retour Retour

2021 DAC 346 - Attribution de la dénomination James Baldwin à la médiathèque de la rue Jean-Quarré (19e).


Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Nous examinons le projet de d�lib�ration DAC 346�: attribution de la d�nomination James Baldwin � la m�diath�que de la rue Jean-Quarr� dans le 19e arrondissement.

Il y a plusieurs inscrits sur ce projet de d�lib�ration. Je donne tout d?abord la parole � M. David ALPHAND.

M. David ALPHAND. - Merci, Madame le Maire.

C?est un tr�s beau projet de d�lib�ration qui nous est soumis ce matin.

James Baldwin �tait petit. Il n?�tait pas tr�s beau, certains disaient m�me qu?il �tait laid. Il �tait noir, n� dans un quartier particuli�rement d�favoris� � New York, Harlem, et il �tait homosexuel. Pour autant, aucune de ces caract�ristiques ne justifierait � elle seule que la Ville de Paris l?honore ce matin. Car en r�alit�, James Baldwin, c?�tait un talent litt�raire, une personnalit� forte et courageuse. Et ce talent a eu la chance de rencontrer le g�nie, le g�nie fran�ais de l?universalisme.

Je voudrais citer Pascal BRUCKNER. Il relatait son �change avec James Baldwin voil� quelques ann�es�: "J?ai eu la chance de le rencontrer � Paris en 1984. Je me suis longuement entretenu avec lui pendant toute une apr�s-midi. Il fait partie de ces Am�ricains, de ces Afro-Am�ricains qui sont venus se r�fugier en France, aux c�t�s de nombreux jazzmen comme Richard White et d?autres. Tout au long de la discussion, il m?a dit que deux choses l?avaient sauv� en France�: d?abord le d�sint�r�t des Fran�ais � son �gard, ensuite leur d�sint�r�t � l?�gard de son orientation sexuelle. Et il a eu cette phrase qu?il a d?ailleurs �crite ensuite dans un essai�: ?Les Fran�ais m?ont d�barrass� des b�quilles de la race.? Or, quand on est aux Etats-Unis, ces b�quilles vous suivent comme une mal�diction de la naissance � la mort."

Oui, James Baldwin avait vraiment rencontr� � Paris, puis � Saint-Paul-de-Vence, le g�nie de l?universalisme � la fran�aise. Et c?est important de le rappeler ce matin, o� nous traversons une �poque o� parfois le mod�le anglo-saxon peut inspirer certains commentateurs. Mais rappelons-nous ce qui fait la force de notre R�publique, James Baldwin avait toujours refus� d?�tre assign� � r�sidence, d?�tre enferm� dans une case. Et c?est bien en France qu?il avait r�ussi � s?�panouir et � trouver cet espace de libert�.

Car c?�tait un courageux, James Baldwin, et il s?est battu pour les droits civiques. Et comment, en parlant de lui, ne pas penser � Alain MABANCKOU, prix Renaudot, aujourd?hui titulaire d?une chaire � UCLA, d?origine congolaise et �crivain de langue fran�aise�? Alain MABANCKOU, dans "Lettre � Jimmy", s?adresse � celui qu?il consid�re comme son fr�re a�n�: James Baldwin, surnomm� Jimmy. Et voil� ce qu?Alain MABANCKOU �crit, et je vous le livre parce qu?il peut aussi inspirer notre r�flexion ce matin�: "Pour Baldwin, la litt�rature noire ne saurait se r�duire � faire un inventaire des mots n�gres de l?oppression raciale. A ses yeux, l?�crivain, quel qu?il soit, ne doit pas jouer le r�le de pompier de service, et je pense comme lui qu?il faut distinguer l??uvre du militantisme, l?art de l?action. Lui-m�me a construit une ?uvre qui d�passait les clivages raciaux tout en restant impliqu�." Un peu plus loin, Alain MABANCKOU ajoute, et je conclurai sur ces mots car je ne saurai mieux dire�: "James Baldwin avait saisi que gommer les individus, imposer une morale, c?est une fa�on de voir le monde qui �pouse la pens�e unique."

