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Débat organisé, en présence du Préfet de police, relatif à la sécurité lors des manifestations. Vœu déposé par le groupe les Républicains et Indépendants relatif à la création d'une cellule de crise. Vœu déposé par le groupe Démocrates et Progressistes relatif à la condamnation des violences lors de la manifestation des Gilets Jaunes. Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif au droit de manifester et aux conditions de maintien de l'ordre public.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, la Conf�rence d'organisation a pr�vu l'organisation d'un d�bat sur le th�me de la s�curit� lors des manifestations. Nous allons donc engager ce d�bat que je vais introduire.

Permettez-moi tout d'abord de souhaiter la bienvenue � M. le Pr�fet de police. Bienvenue dans cet h�micycle, ce gouvernement des Parisiens, cette assembl�e des Parisiens. C'est vrai que c'est une originalit�, j'y reviendrai un peu dans mon propos, que d'avoir pour un maire, � sa droite, le Pr�fet de police.

Certains y verraient, ou ont pu y voir une forme de tutelle de l'�tat sur la Ville de Paris. Je pense qu'au fil du temps, et notamment apr�s la loi de 2017, on peut surtout y voir la n�cessit� d'une coop�ration, notamment sur les questions relatives � la s�curit�, � l'ordre public, � la lutte contre le terrorisme, ou encore contre la criminalit�.

Pour ma part, je suis ravie de vous accueillir dans cet h�micycle, dans lequel vous aurez � venir souvent, et dans lequel nous aurons toujours plaisir � vous accueillir dans la courtoisie r�publicaine qui r�gne dans cette assembl�e.

Permettez-moi d'introduire le d�bat avant de vous donner la parole, puis de proposer � l'ensemble des orateurs et oratrices, de tenir les propos qu'ils souhaitent.

Monsieur le Pr�fet, chers coll�gues, si on peut �viter les bavardages, c'est mieux, le sujet qui nous occupe est important et requiert l'attention de chacune et de chacun.

Monsieur le Pr�fet, Mesdames et Messieurs, chers coll�gues, comme vous, je suis tr�s attach�e au droit de manifestation. Dans une d�mocratie, chacun doit pouvoir exprimer son d�saccord, son opposition, voire sa col�re. Mais le droit de manifester n'est pas le droit de casser. Je veux ici, avant toute chose, assurer les forces de l'ordre, assurer aussi tous ceux qui contribuent � notre protection, je pense aussi aux pompiers, je veux les assurer de mon soutien, Monsieur le Pr�fet, parce qu'ils sont souvent la cible de ce d�ferlement de violence que nous avons pu voir.

Je tiens � �tre claire et nette, la violence ne fait pas partie du droit de manifester, et s'en prendre aux forces de l'ordre est une fa�on de fragiliser la d�mocratie et notre R�publique. J'ai eu l'occasion de m'exprimer dans cet h�micycle et � l'ext�rieur de cet h�micycle.

Depuis plus de quatre mois, presque chaque samedi, les Parisiens, les commer�ants doivent se pr�parer au pire. Les vitrines sont barricad�es, les terrasses sont rentr�es, et la ville retient son souffle. La quasi-totalit� des arrondissements a �t� touch�e. Des centaines de boutiques, d'h�tels, de restaurants, de banques, d'immeubles ont �t� d�grad�es, incendi�es, ou enti�rement pill�es.

C'est la premi�re fois que nous sommes confront�s � une telle crise, premi�re fois depuis longtemps. On a eu l'occasion, au d�but de ce mouvement des Gilets jaunes, de dire que Paris avait v�cu cela en 68, mais en 68, cela n'avait pas dur� aussi longtemps. Donc c'est la premi�re fois qu'une crise de cette nature secoue notre ville dans la dur�e. La violence et le rythme, auquel elle se r�p�te, sont donc sans pr�c�dent.

