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2021 DAC 366 - Subventions (263.900 euros) à vingt-sept associations oeuvrant dans le domaine de la mémoire et signature de deux conventions pluriannuelles d'objectifs.


M.�Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Nous examinons le projet de d�lib�ration DAC 366�: subventions � 27 associations ?uvrant dans le domaine de la m�moire et signature de deux conventions pluriannuelles d'objectifs. La parole est � Rudolph GRANIER.

M.�Rudolph GRANIER. - Merci, Monsieur le Maire.

Je souhaite intervenir sur ce projet de d�lib�ration DAC 366 et le flot d'associations qu'il nous est propos� de subventionner, mais plus particuli�rement une, l'association "Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871" pour un montant de 12.000 euros.

Sur le site Internet de cette association figure une analyse tr�s contestable de l'�dification du Sacr�-C?ur. Je passe, mais je vais quand m�me vous le dire, sur la copr�sidence de cette association, notamment par d'anciens membres de la direction du Parti Communiste Fran�ais, et non seulement cette association glorifie les �v�nements les plus violents de la commune, mais elle se livre �galement � une guerre ouverte des m�moires. Je pense en particulier � sa p�tition en ligne contre l'inscription, dossier d�j� ancien mais nous y reviendrons, aux monuments historiques de la Basilique du Sacr�-C?ur.

Sur la base d'arguments lacunaires et contestables, "Les Amies et Amis de la Commune 1871" ont appel� � refuser cette mesure de protection pourtant essentielle. En r�alit�, l'histoire voudrait plut�t que l'on s'�tonne d'un classement aussi tardif.

Certes, cet acharnement contre un �difice ne devrait pas nous surprendre, la Commune n'a pas �t� l'amie des monuments � Paris, � commencer par l'H�tel de Ville dont l'incendie a ravag� toutes les archives. Je citerai �galement le palais des Tuileries ou le Conseil d'�tat, en passant par le palais de la L�gion d'honneur pour ne citer que quelques-uns. Les incendies de la Commune ont d�truit des pans entiers de la Capitale.

Mais il ne s'agit l� que d'une zone d'ombre de la Commune, et en voici d'autres rapport�es par la plume d'Emile Zola dans son roman "La d�b�cle" et j'ose esp�rer que vous m'accorderez qu'Emile Zola ne fut pas exactement l'homme de l'arri�re-garde et des combats r�actionnaires. Je le cite�: "son grand mal - en parlant de la Commune - surtout venait des rivalit�s qui la d�chiraient, du soup�on rongeur dans lequel vivait chacun de ses membres. Beaucoup d�j�, les mod�r�s, les inquiets n'assistaient plus aux s�ances. Les autres agissaient sous le poids des �v�nements, tremblaient devant une dictature possible, en �taient � l'heure o� les groupes des assembl�es r�volutionnaires s'exterminaient entre eux".

Pour remettre un peu l'�glise au milieu du village, je me permets de vous proposer quelques rappels historiques. Le projet d'�difier le Sacr�-C?ur date d'avant la Commune, en janvier 1871, alors que la Commune ne commence qu'au mois de mars et les historiens s'accordent sur le fait que le v?u national � l'initiative du chantier visait � expier la d�faite de Sedan et la confiscation des Etats pontificaux. Il appartient � cette majorit� aujourd'hui de cesser d'alimenter une pol�mique inutile, un conflit de m�moire d�phas� avec la r�alit�.

La r�alit�, je vous la rappelle �galement, le Sacr�-C?ur est devenu depuis un monument embl�matique du paysage parisien, un atout patrimonial essentiel pour les Fran�ais comme pour les �trangers, pour le monde entier.

Il est le deuxi�me lieu le plus visit� de la Capitale apr�s la cath�drale Notre-Dame, et donc le plus visit� depuis le dramatique incendie que nous avons connu, c'�tait plus de 11�millions de personnes en 2019, et ce classement tr�s tardif comme je vous l'expliquais d�j�, alors qu?il s'agit d'une mesure essentielle pour s'assurer d'une meilleure protection du monument dans son ensemble.

Enfin, il s'agit d'une reconnaissance sur le plan architectural et patrimonial et d'un int�r�t public du point de vue de l'histoire et de l'art.

Mais en 2020, mes chers coll�gues, personne ne vous a entendu contester l'inscription de cet �difice au titre des Monuments historiques.

