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2019 DFA 117 - Etats spéciaux d'arrondissements. - Budget primitif 2020.


Mme LA MAIRE DE PARIS.- Mes chers coll�gues, je vous propose � pr�sent de passer � la discussion relative au budget de la Ville de Paris et de l?�tat sp�cial territorial. Conform�ment � la Conf�rence d?organisation, je vous rappelle que, dans une premi�re partie?

Si vous voulez bien ne pas faire de brouhaha, les collaborateurs, parce qu?on va engager une discussion sur le budget de la Ville.

Je vous rappelle qu?il y aura un orateur par groupe, qui s?exprimera cinq minutes, puis l?Ex�cutif fera une premi�re r�ponse. Le d�bat g�n�ral se poursuivra ensuite avec l?ensemble des orateurs inscrits, puis ce sera la r�ponse de l?Ex�cutif.

Je vous rappelle que, lors du vote, il n?y aura ni d�bat ni intervention, mais une explication de vote pr�alable de cinq minutes par groupe. Les amendements et les v?ux doivent �tre pr�sent�s pendant la discussion g�n�rale.

Je vais introduire ce d�bat sur la discussion budg�taire.

Mes chers coll�gues, depuis 2014, nous avons �labor� une strat�gie budg�taire, claire et coh�rente, afin de tenir les engagements pris aupr�s des Parisiennes et des Parisiens en mars 2014. C?est le point de d�part, le point de r�f�rence, l?�l�ment qui nous lie, cette majorit�, aux Parisiennes et aux Parisiens.

Cette strat�gie a �t� rappel�e � chaque d�bat d?orientation budg�taire et � chaque vote du budget. Ce budget primitif pour 2020, le dernier de la mandature, s?inscrit donc dans la coh�rence et la continuit� avec cette strat�gie pluriannuelle.

Permettez-moi de remercier tr�s chaleureusement Emmanuel GR�GOIRE, mon excellent premier adjoint, pour le travail consid�rable d?�coute, d?orientation et de construction de ce budget qu?il a men�, avec conviction et professionnalisme, et avec fid�lit�, ce qui est toujours appr�ciable, fid�lit� bien s�r aux engagements de 2014.

Je veux aussi remercier V�ronique LEVIEUX pour le travail qu?elle fait notamment dans la dimension relative aux agents de notre service public.

Je veux remercier la Secr�taire g�n�rale. Elle nous a quitt�s pour la r�union de crise, puisque nous avons aussi la cellule de crise qui se tient parall�lement pour suivre les effets de la gr�ve des transports et d?un certain nombre de services publics, mais je veux la remercier.

Je veux remercier la Direction des Finances et remercier bien s�r l?ensemble des adjoints et l?ensemble des maires d?arrondissement pour le travail qu?ils ont fourni et pour les discussions qui nous permettent aujourd?hui de pr�senter un budget et de le soumettre au vote de notre Assembl�e.

Conform�ment aux axes structurants pr�sent�s lors du d�bat d?orientation budg�taire du mois de novembre, le projet de budget 2020 est celui des promesses tenues�: stabilit� des imp�ts directs locaux, sobri�t� dans la gestion quotidienne de la collectivit� et mise en ?uvre du programme d?investissement de la mandature financ� par un endettement ma�tris�.

En mati�re de pouvoir d?achat, nous avons agi d�s 2014 en d�cidant de stabiliser les taux de fiscalit� sur la mandature. Ainsi � Paris, un couple avec deux enfants, par exemple, disposant de revenus moyens et propri�taire de son logement, paiera 1.500 euros de taxe fonci�re de moins qu?� Bordeaux, 1.200 euros de moins qu?� Marseille ou encore 1.000 euros de moins qu?au Havre.

C?est un choix que nous avons fait, un choix d�lib�r� en 2014 de maintenir cette stabilit� fiscale, parce que nous avons consid�r�, avec notre majorit�, qu?il s?agissait d?une fa�on d?aider les classes moyennes, les habitants de notre ville � surmonter la hausse du prix du logement qui, on le sait, est un �l�ment extr�mement lourd, partout dans le monde et pas qu?� Paris, et qui p�se sur les revenus des classes moyennes. Je vous invite � lire l?excellente �tude de l?OCDE, produite ces derni�res semaines, sur la situation des classes moyennes dans le monde, dans les pays industrialis�s et vous verrez que c?est une description assez fid�le � ce que connaissent les classes moyennes parisiennes. Donc nous avons fait ce choix.

Par ailleurs, nous avons aussi fait un autre choix qui est celui d?un plan d?investissement massif pour contribuer � am�liorer la vie quotidienne des Parisiennes et des Parisiens, tout en consolidant l?activit� �conomique � Paris et en Ile-de-France. Souvenez-vous, en 2014, du fait des baisses de dotations partout en France, la baisse de l?investissement public a fait courir une situation extr�mement grave pour l?ensemble du secteur, par exemple du BTP. Les entreprises parisiennes et franciliennes nous l?ont dit et redit�- les chiffres sont l� � l?appui -, le fait d?avoir investi massivement, comme nous nous y �tions engag�s aupr�s des Parisiennes et des Parisiens, dans un plan d?investissement pour cette mandature a aussi maintenu une activit� �conomique, en injectant des centaines de millions d?euros pour am�liorer bien s�r le quotidien des habitants de notre ville.

Cet investissement, on le verra, s?est traduit par des logements, des cr�ches, des �coles, et par exemple aussi par un Plan V�lo et des transports urbains permettant une meilleure mobilit�.

Cet investissement permettra la r�alisation de 40.000 nouveaux logements sociaux, de plus de 30 hectares de parcs et jardins suppl�mentaires, dont 36 nouveaux jardins publics, de 3 nouveaux conservatoires, de 3 nouvelles biblioth�ques, de 5.000 places en cr�che, de 15 nouveaux gymnases, de 3 nouvelles piscines, mais aussi la pi�tonisation de 224 rues et la r�alisation de 2.000 projets issus du budget participatif.

Voil� � quoi a servi notre plan d?investissement.

L?endettement, qui a contribu� � r�aliser cet investissement public n�cessaire pour Paris et ses habitants, a �t� ma�tris�. Une ma�trise d?ailleurs reconnue par les agences de notation et par l?Etat, dans le contrat que nous avons sign� avec l?Etat sur les comptes de la Ville et la ma�trise de nos comptes publics, et notamment de l?endettement.

En parall�le, nous avons r�ussi � assurer une gestion sobre des finances de la Ville, avec une hausse de nos d�penses de fonctionnement sur la mandature - je pense que vous devez retenir ce chiffre�- qui s?est limit�e � 0,66�%.

Ce s�rieux financier est renouvel� en 2020 et ce, depuis 2014.

A ce stade, les Parisiens doivent de m�me savoir que l?Etat a n�anmoins contribu� � d�s�quilibrer nos finances. Retenez ce chiffre, nous l?avons �voqu� lors du d�bat d?orientation budg�taire et il est impressionnant, il impressionne les Parisiens qui l?entendent et il continue � m?impressionner�: l?Etat a contribu� � d�s�quilibrer nos finances en nous imposant 4 milliards d?euros cumul�s de perte de ressources depuis le d�but de la mandature. Quatre milliards d?euros de pertes de ressources, vous le savez, des baisses de dotations et des ponctions suppl�mentaires en p�r�quation.

Ce sont bien s�r autant de logements, d?�quipements publics et de services publics en moins pour les Parisiennes et les Parisiens. Et vous devez aussi le savoir, sans la moindre concertation, mais je crois que c?est une habitude, le projet de loi de finances pr�voit un nouveau coup de massue de plus de 140 millions d?euros sur les finances de notre Ville. Emmanuel GR�GOIRE, les pr�sidents de d�partement, les maires, l?Association des maires de France, nous sommes tous tr�s mobilis�s puisque beaucoup de collectivit�s sont concern�es, mais Paris est �videmment plus particuli�rement touch�e.

Je le dis ici � chacune et � chacun avec gravit�, au-del� des clivages politiques, Paris ne pourra pas supporter de voir son budget d�s�quilibr� ainsi ann�e apr�s ann�e, sauf � vouloir faire de Paris une collectivit� qui ne serait plus une collectivit� autonome, c?est-�-dire le grand r�ve d?une pr�fecture directement g�r�e par l?Etat qui est derri�re. C?est ce que l?on voit lorsqu?on ne donne plus la possibilit� � une collectivit� d?avoir son autonomie, c?est-�-dire de venir devant les citoyens expliquer, dire, entendre, faire les politiques qui sont en rapport avec ce que les citoyens nous disent, nous demandent et ce que nous portons aussi avec nos convictions.

Le jour o� il n?y a plus de marge de man?uvre pour pouvoir d�cider, la collectivit� n?est plus une collectivit�: elle est un sous-ensemble dans un sous-ensemble lui-m�me d?une organisation institutionnelle dans laquelle le maire n?a plus de pouvoir. Ce que je dis l� a �t� dit pendant le Congr�s des maires de France. Cela a �t� d?ailleurs une des principales discussions avec les repr�sentants de l?Etat, une des principales revendications de l?"Association des maires de France", petites ou grandes communes, que de r�clamer ce qui est un �l�ment essentiel de l?organisation d�mocratique de notre pays, � savoir la libre administration des collectivit�s territoriales.

Et donc, j?en appelle � chaque �lu de cette Assembl�e, � chaque parlementaire parisien, pour ne pas fragiliser durablement les ressources et donc les politiques de notre collectivit� au b�n�fice des habitants de notre ville.

Malgr� les risques que fait peser l?Etat sur l?�quilibre financier de Paris, pour l?ann�e prochaine, nous avons fait le choix d?un budget 2020 de constance et de responsabilit�.

D?abord parce qu?il faut toujours respecter ses engagements, nous avons respect� notre part du contrat financier avec l?Etat qui nous engage donc encore pour une ann�e. En 2020, la dur�e de d�sendettement de notre collectivit� s?�tablit � 9,39 ann�es, tr�s en de�� des 12 ans fix�s par le contrat et la hausse des d�penses est limit�e � 0,87�% par rapport � 2019.

Ensuite, nous avons pr�par� un budget soutenable qui donnera des marges de man?uvre � l?�quipe municipale lors de la prochaine mandature. Cette �quipe disposera d?une �pargne brute tr�s �lev�e, � hauteur de 653 millions d?euros, gage du s�rieux du budget qui vous est pr�sent�, gage aussi du s�rieux avec lequel Emmanuel GR�GOIRE et toute l?�quipe autour ont travaill�.

Gr�ce aussi � des recettes r�elles d?investissement port�es � 540 millions, notre collectivit� sera en mesure de financer plus de 80�% de ses investissements avec ses ressources propres.

Enfin, nous avons fait en sorte que ce budget reconduise le soutien que nous apportons aux acteurs associatifs, aux �tablissements culturels et aux �tablissements sociaux qui ?uvrent en faveur des Parisiennes et des Parisiens. Ce sont des �quipements et des acteurs, je pense notamment aux acteurs associatifs lourdement �prouv�s par la fin des contrats aid�s et la baisse d?un certain nombre de subventions nationales.

Le soutien financier de la Ville, dont ces acteurs b�n�ficient et qui leur est si pr�cieux pour mener � bien leurs actions, est stabilis� dans ce dernier budget de mandature. Je pense bien s�r aux associations qui ?uvrent dans nos quartiers "politique de la ville" et qui maintiennent de la coh�sion et de la qualit� de vie dans tous nos quartiers.

Le choix de la constance, de la responsabilit� et de la soutenabilit� fait de ce budget 2020 un budget de transition, bien s�r, entre cette mandature et la suivante. C?est un budget qui pr�serve les marges de man?uvre indispensables � la poursuite des services publics parisiens. Nous sommes responsables et il nous faut l?acter. Par ailleurs, afin de pr�parer au mieux cette prochaine mandature, et apr�s le choix et le verdict des Parisiens, nous mettons d�s aujourd?hui en place des outils pour mieux mesurer, dans les prochaines ann�es mais d�s cette ann�e, l?impact sur l?environnement des choix budg�taires et notamment - j?y reviendrai - la question de la dette �cologique dont nous devrions beaucoup plus parler. En effet, face aux d�fis qui se pr�sentent � nous, notamment en mati�re de changement climatique, nous le savons, les collectivit�s locales, au premier rang desquelles Paris, jouent un r�le d�terminant. L?am�lioration de la qualit� de l?air, le d�veloppement d?une alimentation durable, le renforcement de l?adaptation de notre ville face aux pics de chaleur et aux inondations, la r�alisation d?�conomies d?�nergie et beaucoup d?autres sujets sont autant de domaines dans lesquels nous agissons avec volontarisme et d�termination. C?est le sens, par exemple, des 500 mesures du Plan climat-air-�nergie territorial que nous avons adopt� ici � l?unanimit�. C?est aussi le sens de la d�marche de valorisation et de notation des actions positives, dans laquelle nous avons engag� la Ville � l?invitation de Jacques ATTALI, � travers cet indice de positivit� des territoires. Il s?agit de poser un regard sinc�re sur nos points forts et sur ceux qui peuvent �tre am�lior�s, selon une approche qui s?int�resse aux r�sultats mais aussi aux moyens, qui privil�gie les actions concr�tes et bien s�r les d�penses engag�es, et qui int�gre des indicateurs quant au bien-�tre et � la qualit� de vie de nos habitants. Car il ne faut pas s?y tromper, la v�ritable dette que nous laisserons � nos enfants est moins comptable, puisqu?elle est ma�tris�e � Paris, la v�ritable dette que nous leur laisserons est une dette �cologique. Elle doit donc devenir un �l�ment d�terminant de l?�laboration du budget de notre collectivit� parce que le budget, c?est l?acte politique majeur par lequel on d�finit les priorit�s d?action. Cette dette climatique, nous devons la r�duire par tous les moyens. C?est le contrat que nous avons implicitement pass� avec les jeunes g�n�rations, notamment en nous appuyant sur le budget qui doit chaque ann�e s?articuler plus fortement avec nos ambitions environnementales. Les plus grandes institutions internationales l?ont compris et Paris joue un r�le cl� dans cette dynamique. C?est pourquoi je vous propose lors de ce Conseil de participer avec d?autres m�tropoles fran�aises � une initiative sur la budg�tisation verte au niveau local, ainsi qu?� des indicateurs locaux de bien-�tre pour les g�n�rations futures. L?objectif est de mieux identifier au sein du budget les d�penses ayant un impact environnemental significatif pour la plan�te. La prise de d�cision doit �tre dict�e par des indicateurs qui tiennent compte du bien-�tre, de la sant�, de l?�galit� et pas seulement du P.I.B. C?est ce travail que nous avons fait avec "Positive Planet" et qui d?ailleurs positionne la Ville�: nous sommes la premi�re ville � nous �tre engag�s dans ce type de travail. Des Etats, notamment les Etats membres de l?OCDE, y participent et la Ville de Paris a atteint un niveau de 80�% - on le d�taillera -, ce qui est une excellente note pour un d�but et bien s�r qui nous incite � aller beaucoup plus loin. C?est le travail que poursuit en France l?OFCE, et au niveau international l?OCDE qui d?ailleurs m?a demand�, en tant que Maire de Paris portant ces politiques, de jouer un r�le dans cette impulsion plus internationale. Il n?en demeure pas moins que l?�laboration du budget est une d�marche collective et un v�ritable travail d?�quipe. Je veux � nouveau remercier tr�s chaleureusement Emmanuel GR�GOIRE, V�ronique LEVIEUX, l?ensemble de mes adjointes et adjoints, les maires d?arrondissement, ainsi que les services de la Ville. Avec ce budget 2020, nous continuons de porter avec constance et d�termination notre ambition pour faire de Paris cette ville �cologique, solidaire, r�siliente, innovante. Une ville qui agit pour la qualit� de vie des Parisiennes et des Parisiens, qui agit aussi avec les citoyens en les impliquant dans le processus de d�cision, y compris budg�taire. Je veux remercier les citoyens qui ont pris part, durant cette mandature, au budget participatif�; c?est une intervention directe dans l?�laboration du budget de notre Ville. Je veux aussi remercier les citoyens qui ont pris part aux pr�-conseils citoyens pour approfondir et am�liorer la proposition de budget sur laquelle nous statuons aujourd?hui. Chers coll�gues, merci. Je ne sais pas d?o� vient ce bruit? Le vent dans les voiles qui nous pousse vers un horizon totalement d�gag�? Merci pour votre �coute s�rieuse et nous allons � pr�sent passer � la discussion g�n�rale. Je donne la parole � M. BARGETON pour le groupe D�mocrates et Progressistes.

M. Julien BARGETON.- Madame la Maire, chers coll�gues, c?est le dernier budget et il est donc provisoire, car son application d�pendra bien s�r de ce que les urnes d�cideront en mars 2020.

Je regrette d?ailleurs qu?il soit noy� - c?est une premi�re - dans une s�ance tr�s vaste o� figurent beaucoup de d�bats organis�s, notamment un d�bat organis� sur le p�riph�rique demain. Ce n?est pas conforme � nos traditions qui �taient de maintenir une s�ance de d�cembre consacr�e essentiellement � l?examen du budget, et non pas � multiplier les d�bats sur plusieurs sujets.

C?est surtout l?occasion, pour nous, de dresser un bilan de la mandature, de faire le point finalement sur ce qui a �t� fait en mati�re budg�taire comme ailleurs. Et que voit-on�? D?abord et c?est tr�s net dans ce budget, c?est la difficult� � fixer un certain nombre de priorit�s. Il y a une dilution des choix qui est lente. On nous parlait � un moment de l?exclusion comme grande cause, du logement qui �tait la priorit� num�ro�1 et l?�cologie est affirm�e dans le discours, mais il est tr�s difficile de lire des orientations strat�giques au sein m�me de ce budget.

La nouveaut� est qu?une partie de vos alli�s rejoint cette analyse. Je me r�jouis d?ailleurs qu?ils rejoignent une analyse que nous avions pos�e, notamment � l?automne 2018, et qui est de dire que finalement, malgr� le discours, malgr� un livre, l?ambition �cologique ne se traduit pas directement et fortement dans le verdissement des investissements.

C?est pourquoi les Verts d�posent un amendement tr�s important, tr�s volumineux, parce qu?ils se rendent compte qu?il y a effectivement une forme de discours, dont on peut dire qu?il est en place, mais en r�alit� o� est l?acc�l�ration en mati�re de r�novation des b�timents�? O� est l?acc�l�ration en mati�re d?accompagnement des mobilit�s �lectriques�? O� est l?acc�l�ration sur des sujets tr�s concrets en mati�re �cologique�? C?est pour cela qu?il y a finalement cet amendement.

Si on interroge les Parisiens et qu?on leur demande�: est-ce que vous avez l?impression de vivre dans une ville verte�? On ne peut pas comparer avec Copenhague, Oslo ou d?autres villes, parce que comparaison n?est pas toujours raison, mais si on pose cette grande question aux Parisiens�: est-ce que vous avez le sentiment de vivre dans une ville verte�? Je crois que les Parisiens r�pondraient de fa�on tr�s majoritaire que ce n?est pas le cas et on le voit tr�s clairement l�, puisque vous r�duisez les investissements � ce titre de fa�on tr�s forte.

Evidemment, on peut dire que c?est parce qu?il faut faire des choix. D?accord mais dans ce cas, faites des choix qui sont conformes au discours. L�, visiblement, il y a encore un peu de tout, et on le voit bien notamment sur le logement mais Thomas LAURET y reviendra.

Le deuxi�me �l�ment, qui me para�t frappant et que je regrette, est le renoncement � toute r�forme. C?est-�-dire que le mot �conomie budg�taire a disparu pour le coup du discours, de la volont� comme de la r�alit�. Finalement, les �conomies, qui avaient �t� tent�es en d�but de mandature, ont toutes �t� abandonn�es au fur et � mesure d?annonces pr��lectorales. On peut les juger opportunes ou pas, mais cela me semble parfois un peu d�magogique. Finalement, vous vous �tes cantonn�s � une forme de conservatisme administratif, alors m�me que vous avez des marges.

Vous avez des marges et vous l?avez dit�: il y a eu des hausses de p�r�quation et des baisses de dotations, mais ce que vous oubliez de dire � chaque fois et je le r�p�terai, c?est que depuis 2017 il n?y a plus de baisses de dotations. C?est vrai qu?il y a toujours cette tentation de p�r�quation. Je note d?ailleurs qu?elle est tr�s partag�e sur les bancs politiques - je le vois au Parlement - et il faut sortir de la caricature de ce point de vue. L?id�e de dire que l?on va accro�tre la p�r�quation sur la Ville de Paris est tr�s partag�e, � l?Assembl�e nationale et au S�nat, par beaucoup de bancs.

Il faut parler un peu � tout le monde et parfois � ses propres amis, mais les baisses de dotations, ce Gouvernement y a mis un terme depuis 2017. Cela a donc donn� des marges avec la contractualisation pour engager un certain nombre de r�formes administratives qui n?ont pas �t� r�alis�es. Pourquoi�? Parce que vous avez d�cid�, Madame la Maire, de rester prisonni�re des vieilles alliances. Vous avez refus� de sortir des jeux d?appareils, de sortir des sch�mas d�pass�s et des anciens clivages. L� o� il fallait s?ouvrir, vous vous �tes enferm�e. L� o� il fallait innover, vous �tes rest�e sur une vision ancienne. L� o� il fallait finalement se d�passer, vous �tes rest�e focalis�e sur le pass�. Des options politiques tr�s minoritaires jouent un r�le qui est sans commune mesure avec leur poids politique dans la soci�t� parisienne. Sous leur pression, on le voit, vous avez ouvert un certain nombre de fronts.

Alors, oui, le rapport de force est n�cessaire mais l� vous avez ouvert des fronts. On le voit, vous le mettez en sc�ne avec la Pr�fecture de police, l?A.P.-H.P. et la S.N.C.F. Evidemment chacun doit tenir son rang et jouer son r�le, mais cette fa�on d?ouvrir un certain nombre de guerres incessantes est-elle productive pour les Parisiens�? Nous avons besoin de partenariats, de co-constructions et de co-�laborations, et cette fa�on d?agir est finalement contre-productive dans l?int�r�t m�me des Parisiens.

C?est aussi, et vous l?avez dit encore � l?instant, cette fa�on de renvoyer toujours la faute et la responsabilit� sur les autres, et de dire que c?est toujours l?Etat finalement qui est coupable ou responsable de tel ou tel point, quand il aurait fallu mettre en place d?autres m�thodes de travail. Le barycentre politique de la majorit� ne correspond plus � l?�quilibre politique majoritaire au sein des citoyens parisiens. C?est, en tout cas, ce que j?ai constat�, moi, dans cette �volution progressive de la mandature. Cela s?est traduit d?ailleurs sur certains sujets, comme la s�curit� ou les quartiers populaires.

