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2021 DAC 347 - Attribution de la dénomination Virginia Woolf à la bibliothèque située dans la Z.A.C. "Paul Bourget-Gerda Taro" (13e).


M.�Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Nous examinons le projet de d�lib�ration DAC 347�: attribution de la d�nomination Virginia Woolf � la biblioth�que situ�e dans la Z.A.C. "Paul Bourget-Gerda Taro" dans le 13e. La parole est au maire du 13e arrondissement, M. J�r�me COUMET.

M.�J�r�me COUMET, maire du 13e arrondissement. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, j'esp�re que ce projet de d�lib�ration fera l'unanimit�. Il s'agit, comme vous venez de l'indiquer, d'attribuer le nom de la grande �crivaine anglaise Virginia Woolf, � la nouvelle biblioth�que de la Z.A.C. "Paul Bourget-Gerda Taro" dans le 13e arrondissement, qui sera elle-m�me inaugur�e en 2024.

Ce projet est d�j� tr�s avanc� puisque le concours d'architecture a d�termin� la physionomie de l'immeuble et la DAC a d�j� dessin� les espaces int�rieurs de cette biblioth�que-m�diath�que.

Revenons � Virginia Woolf, son ?uvre importante a contribu� � renouveler l'art du roman moderne au XXe si�cle et sa cr�ativit� influence aujourd'hui encore de nombreuses �crivaines, �crivains et artistes. Son influence sur le mouvement f�ministe est �vidente et ses �crits t�moignent de la vie culturelle et sociale de l'Angleterre post-victorienne.

Il est donc propos� de donner son nom � la future biblioth�que du 13e arrondissement et je vais en profiter pour pr�senter ce nouvel �quipement culturel, ce n'est pas tous les jours. Cette biblioth�que aura une superficie de 1.000�m�tres carr�s, s'inscrira dans le cadre de la d�marche "Paris Ville inclusive", c'est-�-dire que les espaces de la biblioth�que pourront �tre partag�s pour accueillir des activit�s culturelles et citoyennes des associations locales.

Il est pr�vu dans le programme un espace de "coworking" li� � une r�sidence �tudiante, et une salle d'animation polyvalente d'une centaine de m�tres carr�s. La biblioth�que sera g�n�raliste et proposera en sus des espaces mutualisables, une section jeunesse, une section adulte, un espace d'actualit� et un espace multim�dia. Une salle d'animation polyvalente ouverte directement sur l'ext�rieur permettra aussi d'accueillir des activit�s en petits groupes�: �coute, pratique musicale, visionnage de films, lecture � voix haute, on y est presque, des expositions, des conf�rences et des pr�sentations de petites formes artistiques.

Cet �tablissement sera situ� � la porte d'Italie, dans le quartier Paul Bourget, quartier qui conna�t actuellement une importante r�habilitation, plus exactement une renaissance, et portera un enjeu fort de mixit� des publics, de d�veloppement de liens entre les classes d'�ge et de coh�sion sociale.

Je suis donc �videmment extr�mement satisfait que la Commission de d�nomination parisienne ait accept� de rendre hommage � Virginia Woolf, �crivaine majeure du XXe si�cle, moderniste et f�ministe, dont l'?uvre reste d�terminante et que l'on ait choisi d'attribuer son nom � ce nouvel �quipement culturel du 13e arrondissement.

Je vous appelle, mes chers coll�gues, �videmment � adopter, j'esp�re � l'unanimit�, ce projet de d�lib�ration. Merci.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire du 13e arrondissement. Je donne maintenant la parole � Alice COFFIN, qui doit �tre en salle des f�tes, j'imagine.

Mme Alice COFFIN. - Virginia Woolf et le Conseil de Paris, Virginia Woolf et Paris, c'est particuli�rement �mouvant, je suis tr�s joyeuse �videmment que ce choix ait �t� fait, surtout que je suis nouvelle en politique, mais ces derniers mois on montrait que ce qu'il se passe ici, dans des instances politiques, n'est pas toujours "Woolf compatible" pour le dire ainsi. Pourquoi�?

