retour Retour

Vœu déposé par les groupes “Les Verts” et communiste relatif à la pratique d’examens en vue de la détermination de l’âge chronologique de jeunes étrangers isolés sur le territoire parisien. Vœu déposé par l’Exécutif relatif aux mineurs étrangers isolés.


M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Nous passons � l?examen de deux v?ux, le n� 5 G d�pos� par le groupe ?Les Verts? et le n� 5 G bis d�pos� par l?Ex�cutif, relatifs aux mineurs �trangers isol�s sur le territoire parisien. Ces v?ux ne se rapportent � aucun projet de d�lib�ration.

Mme DUBARRY pr�sente la proposition de v?u n� 5 G. Mme STIEVENARD r�pondra et pr�sentera, j?imagine, le v?u n� 5 G bis de l?Ex�cutif.

Madame DUBARRY, vous avez la parole.

Mme V�ronique DUBARRY. - Le Code de l?action sociale et des familles organise la protection administrative des mineurs sans repr�sentant l�gal. Lorsque des parents sont incapables d?exercer leur autorit� parentale, ou bien le juge des enfants confie le mineur � l?Aide sociale � l?Enfance (A.S.E.) ou bien le juge des tutelles organise la tutelle de ces mineurs.

Le Code civil pr�cise �galement que lorsque aucun parent ou alli� de l?enfant n?est pr�sent pour faire partie du conseil de famille, le juge d�clare la tutelle vacante et la confie obligatoirement � l?Aide sociale � l?Enfance du Conseil g�n�ral.

Ainsi, quelle que soit l?intervention judiciaire, un jeune mineur isol� sur le territoire parisien est en droit de b�n�ficier de la protection des services de l?Aide sociale � l?Enfance.

Or, il arrive r�guli�rement que l?Aide sociale � l?Enfance fasse appel des d�cisions du juge des tutelles et requi�re une expertise m�dicale en vue d?�tablir la majorit� ou la minorit� de la personne concern�e.

Il se trouve que la m�thode d?�valuation de l?�ge la plus couramment utilis�e se fonde sur des radiographies compar�es � des clich�s de r�f�rence qui existent sur des tables de clich�s d?une population am�ricaine d?origine caucasienne d�crite dans les ann�es 1930 et 1940 ou bien d?une population britannique de classe moyenne des ann�es 1950.

Ces planches donnent une information statistique visant � d�terminer un �ge biologique et non chronologique. L?�ge chronologique est celui qui figure dans nos documents d?identit�. Il n?est pas n�cessairement �quivalent � l?�ge biologique qui est calcul� � partir de diff�rents facteurs (hygi�ne de vie, patrimoine g�n�tique, environnement?).

Comme le souligne le Comit� consultatif national d?�thi-que, comme le rel�ve le Comit� des droits de l?enfant aupr�s du Haut Commissariat aux Droits de l?Homme des Nations Unies et comme l?a �galement soulign� l?Inspection g�n�rale des Affaires sociales, ces m�thodes sont caduques et ne permettent pas des d�terminations pr�cises de l?�ge des mineurs �trangers. Ces trois organismes pr�conisent une tr�s grande prudence et recommandent une utilisation circonstanci�e, techniquement irr�prochable et prudente.

C?est la raison pour laquelle le groupe ?Les Verts? et le groupe communiste vous soumettent ce v?u ainsi libell� : que la Mairie de Paris suive les recommandations du Comit� consultatif national d?�thique et du Comit� des Droits de l?Enfant aupr�s du Haut Commissariat aux Droits de l?Homme des Nations Unies et que les services de l?A.S.E. ne requi�rent plus ces examens (expertise osseuse, expertise dentaire, examen clinique des signes de pubert�) trop intrusifs, et dont les r�sultats comportent une variance trop importante eu �gard aux enjeux.

Je vous remercie.