Quand un commer�ant ne peut plus ouvrir parce qu'il craint les violences, quand les Parisiens, les visiteurs, les touristes �vitent certains quartiers pour la m�me raison, quand un magasin ou un restaurant est pill� ou br�l�, en fait, c'est toute la ville qui est touch�e. Je refuse, comme vous, et je veux ici dire aux maires d'arrondissement, majorit� comme opposition, combien nous avons �t� ensemble, et je vous remercie que, dans ces moments de crise tr�s durs, l'int�r�t des Parisiens et l'int�r�t de nos quartiers aient repris le dessus. Paris devient le th��tre de v�ritables sc�nes d'�meutes et, cela, je le refuse, nous le refusons.

Alors que nous entrons dans le printemps, que des dizaines d?�v�nements, des centaines dirais-je, de vide-greniers, de manifestations sportives sont organis�s partout dans la ville, cela n'est plus possible. Le week-end est normalement un moment de respiration pour les Parisiennes et les Parisiens, pour les visiteurs qui viennent dans la capitale. Il est donc urgent de mieux prot�ger Paris durablement.

Le co�t des destructions est consid�rable pour la Ville. J'ai d'ailleurs introduit, aupr�s de l'�tat, une demande d'indemnisation, comme la loi le permet, et comme il convient de faire. La facture s'�l�ve d�j� � 7 millions d'euros, uniquement les d�g�ts li�s aux mobiliers urbains, aux panneaux de signalisation, et aussi � la mobilisation exceptionnelle d'agents municipaux de voirie, de s�curit�, et de propret�. Il faut d'ailleurs ajouter les pr�judices indirects, estim�s � 5,6 millions d'euros. Je pense, par exemple, aux d�g�ts sur les V�lib?, les bornes, les kiosques d�grad�s, ou encore la destruction d'abribus. Cette somme d�j� tr�s cons�quente ne prend pas en compte les co�ts li�s au retard des chantiers de la Ville. Face � cette crise majeure, je veux vous dire que nous assumons pleinement nos responsabilit�s. Notre coop�ration avec vous, Monsieur le Pr�fet, est essentielle, avant, pendant et apr�s les manifestations. En amont, les �quipes travaillent d'arrache-pied pour pr�parer la ville. Les grilles d'arbres, les colonnes, les barri�res de chantier, les V�lib?, ce sont plus de 60 tonnes de mobiliers urbains que les agents ont retir�es de l'espace public pour la s�curit� des Parisiens, des visiteurs et des commerces. Pendant les manifestations, nous assurons que le quotidien des Parisiens, que les �v�nements de quartier ainsi que les �quipements publics puissent �tre s�curis�s, ouverts. Pareil pour les espaces publics. Et apr�s, les manifestations, nous nettoyons l'espace public de tous les d�chets r�pandus ou des carcasses de voitures br�l�es. A ce jour, 300 carcasses de v�hicules ont d� �tre retir�es de la voie publique par nos agents, dont 160 carcasses pour le seul 1er d�cembre. En tout, ce sont 233 tonnes de d�chets qui ont �t� ramass�es par la DPE. Je veux ici d'ailleurs remercier et saluer l'ensemble des agents de la Ville qui pr�parent, qui accompagnent, qui r�parent et qui nettoient, parce qu?ils se sont mobilis�s d'une fa�on qui, je crois, fait la fiert� de l'ensemble des �lus. D'ailleurs, ce sont les m�mes qui, au quotidien, en dehors des crises, entretiennent et nettoient. On a pu voir l'efficacit�, mais on mesure, chacun aussi, la d�stabilisation de tout le service public municipal, lorsqu'apr�s un week-end de r�paration, il faut bien s�r qu'il y ait des cong�s, qu'il y ait des temps de rotation pour que les personnels puissent �galement souffler. Cela veut dire que cela d�sorganise l'ensemble des �quipes municipales de propret�, et aussi dans les autres domaines. Je veux ici les remercier en mon nom et en notre nom � tous. Avec la Pr�fecture de police, la coordination op�rationnelle a �t� optimis�e pour r�agir au mieux pendant la crise. Nous accueillons un officier de liaison au Centre de veille op�rationnelle, tandis que la Pr�fecture re�oit aussi un de nos agents. Cette coop�ration se fait � travers aussi le r�le que je veux saluer ici de Colombe BROSSEL, mon adjointe en charge de la s�curit�. Cette coop�ration permet d'�changer des informations en temps r�el, entre la Pr�fecture de police et l'H�tel de Ville, et les maires d'arrondissement concern�s. Ce ne sont pas que des mots, nous l'avons �prouv� samedi apr�s samedi, et cette coordination, cette coop�ration, cette fluidit� entre nos institutions a �t� parfois tr�s utile. Parfois, elle n'a pas pu permettre de prot�ger