retour Retour

2021 DAC 4 - Avenants à conventions d’équipement avec 5 structures de spectacle vivant (2e, 5e, 10e, 19e, 20e).


Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Nous passons maintenant aux projets de d�lib�ration port�s par Carine ROLLAND.

Nous commen�ons par le DAC 4�: avenants � conventions d?�quipement avec cinq structures de spectacle vivant.

La parole est � Alice COFFIN.

Mme Alice COFFIN. - Bonjour � toutes et tous. Merci, Madame la Maire.

Bravo et merci � toutes celles et ceux qui continuent � faire vivre la culture, et la mobilisation de ce projet de d�lib�ration, que je vous invite � voter �videmment, est aussi la preuve du travail qui est men� depuis l?examen de cette Commission, ici par Carine ROLLAND et par sa pr�sidente, Rapha�lle PRIMET.

Je ne pense pas seulement aux artistes mais � toutes celles et ceux qui continuent � faire vivre la culture en ce moment, ce qui veut dire aussi entretenir et nettoyer les biblioth�ques de la Ville de Paris par exemple, et les m�diateurs et m�diatrices culturelles. C?est dans un contexte o� le Gouvernement ne facilite pas les choses, par son degr� d?impr�cision sur le calendrier, la strat�gie, la coh�rence et la proportion des mesures � mettre en place, ce qui fait que cela ajoute encore � l?incertitude dans laquelle est plong� le monde de la culture.

On est bien d?accord que c?est mondial. Il y avait encore en une, ce qui est assez rare, dans le "S�ddeutsche Zeitung" qui est un des plus gros journaux allemands, un article sur Franziska HAUSER qui mettait en lumi�re un des dysfonctionnements en Allemagne du syst�me d?aide aux artistes�: elle avait �t� oblig�e, par exemple, pour compenser ses pertes de revenus en tant qu?artiste, de donner des cours, de passer � l?enseignement, ce qui lui avait retir� les allocations auxquelles elle avait droit en tant qu?artiste.

Je dis cela parce qu?il est int�ressant que ce soit dans ce contexte, dans un des plus gros journaux allemands, et parce que paradoxalement on n?a jamais autant parl� de culture dans les m�dias. C?est ma formation, mon activit� d?�tre journaliste des m�dias et je vois qu?il y a davantage, m�me si on n?a pas encore les chiffres, de reportages, d?articles, de "unes" de journaux sur la culture en tant que telle et pas sur les promotions d?artistes ou de films, puisqu?il n?en sort pas. En fait, la plus r�cente �tude date de 2018 o� on avait constat� une baisse de 30�% de la culture dans les journaux t�l�vis�s. Les chiffres ne sont pas encore l� mais je pense que cela a plut�t remont� paradoxalement.

Je dis cela pour pointer une chose, sur laquelle on doit aussi r�fl�chir au Conseil de Paris, parce qu?il y a justement toute une r�flexion engendr�e dans cette p�riode o� cela pose des difficult�s tout � fait particuli�res sur ce que sont finalement les difficult�s plus structurelles, qui ne datent pas du Covid et qu?il s?agit �videmment de ne pas oublier. Je prends un exemple�: il y avait des articles r�cents, ces quinze derniers jours, parce qu?il y a eu une �tude sur les galeries d?art avec des situations paradoxales. En effet, les galeries ont eu plus de fr�quentation, puisque de fait elles restaient ouvertes contrairement aux mus�es, mais c'�tait dans le m�me temps des fermetures, et l?�tude notait que ces fermetures ne datent pas de difficult�s li�es au Covid mais sont bien ant�rieures.

Idem, toujours � la une de journaux, "Le Parisien" a consacr� de nombreuses "unes" � la culture au sens large, et l?une de janvier montrait qu?il y avait un record de pr�sence des Fran�ais devant la t�l�vision en 2020 avec quatre heures de pr�sence dont b�n�ficiaient notamment les plateformes de streaming. C?est sur ce sujet que je voudrais donner quelques exemples sur les difficult�s qu?il ne faudra pas oublier et qui peuvent voir le jour.

