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Mme Antoinette GUHL, adjointe, pr�sidente. - Nous passons au v?u r�f�renc� n��204 relatif � l'attribution de la Citoyennet� d'Honneur de la Ville de Paris � Julian ASSANGE.

La parole est � Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Julian ASSANGE peut �tre consid�r� comme un des principaux lanceurs d'alerte de notre temps, et avec "WikiLeaks", il a largement contribu� � nourrir le d�bat d�mocratique, � renforcer les contre-pouvoirs citoyens et � alimenter le journalisme d'investigation face aux d�rives autoritaires, s�curitaires et militaires des �tats, ainsi que des lobbies. Julian ASSANGE a �t� arr�t� � l'ambassade d'Equateur � Londres le 11 avril dernier par la police m�tropolitaine londonienne. Il risque l'extradition vers la Su�de et les Etats-Unis respectivement dans le cadre d'enqu�tes et de proc�dures judiciaires pour viol et espionnage. Les chefs d'accusation pesant contre Julian ASSANGE aux Etats-Unis, notamment pour menace � la s�ret� de l'Etat, lui font encourir une peine d'emprisonnement � vie ou la peine de mort. Amnesty International s'oppose � l?extradition de Julian ASSANGE aux Etats-Unis, aussi bien � une extradition directe du Royaume-Uni vers les Etats-Unis qu?� une extradition vers la Su�de pouvant conduire � une extradition vers les Etats-Unis. Je voudrais faire �cho des d�clarations du 31 mai de Nils MELZER, rapporteur sp�cial des Nations Unies sur la torture, apr�s l'examen de Julian ASSANGE en d�tention au Royaume-Uni portant sur l?�tat de sant�, la torture mentale dont il est victime et l?acharnement exceptionnel jamais vu en 20 ans de carri�re de la part d?�tats d�mocratiques, dans le but d�lib�r� d'isoler, de diaboliser et d'exercer sur un individu autant de pression pendant si longtemps et avec aussi peu de respect pour la dignit� humaine et le droit. A travers ce v?u, je voudrais faire la proposition que le Conseil de Paris se prononce en faveur de l'attribution de la citoyennet� d'honneur de notre Ville � Julian ASSANGE pour l'assurer du soutien et de la protection enti�re de notre Municipalit� pour son r�le de lanceur d'alerte. Je vous remercie.

Mme Antoinette GUHL, adjointe, pr�sidente. - Merci, Madame SIMONNET.

Pour vous r�pondre et pour porter la voix de l'Ex�cutif, la parole est � M. Patrick KLUGMAN.

M. Patrick KLUGMAN, adjoint. - Merci, Madame la Maire.

Ch�re coll�gue, ch�re Danielle SIMONNET, je ne veux pas faire planer de doute sur la position de l'Ex�cutif municipal. Nous sommes oppos�s � d�cerner la citoyennet� d'honneur � Julian ASSANGE. Je vais vous expliquer, ou tenter de le faire, bri�vement pourquoi.

Bien s�r que Julian ASSANGE a �t� ce que l'on appelle un lanceur d'alerte. D'une certaine mani�re, il a pr�figur� cette notion devenue �minente et importante et, depuis ses premi�res r�v�lations en 2006 avec "WikiLeaks", a re�u une cons�cration importante et des protections dans l'ordre juridique international. Julian ASSANGE, ce n'est pas un concept, c?est un homme, c'est un militant, et ce militant a un parcours qui fait qu'il a �t� un lanceur d'alerte, qu'il a �t� extr�mement courageux, qu'il a �t� utile � la manifestation de la v�rit� sur des dossiers strat�giques et qu'il a fait avancer la connaissance de l'opinion sur le fonctionnement d�mocratique. Ce n'est pas que cela. Bien s�r que Julian ASSANGE est par ailleurs poursuivi pour des faits de droit commun dont il devra s'expliquer, mais ce n'est pas le motif pour lequel il est r�clam� par les Etats-Unis.

Julian ASSANGE, en 2011, a choisi de faire deux choses qui, pour la communaut� des d�fenseurs des droits, de ceux qui sont attach�s � leur protection, l'ont fait quitter ce monde et qui fait qu'on le regarde aujourd'hui autrement. D'abord, il a publi� des documents, en pleine campagne am�ricaine, issus du parti d�mocrate et le fait est qu'il a donc pris parti dans une campagne a priori d�mocratique et pour favoriser l'�lection d?un camp, en l'occurrence celui de M. TRUMP, dans une concordance avec l'immixtion suppos�e ou r�elle russe dans cette campagne, ce qui est quand m�me plus que regrettable.

