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II - Question d’actualité posée par le groupe "Génération.s" à Mme la Maire de Paris relative à la mobilisation des lycéen.ne.s et étudiant.e.s, des personnels de l'Education national et de l'Enseignement supérieur et de la recherche, liées au contexte sanitaire et à la loi de programmation pluriannuelle de la recherché.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Question du groupe "G�n�ration.s".

Madame MAQUOI, vous avez la parole, Madame la Pr�sidente.

Mme Nathalie MAQUOI. - Merci, Madame la Maire.

Chers coll�gues, depuis la rentr�e scolaire du lundi 2 novembre, �l�ves et parfois professeurs inquiets et inqui�tes sur l'organisation des lyc�es dans la crise sanitaire interpellent le Gouvernement.

Les proviseurs s'inqui�tent du brassage des �l�ves dans les cantines, les professeurs, lyc�ens, lyc�ennes d�noncent des classes surcharg�es, parce qu'elles ne permettent pas une protection suffisante face � la diffusion du virus.

Les cours � distance pour le lyc�e ne sont pas une solution. Le premier confinement a montr� les in�galit�s �ducatives, num�riques et sociales qu'ils entra�naient. Nous nous joignons aux alertes de la F.C.P.E. notamment, qui appelle � un recrutement massif des enseignantes/enseignants permettant des d�doublements et donc, un renforcement du protocole sanitaire et un v�ritable suivi personnalis� des lyc�ens et lyc�ennes.

Pourtant, depuis deux semaines, nous avons tous et toutes lu des t�moignages de lyc�ens et lyc�ennes qui se mobilisaient pour obtenir une meilleure protection, de parents d'�l�ves, d'enseignants, et vu des vid�os sur un emploi de la force publique en direction des lyc�ens pour le moins questionnant et c'est un euph�misme�: gaz lacrymog�ne, interpellations, contr�les. Qui a donn� l'ordre d'intervenir ainsi, pour quelle raison�? On peut se le demander.

Ces ph�nom�nes inqui�tants interviennent alors que la loi de programmation recherche vient d'�tre adopt�e. Au sein de cette loi, un article dit�: "le fait de p�n�trer ou de se maintenir dans l'enceinte d'un �tablissement d'enseignement sup�rieur sans y �tre habilit� en vertu de dispositions l�gislatives ou r�glementaires, ou y avoir �t� autoris� par les autorit�s comp�tentes, dans le but de troubler la tranquillit� ou le bon ordre de l'�tablissement est passible de sanction".

Occuper une universit�, un amphi, font partie des actions utilis�es par des �tudiantes et �tudiants dans l'�ventail des moyens d'expression et de pression utilis�s.

Aujourd'hui, se mobiliser, protester pour l'acquisition de nouveaux droits est passible de 7.500 euros d'amende et d'une peine d'emprisonnement. Le droit fondamental de manifester devient un d�lit susceptible d'une condamnation p�nale. C'est grave, tr�s grave. Enfin, nous avons appris il y a quelques jours que la secr�taire d'�tat charg�e de la jeunesse et de l'engagement a demand� une inspection sur la F�d�ration nationale des centres sociaux. Les motifs sont assez incompr�hensibles, pour ne pas avoir �t� en accord avec des propos tenus par des jeunes, elle reporte son m�contentement sur une grande f�d�ration d'�ducation populaire. L� aussi, c'est grave, tr�s grave. Alors, au vu de ces nombreux �l�ments, doit-on s'inqui�ter d'un climat de plus en plus liberticide envers les jeunes, d'une remise au pas�?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame la Pr�sidente.

Marie-Christine LEMARDELEY, puis M. le Pr�fet de police.

Mme Marie-Christine LEMARDELEY, adjointe. - Ch�re Nathalie MAQUOI, merci de ces alertes, qui me permettent de rappeler combien notre majorit� est attach�e au droit fondamental que constitue la libert� de manifester, bien s�r dans le respect des personnes et des biens.