Avec les salles de cin�ma qui ont ferm� une bonne partie de l?ann�e 2020 et qui le sont encore, un bon nombre de spectateurs et spectatrices se sont tourn�s vers ces plateformes de vid�o � la demande�; elles �taient d�j� en plein boom avant l?arriv�e du virus, elles s?accaparaient un certain nombre de films et avec cette crise du Covid et la fermeture des salles de cin�ma, les majors am�ricaines ont revu la strat�gie de diffusion de leurs films et ont d�cid� pour la premi�re fois de sortir leurs plus grosses productions sur leurs propres plateformes plut�t qu?en salle � une date ult�rieure. On peut citer l?exemple de Disney qui a annul� la sortie en salle de sa r�adaptation de "Mulan" pour promouvoir et diffuser le film sur la plateforme Disney+. C?est la m�me chose dans le domaine musical. On sait que depuis un certain nombre d?ann�es, en France et en Europe, les multinationales de l?entertainment rach�tent ou implantent de nouveaux festivals. On a en t�te l?exemple de "Rock en Seine". On peut citer aussi l?arriv�e du "Download Festival", mais ce sont aussi des salles de spectacle avec des capitaux assez colossaux et dans une strat�gie de concentration verticale financi�re. Il y a �videmment tous ces nouveaux acteurs du monde de la culture, qui sont des monstres �conomiques et qui participent � la surench�re, � l?explosion des co�ts et des cachets artistiques, � l?uniformisation de la programmation, avec des moyens de com' absolument sans pareil. Tout cela est au d�triment des festivals, des salles ind�pendantes qui, elles, proposent une programmation et des �v�nements plus singuliers et, pour parler aussi de culture d?un point de vue local, bien plus moteur souvent de ce point de vue. C?est l�-dessus que?

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Que vous concluez.

Mme Alice COFFIN. - Je vois que mon temps est �coul�. Que l?on continue � faire, et le GEP y sera particuli�rement attentif ainsi que la Commission Culture. Merci et d�sol�e pour les quelques secondes de d�passement.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie. Je donne la parole � Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Bonjour, chers coll�gues.

Ce projet de d�lib�ration nous donne l?occasion de r�exprimer notre soutien � la culture en cette p�riode si difficile. Il faut le dire et le redire, il y a plus de risques de propager le virus en prenant les transports en commun tous bond�s qu?en allant dans des salles de th��tre avec des protocoles extr�mement respectueux.

C?est une catastrophe que les th��tres ne rouvrent pas. C?est non seulement une catastrophe �conomique pour l?ensemble de ces �tablissements, une souffrance terrible pour les artistes, mais aussi un g�chis terrible et, pire, une inqui�tude par rapport au mod�le civilisationnel�: cela signifie en cette p�riode de confinement que la restriction de nos libert�s va jusqu?� une volont� de la part du Gouvernement de normalisation de nos vies sociales en nous limitant � �tre des citoyens producteurs et consommateurs, c'est-�-dire m�tro, boulot, dodo, et surtout ne pense pas, ne t?�meus pas�! Or, aller dans une salle de th��tre, voir un spectacle, aller � un concert, c?est un moment o� on s?autorise � s?�mouvoir, on sort de soi par l?alt�rit�; c?est un moment o� se rendent possibles nos �mancipations. Voil� pourquoi c?est essentiel.

Ce projet de d�lib�ration, dans ce contexte de crise sanitaire et de fermeture des lieux de spectacle, permet de soutenir le spectacle vivant, notamment, que diff�rents lieux de spectacles puissent poursuivre leurs projets de travaux ou d?am�nagements n�cessaires � l?exploitation de leurs �quipements et puissent envisager une reprise d?activit� plus sereine et dans de meilleures conditions techniques, quand � la fois les conditions sanitaires le permettraient, mais surtout quand la d�cision du politique, du Gouvernement le permettra.

