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2019 DASES 293 - DLH - Prolongation de la Halte humanitaire de jour avenue de la Porte de la Chapelle jusqu'au 31 mars 2020 - Avenants aux conventions de mise à disposition du site.


Mme Olivia POLSKI, adjointe, pr�sidente. - Nous examinons le projet de d�lib�ration DASES 293 - DLH relatif � la prolongation de la halte humanitaire de jour avenue de la Porte de la Chapelle jusqu'au 31 mars 2020, avenants aux conventions de mise � disposition du site.

Je donne la parole � Mme Dani�le PREMEL, pour cinq minutes, s?il vous pla�t.

Mme Dani�le PREMEL. - Merci, Madame la Maire.

Chers coll�gues, l'Etat a enfin mis � l'abri 1.700 personnes pr�sentes le jeudi 7 novembre sur le campement de la porte de la Chapelle et de Saint-Denis, dont 236 en couple et avec enfants. L'Etat a �norm�ment tard� avant de r�pondre � la demande de mise � l'abri sans condition. Il faut que l'Etat assume ses responsabilit�s et mette en place une politique d'accueil au fur et � mesure des arriv�es, sans quoi les campements se reconstitueront.

Il faut des solutions d'h�bergement durables pour toutes et tous car la France doit �tre un pays d'hospitalit�, mais encore faut-il avoir la volont� et s?en donner les moyens. Malheureusement, ce n'est pas dans l'air du temps et on le voit avec la derni�re loi asile et immigration qui engendre un v�ritable durcissement de la rh�torique sur la politique migratoire, et nous devons dire stop � ces id�es. Mise en place de quotas, discriminations, manque de prise en charge en mati�re de sant�, non, cela ne peut pas durer.

Depuis 1945, on assiste � un empilement l�gislatif sur le sujet et le Gouvernement a d�cid� encore une fois de durcir sa ligne. Dans ces campements, nous faisons face � une situation sanitaire extr�mement pr�occupante. Nous le savons aussi, ces campements risquent de se reconstituer.

La Ville, face � cette urgence, a pris l'engagement d'ouvrir rapidement un accueil humanitaire de jour. Ce dernier permet aux r�fugi�s d'acc�der � des douches, � des sanitaires, � un espace de repos et de premiers soins. La Ville a identifi� un b�timent disponible � la Chapelle. Compte tenu de la disponibilit� de ce lieu, cet accueil humanitaire pourra �tre maintenu jusqu'au 31 mars 2020 et c'est une bonne chose. J'aimerais peut-�tre aussi qu'il puisse s'ouvrir aux S.D.F. du quartier certains jours. En effet, l'urgence de la situation rend l'ouverture d'un tel lieu, m�me de mani�re temporaire, indispensable. C'est pourquoi je salue le travail de la Ville de Paris, des associations et des b�n�voles qui ?uvrent chaque jour pour permettre une meilleure prise en charge de chaque �tre humain, quel que soit son statut administratif. Nous esp�rons que de vraies solutions durables seront propos�es par l'Etat pour faire face � l'arriv�e des migrants�; cette question est dans les t�tes de tous les habitants du 18e et c'est pourquoi il faut agir. La Ville de Paris a �galement d�cid� de mettre en place plusieurs aides d'urgence avec le soutien indispensable des associations, maraude sociale, distributions alimentaires, installation de points d'eau et de sanitaires. Je salue �galement le maire de Saint-Denis qui a mis en place des dispositifs analogues dans sa ville. Ainsi, les migrants vont pouvoir avoir acc�s � des produits de premi�re n�cessit� et surtout � des sanitaires pour ceux qui reviendront. M�me si l'�vacuation du camp porte de la Chapelle a eu lieu la semaine derni�re, il reste encore 1.700 personnes en attente de campements � la porte d'Aubervilliers et j'esp�re que les choses vont aller vite pour elles aussi. Bien s�r, nous voterons ce projet de d�lib�ration. Je vous remercie.

