie, Gis�le Halimi participe � l'�volution de la loi mais aussi � celle des mentalit�s, � la fois en tant qu?avocate, d�put�e, fondatrice avec Simone de Beauvoir du mouvement "Choisir la cause des femmes". Par ses combats, elle est pass�e du statut d'une femme risquant sa vie pendant la guerre d'Alg�rie � une personnalit� accueillant de nombreux hommages. Toute sa vie, Gis�le Halimi a fait preuve d'un f�minisme total et coh�rent. Elle dit d'elle�: "j'avais en moi une rage, une force sauvage, une volont� de me sauver". Je pense qu'elle m�rite �galement absolument d'avoir une d�nomination dans l'espace public parisien. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Madame KIELEMO�S, pour votre intervention, au nom du groupe Paris en commun. Je donne la parole � Emmanuelle RIVIER, pour le groupe Ecologiste de Paris. On ne vous entend pas du tout. Je propose d'appeler le service technique. On vous donne la parole plus tard.

La parole est � Mme Rapha�lle PRIMET, pour le groupe Communiste et Citoyen.

Mme Rapha�lle PRIMET. - Peu de femmes ou d'hommes ont eu un r�le aussi important dans l'�volution de la loi, mais aussi et surtout des mentalit�s. Gis�le Halimi nous a sans cesse rappel� la n�cessit� de combattre le colonialisme et de se battre pour les droits des femmes, � tout instant et en toute circonstance.

Elle �crivait dans les colonnes de "l'Humanit�" il y a 20 ans, des mots d'une actualit� toujours br�lante. La lutte anticoloniale et celle pour la dignit� de la femme supposent toutes deux un refus de l'oppression, de l'humiliation et de la domination.

Gis�le Halimi a fait beaucoup pour les droits des femmes en France, notamment lors du proc�s dit "de Bobigny" o� elle a plaid� pour la l�galisation de l'avortement, ouvrant la voie � la loi Veil en 1975.

Elle a �galement port� ce combat au-del� des fronti�res gr�ce � la clause de l'Europ�enne la plus favoris�e, visant � faire b�n�ficier aux femmes dans chaque domaine des lois les plus avanc�es de l'Union europ�enne.

Elle �tait un exemple de droiture et d'incarnation d'une certaine id�e de la France, celle de la justice et de l'�galit�, et que Paris se doit, pour poursuivre dignement ses combats, de lui rendre hommage et de faire vivre le devoir de m�moire.

Nous nous r�jouissons donc que suite � la proposition faite par notre groupe en octobre 2020, nous puissions aujourd'hui ancrer le nom de cette grande militante f�ministe et anticolonialiste dans l'histoire de Paris.

En octobre, nous avions �galement demand� � l'Etat que Gis�le Halimi repose au Panth�on aux c�t�s de Simone Veil et des grands hommes et femmes ayant m�rit� la reconnaissance nationale. Si c'�tait accept�, elle serait la sixi�me femme � y entrer. D'autres initiatives ont port� cette demande�: une p�tition en ligne qui a recueilli plus de 34.000 signatures�; une manifestation sur les r�seaux des collectifs f�ministes, qui a fait grimper le hashtag "Gis�le Halimi au Panth�on" en octobre sur Twitter�; derni�rement, � l'occasion de la journ�e internationale des droits des femmes de cette ann�e 2021, un rassemblement le 7 mars au Panth�on. Nous esp�rons encore une r�ponse d'Emmanuel MACRON. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Madame PRIMET.

Je donne la parole � Emmanuelle RIVIER, pour le groupe Ecologiste de Paris.

Mme Emmanuelle RIVIER. - Merci, Madame la Maire.

Chers coll�gues, mon son est maintenant r�tabli.

Zeiza Gis�le Elise Ta�eb, n�e le 27 juillet 1927 � la Goulette, dans un milieu modeste et traditionnel, est devenue la grande Gis�le Halimi, qui marquera de son nom la promenade des berges de Seine situ�e entre le pont de l'Alma et le pont des Invalides.