Alors oui, ce matin, nous honorons James Baldwin, mais quelque part je crois aussi que c?est James Baldwin qui honore notre Capitale et la R�publique. Merci.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie. La parole est � Marie TOUBIANA.

Mme Marie TOUBIANA. - Madame la Maire, mes chers coll�gues, je souhaite saluer ce projet de m�diath�que, attendu depuis de nombreuses ann�es et qui devrait �tre inaugur�e en 2023. Cette ouverture viendra combler un manque en offrant enfin la premi�re m�diath�que de l?arrondissement, dont l?offre en biblioth�ques reste jusqu?ici tr�s morcel�e.

Ouvrir un lieu d�di� � la lecture publique et au livre, c?est toujours faire le choix de promouvoir l?acc�s au savoir pour tous, qui est aussi une exigence de qualit� � la port�e de tous.

Au sein d?un quartier en but aux difficult�s sociales et �ducatives, la m�diath�que est un service public de premi�re n�cessit�. La m�diath�que James Baldwin se devra de remplir un r�le essentiel en mati�re d?inclusion par le biais de la culture et ce, � plusieurs titres. Tout d?abord, bien s�r, en tant que porte d?entr�e dans l?univers de la lecture et du livre, la crise actuelle nous a permis de mesurer une nouvelle fois combien le livre demeure un lien privil�gi� avec la culture dans son ensemble. Mais aussi comme un lieu de d�couverte et d?ouverture � de nombreuses pratiques culturelles, ainsi qu?� une grande vari�t� de supports et m�dias, comme un lieu de socialisation et de mixit� sociale comme interg�n�rationnelle. Enfin, en tant qu?espace d?�tudes, de formation, de documentation et d?apprentissage du num�rique. Gr�ce au contrat territoire lecture et aux partenariats associatifs et institutionnels de proximit�, il y a tout lieu d?esp�rer que ce nouvel �quipement saura r�pondre aux besoins de ce quartier populaire. Je pense bien s�r aux besoins en m�diation renforc�e des jeunes en difficult�, et plus g�n�ralement aux publics �loign�s de la culture. Je pense aussi aux besoins en attractivit� du quartier et de ses �coles. Cette m�diath�que se d�marque aussi par sa d�marche de r�habilitation du b�ti pr�existant, et au-del� par l?espoir qu?il suscite d?un nouveau souffle pour le quartier de la place des F�tes. Nous suivrons donc avec attention la r�alisation de cette m�diath�que, ainsi que l?�volution du projet global du site Jean Quarr�.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie.

La parole est � Fran�ois DAGNAUD, maire du 19e arrondissement.

M. Fran�ois DAGNAUD, maire du 19e arrondissement. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers coll�gues, donner un nom � un �tablissement public en devenir, c?est rendre hommage � une figure marquante de notre imaginaire commun, c?est inscrire cet h�ritage de valeurs dans un territoire et c?est esquisser l?ambition du lieu.

En attribuant le nom de James Baldwin � la premi�re m�diath�que du 19e arrondissement, nous rendons hommage � cette figure incontournable de l?�mancipation universelle et de l?�galit� des droits.

Je veux saluer la proposition initiale du groupe Communiste de donner le nom de James Baldwin � un site parisien, vot�e en juin 2019, reprise au bond par Christophe GIRARD qui a tr�s vite pens� avec mon accord � cette m�diath�que, puis concr�tis�e aujourd?hui avec Carine ROLLAND que je remercie.