Mme Olivia POLSKI, adjointe, pr�sidente. - Merci. La parole est � M. Christian HONOR�, s?il vous pla�t, pour cinq minutes maximum.

M. Christian HONOR�. - Madame la Maire, nous allons voter la prolongation de la dur�e de la halte humanitaire porte de la Chapelle jusqu'au 31 mars 2020, c?est bien �vident.

On ne peut cependant pas �viter de parler de la situation porte de la Chapelle. Les personnes qui s?y trouvent vivent dans des conditions indignes, inacceptables. C'est l'honneur de la France et de Paris de s'occuper de ces personnes. Le 7 novembre a �t� d�cid�e leur mise � l'abri. Il s'agit de sortir ces personnes de la rue. Il faut maintenant trouver des solutions sur le long terme pour les r�fugi�s, les migrants, les usagers de drogues, mais aussi pour les riverains qui n'en peuvent plus de vivre la d�gradation de leurs conditions de vie dans le quartier.

Nous savons tous, mes chers coll�gues, que ces mises � l'abri, quelles que soient les d�clarations, sont malheureusement provisoires. La multiplicit�, l'h�t�rog�n�it� des probl�mes porte de la Chapelle sont tels qu'il est impossible qu'un seul acteur puisse �tre porteur d'une solution qui r�ponde � ces probl�mes. R�fugi�s, migrants, drogu�s, trafics, se renvoyer les responsabilit�s est contre-productif. Tout le monde en est conscient, tous les partenaires doivent se mettre autour de la table et travailler. Je veux parler de l'Etat, de la Pr�fecture, de la R�gion, de l?A.P.-H.P., de la Ville, des associations. Ils doivent se mettre autour de la table, je le r�p�te, pour travailler. Je propose � nouveau la cr�ation d'un comit� de pilotage avec la pr�sence d'�lus de la majorit� et de l'opposition, que ce comit� de pilotage soit pr�sid� par une personnalit� nomm�e, choisie et incontestable qui dirigerait ce comit�, qui pourrait prendre des d�cisions et mettre en ?uvre les pr�conisations d�termin�es par ce comit�. Nous n'arriverons pas � trouver de solutions si chacun des partenaires se renvoie les responsabilit�s. Ce n'est pas possible. Mettons-nous tous autour de la table, essayons de trouver des solutions � caract�re p�renne pour ces personnes qui vivent dans des conditions indignes et pour les habitants de la porte de la Chapelle qui, encore une fois, je vous le rappelle, n'en peuvent plus. Je vous remercie.

Mme Olivia POLSKI, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie. La parole est � Mme Fatoumata KON�, s?il vous pla�t, pour cinq minutes maximum.

Mme Fatoumata KON�. - Merci, Madame la Maire.

Chers coll�gues, la cr�ation en juin dernier de la halte humanitaire de jour, g�r�e par la Fondation de l?Arm�e du Salut, a permis de r�pondre � des besoins essentiels pour les personnes vivant dans les campements de rue, porte de la Chapelle et au-del�. Les exil�s peuvent s'y approvisionner en eau, se laver, nettoyer leurs v�tements ou simplement se reposer, toutes choses qui nous paraissent �l�mentaires et qui pourtant font d�faut � ces personnes qui ont d�j� travers� tant d?�preuves dans l'espoir de trouver refuge sur nos territoires.

Il est faux de penser qu'avec l'�vacuation du campement de la Chapelle le 7 novembre dernier, la halte n'aurait plus raison d'�tre. Les associations nous le confirment d'ailleurs, celles-ci continuent de recevoir une forte affluence quotidienne. Cette �vacuation, r�alis�e � grand renfort m�diatique, a permis de sortir de nombreuses personnes, notamment des familles, des conditions terribles qui �taient celles des campements de la Chapelle, mais elle n'a pas r�gl� la situation des nombreux exil�s qui restent encore en situation de rue. Beaucoup d'entre eux, notamment les "dublin�s", craignant d'�tre expuls�s avaient d�j� quitt� les campements avant l'arriv�e des services de la Pr�fecture de police. D'autres campent ailleurs dans la ville et viennent b�n�ficier des services de la halte humanitaire. D'autres encore sont retourn�s � la rue apr�s avoir �t� abrit�s quelques jours suite � l?�vacuation. D?autres enfin sont arriv�s depuis et continueront d'arriver.