Quatri�me point, le manque d?anticipation et d?agilit� face aux bouleversements du monde. L?action publique n?a pas �t� transform�e profond�ment � Paris. Certes, il y a eu le budget participatif, qui est une initiative int�ressante � l?origine, mais le budget participatif a finalement cr�� aussi parfois sa propre bureaucratie, a frein� la r�alisation d?autres travaux, a fini par engorger les services de la Ville, l� aussi par dogmatisme. On aurait pu r�fl�chir � d?autres m�thodes et � d?autres calendriers, et les nouveaux outils num�riques par exemple le permettent.

Comment mettre au c?ur l?usager dans la cr�ation des services publics�? Comment mettre le contribuable au c?ur de la machine du m�canisme budg�taire lui-m�me�? Dans cette construction du budget, le contribuable, l?usager, le citoyen n?y est pas. Il y a, certes, le budget participatif mais c?est un peu � c�t�. Il aurait fallu aller plus loin, � mon avis, et introduire vraiment le citoyen au c?ur de la d�cision politique parisienne. L� aussi, vous avez manqu� de sens de l?innovation.

En six ans, bien s�r que certains engagements ont �t� tenus par rapport � 2014, mais si certains engagements ont �t� tenus, une promesse a �t� trahie et cette promesse est celle de l?audace. Que reste-t-il de cette volont� d?innovation�? Que reste-t-il de la transformation�? Que reste-t-il de la rupture dans les m�thodes�? C?est finalement le choix que vous avez fait de l?affrontement, d?une m�thode qui ne tend pas la main. Alors que Paris a besoin de la France, que la France a besoin de Paris, vous vous �tes cantonn�s dans cette vision d�pass�e. C?est ce qu?il faudra d�montrer aux Parisiens, qu?une nouvelle m�thode budg�taire, une nouvelle m�thode de fixation des orientations strat�giques est plus propice � leurs int�r�ts et � la construction de l?avenir de Paris. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Un pr�fet c?est mieux, c?est vrai�! L�a FILOCHE pour le groupe Ecologiste de Paris.

Mme L�a FILOCHE.- C?est pour le groupe "G�n�ration.s".

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Pardon�! Pour le groupe "G�n�ration.s".

Mme L�a FILOCHE.- Merci, Madame la Maire.

Mes chers coll�gues, tout de suite pour r�pondre � mon coll�gue Julien BARGETON, un petit mot, parce qu?il y a des choses qui m?ont rendue un peu circonspecte et en m�me temps pas tellement. Pour moi, une r�forme n?est pas forc�ment li�e � une �conomie budg�taire. Je pense qu?il faut quand m�me qu?on puisse se le dire ici. Une r�forme peut �tre ambitieuse et quand elle a vocation � d�fendre l?int�r�t g�n�ral, effectivement elle a un co�t et elle permet aussi d?anticiper d?autres co�ts, notamment et vous l?avez tr�s bien d�crit, Madame la Maire, les co�ts li�s � la dette �cologique et � la dette sociale. Oui, la Ville assume de pouvoir faire des investissements qui permettent d?anticiper cela.

Beaucoup de choses ont �t� dites le mois dernier, � l?occasion du d�bat d?orientation budg�taire, beaucoup de choses ont �t� dites lors du dernier Conseil de Paris citoyen qui a pr�c�d� cette s�ance, et beaucoup de choses se disent en sept ans de campagne �lectorale. Cependant, je n?ai pas entendu beaucoup de d�put�s, qui sont �galement Conseillers et Conseill�res de Paris, d�fendre notre collectivit� et nos financements, et encore moins d�fendre une augmentation de la fiscalit� sur les r�sidences secondaires ou les logements vacants, par exemple, qui auraient pu faire des recettes suppl�mentaires.

Nos coll�gues d�put�s assument donc pour la plupart que la Ville de Paris devienne contributrice nette de l?Etat, pas sur quelques milliers d?euros, pas sur quelques dizaines de milliers d?euros, mais sur 104 millions d?euros pour l?ann�e 2020�! Cette ann�e, pour la premi�re fois, la Ville de Paris va donner � l?Etat plus d?argent qu?elle n?en re�oit pour pouvoir assumer ses responsabilit�s.

Alors, excusez-moi, mes chers coll�gues, mais je ne m?en remets toujours pas. Je ne comprends toujours pas comment l?Etat peut rester tr�s absent � propos des d�fis que doivent relever les collectivit�s en g�n�ral, et la Ville de Paris en particulier, sur l?accueil des exil�s, l?augmentation du nombre de personnes � la rue, l?augmentation des violences et des discriminations, le fait que nos h�pitaux, nos tribunaux et nos commissariats soient au bord de la rupture, les fermetures de nombreux accueils physiques des services publics relevant des missions r�galiennes de l?Etat.

Pourtant, comme chaque ann�e, Paris a �t� le lieu de nombreuses manifestations. Cette ann�e plus particuli�rement, notre ville a fait les frais de l?irresponsabilit� du Gouvernement face � la mobilisation des "Gilets jaunes". En ce mois de d�cembre, le Gouvernement persiste dans son ent�tement de ne pas �couter le mouvement social. Cette irresponsabilit�, que ce soit sur les questions de pouvoir d?achat ou au sujet de la r�forme des retraites - nous y reviendrons un peu plus tard dans nos d�bats et nos travaux - a des r�percussions budg�taires, notamment avec le soutien que nous avons apport� aux commer�ants impact�s.

A la fin de ce mandat, on peut dire qu?on commence toutes et tous � bien conna�tre le fonctionnement de nos institutions et donc de nos d�bats budg�taires. Je ne m�lange pas tous les sujets, mais il est important de relever que l?ensemble des d�faillances de l?Etat a aujourd?hui des effets concrets sur le quotidien des Parisiennes et des Parisiens.

A quoi bon aujourd?hui justifier en permanence notre bonne gestion financi�re, alors que budget apr�s budget nous devons rattraper les d�sengagements croissants de l?Etat notamment vis-�-vis des associations�? Comment expliquer ce d�s�quilibre alors qu?il est demand� aux Parisiennes et aux Parisiens de continuer � r�gler leurs factures, d?honorer leurs pr�ts, de r�pondre individuellement aux exigences face � la crise climatique, d?�tre solidaires et de participer � l?effort collectif via l?imp�t�?

C?est incompr�hensible pour moi en tant que Parisienne et �a l?est encore plus en tant qu?�lue de Paris. Nous n?avons d?autres choix que de faire avec ce que l?Etat nous contraint, c?est-�-dire�le cadre budg�taire et le vote que nous avons fait l?ann�e derni�re de la contractualisation.

C?est pour cela que nous pensons qu?il faut marquer le coup et vous pourrez compter sur le groupe "G�n�ration.s", Madame la Maire, pour soutenir toute initiative qui tentera de faire comprendre au Gouvernement, que ce soit sur le fond de leurs r�formes et leurs d�cisions comme sur la forme, notamment dans la non-concertation, que ce n?est plus le chemin que nous devons suivre. Conscientes et conscients que ce budget est construit pour laisser un minimum de latitude � ceux qui seront assis sur ces bancs, nous avons propos� des amendements budg�taires qui permettent de parer au plus urgent, de d�velopper des dispositifs d�j� existants, d?assurer que nos engagements d?hier soient poursuivis demain, notamment sur les questions de culture, de pr�vention sp�cialis�e, de jeunesse et d?accueil des r�fugi�s. Je laisserai mes coll�gues d�velopper la pr�sentation de ces amendements. Je suis intervenue dans les premiers orateurs et oratrices, et j?esp�re que les d�put�s pr�sents aujourd?hui prendront le temps d?expliquer sinc�rement leur positionnement vis-�-vis du projet de loi de finances qui a �t� d�battu � l?Assembl�e nationale et qui continue de nous inqui�ter. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup, Madame la Pr�sidente. M. BOURNAZEL, pr�sident du groupe "100% Paris".

M. Pierre-Yves BOURNAZEL.- Merci.

Madame la Maire, mes chers coll�gues, un directeur de campagne, des t�tes de liste dans les arrondissements, des annonces programmatiques mais pas de candidature assum�e. Et on comprend ais�ment pourquoi, Madame la Maire, vous tentez de retarder l?examen de votre bilan. Pourtant, vous serez bien candidate, ce n?est un secret pour personne.

Six ans de plus, Madame la Maire, pour quoi faire�? Vous avez d�j� eu six ans pour agir et m�me pr�s de vingt ans. C?est long. Il va falloir expliquer aux Parisiens pourquoi ce que vous leur promettiez en 2014 n?est toujours pas arriv�.

Vous vous �tiez engag�e � faire du logement votre premi�re priorit�: c?est votre premier �chec. Est-ce qu?on se loge mieux � Paris en 2020 qu?en 2014�? Non�!

Vous vous �tiez engag�e � une politique du logement social efficace. Est-ce qu?il y a moins de demandeurs de logements sociaux en 2020 qu?en 2014�? La r�ponse est non.

Vous vous �tiez engag�e � r�duire la pollution. Est-ce que l?on respire mieux � Paris en 2020 qu?en 2014�? La r�ponse est non.

Vous vous �tiez engag�e � mettre un terme � la salet� des rues. Est-ce que les rues sont plus propres en 2020 qu?en 2014�? La r�ponse est non.

Vous vous �tiez engag�e � apaiser la ville. Est-elle moins bruyante en 2020 qu?en 2014�? La r�ponse est non.

Vous vous �tiez engag�e � un Plan V�lo en 2014. Est-ce qu?il aura �t� achev� en 2020�? Non�!

Vous vous �tiez engag�e � vous rendre chaque mois place de la R�publique pour r�pondre aux attentes des Parisiennes et des Parisiens. Y �tes-vous venue une fois�? La r�ponse est non.

Non seulement vous n?avez pas r�ussi ce que vous aviez promis, mais vous avez m�me parfois fait le contraire.

En 2013, les yeux dans les yeux, vous me disiez �tre contre la police municipale. D�sormais, face � l?�vidence, vous soutenez notre proposition.

Vous �tiez contre une candidature de Paris aux Jeux olympiques et paralympiques, mais vous avez fini par vous y rallier face � la d�termination du mouvement sportif et du pr�sident Fran�ois HOLLANDE.

Vous �criviez en 2015 au Ministre de l?Economie, Emmanuel MACRON, pour d�noncer l?extension du travail le dimanche. Mais � ce Conseil de Paris, nous allons d�lib�rer pour accorder non plus 5 mais 12 dimanches de d�rogation au repos dominical.

On s?y perd, Madame la Maire. Votre mandat a �t� marqu� par des changements devant des vents contraires, vous laissant emporter l� o� ils soufflent, � mesure que l?on se rapproche de l?horizon �lectoral. Cette mandature n?a pas eu de cap, pas de vision. Il y a une large part d?ombre sur votre bilan. Pour ouvrir un nouveau chapitre que les Parisiens attendent, encore faut-il savoir o� nous en sommes.

Monsieur GR�GOIRE, vous semblez avoir lu trop vite mon livre, � vous entendre au dernier Conseil, ou la fiche de lecture vous a �t� mal pr�par�e. J?y annon�ais la n�cessit� absolue de lancer un audit g�n�ral sur les comptes de la Ville, r�alis� par un cabinet ind�pendant. Cela pour plusieurs raisons. Apr�s vingt ans d?exercice du pouvoir, c?est d?abord une question de transparence, de bonnes pratiques d�mocratiques et de saine gestion. D?ailleurs, n?est-ce pas ce que Bertrand DELANO� avait fait en 2001�?

Il y a malheureusement de s�rieuses raisons de s?inqui�ter de la situation financi�re de la Ville de Paris. D?abord de nombreuses �p�es de Damocl�s planent au-dessus du prochain mandat.

Vous avez d�cid�, sans associer les maires des autres communes, d?arr�ter Autolib? au beau milieu de l?�t� 2018, laissant ses 150.000 abonn�s sans solution du jour au lendemain. Mais la facture finale n?a toujours pas �t� pay�e. Le d�l�gataire r�clame 233 millions d?euros, dont l?essentiel incombera � la Ville de Paris, les autres communes ayant d�j� annonc� ne pas avoir les moyens de payer. Demain, ce seront donc les Parisiennes et les Parisiens qui vont payer vos erreurs de gestion.

Vous avez choisi de changer l?exploitant de service V�lib? avec les r�sultats que l?on conna�t. Deux ans apr�s, le service n?est toujours pas fiable. Le nombre de v�los annonc� n?est toujours pas d�ploy� et comme il y a moins d?abonn�s, le contrat pr�voit que ce sont les communes qui vont compenser le manque � gagner. L� aussi, ce sont les Parisiennes et les Parisiens qui vont payer.

Avant les �lections, vous avez �galement retard� les mauvaises nouvelles. Cinq cent mille logements parisiens, dont une large partie du parc social, devront subir une augmentation des tarifs de la C.P.C.U. de plus de 8�% en moins de six mois, entre septembre 2020 et mars 2021. L� aussi, ce sont les Parisiens qui vont payer.

Avant les �lections, il y a aussi vos cadeaux �lectoraux�: la gratuit� des transports pour les plus jeunes pourrait co�ter trois fois plus qu?annonc� si toutes les personnes �ligibles y ont recours, soit 90 millions d?euros au lieu des 30 millions annonc�s.

Ensuite, il y a la trajectoire, la trajectoire de la dette et les chiffres parlent d?eux-m�mes. La dette devrait atteindre 6,160 milliards d?euros en 2020. Vous avez ponctionn� 1,180 milliard d?euros sur la tr�sorerie des bailleurs sociaux pour �viter des emprunts suppl�mentaires. Puis vous n?avez pas respect� votre contrat de mandature concernant les investissements. Au moins 1 milliard du P.I.M. n?aura pas �t� r�alis�.

Au total, si vous aviez tenu vos promesses sans recourir aux loyers capitalis�s, la dette aurait atteint les fameux 8 milliards d?euros, mais c?est la prochaine mandature qui devra g�rer cette situation.

Cette augmentation de 70�% de la dette en six ans va consid�rablement r�duire les marges de man?uvre de la future majorit�. C?est votre propre cabinet qui l?a �crit en 2017. La charge de la dette, les int�r�ts � payer et les emprunts � rembourser vont consid�rablement augmenter d�s 2021, passant de 320�millions d?euros aujourd?hui � 450 millions d?euros. Les Parisiens paieront jusqu?en 2047 votre mandat 2014-2020. Je le r�p�te�: les Parisiens paieront jusqu?en 2047 votre mandat de 2014-2020.

Cette �quation est d?autant plus complexe que vous avez priv� vos successeurs d?importantes ressources. Vous n?avez pas un adjoint � l?urbanisme mais un agent immobilier qui aura multipli� par deux le rythme de vente du patrimoine pour le plus grand contentement des promoteurs. Rien que pour l?am�nagement des Batignolles, vous leur avez offert une ristourne de 36 millions d?euros. Vous avez �t� plus soucieuse des b�n�fices d?Unibail que du porte-monnaie des Parisiens�: cession du foncier du Forum des Halles � 1.400 euros le m�tre carr� quand vous �tiez premi�re adjointe, �difications de la tour Triangle �nergivore, extension des surfaces commerciales du Palais des Congr�s de la porte Maillot.

Or, vous ne pouvez pas vous r�fugier derri�re les communiqu�s des agences de notation. Ce que vous oubliez de dire, Madame la Maire, c?est que leurs analyses reposent uniquement sur le potentiel d?augmentation des imp�ts et de vente de notre patrimoine pour faire face � la dette. Pour nous, ce ne sont pas des hypoth�ses envisageables, nous pr�f�rons le courage de l?action et de la r�forme.

Enfin et surtout, depuis six ans, la qualit� du service rendu aux Parisiennes et aux Parisiens s?est largement d�grad�e � mesure que le co�t de la vie augmentait � Paris�: des �coles ferment en raison de leur v�tust� quand ce n?est pas en raison de la fuite des familles�; l?acc�s au conservatoire se fait par tirage au sort, faute de places�; moins d?une demande sur deux de place en cr�che est satisfaite�; la salet� et les probl�mes de tranquillit� grandissants dans les rues de Paris.

Les agents de la Ville, dont le professionnalisme et le savoir-faire ne sont plus � d�montrer, expriment leur mal-�tre. L?organisation actuelle de la Ville de Paris n?est plus adapt�e au rythme des Parisiens. Il faut moderniser notre administration pour une plus grande efficacit� du service public qui passe �galement par une am�lioration des conditions de travail de nos agents. C?est aussi l?objectif d?un audit que de dresser des perspectives.

Vous nous dites, Madame la Maire, avoir bien g�r� Paris. Pourtant, apr�s tant d?erreurs et d?errances, on ne peut plus vous croire. Comment imaginer que vous allez r�ussir demain ce que vous n?avez pas su faire en tant que maire pendant six ans, apr�s avoir �t� premi�re adjointe pendant treize ans suppl�mentaires�?

A bout de souffle, cette majorit�, presque ancienne d�sormais, arrive � la fin d?un cycle. En d�pit des slogans, Paris ne se r�invente plus. Pire, apr�s avoir eu un temps d?avance sur de nombreux sujets comme les mobilit�s ou la culture, Paris a d�sormais deux temps de retards sur les m�tropoles les plus innovantes et les plus cr�atives.

Paris a besoin demain d?un maire rassembleur, d?une �quipe municipale diverse, porteuse d?un projet tourn� vers l?am�lioration de la vie quotidienne des Parisiennes et des Parisiens. Paris doit revenir au fond � sa promesse perdue�: permettre � chacun de choisir son mode et son cadre de vie. Un maire ouvert au monde, un maire ouvert aux id�es neuves, un maire attach� � la cr�ativit� des citoyens, c?est ce � quoi nous nous attachons. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Monsieur Eric AZI�RE, pr�sident du groupe UDI-MODEM.

M. Eric AZI�RE.- Merci, Madame la Maire.

Madame la Maire, cher Emmanuel GR�GOIRE, j?ai lu avec attention votre communication budg�taire pour 2020 et permettez-moi de vous dire � quel point j?ai �t� frapp�, d�s le deuxi�me paragraphe, par la tonalit� de votre propos, par ce climat de m�fiance, par ce sentiment de pers�cution qui, au fil de cette pr�sentation, confine � une sorte de parano�a budg�taire dans laquelle vous vous d�battez, d�signant autour de vous en permanence autant de responsables que vous avez de contraintes budg�taires endog�nes ou exog�nes dans ce budget 2020.

Comment se fait-il en effet que la sobre, la sage, la stable gestion de la collectivit� parisienne, autant de qualit�s dont vous �tes bien entendu le parangon, soit syst�matique mise � mal par un Gouvernement malveillant et sa loi de finances inique, par un Parlement ren�gat et une s�rie d?amendements f�lons, par une R�gion Ile-de-France infid�le, tra�tre � la cause territoriale�?

En revanche, la ma�trise des d�penses, les �quilibres budg�taires, la fiscalit� immobili�re, la progression des recettes, la stabilit� des d�penses sociales - cela rel�ve de la contractualisation avec l?Etat ou d?un contexte �conomique que vous passez votre temps par ailleurs � d�plorer - sont revendiqu�s dans votre bilan, dans votre pr�sentation budg�taire, comme autant de certificats de bonne gestion. C?est l?inverse de la phrase de Talleyrand�: "Quand je me regarde, je me d�sole, quand je me compare, je me console." Vous, dans votre pr�sentation, vous ne voyez que vous. "L?enfer, c?est les autres".

Permettez-moi de vous donner quelques exemples de cette auto-gratification permanente qui ponctue votre propos.

Vous avez fait de la stabilit� des imp�ts locaux � Paris, l?affirmation d?une politique volontariste en faveur du pouvoir d?achat des Parisiens. Certes, mais Monsieur GR�GOIRE, si Paris est parvenu � maintenir son niveau d?imposition raisonnable, c?est d?abord parce que Paris est une ville riche. Avec pr�s de 850.000 foyers fiscaux imposables, plus de 463.000 entreprises, 50 millions de touristes annuels, Paris regorge de contribuables et contributeurs. C?est 812 millions de taxes d?habitation, 1 milliard de taxes fonci�res, 324 millions de cotisations fonci�res des entreprises, 515 millions de C.V.A.E., 1,065 milliard de droits de mutation, 90 millions de taxes de s�jour, 334 millions de recettes issues du stationnement, 4 millions de taxes sur les cercles de jeu, 130 millions de loyers capitalis�s, 34 millions d?affichages publicitaires.

Si Paris peut maintenir en 2020 une stabilit� des imp�ts locaux, ce n?est pas li� � une quelconque bonne gestion mais � des conditions �conomiques plut�t bonnes, voire exceptionnelles � Paris. Vous savez tr�s bien que plus le P.I.B. par habitant, la part des m�nages imposables et les recettes d�gag�es avec la fiscalit� des entreprises sont �lev�s et plus la taxe d?habitation est faible. D?ailleurs, c?est l?exact inverse pour les collectivit�s pauvres. Demandez � nos voisins de banlieue ce qu?ils en pensent, en Seine-Saint-Denis ou dans le Val-de-Marne. Demandez-leur quelle part de m�rite ils vous attribuent dans cette stabilit�, dont vous vous glorifiez � longueur de budgets. Demandez-leur ce qu?ils pensent de la valeur locative cadastrale des b�timents parisiens et autres abattements attribu�s aux contribuables parisiens.

Alors, soyez humbles, avant de vous targuer de fondamentaux budg�taires maintenus, qui sont en r�alit� le b�n�fice objectif de l?environnement �conomique exceptionnel qui est le n�tre. Et soyez honn�tes aussi pour reconna�tre, en revanche, que vous n?avez cess� d?augmenter les taxes, toutes les taxes durant cette mandature�: le stationnement, les cantines, les centres d?animation, les taxes des r�sidences secondaires, j?en passe et des meilleurs.

Dans le m�me ordre d?id�e, la chute brutale des ressources des collectivit�s, dont vous ne cessez de vous plaindre dans votre communication, n?a pas �t� initi�e dans le Gouvernement actuel mais bien par celui de Fran�ois HOLLANDE�: 1,5 milliard d?euros de baisse des dotations de l?Etat aux collectivit�s en 2014, une diminution de 11 milliards d?euros sur la p�riode 2015-2017 par la loi de programmation des finances publiques de d�cembre 2014. En 2014, Monsieur GR�GOIRE, vous n?�tiez pas sans influence sur les d�cisions du Gouvernement et c?est le Gouvernement actuel qui a mis fin par le biais de la contractualisation, comme le rappelait M. BARGETON tout � l?heure, � cette �rosion sans pr�c�dent.

Aujourd?hui, si la dotation globale de fonctionnement diminue, vous savez tr�s bien que c?est uniquement en raison de m�canismes de p�r�quation interne. Alors, arr�tez de chercher des boucs �missaires imaginaires, quand Paris n?est ni plus ni moins log� qu?� la m�me enseigne que les autres collectivit�s, m�me si elle reste un contribuable num�ro 1 de la solidarit�.

