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M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - La s�quence "t?as de beaux yeux, tu sais" �tant achev�e, je vous propose de reprendre nos travaux, avec l?examen du projet de d�lib�ration DASES 160, et la parole, dans le silence le plus absolu, est � Mme Dani�le PREMEL.

Mme Dani�le PREMEL. - Merci, Monsieur le Maire.

Eh bien, reprendre la parole avec un quorum, mais avec tristesse.

Oui, effectivement, dire et redire que l?Etat n?assume toujours pas ses responsabilit�s et ne met toujours pas en place les moyens n�cessaires pour accueillir convenablement des r�fugi�s. Dans un contexte o� le Pr�sident de la R�publique se veut un rempart face � l?extr�me droite, il ne peut pas y avoir de place pour les conditions n�cessaires de l?accueil des plus d�munis. Je vois que maintenant c?est le brouhaha apr�s le quorum. Les r�fugi�s, cela dit peut-�tre quelque chose � l?Assembl�e�? Non�?

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Du silence. Continuez, Dani�le PREMEL.

Mme Dani�le PREMEL. - Nous saluons donc la Ville de Paris qui prend la responsabilit� d?apaiser et de faire face � la situation en proposant des lieux pour toutes et pour tous. Depuis plusieurs mois, des campements de grande ampleur sont r�apparus porte de la Chapelle, porte d?Aubervilliers, avenue Wilson � Saint-Denis. Entre 700 et 1.200 r�fugi�s dorment actuellement dans la rue dans des conditions indignes, dans l?attente d?�tre pris en charge par l?Etat, qui en a la responsabilit�. Nous saluons donc bien cette initiative de la Ville de Paris, mais �galement celle de la ville de Saint-Denis, pour cet accueil humanitaire de jour. � l?int�rieur, on va retrouver machines � laver, mais on va retrouver aussi des consultations m�dicales et autres aides juridiques. C?est un vrai progr�s pour les personnes sur place, cela doit �tre un lieu d?apaisement o� les personnes se ressourcent. Progr�s au regard de la situation actuelle, mais regret que la bulle de la Chapelle n?ait pas pu �tre remont�e ailleurs apr�s son d�montage pr�vu pour le chantier Condorcet. Reconnaissons que nous �tions sur un projet qui n?�tait pas qu?une simple r�ponse, mais sur un vrai projet avec habitants, associations et r�fugi�s.

Si le projet de d�lib�ration concernant cet accueil de jour souligne le souci humanitaire et de dignit� � l?�gard des r�fugi�s, une autre dimension est � souligner, celle concernant des riverains qui habitent porte de la Chapelle, qui vivent autour de ces points de rassemblement, car en am�liorant les conditions d?accueil, on permet aussi � ces habitants de vivre mieux leur quotidien et l?espace public. Rappelons que les communistes de Saint-Denis ont toujours voulu mettre en place des conditions pour proposer des solutions aux situations humanitaires alarmantes. Bien �videmment, nous saluons la volont� de la fondation de l?Arm�e du Salut de prendre part � ce projet. "Nous ne sommes pas dangereux, nous ne sommes que des personnes qui viennent des dangers. Ne soyez pas tristes, car je reste ici, pour toujours �videmment. Ici, c?est chez moi, et m�me si c?est difficile, je suis content. L?endroit o� je suis me donne du courage, car je suis ici, chez moi." Po�me qui a �t� �crit par un adolescent ayant obtenu le statut de r�fugi�. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Dani�le PREMEL. Je donne la parole � Christian HONOR�.

