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III - Question d'actualité posée par le groupe Paris en commun à Mme la Maire de Paris relative à la protection des enfants contre les violences.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Question suivante pos�e par le groupe Paris en commun. Je donne la parole � Mme Genevi�ve GARRIGOS.

Mme Genevi�ve GARRIGOS. - Madame la Maire, mes chers coll�gues, permettez-moi d'inviter � notre Conseil les milliers de voix qui ont brav� leur peur et celles pour qui il est encore trop t�t pour nous dire l?innommable, pour partager leurs souffrances d'enfance viol�e par ceux qui auraient d� les prot�ger.

"Me Too inceste", avec ce "hashtag" ont jailli les mots enfouis qui leur vie durant les ont hant�s. Ces filles, ces gar�ons n'avaient souvent m�me pas 10 ans, n'avaient m�me pas encore appris � les �crire. Moi, j'en avais 5. L'inceste, les violences sexuelles, les violences physiques n'ont ni classe sociale, ni religion, ni parti politique, elles ne sont pas des faits divers, elles sont un fl�au qui ronge toute la soci�t� et c'est collectivement que nous devons en finir pour mettre fin � ce silence qui laisse sans recours la souffrance de tant de victimes.

Ces violences, m�me lorsqu'elles ne tuent pas, entra�nent des traumatismes graves pendant des d�cennies et sans accompagnement, les victimes s'enferment dans un cycle de violences�: d�pression, tendance suicidaire autodestructrice, addiction, �chec dans tous les domaines de la vie.

Les neurosciences d�montrent de mani�re froide et sans appel comment le d�veloppement cognitif et socio-�motionnel des enfants peut �tre entrav� par ces violences. Elles montrent tout aussi clairement que les interventions permettent aux victimes de se reconstruire surtout quand elles ont lieu au plus t�t. Il n'y a aucune fatalit�, mais il y a une r�alit�, et cette r�alit� exige que nous soyons � la hauteur de l'immense enjeu que repr�sente la pr�vention des violences envers les enfants ainsi que l'accompagnement de la parole des victimes et les soins psychosociaux que l'on peut leur apporter.

Notre collectivit� doit prendre sa part � ce combat qui est un enjeu de sant� publique � part enti�re.

Madame�VERSINI, ch�re Dominique, je connais votre engagement depuis de nombreuses ann�es pour lutter contre ces violences et contre les souffrances des enfants pour leurs droits. En novembre dernier, vous nous avez annonc� la pr�paration d'un plan de lutte contre les violences faites aux enfants qui devrait nous �tre pr�sent� au premier trimestre 2021. Avec H�l�ne BIDARD, le 25 novembre, journ�e internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, vous avez consacr� la journ�e interprofessionnelle de l'Observatoire des violences faites aux femmes � la question des violences patriarcales sur les enfants et les jeunes pour aider � briser le cercle infernal des violences qui prosp�rent � l'�ge adulte sur le terreau de celles connues dans l'enfance.

Sans vous avancer sur les points qui pour l'heure ne seraient pas d�cid�s, pouvez-vous nous indiquer quelles pistes ont �t� retenues comme prioritaires dans vos travaux et avec quels acteurs de la protection des enfants au sens large, vous avez engag� des d�marches. Avez-vous pu recueillir l'expression des premiers concern�s autour de leurs besoins et attentes, notamment s'agissant de la sensibilisation et de la pr�vention des violences, de l'accueil de la parole des enfants victimes et des soins prodigu�s dans le cadre de la protection de l'enfance et au-del� pour permettre leur reconstruction�? Je vous remercie par avance de toutes ces pr�cisions et je demande � chacun dans cet h�micycle de s'engager � faire respecter pleinement la dignit� et les droits des enfants, qui ne sont pas moindres que les n�tres.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, merci, ch�re Genevi�ve, et merci aussi pour votre parole libre qui aidera beaucoup, beaucoup d'enfants, de jeunes et d'adultes aussi � trouver ce chemin pour se reconstruire, merci beaucoup. Dominique VERSINI.

