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III - Question d’actualité posée par le groupe MoDem, Démocrates et Ecologistes à Mme la Maire de Paris relative au contrat de la ville et au réchauffement climatique.


Mme�LA MAIRE DE PARIS. - La question suivante est celle du groupe MoDem, D�mocrates et Ecologistes, pos�e par Mme�Maud LELIEVRE.

Mme�Maud LELIEVRE. - Madame la Maire, merci.

Il y a un an, le journal "Le Parisien" avait trouv� un slogan pour souligner votre d�cision relative aux Jeux olympiques�: "Anne HIDALGO rejette le diesel et l'argent du diesel". Vous aviez alors �crit au pr�sident du COJO pour r�clamer des Jeux exemplaires sur le plan environnemental et n'ayant pas recours � des sponsors actifs dans les �nergies fossiles, ce qui amena le groupe Total � renoncer � �tre sponsor des Jeux olympiques.

Une bonne d�cision et j'imagine que nous sommes quelques-uns, malgr� l'ambiance de la campagne �lectorale d'alors, � avoir approuv� cette d�cision, car Total n'est pas un groupe comme les autres, il a une longue histoire avec les �cologistes et les collectivit�s locales de notre pays. En 2008, pour la premi�re fois en France, le pr�judice �cologique r�sultant de l'atteinte � l'environnement a �t� reconnu, il portait sur la responsabilit� du groupe Total dans le proc�s Erika.

10�ans plus tard, un collectif d'associations regroupant "Notre affaire � tous", "Sherpa", "ZEA", "les Eco Maires", "France Nature Environnement" et des collectivit�s locales regroupant 14�communes et r�gions engag�es, ainsi que leurs avocats de Seattle Avocats ont assign� Total en justice pour les faire changer radicalement de mod�le de d�veloppement.

Apr�s deux ans d'�changes et de rencontres entre ces associations, ces maires, et une fin de non-recevoir de la part de Total, ils ont d�cid�, comme le maire de Nanterre Patrick JARRY, comme le maire de Grenoble Eric PIOLLE, comme le maire de Vitry-le-Fran�ois Jean-Pierre BOUQUET, ainsi que leurs coll�gues maires et pr�sidents d'intercommunalit�, d'assigner Total en justice pour non-respect de son devoir de vigilance. Une d�marche au long cours et d'importance � laquelle Paris aurait pu s'associer.

Nous avons d�battu hier longuement des tenants et aboutissants du march� de gestion, mais le choix du prestataire au sein de notre groupe nous heurte. Alors non, Total n'est pas une entreprise comme les autres�: atteinte � l'environnement, forage en Guyane, toutes ces atteintes � l'environnement suffisamment graves pour faire en sorte que "l'Union internationale de conservation de la nature" dont le congr�s se tiendra en France d'ici quelques mois refuse le soutien de Total au plan international � ses programmes.

Alors non, Total n'est pas une entreprise comme les autres, car elle figure parmi les principales entreprises au monde comme responsable du r�chauffement climatique et non-respect des accords de Paris. Je vous invite � reprendre les classements de l'O.N.G. internationale "Carbon Majors".

Alors non, on ne peut pas demander � l'�minent Jean JOUZEL de pr�sider sa campagne et de choisir Total. Non, on ne peut pas r�pondre aux jeunes qui marchent pour le Climat, aux militants de "360", � ceux de "Notre affaire � tous", aux O.N.G., que Total est une entreprise comme les autres. Nous en avons d�lib�r� hier, mais pouvez-vous nous dire, Madame la Maire, quelle politique et quelles lignes politiques vous souhaitez adopter vis-�-vis de Total, envisagez-vous de soutenir cette action en justice qui r�unit tant de maires et de collectivit�s locales, faire le choix de Total et le choix du pass�?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame. David BELLIARD pour vous r�pondre.

M. David BELLIARD, adjoint. - Merci, Madame LELIEVRE, pour votre question qui me permet peut-�tre de contextualiser de nouveau les raisons pour lesquelles nous nous sommes lanc�s dans un contrat de concession pour des bornes de recharge �lectriques qui sont en lien avec les objectifs, puisque vous avez rappel� les questions environnementales qui �videmment sont au c?ur de l'action que nous menons, qui sont donc importantes pour la lutte contre les pollutions de l'air, sonores, et la trajectoire d'une ville z�ro carbone que nous nous sommes fix�e.

Et on m�ne une politique particuli�rement active de transformation de l'espace public pour y faire plus de place aux mobilit�s douces et actives ainsi qu?aux transports en commun et donc, la diminution de la place de l'automobile en ville, et sur cette part du trafic notre enjeu est de basculer d'un parc fonctionnant aujourd'hui encore essentiellement avec des moteurs thermiques vers des motorisations moins polluantes et plus propres.