M. Christian HONOR�. - Monsieur le Maire, un centre d?accueil humanitaire a �t� ouvert porte de la Chapelle sur la commune de Saint-Denis. Il est du devoir de notre pays, il est l?honneur de la France d?accueillir celles et ceux qui fuient la violence, la faim dans leur pays. Je vais tr�s souvent porte de la Chapelle, je suis all� au centre d?accueil de jour rencontrer l?�quipe de la fondation de l?Arm�e du Salut. Elle fait un travail remarquable. Ses membres remplissent leur mission avec une humanit�, une g�n�rosit� et un investissement humain qui forcent le respect. C?est un lieu o� les personnes accueillies retrouvent leur dignit�, un lieu o� elles sont respect�es, comme doit l?�tre toute personne. Je voudrais attirer votre attention sur deux points. Dans le secteur se sont install�es des personnes qui se droguent, en particulier dans ce que l?on appelle la "colline du crack". Elles vivent dans des conditions insupportables, indignes. Les voir errer dans cet �tat est un cr�ve-c?ur, c?est bouleversant. J?ai rencontr� les associatifs qui travaillent aupr�s d?eux et qui font un travail de tr�s grande qualit� dans des conditions difficiles. Il est important que ce centre accueille �galement ces personnes qui se droguent. Nous savons qu?il n?y a pas de solution miracle et que le probl�me dure depuis des ann�es, quels que soient les gouvernements. En outre, se pose le grave probl�me de la s�curit�. Il suffit pour s?en convaincre de se rendre sur place et d?�couter les riverains, en particulier les locataires de la r�sidence de logements sociaux Valentin-Abeille. Il ne peut �tre question de positionnements politiques politiciens. Il me para�t n�cessaire que tous les partenaires, Etat, Ville, services sociaux, associations, se mettent autour d?une table pour �laborer des pr�conisations communes pour parvenir � des r�sultats sur le long terme. Humanit�, accompagnement de personnes sous l?emprise de la drogue et s�curit� pour les riverains. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Christian HONOR�. La parole est � Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Mes chers coll�gues, la politique du Gouvernement d�shonore la R�publique�; il suffit d?aller � la porte de la Chapelle pour le constater. Finalement, le Pr�sident de la R�publique, Emmanuel MACRON, dans le domaine de l?accueil, de l?asile, c?est pire que SARKOZY et c?est bien cette r�alit�-l� qu?il faut regarder en face.

Elle n?est pas nouvelle, on a vu la loi asile et immigration. Ne faisons pas les surpris. On a vu aussi la logique budg�taire de ce gouvernement. On sait � quoi s?attendre. Quand je dis cela, cela ne veut pas dire baisser les bras, ne pas continuer le rapport de force, le bras de fer. Au contraire. Mais l�, il y a une urgence humanitaire terrible. C?est entre 1.000 et 1.500 personnes qui sont sur place entre la porte de la Chapelle et la porte d?Aubervilliers, 1.000 � 1.500�personnes sur place.

Alors qu?est-ce qu?on fait�? On fait un accueil, un centre d?accueil de jour. Rien que dans le nom, cela devrait alerter tout le monde�: centre d?accueil de jour. Et le soir, que se passe-t-il ? Le soir, ils dorment o��? Eh bien, ils dorment sur place, dans une ville o� on ne cesse de vouloir mettre � mal les temps et les rythmes sociaux, o� vous vous �tes pr�cipit�s pour ouvrir les commerces en soir�e, pour ouvrir des services publics le dimanche. L�, il faut juste se dire que le b.a.-ba, pouvoir dormir � l?abri, on ne le remplit pas. On fait simplement un centre d?accueil de jour, de 7 heures � 19 heures, et � partir de 19 heures les gens sont totalement livr�s � eux-m�mes. Voil� la premi�re chose qui devrait nous alerter.

Ensuite, qu?est-ce qu?on fait�? Sur quelle p�riode�? Eh bien, on fait sur une p�riode qui se termine le 31�ao�t. Alors, j?apprends que cela devrait �tre prolong� jusqu?� la fin septembre. Toute cette communication pour simplement prendre en charge jusqu?� la fin de l?�t�? On n?est pas � la hauteur, on n?est pas du tout � la hauteur. Je voudrais savoir aussi quels sont les moyens r�els mis en place. Et je souhaite saluer tous les intervenants associatifs et les travailleurs sociaux qui font d�j� un travail remarquable, notamment qui sont engag�s dans la "colline du crack" - je pense au Caarud Ego - sur toutes les probl�matiques du Plan crack, qui font un travail extr�mement fort qui est forc�ment li� aussi � votre travail parce qu?on est sur un m�me lieu et sur des publics parfois diff�rents, et parfois pas. Saluer tous les b�n�voles et les salari�s avec France Terre d?Asile et toutes les associations qui travaillent l�-bas.