D'abord, parce qu'il faut savoir qu'il y a un si�cle maintenant exactement, le 18 avril 1921, Virginia Woolf a �crit dans son journal que la vie politique lui semble terriblement ennuyeuse, que l'on y gaspille son temps, que l'on y perd son temps dans des discours qui n'en finissent pas.

Par ailleurs, pour comprendre aussi pourquoi il pourrait y avoir une certaine incompatibilit�, elle a des discours qui d�noncent fortement la nullit�, je cite, "du syst�me patriarcal", et l'atrophie dans laquelle nous m�ne ce qu'elle nomme la procession d'hommes cultiv�s, d'hommes instruits et de leurs fils qui passent leur temps � se r�unir entre eux au cours de c�r�monies, donc autant d'indices qui montrent que cela peut un peu coincer.

Donc, pourquoi fait-on cela, sauf si, et je ne sais pas si le maire du 13e pourra le dire, cette biblioth�que a d�cid� de l'honorer jusqu'au bout, en suivant ses pr�ceptes. Elle d�conseillait par exemple aux femmes de lire des livres d'hommes. Je ne sais pas jusqu'o� ira cette biblioth�que du 13e.

Plus s�rieusement, peut-on r�fl�chir � ce qu'est une politique d'hommage et j'appr�cie particuli�rement la fa�on dont notamment Laurence PATRICE m�ne cette politique de d�nomination, la fa�on dont cela se passe au sein de la deuxi�me Commission, on fait des choses assez passionnantes sur ce sujet, et les choix sont vraiment importants, mais qu'est-ce que cela nous dit et en quoi cela nous oblige finalement de nommer une biblioth�que Virginia Woolf�?

En quoi cela doit-il aussi inspirer nos politiques culturelles, nos politiques f�ministes dans ce Conseil de Paris, et je crois que l'on essaie justement de le faire.

Il y a deux ouvrages auxquels je vous invite � vous r�f�rer, si cela peut nous inspirer, �videmment "Une chambre � soi", qui est un de ses ouvrages les plus connus. Je vous invite aussi � lire "Trois guin�es", qui est un magistral discours de politique f�ministe dans lequel elle r�p�te trois mots sans arr�t, "Think, we must", "penser, nous devons", penser, penser, penser, et justement pour affronter, on est � la fin des ann�es 1930, elle pressent la guerre qui arrive, elle-m�me n'a pu rester encore parmi ceux qui �taient sur terre � ce moment-l� tr�s longtemps. Elle nous indique une direction que je pense on serait incit� � suivre. Cette direction, on en a quelques id�es, un texte est paru hier dans "The Guardian", sign� par Alison Bechdel, une autrice lesbienne de romans graphiques, qui a �crit un texte sur Virginia Woolf et un de ses amours Vita Sackville-West, en disant pr�cis�ment � quel point il y avait cette inspiration en mati�re de politique culturelle. C'est int�ressant que ce soit Bechdel qui le fasse, parce que vous la connaissez peut-�tre pour son fameux test qui vise � �valuer les ?uvres culturelles, notamment les films pour savoir si dans un film on a ou pas deux personnages f�minins qui sont identifi�s par leur nom, si ces deux personnages se parlent et s'ils parlent d'autres choses que d'un personnage masculin. R�cemment, on me faisait remarquer que la s�rie "Lupin", qui par ailleurs c�l�bre Paris, ne passe pas le test de Bechdel. Je dis cela parce que cela nous indique aussi une certaine direction que l'on peut vouloir prendre, et je crois que l'on essaie de prendre dans les politiques culturelles de la Ville de Paris pour inciter au contraire des ?uvres culturelles qui aient une autre pr�sentation du monde, �crites, mises en sc�ne par d'autres que ceux par qui elles ont �t� mises en sc�ne depuis des si�cles et des si�cles. C'est int�ressant et je suis particuli�rement sensible que l'on se r�f�re � Virginia Woolf. Pour finir, parce que cela nous concerne et c'est d'actualit�, je cite un article de "T�l�rama" de mars 2020, il y avait une grande manifestation qui brandissait des panneaux de Virginia Woolf et disait que justement, Virginie Woolf �tait aussi aux c�t�s des gr�vistes de l'Ibis Batignolles, des migrants, des sans-papiers comme des victimes de violences sexuelles, car "Une chambre � soi" est un refuge pr�vu pour prot�ger les inconnus, les sans voix et les invisibles et comme disait Woolf, "toutes ces vies infiniment obscures, il reste � les enregistrer", et c'est ce que fait aussi la politique de m�moire de la Ville de Paris. Merci.

