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XI - Question d'actualité posée par Mme SIMONNET à Mme la Maire de Paris sur l'avenir de l'Hôtel Dieu.


Mme LA MAIRE DE PARIS.- Derni�re question�: Madame SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET.- Madame la Maire, je voudrais d?abord vous remercier pour votre intervention et votre r�ponse � la question d?actualit� de M. DUBUS. Je pense qu?il est important, quand on est souvent en d�saccord, de se le dire quand on est en accord. Ceci �tant dit, c?est un sujet qui traite aussi de la la�cit�, donc peut-�tre que cela aurait pu int�resser M. DUBUS, mais il est d�j� reparti. Quel dommage�!

Madame la Maire, vous l?avez dit lundi lors du d�bat sur la communication sur la sant�, que la situation des h�pitaux publics est en �tat d?urgence. Aujourd?hui m�me, en ce moment, une manifestation historique et sans pr�c�dent des personnels de sant� a lieu. Il faut savoir que depuis la loi Bachelot, les centres hospitaliers sont soumis � des logiques de rentabilit� et pressur�s par des politiques d?aust�rit� qui transforment la sant� en une marchandise comme une autre. Les personnels soignants d�plorent la fermeture de lits, d?h�pitaux, les 8,6 milliards d?euros d?�conomies qui ont �t� demand�s aux �tablissements de sant� et l?explosion du nombre de patients pris en charge aux urgences, qui est pass� de 10 millions en 1996 � 21 millions en 2016. La situation craque de toutes parts. Ils n?en peuvent plus.

A Paris, cette marchandisation de la sant� fait aussi d?autres ravages. Je veux vous parler, justement, du fait qu?un tiers de l?H�tel-Dieu est sur le point d?�tre c�d� en concession pour 80 ans contre 144 millions d?euros au promoteur immobilier Novaxia pour y implanter commerces, restaurants, incubateurs d?entreprises. En tant que Maire de Paris, vous pr�sidez le conseil de surveillance de l?A.P.-H.P., avec votre adjointe � la sant� Anne SOUYRIS. Vous n?avez m�me pas tent� de mener le rapport de force pour vous opposer � ce projet. Pire, vous y participez pleinement arguant de la cr�ation positive de logements �tudiants, mais qui ne sauraient masquer la privatisation impos�e. Aussi, juste apr�s l?incendie de Notre-Dame, le directeur g�n�ral de l?A.P.-H.P. avait propos� - je cite - "qu?une partie des espaces de l?H�tel-Dieu puisse �tre mobilis�e pour permettre le plus rapidement possible la continuit� du rayonnement du site ainsi que l?accueil des p�lerins, des visiteurs et des touristes". Le directeur g�n�ral de l?A.P.-H.P., la soci�t� Novaxia et l?architecte laur�at de l?appel d?offres pour la partie c�d�e de l?H�tel-Dieu, avec la validation de vous-m�me, ont alors entrepris de cr�er une nef dans le jardin et un mus�e dans les locaux de l?h�pital.

La construction d?une nef et d?un mus�e qui serviraient d?accueil aux p�lerins et touristes en mal de Notre-Dame suite � l?incendie, est une atteinte � la la�cit�. Les reliques religieuses de Notre-Dame n?ont rien � faire dans l?h�pital public. Il faut respecter cet h�pital et ne pas accepter un d�tournement de sa mission de sant�. Je rappelle que l?h�pital H�tel-Dieu est une structure de soins la�que et n?a pas vocation � se substituer � la cath�drale afin de satisfaire certaines personnes qui portent le projet sur fond culturel en confusion avec le cultuel. Il y a suffisamment d?�difices religieux parisiens � Paris, qui rel�vent de la loi de 1905, pour accueillir les reliques de Notre-Dame, les p�lerins et les touristes. Il est possible de penser autrement l?�largissement de cette structure d?acc�s aux soins, notamment, comme je le dis sans cesse, par l?ouverture d?un centre d?h�bergement. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci.

Je donne la parole � l?excellent Jean-Louis MISSIKA, pour vous r�pondre.

M. Jean-Louis MISSIKA, adjoint.- Merci, Madame la Maire.

Madame SIMONNET, il y a, comme souvent, des exag�rations et des approximations dans votre intervention. Non, il n?y aura pas de reliques religieuses � l?H�tel-Dieu. Le groupe Novaxia et l?architecte Anne D�MIANS �tudient la possibilit� d?installer une nef en bois d�montable en installation temporaire, mais cette nef, conform�ment au P.L.U., ne peut abriter que des activit�s d?int�r�t g�n�ral, qui, en l?occurrence, seront li�es � la reconstruction de Notre-Dame et certainement pas au culte. L?id�e, � ce stade, car le projet n?est pas finalis�, est de cr�er un lieu d?exposition permettant au grand public de suivre les travaux de reconstruction de la toiture de Notre-Dame, avec notamment le suivi du travail des m�tiers d?art, de la reconstitution de la charpente, de la toiture et de la fl�che. C?est un projet qui doit �tre affin� avec l?Etat et l?�tablissement public en cours de cr�ation. En aucun cas, la Mairie ne souhaite en faire un lieu cultuel, et personne ne l?envisage, � part vous peut-�tre. Il est vrai que vous avez une certaine pratique du culte de la personnalit�.