James Baldwin est d?abord une grande figure de la litt�rature contemporaine, mais c?est �galement un h�ros de la lutte pour les droits civiques des Noirs am�ricains et c?est un embl�me de la dignit� LGBT. Ses �crits et ses engagements font �cho aux combats d?aujourd?hui contre le racisme, l?homophobie, les violences polici�res et pour l?�galit� des droits. Donner le nom de James Baldwin � cet �quipement, qui ouvrira ses portes en 2023, est un choix audacieux � l?image de ce projet. La cr�ation de la premi�re m�diath�que du 19e arrondissement, dernier des grands arrondissements � ne pas b�n�ficier d?une m�diath�que, offrira 2.500 m�tres carr�s de culture au c?ur de 5.000 m�tres carr�s d?espaces verts. Il se prolongera d?une Maison des R�fugi�s. Ces deux lieux int�gr�s dialogueront gr�ce � un b�timent lien abritant une salle polyvalente, un caf�, un espace de coworking et une agriculture urbaine. Ce projet s?affirme d�j� comme une r�f�rence de l?architecture �cologique et sobre�: qualit� architecturale et paysag�re, sobri�t� �nerg�tique, ambition culturelle se concilient de fa�on in�dite dans ce projet de reconversion et transformation sans ajout de b�ton d?un ancien lyc�e h�telier. C?est donc un manifeste de la ville r�siliente qui apprend � se renouveler sur elle-m�me, sans qu?il soit besoin de tout d�molir pour tout reconstruire. Ce projet de m�diath�que, nous avons souhait�, avec mes adjoints Halima JEMNI et �ric THEBAULT, l?�laborer dans une d�marche participative qui doit aussi trouver sa place pour concevoir des �quipements publics. Il a ainsi fait l?objet, avant m�me le lancement des concours d?architectes, d?une concertation in�dite de plusieurs mois, avec des tables rondes associant des usagers de nos biblioth�ques et des professionnels de la culture autour de leur vision de ce que doit �tre une m�diath�que du XXIe si�cle, avec la diffusion de plus de 2.700 questionnaires aupr�s notamment des �coliers et des coll�giens. Cette mati�re permet aujourd?hui de nourrir toutes les �tapes de la future m�diath�que. Si les op�rations de d�samiantage et les curetages ont d�j� �t� r�alis�s, la deuxi�me �tape des travaux doit commencer en septembre. Nous serons vigilants quant au respect du calendrier de ces travaux et nous serons attentifs � ce que rien ne vienne � nouveau d�caler la mise en fonctionnement de la m�diath�que. La pr�figuration, le recrutement des �quipes de biblioth�caires et de m�diateurs socioculturels devront aussi se faire au rythme voulu et nous y veillerons. A l?ouverture de l?�tablissement en 2023, elle sera constitu�e de 40 agents comprenant biblioth�caires, r�gisseurs et m�diateurs socioculturels pour faire vivre un �quipement ouvert six jours sur sept, dont le dimanche, et qui accueillera le "p�le sourd" de l?Est parisien. La m�diath�que James Baldwin porte dor�navant un nom � la hauteur de son ambition et constituera le plus grand �quipement de lecture public ouvert dans la mandature. Elle incarne tous les enjeux d?un service public culturel en quartier prioritaire. Nous partageons la conviction que la culture favorise l?�mancipation individuelle, le lien social et la r�duction des in�galit�s sociales et territoriales. C?est l?enjeu majeur que la Maire de Paris a soulign� dans sa lettre de mission � Anne-Claire BOUX et � Jean-Luc ROMERO-MICHEL. Oui, la culture dans les quartiers populaires est une condition de la promesse r�publicaine. Puisque le 19e arrondissement devra attendre 2023 pour voir s?ouvrir sa premi�re m�diath�que, n?attendons pas pour travailler � la mise � niveau du service public de la culture dans le Nord de l?arrondissement le plus populaire. C?est ce qui doit nous faire partager l?ambition d?un projet culturel d?envergure dans le futur �coquartier de la porte de la Villette. Un dernier mot pour revenir � James Baldwin. Son nom d?homme viendra s?ajouter � ceux de Claude L�vi-Strauss, Herg� ou Benjamin Rabier. Notre r�seau de biblioth�ques et m�diath�ques illustre ainsi l?�ventail tr�s large de la masculinit� dans toute sa diversit� et dans toutes ses subtilit�s. Mais je tiens � ce que la diversit� et la subtilit� de la f�minitude soient tout autant mises � l?honneur. Je renouvelle donc mon souhait que la biblioth�que Crim�e, rue Petit, puisse prochainement porter le nom d?une femme. Je vous remercie.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie. La parole est � Rapha�lle PRIMET, qui est normalement toujours en direct de Webex. Si vous pouviez nous informer en amont des changements d?intervenants, cela faciliterait car j?ai Rapha�lle PRIMET. La parole est � Fatoumata KON� pour le groupe Ecologiste de Paris.

