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(La s�ance, suspendue � treize heures cinq minutes, est reprise � quatorze heures trente-cinq minutes, sous la pr�sidence de Mme la Maire de Paris).

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, nous reprenons nos travaux. Examen des questions d'actualit�.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, je vous propose de d�marrer nos questions d'actualit�. I - Question d'actualit� pos�e par le groupe "G�n�ration.s" � Mme la Maire de Paris relative � la d�tresse des �tudiant-es � Paris.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Bienvenue, Monsieur le Pr�fet de police, Mesdames et Messieurs, premi�re question d'actualit� pos�e par le groupe "G�n�ration.s". Je donne la parole � sa pr�sidente, Madame Nathalie MAQUOI, vous avez la parole.

Mme Nathalie MAQUOI. - Merci, Madame la Maire.

Cela fait maintenant pr�s de 11 mois que les �tudiantes et �tudiants de ce pays sont priv�s de conditions d'�tudes normales. Leur situation, entre isolement social, perte d'emploi, difficult�s li�es aux cours en ligne s'est progressivement d�grad�e jusqu'� atteindre un stade aujourd'hui particuli�rement alarmant. Le Conseil parisien de la jeunesse y reviendra par son v?u concernant la sant� mentale.

Nous avons toutes et tous �t� sid�r�s devant les images de la queue de plus de 400 jeunes attendant pour l'aide alimentaire. La pr�carit� �tudiante n'est pas une r�alit� r�cente, certes, cependant elle est plus criante que jamais au regard de la perte des nombreux "jobs" �tudiants qui �taient pour certains et certaines une condition de survie. On estime que 50�% de ces emplois ont disparu aujourd'hui.

Les ressources manquent et le co�t de la vie ne baisse pas, lui. Alors, dans l'espoir d'un retour des cours en pr�sentiel, les �tudiantes et �tudiants se d�m�nent pour payer leur loyer et restent souvent seuls devant leurs �crans dans des logements exigus o� ils dorment, travaillent et vivent. Cette situation conduit de plus en plus d'�tudiantes et �tudiants, d�j� isol�s par les cours � distance, � se replier encore davantage, parfois sauter des repas, parfois n�gliger leur sant�.

A la d�tresse sociale et �conomique succ�de aujourd'hui une d�tresse psychologique. Selon Ipsos, 40�% des �tudiantes et des �tudiants souffrent de troubles anxieux g�n�ralis�s et 30�% de pens�es suicidaires. Au global, toutes et tous partagent le sentiment que l'on sacrifie leur avenir, voire qu'on les sacrifie tout court.

A ce stade de l'�pid�mie, ils sont plus d?un sur six � avoir abandonn� leurs �tudes mettant un terme � des ann�es d?efforts et d'investissements. Cette situation s'aggrave, je pense que la ministre de l'Enseignement et le Gouvernement n'en prennent pas la mesure et ne prennent pas de mesures � hauteur de la situation.

Les collectivit�s et le tissu associatif ont pris le relais et nous saisissons ici l'occasion de remercier les associations parisiennes "Linkee" ou "Cop-1", qui ?uvrent � des distributions alimentaires, � des �piceries solidaires, � simplement aider les �tudiantes et �tudiants � garder la t�te hors de l?eau, � conserver du lien social malgr� la duret� de la p�riode.

Merci, Madame la Maire, � votre adjointe Marie-Christine LEMARDELEY, parce que je la sais extr�mement attentive et mobilis�e sur cette question, et investie.

Nous saluons aussi les aides d�ploy�es par la Ville et qu'il faut continuer � d�velopper et promouvoir malgr� l'inaction de l'�tat.

Il est urgent donc de prot�ger les �tudiants. Alors, Madame la Maire, ma question�: quels nouveaux outils notre Ville pourra-t-elle mobiliser pour r�pondre � cette situation insupportable�? Quels sont d�j� les dispositifs existants qui ont �t� mis en place pour aider, accompagner les �tudiantes et �tudiants dans cette crise in�dite�?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Madame la Pr�sidente.