M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Merci. J?ai oubli� de dire que cette proposition de v?u �tait �galement pr�sent�e par le groupe communiste. Je vous pr�sente mes excuses.

Je donne la parole � Mme STIEVENARD.

Mme Gis�le STIEVENARD, vice-pr�sidente. - Le v?u d�pos� par les groupes ?Les Verts? et communiste soul�ve une vraie question qui pr�occupe de longue date les D�partements et les associations de d�fense des droits de l?Enfant. En effet, les D�partements sont conduits r�guli�rement � solliciter le Parquet des mineurs pour faire proc�der � un examen d?�ge physiologique, quand les services se trouvent dans l?incapacit� d?appr�cier la minorit� d?un jeune, qui conditionne sa prise en charge � l?Aide sociale � l?Enfance.

Chacun comprend ais�ment que l?abandon pur et simple de cet examen n?est pas envisageable, car nous avons besoin d?un support objectif qui motive nos d�cisions. Sachez qu?� Paris, nous avons accueilli, dans les services de l?Aide sociale � l?Enfance, plus de 580 jeunes mineurs �trangers isol�s en 2005, issus de 44 pays diff�rents qui, parfois, ne disposent pas d?�tat civil permettant de justifier l?�ge des jeunes arrivant sur notre territoire ou alors nous avons des documents sans photo qui nous sont pr�sent�s. Pour ces raisons, l?ensemble des d�partements sollicite des examens m�dicaux, lorsqu?il y a un doute sur l?�ge du jeune et en l?absence de justificatif, quand on est dans la zone qui approche la majorit�. Nous veillons, gr�ce au travail de l?�quipe de l?unit� m�dico-judiciaire de l?h�pital Trousseau, � ce que l?examen radiologique soit compl�t� par un examen physiologique plus pouss� qui croise plusieurs donn�es, afin de limiter les marges d?erreur.

De plus, si un doute persiste quant � l?�ge du jeune apr�s examen, c?est toujours l?�ge le plus favorable qui est retenu pour la prise en charge, en tout cas � Paris, sachant que nous soutenons des jeunes au-del� de leur majorit�, d�s lors que le service les a pris en charge pendant leur minorit�.

Cependant, comme l?a soulign� le Comit� consultatif national d?�thique, les techniques m�dicales actuellement utilis�es ne sont pas satisfaisantes. Vous l?avez dit, Madame DUBARRY, et c?est vrai, elles n�cessitent d?�tre rapidement am�lior�es au plan national.

En outre, je rappelle � notre Assembl�e que les d�partements les plus concern�s par l?arriv�e massive de ces jeunes, tr�s mobiles sur le territoire national, demandent depuis plusieurs ann�es � l?Etat de prendre en charge ces mineurs pendant la p�riode initiale n�cessaire � l?�valuation de leur situation et � la recherche de l?autorit� parentale, qui requiert notamment le concours du Minist�re des Affaires �trang�res.

Le Pr�fet de R�gion a d?ailleurs reconnu le caract�re l�gitime de cette demande dans un rapport remis au Gouvernement en juin 2003. H�las ! Ce rapport n?a pas �t� suivi d?effets favorables, malgr� l?urgence humanitaire des situations �voqu�es.

Nous avons un budget d�di� � la protection de l?enfance qui est en forte croissance depuis 2001. Nous diversifions qualitativement et quantitativement nos efforts en faveur des 5.300 jeunes qui nous sont confi�s et dont nous assurons la prise en charge physique. Il reste que l?A.S.E. est de plus en plus souvent sollicit�e par de jeunes adultes, victimes du durcissement des politiques nationales � l?�gard des �trangers, qui sont aberrantes et que nous d�non�ons avec vigueur, tout comme vous.