Mme Fatoumata KON�. - Merci.

Madame la Maire, chers coll�gues, permettez-moi de vous faire part de mon enthousiasme � l?id�e de voter ce projet de d�lib�ration, je suis m�me doublement enthousiasm�e.

D?abord parce que ce projet de d�lib�ration nous permet de franchir un nouveau pas en direction de la cr�ation de la premi�re m�diath�que du 19e arrondissement. Cet �quipement culturel tant attendu par nos concitoyennes et nos concitoyens verra le jour en 2023 sur le site de l?ancien lyc�e Jean Quarr� dans le quartier de la place des F�tes.

Je rappelle que cette m�diath�que est le fruit d?un long combat de tout un quartier, de ses associations, de ses �lus qui ont milit� pour l?�galit� entre les Parisiennes et les Parisiens et l?acc�s � la culture de tous les habitants du Nord-Est parisien. Cette m�diath�que est le symbole du rattrapage d?une injustice qui voyait le 19e arrondissement comme le seul de cette envergure qui n?en poss�dait aucune.

Le 19e arrondissement est le plus jeune et le plus populaire de Paris. Evidemment, en tant qu?�lue de cet arrondissement, mon souhait et mon r�le sont de faire en sorte que notre jeunesse ait acc�s aux m�mes outils de r�ussite que ceux mis � disposition de tous les autres jeunes Parisiens et Parisiennes. Car la lutte contre l?�chec scolaire, pour l?acc�s � l?�ducation et � la culture doit pouvoir s?appuyer sur des �quipements de qualit�.

Il me semble opportun de rappeler �galement que les usages de ce nouvel �quipement ont �t� pens�s avec les habitants, dans une d�marche participative in�dite, engag�e par la mairie du 19e et qui a �t� appr�ci�e par tous les participants. Les associations de quartier ont aussi �t� pleinement associ�es � la d�finition du projet architectural et urbain, une infrastructure de haute qualit�, culturelle et �cologique.

J?estime que le 19e arrondissement, qui compte pr�s de 190.000 habitants, m�rite un projet culturel d?excellence. En effet, tout pour le moment est r�uni sur le papier pour atteindre cet objectif. Mes chers coll�gues, soyons d�sormais attentifs ensemble afin que ce projet, qui verra le jour dans deux ans, soit jusqu?� sa r�alisation � la hauteur de toutes les attentes des habitants de l?arrondissement et de Paris.

Maintenant, j?en arrive � la question qui est l?objet principal du projet de d�lib�ration, � savoir le nom de cette future m�diath�que et qui est � l?origine de mon autre enthousiasme.

Le choix s?est port� sur James Baldwin. Mon groupe approuve pleinement cette proposition. Ecrivain am�ricain engag�, noir et homosexuel, James Baldwin est un symbole de lutte contre le racisme. Compagnon de lutte de Martin Luther King, figure du mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis, il s?est battu toute sa vie pour les droits des communaut�s noires et homosexuelles, pour les droits de toutes les minorit�s. Un combat qui reste plus que jamais d?actualit�. La col�re et le combat de James Baldwin pour les droits civiques apparaissent clairement d?actualit� � l?heure du mouvement "Black Lives Mater", des d�monstrations de force de supr�macistes blancs, et son symbole a d?ailleurs resurgi en mai dernier � la mort de George Floyd, tu� par un policier blanc � Minneapolis, qui a �mu le monde entier. Cet �v�nement a remis en lumi�re les injustices subies encore aujourd?hui par la communaut� noire. A travers ses �crits, il fut d?une certaine mani�re le porte-parole d?un mouvement qui tentait d?interpeller le monde sur le traitement des minorit�s, l?�galit� entre les �tres humains et les valeurs que nous d�fendons pleinement toutes et tous. C?est donc un tr�s beau message humaniste que porte le 19e en attribuant le nom de James Baldwin � sa future m�diath�que. Alors, parce qu?il s?agit ici d?une question de d�nomination, il me semble toutefois n�cessaire de rappeler � notre Assembl�e qu?� Paris seulement 12�% des rues ou �quipements publics portent le nom d?une femme. Ce chiffre a �t� doubl� en vingt ans mais on peut constater qu?il reste encore beaucoup � faire. Les noms de rues et des �quipements sont visibles dans l?espace public. Il s?agit de celles et ceux que nous d�cidons de mettre en valeur au quotidien. Ainsi, la visibilisation des femmes passe aussi par l�. C?est pourquoi je nous invite toutes et tous � rester sensibles � ce sujet et � �tre volontaires en participer ensemble � ce rattrapage. Les �lus �cologistes y seront donc attentifs � l?occasion de prochaines d�nominations. Mes chers coll�gues, permettez-moi maintenant de terminer mon intervention par une citation hommage � James Baldwin. Il s?agit d?un extrait de son livre "Meurtre � Atlanta", tr�s repr�sentatif du message port� par l?�crivain�: "De l?absence d?�thique na�t le chaos social. Du d�calage entre le discours et la pratique, entre le verbe et l?action, na�t la confusion. Chacun cache d�sesp�r�ment quelque chose aux autres, chacun est d�sesp�r�ment l?ennemi de son fr�re. Et nous n?avons pas le courage de reconna�tre que notre droit naturel est de nous aimer les uns les autres." Je vous remercie.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie.