des rues qui ont �t� saccag�es. Mais, dans bien des cas, elles nous ont permis de r�agir en amont, et de pouvoir pr�venir les maires d'arrondissement, �tre en lien avec eux, et pouvoir agir lorsque c'�tait encore possible dans les arrondissements. Cette coop�ration permet d'�changer des informations en temps r�el, entre la Pr�fecture de police et l'H�tel de Ville, et les maires d'arrondissement concern�s. A la suite des �v�nements du 1er d�cembre, j'ai demand� � votre pr�d�cesseur, Monsieur le Pr�fet de police, que les �lus parisiens, maires d'arrondissement et pr�sidents de groupe politique, soient convi�s par le Pr�fet de police � une r�union, la veille de chacune de ces manifestations. Cette pratique est maintenue. Je vous en remercie. Vous vous y associez �galement, et j'informe tous les parlementaires parisiens que cette r�union les concerne aussi. Mais je tiens � rappeler que la Ville n'est pas en charge du maintien de l'ordre. D'ailleurs, nous ne le souhaitons pas. Il n'en a pas �t� question, y compris dans le d�bat sur la s�curit� des Parisiens et la police municipale, pour ce qui me concerne. Notre r�le est d'aider les Parisiens et les commer�ants aupr�s desquels nous sommes pleinement mobilis�s, et je sais combien ils sont durement touch�s. D�s le d�but du mouvement, nous nous sommes engag�s, bien s�r aux c�t�s de l'�tat, des chambres consulaires, des associations, pour les soutenir au mieux. Nous avons men� plusieurs campagnes de communication pour inciter les Parisiens � faire leurs courses dans leur commerce. Au-del�, je m'engage enti�rement pour l'image de Paris. Nous travaillons sur la restauration de cette image � l'international. Je veux remercier Jean-Fran�ois MARTINS du travail qu'il fait avec tous les op�rateurs de tourisme. C'est une reconqu�te qui se m�ne au lendemain de chaque samedi, mais je n'abandonnerai jamais. Nous avons eu malheureusement � le faire apr�s les attentats de 2015, et � r�tablir la situation. Comme mesure concr�te, nous avons bien s�r exon�r� des droits de terrasse les commer�ants touch�s, ce qui repr�sente un million d'euros de soutien. Nous continuerons le mois prochain, je m'y suis engag�e aupr�s des commer�ants, lorsque nous avons eu la derni�re r�union suite � la manifestation du 16�mars, notamment sur les Champs-Elys�es. Nous avons vers� aussi 500.000 euros au fonds de soutien que la R�gion a cr�� � notre demande, pour soutenir directement les acteurs �conomiques. Nous avons accord� une aide exceptionnelle aux kiosquiers, dont les revenus sont minces, et qui sont un v�ritable symbole de Paris. D'ailleurs, nous avons, avec la soci�t� Decaux et la Ville de Paris, permis la r�installation rapide de ces kiosques, leur remise en �tat sur les Champs-Elys�es. Je veux remercier l� aussi Patrick BLOCHE, pr�sident de la Commission des kiosquiers � Paris pour le role qu'il joue. Enfin, nous avons demand� l'aide de l'�tat pour renforcer encore ces mesures. Paris est vis�e en tant que lieu de pouvoir, mais ce sont les Parisiennes et les Parisiens qui sont touch�s. Nous esp�rons donc que le soutien de l'�tat sera � la hauteur des enjeux. Toutes ces actions, nous les m�nerons tant qu?elles seront n�cessaires pour Paris, pour les Parisiennes et les Parisiens. Mes chers coll�gues, le d�bat au sein du Conseil est indispensable. Ce lieu est celui de la repr�sentation d�mocratique des Parisiens dans leur diversit�. La crise que traverse le pays touche durement notre ville en en faisant le lieu d'affrontements et d'�meutes. Je l?ai dit, les questions d'ordre public, qui rel�vent de la comp�tence de l'�tat, doivent pouvoir �tre d�battues en toute transparence, avec vous, Monsieur le Pr�fet, qui en avez la charge. L'histoire particuli�re du gouvernement et du pouvoir parisien vous place donc � la droite du maire, dans cet h�micycle. Vous repr�sentez l'Etat dans sa responsabilit� li�e � la s�curit�. Mais nous le savons, cette crise n�cessite des r�ponses politiques et sociales, et pas simplement d'ordre public, car elle est avant tout une crise politique et sociale. Avant de vous c�der la parole, monsieur le Pr�fet, je souhaite bien s�r que ce d�bat se d�roule dans le respect et le s�rieux que nous devons aux citoyens qui nous regardent et qui attendent des r�ponses � leurs interrogations et � leurs inqui�tudes. Je vous remercie. Monsieur le Pr�fet de police, Didier LALLEMENT, vous avez la parole.