Pour toutes ces raisons, je vous invite, si vous voulez bien l?accepter, � retirer le v?u que vous aviez initialement d�pos� et � voter favorablement un v?u de l?Ex�cutif. Celui-ci demande que le Pr�sident du Conseil g�n�ral saisisse le Gouvernement, � l?occasion de la pr�paration du projet de loi relatif � la protection de l?enfance, afin que l?Etat participe � la prise en charge initiale des mineurs �trangers isol�s et qu?il red�finisse une proc�dure nationale plus fiable pour �tablir la minorit� du jeune, en constituant un comit� scientifique � cet effet.

Enfin, que le D�partement proc�de, lorsqu?il y a doute sur l?�ge du jeune, � un examen croisant des donn�es psychologiques, sociales et culturelles, et que les examens m�dicaux ne soient sollicit�s qu?en dernier recours.

M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Merci, Madame STIEVENARD.

Je me tourne vers Mme DUBARRY. Est-ce que le dispositif tr�s clair qu?a propos� Mme STIEVENARD a votre faveur ? Auquel cas, vous pourriez retirer la proposition de voeu n� 5 G.

Je vous donne la parole.

Mme V�ronique DUBARRY. - Merci, Monsieur le Pr�sident.

Sur le premier point de ce v?u, vous avez notre entier accord, puisque de nombreuses associations ont, par ailleurs, saisi les instances nationales et vont dans le m�me sens que vous. C?est v�ritablement l?une des premi�res choses � faire.

Le deuxi�me point en d�coule.

Sur le troisi�me point, il nous semble effectivement important que l?Aide sociale � l?enfance soit prudente et n?utilise, respectant et reprenant en cela les pr�conisations que vous rappeliez du C.C.N.E., les examens m�dicaux qu?en dernier recours. C?est vraiment le point qui nous para�t le plus important.

En vertu de ces trois points et de ces trois propositions, nous retirons notre v?u.

Cependant, j?aimerais - peut-�tre que Mme G�GOUT le redira �galement - que, conform�ment � ce que nous avions d�cid�, convenu ensemble, il soit rappel� que c?�tait sur proposition des groupes ?Les Verts? et communiste que ce v?u a �t� d�pos�.

Je vous remercie.

M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Je l?ai rappel� tout � l?heure et je demande au groupe communiste, � son Pr�sident ou � Mme G�GOUT, s?ils acceptent, eux aussi, de retirer cette proposition de v?u en faveur du 5 G bis ?

Madame G�GOUT, vous avez la parole.

Mme Catherine G�GOUT. - Oui, tout � fait, puisque nous nous associons aussi � l?analyse faite par Gis�le STIEVENARD sur les moyens n�cessaires? ou plut�t les moyens mis � disposition par notre collectivit� pour l?Aide sociale � l?enfance. Cela, c?est tout � fait clair.

D?autre part, nous ne sous-estimons absolument pas les difficult�s �normes auxquelles doit faire face l?Aide sociale � l?Enfance pour la prise en charge de ces jeunes.

D?un autre c�t�, � la fois personne ne conteste que ces examens ne sont pas fiables? et, ont des fourchettes d?appr�ciation vraiment tr�s insuffisantes. En m�me temps, il faut bien que l?A.S.E. d�termine, � un moment donn�, si elle accepte la prise en charge ou non d?un enfant, donc s?il est mineur.

Il est vrai que le croisement de toutes ces donn�es peut permettre, � condition d?utiliser avec prudence les examens m�dicaux et de faire cela en concertation d?une fa�on pluridisciplinaire, d?avoir une meilleure approche, en tenant compte du comportement du jeune, de sa situation, etc.

Nous sommes donc tout � fait d?accord pour travailler ensemble � une am�lioration du dispositif.

M. Christian SAUTTER, pr�sident. - Merci, Madame G�GOUT.

La proposition de voeu 5 G est donc retir�e.

Je mets aux voix, � main lev�e, le voeu d�pos� par l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le v?u est adopt�. (2006, V. 4 G).

Février 2006
Débat
Conseil général
retour Retour