Il y a plusieurs technologies pour faire cette transition�: l'hydrog�ne et bien s�r l'�lectrique. Pour atteindre cet objectif de sortie du thermique en 2030, nous avons besoin de d�velopper de nouvelles bornes de recharge avec des technologies plus adapt�es et qui r�pondent aux besoins de professionnels qui nous demandent des bornes de recharge rapide. C'est la raison pour laquelle nous avons d�cid� de d�ployer cette premi�re vague de bornes �lectriques. Notre philosophie est bien s�r d'abord de basculer massivement vers des mobilit�s douces et actives ainsi que vers les transports en commun et non pas de transformer notre parc automobile actuel automobile en parc �lectrique.

Toutefois, sur cette question du parc existant, nous avions besoin d'aller vers ce type de contrat et vers cette concession. Ensuite, sur le choix du concessionnaire, oui, vous rappelez � juste titre le fait que Total est une entreprise encore profond�ment bas�e sur l'exp�rimentation d'hydrocarbures, qui est l'une des plus polluantes du monde et oui, nous sommes d'accord avec vous, Madame LELIEVRE, Total n'est pas une entreprise comme les autres. Et je vais vous le dire, et en tant qu?adjoint aujourd'hui de cette majorit� qui a fait de la transformation �cologique de notre ville une de ses priorit�s et en tant qu'�lu �cologiste�: oui, c'est un probl�me qu'aujourd'hui, sur ce type de service qu'est l'exploitation de bornes de recharge, des entreprises comme Total, Engie, Bouygues ou encore Vinci soient seules en capacit� de r�pondre.

Nous avons un objectif de transformation de la ville, nous avons un objectif de d�ploiement de bornes �lectriques que votre groupe a d'ailleurs appuy� hier, lors du d�bat, eh bien pour atteindre cet objectif, nous sommes oblig�s aujourd'hui, en l'�tat du march�, de passer par une de ces entreprises que j'ai cit�es et qui sont, vous en convenez, �videmment, des entreprises qui sont peu engag�es encore sur le 100�% EnR.

Si on peut noter que Total engage sa transition vers des �nergies propres, puisque ce contrat montre bien que l'entreprise est en train de faire �voluer son "business model", on ne peut �videmment s'en satisfaire. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons donn� hier un avis favorable au v?u port� par mes coll�gues du groupe �cologiste de Paris, qui nous incite � penser l'extension du parc de bornes de recharge conjointement avec la cr�ation d'Energies Paris, et qu'il faut �videmment imp�rativement que notre Ville aide � faire �merger des acteurs 100�% EnR. Nous avons aujourd'hui besoin d'avoir sur le march�, des acteurs qui soient 100�% EnR. Pour finir, je vous r�affirme notre ferme opposition d'avoir Total comme sponsor des Jeux Olympiques et pour tout autre �v�nement public li� � notre ville. Travailler avec eux sur des march�s ponctuels, qui r�pondent � nos objectifs et priorit�s et leur permettent d'acc�l�rer leur transition est une chose, leur offrir une vitrine en est une autre. Je vous remercie.

Mme�LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, je n'aurai absolument rien � ajouter.

Madame LELIEVRE�?

Mme�Maud LELIEVRE. - Merci, Madame la Maire, merci, Monsieur BELLIARD, je vous remercie de votre r�ponse, j'avais bien entendu vos arguments hier au moment du d�bat, ma question n'�tait pas tout � fait celle-l�, mais j'imagine que nous pourrons en reparler dans de prochains �changes du Conseil de Paris. Je la r�it�re pour que l'on puisse y r�pondre dans un temps futur�: que pensez-vous de l'action des collectivit�s locales qui est men�e sur le devoir de vigilance de Total et envisagez-vous � l'avenir, en tant que Ville de Paris, de la soutenir pour faire �voluer les choses avant la prochaine COP�? Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - On aura l'occasion de reparler de mon engagement et de celui de la Ville sur la justice climatique, engagement d'ailleurs remarqu� dans la mesure o� nous avons eu quelques tr�s, tr�s grands succ�s sur ce terrain-l�, notamment aupr�s de la Cour de justice europ�enne. Si vous voulez, ce sujet tr�s important, nous y reviendrons, mais en l'abordant dans sa globalit� et en montrant comment Paris, la Ville, les actions que nous avons entreprises sont en train de faire bouger le droit, le droit national, le droit europ�en et le droit international.

Novembre 2020
Débat
Conseil municipal
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