Je donne la parole � l'excellente Marie-Christine LEMARDELEY, qui ne veut pas que je dise que c'est son anniversaire, mais bon anniversaire�!

Mme Marie-Christine LEMARDELEY, adjointe. - Merci.

Ch�re Nathalie MAQUOI, je partage votre inqui�tude, la situation est grave pour beaucoup d'�tudiantes et d?�tudiants. Vous avez parl� des files d'attente des �tudiants devant les distributions alimentaires organis�es par la Ville. Vous les avez vus manifester, dire leur mal-�tre, leur angoisse du d�crochage, leur refus d'�tre une g�n�ration sacrifi�e.

Avec Anne HIGALGO, Maire de Paris, j'ai rencontr� les pr�sidents d'universit�, les repr�sentants des �tudiants, j'�change r�guli�rement avec eux et le constat est clair�: beaucoup d'�tudiants vont mal. C'est un constat partag�.

Ainsi, le rapport de la commission d'enqu�te de l'Assembl�e nationale men�e par les d�put�es Sandrine MORCH, LREM, et Marie-George BUFFET, parti communiste, indiquent qu'un �tudiant sur six a arr�t� ses �tudes � cause de cette crise, un �tudiant sur six�! La moiti� d?entre eux s?inqui�te pour sa sant� mentale.

Nous devons tout faire pour que cette g�n�ration ne soit pas sacrifi�e. Nous devons tout faire pour lutter contre les in�galit�s qui explosent au sein de cette g�n�ration.

Les cicatrices seront profondes et visibles longtemps. Ce sont des jeunes qui redoutent de ne pas trouver de travail � cause de la crise, d'autres ont perdu le go�t de vivre et certains sont d�j� pass�s � l'acte. Vous l'avez dit, ce n'est pas une fatalit�, nous pouvons agir. La Ville n'a d'ailleurs pas attendu pour le faire. Ses actions sont coordonn�es par notre Maison des initiatives �tudiantes qui est mobilis�e � 100�%.

- Nous sommes pass�s de la distribution de 1.500 paniers alimentaires en octobre � 3.000 par semaine aujourd'hui.

Avec, vous avez nomm� quelques associations, "les Restos du C?ur", "Linkee", "Cop-1", nous accompagnons aussi des �piceries solidaires du "Secours populaire" et "l?Agorae".

- J'ai voulu que ces dispositifs ne soient pas stigmatisants et soient facilement accessibles. Sur simple pr�sentation de la carte �tudiante, nous distribuons aussi des produits d'hygi�ne, des masques, des protections menstruelles r�utilisables et nous profitons de ces moments de distribution alimentaire pour proposer une aide psychologique aux �tudiants et rompre leur isolement. Je rappelle, pour m�moire, que la Ville a mis en place une aide de 500 � 1.000 euros par �tudiant, l'A.I.L.E., pour tous ceux qui, boursiers, n'auraient pas trouv� de place en r�sidence universitaire.

Pour lutter contre le mal-�tre psychologique, la d�tresse, j'ai �chang� avec tous les acteurs de la sant� mentale � Paris et avec eux nous travaillons � mieux informer. Nous avons surtout augment� le nombre de consultations psychologiques gratuites � la M.I.E. et au CROUS, notamment avec l'association "APASO". Nous soutenons le travail formidable de l'association "Nightline", qui offre une �coute des �tudiants en d�tresse par d'autres �tudiants form�s. Des actions seront prochainement propos�es � la M.I.E., qui servira de tiers lieu pour la sant� mentale avant qu?un lieu p�renne n'ouvre � Paris.

Nous mettons tout en ?uvre pour aller vers les �tudiants et les pousser � consulter s'ils en ont besoin. Les �tudiants form�s interviennent aupr�s d'autres �tudiants dans les r�sidences universitaires, lors des distributions alimentaires et dans la strat�gie de d�pistage du Covid � destination des �tudiants.

Enfin, pour sortir les �tudiants de leur isolement, nous mettons � leur disposition des espaces de travail dans les CROUS, et maintenant gr�ce � la complicit� d'H�l�ne BIDARD, dans les centres "Paris Anim'".

