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Vœu déposé par MM. Sylvain GAREL, Jacques BOUTAULT et les membres du groupe “Les Verts” demandant qu’une rue ou une place parisienne porte le nom d’Aslan Maskhadov.


M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - J?en viens � pr�sent au v?u r�f�renc� n� 16 dans le fascicule d�pos� par le groupe ?Les Verts? qui proposent qu?une rue ou une place parisienne porte le nom d?Aslan Maskhadov.

La parole est M. le Pr�sident Ren� DUTREY? M. SCHAPIRA r�pondra.

M. Ren� DUTREY. - Merci, Monsieur le Maire.

Aslan Maskhadov a �t� assassin� le 8 mars dernier � l?issue d?une op�ration sp�ciale des services sp�ciaux russes. Qualifi� de ?terroriste international? et ?chef de bande arm�e? par le chef du F.S.B. lors de l?annonce de sa mort, les autorit�s russes depuis la sanglante prise d?otages de Beslan en septembre dernier avaient promis 10 millions de dollars de r�compense pour sa capture.

Pourtant, le leader ind�pendantiste avait condamn� sans aucune r�serve aussi bien la prise d?otages du th��tre de Moscou que celle de Beslan ou encore les attentats du 11 septembre et, plus g�n�ralement, tout acte terroriste touchant des civils, indiquant dans sa lettre du 25 f�vrier dernier � Javier SOLANA pour demander l?engagement de l?Union europ�enne pour aider la Tch�tch�nie que ?seule la paix et la d�mocratie peuvent conjurer le terrorisme?.

Pourtant, Aslan Maskhadov a �t� �lu d�mocratiquement en 1997 par la population tch�tch�ne et son �lection avait �t� reconnue par l?O.S.C.E. Dans ce pays en conflit avec la Russie depuis des d�cennies, c?�tait le seul pr�sident � avoir une l�gitimit� d�mocratique.

Pourtant, le pr�sident Maskhadov se r�clamait de la r�volution douce telle qu?elle s?est d�roul�e en Ukraine et repr�sentait l?espoir, au sein de la population tch�tch�ne et des combattants ind�pendantistes, d?une n�gociation possible. Force mod�ratrice au sein de la r�sistance tch�tch�ne et disposant d?une l�gitimit� importante, il avait proclam� un cessez-le-feu au mois de f�vrier, respect� par l?ensemble des combattants, renouvelant les appels � la n�gociation avec Moscou.

Cet appel, pas davantage que le plan de paix qu?il avait propos� il y a un an, n?a obtenu de r�ponse favorable de la part de Moscou. Bien au contraire, les exactions � l?encontre de la population civile tch�tch�ne n?ont pas cess�. Selon le rapport de Human Rights Watch sur la Tch�tch�nie paru le 21 mars dernier, les disparitions sont devenues si fr�quentes et syst�matiques qu?elles constituent un crime contre l?humanit�. L?O.N.G. estime qu?entre 3.000 et 5.000 personnes ont disparu depuis le d�but de la seconde guerre en 1999 et que ces enl�vements sont en majorit� le fait des troupes f�d�rales russes. Elle rapporte �galement que 8 parents d?Aslan Maskhadov ont �t� enlev�s en d�cembre dernier. La guerre en dix ans a fait plus de 200.000 morts tch�tch�nes, l?�quivalent d?un cinqui�me de la population du pays.

Dans ce contexte, la disparition d?Aslan Maskhadov risque d?avoir des cons�quences dramatiques sur la situation tch�tch�ne, parce qu?elle laisse face � face l?aile islamique de la r�sistance tch�tch�ne et les autorit�s russes, dont POUTINE a dit qu?elles iraient ?chercher les Tch�tch�nes jusque dans les chiottes?, parce qu?elle ferme la porte � la n�gociation et au dialogue. Selon les termes d?un journaliste tch�tch�ne, Maskhadov �tait la seule personne disposant de suffisamment de l�gitimit� pour rendre possible un processus de r�glement politique. Le Caucase va continuer de s?enfoncer dans le chaos.

M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur le Pr�sident.

M. SCHAPIRAvous r�pond.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint. - Monsieur le Pr�sident, d?abord � propos d?un projet de d�lib�ration ant�rieur, je voudrais simplement dire, puisque nous allons avoir une place d?Andorre, que le Ministre des Affaires �trang�res d?Andorre m?a fait r�cemment part d?un vote du Gouvernement d?Andorre : le principal pont nouvellement construit � Andorre s?appellera ?le pont de Paris?. Bel �change.

Je r�ponds au Pr�sident DUTREY.

La situation qui pr�vaut en Tch�tch�nie depuis plus de dix ans ne peut laisser personne indiff�rent, et vous avez eu raison de nous rappeler le drame de cette guerre qui a caus� la mort de plus d?un cinqui�me de la population tch�tch�ne et contraint pr�s d?un tiers de celle-ci � l?exil, dans les r�publiques voisines, dans des camps de r�fugi�s, ce qui n?est pas sans cr�er des troubles comme vous le savez parfaitement en Oss�tie et en Ingouchie.

L?assassinat du pr�sident Maskhadov, le 8 mars dernier, laisse � penser que le Caucase va continuer de s?enfoncer dans le chaos, comme vous l?avez tr�s bien soulign�.

Cependant, au-del� de la question du statut international de la Tch�tch�nie, la personnalit� de Mashkadov ne fait, �videmment pas, l?unanimit�. Il a �t� �lu, certes, mais il ne fait pas l?una-nimit�.