Aujourd'hui, vous vous saisissez de mani�re opportuniste du classement de cet �difice majeur aux yeux du monde et de Paris. Les contributions financi�res offertes comme la protection patrimoniale sont au c?ur du sujet et non le d�voiement de la lecture historique que vous proposez. Consid�rant les finances de la Ville de Paris, vous seriez bien en mal de le�on pour ne pas laisser un tel monument en p�ril.

Et j'en tiens pour preuve le v?u des �cologistes pr�sent� en Conseil d'arrondissement le 20 janvier dernier et depuis lors retir�. Alors que vous souhaitiez privil�gier la concorde, vous n'ameniez qu'une suite de contrev�rit�s historiques visant � traduire une unit� de fa�ade en 2021. Unit� bien en peine depuis le d�but de cette mandature, car il existe un biais. Il en existe m�me plusieurs, autant que les diff�rents combats men�s par les Communards de Paris.

A titre d'illustration et pour bien marquer vos perp�tuels d�saccords, je me dois de rappeler que la Ville de Paris a �mis un avis favorable � travers Karen TA�EB, adjointe, pour l?inscription de l'�difice au titre des monuments historiques. Alors, quels sont vos objectifs sourds�? Comment ne pas y voir une mani�re de souder l'Ex�cutif et cette majorit� de la Ville autour d'Anne HIDALGO et de son projet pr�sidentiel par un parti-pris m�morial�?

Mais nous ne sommes pas dupes et nous savons d�j� que ce projet pr�sidentiel, dont on ne conna�t rien, � part le d�laissement du fauteuil de maire, rassemblera certainement moins de personnes que le nombre de Fran�ais, 10�millions, qui ont particip� � la souscription nationale pour l'�dification de la Basilique du Sacr�-C?ur.

Nous ne sommes pas dupes non plus � constater que votre majorit� est bien moins solide que la pierre du Ch�teau-Landon dont est fait le Sacr�-C?ur. Et pire encore, vos r�glements de comptes � travers les r�seaux sociaux, la presse, vos d�bats ici, ne laveront pas cette majorit� comme la pierre des carri�res de Souppes-sur-Loing se r�g�n�re, pierre avec laquelle est b�ti le Sacr�-C?ur.

Au jour le jour ici maintenant, nous assistons comme tous les Parisiens � la l�chet� de la minorit� au sein du bloc tel que d�crit par F�lix Pyat. La soupe politique finalement est bien meilleure que ses propres convictions.

Vous vous posiez en h�ritier d'un certain f�minisme, il n'en est rien - Je vais �tre oblig� de faire plus court - mais en parlant de vous, Monsieur BLOCHE, en votre temps de parlementaire, vous utilisiez le m�me subterfuge sous une majorit� de gauche essouffl�e et en perte de vitesse et la bataille de reconnaissance des Communards �tait votre fait. M�me bataille pour laquelle l'association que vous proposez de subventionner rapporte seulement les discours de personnes de gauche lors des d�bats parlementaires de 2016, mais quelle concorde, quel sens du contradictoire vous nous offrez. Vos envies de dictature plus que de concorde sont autant de souvenirs qui ne masqueront pas les faux-semblants d'un discours unitaire hier comme aujourd'hui.

Votre histoire, mes chers coll�gues, est trop sanguinaire, trop sanglante, trop autoritaire pour que vous puissiez? J'�voque ici les bourreaux de certains, les goulags, les 100 millions de morts dont la dictature communiste a accouch� et il est ais� de faire des sauts dans l'histoire et de se pr�senter en 2021 avec autant d'amn�sie volontaire ou de discours r�visionnistes.

Monsieur le Maire, je conclus tr�s bri�vement. Tout est bon et vous faites feu de tout bois, m�me avec l'histoire. Nous sommes favorables � la comm�moration, non � la c�l�bration et encore moins au r�visionnisme. Mais je reprends � mon compte finalement le terme de concorde d'un coll�gue Ministre du 18e, nous ne voulons pas opposer l'histoire, et faisons n�tre?

M.�Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - La conclusion, c'est une phrase.

M.�Rudolph GRANIER. - Je vous demande donc, Monsieur le Maire, un vote dissoci� sur l'article 19 de ce projet de d�lib�ration, contre lequel nous voterons et nous voterons l'ensemble des autres articles de ce projet de d�lib�ration. Merci.