La parole est � Camille NAGET, pour cinq minutes maximum.

Mme Camille NAGET. - Merci, Madame la Maire.

Chers coll�gues, c?est pour moi aussi un plaisir non dissimul� que nous votions aujourd?hui pour la d�nomination de la future m�diath�que place des F�tes, cette m�diath�que tant attendue.

En juin 2019, le groupe Communiste avait port� un v?u visant � donner le nom de James Baldwin � un lieu parisien et nous nous r�jouissons que ce soit cette m�diath�que qui ait �t� choisie. C?est un symbole fort pour notre ville et pour le 19e arrondissement. James Baldwin, homme de lettres afro-am�ricain a marqu� de son empreinte la litt�rature contemporaine. Il nous laisse une ?uvre plus que jamais d?actualit� � la lumi�re du mouvement "Black Lives Mater". Ses �crits, alliant puissance narrative et analyse sans concession, explorent et d�noncent l?oppression syst�mique des Noirs aux Etats-Unis. Aux c�t�s de Martin Luther King, Malcom X, Medgar Evers, il devint une des figures de la lutte pour les droits civiques. James Baldwin, c?est aussi une histoire forte avec notre ville o� il trouve refuge � 24 ans seulement, apr�s avoir quitt� les Etats-Unis pour �chapper aux discriminations li�es � sa couleur de peau et � son orientation sexuelle. Quelques ann�es plus tard, il dira�: "Lorsque j?ai quitt� ce pays en 1948, c?�tait pour une seule raison. J?aurais pu aussi bien aller � Hong Kong ou Tombouctou, j?ai fini dans les rues de Paris avec 40 dollars en poche et la th�orie que cela ne pourrait pas �tre pire que ce que j?avais v�cu ici. Il est difficile de se concentrer quand on a peur du monde qui nous entoure. Mes ann�es � Paris m?ont servi � une chose, � me lib�rer de cette terreur, qui n?est pas le fruit de mon imagination mais un vrai danger inscrit sur le visage de chaque policier, de chaque patron, de tout le monde." Des mots qui r�sonnent tr�s fortement dans notre actualit�. Car si James Baldwin refusait de se faire enfermer, il pointait bien le fait qu?en tant qu?homme noir, homosexuel, il �tait enferm� par d?autres dans ces cases. Et quel symbole de donner le nom de celui pour qui Paris fut un refuge, une terre d?accueil pour fuir l?oppression des Noirs aux Etats-Unis, pour fuir la terreur, � ce lieu qui apr�s avoir �t� un lyc�e fut un lieu d?accueil pour des r�fugi�s. Car nous nous souvenons en 2015, au mois d?ao�t, au plus fort de la crise de l?accueil, des centaines de personnes ont occup� le lyc�e Jean Quarr� d�saffect�. Presque soixante-dix ans apr�s James Baldwin, Paris fit honneur � sa tradition d?accueil et je salue � nouveau le bel �lan de solidarit� des habitantes et des habitants de la place des F�tes � l?�gard de celles et ceux qui fuyaient l?oppression, eux qui attendaient depuis si longtemps et qui attendent leur m�diath�que. La Ville de Paris a r�ussi � concilier cet engagement et l?attente de longue date d?une m�diath�que dans ce quartier populaire, en y implantant aussi une Maison des R�fugi�s. James Baldwin �tait et est un symbole de la lutte pour les droits fondamentaux contre le racisme, contre la discrimination. Sa vie et son ?uvre nous exhortent � nous d�fier des r�les assign�s et gr�ce � cette d�nomination, ses id�es continueront d?infuser dans notre soci�t�. Nous attendons maintenant avec impatience l?ouverture de la m�diath�que James Baldwin.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie. Et pour vous r�pondre, je donne la parole � Carine ROLLAND.