En plus des th��tres qui sont cit�s dans le projet de d�lib�ration, je voudrais vous parler aussi de la situation d?un autre th��tre qui n?est pas compris dans le projet de d�lib�ration�: il s?agit de la Com�die italienne. C?est le seul th��tre d�di� � la commedia dell?arte sous toutes ses formes, qu?il s?agisse de la traditionnelle, de la fantastique, de l?op�ra-bouffe. C?est aussi un lieu de formation pour les jeunes com�diens qui apprennent les techniques du jeu masqu� � l?italienne.

La Commedia dell?Arte a �t� fond�e en 1974 par Attilio MAGGIULLI et ce th��tre conna�t de si graves difficult�s financi�res qu?il pourrait bien �tre rachet�.

Ce th��tre, comme tant d?autres, a �t� contraint d?annuler les repr�sentations de son dernier spectacle � cause de la crise sanitaire et il est pouss� par les banques � se s�parer de ce lieu du fait d?un endettement de pr�s de 40.000 euros. Il faut savoir que ce petit th��tre a une salle de 100 places, qui lui appartient, mais le local attenant qui tient lieu de hall d?accueil est lou� autour de 7.000 euros par trimestre � une soci�t� immobili�re, ce qui fait que l?�tablissement n?arrive pas � tenir les contraintes de charges fixes trop importantes.

Par ailleurs, ce th��tre a subi des baisses et des suppressions successives des subventions du Minist�re de la Culture, de la R�gion Ile-de-France, mais aussi de la Ville de Paris. Sous l?ancienne mandature, les relations ont �t�, para�t-il, tr�s mauvaises avec un ancien adjoint � la Culture, au point que son activit� a �t� m�pris�e, tout le travail artistique a �t� d�nigr�, comme si c?�tait totalement archa�que et d�pass�, comme si on n?avait plus besoin � Paris de la Commedia dell?Arte.

Mon v?u, qui n?est pas � l?ordre du jour et qui a �t� retir� par le Cabinet de la Maire, est en plus particulier parce qu?il n?est pas s�r, tellement ce m�pris par la Ville de Paris a �t� violent pour Attilio MAGGIULLI, que l?�quipe de la Commedia dell?Arte finalement ne pr�f�re pas s?auto-organiser pour essayer de survivre, notamment par les dons. J?esp�re qu?au moins cette intervention permettra d?aider � contribuer � l?appel aux dons qu?ils font. Mais ce qui m?inqui�te �norm�ment, c?est qu?un acheteur en ce moment se positionne. Cet acheteur n?est pas n?importe qui�: c?est l?antis�mite, le n�gationniste Dieudonn�. Imaginez le symbole si, dans cette crise sanitaire, on se retrouve avec un th��tre qui ferme au profit de cet antis�mite n�gationniste plusieurs fois condamn�! Alors j?esp�re que celui qui a �t� condamn� � de multiples reprises pour ses propos antis�mites et n�gationnistes, qui a �t� expuls� du th��tre de la Main d?Or, ne pourra jamais mettre la main sur ce th��tre et que les Parisiennes et les Parisiens, et tous les amoureux de la culture et de l?�mancipation, tous les militants antiracistes et qui luttent contre l?antis�mitisme, viendront en soutien de la Commedia dell?Arte par un soutien financier. M�me si personnellement j?aurais souhait� que le th��tre et la Ville acceptent de passer outre le pass�, qu?ils montrent qu?il y a une nouvelle �quipe et de nouveaux �lus � la culture, et qu?une solution � travers un soutien financier, un soutien aux travaux, permette de sauver ce th��tre. Je vous remercie.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Merci � vous. Pour vous r�pondre, je donne la parole � Carine ROLLAND.

Mme Carine ROLLAND, adjointe. - Merci, Madame la Maire.

Merci, mes chers coll�gues.