M.�Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Alice COFFIN, merci de nous faire partager votre culture f�ministe que nous ne d�couvrons pas.

Je donne la parole � Laurence PATRICE pour vous r�pondre.

Mme�Laurence PATRICE, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire, et merci � Alice COFFIN pour son intervention qui d�finit effectivement toute la dimension et l'apport inspirant de Virginia Woolf.

Je voulais aussi remercier M. le Maire du 13e arrondissement, J�r�me COUMET, pour sa prise de parole et aussi bien s�r pour avoir permis d'offrir � Virginia Woolf un hommage de Paris � sa mesure, enfin, et cela dans le cadre de cette belle coh�rence de sens qui caract�rise les hommages et d�nominations de votre arrondissement, cher J�r�me.

En effet, il y a des ann�es que le principe d'un hommage � "Mrs Woolf" avait �t� vot� sans pouvoir aboutir, c'est fait d�sormais et nous nous en r�jouissons. J'associe � cela Carine ROLLAND, ma coll�gue en charge de la culture qui co-porte ce projet de d�lib�ration.

Ce sera donc cette biblioth�que, qui prendra place dans un quartier transform� accueillant nombre de nouveaux habitants install�s dans des constructions de logements sociaux de haute qualit�.

Il me pla�t � penser que c'est aussi un beau symbole que le nom de Virginia Woolf rayonne au c?ur de ce cheminement de nouvelles rues et pr�s d'un nouveau jardin aussi qui rendent hommage � des femmes qui ont d� beaucoup lutter pour affirmer leur libert� de cr�ation et qui furent fortement engag�es dans l'histoire du XXe si�cle.

Ainsi trouve-t-on la rue Gerda-Taro, du nom de cette Z.A.C., une des premi�res femmes reporters de guerre, morte tu�e pendant la guerre d'Espagne et dont encore aujourd'hui on attribue certains de ses clich�s � son compagnon Robert Capa. Encore aussi la rue Germaine-Krull, photographe allemande et r�sistante, ou encore le jardin Laure-Albin-Guillot dans cette nouvelle configuration, qui d�, photographe, r�inventer son propre art apr�s le d�c�s de son mari qu'elle assistait.

De plus, cette biblioth�que mettra � disposition des habitantes et des habitants des espaces d�di�s � la vie associative et culturelle locale.

Je fais donc le v?u qu'elle offre des espaces permettant tout particuli�rement aux femmes de ce quartier de s'y retrouver, de se retrouver dans un "lieu � elles", des espaces pour �changer, cr�er et s'exprimer au milieu des livres, "la s�ve vivante des esprits immortels" comme disait Virginia Woolf. Je vous remercie de voter, j'esp�re � l'unanimit�, ce bel hommage.

M.�Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Madame la Maire, ch�re Laurence PATRICE.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 347.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s'abstient�?

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l'unanimit� pour Virginia Woolf. (2021, DAC 347).

Février 2021
Débat
Conseil municipal
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