Puis il y a des compensations�: les 4 milliards d?euros de pertes cumul�es des dotations depuis le d�but de la mandature, dont vous vous plaignez, sont largement compens�s par les presque 10 milliards d?euros encaiss�s sur l?immobilier parisien dans la m�me p�riode entre la fiscalit� et les loyers capitalis�s.

La seule injustice, que je veux bien reconna�tre avec vous, faite � la collectivit� parisienne demeure pour nous l?insuffisante compensation des aides individuelles de solidarit� dues par l?Etat � la suite des transferts de comp�tences li�s � la d�centralisation de 2003.

Mais par ailleurs, s?il vous pla�t, un peu de d�cence aussi quand vous vous plaignez encore une fois des charges de centralit� que Paris supporte et que vous jugez disproportionn�es, en citant comme exemple notre contribution de 392 millions d?euros � "I.D.F. Mobilit�s" que vous consid�rez et jugez trop importante. Paris paye 30�% de la contribution des collectivit�s � "I.D.F. Mobilit�s", tandis que 25�% des d�placements ont lieu dans Paris intra-muros.

Dites-moi, si nous incluons les d�placements vers ou depuis Paris, ils repr�sentent 58�% des d�placements en Ile-de-France en transports en commun. Ce n?est pas sans cons�quences sur le chiffre d?affaires des commerces de la ville. Quel faux proc�s alors, sur un plan commercial, touristique, culturel, que de ne pas consid�rer que Paris profite � plein de la centralit� qui la voit attributaire des Jeux olympiques et paralympiques en 2024. Sans sa centralit� que vous rechignez � assumer et sur laquelle vous m�gotez, "L?Homme de Vitruve" et son sens universel de la centralit� ne se serait pas d�plac� au Louvre, Paris ne serait pas Paris.

Enfin, vous revendiquez une trajectoire d?endettement de la Ville, comme une traduction de votre s�rieux budg�taire, mais avouez que c?est quand m�me une trajectoire qui n?a rien de rectiligne�: ascensionnelle de 2014 � 2019 puis en l�ger repli. Avec une trajectoire pareille en ligne bris�e, la fl�che de Guillaume Tell aurait eu raison de sa descendance�! Si effectivement, sur le montant de la dette totale, nous sommes en phase d?atterrissage, comme cela a �t� dit, principalement en raison de la sous-ex�cution du plan d?investissement de la mandature, reconnaissons n�anmoins que Paris n?a jamais �t� aussi endett�: � plus de 6 milliards d?euros, cela reste un record jamais atteint et un r�sultat incontestable, d?ailleurs limit� gr�ce � un march� immobilier toujours g�n�reux.

Je vous ferai n�anmoins une concession. Je ne suis pas loin de vous rejoindre sur votre analyse qui lie le m�canisme de l?emprunt et les choix contra-cycliques, tant il importe en effet que les collectivit�s locales puissent continuer � soutenir l?investissement. Mais c?est justement sur la pertinence, la rentabilit� et les retours de ces investissements que notre analyse diverge.

Mes coll�gues et moi-m�me aurons l?occasion d?y revenir dans la discussion budg�taire, car il faut admettre que les trois postes principaux du Plan d?investissement de la mandature, logement, ville verte et transports - 6 milliards d�pens�s sur les 8 milliards - n?ont pas produit les r�sultats annonc�s.

Enfin, je conclurai sur ce que vous appelez vos priorit�s r�affirm�es.

Il s?agit de la propret� et de la tranquillit� sur l?espace public. Elles ont �t�, durant toute votre mandature, tellement affirm�es et r�affirm�es que je reconnais que l?on aurait presque tendance � les oublier. Heureusement que votre opini�tret� sur ce sujet est totale, sinon on aurait pu vous reprocher d?attendre la page 19, de votre communication qui en compte 23, pour taper du poing sur la table. C?est clair, la propret� et la tranquillit� � Paris sont r�affirm�es pour la sixi�me fois dans votre politique, sans aucun effet, aucun moyen, aucun r�sultat concret pour les Parisiens. Double �chec�!

La propret�, ce sont les Parisiens pourtant qui en parlent le mieux. Ils jugent r�guli�rement votre bilan insatisfaisant. En 2015, ils le pensaient � 57�%, en 2016 � 61�%, en 2017 � 68�%, en 2018 � 73�%, en 2019 � 74�%. En 2020, on verra. Ce budget 2020 est inutilement agressif contre l?Etat, la R�gion Ile-de-France, le projet de loi de finances. Il est inutilement grincheux et pleurnichard sur la solidarit� avec les autres collectivit�s, D�partement et M�tropole du Grand Paris. Il est inutilement pr�tentieux, �voquant les pr�tendues vertus dont vous vous parez sans fausse honte. Pour conclure, j?esp�re que c?est le dernier budget que nous ne voterons pas. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci. M. R�mi F�RAUD, pr�sident du groupe Socialiste et Apparent�s.

M. R�mi F�RAUD.- Merci, Madame la Maire.

Chers coll�gues, au moment d?entamer cette derni�re discussion budg�taire du mandat, je mesure le chemin que nous avons parcouru depuis 2014, c?est-�-dire six budgets pour am�liorer la vie quotidienne des Parisiens, que nous avons vot�s � chaque fois avec conviction, avec fid�lit� � nos engagements de 2014, avec constance dans la dur�e, et quoi qu?en disent certains qui prennent peut-�tre cette tribune pour un meeting de campagne, les r�sultats sont l�.

J?�prouve, pour ma part, beaucoup de fiert� � appartenir � une majorit� qui a mis en ?uvre ses engagements de campagne. J?entends les le�ons de constance de ceux qui ont chang� parfois plusieurs fois de parti politique ces derni�res ann�es et je pr�f�re m?en amuser, parce que nos priorit�s depuis 2014 n?ont pas chang� et nous pouvons aujourd?hui v�rifier la continuit� de notre politique.

D?abord, Paris est une ville plus �cologique et plus r�siliente en 2020 qu?en 2014�: les d�placements � v�lo ont augment� de plus de 50�% entre 2018 et 2019, la circulation motoris�e a baiss� de 17�% depuis le d�but du mandat et la pollution au dioxyde d?azote a baiss� de 15�% sur ce mandat. Il est absolument impossible de dire que Paris est plus pollu� aujourd?hui qu?en 2014, m�me s?il reste tant � faire.

Cinq cent cinquante millions d?euros ont �t� investis pour les nouveaux projets de transport dans ce mandat. Les places de la Nation et de Bastille ne sont d�sormais plus de simples ronds-points routiers mais des lieux de vie pour les Parisiens. Trente hectares d?espaces verts suppl�mentaires existeront en 2020 par rapport au d�but du mandat, 115 hectares ont �t� v�g�talis�s, d�passant m�me l?objectif que nous avions fix� de 100 hectares pour la mandature, et 30 hectares seront consacr�s � l?agriculture urbaine en 2020, faisant de Paris une des principales villes agricoles au monde. L?ensemble de ces r�alisations a �t� inscrit dans nos budgets au fur et � mesure de ce mandat.

Notre autre priorit�, oui, c?est le logement, c?est-�-dire la mixit� de la ville et la capacit� pour chacun d?avoir acc�s � Paris�: 3 milliards d?euros auront �t� investis en six ans pour le logement social, dont 400 millions inscrits dans cet exercice budg�taire. C?est le principal poste d?investissement de la mandature, car nous voulons maintenir dans notre Capitale le plus possible ses habitants, des familles et des personnes appartenant � la classe moyenne. Oui, cela revient cher, mais c?est indispensable. Sans logement social, ce sont plus de 500.000 personnes qui ne pourraient pas se loger � Paris aujourd?hui. Et depuis 2014, ce sont 40.000 logements sociaux qui ont �t� cr��s. C?est en effet la marque de notre politique et ce qui nous diff�rencie de notre ou de nos oppositions sans aucun doute.

Je salue �galement cette ann�e l?inscription de 400.000 euros pour le fonctionnement courant de la Fonci�re de Paris. Cet office foncier solidaire constitue un nouvel outil tr�s prometteur pour enrichir l?arsenal des mesures volontaristes de la Ville face � la sp�culation immobili�re et au rench�rissement du logement. Certains critiquent notre politique du logement depuis 2001 et disent qu?il faudrait faire autre chose, qu?il faudrait de nouveaux outils, mais les nouveaux outils, c?est nous qui les mettons en place.

Notre action depuis six ans a �galement beaucoup am�lior� la situation des familles � Paris. Nous sommes d�sormais le premier d�partement de France pour les places en cr�che avec la cr�ation de 5.000 places en six ans. Plus de 7 millions d?euros sont d?ailleurs inscrits � cette fin dans ce budget, car nous ne rel�chons pas cet effort.

De plus, nous avons consid�rablement �largi les activit�s p�riscolaires gratuites�: plus de 80�% des enfants scolaris�s y participent, quand on se souvient des contestations contre ces nouveaux rythmes �ducatifs � la fin du mandat pr�c�dent. Nous continuons d?investir massivement dans la construction et la r�novation des �tablissements scolaires avec 11 �coles et 2 coll�ges construits dans ce mandat.

Nous portons �galement une attention toute particuli�re � la sant� des enfants et � la qualit� de l?alimentation en ayant atteint 85�% d?alimentation "bio" et durable dans les cr�ches et 50�% dans les cantines des �coles et des coll�ges. D?ailleurs 700.000 euros sont provisionn�s dans ce budget pour exp�rimenter les go�ters dans les �coles �l�mentaires et je m?en r�jouis.

Prenons le secteur de la sant� aussi, voil� un domaine o� la Ville investit au-del� de ses comp�tences l�gales, en aidant � l?installation de soignants de secteur 1 gr�ce au dispositif Paris Med?, en finan�ant une tr�s grande part de la sant� scolaire - c?est une sp�cificit� parisienne - et en ouvrant des centres et des maisons de sant�, notamment encore r�cemment � l?H�tel-Dieu en collaboration avec l?A.P.-H.P. En ce moment de grande inqui�tude sur la sant� en France et � Paris, je tiens � saluer cet engagement.

Comme en 2019, nous avons �videmment accord� une attention toute particuli�re dans ce budget 2020 � l?am�lioration du pouvoir d?achat des familles. Je pense au tarif progressif des cantines qui d�bute � 0,13 centime et qui n?augmente pas pour les plus modestes. Je pense au prix des transports en commun gratuits pour les jeunes jusqu?� 11 ans et r�duit de moiti� pour les coll�giens et les lyc�ens.

Je pense �videmment � la promesse de ne pas augmenter les imp�ts des Parisiens que nous aurons tenue tout au long du mandat et ce, malgr� les 3 milliards d?euros de baisse de dotations de l?Etat et l?augmentation de plus de 1 milliard d?euros de la p�r�quation depuis six ans. Il ne s?agit pas, Monsieur AZI�RE, d?�tre pleurnichards mais de le constater et de le dire, d?autant que cela continue puisque les discussions du projet de loi de finances actuel pr�voient � nouveau 140 millions d?euros de perte de ressources pour la Ville de Paris.

Notre budget social respecte nos engagements, nos priorit�s et il continue d?am�liorer le quotidien tout en investissant sur l?avenir. Il promeut les services publics, car contrairement � ce que nous entendons sur les bancs de la droite, nous, nous refusons de diminuer l?intervention publique au motif qu?elle serait inutile ou inefficace. Nous croyons au contraire qu?elle pr�pare l?avenir et imprime une direction solidaire que nous voulons pour notre Ville.

Dans ce budget, il n?y a ni rupture sur l?investissement ni explosion de la dette. Malgr� cet effort consid�rable d?investissement, pour la premi�re fois depuis 2003, la dette diminuera de 40 millions d?euros et s?�l�vera � 5, 880 milliards, ce qui repr�sente 2.657 euros par Parisien et qui est bien loin des niveaux atteints dans toutes les autres grandes villes de France. Notre capacit� de d�sendettement est bien en de�� du plafond des douze ans fix�s par la contractualisation avec l?Etat, puisque nous serons � un peu plus de neuf ans de dur�e de d�sendettement. Paris re�oit d?ailleurs chaque ann�e les meilleures notes pour les collectivit�s et est salu�e pour le s�rieux de sa gestion et la solidit� de ses finances. Pas la peine d?aller chercher d?autres arguments qui infirmeraient cela, parce qu?avec des "si" on pourrait mettre Paris en bouteille�! Et nous n?avons pas besoin d?un audit des finances aujourd?hui. Ce budget 2020 sera d?ailleurs le premier � faire l?objet de la certification des comptes qui devrait rassurer ceux qui agitent inutilement des doutes. Pour terminer, et alors que mes coll�gues du groupe Socialiste reviendront plus en d�tail sur plusieurs aspects de ce budget, je voudrais saluer un exercice r�ussi, malgr� les contraintes importantes qui, ann�e apr�s ann�e dans ce mandat, p�sent sur les finances de la Ville. Un budget primitif qui, pour la premi�re fois, est contributeur net au budget de l?Etat, c?est-�-dire que Paris versera davantage de p�r�quation qu?elle ne recevra de dotations. Nous sommes fiers de ce qu?il va permettre pourtant de r�aliser pour am�liorer la vie des Parisiennes et des Parisiens tout en pr�parant l?avenir dans la continuit� de nos engagements. Je salue particuli�rement Emmanuel GR�GOIRE, V�ronique LEVIEUX et Colombe BROSSEL qui ont men� les discussions budg�taires et ont r�ussi � pr�senter un solide budget, � la fois social, �cologique et raisonnable. Le groupe Socialiste et Apparent�s le votera donc bien �videmment, ainsi que celui de la Pr�fecture de police sur lequel reviendra notre coll�gue Fran�ois DAGNAUD. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup, Monsieur le Pr�sident, pour votre intervention. Mme Fatoumata KON� pour le groupe Ecologiste de Paris.

Mme Fatoumata KON�.- Merci.

Madame la Maire, chers coll�gues, � l?heure de la COP 25, le moment est crucial. Selon les projections scientifiques, il nous reste dix ans pour sauver la plan�te et adapter nos villes qui seront frapp�es de plein fouet par le d�r�glement climatique. Paris a donc un immense d�fi � relever, un d�fi vital, celui de la lutte contre le r�chauffement climatique. Notre ville fait face � des ph�nom�nes �troitement li�s qui menacent son �cosyst�me, la sant� et le bien-�tre de ses habitants�: pollution de l?air, atteinte � la biodiversit� ou encore multiplication des canicules.

Faut-il rappeler que cet �t� 2019 nous avons subi deux canicules�? Une premi�re tr�s pr�coce en juin et une deuxi�me un mois plus tard, tr�s intense, durant laquelle la temp�rature de 42,6 degr�s Celsius, soit 10 degr�s de plus qu?en Seine-et-Marne ou en Essonne, a �t� atteinte le 25 juillet, journ�e la plus chaude depuis 1872.

Nous avons alors bien senti la grande vuln�rabilit� de notre ville, trop min�rale et d�ficitaire en espaces verts. Pourtant, avec le changement climatique, les �v�nements extr�mes, comme les vagues de chaleur mais aussi les inondations, les pluies violentes ou les hivers de plus en plus froids, vont devenir r�currents et s?amplifier.

Pour faire face � ces enjeux, notre action doit �tre d�termin�e et globale. Il nous faut acc�l�rer radicalement et changer de logiciel, car de nos d�cisions aujourd?hui d�pend le caract�re vivable de nos villes demain. Plus que jamais, les villes doivent s?adapter pour r�duire les pollutions, permettre le d�veloppement de la biodiversit� et apporter ombre et fra�cheur qui nous manquent tant l?�t�, particuli�rement en p�riode caniculaire.

Il nous faut pour cela reconqu�rir l?espace public monopolis� par la voiture, en d�veloppant les espaces d�di�s aux mobilit�s douces et actives, en adaptant les transports en commun, en cr�ant des espaces de nature en pleine terre et des corridors de fra�cheur et de biodiversit� � partir de sols vivants.

Car les enjeux de solidarit� et d?�galit� sont au c?ur de la lutte contre le r�chauffement climatique. Ceux qui ne peuvent pas partir en vacances, qui habitent souvent le long des axes routiers pollu�s ou dans des passoires thermiques v�ritables fours, �touffent en �t� litt�ralement � Paris et d�pensent des sommes folles pour se chauffer l?hiver. Il y a urgence.

Face � ce d�fi que nous ambitionnons de relever, il est temps que Paris se donne les moyens de r�ussir pour permettre � chacune et chacun d?y vivre bien et d?y respirer un air plus sain. Le temps des tergiversations est d�sormais fini. Nous avons l?obligation d?agir plus vite, avec plus d?ampleur, pour limiter le changement climatique global, mais aussi � apprendre � adapter nos cadres de vie � une situation qui empire rapidement.

Pour pouvoir continuer � vivre � Paris, nous devons agir en coh�rence avec les grandes d�clarations faites lors des COP pour enfin concilier la justice sociale et l?urgence �cologique. Le nerf de la guerre est �videmment budg�taire. Chaque euro d�pens� doit �tre utilis� pour tous les Parisiens � travers la lutte contre le d�r�glement climatique. C?est ce que les �cologistes portent � Paris depuis 2001 et ce que nous remettons � l?ordre du jour de ce Conseil avec un amendement de 80 millions d?euros en faveur des politiques climatiques que mon coll�gue J�r�me GLEIZES pr�sentera.

Le vote du dernier budget de la mandature semble malheureusement l?occasion pour l?Ex�cutif parisien de sabrer dans les d�penses pour l?environnement et l?essor des transports propres. C?est pour nous difficile � comprendre. Nous pensons que la politique municipale men�e � Paris, comme dans toutes les autres villes de France, devra r�pondre au double d�fi d?att�nuer le d�r�glement climatique tout en adaptant la ville � ces cons�quences in�vitables, car depuis des d�cennies la communaut� scientifique mondiale nous alerte sur les cons�quences � venir du changement climatique et de l?effondrement en cours de la biodiversit�. Pourtant, nous n?agissons pas en cons�quence pour les limiter ou les anticiper.

L?Accord de Paris sign� en 2015, � l?issue de la COP 21, donnait � l?ensemble des pays du monde un objectif commun ambitieux�: maintenir la temp�rature globale sur Terre au plus pr�s de plus de 1,5 degr� par rapport � l?�re pr�industrielle. Force est de constater que depuis trop peu a �t� fait, alors que la hausse de la temp�rature moyenne du globe atteint d�j� 1 degr� par rapport � 1850. Je le r�p�te, nous avons dix ans, dix courtes ann�es pour changer de trajectoire, faute de quoi il sera trop tard pour endiguer le d�r�glement climatique, le climat s?emballera et nous serons impuissants.

Autant dire que notre r�le en tant qu?�lus est crucial�: faire en sorte que Paris soit une capitale mondiale qui s?adapte et prot�ge les plus faibles en luttant contre les effets du changement climatique. Oui, cela doit �tre au c?ur de notre projet municipal. Le s�rieux budg�taire doit donc se doubler d?une prise en compte sans faille des enjeux climatiques ou bien nous perdrons la bataille du climat. L?enjeu est vital, notre mobilisation doit �tre totale. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci, Madame Fatoumata KON�.

La parole est � M. Nicolas BONNET-OULALDJ, pr�sident du groupe Communiste - Front de Gauche.

M. Nicolas BONNET-OULALDJ.- Madame la Maire, alors que nous votons notre budget, ce soir a lieu une soir�e traditionnelle organis�e par le "Secours populaire", qui s?appelle "P�res No�l verts" et que vous avez accueillie sur le parvis de l?H�tel de Ville. C?est l?occasion pour moi de reprendre les mots de Julien Laupr�tre en 2009�: "Aujourd?hui et demain, il faut faire non pas avec des mots mais avec des actions, en combattant sans cesse la mis�re par des actes aux affres d?une soci�t� qui, avouons-le, ne tourne pas rond".

Ainsi s?exprimait Julien Laupr�tre qui nous a quitt�s, il y a quelques mois, et nous allons au cours de ce Conseil lui d�dier, par un projet de d�lib�ration, un jardin dans le 12e arrondissement, son arrondissement natal, devant l?ancienne gare de Reuilly, devant la Maison des associations de l?arrondissement. Beau symbole puisque ce lieu r�sume une grande partie de sa vie�: le nom de son p�re, Jean Laupr�tre, cheminot, communiste, �lu au Conseil de Paris a d�j� �t� donn� � une place de notre arrondissement. Au vu de l?engagement associatif de Julien, nous n?aurions pas pu faire meilleur choix.

Quand il prend la responsabilit� du "Secours populaire" en 1955, c?est un an apr�s l?appel de l?Abb� Pierre. Paris est entour� de bidonvilles, des familles dorment dans les rues, des enfants meurent de froid. Qu?est-ce qui a chang�? Nous avons de nouveaux campements, des femmes se retrouvent � la rue en sortant de la maternit�, on fait la queue au "Secours populaire" et aux "Restos du C?ur".

Pourtant, Emmanuel MACRON avait promis que personne ne serait � la rue. Et depuis son �lection, la pauvret� a augment�, puisque 500.000 Fran�ais en plus vivent ou survivent sous le seuil de pauvret� et nous avons plusieurs milliers de personnes encore � la rue � Paris qui continuent � mourir et � na�tre sur le pav� parisien.

Toutes les associations caritatives tirent la sonnette d?alarme, de la "Fondation Abb� Pierre" � "A.T.D. Quart Monde" en passant par le "Secours catholique" et bien entendu le "Secours populaire". L?OCDE a fait r�cemment un lien entre la multiplication des mouvements sociaux dans le monde et la peur du d�classement des classes moyennes. La col�re gronde dans le monde entier car les in�galit�s augmentent partout. Et chez nous, c?est la m�me chose, le pays craque devant tant d?in�galit�s et d?injustices.

La France est d?ailleurs championne du monde de l?augmentation des salaires des grands patrons avec plus de 13�% cette ann�e. Entre 1985 et 2015, la part des dividendes vers�s aux actionnaires a doubl� et c?est sans compter les scandales des �vasions fiscales, des petits arrangements fiscaux qui font que des multinationales ne paient pas l?imp�t l� o� elles devraient payer l?ensemble de leurs imp�ts.

Face � tant d?in�galit�s, le Gouvernement tente de diviser les Fran�ais. On pr�sente le cheminot comme un privil�gi�, l?enseignant comme un fain�ant, le smicard comme un chanceux et l?allocataire des minima sociaux comme un planqu�. Ce que comprennent les Fran�ais, c?est que tout le monde va perdre et que la protection sociale va �tre d�mantel�e pierre apr�s pierre. C?est un projet de soci�t� que propose La R�publique en marche�: tout pour les premiers de cord�e, rien pour les autres�! C?est contre cela que les "Gilets jaunes" sont mobilis�s depuis un an. C?est contre cela que des centaines de milliers de nos concitoyens ont battu le pav� la semaine derni�re et vont recommencer d�s demain.

