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VII - Question d'actualité posée par le groupe "Indépendants et Progressistes" à Mme la Maire de Paris relative aux mobilités à Paris.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Question suivante�: Mme�Hanna SEBBAH pour le groupe "Ind�pendants et Progressistes".

Mme�Hanna SEBBAH. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers coll�gues, avant tout, au nom de mon groupe, je souhaiterais apporter tout notre soutien � notre coll�gue Genevi�ve GARRIGOS dont les propos nous ont beaucoup touch�s, et la lutte contre les violences faites aux enfants doit recevoir de notre part un soutien unanime.

Pour revenir sur les questions d'actualit�, j'aimerais parler des mobilit�s.

Madame la Maire, en 2017 vous avez fait le choix de Smoovengo pour exploiter le service V�lib'. Ce choix avait �t� justifi� en partie par le prix du march�, la Ville avait jug� cette offre plus int�ressante �conomiquement que celle du candidat sortant, JCDecaux.

Vous promettiez alors une transition rapide et efficace entre les deux d�l�gataires, et c'est le contraire qui s'est malheureusement produit. Plus d'un an apr�s, la qualit� de service attendue l�gitimement par les usagers n'�tait pas au rendez-vous, elle ne l'est toujours pas. Les dysfonctionnements se sont multipli�s, � la hauteur de la col�re des Parisiens qui, pourtant, �taient nombreux � appr�cier ce service.

La transition s'est faite dans la douleur et la nature ayant horreur du vide, de nouveaux usages ont �merg�.

Au m�me moment vous mettiez fin, avec la m�thode qui vous caract�rise, au march� Autolib' apr�s les r�v�lations par la presse du gouffre financier dans lequel la Ville de Paris s'�tait plong�e.

Rappelons que la rupture pr�matur�e de ce march� vous a entra�n�s dans une spirale judiciaire qui a co�t� tr�s cher aux Parisiens.

Le plus �tonnant, c'est que quelques mois avant, vous d�clariez dans la presse, je vous cite�: "c'est un service qui marche et qui est financ�". Comprenne qui pourra.

Au creux de la vague, alors que vous pensiez d�j� � votre r��lection, vous sortiez du chapeau la proposition de la gratuit� des transports publics, peut-�tre une strat�gie de d�tournement de l'attention. Quoi qu'il en soit, cette proposition �tait enterr�e quelques mois plus tard, la raison que vous �voquiez �tait, je cite�: "la gratuit� ne peut pas �tre � elle seule l'alpha et l'om�ga d'une politique de transport ou de mobilit�". L� encore, comprenne qui pourra.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, nous apprenons il y a quelques jours dans la presse que Smoovengo r�clamerait une rallonge de 240 millions d'euros, alors comptez-vous verser cette somme au risque de rendre caduc le contrat�? Les Parisiens et les Parisiennes veulent savoir. Pourrez-vous assurer la p�rennit� de ce march� sur les 12 prochaines ann�es sans ajout d'argent public et sans remettre en cause les bases juridiques de ce contrat�?

Trop d'�pisodes ont mis en lumi�re les fragilit�s juridiques qui lient la Ville de Paris � ses d�l�gataires. Croyez-vous toujours au mod�le V�lib' ou allez-vous vous inspirer des dispositifs mis en place par d'autres collectivit�s, je pense notamment au service V�ligo�?

Bref, Madame la Maire, apr�s le fiasco V�lib' 2018, allons-nous vers un fiasco V�lib' 2021�?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - David BELLIARD pour vous r�pondre.

M. David BELLIARD, adjoint. - Merci, Madame la Maire.

Merci, chers coll�gues, pour cette question qui me permet de revenir sur les informations pas toujours d'ailleurs exactes qui sont apparues dans le d�bat public ces derniers jours et ces derni�res semaines, dont vous vous faites d'ailleurs l'�cho dans votre question d'actualit�.

D'abord, en effet, des discussions sont en cours avec Smoovengo sur l'avenir du V�lib' et en pr�ambule de toute chose, je vous rappelle d'ailleurs que V�lib' est devenu un service m�tropolitain, ces discussions ont donc lieu entre le S.A.V.M. et Smoovengo avec l'appui de la Ville de Paris.

J'en profite d'ailleurs pour remercier l'ensemble des �quipes qui sont impliqu�es dans ces discussions, le cabinet de Mme la Maire, du premier adjoint, du S.A.V.M., et en particulier de Sylvain RAIFAUD, le pr�sident du syndicat, pour tout le travail qu'il m�ne depuis le d�but. Je vais commencer ici par r�affirmer et vous apporter une premi�re r�ponse�: oui, nous avons une ferme intention de voir V�lib' perdurer et se d�velopper dans les prochaines ann�es. C'est une offre de mobilit� active, une offre de mobilit� propre tr�s bien identifi�e, et je dirais m�me qui fait partie de l'identit� parisienne du quotidien, et c'est un service public important pour le d�veloppement du v�lo dans notre m�tropole. Apr�s un changement d'op�rateur qui a effectivement �t� extr�mement difficile, V�lib'2 a r�ussi � trouver son public.

Le nombre de courses par jour et d'abonn�s au service n'a jamais �t� aussi �lev�. La gr�ve des transports, la crise sanitaire ont �galement g�n�r� une utilisation tr�s importante du service, alors que beaucoup pr�disaient la fin du V�lib', notamment face � l'arriv�e du "free floating". Ce sont finalement les v�los en "free floating" qui ont quasiment disparu aujourd'hui alors que V�lib' affiche un peu moins de 400.000 abonn�s et fait en moyenne 100.000 courses par jour.