M. LE PR�FET DE POLICE. - Merci, Madame la Maire, de votre accueil, Mesdames et Messieurs. Je mesure parfaitement la confiance qui est faite par le Pr�sident de la R�publique, le Premier Ministre et le Ministre de l'Int�rieur, en me confiant cette responsabilit�. Mais je mesure aussi, Madame la Maire, parfaitement l'attente qui est la v�tre, celle de votre Conseil et de l'ensemble des Parisiens face � la situation que vous avez connue depuis vingt semaines. Pour ma part, je n'ai eu � la conna�tre qu'� Bordeaux, mais je crois qu'elle �tait tout aussi vive.

Je veux avant toute chose, avant ce d�bat, avoir une pens�e et remercier l'ensemble des fonctionnaires de police et les militaires qui sont sur ce terrain depuis ces vingt semaines.

J'ai �t� frapp� en arrivant par l'�tat d'esprit qui r�gnait. Aucun renoncement, aucune fatigue au sens moral du terme, m�me si physiquement, elle est r�elle, et une volont� � tout prix d'�tre � la hauteur d'un enjeu dont je crois que chacun des fonctionnaires et militaires est bien conscient qu'il ne s'agit pas simplement d'un sujet d'ordre public. Il ne s'agit pas simplement de d�sordres. Ce qui est en cause, ce sont les principes m�mes de la R�publique, la capacit� de manifester pour ceux qui le d�clarent, mais �galement la libert� du commerce, la libert� d'entreprendre et la libert� de circulation, d'une fa�on g�n�rale la tranquillit� pour tous.

Ces fonctionnaires et ces militaires sont totalement investis dans cette t�che. Vraiment, je voudrais avoir une pens�e pour eux, et plus particuli�rement, si vous me le permettez, Madame la Maire, pour ce brigadier-chef de la 31e Compagnie d'intervention, qui, il y a quelques jours, a fait un arr�t cardiaque sur la place de la R�publique. J'ai discut� avec son �pouse le lendemain, je me suis rendu avec le ministre de l'Int�rieur � l'h�pital. Elle me d�crivait ce qu'�tait la vie de ce fonctionnaire, son engagement, sa priorit� pour le service public, pour la R�publique, pour la patrie. Ce fonctionnaire �tait toujours pr�sent, au grand d�sespoir de son �pouse qui le voyait partir et connaissait sa fatigue. Mais rien n'�tait plus important que sa mission. Ce sont des femmes et des hommes de cette nature qui, au quotidien, assurent la s�curit� publique.