Mais ils manquent de moyens, je crois qu?ils manquent de b�n�voles, ils aimeraient en avoir beaucoup plus. Ils aimeraient aussi qu?il y ait plus de salari�s, qu?il y ait plus de moyens financiers allou�s. Qu?est-ce qu?on est en train de mettre en place�? On met en place 12�douches, 10�toilettes, dont seulement 4 sont ouvertes en m�me temps, un agent pour nettoyer trois fois par jour, il y a entre 1.000 et 1.500�personnes. Rien que du point de vue des conditions de travail de cet agent, je pense que ce n?est pas possible, il faut une �quipe. On ne laisse pas un travailleur comme cela, isol�, avec une telle duret�. Ensuite, on distribue des petits-d�jeuners, on accompagne dans les h�pitaux, on accompagne aussi dans des cours de fran�ais, on distribue un guide. Il y a �norm�ment de choses qui sont faites. Pour autant, il y aurait besoin de beaucoup plus de moyens, beaucoup plus de moyens et de moyens salari�s, et pas simplement compter sur le b�n�volat, m�me s?il va falloir continuer � l?encourager.

Des choses aussi tr�s concr�tes sont n�cessaires. Mettre en place une domiciliation des personnes qui sont l�. Pour r�pondre � M. AZI�RE, je crois que, oui, il y a la volont� de l?ensemble des acteurs qu?il y ait un accueil inconditionnel sur ce centre d?accueil de jour, quelle que soit la situation, qu?on soit exil� ou fr�quentant la "colline du crack". Je pense que sur ce point on peut faire confiance aux acteurs sur place.

Ce qui est important, c?est que sur l?urgence humanitaire, on est totalement en de��, il faudrait faire plus, et, en m�me temps, il faudrait aussi sortir de l?humanitaire pour ouvrir les droits aux personnes, pour passer vraiment � un r�el financement, travail social, accompagnement avec comme objectif de faire rentrer les personnes dans le droit commun de l?h�bergement et du logement. Voil� quel devrait �tre notre objectif.

C?est pourquoi je le redis, je voterai ce projet de d�lib�ration, et je salue n�anmoins? C?est toujours un progr�s d?avoir acc�s � des douches et des toilettes, m�me si elles sont en nombre insuffisant. Il faut r�quisitionner des b�timents, on a des b�timents vides aujourd?hui, � l?H�tel-Dieu. Au lieu de faire un restaurant de luxe, de gastronomie, ouvrons les places urgentes et surtout plusieurs lieux de mise � l?abri des exil�s, des r�fugi�s. Voil� ce qui est n�cessaire, et c?est urgent. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame SIMONNET. Je donne la parole � Dominique VERSINI qui en profitera pour pr�senter l?amendement technique n��214.

Mme Dominique VERSINI, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Je pensais que j?�tais sur le projet de d�lib�ration DASES 160. Oui, c?est cela.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Je confirme, c?est le DASES 160. Tous les intervenants sont intervenus sur le DASES 160. Soyez remplie de s�r�nit�.

Mme Dominique VERSINI, adjointe. - Merci beaucoup, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, chers Dani�le PREMEL, Christian HONOR� et Danielle SIMONNET, c?est un sujet important, un sujet que nous traitons, faute pour l?Etat de prendre ses responsabilit�s et de mettre � l?abri toutes les personnes qui se trouvent dans des campements indignes dans le nord-est de Paris, comme nous le demandons depuis des mois et des mois.

Je ne pourrai pas laisser passer, Madame SIMONNET, vos propos en disant qu?on ne fait rien, qu?on ne fait pas assez. Je n?ai pas besoin de vous rappeler quand m�me le centre humanitaire de la porte de la Chapelle, le centre d?Ivry, le centre d?accueil suite � la fermeture de la porte de la Chapelle, le centre du boulevard Henri-IV pour les familles avec enfants, les maraudes France Terre d?Asile que nous finan�ons, les petits-d�jeuners que sert avec beaucoup d?humanit� et de professionnalisme l?Arm�e du Salut et que nous finan�ons, les repas que servent les Restos du C?ur, etc., et que nous subventionnons, le Plan crack qu?a mis en place Anne SOUYRIS et que nous finan�ons - c?est un million d?euros -, la maraude sant� qu?Anne SOUYRIS est �galement en train de mettre en place pour intervenir sur les campements, et aujourd?hui, ce lieu.