Que pouvons-nous lire sous la d�nomination "promenade Gis�le Halimi"�? Avocate, femme politique, f�ministe, autrice�? Nous connaissons son combat aupr�s des ind�pendantistes et il a �t� amplement rappel�. Nous connaissons peut-�tre moins bien son combat au sein du Barreau de Paris. C'est Gis�le Halimi qui a impos�, non sans mal et plaintes d�s 1949, qu'une femme puisse apposer la mention "avocate" sur sa plaque, sur son papier � en-t�te et ses cartes de visite, qu'elle ne soit pas condamn�e � s'intituler avocat et � se faire appeler confr�re, merci cons?ur.

C'est elle encore qui, en tant que d�put�e en 1982, fit voter la modification du serment d'avocate, pour qu'en soient supprim�es les mentions de "respect des autorit�s publiques, relation aux bonnes m?urs, et s�ret� de l'Etat". Nous lui devons la prestation de serment actuel beaucoup plus conforme au r�le de l'avocate, qui n'est pas d'ob�ir ni de se soumettre, prestation injustement connue sous le nom de "serment Badinter".

Il faut dire que Gis�le Halimi ne s'est jamais conform�e aux r�gles qu'elle estimait injustes. � l'�ge de 8 ans, non pas 13 ans, c'est ce que Gis�le Halimi �crit elle-m�me, alors qu?on lui ordonnait de faire le lit de ses fr�res et de les servir � table, quand eux �taient dispens�s de toute t�che m�nag�re, elle s'y refusa, essuya de multiples punitions, et finit par obtenir gain de cause au moyen d'une gr�ve de la faim.

Ce sentiment aigu de l'injustice ne la l�cha jamais. Elle refusa, � l'�ge de 16 ans, le mariage qu'on voulut lui imposer avec un homme du plus du double de son �ge. Elle obtint une bourse au m�rite pour entrer au lyc�e, puis aller faire son droit � Paris et pr�ter serment.

Au proc�s de Bobigny en 1972, o� elle d�fendait une jeune femme de 16 ans poursuivie pour avoir avort� � la suite d'un viol et poursuivie sur d�nonciation de son violeur aux autorit�s de police, elle plaida en ces termes�: "j'ai avort�. Je vous le dis messieurs. Je suis une avocate qui a transgress� la loi".

Elle fit publier la st�notypie du proc�s, ce qui �tait et reste interdit.

Ainsi, Gis�le Halimi ouvrit la voie � la loi Veil sur la d�p�nalisation de l'avortement et, plus tard, au remboursement de l'avortement.

Au proc�s d'Aix, Gis�le Halimi d�fendit un couple de jeunes campeuses sauvagement viol�es et pass�es � tabac par trois hommes en exp�dition punitive pour avoir �t� lesbiennes et avoir refus� leurs avances � deux reprises.

Malgr� l'avertissement du pr�sident, qui voulait que ce proc�s soit celui des accus�es et non pas celui du viol, Gis�le Halimi en fit le proc�s du viol. Elle obtint que les violeurs soient jug�s par la cour d'assises et condamn�s. Pour caract�riser un viol, il fallait alors la condition d'une p�n�tration vaginale, d'une �jaculation et de violences physiques, sinon ce n'�tait qu'un d�lit, une atteinte � la pudeur. Gis�le Halimi obtint une nouvelle d�finition du viol sans ces restrictions protectrices de l'honneur familial et de la filialisation paternelle, mais pas des femmes.

Elle fit voter aussi, et c'est moins connu, l'interdiction des enqu�tes de personnalit� sur les victimes de viols et d'agressions sexuelles. Ces enqu�tes iniques qui faisaient peser sur les victimes une pr�somption de responsabilit�, d'allumeuse et de culpabilit�. Un combat � poursuivre, tant cette pr�somption a la peau dure dans les pr�toires.