Concernant le restaurant gastronomique, nous parlons de 500 m�tres carr�s sur les 22.000 m�tres carr�s du projet port� par Novaxia, qui, lui-m�me, repr�sente � peu pr�s un tiers de l?H�tel-Dieu. Faites le calcul, c?est assez simple. Le restaurant repr�sente 2�% du projet Novaxia et 0,6�% du projet global. Je vous rappelle que l?essentiel du nouvel H�tel-Dieu consiste en un projet hospitalier, avec des urgences, des activit�s ambulatoires, un service de psychiatrie, le maintien des �quipements actuels d?imagerie, un centre de r�f�rence en �pid�miologie clinique et en sant� publique, un centre de sant� sexuelle et un service de protection maternelle. Le projet Novaxia consiste principalement en la cr�ation, sur 10.000 m�tres carr�s, d?un espace de recherche sur la sant�, port� pas Biolabs, l?un des acteurs en pointe du secteur, d?une r�sidence sociale pour �tudiants et d?une maison du handicap. Retenir de cela les 500 m�tres carr�s de restaurant gastronomique est r�v�lateur d?un penchant immod�r� pour la bonne cuisine et d?une f�cheuse tendance � d�former les faits. L?H�tel-Dieu est un h�pital et il va rester un h�pital. Il va renforcer sa mission de p�le de recherche en sant�, avec des sp�cialistes qui seront install�s en plein c?ur de Paris. Il va en plus s?ouvrir au public gr�ce � cette grande r�novation qui permettra aux Parisiens de profiter de ses cours et de ses services. Enfin, il offrira sans doute l?opportunit� � tous de suivre l?avanc�e des travaux de reconstruction de Notre-Dame. Je vous laisse � vos caricatures et � vos dogmes. La Maire de Paris, Anne HIDALGO, s?est battue pour que l?H�tel-Dieu ne soit pas transform� en h�tel de luxe et reste dans le patrimoine hospitalier, et elle a gagn� cette bataille. C?est une bonne nouvelle, m�me si cela vous d�pla�t.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup, Jean-Louis MISSIKA, pour cette r�ponse.

Je vais faire une confession, mais qui est de notori�t� publique. Oui, le soir de l?incendie, nous avons accueilli, h�berg� les reliques, notamment la tunique de Saint Louis, la couronne du Christ et un clou de la Croix dans le coffre-fort d?ici, � l?H�tel de Ville, un coffre-fort qui nous permettait de mettre � l?abri ces reliques de l?incendie. Peut-�tre que c?est une entorse � la loi de la�cit�. Mais je me suis dit que c?�tait une tr�s belle histoire entre deux maisons, qui, c?est vrai, se sont construites, si l?on reprend la Troisi�me R�publique, l?une contre l?autre. Si ce palais est magnifique, c?est qu?il devait rivaliser avec le palais des rois et avec la beaut� des �glises. Pour autant, cette belle histoire nous a permis de prot�ger ces reliques tout � fait inestimables, que l?on soit croyant ou pas, ici, � l?H�tel de Ville. Je vous l?accorde�: des reliques ont �t� h�berg�es � l?H�tel de Ville, mais je crois que nous pouvons en �tre fiers collectivement. Madame SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET.- Si je passe la petite pointe de sectarisme que je vous connais, assez habituelle � mon �gard, vous venez quand m�me de donner un "scoop" puisque vous venez de dire�: il n?y aura pas de reliques religieuses � l?H�tel-Dieu. Donc, quelqu?un ment. Parce qu?apparemment, c?est ce qui a �t� annonc� aux syndicalistes de l?H�tel-Dieu de la part de M. Martin HIRSCH. Il va falloir peut-�tre que vous voyiez entre vous pour savoir qui dit la v�rit� et qui ment. En tous les cas, je d�duis que pour vous, Madame la Maire, je trouve bien �videmment normal que le soir de l?incendie, ce geste ait �t� fait, et personne ne vous le conteste. Pour autant, vous reconna�trez avec moi qu?il y a suffisamment d?�difices religieux, d?ailleurs sous la responsabilit� de la loi de 1905, qui peuvent accueillir ces reliques, et non pas l?h�pital dont ce n?est pas la mission.

Nous allons pouvoir voir si ce que dit M. MISSIKA est vrai. Mais, par contre, oui, le restaurant gastronomique n?a rien � faire dans l?h�pital public. Je voudrais savoir�: va-t-il y avoir une modification du plan local d?urbanisme�? Car, normalement, on ne met pas un restaurant gastronomique dans un h�pital public, qui, dans le P.L.U., est fich� �quipement de sant�. Eh oui, j?estime qu?il y a eu, en 2014, des promesses qui ont �t� faites par l?ensemble des composantes de cette majorit� et qu?aujourd?hui, elles sont trahies quand aucune des composantes de la majorit� actuelle ne d�nonce l?implantation de ce restaurant gastronomique et de ces "start-up" de sant�, qui t�moignent d?une marchandisation et d?une complicit� de la Ville de Paris dans le d�pe�age du patrimoine de l?h�pital public.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci. Nous en avons termin� avec les questions d?actualit�.

Novembre 2019
Débat
Conseil municipal
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