En effet, le flux migratoire est constant et structurel. Il est d� aux guerres, � la mis�re, au d�r�glement climatique, contre lesquels les arr�t�s pr�fectoraux ont peu de poids. Si ces personnes ne peuvent se r�installer sur l?espace o� se trouvait le campement de la Chapelle, elles en trouveront d'autres au c?ur de nos quartiers populaires, comme ce fut le cas sur l'avenue de Flandre dans le 19e arrondissement en 2016.

Nous ne pouvons donc croire que cette 59e �vacuation pourra � elle seule r�soudre la crise de l'accueil qui a commenc� en 2015. Les Ecologistes le rappellent une nouvelle fois, seule une politique coordonn�e � tous les niveaux, donc � l'�chelle r�gionale, nationale, europ�enne, m�tropolitaine peut apporter une solution durable � cette crise, et cette politique passe n�cessairement par la cr�ation de nouvelles places d'h�bergement qui sont aujourd'hui satur�es et laissent des familles � la rue ou encore des femmes avec leurs nouveau-n�s sur le sol des maternit�s. Le Gouvernement ne semble pas se mobiliser pour la cr�ation de ces places. Par cons�quent, les campements continueront malheureusement de se former. C'est pourquoi une autre de nos revendications de longue date est la mise en ?uvre d'un protocole d'urgence � l'apparition de chaque nouveau campement, pour permettre aux personnes qui s'y trouvent de r�pondre � leurs besoins de base, � l'image de ce que proposent les campements du Haut-Commissariat pour les r�fugi�s sous l'�gide de l'O.N.U. Il ne s'agit bien �videmment pas pour nous de nous satisfaire de l'existence de ces campements, qui ne sont pas dignes de l'accueil que pourrait proposer une ville comme Paris, mais en l'absence de solution d'h�bergement il nous faut �tre pragmatiques et ne pas laisser se d�velopper ces campements dans des conditions comme celles de la Chapelle o� des hommes, des femmes et parfois m�me des enfants dormaient � m�me le sol au milieu des rats, des ordures et des seringues. La halte humanitaire de la Chapelle r�pond donc � un besoin indispensable pour le quotidien des personnes � la rue. C'est la raison pour laquelle nous voterons ce projet de d�lib�ration qui permet la prolongation de ce dispositif jusqu'au 31 mars 2020 en attendant, je l'esp�re, la mise en place d'une politique d'accueil des exil�s qui sera salutaire pour tout le monde. Pour finir, je tiens � rappeler que des personnes campent toujours au bord du p�riph�rique dans le 19e arrondissement sur la porte de la Chapelle. Nous attendons donc une �vacuation et des solutions d'h�bergement pour ces personnes �galement. Je vous remercie.

Mme Olivia POLSKI, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie. La parole est � Mme L�a FILOCHE, s?il vous pla�t, pour cinq minutes.

Mme L�a FILOCHE. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers coll�gues, �videmment mon intervention s'inscrit globalement dans ce que nous venons d'entendre dans les propos de Fatoumata KON�. La Ville de Paris doit �tre une ville refuge, nous le souhaitons depuis 2015, je crois que nous n'avons pas d�m�rit� en cela et ce projet de d�lib�ration en est encore la preuve.