Mme Dominique VERSINI, adjointe. - Merci, Madame la Maire, mes chers coll�gues, Madame la conseill�re de Paris, ch�re Genevi�ve GARRIGOS. Tout d'abord, ch�re Genevi�ve, je tiens � vous exprimer � titre personnel, ma grande reconnaissance, �motion, mon respect devant votre courage et celui des victimes que vous mettez en lumi�re, car elles parlent � travers vous.

Merci de poser cette question d'actualit� et de mettre l'accent sur cette question trop souvent taboue, trop souvent tue, la question de ces violences faites aux enfants, notamment les violences sexuelles, et la plus inf�me, la plus insupportable, l'inceste, parce que la plus inattendue.

C'est en ce sens que le mouvement actuel lanc� sur les r�seaux sociaux par de tr�s nombreux adultes sur les violences qu'ils ont subies dans l'enfance, dans la prime enfance, vous avez dit 5�ans, d'autres disent 6 ans, 7 ans, 8 ans, on sait que c'est avant 10�ans, le "hashtag" "Me�Too inceste" a montr� ce besoin de la parole, mais la parole d'adultes ayant subi cela dans leur enfance.

D'ailleurs, il y a quelques ann�es, les femmes se sont fortement mobilis�es, ont boug� les lignes sur les violences qu'elles subissaient et subissent encore, H�l�ne BIDARD, notre adjointe est tr�s fortement engag�e sur tout cela.

Aujourd'hui, il nous faut faire ensemble ce m�me mouvement pour et avec les enfants, parce que les enfants ne parlent pas facilement, les enfants ne parlent pas fort. Ils lancent de tout petits signaux qu'il faut savoir interpeller pour qu?ils puissent oser parler des violences qu'ils subissent, mais trop souvent les adultes ne croient pas les enfants, ils les mus�lent, ils minimisent tous ces signaux de d�tresse parfois minimes.

Pourtant, les chiffres sont implacables�: 1 enfant sur 10 est victime de violences sexuelles. C'est inacceptable. 1 enfant meurt tous les 5 jours sous les coups de ses parents. C'est inacceptable. Encore r�cemment se d�roule le proc�s � Reims du petit Tony, 3 ans, mort sous les coups de son beau-p�re. 1 enfant sur 10 victime de harc�lement scolaire, c'est inacceptable.

Dans le cadre de la d�l�gation que la Maire de Paris m'a fait l'honneur de me confier, relative � la d�fense et � la promotion des droits de l'enfant, � la protection de l'enfance, je travaille � sa demande � ce que Paris se dote d'un plan parisien de lutte contre les violences faites aux enfants, toutes les violences.

D'ailleurs, les enfants que nous avons fait travailler sur ce sujet ont �crit une charte parisienne des droits de l'enfant, que vous trouverez � l'entr�e, que la Maire de Paris a sign�e le 20 novembre, jour de la journ�e internationale des droits de l'enfant.

Dans cette charte, ils demandent six choses. Une chose, c'est que nous les prot�gions contre toutes les violences subies en milieu familial, subies en milieu scolaire. Nous nous sommes engag�s, avec la Maire de Paris, � les prot�ger.

Depuis le d�but de la mandature, j'y travaille avec tous les adjoints en charge directement ou indirectement des enfants. Nous sommes 15. Je travaille avec des experts chercheurs, m�decins, des associations de d�fense des droits de l'enfant, de la protection de l'enfance, des partenaires institutionnels, la justice, l'�ducation nationale, la C.A.F., l'A.R.S., le 119, le num�ro que tous les enfants devraient conna�tre et qu'ils ne connaissent pas, ainsi que des associations de d�fense des victimes.

Nous avons rencontr�, avec la Maire de Paris, des victimes, des personnes qui ont subi des violences, qui nous ont confi� la souffrance qu'elles ont ressentie, et leur attente que les pouvoirs publics et que nous-m�mes, grande collectivit�, agissions pour prot�ger les enfants � venir, puisque pour eux, c'est derri�re eux, ils doivent se d�brouiller comme ils peuvent, reconstruire leur vie. Tout est possible, mais c'est mieux si l'on intervient en amont.