Car lorsque l?on baisse les A.P.L. et que dans le m�me temps la facture �nerg�tique augmente, quand un �tudiant boursier est r�duit � s?immoler, quand tant d?autres vont aux "Restos du C?ur", quand une maman isol�e doit renoncer � un travail pour s?occuper de son enfant, quand on choisit de payer son loyer plut�t que de manger, eh bien cela veut dire que notre soci�t� est malade. Malade des choix politiques qui sont impos�s par un pouvoir isol� et qui n?a pas �t� mandat� pour cela. Si Emmanuel MACRON est pr�sident, c?est surtout parce que la majorit� des Fran�ais ont rejet� le Front national et pas pour applaudir une politique de r�gression sociale.

On aurait d?ailleurs pu croire que le Gouvernement laisserait des marges de man?uvre aux collectivit�s locales, afin qu?elles prennent en charge le bouclier social qu?il a d�cid� de ne plus assumer.

Mais l� aussi, nous avons constat� depuis Jacques Chirac et Nicolas SARKOZY, en passant par Fran�ois HOLLANDE, que les collectivit�s ont �t� mises � contribution. On leur a transf�r� des d�penses sans compensation, on a coup� dans les dotations, on a augment� la p�r�quation et, cerise sur le g�teau, on les a oblig�es � contractualiser. Si l?Etat faisait au moins ce que la loi lui a confi� comme comp�tences, cela aurait pu �tre un moindre mal. Mais qui continue � payer le R.S.A. alors que la compensation n?est que du tiers de la d�pense�? La Ville de Paris. Qui a pris en charge l?accueil et l?h�bergement des migrants et r�fugi�s�? La Ville de Paris. Qui a pris en charge plus de 7.000 mineurs isol�s sans aide exceptionnelle de l?Etat�? La Ville de Paris. Je pourrais citer tant d?autres exemples.

Depuis 2014, ce sont 4 milliards qui ont �t� rapt�s dans les caisses de la Ville de Paris. Imaginez un instant ce que nous aurions pu faire avec cet argent. Aurions-nous besoin d?emprunter autant�? Non. Aurions-nous pu avancer plus vite et plus loin dans les politiques de solidarit� novatrices, comme le demande Julien BARGETON�? Oui. Aurions-nous eu besoin de tant recourir au m�c�nat, au sponsoring et au "naming"�? Non. Aurions-nous pu cr�er des postes d?agents municipaux�? Oui.

Jamais ce qui nous arrive n?est arriv� dans l?histoire de Paris. Paris re�oit moins de dotations de l?Etat qu?elle ne contribue � la p�r�quation. Une nouvelle fois, la n�cessaire r�forme de la fiscalit� est renvoy�e aux calendes grecques. La seule mesure annonc�e est la suppression de la taxe d?habitation, soi-disant compens�e mais qui est surtout un nouveau coup de boutoir contre l?autonomie des collectivit�s, la rupture du lien entre le contribuable et la commune, mais surtout le coup de gr�ce de la d�centralisation.

Le v?u que nous portons ici sur les cons�quences de la r�forme de l?assurance ch�mage sur les budgets sociaux nous permet de rappeler � l?Etat ses obligations et ses promesses non tenues de compensation.

Ce budget, Madame la Maire, est la droite ligne de ce que nous avons vot� depuis cinq ans�: il favorise l?investissement, il permet de construire du logement social, il maintient les politiques de solidarit�, il d�fend le service public et il n?aggrave pas l?endettement.

Voil� pourquoi de nombreux amendements que nous proposons � ce budget vont vers le renforcement des budgets sociaux. Cela vaut pour les paniers solidaires qui permettent � des familles modestes d?acc�der � des produits de qualit�. Cela vaut pour l?aide aux projets �tudiants pour mieux acc�der � la sant� ou � la nourriture. C?est pour permettre aussi � des enfants de partir en classe d�couverte ou au "Secours populaire" de les amener � la mer, projet pour lequel nous demandons 50.000 euros. Tous nos amendements visent � r�parer le mal que le Gouvernement fait au pouvoir d?achat des Fran�ais et des plus modestes.

Enfin, Madame la Maire, je vous propose un amendement novateur puisqu?on nous critique sur ce volet�: il s?agit du plan "savoir rouler". Nous constatons une augmentation de l?usage du v�lo dans notre Capitale et c?est une bonne chose. Nous avons lanc� une exp�rimentation dans le 12e arrondissement pour aider les �coliers � mieux ma�triser l?usage du v�lo dans l?espace public, avec notamment l?aide du club "Paris cycliste olympique".

Nous devons accompagner et amplifier cette proposition ou ce dispositif. Il doit �tre fait en �troite collaboration avec l?Education nationale mais aussi les clubs cyclistes parisiens. Nous vous demandons donc d?entamer cette grande politique publique de l?apprentissage du v�lo pour les plus jeunes. Ainsi nous avons toutes les chances que ce mode de transport soit en fort d�veloppement dans les prochaines ann�es. C?est respecter le partage de la voirie, de l?espace public et c?est conna�tre les r�gles. Commen�ons donc par le plus jeune �ge.

Regardons enfin avec objectivit� ce que toutes les composantes de la majorit�, Madame la Maire, ont apport� au cours de cette mandature dans le seul int�r�t des Parisiens. Alors, au moment de voter ce budget, nous devons nous poser une seule question�: y a-t-il besoin d?une politique de solidarit�, d?�galit�, de fraternit� pour cette ville�? Ou bien laissons-nous les manettes � ceux qui n?ont pour objectif que de renforcer l?entre soi, d?�liminer totalement de notre ville les ouvriers, les salari�s et les classes populaires�? L� est la question.

J?ai commenc� par une citation de Julien Laupr�tre, permettez-moi de conclure par une c�l�bre citation de Dom Helder Camara, l?archev�que du Br�sil, qui disait�: "Je nourris le pauvre et on me dit que je suis un saint. Quand je demande pourquoi le pauvre ne peut pas se nourrir, on me traite de communiste". Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci. Tr�s belle citation�! La parole est � M. DUBUS, qui n?aura pas les m�mes r�f�rences, pour le groupe PPCI.

M. J�r�me DUBUS.- Je n?�tais pas l�. Si je n?existais pas, vous seriez triste, c?est clair.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- C?est exactement ce que je me disais�: s?il n?existait pas, il faudrait l?inventer�! Je le dis tr�s sinc�rement, si vous n?existiez pas, il faudrait vous inventer.

M. J�r�me DUBUS.- Eh bien, voil�!

Madame la Maire, mes chers coll�gues, nous arrivons � la fin de cette mandature et l?heure est au bilan. Votre bilan, celui qui est condamn� par 60�% des Parisiens, si j?en crois un certain nombre de sondages. Il n?est pas l?heure de faire le bilan du Gouvernement, il viendra en 2022. En 2020, c?est le v�tre. Et malheureusement, en mati�re financi�re, ce n?est pas tr�s brillant car nous avons eu un certain nombre d?abus - je l?ai d�j� dit lors du d�bat sur les orientations budg�taires -, un certain nombre de d�rapages qui n?ont pas �t� ma�tris�s.

Dans quatre mois, les Parisiens vont juger. Ils vont juger votre bilan, ils vont juger les six ann�es de votre bilan et ils ont le droit de conna�tre ce qui s?est pass�, la r�alit� en mati�re financi�re et budg�taire de l?�quipe sortante.

Or, on nous a donn� aujourd?hui - je le rappelle pour l?ensemble des groupes de l?opposition - des conditions d?examen de ce budget primitif qui ne sont pas tol�rables dans une ville comme Paris. Nous avons re�u les documents dix jours avant. Je l?ai d�j� dit � chaque discussion budg�taire, nous recevons 400 pages � �tudier dix jours avant. Ce n?est pas s�rieux�! J?avais d�pos� un v?u, il y a un an, pour faire en sorte que ce soit am�lior� et vous l?avez refus�. L?opposition, cela existe et elle doit donc �tre respect�e dans le d�bat budg�taire. Et donc les conditions d?examen du budget primitif doivent �tre fix�es d�finitivement et r�guli�rement dans le r�glement int�rieur de cette Assembl�e.

Sur le fond, le budget 2020 n?est pas � l?image de ceux qui ont pr�c�d� depuis 2014. Les charges � caract�re g�n�ral baissent pour la premi�re fois de 0,6�%, les d�penses d?investissement baissent de 13,5�% et �videmment, puisque les d�penses d?investissement baissent, le recours � l?endettement baisse �galement d?environ 38�%. C?est l?arbre qui cache la for�t des exercices pr�c�dents�! Il restera donc comme une exception, ce budget 2020, dans un oc�an de laxisme budg�taire depuis 2014.

Benjamin Constant disait�: "Le budget est l?arme du peuple contre tous les abus". Eh bien nous, nous avons eu les abus depuis 2014. Abus de d�penses. D?abord les d�penses de fonctionnement qui ont augment� de 7�% depuis 2014 et les d�penses de personnel de 11�%. Nous sommes aujourd?hui � 52.553 agents contre 49.000 en 2014, malgr� la fusion Ville et D�partement.

Quand on fait une fusion, c?est pour essayer de faire des �conomies et l�, non. La fusion Ville et D�partement a augment� le nombre de personnels alors qu?elle aurait d� le baisser. Nous avons un agent territorial pour 43 habitants quand c?est un pour 62 dans l?ensemble des autres communes en moyenne en France. Et encore, il faudrait y ajouter les 13.000 �quivalents temps plein des satellites municipaux. Etrange conception de la sobri�t�.

Les d�penses de fonctionnement, puisque vous aimez les ratios, Monsieur GR�GOIRE, c?est 3.456 euros par habitant � Paris, 2.305 euros � Marseille plus le D�partement des Bouches-du-Rh�ne, 2.240 � Lyon plus le D�partement du Rh�ne. Vous voyez, quand on prend des comparaisons, il faut vraiment aller jusqu?au bout.

Le deuxi�me poste dans les d�penses de fonctionnement qui a d�rap�, ce sont les subventions aux associations�: plus 33�% depuis 2014 pour atteindre 266 millions en 2019. Il y a 65.000 associations � Paris et 2.500 b�n�ficient d?une subvention de la Ville, soit seulement 4�%, et 85�% des associations en b�n�ficient depuis 2014. Sans commentaires sur le caract�re client�liste des subventions qui sont accord�es.

Quant aux d�penses d?investissements, vous nous aviez promis 10 milliards et ils ne seront pas atteints. Ce sera plut�t 8,9 milliards, donc il en manque clairement un, ce qui aura profond�ment d�form� tout au long de cette mandature le rapport entre le fonctionnement et l?investissement. Le rapport entre fonctionnement et investissement a augment� au d�triment de l?investissement, contrairement � ce qui a �t� annonc� tout � l?heure.

Le deuxi�me abus est celui des pr�l�vements. Je suis stup�fait quand vous nous dites que les pr�l�vements obligatoires n?ont pas augment� � Paris. Les pr�l�vements sur les Parisiens ont augment� de 30�% en six ans�: 5,1 milliards en 2014 et 6,7 milliards en 2020. Quelques exemples parmi les plus remarquables. Ce sont d?abord les droits de mutation qui, sous l?effet de la flamb�e des prix de l?immobilier - que vous aviez pourtant promis de limiter et on se demande d?ailleurs bien comment - ont augment� de 62�%. La deuxi�me augmentation significative est la contribution sur la valeur ajout�e des entreprises�: elle est pass�e de 781 millions � 990 millions, soit plus 27�%. La taxe de s�jour est pass�e de 40 � 81 millions, soit plus 103�%. Les droits de stationnement de 100 millions � 334 millions d?euros, soit plus 330�%. Enfin, un dernier exemple, la taxe sur les terrasses avec plus 33�%.

Mme HIDALGO m?aime tellement qu?elle est partie�! Elle n?en pouvait plus, c?est clair.

Alors vous avez b�n�fici� durant cette mandature de contributions suppl�mentaires de 1,4 milliard d?euros. Qu?en avez-vous fait car en m�me temps vous avez augment� la dette de 67�%�?

Le troisi�me abus est l?abus d?endettement�: 3,6 milliards en 2014 et 6,1 milliards en 2019. Je veux bien que ce ne soit rien, mais 67�% c?est quand m�me une augmentation significative. Le remboursement de la dette va d?ailleurs augmenter apr�s 2020. La charge de la dette pourrait doubler passant de 250�millions d?euros au budget primitif 2020 � plus de 450 millions d?euros, soit � peu pr�s la d�pense que vous consacrez au logement, � 50 millions d?euros pr�s, puisqu?elle est � 500 millions d?euros.

La baisse du recours � l?emprunt en 2020 est tr�s artificielle, due � la non-ex�cution d?une partie du programme d?investissements municipal, 7,3 milliards d?endettement s?il avait �t� totalement ex�cut� � 10 milliards d?euros, la surestimation de l?�pargne nette, car je ne suis pas convaincu que vous n?ayez pas surestim� vos recettes de fonctionnement, et enfin le scandale des loyers capitalis�s�: 1 milliard d?euros ponctionn�s sur les bailleurs sociaux depuis 2015. Si on enlevait ce milliard, vous d�passeriez la dur�e de d�sendettement au-del� des douze ans fix�e par la contractualisation avec l?Etat.

Face � ce bilan, qui sera jug� par les Parisiens dans quatre mois, que faire�?

Je souhaite que le d�bat que nous aurons au sein des municipales soit quand m�me un d�bat de fond et que l?on arr�te de dire que c?est l?Etat?

Tiens, Mme HIDALGO est revenue�! C?est sympathique, merci.

En fait, c?est assez �tonnant de voir que tout est mis sur l?Etat. Or, la baisse des dotations - Monsieur GR�GOIRE, vous �tiez chef de cabinet de M. AYRAULT, Premier Ministre - a �t� la plus forte depuis le d�but de cette baisse des dotations entre 2014 et 2017 et je ne vous ai rien entendu dire. Je n?ai pas entendu les parlementaires du Parti socialiste voter contre les projets de loi de finances � l?Assembl�e. Ils venaient ici et ils condamnaient Paris � une baisse des dotations et quand ils �taient � l?Assembl�e, ils les votaient. C?est quand m�me assez extraordinaire en mati�re de schizophr�nie.

Puisque nous sommes des incomp�tents, nous, l?opposition - c?est M. GR�GOIRE qui nous l?a dit la derni�re fois - et vous des mauvais gestionnaires, une des premi�res propositions que nous faisons est�: ayons un recours � un organisme ind�pendant pour faire un audit g�n�ral des finances de la Ville. C?est notre premi�re proposition. Comme cela, nous saurons tr�s exactement ce qu?il en est. Cela fait depuis 2001 que nous demandons cet audit et il est refus� syst�matiquement chaque ann�e. Je ne comprends pas pourquoi. Une nouvelle fois, nous demandons cet audit par un organisme ext�rieur. A partir de ses conclusions, nous mettrons en place une commission de modernisation de l?action publique parisienne qui visera � am�liorer l?efficacit� du service public municipal qui en a bien besoin. Je pense notamment � la propret� ou � l?entretien de l?espace public. Il faut faire mieux en d�pensant moins. La deuxi�me proposition que nous faisons est la fin des loyers capitalis�s d�s 2020. Cela co�te 90 millions d?euros. On a gag� cela par une baisse des d�penses de personnel. Il est inadmissible que vous continuiez � ponctionner les bailleurs sociaux de l?ordre de 120 � 140 millions d?euros cette ann�e et la m�me chose en 2020, alors qu?�videmment cela a des cons�quences sur leurs projets d?investissements et notamment sur l?entretien du patrimoine des bailleurs sociaux. Enfin, il faudra revoir l?organisation des ressources humaines. Cela n?a pas �t� fait et il faut une remise � plat. Se pose le probl�me du retour aux 35 heures et d?un plan de simplification organisationnelle avec une clarification des responsabilit�s de chacun. Il faut faire baisser l?absent�isme qui est beaucoup trop fort encore dans le personnel de la Ville. Enfin, il faut diviser par deux le nombre de collaborateurs de cabinet. Je n?�piloguerai pas sur nos propositions th�matiques car ce sera fait par mes coll�gues, sur la pi�tonisation, la police municipale, la r�novation des ports et une nouvelle politique du logement en faveur des classes moyennes Mais une chose est certaine, c?est le dernier exercice - d?ailleurs il faudra corriger en cas de changement de majorit� par un budget suppl�mentaire - o� nous aurons ces d�rives possibles. Quoi qu?il arrive, en mars 2020, rien ne sera comme avant en mati�re budg�taire. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci.

Mme Laurence GOLDGRAB, pr�sidente du groupe RG-CI.

Mme Laurence GOLDGRAB.- Madame la Maire, mes chers coll�gues, il y a un an, nous votions le budget en plein c?ur de la crise sociale qui traversait notre pays, celle des "Gilets jaunes". Personne n?a oubli� les samedis de manifestations et le malaise exprim� par toute une frange de la population, se consid�rant comme mise au ban de notre soci�t� et victime d?injustice sociale.

Pendant de longs mois, la Ville de Paris s?est mobilis�e pour r�pondre inlassablement � cette crise et aux d�bordements li�s pour permettre � Paris de se relever apr�s chaque samedi de manifestation. Je tiens � saluer de nouveau l?engagement de chacune et chacun dans nos services, l?ensemble de nos agents sur le terrain et l?Ex�cutif.

Mais si Paris a r�ussi cette mission, c?est aussi gr�ce � ses engagements politiques, sa vision de la ville solidaire et r�siliente, et le budget est l?incarnation chiffr�e de ses d�cisions et de nos politiques. Construire un budget, c?est faire des choix, c?est arbitrer des priorit�s. Aujourd?hui encore, en cette nouvelle journ�e de mobilisation sociale, je voudrais parler de Paris ville solidaire et cela n?a rien de grincheux ni de pleurnichard, comme je l?ai curieusement entendu.

Pleurnichard, alors que la crise des "Gilets jaunes" a �t� rattrap�e par une crise majeure de l?h�pital, avec un service public de la sant� � bout de souffle et des soignants fatigu�s exer�ant dans les locaux parfois insalubres?

Mme LA MAIRE DE PARIS.- S?il vous pla�t, un peu de silence pour que l?on puisse entendre les diff�rents orateurs et oratrices et les pr�sidents de groupe. Merci.

Mme Laurence GOLDGRAB.- Alors qu?est venu s?ajouter le mal-�tre grandissant du monde �tudiant, dont une partie sombre un peu plus chaque jour dans la pr�carit�. La pr�carit� �tudiante, qui �tait un concept peut-�tre flou pour certains, a pris une forme concr�te de la fa�on la plus tragique qu?il soit, avec cet �tudiant lyonnais, Anas, qui, d�sesp�r�, s?est immol� par le feu.

Alors qu?aux c�t�s de cette jeunesse �tudiante qui souffre, il y a aussi la jeunesse d�s?uvr�e qui se sent oubli�e de la R�publique et ne trouve plus sa place dans notre soci�t�.

Alors que les manifestations de la semaine pass�e l?ont d�montr�, il y a un vrai malaise social. Des centaines de milliers de personnes ne descendent pas dans la rue quand tout va bien. Le sentiment d?injustice, d?�tre priv� de ce � quoi nous avons droit est grandissant. C?est une cause de division et de r�crimination entre les diff�rentes composantes de la soci�t� parfois injuste mais qui traduisent un m�contentement bien justifi�.

Alors, quelles sont les r�ponses qu?il faut apporter � notre �chelle�? Quelle volont� politique pour Paris�? Bref, quel choix budg�taire�?

La premi�re de nos r�ponses, ce sont les 2,243 milliards d?euros consacr�s � la sant� et l?action sociale. Conform�ment � nos engagements de d�but de mandature, ce budget est celui d?une ville inclusive. Et � la lecture des chiffres, qui oserait nous dire que Paris n?est pas une collectivit� solidaire�? Paris est solidaire par la richesse de ses dispositifs et de ses aides qui interviennent dans le quotidien des Parisiennes et des Parisiens. Cette solidarit� du quotidien contribue � la lutte contre les injustices sociales et la pr�carit�. Les d�penses li�es au R.S.A. sont le premier poste de d�penses de l?action sociale avec 399,3 millions d?euros pour pr�s de 60.500 b�n�ficiaires.

Autre poste de d�penses significatives de notre politique sociale, les 369 millions d?euros consacr�s � la subvention du Centre d?action sociale de la Ville de Paris. Concernant les aides sociales de la Ville, je pense que le grand chantier � venir sera la r��valuation par le C.A.S.-V.P. Je sais que des travaux sont en cours, mais la prochaine mandature doit �tre l?occasion de sa concr�tisation et d?une r�forme.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- S?il vous pla�t, si vous avez des conversations, poursuivez-les � l?ext�rieur.

Mme Laurence GOLDGRAB.- Et d?une r�forme peut-�tre pour adapter nos aides � l?�volution des besoins et s?assurer de la meilleure efficacit� de nos dispositifs.

Ensuite, notre Ville est solidaire par son action pour r�pondre � l?urgence humanitaire. Nous l?avons d�montr� sans rel�che depuis plusieurs ann�es. Confront� aux diff�rentes crises et � l?arriv�e de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants � la recherche d?une terre d?asile, Paris n?a jamais d�tourn� le regard. Nous y faisons face en allant bien au-del� de nos pr�rogatives.

Mais cette mission est toujours plus difficile et nous le savons malheureusement. Rien n?indique que la situation s?am�liorera. Aujourd?hui nous faisons face � une crise migratoire caus�e par les guerres et la situation g�opolitique, mais demain nous devrons accueillir les r�fugi�s climatiques en masse. Paris sera toujours en premi�re ligne. Par cons�quent, nous ne devons jamais baisser les bras.

Toujours dans la section de l?action sociale, les d�penses relatives aux cr�ches et haltes-garderies s?�l�vent � 110 millions d?euros. En s?engageant � ouvrir 5.000 places en cours de mandat et en les r�alisant, la Municipalit� est aux c�t�s des Parisiennes et des Parisiens dans leur vie quotidienne pour leur permettre de fonder une famille � Paris.

Mais l?engagement solidaire de Paris va bien au-del� de son budget d?action sociale. Lutter contre ces injustices et la pr�carit� passe aussi par le soutien aux associations qui font vivre et animent nos quartiers, ces associations qui sont des relais sur le territoire quand le service public ne peut tout r�soudre. Ces associations cr�ent du lien social et leur pr�sence sur le terrain est compl�mentaire et n�cessaire de la n�tre.

Enfin, Paris est solidaire par sa politique en mati�re de logement social. Les logements P.L.A.-I., PLUS ou P.L.S. sont tous des outils qui contribuent au maintien des classes moyennes et populaires dans Paris. Cette volont� se traduit par un budget d?investissement de 220 millions d?euros dans le logement social. En poursuivant cet effort, nous atteindrons en 2030 l?objectif de 30�% de logements sociaux. C?est un investissement sur le long terme et n�cessaire.

Se loger � Paris reste cher et nous n?aurons jamais assez de logements sociaux pour tous les demandeurs, �videmment nous le reconnaissons. Mais comment peut-on permettre le maintien de classes moyennes � Paris et le souhaiter - je l?entends sur certains bancs de l?opposition - et en m�me temps s?opposer au projet de logements sociaux dans les arrondissements�?