Madame COFFIN, nous aurons l?occasion de revenir sur vos propos. Je vous rejoins en bien des points sur la n�cessit� de maintenir une culture diverse, loin des risques de massification que nous connaissions avant la crise et qu?elle ne fait qu?exacerber. Je rebondirai n�anmoins sur vos propos, sur ceux de Mme SIMONNET et sur ceux de Rapha�lle PRIMET.

Hier, Madame la Pr�sidente de la 2e Commission, vous �voquiez la situation actuelle du monde culturel en nous interpellant d?une question�: qu?attendons-nous concernant la r�ouverture des mus�es�?

Vous le savez, depuis le week-end dernier, plusieurs textes circulent demandant la r�ouverture des mus�es, des lieux d?exposition et des lieux de culture. Je le dis ici tr�s clairement, sous r�serve d?un retour � un confinement, sous r�serve d?une d�gradation forte de la situation sanitaire, nous y sommes favorables, tant les lieux d?exposition, les mus�es permettent, on le sait, des conditions sanitaires s�curis�es, pour les visiteurs comme pour ceux qui y travaillent, tant les pays voisins ne s?y sont pas tromp�s - nous avons vu l?Italie rouvrir les portes des Offices � Florence et du mus�e du Vatican cette semaine - et surtout tant les �tablissements de Paris Mus�es, ceux qui sont dans le giron municipal, travaillent actuellement avec l?A.P.-H.P. � un protocole sanitaire renforc�.

Les mus�es seraient alors les initiateurs, les �tendards d?un mouvement plus vaste. Les salles de concert, les festivals sous l?impulsion du "Prodiss", dont je salue l?initiative, mettent en place, avec l?A.P.-H.P. � nouveau et avec l?accompagnement de la Ville, un protocole tr�s complet d?exp�rimentations de concerts tests. Nous l?accompagnons, nous continuerons. Alors � la question que vous posiez, Madame PRIMET hier, qu?attendons-nous�? Eh bien, nous attendons l?autorisation de tester, d?exp�rimenter, pour que la vie sociale rime de nouveau avec culture.

C?est extr�mement important, vous en avez mentionn� tous les aspects, Madame SIMONNET, et je vous rejoins absolument sur ce point. Au-del� de l?�motion, nous ne redirons jamais assez que la culture, c?est du lien social, c?est de la d�couverte, c?est parfois de la confrontation, c?est toujours de la rencontre. Concernant justement la Com�die italienne, qui s?applique � faire vivre cette rencontre � travers la commedia dell?arte, oui, il y a une inqui�tude. Mais je ne peux pas aller dans le sens de vos propos concernant mon pr�d�cesseur, Christophe GIRARD, tant les liens? D?accord, pardon. En tout cas, pour ce qui est d?une p�riode plus r�cente, Christophe GIRARD et son �quipe ont rencontr� r�guli�rement la Com�die italienne. C?�tait en 2019 et il avait m�me �t� question � l?�poque que le th��tre soit c�d� � la Ville, ce que le propri�taire accepta dans un premier temps pour ensuite se r�tracter. Ensuite est arriv�e l?alerte que vous mentionnez et nous sommes bien d?accord sur le fait que la possible acquisition par Dieudonn� serait un camouflet absolument insupportable, � tous points de vue, artistiquement et r�publicainement. Or, conscients de cette alerte, nous avons pris contact avec le propri�taire, qui devait rencontrer Carine PETIT demain. Puis il �tait pr�vu un rendez-vous avec moi-m�me dans les jours prochains, mais le rendez-vous a �t� annul�. Donc je voudrais vous dire que nous sommes extr�mement attentifs � la situation de la Com�die italienne, de mani�re g�n�rale parce qu?ils d�fendent cette belle discipline artistique qu?est la commedia dell?arte, mais nous ne pouvons faire le bien des gens contre leur gr� et si le propri�taire souhaite nous rencontrer, nous sommes � son �coute. Je vous remercie.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie.

Je mets donc aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 4.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s?abstient�?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2021, DAC 4).

Février 2021
Débat
Conseil municipal
retour Retour