M.�Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur GRANIER. Vous avez vu que je vous ai laiss� du temps, plus de 6�minutes. Vous avez �galement vu que malgr� vos propos, la partie gauche de l'h�micycle est rest�e silencieuse, et merci d'avoir rappel� qu'en tant que d�put� j'ai fait voter en novembre 2016, par l'Assembl�e nationale, la r�habilitation des victimes de la r�pression de la Commune de Paris. Mais je vous ai �cout� et vous donnez un point de vue qui �videmment n'est pas le mien, surtout que je suis adh�rent depuis longtemps de l'association des Amies et Amis de la Commune de Paris, comme j'imagine d'autres �lus ici pr�sents, donc je suis en d�saccord avec vous. La seule chose qui me rassure, c'est que je crois au clivage entre la gauche et la droite et donc, vous l'avez illustr� parfaitement 150�ans apr�s la Commune. Je donne maintenant la parole � Samia BADAT-KARAM.

Mme�Samia BADAT-KARAM. - Monsieur le Maire, ce projet de d�lib�ration DAC 366 a pour objet de soutenir un grand nombre d'associations ?uvrant dans le champ de la m�moire combattante. C'est une belle initiative qu'il convient de saluer. Pourtant, malgr� la grande diversit� des projets soutenus, 27, aucun projet, aucune association s�lectionn�e ne rend sp�cifiquement hommage aux anciens combattants des outre-mer. Alors m�me que le souci d'une repr�sentation et d'une visibilit� �quitables dans la m�moire est plus que jamais d'actualit�, les soldats ultramarins sont aujourd'hui nos fr�res d'armes oubli�s.

Comment expliquer cette absence alors que de la Martinique � La R�union, en passant par la Guadeloupe, la Polyn�sie fran�aise ou encore la Nouvelle-Cal�donie, plusieurs milliers d'hommes se sont engag�s et ont donn� leur vie lors de la guerre de 1914-1918. Ce sont 1.000�Guadeloup�ens, 1.800 Martiniquais, 750 R�unionnais, 300 Guyanais, 300 Cal�doniens et Polyn�siens et au moins 64�Saint-Pierrais et Miquelonnais, ces derniers d'ailleurs enterr�s dans l'Hexagone, qui sont morts pour la France au cours de la Grande Guerre.

De nouveau, entre 1939 et 1945 nombreux sont les combattants d'outre-mer qui ont fait le choix de se sacrifier pour la France et si l'engagement des Antillais entr�s en dissidence pendant la Seconde Guerre mondiale reste peu connu, il n'en est pas moins r�el. Ces r�sistants des outre-mer fuyant leur terre natale pour rallier les alli�s ont �t� oubli�s pendant des d�cennies. Ils �taient au moins 2.500�Antillais, autant de Martiniquais que de Guadeloup�ens, sans oublier les Guyanais. Ils ont combattu sans rel�che pendant 350 jours. Ces h�ros des outre-mer ont �t� ignor�s pendant des ann�es et voil� que vous les oubliez encore aujourd'hui. De ces conflits majeurs, seules quelques grandes figures impr�gnent toujours notre m�moire collective, tel le R�unionnais Roland Garros, aviateur virtuose, premier homme � avoir r�ussi la premi�re travers�e a�rienne de la M�diterran�e, h�ros mort au combat en 1918 � seulement 29�ans. Je pense aussi au Guyanais F�lix Ebou�, premier gouverneur � rallier de Gaulle en 1940 et au c�l�bre bataillon du pacifique appartenant � la premi�re division fran�aise libre qui s'illustra en Afrique du Nord, en Italie et en France. Hormis ces quelques noms, la m�moire des soldats ultramarins engag�s dans la Grande Guerre demeure encore trop m�connue. Pourtant, des initiatives r�centes ont cherch� � mettre en avant leur contribution essentielle � la France combattante et leur place l�gitime dans notre histoire commune. En 2011 par exemple, le Minist�re des Arm�es rendait ainsi hommage aux combattants des outre-mer par une exposition dans la cour d'honneur des invalides. En 2016, �tait ainsi inaugur�, � l'initiative de la pr�sidente honoraire de l'Acad�mie des sciences d'outre-mer, un chemin de m�moire � Verdun en hommage aux troupes d'outre-mer engag�es sur les champs de bataille. Enfin, en 2020, le d�c�s de Louis Kasni Warti, dernier survivant cal�donien du bataillon d'infanterie de marine du pacifique a rappel� la fragilit� de cette m�moire, d�s lors que ses acteurs et t�moins directs s'�teignent. Monsieur le Maire, notre groupe Changer Paris d�plore l'oubli manifeste des combattants d'outre-mer dans cette s�rie de subventions accord�es aux associations ?uvrant sur les questions m�morielles, et j'esp�re que vous aurez d�sormais � c?ur de vous rattraper. Je vous remercie.