Nous regrettons �galement le refus, cette fois-ci du Gouvernement, de nous donner l?enti�re comp�tence en mati�re de r�gulation d?Airbnb qui vient nourrir la sp�culation immobili�re parisienne et chasser de son c?ur les travailleurs.

Il me semble essentiel de d�buter cette journ�e de d�bat budg�taire en abordant le climat social qui r�gne dans notre pays et les r�ponses que nous tentons modestement d?apporter � notre �chelle locale. Il est �vident que c?est l?ensemble de nos politiques et donc l?ensemble de notre budget qui contribue � faire de Paris la Ville solidaire qu?elle est aujourd?hui et ce, malgr� le contexte incertain dans lequel nous devons composer. Contexte qui nous ram�ne une fois de plus au n�cessaire d�bat de l?autonomie financi�re des collectivit�s. C?est un sujet que j?ai l?habitude d?aborder, et que j?ai d?ailleurs abord� le mois dernier lors du d�bat d?orientation budg�taire, mais face � la volont� centralisatrice du pouvoir en place, les communes sont les derniers remparts de la d�centralisation. Il faut tenir les rangs. Il est inconcevable que nous, collectivit�s territoriales, nous ayons � participer � hauteur de 613,5 millions d?euros aux d�penses de p�r�quation, quand le montant des dotations est de 572 millions d?euros. L?effet ciseau amorc� en 2011 s?accentue et remet d�finitivement en cause le principe m�me d?autonomie des collectivit�s, auquel le centre gauche et notamment les radicaux de gauche sont tant attach�s. Le Gouvernement fait de la gestion d?entreprise plus que de la gestion politique et publique du pays, ce qui devrait collectivement nous inqui�ter. Quel est le projet�? Je suis bien incapable de r�pondre. Donc au centre gauche, nous avons pour habitude de nous dire pragmatiques, mais ce pragmatisme n?est jamais d�connect� d?un ADN politique et de convictions permettant de trouver l?�quilibre entre collectif et individuel. Cette gestion, revendiqu�e par l?Etat comme pragmatique, manque cruellement de ce courage et d?un ADN politique. A nous donc, � notre �chelle, de faire preuve de courage et d?ambition. Nous le devons aux Parisiennes et aux Parisiens. Je reprendrai la parole ult�rieurement pour pr�senter nos v?ux. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup � vous, Madame la Pr�sidente.

Mme Marie-Claire CARR�RE-G�E, pr�sidente du groupe les R�publicains et Ind�pendants.

Mme Marie-Claire CARR�RE-G�E.- Merci, Madame la Maire.

A titre liminaire et c?est tr�s important, vous nous avez dit tout � l?heure que la Secr�taire g�n�rale de la Ville participe actuellement � une r�union de crise sur les cons�quences �conomiques notamment de la gr�ve.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Ce sont les cons�quences pour le service public parce que vous savez que beaucoup d?agents sont emp�ch�s de rejoindre leur lieu de travail.

Mme Marie-Claire CARR�RE-G�E.- Oui, je le sais et j?esp�re que les cons�quences �conomiques de la gr�ve, notamment pour les commer�ants parisiens, seront �galement examin�es.

Pardon�? Ecoutez ma phrase jusqu?� la fin, s?il vous pla�t, sauf si c?est trop difficile�!

Nous formons le v?u que la lettre rectificative, qui sera pr�sent�e � la 1�re Commission tout � l?heure, comporte des mesures d?urgence. Nous aimerions aussi savoir, Madame la Maire, o� en sont vos discussions avec l?Etat, un an apr�s la crise des "Gilets jaunes", pour mettre en cause la responsabilit� de l?Etat qui, aux termes de l?article 211.10 du C.G.C.T., est responsable des dommages caus�s � l?occasion d?attroupements et rassemblements. Alors que certains troubles risquent de prendre le relais d?autres, nous aimerions que l?Etat ait sold� vis-�-vis de la Ville sa responsabilit� sur le plan financier.

Venons-en au budget maintenant � proprement parler. La D�claration des droits de l?homme �nonce, dans son article 14, que "tous les Citoyens ont le droit de constater par eux-m�mes ou par leurs repr�sentants la n�cessit� de la contribution publique, de la consentir librement, d?en suivre l?emploi et d?en d�terminer la quotit�, l?assiette, le recouvrement et la dur�e", et dans son article 15 que "la soci�t� a le droit de demander compte � tout agent public de son administration".

C?est l?objet de ce d�bat sur le budget primitif�: constater l?utilit� de la contribution des Parisiens, contr�ler l?utilisation en �tablissant une perspective depuis l?entr�e en fonction de votre mandature.

Comme le disait Victor Hugo, "la forme, c?est le fond qui remonte � la surface". Ne serait-ce que de ce point de vue, votre budget est inqui�tant. Comment comprendre, en effet, dans la pr�sentation budg�taire, des rubriques "patchwork" o� les d�penses pour les lampadaires c�toient celles de l?int�gralit� de la politique du logement, les espaces verts et la voirie�?

Pourquoi n?y a-t-il que deux bleus budg�taires � Paris�?

Comment expliquer aux citoyens la disparition d?une ann�e sur l?autre du montant des recettes de la taxe de s�jour�?

Pourquoi avons-nous � vous supplier de nous envoyer en "pdf" la pr�sentation g�n�rale du projet de budget primitif�? Pourquoi voudriez-vous que nous nous contentions d?un seul document papier par groupe et non par �lu�? Quand j?ai vu cela, j?ai vraiment hallucin�.

Comment expliquer que des changements de p�rim�tre budg�taire d?une ann�e sur l?autre ne donnent toujours pas lieu � des analyses � p�rim�tre constant�?

Enfin, comment expliquer les d�lais de publication sur Internet des documents budg�taires�? C?�tait six mois en 2018 et 2019. Comment expliquer que le compte administratif 2018 a �t� publi� avec tant de retard et que le budget primitif a �t� publi� � la fois avec retard et pas sur le bon site Internet de Paris.fr comme le pr�voit la r�glementation�?

Nous sommes contraints de d�poser un v?u pour vous demander tout simplement de respecter la loi.

Ce budget est construit sur des pr�visions maximalisme et trompeuses. Il cache des d�s�quilibres majeurs qui mettent en p�ril les marges de man?uvre financi�res des ex�cutifs futurs. Certes, l?�pargne brute dans les documents budg�taires est pr�sent�e � un niveau himalayesque de 652 millions d?euros, un niveau jamais atteint � Paris. Mais ce montant est malheureusement trompeur, puisqu?il repose sur des pr�visions maximalistes pour trois postes de d�penses et de recettes, dont l?�volution ne d�pend pas de la Municipalit�.

Les loyers capitalis�s d?abord. L?Ex�cutif attaque � raison le Gouvernement sur la baisse des dotations, ce Gouvernement qui est si glouton avec l?argent des autres. Mais c?est bien ce m�me Gouvernement qui vient une nouvelle fois vous autoriser � verser, en section de fonctionnement, les recettes issues du conventionnement du parc priv� des bailleurs. Cette manipulation, en plus de fausser le niveau des parcs du brut, est une infraction au principe de s�paration des sections de fonctionnement et d?investissement, de sinc�rit� et d?annualit� budg�taire.

Ce rapt, en forme de manipulation comptable, ob�re les capacit�s d?investissement des bailleurs sociaux en leur soustrayant d?office, par une convention qui n?a de contractuel que le nom, 60 ans de loyers. Cet argent appartient aux Parisiennes et Parisiens qui vivent dans le logement social. Il devrait �tre employ� � la r�novation des logements sociaux et il est en r�alit� utilis� pour des d�penses courantes. La Mairie de Paris fait comme l?Etat, en quelque sorte, elle fait les fonds de tiroir des autres pour boucler ses fins de mois.

En deuxi�me lieu, les droits de mutation � titre on�reux, on l?a �voqu� maintes fois. Votre �volution est l� aussi sup�rieure de 17�% � la moyenne annuelle. Votre c?ur saigne et vous versez de chaudes larmes en constatant la hausse des prix de l?immobilier, mais avec votre action, c?est le portefeuille des Parisiens qui saigne.

La troisi�me composante de l?�pargne brute, qui ne d�pend pas de vous, est l?�volution �videmment des taux d?int�r�t, puisqu?elle est concern�e par votre niveau d?endettement. Par d�finition, vous ne contr�lez pas du tout les taux d?int�r�t et vous sacrifiez le futur des Parisiens sur l?autel de vos d�penses de fonctionnement courantes.

Les agences de notation, elles sont vos clientes et elles jugent notamment en fonction de l?ampleur du patrimoine de Paris et de sa capacit� � lever l?imp�t. Elles ne jugent en aucun cas votre capacit� de gestion.

En r�alit�, vous pr�levez toujours plus sur les Parisiens. Sous votre mandature, vous qui dites ne pas avoir augment� les imp�ts, les recettes fiscales ont augment� d?un quart. D?ailleurs les Parisiens sont avertis puisque vous avez dit que, si vous �tiez r��lue � Paris, vous n?augmenteriez pas non plus les imp�ts au cours de la prochaine mandature. Si c?est un quart � chaque fois, cela promet�!

En rythme annuel, vous prenez dans la poche des Parisiens plus de 1,3 milliard suppl�mentaire. Vous avez augment� non seulement les imp�ts d?aujourd?hui, les imp�ts du quotidien � hauteur d?un quart, mais aussi les imp�ts de demain. Vous avez fragilis� la Ville de Paris. En les endettant, vous avez appauvri les Parisiens. Et tout cela sans r�ellement investir. En quantit� comme en qualit�, l?investissement d��oit�: seuls 8,5 milliards des 10 milliards d?euros promis seront effectivement ex�cut�s.

Alors, comment vous �tes-vous d�brouill�s pour arriver � une telle performance�? Pr�lever toujours plus sans finalement investir autant que cela�et en ayant des d�penses de fonctionnement qui augmentent�?

On a fait le calcul, parce que vous comme nous, on est tr�s m�contents du fait que l?Etat pioche toujours plus dans la poche des Parisiens. Mais si on analyse l?�cart entre la hausse de vos d�penses de fonctionnement et la hausse des pr�l�vements de l?Etat, il y a un �cart de 372 millions d?euros chaque ann�e. Effectivement, l?Etat est coupable de piocher dans la poche des Parisiens mais l?Etat n?est pas seul coupable.

On a regard� aussi l?�cart entre l?�volution des d�penses sociales et l?�volution des d�penses de fonctionnement. L� non plus, le compte n?y est pas. Vous ne pouvez pas dire aux Parisiens que c?est parce que vous faites beaucoup de social que les d�penses de fonctionnement ont progress� autant. Il y a un �cart de 510 millions d?euros par an.

En fait, si vous vous �tes d�brouill�s comme cela, c?est malheureusement assez simple. A Paris, c?est la gabegie et l?incons�quence � tous les �tages. Au XXIe si�cle, � l?heure de la r�volution digitale, les d�penses de personnel ont progress� de 17�% en un mandat et de 13�% � p�rim�tre de comp�tences constant�: l'annulation du march� Autolib? qui va co�ter tr�s cher � la Ville�; un abandon en rase campagne dans les n�gociations avec Unibail-Rodamco pour le Forum des Halles qui a co�t� 1 milliard d?euros�; des subventions souvent farfelues distribu�es � tout va et j?ai encore le souvenir des 200.000 euros que ce Conseil a vot� pour faire des exp�rimentations avec des palettes sur six places de parking. Nous d�poserons d?ailleurs un v?u pour que les conditions d?attribution et de suivi des subventions aux associations soient renforc�es. La liste pourrait �tre longue et c?est une gestion des travaux qui ressemble � votre gestion budg�taire tout inspir�e par le Sapeur Camenber�: faire des trous pour en boucher d?autres�!

Au total 1,3 milliard de plus chaque ann�e pris dans la poche des Parisiens, mais 31.000 nids-de-poule constat�s sur l?application Waze, 50�% du Plan V�lo seulement r�alis�s, des embouteillages aggrav�s par les chantiers dans la Capitale qui ont drastiquement r�duit la vitesse des bus � Paris, les trois quarts des Parisiens m�contents du niveau de la propret� � Paris, un tiers des nouveaux logements sociaux issus seulement de constructions nouvelles, les deux tiers restants �tant des transformations de logements occup�s ou appartenant � la Ville, ce qui contribue � rar�fier l?offre locative disponible pour les classes moyennes, un nombre de logements sociaux qui est pass� de 194.000 � 250.000 entre 2014 et 2018, un taux de rotation au sein du parc social de 4,5�% seulement, naturellement puisqu?il n?y a aucun segment d?offre locative abordable � Paris. Nous d�posons d?ailleurs deux v?ux, et j?esp�re qu?ils pourront �tre vot�s de fa�on unanime par cette Assembl�e, pour acc�l�rer la transformation de bureaux en logements et pour faciliter l?accession sociale � la propri�t�. Certains Parisiens, 12.000 par an et 60.000 au total, l?�quivalent d?un arrondissement parisien, ont d�j� vot� avec leurs pieds. En mars prochain, le reste des Parisiens pourra voter aussi avec leurs mains. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci. Mme SIMONNET pour trois minutes.

Mme Danielle SIMONNET.- Merci.

Il faut rompre le contrat impos� par MACRON et il faut voter contre ce budget. Voil� la coh�rence, voil� la r�sistance qu?il est n�cessaire d?avoir aujourd?hui.

Petit rappel historique. Sous SARKOZY, M. DELANO� exigeait le remboursement de la dette de l?Etat � la Ville d?un montant de 1,3�milliard d?euros du fait du transfert de comp�tences non compens� de moyens. Mais vous avez abandonn� cette demande sous HOLLANDE, qui a pourtant inflig� des baisses drastiques de dotations de l?Etat � notre collectivit�. Lorsque M. MACRON est arriv� au pouvoir, il a affirm� qu?il allait mettre fin ou r�duire ces baisses de dotations, mais qu?en �change il allait mettre en place la contractualisation, c?est-�-dire amener les communes � s?engager d?elles-m�mes � restreindre leurs d�penses de fonctionnement, � limiter leur recours � l?emprunt, � s?auto-appliquer une politique "aust�ritaire", bref � se mettre sous tutelle de Bercy. A ce moment-l�, vous avez �t� les premiers � signer cette contractualisation. On ne vous a pas entendu protester et encore moins f�d�rer les collectivit�s contre cette mise sous tutelle "aust�ritaire". Aucun groupe de cette majorit� n?a eu le courage de voter contre.

Aujourd?hui, on voit le r�sultat. Malgr� votre z�le, les dotations sont encore en baisse, si bien que le montant vers� en p�r�quation d�passe les dotations re�ues. La Ville doit s?autofinancer et contribue � financer l?Etat. Je vous propose de nous en lib�rer, de rompre ce contrat l�onin o� l?Etat a si peu d?engagements et o� il ne les respecte m�me pas.

Il y a urgence�: 700 enfants dorment � la rue, 8.000 personnes sont sans abri, 12.000 personnes quittent la Capitale chaque ann�e faute de pouvoir s?y loger, 2.500 personnes au moins meurent pr�matur�ment � cause de la pollution � Paris et les rapports du G.I.E.C. qui se succ�dent sont � chaque fois plus alarmants. Ces urgences sont bien trop pr�sentes pour laisser place au statu quo. Se soumettre � l?aust�rit�, ne pas d�cider d?engager les d�penses n�cessaires est tout simplement irresponsable.

Il faut donc rompre ce contrat, assumer d?investir plus. Or, vous faites l?inverse. Vous diminuez les investissements de 230 millions d?euros au nom de votre volont� d?afficher une dette r�duite et de la satisfaction affich�e au sujet de votre P.I.M.

Chers coll�gues Europe Ecologie les Verts, il ne suffit pas d?amoindrir la baisse des investissements, il faudrait les augmenter par rapport � l?an dernier et vous le savez bien. Pire, vous restreignez les d�penses de fonctionnement, dont l?augmentation est inf�rieure � l?inflation, avec une d�cision indigne de baisser de 4 millions d?euros le budget de l?aide sociale � l?enfance. Mais la t�che des �lus n?est-elle pas de faire en sorte que les besoins des gens soient pris en compte et non d?�tre des pseudo-bons gestionnaires�? Ce que vous ne parvenez absolument pas � faire car de bons gestionnaires ne bradent pas le patrimoine de la collectivit� - 258 millions d?euros de cessions - ni ne cumulent les ristournes aux promoteurs et les b�n�fices juteux aux entreprises � qui vous c�dez nos services publics. Il y a, mes chers coll�gues, de bonnes dettes, celles qui augmentent le patrimoine commun. Aujourd?hui l?Ex�cutif appauvrit notre Ville en r�duisant d?une part le recours � l?emprunt, tout en r�duisant d?autre part le patrimoine par de nombreuses cessions. Je voterai contre ce budget qui va radicalement � l?encontre de l?int�r�t g�n�ral de notre Ville?

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Il faut conclure, Madame SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET.- Et je vous propose par un v?u attach� d?engager une toute autre logique. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci � vous. Nous passons � l?oratrice suivante, Mme Rachida DATI pour le groupe les R�publicains et Ind�pendants.

Mme Rachida DATI, maire du 7e arrondissement.- Merci, Madame la Maire.

Mes chers coll�gues, ce budget 2020 s?inscrit dans la continuit� des ann�es pr�c�dentes. Il nous en apprend finalement davantage sur la politique municipale et sur son bilan qu'il ne nous projette dans l?avenir. Il est �labor� par la force des habitudes qui, depuis six ans, ont creus� une dette de plus de 6 milliards d?euros sans jamais �conomiser sur le fonctionnement.

Et en r�ponse � R�mi F�RAUD, je n?ai pas chang� ni de convictions ni de famille politique, et donc encore moins de constats en ce qui me concerne.

Votre politique d?endettement fait peser plus de 4.300 euros par foyer fiscal que paieront les Parisiens et les Parisiennes sans voir aucune am�lioration dans leur quotidien. Cette course � l?endettement par l?urgence - l?urgence partout, raison nulle part -, cette politique conduira la prochaine majorit� � devoir trouver chaque ann�e plus de 300 millions d?euros pour rembourser ce super emprunt qui gr�ve les capacit�s d?action de la Ville de Paris pour plus d?une dizaine d?ann�es. Cette politique dispendieuse est finalement la signature budg�taire de ces six ann�es. Aucune �volution ne s?est fait sentir dans la trajectoire budg�taire, pas plus qu?une �valuation ind�pendante n?a �t� propos�e.

Malgr� les recettes qui progressent et un endettement qui progresse tout autant, la qualit� de vie se d�grade dans le c?ur de nos arrondissements et les familles fuient la Capitale. Par exemple, vous ne voulez pas voir que la cr�ation dogmatique de quartiers entiers de logements sociaux a transform� une opportunit� pour les familles en sources d?ins�curit�, de paup�risation et de d�gradation. Cette politique du logement p�se sur le budget et se fait aux d�pens de notre seul domaine commun�: l?espace public.

Les Parisiens sont nombreux � nous faire part d?un sentiment d?abandon quant � la gestion de la voirie qui est la cons�quence de ce choix budg�taire. En 2020 encore, 118 millions d?euros pour l?entretien de notre patrimoine de voirie, c?est peu et c?est encore 3 millions de moins qu?en 2019. Les vastes travaux de cr�ation de pistes cyclables et de r�novation des places, pour pr�s de 50 millions d?euros tout de m�me, sont pr�sent�s comme les t�tes de gondole du bilan de la majorit� municipale en mati�re de gestion de la voirie. Mais ils ont �t� faits sur les grands axes, aux d�pens des rues de nos arrondissements pour lesquelles la r�novation est une lutte et une n�gociation constante.

Le Paris des grands axes concentre l?attention et les financements aux d�pens du Paris des arrondissements et des lieux de vie. Cette politique conduit � fracturer Paris et �c?urer les Parisiens. En comparaison, 12 millions d?euros d?autorisations de programme sont encore ouvertes pour la cr�ation de pistes cyclables faites �videmment sans concertation. Il serait souhaitable que ces am�nagements ne se fassent pas sur le dos des maires d?arrondissement qui disposent � peine du double de cette somme pour entretenir l?ensemble du patrimoine de voirie � leur charge.

Quant � la propret�, la mission d?information et d?�valuation sur la propret�, dont les conclusions ont �t� rendues en d�but d?ann�e 2018, aura finalement accouch� d?une souris�: aucun plan structurel n?aura �t� lanc� pour transformer l?action de cette Direction, dont je tiens � saluer l?engagement au quotidien des agents.

Plus de 500 millions d?euros seront encore consacr�s � ce poste cette ann�e. C?est donc le choix de la continuit�, alors que les chantiers r�cemment men�s n?ont fait qu?augmenter la surface � traiter. Il �tait ressorti des travaux de cette m�me mission que la surface � traiter avait augment�e de 30�% depuis 2001, alors que le budget reste constant, et nous �tions en d�but d?ann�e 2018. L?ann�e prochaine, l?ach�vement des travaux sur les grandes places parisiennes aura pour effet de d�dier en moyenne 50�% de surfaces suppl�mentaires pour les pi�tons � l?instar de la Bastille. Cela va n�cessairement se r�percuter en heures de travail suppl�mentaires pour les agents de la propret�, sans que cela ne soit consid�r�.

Ce budget de l?habitude passe � c�t� de l?exercice d?une comp�tence municipale qu?est l?entretien de la voirie et de la propret�. Ces 10 milliards d?euros passent finalement � c�t� encore des d�fis de notre Capitale, dont le lourd endettement restera encore � la charge des Parisiens. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci, Madame la Maire. La parole est � M. LAURET pour le groupe DP.

M. Thomas LAURET.- Merci, Madame la Maire.

Mes chers coll�gues, je voudrais souligner aussi la fragilit� de l?�quilibre du budget 2020 qui repose sur deux b�quilles et une chance.

La premi�re b�quille, ce sont les frais de notaires qui, gr�ce � la hausse des prix de l?immobilier, sont pass�s de 1 � 1,5 milliard d?euros depuis le d�but de la mandature et qui compensent largement la diminution des cr�dits de l?Etat et la hausse de la p�r�quation. C?est un paradoxe, puisque la politique de logement que vous avez men�e, une politique extr�mement co�teuse, a contribu� �galement � r�duire l?offre.

Vous avez �voqu� tout � l?heure 40.000 logements sociaux financ�s. En r�alit�, dans les documents que vous nous exposez, il y a 14.000 logements sociaux cr��s. L?�cart entre 14.000 logements sociaux cr��s et 40.000 financ�s, c?est 26.000 logements qui sont aujourd?hui occup�s par des classes moyennes et des classes populaires avec des niveaux de loyer tout � fait raisonnables et qui aujourd?hui co�tent des millions d?euros � la collectivit� sans cr�er un logement de plus. Sur ce sujet, il y a un manque de raison, un manque de prudence fondamental.