Malgr� ces bonnes nouvelles, ou plut�t � cause d'elles, parce que c'est toute l'ironie d'ailleurs de la situation, nous sommes face � un paradoxe. Alors que le march� pr�voyait par exemple 30�% d'utilisation de v�los �lectriques, ils repr�sentent aujourd'hui 50�% des courses et le prix fix� pour une course � v�lo �lectrique est finalement tr�s en de�� de ce qui avait �t� imagin� au moment de l'appel d'offres, o� l'on avait des difficult�s � faire des projections en termes d'usage du v�lo, personne n'aurait imagin� l'explosion du v�lo ces derni�res ann�es.

R�sultat�: chaque trajet effectu� � V�lib' �lectrique co�te de l'argent � Smoovengo au lieu de lui en rapporter. Nous sommes d'une certaine mani�re "victimes", les victimes presque heureuses du succ�s de V�lib'.

C'est ce paradoxe qu'il nous faut aujourd'hui r�soudre pour que Smoovengo puisse trouver un mod�le �conomique viable pour permettre � ce contrat de perdurer pour les 12�ann�es qu'il lui reste encore et �videmment aux usagers de continuer � utiliser le service.

Nos discussions en cours portent donc � la fois sur l'avenir du service et le probl�me de la surutilisation du V.A.E. par rapport � ce qui avait �t� pr�vu, mais aussi sur le d�veloppement m�tropolitain de V�lib' et sur l'am�lioration n�cessaire de la qualit� de service et d'usage. Sur ce dernier point, des efforts ont �t� faits, mais force est de constater qu'il nous reste une marge de progression � franchir. Et je tiens � rassurer d'ailleurs tout le monde�: il n'y aura pas d'accord avec Smoovengo s'il n'y a pas d'engagement ferme sur une am�lioration importante de la qualit� de service. Le d�veloppement m�tropolitain est en bonne voie, je sais que les �quipes du S.A.V.M. travaillent en �troite collaboration avec la M�tropole du Grand-Paris et que de nombreuses communes ont d'ailleurs h�te de voir des stations V�lib' arriver jusqu'� chez elles. 100 stations suppl�mentaires viennent d'ailleurs d'�tre command�es par le S.A.V.M. pour �tendre en m�tropole le service V�lib', preuve donc qu'il y a une app�tence et une attente tr�s forte en termes de d�veloppement de ce service. Enfin, l'aspect financier, comme vous, j'ai lu que le montant tournerait autour d'une somme stratosph�rique de 240 millions d'euros. On est bien loin de la r�alit�. D'abord, parce que le S.A.V.M., comme la Ville de Paris, tient ces discussions dans le cadre r�glementaire pr�vu par l'appel d'offres, bien entendu, et ensuite parce que vous savez toute l'attention particuli�re d'Anne HIDALGO et de notre majorit� municipale � une gestion serr�e des deniers publics, et je peux vous assurer que si avenant au contrat il y a, alors l'impact financier pour les communes composant le S.A.V.M. sera �tudi� de tr�s pr�s et d'ailleurs valid� par l'ensemble des communes concern�es.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, cher David BELLIARD, pour cette excellence r�ponse. Un peu de courtoisie quand m�me, si l'on pouvait �couter les questions et les r�ponses...

On a eu une exp�rience avec plusieurs �lus d'une r�union vendredi dernier au sujet de l'Acad�mie du Climat, avec beaucoup d'associations de jeunes qui ont mis en place des "process" absolument impressionnants dans lesquels finalement ce n'est pas celui qui parle le plus fort qui garde le micro, mais avec des r�gles du jeu extr�mement fluides de r�partition de la parole et surtout d'�coute. Je vous assure qu'il y a beaucoup de choses � apprendre des jeunes dans ce qu'ils ont appris des d�bats publics et de comment faire en sorte que non, ce ne soit ni par des interruptions ni par des vocif�rations que l'on fait valoir pas forc�ment son point de vue mais un rapport de force, mais par des choses qui rel�vent de l'�coute et du d�bat d�mocratique tout � fait l�gitime, acceptable, appr�ciable et m�me enthousiasmant. On a choisi de faire de la politique parce qu'on aime le d�bat. Madame SEBBAH, vous pouvez reprendre la parole.

Mme�Hanna SEBBAH. - Vous parlez d'�coute et de d�bat d�mocratique, j'aurais appr�ci� vous �couter sur ce sujet et ne pas laisser la parole � M.�BELLIARD, m�me si sa r�ponse a �t� satisfaisante. Mme la Maire r�pond quand cela l'arrange.

Mme�LA MAIRE DE PARIS. - Je fais confiance � mes adjoints.

Mme�Hanna SEBBAH. - Cela d�pend des sujets, � croire que la question des mobilit�s ne vous int�resse pas tant que cela.

Mme�LA MAIRE DE PARIS. - A vous d'imaginer les choses diff�remment, c'est ma pratique d�mocratique, je fais confiance aux adjoints.

Mme�Hanna SEBBAH. - Monsieur BELLIARD, merci pour vos r�ponses, comme vous je partage votre attachement au service V�lib'. Nous sommes, je crois, sur la m�me ligne, puisqu'en d�cembre 2019 vous disiez que le service V�lib' par Smoovengo �tait d�sastreux, nous partageons ce point aussi. Vous avez r�pondu sur certains points.

En revanche, je n'ai pas une r�ponse pr�cise sur�: est-ce que V�lib' va survivre ou non et si oui, comment et � quel prix, parce que c'�tait la question que je posais. A quel prix�? On n'aura pas la r�ponse aujourd'hui, c'est regrettable, peut-�tre que l'on apprendra tout cela dans la presse ou alors � l'occasion d'un d�bat d�mocratique prochainement.

Je vous remercie.

Février 2021
Débat
Conseil municipal
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