Enfin, je vais laisser la parole � Gis�le Halimi, qui s'adresse aux jeunes femmes qui pr�parent le monde de demain, en vous citant quelques extraits et la conclusion de son dernier ouvrage publi� � titre posthume�: "une farouche libert�", en forme de passage de flambeau. Apr�s un appel � la r�volution, ni plus ni moins, et le constat des in�galit�s qui persistent, Gis�le Halimi nous �crit�: "enfin, n'ayez pas peur de vous dire f�ministes. C'est un mot magnifique, vous savez. C'est un combat valeureux qui n'a jamais vers� de sang. Une philosophie qui r�invente les rapports hommes-femmes enfin fond�s sur la libert�. Un id�al qui permet d'entrevoir un monde apais� o� les destins des individus ne seraient pas assign�s par leur genre".

Un peu plus loin�: "Le combat est une dynamique. Si on arr�te, on d�gringole. Si on arr�te, on est foutu, car les droits des femmes sont toujours en danger. Soyez donc sur le qui-vive, attentives, combatives. Ne laissez pas un geste, un mot, une situation qui attente � votre dignit�, la v�tre et celle de toutes les femmes. Organisez-vous, mobilisez-vous, soyez solidaires. Pas seulement en �crivant #MeToo sur les r�seaux, c'est sympathique, mais cela ne change pas le monde."

Je lui laisse le mot de la fin, qui est le dernier mot de cet ouvrage, en esp�rant qu'il soit sous la d�nomination�: "On ne na�t pas f�ministe, on le devient", un clin d'?il � Simone de Beauvoir. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci � vous.

Je donne la parole � Mme SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Merci.

"Nous qui sommes sans pass�, les femmes, nous qui n'avons pas d'histoire, depuis la nuit des temps, les femmes, nous sommes le continent noir". Ces paroles de l'Hymne des Femmes en nous toutes r�sonnent, parce que Gis�le Halimi, cette avocate et militante infatigable a chang� nos vies, a contribu� � changer nos lois, a de fait contribu� de fa�on d�terminante � �crire notre Histoire avec un grand "H" et nous souhaitons d'ailleurs toutes et tous ici que cette grande femme entre au Panth�on. Le Conseil de Paris avait adopt� un v?u en ce sens et je tiens � saluer le mouvement f�ministe pour toutes les initiatives conduites en ce sens � l'automne dernier. Le dossier, pour l'instant, est entre les mains du Pr�sident de la R�publique, qui s'appr�te � lancer le processus de concertation pour la panth�onisation de ce grand nom des droits des femmes et de l'anticolonialisme. On attend toujours.

Dans ce projet de d�lib�ration, nous allons d�nommer une promenade au nom de Gis�le Halimi sur la partie de la promenade des berges de Seine entre le quai d'Orsay et le pont des Invalides, finissant � hauteur du pont de l'Alma et du quai de Branly.

Nous sommes tr�s fiers de pouvoir remercier Gis�le Halimi d'avoir consacr� sa vie � combattre pour notre farouche libert�, comme elle le d�nommait, pour notre �mancipation et nous souhaitons que notre R�publique la remercie.

Gis�le Halimi, nous lui devons la d�p�nalisation de l'avortement gr�ce au proc�s de Bobigny. Nous lui devons en partie la reconnaissance de ce droit inali�nable des femmes � disposer de leur corps. Nous lui devons en partie la criminalisation du viol en 1980 gr�ce au proc�s d'Aix-en-Provence. Nous lui devons aussi la loi mettant fin � la discrimination � l'encontre des personnes LGBT sur la majorit� sexuelle en 1982, instaur�e apr�s la d�p�nalisation de l'homosexualit� en 1981. Nous lui devons une vie engag�e dans le combat aux c�t�s des militantes et militants pour la d�pendance de l'Alg�rie et la reconnaissance des crimes de l'arm�e fran�aise pendant la guerre d'Alg�rie, pour l'ind�pendance de la Tunisie et pour la cause palestinienne.

Il est �crit sur le fronton du Panth�on�: "Aux grands hommes, la patrie est reconnaissante". 5 femmes y sont seulement, pour 73 hommes.

Alors, comme d'autres ici, je souhaite ardemment que prochainement, par l'entr�e de Gis�le Halimi au Panth�on, notre R�publique reconnaisse cette grande femme humaniste et � travers elle que toutes celles qui ont aussi lutt� soient aussi reconnues.