Pourquoi ce lieu�? Bien �videmment, il ne devrait pas exister si l?Etat prenait ses responsabilit�s et que tout le monde �tait mis � l?abri. Apr�s, je vous rappelle que ce sont des milliers de places que Paris a mises � disposition de l?Etat et des associations pour les migrants et les demandeurs d?asile sur le domaine municipal. Nous faisons vraiment, je pense, et nous sommes r�ellement en avant-premi�re sur ces sujets. L�, avec la Maire de Paris - vous le savez et vous devriez y venir, d?ailleurs -, nous allons toutes les semaines pour alerter et pour faire progresser. Chaque passage de la Maire de Paris est suivi d?un progr�s et d?une am�lioration. C?est pourquoi je vous pr�sente aujourd?hui ce projet de d�lib�ration qui concerne ce b�timent qui se trouve avenue du Pr�sident-Wilson � Saint-Denis, qui est issu d?un partenariat entre le maire de Saint-Denis, Paris et un propri�taire priv�, la Compagnie de Phalsbourg, qui se trouve avoir un lieu juste � l?endroit o� on avait besoin de fournir le minimum de prestations d?accompagnement pour la dignit� des �tres humains.

Avoir acc�s � des sanitaires et des douches, on ne peut pas dire "ce n?est que si, ce n?est que cela". C?est entre 200 et 400 personnes qui prennent une douche chaque jour, ce sont autant de personnes qui voient une infirmi�re du Samu social, ce sont autant de personnes qui voient un juriste de France Terre d?Asile.

Monsieur HONOR�, je veux vous dire que, bien s�r, il est pr�vu - et il y en a quelques-unes qui viennent - que les personnes qui sont sur cette terrible "colline du crack" viennent �videmment fr�quenter ce lieu, et un partenariat avec les associations sp�cialis�es dans la toxicomanie se met en place avec l?Arm�e du Salut, � laquelle je veux rendre un grand hommage. L?Arm�e du Salut est fi�re et honor�e de faire cela, cela fait partie de sa mission historique. Elle le fait avec des professionnels et avec �norm�ment de b�n�voles. C?est comme cela aujourd?hui qu?on con�oit le travail social et c?est comme cela qu?on con�oit l?engagement citoyen aux c�t�s des professionnels. Je voulais dire que c?est tr�s important, ce lieu, puisque tant que l?Etat n?aura pas mis tout le monde � l?abri? Et l�, nous sommes tous d?accord, c?est ce que nous demandons, la mise � l?abri inconditionnelle de tous, parce que cela rel�ve de la comp�tence de l?Etat, et malheureusement le dispositif national d?asile est insuffisamment calibr�. C?est pour cela que nous proposons - on en parlera dans l?un ou l?autre des v?ux - au Pr�fet de R�gion des sites qui peuvent convenir ou pas, mais nous proposons tout ce qui est disponible � Paris. Je terminerai en citant une phrase du docteur Xavier EMMANUELLI, avec qui j?ai cr�� le Samu social de Paris, qui disait�: "Lorsqu?on ne donne pas � un �tre humain le minimum pour ses besoins fondamentaux - l�, en l?esp�ce, ce sont des toilettes, des sanisettes, de l?eau, un lieu pour se reposer -, on le fait passer du stade humain au stade animal." Et nous, nous avons vu, et les associations sont venues nous le dire et nous le constatons, que ces �tres qui sont dans ces campements indignes vivent dans des conditions absolument inou�es et indignes de l?humanit�. C?est pour cela que nous faisons cela. Mais, bien s�r, notre demande reste et restera l?accueil et l?h�bergement inconditionnel pour tous, et pas de campements dans Paris.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame la Maire, merci, Dominique VERSINI. Merci pour votre engagement personnel que nous connaissons bien dans cet h�micycle, et �videmment pour l?engagement de la Maire de Paris.

Je mets donc d?abord aux voix, � main lev�e le projet d?amendement n��214 d�pos� par l?Ex�cutif. Qui est pour�? Contre�?

Abstentions�?

Le projet d'amendement n��214 est adopt�.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DASES 160 ainsi amend�.

Qui est pour�?

Contre�?

Abstentions�?

Le projet de d�lib�ration amend� est adopt�. (2019, DASES 160).

Juin 2019
Débat
Conseil municipal
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