M.�Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Samia BADAT-KARAM.

Je donne la parole � Laurence PATRICE pour r�pondre � l'intervenante et � l'intervenant.

Mme Laurence PATRICE, adjointe. - D'abord, je voulais dire que je suis absolument stup�faite par votre capacit� � faire le coucou dans un projet de d�lib�ration, cher coll�gue, en abordant tant de sujets. Mais c'est votre droit d'utiliser ainsi votre droit de parole de la sorte.

Je voulais revenir � l'ensemble du projet de d�lib�ration, n�anmoins je r�pondrai sur la question "des Amis de la Commune", qui est l'une des plus vieilles associations de France, je le rappelle, et donc, il s'agit l� d'une subvention r�currente. Il eut �t� d'ailleurs un peu d�licat de ne pas leur donner cette subvention en cette ann�e particuli�re au c?ur de leur objet m�moriel o� nous comm�morons justement les 150 ans de la Commune de Paris.

D'autre part, pour revenir au Sacr�-C?ur dont vous parlez, effectivement le processus est enclench� pour un classement au patrimoine, mais ma coll�gue Karen TA�EB est plus au fait de cette question que moi, et nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet en 2022 quand nous aborderons dans cette Assembl�e la question du classement du Sacr�-C?ur.

Je permettrais de rappeler que ce projet de d�lib�ration ne repr�sente qu'une partie des associations m�morielles que ma d�l�gation soutient, puisque vous en verrez d'autres notamment au mois de mars. Je veux remercier d'ailleurs � cette occasion la DAC et Ir�ne BASILIS pour le travail qui a �t� fait, puisque nous avons souhait� effectivement que d�s ce mois de f�vrier, un certain nombre d'associations de m�moire qui souffrent particuli�rement de la situation sanitaire, puissent b�n�ficier de ces aides et subventions de la Ville.

Et donc, �videmment, dans la tr�s grande majorit�, ces subventions sont r�currentes, certaines de ces associations, comme il a �t� dit, ont sign� une convention avec la Ville. Deux conventions sont des renouvellements propos�s, une convention de trois ans avec le Comit� parisien de la Lib�ration, une autre avec l'Association nationale des familles des fusill�s et massacr�s de la R�sistance, en cette ann�e o� nous allons comm�morer le 80e anniversaire des fusillades de Ch�teaubriant.

Parmi les grandes institutions, vous aurez relev� que la Ville de Paris aide chaque ann�e�: le "M�morial de la Shoah", qui va percevoir le compl�ment de l'acompte vot� en d�cembre�; "la Fondation de la R�sistance", les "Oubli�s de la m�moire", la "2e DB", qui pourra ainsi pr�parer le 70e anniversaire de la Lib�ration�; et le "Comit� de la flamme", j'�tais d'ailleurs avec la maire du 8e la semaine derni�re � un ravivage de flamme exceptionnelle � l'occasion du 100e anniversaire de l'inhumation du Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe.

Je crois que c'est un travail de m�moire essentiel qui couvre des champs vari�s. Je voudrais signaler aussi � ma coll�gue qui intervenait sur les outre-mer, que nous travaillons beaucoup justement � cette m�moire de l'outre-mer avec mon coll�gue Jacques MARTIAL. Nous allons organiser un certain nombre d'�v�nements dans ce sens. Je pense que nous ne manquerons pas de vous en tenir inform�s pour que vous participiez � ces comm�morations et � ces hommages.

M.�Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Madame la Maire, ch�re Laurence PATRICE.

Il a �t� demand� un vote dissoci� sur l'article 19 qui concerne la subvention � l'association "Les Amies et Amis de la Commune de Paris de 1871", il est de droit.

Je mets d'abord aux voix, � main lev�e, l'article 19 du projet de d�lib�ration DAC 366.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s'abstient�?

L'article 19 est donc adopt�.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 366 dans sa globalit�.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s'abstient�?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2021, DAC 366).

Février 2021
Débat
Conseil municipal
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