Par une subvention importante, offrir un lieu aux personnes � la rue pour leur donner la possibilit� de prendre une douche, de prendre un caf�, de faire une lessive, de pouvoir repartir avec quelques minimums vitaux est �videmment le minimum que nous puissions faire. En cela, nous saluons ce projet de d�lib�ration et nous saluons l'Arm�e du Salut qui ?uvre beaucoup pour faire en sorte que ce lieu puisse r�pondre aux besoins fondamentaux, mais nous savons ici, malheureusement, que cela ne suffit pas. Les conditions terribles dans lesquelles pr�s de 3.000 personnes se sont entass�es entre les portes de la Chapelle et d'Aubervilliers mais aussi � Saint-Denis ou encore sur tous les terre-pleins du p�riph�rique nous font dire qu'il faut que nous puissions faire encore plus.

Les acc�s au statut et au toit auxquels les personnes pourraient avoir le droit se sont aujourd'hui durcis. R�sultat, on a des dizaines, des centaines voire des milliers de personnes qui restent sur place dans des conditions tr�s insalubres qui ont �t� tr�s bien d�crites auparavant et sans aucune solution.

Alors qu?au moins 20�% de ces personnes sont d�tentrices du droit d'asile, que 20�% de ces personnes sont statutaires sur le territoire mais qu'elles n'ont aucune proposition d'h�bergement ni m�me de logement - ce sont des hommes, des femmes, des enfants, des familles dont je parle -, on a assist� le mois dernier � un d�bat sur la politique migratoire qui m'a glac� le sang et qui n'a d'ailleurs donn� qu'une seule chose, avec quelques mesures ici ou l� mais qui n'ont qu'une seule vocation, � savoir continuer � faire croire que la France ne peut pas accueillir correctement quelques milliers de personnes et que ces quelques milliers de personnes font le trou de la S�curit� sociale, font le jeu du dumping social, mettent � mal nos services de solidarit�, comme s'il y avait une bonne et une mauvaise immigration.

Pourtant, pendant ce temps, il y aurait quelques mesures � prendre de fa�on � pouvoir accompagner ces personnes dans de bonnes conditions. R�duire les d�lais d'instruction des demandes d'asile. Aujourd'hui encore, entre 9 et 12 mois d'attente pour pouvoir b�n�ficier d'un statut, �videmment cela fait des personnes errantes et des personnes fragiles. R�pondre aux besoins vitaux en permanence et syst�matiquement sans faire de tri et de mani�re inconditionnelle est �videmment un engagement qu'il faut que l'Etat assume encore une fois.

Apr�s, je voulais finir par la notion d'appel d'air, car ce sont des choses qui nous sont souvent renvoy�es, pas trop par les riverains, encore qu'il peut y avoir des questionnements, mais surtout par l'Etat et ses responsables locaux. La notion d'appel d'air, c'est l?id�e qu?une politique g�n�reuse d'accueil pourrait avoir un effet d'attraction sur des r�fugi�s, des gens qui souhaiteraient venir jusqu'ici. C'est avec ces deux notions que les Fran�ais aujourd'hui pensent qu'il y a 30�% d'immigr�s en France alors que les chiffres sont l� et qu?on sait que c'est plut�t 10�%. C'est avec des notions comme cela qu'on fait croire aux uns et aux autres qu'il n'y a jamais de retour et que les personnes sont ici d�finitivement alors que 30 � 50�% des personnes r�fugi�es rentrent dans leur pays dans les 10 ann�es qui suivent. C'est avec des notions comme celles-ci qu'on se retrouve � devoir faire de la s�gr�gation, du tri dans des conditions qui nous paraissent tr�s �loign�es des valeurs que porte la France.

C'est pour cela qu'encore une fois je salue ce projet de d�lib�ration qui permet aussi politiquement de pouvoir remettre les choses � leur place, clairement. Je vous remercie.

(M. Patrick BLOCHE, adjoint, remplace Mme Olivia POLSKI au fauteuil de la pr�sidence).