Le plan pr�sentera de nombreuses actions pour pr�venir, informer, prot�ger les enfants dans tous les lieux o� ils se trouvent, que ce soit dans le milieu familial, scolaire, dans les centres de loisirs, dans le milieu sportif, dans les �tablissements de l'Aide sociale � l'enfance, dans les �tablissements pour enfants handicap�s, les enfants t�moins ou victimes, dans le cadre des violences conjugales.

D'ores et d�j�, nous avons lanc� une premi�re mission, la Mission des droits de l'enfant, compos�e de jeunes volontaires des droits qui se d�ploient pour l'instant dans quatre arrondissements pilotes, et qui en septembre seront dans tous les arrondissements parisiens, par bin�me, et je remercie les maires d'arrondissement qui les accueillent.

Ils iront pr�senter aux enfants leurs droits dans tous les lieux�: les coll�ges, les clubs sportifs, les centres de loisirs, les �tablissements de l'A.S.E., partout o� sont les enfants.

� la fin du mandat, c'est au moins 100.000 enfants parisiens qui auront �t� sensibilis�s � leurs droits fondamentaux, qui conna�tront tous les lieux de recours, tous les lieux et personnes-ressources.

Il y aura bien s�r d'autres mesures. Je ne vais pas les annoncer � ce stade. Il y aura un plan. En tout cas, je sais que dans cette Assembl�e, nous pouvons compter sur tout le monde pour se mobiliser pleinement en faveur des enfants parisiens. C'est leur demande.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Dominique VERSINI. Merci aussi, parce que vous portez bien s�r avec conviction, avec une tr�s forte cr�dibilit� aussi, compte tenu de votre r�le pr�c�dent. C'est pr�cieux que les Parisiens sachent, et que les petits Parisiens et petites Parisiennes sachent que pour travailler � leur protection et � l'accompagnement dans leur vie de futurs adultes, il y a d'abord des �lus attentifs, sur tous les bancs de cette Assembl�e, qui � la fois comprennent et connaissent la complexit� du probl�me, et aussi une belle personnalit� comme Dominique VERSINI, � la t�te de ce plan que nous construisons ensemble. Merci � vous.

Madame GARRIGOS, souhaitez-vous reprendre la parole�?

Mme Genevi�ve GARRIGOS. - Si vous me permettez, tous mes remerciements � Dominique VERSINI. Je sais son action r�ellement engag�e. �galement, � H�l�ne BIDARD, parce qu?avec la jeunesse, elle reprend ce flambeau de prot�ger notre jeunesse. Et � vous, Madame la Maire, ch�re Anne, je n'ai pas trouv� les mots pour vous remercier du soutien que vous m'avez toujours apport�, comme je n'ai pas trouv� les mots pour remercier tous ceux de mes coll�gues, de tous bords, qui m?ont fait montre de leur sympathie depuis que je me suis exprim�e. Je voudrais aussi remercier les personnels de la ville qui, au quotidien, s'engagent aupr�s de ces enfants, recueillent leur parole et les accompagnent. Par contre, je voudrais exprimer aussi la souffrance qui est la mienne chaque fois que dans cet h�micycle, je me suis sentie accus�e de complice de p�docriminels. Je voudrais que l'on comprenne la violence que cela repr�sente pour moi. Je sais que je ne suis pas la seule dans cet h�micycle � partager cette histoire. Je voudrais dire que les d�bats que nous devons avoir sur ces questions ne doivent jamais instrumentaliser les victimes, toujours les prot�ger, que ce doit �tre un engagement de tout ce Conseil de Paris. Je voudrais dire � celles et ceux qui ont v�cu ce que j'ai v�cu, que je les entends, je les crois, et je les soutiens. Merci beaucoup.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, ch�re Genevi�ve, merci beaucoup.

Février 2021
Débat
Conseil municipal
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