Surtout, il a viol� les accords qu'il avait souscrits avec les diff�rents journaux avec qui il avait travaill� pour les premi�res publications de "WikiLeaks" et, � partir de 2015, il a d�cid� de publier des documents en se fichant du secret des sources, en exposant ses sources, en exposant l'int�grit� physique et la libert� des gens qui avaient choisi de lui faire confiance. A ce niveau, cet acte est pour nous incompatible avec le fait de lui d�cerner une citoyennet� d'honneur aujourd'hui, quelle que soit sa situation juridique que nous connaissons et qui m�rite d'�tre regard�e avec la plus vive attention.

Je voudrais pour finir vous lire ce que "le Monde" �crivait il y a quelques jours�: "M. ASSANGE n?est pas un ami des droits de l'homme. Lorsqu'il a approch�, en 2010, cinq journaux de nos mondes pour explorer le contenu des documents militaires et diplomatiques am�ricains, l?accord �tait clair�: "WikiLeaks" devait accepter la politique de ces cinq m�dias en mati�re d?�thique, notamment protection des sources. M. ASSANGE est revenu sur sa parole et a publi� des documents sans filtre dans leur int�gralit�. La r�alit� est qu?il a, ce jour-l�, quitt� le monde des d�fenseurs des droits humains pour rejoindre celui des absolutistes de la transparence, faisant au passage un cadeau aux pires services de s�curit� de la plan�te".

Je suis d'accord avec cet �ditorial du "Monde" et je crois que nous ne pouvons pas �tre unanimement d'accord sur la situation de M. ASSANGE. Ici � Paris, quand on accorde une citoyennet� d'honneur, on essaie, quelle que soit notre position sur ces bancs, qu?elle soit consensuelle. Pour ces deux raisons, M. ASSANGE ne peut pas �tre notre citoyen d'honneur aujourd'hui. Je ne dis pas qu'il n'aurait pas pu l'�tre hier, peut-�tre que sa situation fera que l'on devra y revenir, mais aujourd'hui, nous sommes oppos�s � cette citoyennet� d'honneur.

Mme Antoinette GUHL, adjointe, pr�sidente. - Merci, cher coll�gue.

Je donne la parole, pour une explication de vote, � Rapha�lle PRIMET pour le groupe Communiste - Front de Gauche.

Mme Rapha�lle PRIMET. - J'entends ce qu'a dit Patrick KLUGMAN. Je pense que le plus gros crime de Julian ASSANGE �tait de publier la v�rit� sur la duplicit� des gouvernements qui se disent d�mocratiques. "WikiLeaks", qu?ASSANGE a fond� et dont il est le r�dacteur en chef, a un bilan impeccable en termes de pr�cision et de v�racit�. Il s'agit d'un journalisme de qualit� dont toute d�mocratie v�ritable devait �tre fi�re et qui, pour la premi�re fois dans l'histoire, a donn� aux gens ordinaires un aper�u des recoins les plus sombres des secrets les mieux gard�s, des crimes de guerre de leur Etat.

L'arrestation de Julian ASSANGE se fait au m�pris de tous les principes universels de droit et des libert�s. Elle confirme que les Etats-Unis consid�rent l'Europe comme leur arri�re-cour o� ils peuvent tout se permettre. Elle doit faire grandir la mobilisation pour la cr�ation d?un r�el statut du lanceur d?alerte. Avec "WikiLeaks", Julian ASSANGE a r�alis� l'une des promesses originelles d'Internet sur la libert� d'expression.

Comment ne pas �tre marqu� par la diff�rence de traitement entre cet homme qui risque la prison � vie et Marc ZUCKERBERG, patron de Facebook, qui a fait commerce ill�galement de millions de donn�es personnelles, qui � lui table ouverte � la Maison Blanche et � l'Elys�e�? Les m�dias et la classe politique ferment les yeux. O� est la fureur contre la libert� de la presse la plus �l�mentaire, le droit de publier pi�tini� pour faire taire ASSANGE�? O� est la volont� de prendre enfin la parole pour d�fendre ASSANGE�? Il n'y a rien. C?est pourquoi nous soutiendrons le v?u de Danielle SIMONNET.

Mme Antoinette GUHL, adjointe, pr�sidente. - Je vous remercie.

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u d�pos�e par Mme SIMONNET, assortie d'un avis d�favorable de l'Ex�cutif.

Qui est pour�? Contre�? Abstentions�?

La proposition de v?u est repouss�e.

Juin 2019
Débat
Conseil municipal
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