L?homme d?Etat a publiquement condamn� le terrorisme sous toutes ses formes, mais nous sommes dans une spirale de la violence. Aux actes terroristes en Tch�tch�nie, ont r�pondu des actes terroristes sur la population russe. Nous connaissons ce genre de spirale de violence dans d?autres r�gions du monde. Je ne voudrais pas �tre simplificateur, c?est un probl�me extr�mement complexe et ce n?est pas nous qui allons r�gler ici le probl�me de la Tch�tch�nie, pour lequel nous avons beaucoup � dire.

(M. Christophe CARESCHE, adjoint, remplace M.Christian SAUTTER, adjoint, au fauteuil de la pr�sidence).

Le peuple tch�tch�ne est martyris� ! La ville de Grozny est martyris�e ! Il faut prendre en compte la complexit� de cette situation et prendre en compte la souffrance de ces deux peuples. Nous ne donnons pas, � travers le symbole d?un lieu, d?une rue ou d?une place qui porterait le nom d?Aslan Maskhadov, une r�ponse appropri�e. Je pense qu?on ne r�duit pas les choses de cette mani�re.

Je suis pour le rejet de ce v?u, et pour l?ouverture � une autre solution pour honorer le peuple tch�tch�ne.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Monsieur DUTREY, vous avez la lourde t�che?

M. Ren� DUTREY. - Mon groupe a d�pos� ce v?u en toute connaissance de cause et, m�me si Aslan Maskhadov ne fait pas l?unanimit� - et heureusement qu?il ne fait pas l?unanimit� -, comme on dit, on n?a jamais la pr�tention de plaire � tout le monde et faire l?unanimit� aujourd?hui en Tch�tch�nie serait plut�t mauvais signe.

Je demande donc que ce v?u soit soumis au vote.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Monsieur BLOCHE ?

M. Patrick BLOCHE. - Comme j?aime bien que la majorit� municipale se retrouve sur les v?ux et amendements, en synergie et en accord avec l?Ex�cutif, je regrette bien s�r que ce v?u ne soit pas retir�, mais sans jeter la pierre au Pr�sident du groupe ?Les Verts? par une solidarit� de pr�sident de groupe qu?il acceptera, je lui demande de bien vouloir accepter?

Le groupe socialiste et radical de gauche sera amen� � suivre, ce v?u �tant maintenu, la proposition faite par Pierre SCHAPIRA, mais je voudrais qu?il n?y ait aucun doute dans notre vote. Nous consid�rons qu?en Tch�tch�nie un drame �pouvantable se joue, des choses horribles s?y passent, et donc au-del� du rejet de ce v?u je souhaiterais que subsiste la proposition de Pierre SCHAPIRA et que nous puissions, par un moyen ou par un autre, dire le souci de Paris � l?�gard du respect des Droits de l?Homme � travers le monde, et se saisir du drame que vit actuellement le peuple tch�tch�ne.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci.

Madame G�GOUT ?

Mme Catherine G�GOUT. - Oui, pour une explication de vote aussi.

La proposition de Pierre SCHAPIRA �tait int�ressante, parce que finalement le but de ce v?u est quand m�me bien de mettre sur la place publique la souffrance du peuple tch�tch�ne. On aurait pu proposer d?honorer beaucoup d?autres personnes, dans de nombreux pays ! Une inflation de demandes de d�nomination de rues pour des gens qui viennent de mourir r�cemment n?est pas une bonne chose.

Je crois que vraiment ce n?est pas une bonne fa�on de faire et je suis tout � fait d?accord avec ce que dit Patrick BLOCHE. Le groupe communiste ne votera pas ce v?u s?il est maintenu, mais ce n?est pas du tout pour ne pas reconna�tre ce qui se passe en Tch�tch�nie, bien au contraire ! Bien au contraire ! Je suis s�re qu?en se mettant tous ensemble, d?ici le mois prochain, et pas dans cent ans, on pourrait trouver un acte fort � r�aliser pour le Conseil de Paris.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Monsieur LEGARET, vous avez la parole.

M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - Je trouve que la proposition de Pierre SCHAPIRA est tout � fait acceptable. Donc dans la mesure o� elle est contradictoire avec le maintien de ce v?u, nous ne voterons pas ce v?u. Je le dis d?autant plus que je comprends mal la pr�cipitation des �lus ?Verts? qui, ce matin, invoquaient la r�gle des cinq ans pour Jean-Paul II. Il faut savoir si pour Jean-Paul II on invoque la r�gle des cinq ans et si on la renie cet apr�s-midi.

Nous avons un tout petit peu de temps devant nous, nous sommes tous d�sireux de faire un geste, de marquer d?une pierre significative � Paris le drame tch�tch�ne, mais pas de cette mani�re-l� et pas dans la pr�cipitation, donc je crois qu?il serait souhaitable que ce v?u soit retir� ou alors qu?on ne le vote pas.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci.

Monsieur DUTREY, votre dernier mot ?

M. Ren� DUTREY. - Juste un dernier mot pour quand m�me diff�rencier ce qui nous rassemble, la reconnaissance effectivement de ce qui se passe en Tch�tch�nie, et apr�s pour quand m�me cibler ce qui nous diff�rencie, c?est-�-dire venir en aide au militant politique Aslan Maskhadov, deux choses que j?ai senties diff�rentes dans les interventions de chacun, pour que l?ensemble du d�bat soit clair, mais ce n?est pas un drame.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Bon.

On va instituer une commission permanente pour les noms ; avec Anne HIDALGO, on va y passer notre temps !

Je mets aux voix, � main lev�e, le v?u, puisque j?ai compris qu?il �tait maintenu avec un avis d�favorable l?Ex�cutif, mais des actions interviendront sans doute pour essayer d?honorer quand m�me la m�moire de M. Maskhadov, en tout cas la cause qu?il d�fendait.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Abstentions ?

Le v?u est repouss�.

Avril 2005
Débat
Conseil municipal
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