Mme Carine ROLLAND, adjointe. - Merci, chers coll�gues, merci � toutes et tous de vos hommages chaleureux � cette d�nomination. Vos interventions, auxquelles je ne saurai ajouter quoi que ce soit concernant James Baldwin que vous n?ayez d�j� dit, me donnent cependant l?occasion de rappeler avec fiert� quelle est notre politique conjointe avec Laurence PATRICE en mati�re de nomination de lieux culturels. En l?occurrence, je rends, moi aussi, hommage � l?action de Catherine VIEU-CHARIER et Rapha�lle PRIMET qui, vous l?avez dit Madame NAGET, avaient propos� ce nom en 2019, je crois. De mani�re plus g�n�rale, nous pensons et d�fendons qu?il ne faut pas nommer � outrance, sinon les d�nominations perdent de leur justesse et de leur substance. Il faut, une fois qu?une d�nomination est d�cid�e, �tre pr�cis, engag�, ce qui n?est pas toujours chose facile et cela nous oblige. Cela a �t� dit hier par Mme COFFIN, rappel� tout � l?heure notamment par Fran�ois DAGNAUD, et je m?y associe totalement. La d�nomination d?un lieu culturel, ce n?est pas anodin. C?est � la fois un hommage � la personne qui donne son nom, c?est aussi bien plus que cela et cela nous oblige au respect de certaines valeurs, au respect de nos engagements. Aussi, cher Fran�ois DAGNAUD, m?associ�-je � votre souhait de voir la biblioth�que Crim�e porter � l?avenir le nom d?une femme. Nous nous y emploierons avec Laurence PATRICE. J?ajoute en la mati�re, je rappelle que la Maire de Paris a rendu aux Parisiennes c�l�bres qui avaient donn� leur nom � des boulevards, � des rues, leur pr�nom parce que bien souvent l?absence de pr�nom ne permettait pas de savoir qu?il s?agissait de femmes. Mais je vous rejoins pour ce qui a �t� dit, notamment par Mme KON�, il reste bien du chemin � faire en la mati�re. Juste un mot sur cette m�diath�que qui sera, et vous l?avez excellemment dit Fran�ois DAGNAUD, un �tablissement exemplaire, d?abord parce qu?il a fait l?objet d?un processus citoyen dans sa conception, ensuite parce qu?il s?inscrit int�gralement dans le respect des obligations du Plan Climat et qu?il va aussi avec la Maison des R�fugi�s. Tout cela a �t� rappel�. Pour ce qui est du calendrier, sachez que l?�quipe de pr�figuration de la m�diath�que Jean Quarr� travaillera d�s cette ann�e. C?est un engagement que nous avons obtenu de concert avec mon coll�gue Antoine GUILLOU, tant vous savez que les biblioth�ques et m�diath�ques ne sont rien sans les agents qui les font vivre. De tout cela, je vous remercie � nouveau et je me r�jouis vraiment du nom qui sera port� par ce bel �tablissement. Je vous remercie.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe, pr�sidente. - Merci � vous.

Je mets donc aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 346.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s?abstient�?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2021, DAC 346).

Février 2021
Débat
Conseil municipal
retour Retour