L'article de loi que vous avez cit� et qui pr�voit la cr�ation d'un d�lit sur les atteintes au bon fonctionnement des �tablissements par des personnes ext�rieures est � ce titre inqui�tant. Des dispositions existent d�j�, et il n'est nul besoin d'en cr�er de nouvelles. Il existe en effet ce que l'on appelle les franchises universitaires, ces mots expriment le fait que les universit�s sont des sanctuaires dans lesquels les forces de l'ordre ne peuvent p�n�trer sans qu?un pr�sident ou une pr�sidente d'universit� ne les y appelle. Quand une universit� est occup�e, ce sont les pr�sidents et pr�sidentes qui veillent au maintien de l'ordre sur le site. D'abord par le dialogue et la discussion, pas la force mais l'autorit�. Il n'est pas admissible qu'une intervention des forces de l'ordre leur soit impos�e. Cette r�ponse n'est ni efficace ni proportionn�e, le risque de p�nalisation qu'elle induit est tout bonnement inappropri�. La Ville de Paris est une grande capitale scientifique, la capitale des �tudiants et de la libert� d'expression. A de nombreuses reprises, la Sorbonne, symbole de l'universit�, a �t� le si�ge de mobilisations et d'avanc�es sociales majeures pour l'ensemble de notre soci�t�. Rien ne doit nous faire renoncer � ce droit-l�. Comme rien ne doit nous faire renoncer � la libert� acad�mique sur laquelle p�sent en ce moment plusieurs menaces. Les universit�s doivent rester des lieux de recherche, de savoir et d'expression libre. Il est de notre devoir de prot�ger la possibilit� pour les jeunes et les �tudiants de s'exprimer, c'est leur avenir qu'ils construisent ainsi.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

Monsieur le Pr�fet, vous avez la parole.

M. LE PRFET DE POLICE. - Je vais r�pondre � Mme MAQUOI�: qui a d�cid� de l'intervention devant les lyc�es�? C'est moi, Madame. Je n'ai pas v�ritablement d'avis sur un blocage de lyc�es, encore que, refuser l'acc�s au savoir, que ce soit dans ce pays ou ailleurs, m'a toujours paru suspect. Mais en l'occurrence, dans cette p�riode-l�, un regroupement de plusieurs dizaines de jeunes est extr�mement dangereux pour eux.

Pourquoi en cette p�riode�? Parce que nous sommes en alerte maximale en mati�re de terrorisme. Ce n'est pas un vain mot, c'est une r�alit�, la situation est de ce point de vue assez pr�occupante et � tout moment, malgr� nos efforts d'essayer d'en emp�cher, peut survenir un attentat terroriste et il faut �tre tr�s clair, sont des cibles les �tablissements cultuels mais �galement les �tablissements scolaires, et l'impact que pourrait avoir une voiture folle type b�lier, ou un individu poignardant des jeunes serait assez terrible pour notre soci�t�. Donc oui, j'ai pris cette responsabilit� de faire en sorte qu'il n'y ait pas de regroupements sur la voie publique qui d'ailleurs, je le rappelle, en mati�re de s�curit� sanitaire, sont strictement interdits, sauf � �tre d�clar�s dans le cadre de manifestations, ce qui n'a �t�, sur les 10 lyc�es qui ont �t� d�bloqu�s depuis le d�but du mois de novembre, en aucune fa�on le cas. Vous noterez qu'il y a eu des manifestations, par exemple, je crois, une hier devant la Sorbonne, qui a regroup� des lyc�ens, qui elle �tait autoris�e et permettait � tout un chacun d'exprimer ce qu'il pense des politiques gouvernementales et �ventuellement de son opposition auxdites politiques. C'est tout � fait possible de le faire dans un cadre qui nous permet, � nous, d'en assurer la s�curit�.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur le Pr�fet.

Madame MAQUOI, souhaitez-vous reprendre la parole�?

Mme Nathalie MAQUOI. - En une phrase�: simplement pour sensibiliser sur l'utilisation de moyens disproportionn�s parfois pour maintenir l'ordre. Et c'est essentiel de l'avoir en t�te quand on les utilise � l'�gard de jeunes qui sont en train de former leur citoyennet�, donc aussi leur rapport aux forces de l'ordre et � l'autorit�.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame MAQUOI.

Novembre 2020
Débat
Conseil municipal
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