La deuxi�me b�quille, c?est la dette que vous estimez vous-m�mes � 6,148 milliards au 31 d�cembre 2020, soit une hausse de 57�% depuis le 1er janvier 2015 o� elle �tait de 3,905 milliards d?euros. Je rappelle que vous pr�voyez encore 130 millions d?euros de loyers capitalis�s qui viennent gr�ver les comptes des bailleurs sociaux et qu?il faut ajouter au bilan global de l?endettement de la Ville.

L?�pargne brute moins les loyers capitalis�s n?est plus que de 521 millions d?euros et non pas de 653�millions d?euros. Quand on divise la dette de 6,140 milliards par 521 millions d?euros, on aboutit � 11,8 ans. Ainsi le seuil d?alerte de douze ans est pratiquement atteint puisqu?on est � 11,8 ans, ce qui ne permettra pas � votre successeur, quel qu?il soit, de poursuivre une politique d?investissements de la sorte.

La chance que vous avez, ce sont les taux d?int�r�t extr�mement bas li�s � la politique du Gouvernement et de la Banque centrale europ�enne notamment. Des taux d?int�r�t extr�mement bas qui ont favoris� cette double bulle�: la bulle immobili�re d?une part, qui est en train de continuer � grossir de fa�on dangereuse, et la bulle de l?endettement de la Ville qui atteint aussi des niveaux avec un seuil d?alerte proche �galement dangereux.

Cette politique de taux d?int�r�t extr�mement bas vous a permis de tenir jusque-l� un programme de d�penses d?investissements imprudent. Nous vous alertons depuis deux ans et nous vous invitons � la prudence. Heureusement, la hausse des taux n?est pas encore apparue, elle aurait pu venir plus vite, mais il faut se pr�munir d?une hausse future, ce que vous n?avez absolument pas fait.

Que se passerait-il, en effet, si les taux venaient � augmenter�? Possiblement une explosion de la dette de la bulle immobili�re et donc la diminution cons�quente des frais de notaire premi�rement, et deuxi�mement une hausse de la charge de la dette. Elle est d�j� de 250 millions d?euros, c?est-�-dire pratiquement la moiti� de l?�pargne brute de la Ville, et elle pourrait passer � 300 ou 400 millions d?euros assez rapidement.

Si les agences de notation notent bien la Ville - vous n?arr�tez pas de vous enorgueillir de cette notation -, c?est gr�ce � son patrimoine et � la capacit� d?augmentation de la fiscalit�. Mais nous ne voulons ni brader le patrimoine, ni augmenter la fiscalit�, pas plus que vous. Aussi vous laisserez � votre successeur la situation la plus fragile depuis 1977, l?obligeant � r�duire le volume d?investissements et � faire des choix que vous avez refus� de faire, alors m�me que vos partenaires les �cologistes consid�rent que le budget de la Ville n?est pas suffisamment �cologiste. Vous n?avez pas fait les choix et donc vous vous retrouvez avec une situation budg�taire dangereuse. La Ville avait toujours eu une situation financi�re tr�s saine, car c?est celle d?une ville riche, avec des taux de fiscalit� minor�s gr�ce � la densit� de la population, gr�ce � la densit� du tissu �conomique et gr�ce � son dynamisme. Vous �tes ainsi la premi�re Maire de Paris � pr�empter l?avenir, ce n?est pas ce que l?on appelle, de mon point de vue, de la bonne gestion. (M. Patrick BLOCHE, adjoint, remplace Mme la Maire de Paris au fauteuil de la pr�sidence).

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident.- Merci, Thomas LAURET. Je donne maintenant la parole � Carine PETIT.

Mme Carine PETIT, maire du 14e arrondissement.- Merci, Monsieur le Maire. Notre groupe "G�n�ration.s" a souhait� porter un petit amendement budg�taire pour la construction de ce budget, mais qui peut �tre d?une tr�s grande utilit� et d?une tr�s grande pertinence. Nous pensons que la mutualisation de nos �quipements publics dans l?ensemble des quartiers de Paris est une tr�s bonne piste � creuser, non seulement � creuser mais aussi � amplifier. Nous avons souhait�, pour ce budget primitif 2020, porter la possibilit� de faire un appel � projets pour les cr�ches qui sont implant�es dans les quartiers populaires, mais pas seulement et dans l?ensemble de Paris, pour y ouvrir des ludoth�ques le samedi dans la journ�e, en direction des familles, des parents et des enfants dans l?ensemble des quartiers parisiens. Notre exp�rience s?appuie aussi sur la tr�s grande pertinence et utilit� des Ludomobiles qui ont �t� d�ploy�es dans plusieurs quartiers parisiens. C?est aussi une exp�rience que nous avons port�e sur le quartier de la porte d?Orl�ans, dans une nouvelle cr�che Jourdan qui b�n�ficie de tr�s beaux et tr�s g�n�reux espaces, et nous avons demand� � la Ville de Paris, � la Direction de la petite enfance et de la famille, � Sandrine CHARNOZ, de pouvoir accorder une subvention suppl�mentaire � l?association gestionnaire de cette cr�che pour ouvrir une ludoth�que le samedi matin dans cet �quipement public parisien. C?est une tr�s belle exp�rience, tr�s utile et qui montre que la Ville sait mobiliser ses �quipements publics, ses �quipes en dehors des horaires classiques d?une cr�che d?habitude ouverte en semaine. Nous portons donc l?utilit� de cet amendement budg�taire et nous avons demand� � inscrire un budget de plus de 70.000 euros pour que les associations gestionnaires, mais aussi peut-�tre les associations de quartier, puissent r�pondre � cet appel � projets et ouvrir les samedis de l?ann�e ces �quipements au plus grand b�n�fice des familles parisiennes. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident.- Merci, Carine PETIT. Je donne la parole � Pierre GABORIAU.

M. Pierre GABORIAU.- Merci, Monsieur le Maire.

Monsieur le Maire repr�sentant Mme la Maire de Paris, Monsieur le Pr�fet de police, mes chers coll�gues, force est de constater, comme l?a rappel� ce matin notre pr�sident de groupe "100% Paris", Pierre-Yves BOURNAZEL, que la prochaine majorit� municipale ne disposera que de marges de man?uvre tr�s �troites pour r�aliser son programme de mandature.

J?ai eu l?occasion de le d�montrer lors du d�bat d?orientation budg�taire, les ressources de la Ville de Paris n?ont jamais �t� aussi �lev�es, plus de 9,2 milliards d?euros, avec en particulier des droits de mutation � titre on�reux autour de 1,065 milliard d?euros, soit 80�% de plus qu?en 2013.

Et pourtant la dette a doubl�: 3,66 milliards en janvier 2014 et 6,14 milliards en 2020. Si l?on tient compte des pr�l�vements effectu�s depuis trois ans dans les comptes des bailleurs sociaux de 1,18 milliard, la dette aura pratiquement doubl�.

Et pourtant, vous n?avez pas su, Madame la Maire, atteindre les objectifs du programme d?investissement de la mandature, il en manquera pr�s d?un milliard.

Une gestion responsable, ce n?est pas laisser au successeur le choix entre augmenter les imp�ts, c�der toujours plus de patrimoine ou diff�rer les investissements. C?est au contraire op�rer les r�formes de structure sans attendre d?�tre au bord d?un gouffre budg�taire. Je rappelle un chiffre�: en cas de retour � des conditions du march� immobilier proches de celles de 2013, il faudrait trouver pr�s de 700 millions d?euros, soit plus que l?�pargne brute d�gag�e en 2020.

Le premier chantier est la n�cessaire ma�trise de la masse salariale qui repr�sente le quart des d�penses de fonctionnement. Je confirme les chiffres donn�s lors du d�bat d?orientation budg�taire�: les d�penses de personnel ont augment� de 17�% entre 2013 et 2020�; c?est plus de 355 millions d?euros. L?int�gration de 1.900 agents de la Pr�fecture de police n?explique qu?une partie de l?augmentation de l?ordre de 72 millions d?euros.

Plusieurs leviers pourraient �tre mobilis�s avec un peu moins d?id�ologie et avec plus de pragmatisme.

La Chambre r�gionale des comptes a confirm� que la Ville de Paris ne respectait pas la dur�e l�gale du travail, avec 1.552 heures travaill�es chaque ann�e au lieu de 1.607 heures, le surco�t est de 74 millions d?euros. Je ne dis pas qu?un coup de baguette magique permettrait d?augmenter la dur�e r�elle du travail, mais il faut travailler avec les organisations syndicales pour rapprocher progressivement les agents du droit commun, quitte d?ailleurs � envisager de reverser aux agents une partie de ces �conomies r�alis�es.

La technostructure parisienne est particuli�rement lourde. L?administration parisienne est dot�e de vingt directions, d?un secr�tariat g�n�ral, sans compter les organismes comme le C.A.S.-V.P. ou l?�tablissement "Paris Mus�es".

Comme je l?ai �voqu� lors du D.O.B., l?audit g�n�ral des comptes de la Ville de Paris par un cabinet ind�pendant, propos� par mon groupe, permettra aussi d?identifier les pistes de rationalisation. Nous sommes convaincus qu?il est possible de ne remplacer qu?un d�part en retraite sur trois au cours de la prochaine mandature, sans toucher aux effectifs dans les secteurs prioritaires de l?enfance, de la s�curit� et de la propret�. Par exemple, nous lib�rons des agents suppl�mentaires pour le balayage et le nettoiement des rues, en poursuivant l?externalisation de la collecte des d�chets. Pour l?ensemble des directions, cela repr�sentera sur une mandature 2.500 d�parts non remplac�s, soit une �conomie potentielle d?au moins 83 millions d?euros en 2026.

Nous avons �galement fait des propositions pour r�duire le train de vie de l?H�tel de Ville avec 60 millions d?�conomie sur un mandat. J?ai eu l?occasion d?en d�tailler les mesures le mois dernier et je n?y reviens pas.

La politique du logement est aujourd?hui aussi co�teuse qu?inefficace. La pr�emption dans le diffus co�te chaque ann�e plus de 100 millions d?euros et ne produit pas un seul logement suppl�mentaire. Il serait plus judicieux d?y renoncer, d?�conomiser 100 millions d?euros chaque ann�e et ainsi r�server le compte foncier � la transformation de bureaux en logements et � la lutte contre l?habitat insalubre. Nos propositions vont m�me plus loin que les �conomies. Le mois dernier, nous avons consacr� notre proposition de d�lib�ration � l?instauration d?un paiement raisonnable du stationnement pour les deux-roues motoris�s. En ann�e pleine, cela repr�sente au moins 30 millions de recettes. M�me si une partie est r�utilis�e en faveur des mobilit�s douces, l?essentiel permettra d?abonder les recettes de fonctionnement. Nous pensons �galement que la Ville doit vendre des logements sociaux en accession sociale � la propri�t� pour cr�er un v�ritable parcours r�sidentiel. Chaque Fran�ais r�ve, vous le savez, d?�tre propri�taire de son logement. Evidemment, il s?agira de vendre des logements sociaux par immeuble entier, en commen�ant par le parc � loyer libre de la Ville de Paris. Des logements sociaux r�nov�s pourraient �tre ainsi c�d�s. Avec un objectif modeste de 1.500 logements vendus, avec une d�cote de 40�% par rapport au prix moyen du march�, soit 6.000 euros le m�tre carr�, cela repr�sente plus de 500 millions d?euros de recettes par an. Vous le voyez, malgr� une gestion 2014-2020 qui limite les capacit�s financi�res de la Ville de Paris, nous avons identifi� des leviers pour financer les nouvelles priorit�s sans recourir � l?endettement ou � des artifices comme les loyers capitalis�s, et pour r�pondre ainsi mieux aux attentes des Parisiens d?aujourd?hui et de demain. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident.- Merci, Monsieur le Pr�sident de la 1�re Commission. La parole est maintenant � Maud GATEL.

Mme Maud GATEL.- Merci, Monsieur le Maire.

Le mois dernier, j?avais d�nonc� les petits arrangements avec la r�alit�, vous amenant � minimiser, voire � travestir, la r�alit� de la politique budg�taire men�e tout au long de votre mandat. La communication sur le budget primitif s?inscrit malheureusement dans la droite ligne de celle des orientations budg�taires et vos efforts de communication ne sauraient masquer une gestion des finances publiques bien �loign�e des standards de mod�ration, de sinc�rit� et de sobri�t� que nous, les centristes, d�fendons.

Et les Parisiens ne s?y trompent pas. Ils sont �galement les premiers � en p�tir, aujourd?hui mais �galement demain, puisque vous avez profond�ment ob�r� les marges de man?uvre de la Ville pour les ann�es qui viennent, quelles que soient vos d�n�gations en la mati�re. Car l?�ch�ancier de remboursement sera difficilement soutenable d�s l?ann�e prochaine pour atteindre jusqu?� 300 millions d?euros en 2022. Marges de man?uvre ob�r�es donc et insinc�rit� g�n�ralis�e.

D?abord, sur le volet des recettes, je voudrais revenir sur certaines contrev�rit�s qui ont �t� �nonc�es � plusieurs reprises et � nouveau ce matin concernant la contractualisation. Alors que la D.G.F. n?avait cess� de baisser au cours des deux quinquennats pr�c�dents, la contractualisation avec l?Etat en 2017 a permis une "pr�visionnabilit�" qui va �videmment dans le bon sens. En �change, vous vous engagez � respecter une norme tr�s modeste de soutenabilit� budg�taire.

Alors, non contents de critiquer ces principes de bonne gestion, vous d�noncez dans la communication la p�r�quation horizontale. Rappelons que c?est un principe de solidarit� qui a �t� propos� par l?Association des d�partements de France, mais il est �videmment beaucoup plus simple de critiquer le Gouvernement que d?assumer votre refus de la solidarit� d�partementale aupr�s de vos pairs.

Toujours au chapitre des recettes, nous nous interrogeons sur votre estimation des recettes issues des droits de stationnement. Vous inscrivez � nouveau plus de 330 millions d?euros. Or, vos hypoth�ses sont discutables. Nous avions d�j� d�nonc�, ce que nous estimions comme une surestimation en 2018, et les faits nous avaient donn� raison. Nous continuons donc de penser que ces recettes sont sur�valu�es et d�s lors il existe un vrai risque d?insinc�rit�.

Un risque d?insinc�rit� que l?on retrouve �galement sur le volet des d�penses, des d�penses qui nous apparaissent comme �tant sous-�valu�es. C?est le cas, par exemple, pour les p�nalit�s li�es � la rupture du contrat avec Autolib?. Vous inscrivez au budget 2,2 millions d?euros au titre des provisions li�es au contentieux avec l?ancien op�rateur, alors que Bollor� r�clame a minima 150 millions d?euros.

Quant au reste de la contribution au syndicat, il s?agit en r�alit� de d�penses minor�es sur le dos des abonn�s V�lib?. En effet, compte tenu du non-respect persistant du cahier des charges par l?op�rateur, il y a fort � parier que des p�nalit�s persisteront au cours de l?ann�e 2020. Aujourd?hui, elles ne servent qu?� abonder le budget du syndicat, sans b�n�ficier � ceux qui en p�tissent en premier lieu, c?est-�-dire les abonn�s. Gr�ce � notre intervention, ils avaient pu �tre rembours�s d?une partie de leur abonnement en 2018. Vous avez refus� que ce soit le cas en 2019 et je regrette que nos demandes r�p�t�es n?aient pas trouv� une suite favorable, alors que le syst�me est toujours d�faillant.

C�t� d�penses, il y a �galement des estimations qui ne vont pas dans le bon sens. C?est le cas, par exemple, du co�t de la gratuit� des transports que vous avez successivement estim� � 13, puis 50 et aujourd?hui � 30 millions d?euros.

Insinc�rit� sur la pr�sentation �galement. La voirie serait une de vos priorit�s. Dans ce cas, comment expliquer que les d�penses de voirie soient en baisse, alors que l?on sait combien le sous-investissement en la mati�re a cr�� des situations accidentog�nes.

Puis il y a des engagements non tenus. C?est ainsi le cas de la baisse des cr�dits allou�s aux "Vacances Arc-en-ciel". Apr�s avoir menac� de les supprimer, vous baissez cette ann�e les budgets.

Alors la v�ritable nouveaut� de l?ann�e, c?est le ralentissement de l?endettement. Naturellement, en tant que chantres de la bonne gestion, nous nous en r�jouirions si c?�tait assum�. Malheureusement, c?est plut�t pour de mauvaises raisons. D?abord, le tour de passe-passe des loyers capitalis�s qui, sur la mandature, auront repr�sent� plus de 1 milliard d?euros et qui auront permis chaque ann�e de combler le trou budg�taire.

Puis c?est �galement la sous-ex�cution du programme d?investissement de la mandature qui a pour cons�quence que les promesses faites aux Parisiens ne seront pas tenues, contrairement � ce que vous affirmez. J?en prends pour preuve uniquement le sujet de la mobilit�. Pour le Plan V�lo, �videmment, vous �voquez dans votre communication le fait que, je cite "Les derniers am�nagements du Plan V�lo 2015-2020 seront r�alis�s". La formulation est pour le moins probl�matique, dans la mesure o� elle laisse entendre que le Plan V�lo serait achev� en 2020, ce qui �videmment ne sera pas le cas. Pour achever le volet des infrastructures du Plan V�lo, il faudrait que vous cr�iez en un an 389 kilom�tres de nouveaux lin�aires, soit l?�quivalent de la moiti� de ce que vous avez �t� capables de livrer en quatre ans. Cet objectif est d?autant moins cr�dible que les budgets consacr�s au d�veloppement des lin�aires cyclables sont en baisse continue. Ainsi, les d�penses d?investissement pour la r�alisation de pistes cyclables chutent drastiquement de 29�% au budget 2020. Sans parler de projets tellement en retard que vous paraissez les enterrer, c?est le cas des lignes de bus � haut niveau de service ou encore du bouclage du tramway T3. Ces retards, s?ils contribuent � ralentir la dette, incarnent aussi le manque d?efficacit� de la d�pense publique et in fine le non-respect des engagements pris � l?�gard des Parisiens parce que vous n?avez pas men� les r�formes de structure n�cessaires. La preuve en est, la fusion de la Ville et du D�partement n?a eu aucun effet sur les d�penses, notamment en raison de l?augmentation continue des D.M.T.O. Cette ann�e encore, les recettes seront soutenues par l?augmentation des D.M.T.O. estim�s � plus de 1,600 milliard d?euros en 2020. Tout au long de ce mandat, la Ville aura pu poursuivre une politique dispendieuse, sans r�aliser les n�cessaires r�formes de structure, gr�ce � l?envol�e des prix de l?immobilier. Ce qui est profond�ment malsain, car d?un c�t� l?Ex�cutif s?�meut de l?augmentation des prix du foncier qui exclut chaque ann�e des milliers de Parisiens, et de l?autre cette sp�culation vous permet de boucler chaque ann�e votre budget. C?est pour rem�dier � cette schizophr�nie que nous proposons de caper � l?avenir les droits de mutation et de consacrer toute augmentation �ventuelle au remboursement de la dette de la Ville. C?est cela la vision responsable de bonne gestion des finances publiques et on voit bien que l?Ex�cutif actuel en est tr�s, tr�s loin. Le ralentissement de la dette intervient malheureusement trop tard car les capacit�s de financement ont �t� ob�r�es pour longtemps et des engagements n?ont pas �t� tenus, quoi que vous en disiez. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident.- Merci, Maud GATEL. La parole est � Philippe DUCLOUX.

M. Philippe DUCLOUX.- Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, �videmment je vais m?adresser � Madame la Maire pour lui dire que voil� plus de cinq ans que les Parisiennes et les Parisiens lui font confiance, contrairement � ce que pr�tendaient tout � l?heure Eric AZI�RE et J�r�me DUBUS.

Ce projet de budget de la Ville de Paris pour 2020, que mon groupe votera �videmment avec conviction, d�montre une fois de plus que les �lecteurs ont eu raison. Suivi en cela par la majorit� des �lus de cette Assembl�e qui vous donne, Madame la Maire, ann�e apr�s ann�e, les moyens budg�taires de mener � bien le projet pour lequel Paris s?est lev� en 2014.

Vous avez respect� tous vos engagements et dans ce projet de budget que nous allons voter en fin de journ�e, vous continuez � les respecter. Voil� la premi�re raison de la confiance.

Vous avez promis une ville transform�e, durable, inclusive, faisant une place pour toutes et tous et vous l?avez fait. Pour preuve, les cinq pr�c�dents budgets adopt�s ici par la majorit� du Conseil de Paris, et ce projet de budget pour 2020 en est �videmment le prolongement.

Vous avez promis de ne pas toucher au taux des imp�ts locaux directs et vous n?y avez pas touch�, respectant votre parole et pr�servant ainsi le pouvoir d?achat des familles parisiennes. Voil� la raison de la confiance renouvel�e ici, ann�e apr�s ann�e.

Vous avez promis, Madame la Maire, de r�aliser un R.E.V., un r�seau de pistes cyclables, le plus complet qui soit pour une grande ville fran�aise de cette importance, Madame GATEL. Eh bien, il est l�. Et ce ne sont pas les milliers de cyclistes de chaque jour et plus encore en ce moment qui me contrediront. Je sais que certains d?entre vous, ici dans cet h�micycle, pratiquent le v�lo et je leur dis�: soyez sans crainte, ce n?est pas parce que vous n?avez pas vot� en faveur du v�lo que vous n?avez pas le droit d?en faire. Au contraire, c?est cela aussi la ville durable et inclusive.

Le v�lo, c?est le d�placement, c?est la sant�, le sport. C?est un mode de vie et c?est aussi moins de bruit et moins de pollution. Jamais on avait fait autant pour la plan�te dans cette ville entre 2014 et aujourd?hui. Et ce n?est qu?un d�but. Personne ne peut ignorer le d�fi qui se l�ve devant nous, � savoir�la transformation de la vie tout enti�re pour les g�n�rations actuelles comme pour les g�n�rations futures.

Transformation de la vie, donc transformation de la ville. A cet �gard, je salue, Madame la Maire, votre initiative pour faire �voluer le mode de gouvernance budg�taire de la Ville de Paris en nous proposant d?investir la d�marche de budg�tisation verte. Nous pourrons int�grer plus syst�matiquement les enjeux climatiques et de r�silience dans l?�laboration des projets municipaux, et permettre ainsi � nos concitoyens de suivre encore mieux nos progr�s en la mati�re.

Car les citoyens sont, si je puis dire, l?alpha et l?om�ga en quelque sorte de votre action. C?est ainsi que vous vous �tes engag�e, Madame la Maire, � faire participer les habitants � la naissance de cette ville transform�e, bienveillante pour tous et innovante. Et vous l?avez fait � travers notamment le budget participatif de Paris, le plus grand budget participatif au monde.

A cet effet, 183 postes d?arrondissements sont inscrits au budget primitif 2020 pour un montant total de pr�s de 55 millions d?euros, dont plus de 9 millions d?euros pour la culture. Voil� �galement la raison de la confiance.