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, L�a FILOCHE. La parole est maintenant � Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Oui, c'est bien au lendemain de la pr�sentation par le Gouvernement de son plan Immigration qui vise � r�duire les droits des exil�s et � r�chauffer en somme le discours sur les quotas que d�j� Nicolas SARKOZY avait d�velopp� et du coup en chassant sur les terres de l'extr�me droite qu'ont eu lieu les op�rations du 7 novembre dites d'�vacuation des campements de la porte de la Chapelle.

Personne ne peut �tre dupe de cette 59e op�ration d?�vacuation des campements de la porte de la Chapelle depuis 2015. La 59e�! C?est dire si la politique est totalement absurde et inefficace, avant, d'ailleurs, la prochaine �vacuation pr�vue � la porte d'Aubervilliers.

On se retrouvait avec plus de 3.000 exil�s qui subissaient une crise du non-accueil � Paris, et c'est important de bien le comprendre�: si crise il y a, c?est d'abord la crise du non-accueil � Paris. La communication de la Pr�fecture s?est d�roul�e en pr�tendant que 1.606 personnes migrantes ont �t� mises � l?abri dans des centres d'h�bergement et des gymnases. Sans doute. Mais il ne faut pas occulter deux choses essentielles. D?abord, beaucoup se sont enfuies parce qu'elles savaient pertinemment qu'�tant "dublin�es" par exemple, elles ne seraient pas mises � l'abri et qu'elles risquaient d'�tre plac�es en centres de r�tention. Ensuite, les mises � l'abri ont �t� annonc�es dans l'attente de l'�tude de leur situation administrative. Cela veut dire qu'une grande part va donc �tre rejet�e � la rue ou embarqu�e � nouveau dans les centres de r�tention, vu la collaboration qui est exig�e dor�navant entre les centres d'h�bergement et le minist�re de l'Int�rieur, ce qui est gravissime.

On est donc dans une situation o�, de toute fa�on, l'exigence de l?h�bergement inconditionnel - c?est inscrit dans la loi - est sacrifi�e au profit d'une approche s�curitaire de la part du Gouvernement, avec des questions qui demeurent. Est-ce que les familles ont �t� s�par�es, et si oui, pourquoi�? On aimerait le savoir.

Pendant toute cette op�ration de communication, il y a un probl�me de fond qui est celui du r�glement absurde de Dublin qui n'est absolument pas remis en cause, et on sait que parmi les 3.000 exil�s de la porte de la Chapelle et de la porte d?Aubervilliers, beaucoup sont "dublin�s" et n'ont pas acc�s aux h�bergements.

Dans cette situation, que fait la Ville�? D'abord, oui, c'est une bonne chose que cette d�cision sur l'accueil humanitaire de jour prolong� jusqu'au 31 mars 2020 nous soit soumise � d�lib�ration et que la Ville n'ait pas d�cid�, sous pr�texte d'�vacuation, d'arr�ter cet accueil de jour. Mais n'oublions pas une chose�: il ne s'agit que d'un accueil de jour. C'est un accueil humanitaire de jour important car il est important de pouvoir se poser, de pouvoir se laver, de pouvoir avoir acc�s aux sanitaires, qu?� un moment on puisse se poser en journ�e. Mais d�s qu'il est, je ne sais plus si c?est 19�heures ou 20�heures, excusez-moi, d�s que la nuit tombe, les exil�s se retrouvent � la rue, toujours dans la m�me situation, et le probl�me, du coup, reste entier.

Alors il faut arr�ter de continuer � se renvoyer la "patate chaude" entre l'Etat et la Ville. C?est de ma responsabilit�, ce n?est pas de ma responsabilit�? Il y a une urgence humanitaire. Dans le cadre du rapport de force et du bras de fer face � l'Etat, il faut que la Ville assume l'urgence humanitaire et y r�ponde. Les personnes ne doivent pas rester � la rue comme elles le font aujourd'hui encore�!