J'ai aussi demand� � la M.I.E. de proposer des activit�s en ligne pour que les �tudiants puissent se changer les id�es et rompre leur isolement. Anne HIDALGO a �galement annonc� l'ouverture d'une maison pour la jeunesse dans la mairie du 1er arrondissement o� les �tudiants auront �videmment toute leur place. Nous travaillons � sa pr�figuration avec ma coll�gue H�l�ne BIDARD charg�e de la jeunesse.

Nos jeunes sont loin d'�tre passifs, ils sont la g�n�ration "Me Too", la g�n�ration des marches pour le climat, des "Blacks Lives Matter". Ne l?oublions pas. Ils sont pleins d'une �nergie que nous ne pouvons pas laisser s'ab�mer. Bient�t, l'Acad�mie du climat sera un catalyseur de toutes leurs initiatives pour l'environnement, un lieu pour leur redonner de l?espoir et des horizons. Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Marie-Christine LEMARDELEY.

Madame MAQUOI, vous pouvez bien s�r reprendre la parole.

Mme Nathalie MAQUOI. - Merci, Madame la Maire.

Merci, Marie-Christine LEMARDELEY, car je crois que dans votre intervention, on entend bien ce qui est fondamental dans la p�riode, c'est de mobiliser toutes les ressources que l?on a � disposition. On sait tous que les ch�ques sant� mentale n'y suffiront pas, on est en dessous de tout sur ce sujet, et que les tissus de solidarit� les plus fins vont �tre n�cessaires pour passer le cap, parce qu'il y va de notre avenir � nous aussi et sans passer cette p�riode compl�tement in�dite, sans sacrifier cette g�n�ration, donc continuons � porter cette voix, continuons � avancer et merci en tout cas pour votre mobilisation.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup. Bien s�r, une deuxi�me question va �tre � pr�sent pos�e par le groupe MoDem D�mocrates et Ecologistes, mais je voudrais dire sur les �tudiants et pour la jeunesse d'une fa�on plus g�n�rale, que nous devons leur tendre la main, nous les avons mis au c?ur de nos priorit�s lorsque nous parlons climat, lorsque nous parlons d�placement, lorsque nous parlons logement, lorsque nous �voquons les questions de p�dagogie, d'accompagnement dans des projets qui peuvent �tre des projets �tudiants ou d'autres types de projet. Nous sommes vraiment � leurs c�t�s.

Ce qui me frappe, c'est � la fois cette pr�carit� tr�s grande, cette vuln�rabilit� que l'on voit, Paris compte 330.000 �tudiants. Ils ne sont pas tous parisiens, il y a beaucoup d'�tudiants �trangers, et d'ailleurs les associations et les pr�sidents d'universit� nous disent que pour ces �tudiants �trangers, la situation est parfois encore plus critique, parce que l� ils sont coup�s de toute relation avec leur famille depuis tr�s longtemps. Et nous savons que pour ces 330.000 jeunes, les signaux qui sont donn�s, en tous les cas les signaux qu'ils per�oivent, sont des signaux extr�mement n�gatifs dans lesquels ils ont du mal � se projeter.

Notre r�le, notre r�le d'adultes, de responsables et en l'occurrence ici de responsables politiques municipaux, c'est v�ritablement de les �couter, de les impliquer dans les solutions et de les accompagner. Et comme vient de le dire Marie-Christine LEMARDELEY, on peut aussi leur tirer un sacr� coup de chapeau, parce que leur situation est tr�s difficile, mais il y a une tr�s grande solidarit� et mobilisation de beaucoup d'associations �tudiantes. Au-del� des organisations de jeunesse plus traditionnelles que l'on a pu conna�tre dans nos g�n�rations, on a affaire l� � une multitude d'associations qui interviennent et c'est quelque chose de tr�s positif.

C'est avec ces associations d'ailleurs, et bien s�r avec les organisations de jeunesse, que nous travaillons � la pr�figuration des diff�rents lieux, cela a �t� dit, que ce soit "l'Acad�mie du Climat" ou cette Maison de la jeunesse que nous allons cr�er.

Février 2021
Débat
Conseil municipal
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