Nous les femmes, sommes la moiti� de l'humanit�, la moiti� du peuple fran�ais, la moiti� du peuple de Paris. Le r�le des femmes a �t� d�terminant dans chaque p�riode de notre histoire collective. Il est temps que de nouvelles femmes entrent au Panth�on. Il est temps que notre R�publique reconnaisse toute l'importance de ces combats f�ministes, anti-LGBT phobie, antiracistes et anticolonialistes dans notre histoire collective.

Pour l'instant, c'est ce projet de d�lib�ration, mais il faut que l'adoption de ce projet de d�lib�ration puisse aussi servir, par notre Assembl�e, � exiger la panth�onisation de Gis�le Halimi. Nous savons trop � quel point chaque acquis conquis est fragile. La m�moire et l'hommage de celles et ceux � qui nous les devons sont d�terminants pour les d�fendre et les �tendre.

Gis�le Halimi nous disait�: "ne vous r�signez jamais". Non, nous ne nous r�signerons jamais, ni � exiger l'entr�e de Gis�le Halimi au Panth�on, ni � poursuivre l'ensemble de ses combats.

Je vous lirai juste la derni�re strophe des paroles de l'Hymne des Femmes�: "reconnaissons-nous, les femmes, parlons-nous, regardons-nous, ensemble, on nous opprime les femmes, ensemble, r�voltons-nous�!". Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci � vous, Madame SIMONNET.

Je donne la parole � Rachida DATI, en tant que maire du 7e arrondissement, puisque cette promenade sera dans le 7e arrondissement. Vous avez la parole, Madame la Maire.

Mme Rachida DATI, maire du 7e arrondissement. - C'est un grand honneur pour moi que le nom de Gis�le Halimi prenne place dans le 7e arrondissement, cet arrondissement o� elle vivait.

Son engagement pour les droits humains aura marqu� toute sa vie. Sa vie de femme, sa vie d'avocate, sa vie de militante f�ministe. J'ai souvent l'habitude de dire que les combats pour les droits des femmes ne sont pas des combats de vie, mais des combats de survie. Quel parcours le montre mieux que celui de Gis�le Halimi�? Gis�le Halimi aussi l'�crivain, l'enfant qui � 10 ans osa aller jusqu'� une gr�ve de la faim pour appuyer son droit � la lecture. Elle aura aussi d�fendu ce droit fondamental pour l'�galit� qu'est le droit � la culture, au savoir, � la connaissance. En cette p�riode si particuli�re, si violente, de d�litement national, de tentation de renoncement collectif, je pense aussi � ce combat avec �motion. Je n'oublierai jamais nos rencontres, nos �changes lors de r�unions notamment en Tunisie, ce pays qu'elle n'a jamais oubli� et qui a fond� tant de ses combats. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame la Maire du 7e. Je donne la parole � Laurence PATRICE, pour r�pondre � l'ensemble de ce d�bat.

Mme Laurence PATRICE, adjointe. - Merci, Madame la Maire. Merci � toutes les intervenantes, puisqu'il ne s'agissait que de femmes.

Je propose aujourd'hui de concr�tiser l'hommage public de la Ville de Paris � Gis�le Halimi, suite au v?u port� en son temps par le groupe communiste, et qui �tait donc � l'automne dernier vot� � l'unanimit� de notre Assembl�e.

J'ai eu l'occasion, au nom de la Maire de Paris, d'�changer avec la famille de Gis�le Halimi, particuli�rement avec Jean-Yves HALIMI, qui la repr�sente. Nous avons pu ainsi travailler ensemble pour aboutir � ce bel hommage, notamment dans le libell� des plaques, je rassure l� Mme MONTANDON.

Je sais, Madame la Maire, que vous auriez aim� que la famille de Gis�le Halimi puisse assister � notre Conseil en ce moment. Les circonstances ne le permettant pas, je me permets de saluer en votre nom et au nom de toute l'Assembl�e M. Jean-Yves HALIMI qui, je le sais, suit nos d�bats et ce moment particulier sur Paris.fr.