Et vous savez comme moi que d'autres villes, d'autres municipalit�s sont all�es au-del� de leurs comp�tences. Je pense � des municipalit�s qui ont des ressources financi�res et fonci�res bien plus modestes que celles de la Ville de Paris et qui en mati�re d'accueil et d'h�bergement d'urgence, qu'il s'agisse de Grande-Synthe ou de Montreuil, par le recours soit � la r�quisition, soit � des campements humanitaires r�pondant aux normes du Haut-Commissariat pour les r�fugi�s, ont �t� capables d'apporter des r�ponses.

Je pense et je continue � penser que la Ville doit aller au-del�. Plut�t que d'accepter avec l'A.P.-H.P. de faire un restaurant gastronomique qui nous fait honte � l'H�tel-Dieu, ouvrez, exigez un bras de fer avec l'A.P.-H.P. pour que l'H�tel-Dieu ouvre et puisse accueillir des r�fugi�s. On a l� des chambres enti�res chauff�es avec les sanitaires qu?il y a � c�t�. Cela fait plus d'un an qu'un recensement de l'ensemble des b�timents vides � la fois de la Ville de Paris et des autres minist�res doit �tre effectu� et doit �tre transmis publiquement. O� est-ce qu'on en est�? Pourquoi est-ce qu'on n?ouvre pas les lieux�? Pourquoi est-ce qu?on n'assume pas, un moment donn�, face � l'urgence humanitaire nos responsabilit�s�? Alors on est dans une situation o� les exil�s vont �tre de plus en plus contraints de se cacher, de s?invisibiliser. Vous avez lu sans doute comme moi cet article qui montre que depuis le 7 novembre la police occupe le terrain. Certains s'en f�licitent parce qu'il faut � tout prix emp�cher la reconstitution de campements, mais, et je terminerai par l�, la priorit� des priorit�s, c?est de mettre � l'abri, ce n'est pas d'invisibiliser et de pr�cariser plus encore les exil�s.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Danielle SIMONNET.

Je donne la parole � Dominique VERSINI, pour r�pondre aux intervenantes et intervenants.

Mme Dominique VERSINI, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, sur cette question de l'accueil humanitaire que nous avons ouvert gr�ce � la mise � disposition des locaux par la Compagnie de Phalsbourg et gr�ce � l'Arm�e du Salut, que nous subventionnons � 100�% pour accueillir les personnes qui sont sur les campements, oui, Madame SIMONNET, il s'agit d'un accueil de jour. Mais, enfin, quand vous dites qu'il faudrait que la Ville prenne ses responsabilit�s et aille au-del� de ses comp�tences, parfois je me demande si on a pass� 5 ans et demi ensemble sur ces bancs � parler de ces sujets, car en ce qui me concerne, il n'y a pas eu un Conseil de Paris o� il n'y a pas eu un ou plusieurs v?ux sur ces sujets. Je crois donc qu?on n?�tait pas l�. Pourtant, vous �tes assez pr�sente et je suis donc un peu surprise.

Ainsi, je pense que vous aimez taquiner? Vous aimez taquiner vos coll�gues et, surtout, vous aimez tellement expliquer ce que Paris ne fait pas.

Je vais vous donner juste quelques chiffres. Vous savez qu'� Paris, depuis le d�but de la mandature, on a mis � disposition 6.950 places d'h�bergement, pour moiti� pour des r�fugi�s et pour l?autre moiti� pour des sans-abri. Vous savez qu?� Paris, d�s que les campements ont commenc�, nous avons ouvert un centre d?accueil humanitaire porte de la Chapelle - je me suis rendue moi-m�me en Allemagne et � Grande-Synthe pour voir comment ils faisaient - et un deuxi�me centre � Ivry, mais vous l?avez peut-�tre oubli�, sans compter l'accueil de jour pour les familles primo-arrivantes qui est boulevard Henri-IV, sans compter tous les lieux d?accueil que nous avons donn�s, sans compter la Maison des R�fugi�s.