Cette confiance des Parisiennes et des Parisiens envers vous, Madame la Maire, est m�rit�e au regard de votre action. Vous y travaillez et vous travaillez encore pour 2020 et pour les ann�es suivantes.

Le budget 2020 de la Ville de Paris s?appuie, en effet, comme vous l?avez dit tout � l?heure, sur les m�mes principes qui pr�valent depuis votre �lection comme Maire de Paris. Quels sont ces principes�? Investir, prot�ger, adapter la Ville, l?administration, les modes d?action aux d�fis �cologiques, sociaux, technologiques et s�curitaires.

Monsieur GABORIAU, tout � l?heure, quand vous proposiez de supprimer un certain nombre de postes, �videmment je suis totalement en d�saccord avec cette proposition. Personne ne peut oublier comment, durant la pr�sente mandature, Paris a �t� attaqu�. Et en r�ponse, vous avez voulu une ville r�siliente, qui se d�fend avec l?aide et le soutien des forces civiles et militaires que je remercie ici. Au-del�, vous avez voulu une ville qui d�fend ses valeurs, ses projets, la qualit� de son cadre de vie, de ses modes de vie et de ceux de ses habitants et de ses forces vives.

De m�me, dans un contexte international difficile, Paris, comme d?autres villes, a accueilli des personnes migrantes fuyant la guerre, le terrorisme, la mis�re et la violence. Dans un tel contexte, vous avez voulu d?une ville debout, responsable, organis�e et parfois en mesure de faire front quasiment toute seule, quand les institutions publiques comp�tentes �taient aux abonn�s absents�! Je salue et je remercie d?ailleurs le courage et le d�vouement de votre adjointe, Dominique VERSINI. La voil� la raison de la confiance, une nouvelle fois.

Un budget n?est pas hors la loi, il repose sur des convictions et sur des engagements qui sont tenus. Un budget repose sur des valeurs que nous reconnaissons dans les valeurs de la R�publique sociale, d�mocratique et �cologique.

Un budget, et vous l?avez dit et d�montr�, Madame la Maire, repose sur une strat�gie. Et la strat�gie budg�taire adopt�e et suivie tout au long de la mandature a donn� tous ses effets et ses avantages. Qui peut honn�tement dire le contraire dans cet h�micycle�? L?opposition�? Croyez-vous vraiment qu?il vous suffit dans l?opposition de sortir des chiffres "bidon" et d?ajouter un verbe et une virgule pour faire illusion et d�faire le travail qui a �t� entrepris depuis 2014�? C?est � croire que l?opposition a finalement peu d?estime pour les Parisiennes et les Parisiens que les croire si peu capables de constater par eux-m�mes tous les progr�s qui ont �t� accomplis dans moult domaines, dans tous les services publics municipaux qui ont �t� renforc�s, les espaces publics qui ont �t� reconstruits, les �quipements qui ont �t� �difi�s ou r�nov�s et adapt�s � l?urgence climatique et � la lutte contre les pollutions.

Et puisque vous feignez d?�tre dubitatifs dans l?opposition, je vais m?arr�ter sur un ou deux exemples. L?�cole, le coll�ge, la r�forme p�riscolaire, la qualit� de la restauration scolaire, le soutien � la vie �tudiante, vous voulez les chiffres�? Eh bien, les voil�.

Nous consacrons pr�s de 2 millions d?euros � la vie �tudiante chaque ann�e, s?ajoutant aux presque 20 millions d?euros d�di�s � l?enseignement sup�rieur et � la recherche. Et nous sommes d?accord pour convenir qu?il s?agit l� de domaines de la comp�tence g�n�rale de l?Etat, ces chiffres ne comprennent ni le logement �tudiant, dont nous avons fait depuis de nombreuses ann�es une priorit� � la hauteur de la capitale universitaire qu?est Paris, ni les centres de sant� ouverts ou d�velopp�s qui accueillent favorablement les �tudiantes et les �tudiants, ni les forfaits renouvel�s en faveur de la restauration universitaire. Chasser la pr�carit� du monde �tudiant parisien est l?un des leitmotivs de Marie-Christine LEMARDELEY et je tiens � la saluer. Elle vous en parlera mieux que moi tout � l?heure.

S?agissant du second degr� et en particulier du coll�ge, je suis fier car, gr�ce tout d?abord � l?action men�e par Alexandra CORDEBARD puis par votre action, Patrick BLOCHE, je suis fier que Paris soit une des collectivit�s de France qui accompagne le plus les coll�ges, bien au-del� de ses pr�rogatives, et en particulier dans nos quartiers prioritaires o� le besoin de mixit� appelle des initiatives fortes et des investissements sp�cifiques. Au total, l?�ducation est le premier budget de la collectivit� parisienne.

Pour conclure, vous l?avez bien compris, mes chers coll�gues, ce projet de budget primitif de la Ville de Paris pour 2020, que vous nous avez pr�sent�, Madame la Maire, tout comme votre action depuis plus de cinq ans ont �t� b�tis sur la confiance, sur une confiance renouvel�e, sur une confiance m�rit�e, sur une confiance gagn�e�!

Nos services publics ont gagn� en qualit� et cela a �t� accompli tout en pr�servant les marges de man?uvre financi�res de la Ville. A cet �gard, votre action, cher Emmanuel GR�GOIRE, a de nouveau �t� salu�e par les agences de notation financi�res en 2019. Au sujet de la situation financi�re de la collectivit� parisienne, c?est notamment par le pilotage renforc�, le degr� �lev� de transparence financi�re et la situation de liquidit� tr�s favorable.

En d�finitive, cette mandature et ce projet de budget pour 2020 portent la m�me marque, celle de la justice, ce dont se souviendront in fine les Parisiennes et les Parisiens au moment de leur choix futur.

Votre tour de force, Madame la Maire, a �t� d?am�liorer le cadre de vie des habitants, de d�fendre leur pouvoir d?achat, de renforcer la solidarit� et de promouvoir l?innovation, et ceci malgr� le r�gime de di�te et d?amaigrissement des recettes de la Ville que l?Etat nous a fait subir chaque ann�e � l?occasion du vote de ses lois de finances successives, et le projet de loi de finances de l?Etat pour 2020 n?y fait malheureusement pas exception.

Au point que, pour la premi�re fois de l?histoire de notre Ville et de l?histoire de la d�centralisation en France, la collectivit� parisienne sera en 2020 contributrice nette au budget de l?Etat. C?est une premi�re et c?est in�dit malheureusement.

C?est la premi�re fois, en effet, que les dotations re�ues par l?Etat - 571 millions d?euros - seront inf�rieures aux d�penses de p�r�quation d�cid�es par l?Etat - 613 millions d?euros -, soit une contribution nette de 42 millions d?euros de Paris � l?Etat. En disant cela, je ne tiens m�me pas compte des 274 millions d?euros de reste � charge que la Ville doit assumer seule pour financer des comp�tences que l?Etat lui a transf�r�es, en mati�re sociale notamment.

En somme, ce n?est plus l?Etat r�publicain qui soutient l?action publique locale, ce sont au contraire les Parisiennes et les Parisiens contraints de venir au secours d?un Etat dirig� par un pr�sident recentralisateur. C?est la R�publique � l?envers, plus connue sous le nom de R�publique en marche. Il faudrait alors pr�ciser�: R�publique en marche invers�e�! On chercherait � interrompre ou � freiner l?action de la Municipalit� parisienne conduite par Anne HIDALGO, en faveur de l?investissement de l?emploi, de la solidarit� et de la transition �cologique, que l?on ne s?y prendrait pas autrement. Pour autant et c?est le deuxi�me point de ma conclusion, il convient de mettre � votre actif, Madame la Maire, que la dette totale de la Ville va baisser d?ici la fin de l?ann�e 2019 de 40 millions d?euros. Au moment o� quelques incons�quences du c�t� de l?opposition, dont l?avidit� de pouvoir n?a d?�gal que leur impuissance � comprendre le b.a.-ba de la finance publique, au moment m�me o� certains r�p�tent en boucle leur mystification sur une dette qu?ils verraient grimper au-del� du soutenable, moi, je veux souligner cette baisse de la dette de la Ville de Paris. Non comme une performance ou une prouesse, encore que rien n?�tait fait d?avance avec un Etat et un Gouvernement si hostiles envers les collectivit�s locales, mais il a fallu s?accommoder d?un environnement l�gislatif et d?un cadre financier national instable, qui auront finalement impact� la pr�paration de l?ensemble des budgets de la mandature. Je pr�f�re saluer cette baisse de la dette de la Ville de Paris comme une preuve nouvelle de la justesse de vos choix, singuli�rement de votre strat�gie budg�taire, et finalement comme un t�moignage de votre l�gitimit�, Madame la Maire. Alors, mes chers coll�gues, pour le dire simplement, votre action, Madame la Maire de Paris, men�e avec le concours des agents de la collectivit� parisienne, que je veux ici remercier, men�e avec la participation des multiples partenaires de la collectivit�, que je veux saluer ici, cette action m�rite �videmment d?�tre poursuivie. Comme l?a dit tout � l?heure mon pr�sident R�mi F�RAUD, nous voterons �videmment en faveur de ce projet de budget primitif de la Ville de Paris pour 2020, qui, dans la continuit� des exercices pr�c�dents, fait progresser souvent de fa�on in�dite la vie des Parisiennes et des Parisiens, qu?ils soient r�sidents, travailleurs, visiteurs et amoureux de cette belle cit� que le monde entier nous envie. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident.- Merci, Philippe DUCLOUX. Je donne la parole � J�r�me GLEIZES.

M. J�r�me GLEIZES.- Merci, Monsieur le Maire. Et cher coll�gue, quelle �loquence�!

Ce dernier budget pr�visionnel est le moment de faire le bilan financier de la mandature car th�oriquement il devrait y avoir peu de nouveaut�s dans ce budget par rapport � celui de l?ann�e derni�re. C?est un budget technique, comme on l?entend souvent, une simple reconduction de la strat�gie de la mandature.

Pourtant il en est autrement, surtout dans la partie des investissements. En effet, � �couter certaines interventions de ce matin sur notre amendement cit� dans les discussions, il n?en est rien. Pourtant c?est assez paradoxal car nous d�fendons le maintien de l?investissement tel qu?act� en 2014. Nous sommes coh�rents, une fois de plus. Tout au long de la mandature, nous avons d�fendu cette strat�gie d?investissement, critiquant aussi bien les Gouvernements HOLLANDE que MACRON quant � la mise au pas des collectivit�s territoriales.

Revenons d?abord sur le bilan de ces cinq derni�res ann�es, la droite accuse notre majorit� d?avoir augment� la dette de la Ville, c?est vrai, mais il faudrait avoir l?honn�tet� intellectuelle de dire qu?une partie de la croissance de la dette est aussi due aux chocs budg�taires induits par les Gouvernements successifs depuis 2014 de HOLLANDE � MACRON. Pour la premi�re fois, la Ville va m�me devenir contributeur net du budget de l?Etat et l?impact cumul� depuis 2014 d�passe le milliard, auquel il faut rajouter le 1,7 milliard de dette sociale. Toutes ces recettes en moins ont diminu� notre �pargne brute et nous ont oblig�s � financer nombre d?investissements pour l?avenir par la dette. C?est une r�alit�.

Invariablement, c?est avec ce m�me souci de financer nos investissements que, durant cette mandature, nous avons assum� de d�fendre l?utilisation des baux emphyt�otiques et donc les loyers capitalis�s au lieu de c�der notre patrimoine, comme l?a fait M. MISSIKA. A titre d?exemple, le dernier rapport de la Chambre r�gionale des comptes sur la Z.A.C. de Batignolles nous donne raison�: les cessions sont faites � des montants trop faibles, en plus d?une ristourne �tonnante de 36 millions d?euros au promoteur immobilier, ce qui fait autant de recettes en moins pour la Ville. Je d�plore que cette mauvaise strat�gie perdure puisque des cessions � bas prix sur des Z.A.C. sont soumises encore au vote de ce Conseil.

Nous assumons donc la trajectoire d?investissements de la Ville pour laquelle les Parisiennes et les Parisiens nous ont �lus en 2014.

En revanche, nous n?assumons pas cette frilosit� de l?Ex�cutif et des socialistes face � l?attaque de l?Etat contre l?autonomie budg�taire des collectivit�s territoriales. Nous avons particip�, avec de nombreux �lus de droite comme de gauche - d?ailleurs vous l?oubliez, les �lus de droite - au rassemblement devant l?Assembl�e nationale pour protester contre la contractualisation des budgets des collectivit�s territoriales. Nous regrettons que Mme HIDALGO n?ait pas men� le front avec les maires contre cette mainmise des budgets municipaux par Bercy. Au contraire, la Ville de Paris s?est m�me f�licit�e d?�tre une des premi�res villes de France, avec Bordeaux, � signer cette contractualisation pr�sent�e comme indolore pour Paris. Indolore budg�tairement, cela peut se discuter, mais politiquement la tache restera.

Nous sommes aussi et surtout surpris de la rupture de la strat�gie d?investissement de la Ville avec ce budget. On constate une baisse de 230 millions d?euros, dont 31,3 millions d?euros pour la section transports et 143,5 millions d?euros pour la section de l?am�nagement des territoires et de l?habitat.

Nous aurons beaucoup investi sur cette mandature mais moins que les 10 milliards d?euros pr�vus. Nous sommes par ailleurs surpris que l?�tude command�e par la Ville de Paris � l?O.F.C.E. ne soit pas mise en valeur. Est-ce � cause des r�sultats et de l?argumentaire qui montrent le risque de baisser l?investissement�? Mme la Maire en a certes parl� dans son intervention, mais en se focalisant que sur des indicateurs de bien-�tre, le dernier chapitre de ce rapport.

Regardons ce que dit le deuxi�me chapitre de ce rapport. Malgr� le d�sengagement de l?Etat aupr�s des collectivit�s territoriales, elles r�alisent pr�s de 70�% de l?investissement public civil. Selon l?O.F.C.E., une baisse de l?ordre de 25�% du volume annuel d?investissement sur la dur�e d?une mandature aurait des cons�quences n�gatives pour l?ensemble de l?activit� �conomique de la r�gion - donc pas seulement Paris mais aussi la R�gion, y compris Mme P�CRESSE - avec des destructions d?emplois de pr�s de 50.000 �quivalents temps plein et une baisse du P.I.B. r�gional de 0,6�% si la baisse pr�vue sur une ann�e est de 13,5�%. Par cons�quent, si nous continuons cette strat�gie, nous aurons une baisse du P.I.B. par rapport � cela.

Ce budget et sa strat�gie d?investissement en baisse marquent une rupture surprenante avec la ligne que nous avons toujours port�e. Les �cologistes ne d�fendent pas une logique d?investissement pour elle-m�me, comme dans l?analyse keyn�sienne, nous d�fendons l?investissement pour r�aliser la transition �cologique.

Nous avons une autre d�finition du s�rieux budg�taire, ce mot-valise que vous �tes nombreux � d�fendre dans cette Assembl�e - � droite comme � gauche, M. BOURNAZEL ou M. F�RAUD - pour justifier des r�ductions "aust�ritaires" de d�penses de fonctionnement. Pour nous, le s�rieux budg�taire signifie d?avoir un budget compatible avec nos objectifs politiques.

L?objectif, vous le connaissez�: �viter le chaos climatique. Vous en parlez beaucoup, toutes et tous, mais quand il faut passer aux actes, il n?y a plus personne. Mme la Maire a elle-m�me termin� son intervention sur la dette �cologique, mais le budget qui nous est propos� est en baisse de 230 millions d?euros. O� est la coh�rence�?

Comme l?a dit ma coll�gue Fatoumata KON�, nous avons, selon les scientifiques, dix ans pour agir. Dix ans, c?est court, c?est deux mandatures. Nous n?allons pas attendre les prochaines �lections pour agir et nous devons agir tout de suite avec ce budget, d?o� cet amendement budg�taire de 80 millions d?euros.

Le bleu Plan Climat nous montre que nous sommes tr�s en retrait par rapport � ce que n�cessite la situation �cologique.

Concernant l?�nergie, il nous manque toujours le sch�ma directeur de l?�nergie promis depuis deux ans. Sans celui-ci, il est difficile de programmer des investissements.

Un exemple structurant, la C.P.C.U. et la strat�gie de neutralit� carbone d?ici 2050. Si nous voulons y parvenir, il faudra supprimer le charbon, qui est encore achet� par la C.P.C.U., mais aussi trouver de nouvelles sources de chaleur comme la g�othermie. Le bleu Plan Climat ne hi�rarchise pas les priorit�s. Par exemple, il met en avant, page 7, la r�cup�ration de la chaleur par les �gouts. Mais l?objectif de neutralit� CO2 par an est ridiculement bas.

Par contre, les donn�es pr�sent�es dans le bleu Plan Climat montrent le d�calage entre la r�alit� de la r�novation thermique et les objectifs du Plan Climat. Ecoutez les chiffres�: "L?objectif de 4.500 logements sociaux r�nov�s par an depuis 2009, puis de 5.000 � partir de 2020, signifie qu?� ce rythme il faudra encore quarante ann�es pour r�nover l?ensemble du parc social." Et c?est encore pire pour le parc priv�.

Le dispositif "Eco-R�novons" et "CoachCopro" a permis la r�novation thermique de 3.929 logements par an en moyenne depuis 2016. Mais � ce rythme, il faudra au moins 140 ann�es pour assurer la r�novation thermique de la moiti� du parc priv� de la Ville de Paris. Or, nous avons pr�vu la neutralit� carbone en 2050, dans 31 ans. O� est la coh�rence encore une nouvelle fois�?

Les projections de construction, � partir de la page 20, des op�rations d?urbanisme � venir � Paris apparaissent comme une provocation dans ce bleu Plan Climat, notamment avec le projet Bercy-Charenton qui est cit� et ses tours. Nous y viendrons dans le d�bat d?urbanisme dans ce Conseil, mais ce n?est pas normal de le mettre dans le bleu Plan Climat.

Malgr� notre protestation, ce document continue � confondre �lot de fra�cheur et lieu frais, malgr� l?amendement vot� au Plan Climat. Il n?y a pas 922 �lots de fra�cheur, comme cit� page 42. Un �lot de fra�cheur est un espace naturel qui g�n�re de la fra�cheur naturellement, notamment gr�ce � l?eau de transpiration des arbres. Pourtant ce m�me document reconna�t que�: "Les temp�ratures sont plus �lev�es au sein d?espaces fortement min�ralis�s, comme Lariboisi�re, qu?au sein d?espaces v�g�talis�s comme le parc Montsouris." C?est marqu� dans le rapport et m�me les rapports sont contradictoires en leur sein.

Ce bleu Plan Climat n?est pas satisfaisant. C?est pourquoi nous nous r�jouissons du projet de d�lib�ration SG 69, sur lequel mon coll�gue Jacques BOUTAULT va intervenir, qui pr�voit la mise en place d?une budg�tisation verte avec la convention avec l?Institute for Climate Economics.

En avril dernier, il y a huit mois, les scientifiques annon�aient que la Terre, notre plan�te - je rappelle qu?il n?y a pas de plan�te de rechange - entamait sa sixi�me extinction de masse. Vu cette annonce, cela devrait �tre le branle-bas de combat, mais au lieu de cela on s?attache � la dette financi�re, la seule que nous pourrons effacer, car la dette environnementale que nous l�guons � nos enfants est, elle, ineffa�able.

Nous avons d�pos� un amendement budg�taire fort modeste pour introduire un investissement sans rupture dans certains secteurs de la transition �cologique. Nous esp�rons qu?il sera vot� par chacune et chacun de nos coll�gues dans cet h�micycle pour voir la coh�rence.

Comme nous savons que vous �tes plus sensibles � la sobri�t� financi�re qu?� la sobri�t� �cologique, nous vous proposons un amendement, certes important, de 80 millions d?euros, mais inf�rieur aux 230 millions d?euros d?investissements en moins. Cela n?entra�nera pas forc�ment une hausse de la dette, puisque c?est pour certains l?�l�ment le plus important. Nous l?avons calcul� avec le montant de l?exc�dent brut pr�vu entre ce budget pr�visionnel et celui de l?ann�e derni�re qui �tait de 80 millions d?euros.

Nous demandons par ailleurs la suppression de deux orientations de programme contest�es et qui feront l?objet de d�bats lors de l?�lection municipale�: 1,6 million d?euros pour le projet "R�inventer Montparnasse" et surtout 8,7 millions d?euros pour le projet urbain partenarial avec "Ceetrus" sur la gare du Nord.

En contrepartie, si cela n?�tait pas suffisant, la section des recettes de fonctionnement est gag�e sur l?augmentation des D.M.T.O. car il est important de fl�cher les recettes sur les investissements d?avenir qui pr�servent notre environnement et nos �cosyst�mes. Car � quoi bon rembourser une dette si la ville que nous ch�rissons n?est plus habitable�?

Nous proposons donc un amendement budg�taire de 80 millions d?euros. Il impacte la section d?investissements du budget primitif pour 2020 en r�abondant de 20 millions d?euros le budget d?investissement des transports pour permettre le renforcement du Plan V�lo. Il r�abonde aussi de 4 millions d?euros le budget d?investissement environnement pour la r�novation thermique des b�timents de la Ville et de 36 millions d?euros la section de l?am�nagement du territoire et de l?habitat pour venir en aide aux copropri�t�s priv�es et aux bailleurs sociaux dans la r�novation thermique. C?est enfin un r�abondement de 20 millions d?euros pour la section d?am�nagement du territoire et de l?habitat pour acc�l�rer la d�bitumation de la voirie. C?est un amendement raisonnable qui nous semble "votable" par tous les membres de l?Assembl�e car il permet de maintenir une transition budg�taire et politique sur des investissements prioritaires entre ce vote budg�taire et celui de post-�lection municipale, quelle que soit notre position sur le budget global.

Mes coll�gues compl�teront mon intervention�: Jo�lle MOREL en pr�sentant les autres v?ux, Jacques BOUTAULT sur l?id�e du budget vert avec le partenariat que j?ai cit� tout � l?heure, et enfin Pascal JULIEN sur le budget de la Pr�fecture de police.

Merci de votre attention.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident.- Merci, J�r�me GLEIZES. Je donne la parole � Rapha�lle PRIMET.

Mme Rapha�lle PRIMET.- Mes chers coll�gues, dans un contexte de m�contentement g�n�ral, les personnels de la Ville de Paris se sont, eux aussi, fortement mobilis�s pour dire non � la r�forme des retraites. Jeudi dernier, il y avait 250.000 manifestants dans les rues de Paris. La r�forme des retraites, l?atteinte au droit de gr�ve, la r�forme de la Fonction publique, toutes ces mesures p�sent de plus en plus lourd sur les fonctionnaires territoriaux, y compris ceux de la Ville de Paris. Demain, mardi 10 d�cembre, ce sera encore une journ�e de mobilisation massive.