C'est donc avec �motion que je vous propose d'exprimer la reconnaissance de notre ville au parcours de vie et de combats multiples de Gis�le Halimi, combats si essentiels pour les droits des femmes, mais aussi pour les droits des peuples. Par l?apposition d'une plaque comm�morative comme le souhaite sa famille, au 102, rue Saint-Dominique sur la fa�ade de l'immeuble o� elle a v�cu, travaill� pr�s de 50 ans, marquant ainsi son ancrage dans ce quartier du 7e arrondissement, o� donc elle a v�cu tr�s longtemps, comme vous le pr�cisiez, Madame DATI. En faisant entrer le nom de Gis�le Halimi dans la nomenclature officielle parisienne. Il semble important pour moi que chacune des d�nominations que j'�tudie soit le plus possible � un emplacement qui fasse sens, �cho au souvenir de la personne, au regard des circonstances de sa vie � Paris. Ainsi, la promenade sur berges qui portera le nom de Gis�le Halimi, non loin de son domicile, est justement l'endroit vivant fr�quent� par la jeunesse, o� elle aimait particuli�rement venir marcher, comme me l'ont confirm� ses fils. J'aime � penser qu'en nous promenant nous-m�mes d�sormais sur ce site exceptionnel des bords de Seine, nous pourrons imaginer sa silhouette fr�le � nos c�t�s, et surtout marcher dans les pas des valeurs que portait haut et fort Gis�le Halimi, au service de la justice et de la libert� pour toutes et tous. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Madame PATRICE.

Un mot en direction de la famille de Gis�le Halimi, lui dire que je suis tr�s heureuse que notre Conseil, peu de temps apr�s le d�c�s de cette tr�s tr�s grande figure parisienne et grande figure du f�minisme, nous ayons d�cid�, je crois � l'unanimit�, de lui accorder un nom, son nom, dans un espace prestigieux de notre capitale.

Je voudrais dire aussi quelques mots plus personnels. J'ai eu la chance de rencontrer Gis�le Halimi, notamment lorsque j'ai �t� adjointe en charge de l'�galit� entre les femmes et les hommes et du Bureau des temps, en 2001. Elle m'a accompagn�e dans cette mission, avec son exigence, avec �videmment toute cette belle exp�rience. Je n'oublierai jamais la fa�on dont elle m'a accompagn�e dans les premiers pas d'une d�l�gation sur l'�galit� femmes-hommes ici � la Ville.

Elle a beaucoup contribu� � mettre en place ce que nous avions cr��, qui depuis avec notamment H�l�ne BIDARD, que je salue et remercie beaucoup, a �t� poursuivi, amplifi�, mais nous avions cr�� � l'�poque l'observatoire de l'�galit�, qui donnait corps au fait que les associations f�ministes �taient v�ritablement dans un r�le quasiment de service public, l� o� les services publics de la Ville ou de l'Etat n'avaient pas forc�ment mis en place des d�marches permettant d'accueillir les femmes. Je pense aux femmes victimes de violence, mais aussi aux questions relatives � l'�galit� professionnelle femmes-hommes. C'est avec beaucoup d'�motion que je pr�side cette s�ance, qui donnera le nom de Gis�le Halimi � cette promenade du bord de Seine, � proximit� de son domicile. Je pense que lorsque nous nous prom�nerons sur ce quai, nous penserons vraiment � elle, � ses combats, � son inspiration, et que bien s�r son inspiration demeure pleine et enti�re. Je vous remercie et vous propose maintenant de proc�der au vote du projet de d�lib�ration DU 65.

Je mets donc aux voix, au scrutin public, le projet de d�lib�ration DU 65.

Le scrutin est ouvert.

(Il est proc�d� au vote �lectroniquement).

Le scrutin est clos.

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l'unanimit�. (2021, DU 65).

En tous les cas, je vous remercie. L� aussi, je crois que notre Conseil s'honore � la fois de la s�r�nit� du d�bat et de l'unanimit� qui vient couronner ce d�bat autour de la grande figure de Gis�le Halimi.

V?u d�pos� par le groupe Paris en commun

Avril 2021
Débat
Conseil municipal
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