Alors, pardon, mais sur une question sur laquelle on n'est pas comp�tent, je trouve qu?on s?est montr� � la hauteur de cet id�al de ville-refuge. Certes, tout n'est pas parfait mais ce n'est parfait nulle part. Pardon, on n'a pas � rougir�; moi, je n'ai pas honte de ce que fait Paris, et les gens honn�tes sur tous ces bancs et les gens objectifs le reconnaissent.

Maintenant, continuez � courir et � expliquer qu'� Paris on ne fait rien. C'est tr�s bien, mais je ne sais pas si vous trouverez beaucoup de gens pour vous �couter sur ces sujets.

Ensuite, ce que je veux dire, c'est que, oui, �videmment, cr�er un comit� de pilotage, Monsieur HONOR�, pourquoi pas, mais compte tenu du bras de fer permanent qu'il faut mener pour arriver � obtenir que les personnes soient mises � l'abri et arriver � obtenir une vraie politique d'accueil au fil de l?arriv�e des personnes, comme nous l'avions propos�, je continue � maintenir que malgr� ces imperfections, le centre d'accueil humanitaire de la Chapelle �tait une bonne solution qu'il fallait d�velopper tout le long des voies de l'exil pour permettre aux personnes d'�tre h�berg�es.

Ensuite, bien s�r, il y a la question des "dublin�s". Les "dublin�s", et c'est tout leur drame, pourraient voir leur demande d'asile examin�e si le Gouvernement le voulait, mais il ne le veut pas. Nous avons rencontr� le Ministre CASTANER avec Anne HIDALGO et le Ministre DENORMANDIE avec tous les maires signataires de la tribune sur les campements, les maires de Rennes, Nantes, Lille, Toulouse, etc., avec Fran�ois BAROIN qui �tait pr�sent avec nous au titre de l'Association des maires de France. Non, Christophe CASTANER nous l?a dit, c'est sa d�cision, il ne souhaite pas examiner la demande d'asile des "dublin�s". Moralit�, ils doivent se cacher 18 mois dans les rues. Et c'est vrai, comme l'ont dit certains d'entre vous, que s'il n'y a plus la possibilit� d'acc�der aux espaces, puisque l'op�ration de mise � l'abri, qui a mis � l'abri 1.600 personnes, fait qu'aujourd'hui, compte tenu des policiers pr�sents, il n'y a pas de possibilit� de s'installer dans cela, les gens vont s'installer ailleurs, personne n'en a l'ombre d'un doute.

Voil�, c'est quelque chose de tr�s difficile. A partir du moment o� il n'y a pas une vraie politique de l'accueil organis�e avec des centres d'accueil inconditionnels tout le long du chemin de l'exil, cela continue comme cela. Tant que le Gouvernement n'aura pas accept� d'examiner la question des "dublin�s", cela continuera comme cela. Sauf que sur les campements, on a trouv� des r�fugi�s statutaires et des familles avec des enfants�; c'est pour cela qu?il y avait une urgence absolue et vitale. Je crois qu'aujourd'hui il faut continuer. On attend la deuxi�me op�ration de mise � l'abri, car on a pos� des conditions tr�s strictes qui sont les n�tres, celles de cette Assembl�e, l'inconditionnalit�, la prise en charge des personnes, et je dois dire qu'aujourd'hui tous ceux qui ont �t� mis � l'abri - nous avons appel� les diff�rents lieux - sont toujours dans ces lieux-l�. La halte humanitaire, on va continuer � la laisser puisqu'on sait qu'il y aura des gens qui arriveront�; c'est un besoin d'imm�diatet�. Cela ne r�sout pas l'ensemble des probl�mes, mais en tout cas c'est l'objet de cette d�cision que je vous invite � voter, mes chers coll�gues.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, ch�re Dominique VERSINI.

Je mets donc aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DASES 293 - DLH.

Qui est pour�?

Contre�?

Abstentions�?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2019, DASES 293 - DLH).

Novembre 2019
Débat
Conseil municipal
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