La premi�re proposition du budget emploi pour les personnels �tait en de�� de nos attentes. Vouloir � tout prix compresser la masse salariale ne peut pas r�pondre ni aux besoins de service public ni � ceux cr��s par les nouveaux �quipements. Toutes les organisations syndicales ont d?ailleurs vot� contre le projet de budget emploi 2020 lors du comit� technique du 22 novembre.

C?est ainsi que le solde entre cr�ation et suppression d?emplois au projet du budget 2020 �tait n�gatif d?emplois de 48 adjoints administratifs, 54 adjoints techniques, 70 adjoints � l?animation, 26 agents de logistique g�n�rale, 10 agents de nettoyage, 13 agents sp�cialis�s des �coles maternelles. Ces suppressions et red�ploiements mettent � mal le fonctionnement des services et aggravent les conditions de travail, d?autant plus que les personnels en contrat aid�, occupant le plus souvent des emplois permanents, n?ont pas tous �t� remplac�s. Nous sommes aussi inquiets de la privatisation rampante des services de nettoyage de la Ville. En effet, � la faveur de leur mouvement de gr�ve, on apprend que ce serait un des objectifs de cette Direction d?externaliser la majorit� des emplois li�s � ce secteur. Nous pensons, au contraire, qu?il faudrait remunicipaliser la totalit� du nettoyage des locaux de la Ville. Depuis le d�but de la mandature, nous avons eu � soutenir nombre de salari�s des entreprises de nettoyage priv�es, toutes ayant en commun une gestion moyen�geuse, voire esclavagiste de leurs personnels. Qui voudrait pousser encore des travailleurs dans leurs bras�? De plus, en dehors des consid�rations �thiques et humaines, on sait que le nettoyage r�alis� dans le service public est de meilleure qualit� et les agents des bureaux concern�s appr�cient de conna�tre les agents qui l?effectuent. Le non-remplacement des agents partant � la retraite, la suppression de 22 postes d?agents de nettoyage titulaires et de 10 agents de nettoyage contractuels ne vont pas dans le bon sens. On veut vider la coquille pour nous mettre devant le fait accompli d?une privatisation.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident.- Un peu de silence, s?il vous pla�t.

Mme Rapha�lle PRIMET.- C?est pourquoi nous avons d�pos� un amendement pour la cr�ation de 7 postes suppl�mentaires d?agents de m�nage et le remplacement de 4 d�parts en retraite. Par ailleurs, les personnels sont vieillissants et le travail difficile entra�ne nombre de T.M.S. Nous demandons donc la mise en place et la cr�ation d?une brigade volante de 30 postes suppl�mentaires d?agents de m�nage pour pallier les absences et �viter le travail en solitaire. La cr�ation de 45 postes de techniciens sup�rieurs pour le suivi des risques professionnels dans les �tablissements de la petite enfance et de 25 postes de techniciens des services op�rationnels charg�s de la coordination de l?accueil des enfants en situation de handicap ne sont pas compens�s par la cr�ation des postes d?auxiliaires de pu�riculture. Ces postes de cat�gorie B sont cr��s pour des personnels principalement charg�s de l?accueil des enfants dans les �tablissements. C?est pour exiger que des agents les remplacent que les �tablissements de la petite enfance ont �t� appel�s � la gr�ve le 3 d�cembre par l?intersyndicale. Malgr� nos remarques, qui rejoignent sur certains points celles de la Cour des comptes, ce projet de budget reste difficilement lisible pour le personnel et les �lus, et surtout ne correspond pas � la r�alit� des effectifs par corps et emploi. Ainsi certains corps, comme la petite enfance, b�n�ficient d?autorisations de sureffectif permanent et d?autres sont syst�matiquement en sous-effectif. Ces jeux d?�criture masquent la non-budg�tisation d?emplois contractuels qui apparaissent pourtant dans l?�tat des effectifs ou la cr�ation d?emplois de titulaires qui ne sont pas � l?heure actuelle affich�s. Par ailleurs, nous avons soumis un amendement pour la cr�ation de 5 postes pour les biblioth�ques Melville et Sabatier qui permettront une ouverture du dimanche de qualit�, tant pour les personnels que pour les usagers, mais nous en reparlerons plus tard. Enfin, nous avons propos� la cr�ation de 3 postes d?agents de contr�le des meubl�s touristiques pour une mont�e en charge progressive. Pour conclure, nous devons toujours garder � l?esprit que derri�re les chiffres de la masse salariale, il y a des femmes et des hommes qui travaillent pour la Ville. Ils et elles ne sont pas des co�ts mais bien une richesse et un atout pour les Parisiens. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident.- Merci beaucoup, Rapha�lle PRIMET. La parole est � Marie-Laure HAREL.

Mme Marie-Laure HAREL.- Je vous remercie, Monsieur le Maire. M�me si Mme HIDALGO n?est pas l�, je vais m?adresser � elle.

Madame HIDALGO, qui n?�tes pas l�, sur beaucoup de sujets, comme sur la salet�, l?indicateur est souvent l?avis des Parisiens. Sur la salet�, ils sont 70�% � vous dire que Paris est de plus en plus sale et vous leur r�pondez en fait qu?il y a de plus en plus de progr�s.

Sur des sujets plus concrets, comme les finances, cela va �tre plus difficile d?avoir un d�bat et de nous expliquer que tout va bien. Ce sera plus difficile parce qu?il y a un marqueur tr�s clair, les chiffres, et parce qu?il y a une responsabilit� unique, la v�tre. Le portefeuille des Parisiens est entre vos mains et celles de personne d?autre.

Puis il y a un constat ind�niable, quand on regarde le r�sultat, c?est le naufrage. Les finances de la Ville, c?est m�me plus "le Titanic" mais "Vingt mille lieues sous les mers"�! Et pour que le sous-marin remonte, il va vite falloir changer de commandant.

Madame HIDALGO, depuis que Paris existe, jamais sa dette n?a �t� aussi �lev�e. Vous avez litt�ralement pulv�ris� tous les records de la dette�: elle �tait de 3,600 milliards d?euros quand vous �tes arriv�e en 2014, et c?�tait d�j� une belle augmentation puisque fois trois sous votre pr�d�cesseur et aujourd?hui, au regard du budget primitif que vous nous soumettez, notre dette va a priori monter jusqu?� 6,600 milliards d?euros en 2020, c?est-�-dire 3 milliards d?euros de plus en six ans, soit plus 83�%.

A l?heure o� je vous parle, chaque b�b� parisien commence sa vie avec une dette municipale de 3.143 euros sur le dos. C?est donc un joli cadeau de naissance de votre part. Mais, Madame HIDALGO, sans argent, comment on fait ces prochaines ann�es pour financer le logement, les aides sociales, les espaces verts, les mobilit�s propres�? Comment on fait�?

Comme tous les ans � la m�me p�riode, on dit tous ici dans cet h�micycle des choses absolument identiques. On pointe les gaspillages, les �conomies que l?on pourrait faire mais rien ne change�: inlassablement la d�pense et la dette augmentent. Comme tous les ans, je vais donc vous parler des frais de personnel d�lirants, des subventions monstres attribu�es de mani�re discr�tionnaire � un paquet d?associations qui n??uvrent pas toutes en faveur de l?int�r�t g�n�ral. Je vais vous parler aussi de l?argent parisien que vous avez flamb� sur des projets rat�s, annul�s, abandonn�s comme V�lib? et bien d?autres. On est donc reparti�!

Les frais de personnel, on recommence. Les frais de personnel tout d?abord, ils repr�sentent plus d?un tiers du budget de notre Ville, de loin le plus gros poste de d�penses. Des frais proportionnellement gigantesques chez nous par rapport � toutes les autres villes du monde. Des frais qui augmentent �norm�ment, tous les ans, tous les ans, tous les ans�! On nous avait dit que la fusion du D�partement et de la Ville se traduirait par une �conomie, sauf que c?est exactement l?inverse qui s?est produit.

Dans le personnel parisien, il y a beaucoup d?agents municipaux valeureux qui travaillent dur, qui gagnent peu et qui font ce qu?ils peuvent pour faire tourner notre Ville. Puis il y a les autres, les membres de votre cabinet par exemple, qui ont une situation mat�rielle nettement plus confortable. Ils sont 240 dans votre cabinet et cela fait autant que pour tout le Gouvernement r�uni, plus m�me encore.

Vous avez aussi quasiment autant d?adjoints, voire plus, que le Pr�sident de la R�publique n?a de Ministres pleins. Vous avez 27 adjoints pr�cis�ment avec tous leurs conseillers, les frais de chauffeur, les frais de r�ception, les cabinets, etc., que tout cela implique. Avez-vous, Madame la Maire, le sentiment de donner l?exemple�?

On peut reparler, encore et toujours � ce titre, de la Direction de la Communication de la Ville de Paris qui est absolument pl�thorique�: 300 agents pour communiquer sur votre action de maire, c?est quatre fois plus que pour tout le service d?information du Gouvernement. D?ailleurs, on l?a tous not�, c?est pr�cis�ment � la Direction de la Communication que la masse salariale explose tous les ans.

Pouvez-vous faire un peu moins de bruit, s?il vous pla�t�? Comme on ne m?aide pas � faire le silence dans l?h�micycle, ce serait sympa, merci. C?est extr�mement dur de parler avec du bruit de partout dans les oreilles en st�r�o�!

Je parlais donc de la Direction de la Communication o� les agents sont quatre fois plus nombreux qu?au service d?information du Gouvernement. D?ailleurs, on l?a not�, c?est � la Direction de la Communication que la masse salariale explose le plus tous les ans, surtout en approchant des �lections. La Direction de la Communication a des frais qui ont augment� de 32�% en 2019.

Encore un autre sujet maintes fois �voqu� ici, le taux d?absent�isme record chez les agents municipaux est de 12�% � Paris, c?est 50�% de plus qu?ailleurs en France. C?est 1.300.000 heures qui sont perdues par an parce que le personnel ne vient pas travailler. Cela fait 281 millions d?euros � la poubelle ou bien l?�quivalent du travail annuel de 5.700 agents. Je ne les incrimine pas. Sans doute y a-t-il quelque chose qui ne tourne pas rond au niveau des ressources humaines. Peut-�tre un malaise, peut-�tre des abus mais on ne peut pas le savoir, puisque jusque-l� vous n?avez rien fait pour r�soudre la situation.

Et je n?ose pas parler du temps de travail particuli�rement bas � Paris, o� on �conomiserait 74 millions d?euros annuels, si au moins tout le monde faisait les 35 heures hebdomadaires comme la loi l?impose.

Ensuite, il y a les subventions aux associations et je n?ai pas manqu� de m?en �mouvoir ces six derni�res ann�es sur des cas bien pr�cis. Je le ferai d?ailleurs encore au cours de cette session sur un cas particuli�rement absurde.

Les subventions aux associations, c?est plus de 280 millions d?euros par an et c?est l� encore en hausse constante avec plus 33�% depuis que vous �tes l�.

Mon meilleur exemple restera - je n?en aurai jamais marre de le citer - cette association qui s?appelle "D�dale" et � qui nous donnons plus de 200.000 euros tous les ans pour transformer des places de parking en lieux de m�ditation�! En revanche, pour "Le refuge", qui recueille des homosexuels rejet�s par leur famille, nous donnons � peine 1.000 euros et ils doivent s?�trangler. Et c?est l?association "Halte Aide aux Femmes battues" � qui nous donnons � peine plus.

Dans cet h�micycle, on donne n?importe quoi � n?importe qui, pourvu que les demandeurs vous apparaissent sympathiques. Et surtout, on ne contr�le jamais, mais alors jamais, l?usage qui est fait des sommes tr�s g�n�reuses que nous avons attribu�es. Peu importe si les actions des associations sont lisibles ou non, pas d?objectifs, pas de r�sultats � fournir.

Pour terminer, il y a les grands gaspillages conjoncturels, o� vous avez su vous r�inventer tous les ans. L�, vous n?avez pas manqu� de cr�ativit�! Ce sont les sommes �normes englouties par la gestion calamiteuse de V�lib?, que d?ailleurs vous n?avez m�me pas os� chiffrer tant le co�t doit �tre exorbitant. C?est la disparition d?Autolib? dont la seule rupture de contrat nous a co�t� 235 millions d?euros d?indemnit�s vis-�-vis du groupe "Bollor�". Ce sont les dizaines de millions d?euros de perte de recettes sur les panneaux publicitaires, parce que vous avez pass� des contrats avec M. DECAUX en d�pit des r�gles des march�s publics. Donc le Conseil d?Etat nous a demand�, et c?est bien normal, de retirer ces panneaux. Madame HIDALGO, je sais ce que vous allez encore nous dire, en conclusion de ces d�bats, que ce n?est pas si grave et qu?il y a des villes o� les finances sont pires. Mais ici, on n?est pas dans les autres villes. Piller notre budget, c?est piller notre avenir, c?est emp�cher Paris d?innover, d?investir, d?aider. Je pense que les g�n�rations futures n?ont pas � porter injustement notre fardeau. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident.- Merci, Marie-Laure HAREL. Je donne la parole � Laurence GOLDGRAB qui sera la derni�re intervenante de cette matin�e.

Mme Laurence GOLDGRAB.- Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, je disais tout � l?heure qu?il fallait du courage en politique et il en faut aussi pour �couter des contrev�rit�s, comme nous venons de le faire.

Mes chers coll�gues, un budget, c?est beaucoup de chiffres, parfois immat�riels mais ces chiffres ont une traduction concr�te dans nos politiques publiques. Le budget donne le la � nos choix politiques.

En suivant les d�bats parlementaires du P.L.F. 2020, on peut l�gitimement s?interroger sur les choix politiques du Gouvernement. La pression financi�re qu?il souhaite faire peser sur les collectivit�s territoriales, et notamment sur Paris, pourrait par exemple �tre interpr�t�e comme une mesure politicienne pour tenter de mettre en difficult� notre majorit� dans la construction de son budget � la veille des �lections municipales. Bien entendu, nous ne pourrions adh�rer � cette th�orie, convaincus que l?int�r�t des Parisiens et des Parisiennes ne pourrait �tre mis � mal pour quelques calculs politiques.

Malgr� un contexte toujours plus tendu et incertain pour les finances des collectivit�s et de notre Ville, l?Ex�cutif, et en particulier l?adjoint aux finances, a �labor� un budget s?inscrivant dans le sillage que nous avons trac� depuis 2014 et c?est bien normal.

Dans les objectifs que nous nous sommes fix�s pour Paris, nous en partageons �videmment l?ambition, bien que nous ayons quelques amendements � vous soumettre pour appuyer sur certaines politiques qui nous semblent importantes et je ne doute pas que vous ferez droit � nos amendements.

Lors du dernier Conseil de Paris, nous avons d�battu de la sant� � Paris, rappelant que si Paris, compar� au reste du territoire fran�ais, est privil�gi�, il n?en reste pas moins de grandes disparit�s d?un arrondissement � l?autre. En effet, le Nord-Est parisien est bien moins dot� en m�decins que l?Ouest, et le Nord-Est parisien manque cruellement de m�decins sp�cialistes install�s en secteur 1. Or, avoir acc�s � une m�decine de proximit� de qualit� et � un prix r�glement� contribue � la justice sociale.

Trop nombreuses sont les personnes qui renoncent aux soins en raison d?un co�t trop �lev�. Je vous assure qu?une visite chez un ou une gyn�cologue n?est en rien une visite de confort mais bien un geste n�cessaire pour la bonne sant� des femmes. Cependant, une visite � 70 euros en moyenne n?est pas accessible � une femme � faibles revenus qui ne peut s?offrir une mutuelle. Il en va de m�me pour les p�diatres.

C?est difficile de bl�mer les m�decins qui, en raison du prix du foncier, ne peuvent s?installer en secteur 1 et gagner convenablement leur vie. La Ville a mis en place un tr�s bon syst�me d?aide � l?installation qui a fait ses preuves aupr�s des m�decins g�n�ralistes�: Paris Med?. Nous proposons donc d?abonder de 200.000 euros la ligne consacr�e � ce dispositif, afin d?adopter une politique encore plus incitative vis-�-vis des m�decins sp�cialistes pour repeupler le Nord-Est parisien notamment.

Un autre amendement et une autre mesure d?int�r�t social et soci�tal concernent la formation des intervenants en milieu scolaire en mati�re d?�ducation sexuelle, mais aussi de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Ces deux sujets, bien que diff�rents, sont li�s. Dans les deux cas, il y a un r�el besoin dans nos �tablissements scolaires d?interventions de qualit�.

Ce sont des sujets trop importants, trop d�terminants dans la construction des enfants, pour ne pas s?en soucier. Transformer nos soci�t�s et �radiquer les f�minicides passera par l?�ducation et l?�volution des mentalit�s, tout comme mettre fin aux comportements sexuels � risque. Or, aujourd?hui, nous n?avons que peu ou pas de visibilit� sur les interventions r�alis�es en milieu scolaire et, d?une �cole � l?autre, les niveaux des informations d�livr�es peuvent �tre tr�s in�gaux.

Nous avions d�j� soulev� ce probl�me en f�vrier 2018, mais les choses ayant malheureusement peu �volu� depuis, malgr� les efforts de la Mairie, nous proposons un amendement qui est de consacrer 100.000 euros pour la formation des intervenants en milieu scolaire, notamment via un soutien aux associations dans ce domaine. Nous esp�rons �tre entendus sur cette probl�matique, afin de faire �voluer positivement les choses.

Lors des propos liminaires, j?�voquais aussi le difficile climat social et notamment la pr�carit� �tudiante qui a pris le visage de ce jeune Lyonnais qui, d�sempar�, s?est immol� par le feu. Ce drame a permis de mettre un coup de projecteur sur une situation pourtant anormale mais de laquelle nous avons fini par nous accommoder, oubliant peut-�tre que des �tudiants doivent choisir quel repas ils sauteront cette semaine.

Paris est une ville o� vivent de nombreux �tudiants et o� de prestigieux cursus sont propos�s dans de grandes �coles ou des facult�s de renom. Oui, mais �tre �tudiant � Paris demande parfois de grands sacrifices et la premi�re raison est bien entendu les prix de l?immobilier. Le prix moyen d?un studio � Paris est de 830 euros. Partons-nous r�ellement avec les m�mes chances de r�ussite quand en plus de notre cursus universitaire nous devons travailler et que nous n?avons pas les moyens de manger trois repas par jour�? La r�ponse est sans suspense�: non. Et si nous croyons profond�ment � l?�cole publique et la�que, � la r�ussite �ducative et au m�rite, nous sommes �galement intimement convaincus que la R�publique doit garantir � tous ses enfants les m�mes chances de r�ussite.

Nous le savons, la Ville s?est engag�e pour l?habitat des �tudiants, quand l?Etat a jug� n�cessaire de baisser les A.P.L. La Ville soutient de nombreux projets et associations luttant contre la pr�carit� �tudiante. Ces associations, qui viennent en aide aux �tudiants pour all�ger leur budget d?alimentation, par exemple, proposent des paniers � moindre co�t.

Bien que ces solutions ne soient que des pansements sur une jambe de bois, elles ont le m�rite d?exister et elles permettent � des �tudiants de se loger et se nourrir. Nous proposons par un amendement de consacrer 250.000 euros suppl�mentaires � la lutte contre la pr�carit� �tudiante en d�penses de fonctionnement. C?est le sens d?une ville solidaire et inclusive, une ville qui se bat pour que tous les �tudiants puissent �tudier dans des conditions d�centes.

Cette ville que nous construisons ensemble depuis 2001, nous l?avons �galement souhait�e plus r�siliente, plus verte et plus cyclable. Nous partageons pleinement ces ambitions, convaincus que la ville de la voiture est celle d?hier et que la ville de demain sera celle du v�lo et des transports en communs propres. Certains nous taxent de doux r�veurs, mais c?est le choix des gens de gauche de construire une cit� id�ale, celle qui n?existera probablement jamais, mais pour vivre l?homme a besoin d?�toiles. Paroles d?un radical de gauche.

Depuis 2001 et gr�ce � la politique audacieuse men�e en particulier sous ce mandat, ce sont aujourd?hui 1.100 kilom�tres de lin�aires cyclables disponibles dans Paris. De quoi p�daler sereinement � travers Paris. Mais si nous voulons rendre cette ville 100�% v�lo compatible, nous devons am�liorer l?entretien des pistes cyclables. Un cycliste sera beaucoup plus vuln�rable aux conditions m�t�orologiques et � l?entretien de la chauss�e que ne peut l?�tre un automobiliste. Les pistes recouvertes de feuilles mouill�es ou de neige repr�sentent un danger suppl�mentaire. Tout comme les d�chets qui peuvent parfois, et cela toute l?ann�e, joncher certaines portions de pistes cyclables. De plus, il est �vident que cr�er des pistes cyclables, c?est cr�er une charge suppl�mentaire de travail pour nos agents. Une piste cyclable, c?est un espace de plus � nettoyer.

Par un amendement, nous proposons de renforcer les effectifs de la DPE, afin d?assurer un meilleur entretien des pistes cyclables mais aussi des trottoirs de Paris.

Enfin, le dernier mais non moins important, est un amendement pour oser. Oser mettre un terme au financement des cr�ches confessionnelles ne respectant pas le principe de neutralit�. Oser mettre un terme � une pratique d?un autre temps qui ne respecte pas, selon nous, l?une des valeurs fondamentales qui constituent notre R�publique�: la la�cit�.

Attach�s aux valeurs de la R�publique, nous sommes des la�cs convaincus et subventionner les cr�ches confessionnelles va � l?encontre de nos convictions. La R�publique ne reconna�t, ni ne salarie ni ne subventionne aucun culte. C?est ainsi que l?article 2 de la loi de 1905, garantissant la s�paration des �glises et de l?Etat, est r�dig�. Son sens est clair�: l?Etat et donc les collectivit�s ont une obligation de neutralit�. Il en va de m�me dans les organismes subventionn�s.

J?ai toujours �t� constante sur cette position qui n?int�resse que moi, en tant que radical de gauche. Cet amendement n?est donc pas une surprise, tout comme notre vote lors des subventions � ces �tablissements pour la modique somme de 2,9 millions d?euros tout de m�me. Nous vous proposons donc de red�ployer cet argent en direction des places de cr�ches publiques et � construire, et pourquoi pas �galement des cr�ches en entreprise, notamment pour les T.P.E. et les P.M.E. parisiennes. Voil�, ce sont tous les amendements que nous avons formul�s. Ce sont, je crois, des demandes sens�es, raisonnables et politiquement justifi�es. Nous esp�rons trouver un compromis sur l?ensemble de ces demandes. Merci beaucoup.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident.- Merci beaucoup, Madame la Pr�sidente du groupe RG-CI.

Chers coll�gues, je vous propose de suspendre la s�ance. Je rappelle que les membres de la 1�re Commission sont invit�s � se retrouver � 14 heures 30 en salle de 7e Commission. Quant � la s�ance, elle reprendra � 14 heures 45. Je dis bien 14 heures 45. Bon app�tit.

Décembre 2019
Débat
Conseil municipal
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