Ma t�che, j?y reviendrai au cours de ce d�bat, parce que j'ai compris que la tradition, outre le fait d'�tre � votre droite et vous � ma gauche, �tait de r�pondre � l'ensemble des questions qui seraient d�battues au cours de cette s�ance.

Vous dire que ce que je dois � ces fonctionnaires et � ces militaires, avant tout, c'est la clart�, la clart� du commandement, la clart� des ordres donn�s, la clart� de la cha�ne de transmission, et la clart� de la mission. C'est ce � quoi a appel� le Premier Ministre, ce � quoi a appel� le Ministre de l'Int�rieur, � l'issue de la manifestation du 16 mars, c?est-�-dire en l'occurrence le 17 mars, en rappelant quels �taient les principes d�finis en mati�re d'ordre public, ils l?avaient �t� d�s le d�but du mois de d�cembre, et la n�cessit� absolue de les mettre en place. C'est ma mission et je la r�aliserai.

On me pr�te d'ailleurs la r�putation d'�tre parfois trop clair, mais c'est un devoir que je me fais, vis-�-vis des uns et des autres, d?avoir cette clart� pour tout simplement que les choses puissent se passer dans un contexte de doctrine op�rationnelle le plus efficace possible. A l'�vidence, une des difficult�s que nous rencontrons, nous forces de s�curit� int�rieure, dans le maintien de l'ordre � Paris, c'est � vrai dire un probl�me que rencontre l'ensemble des Parisiens, et tous ceux qui ne le sont pas et qui viennent � Paris, c'est celui de la mobilit�. Nous sommes aujourd'hui confront�s � des difficult�s pour faire en sorte que les forces se d�ploient le plus rapidement possible, pour appr�hender et, d'une certaine fa�on au-del�, dissuader les casseurs. Ce principe de mobilit�, il vaut tout autant que pour l'ensemble de nos concitoyens, et la doctrine que nous avons mise en place, je l'esp�re, permettra de r�pondre efficacement. Je n'en suis qu'� mon prochain troisi�me samedi. Je n'en ai fait que deux avec vous. J'ai bien conscience que ce qui s'est pass� les deux pr�c�dents samedis marquait une rupture dans la mise en ?uvre op�rationnelle, conform�ment aux instructions du Gouvernement, mais que, sans doute, d'autres moments difficiles seraient � venir, vraisemblablement � la fin du mois, peut-�tre au d�but du mois suivant, nous conna�trions d'autres difficult�s. Je voulais vous dire dans tout cela, en vous laissant ensuite au d�bat, ma d�termination. Ma d�termination � ce que les principes auxquels vous �tes attach�s, comme je le suis, connaissent une mise en ?uvre tout � fait explicite. J'�voquais tout � l'heure les principes r�publicains car, fondamentalement, ce sont eux qu'il s'agit aujourd'hui de d�fendre. Vous me trouverez d�termin� � le faire, soutenant l'ensemble des forces de s�curit� int�rieure, et permettant avant tout, car c'est ce qui fait l'honneur de ma mission, l'honneur de celles et ceux qui servent sous mes ordres, � tout un chacun de s'exprimer raisonnablement et dans le cadre de la Constitution fran�aise. Je vous en remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur le Pr�fet. Je propose maintenant de laisser la parole aux orateurs et oratrices des diff�rents groupes. Premi�re oratrice, Mme Laurence GOLDGRAB, pr�sidente du groupe Radical de gauche, Centre et Ind�pendants.

Mme Laurence GOLDGRAB. - Merci, Madame la Maire.

Monsieur le Pr�fet de police, chers coll�gues, en pr�ambule, je voudrais dire que nous sommes tous attach�s, dans cet h�micycle, au droit de manifester, mais ce droit n'est pas celui de d�truire et de piller. Je veux �galement, en pr�ambule, saluer les agents de la Ville qui, chaque semaine, nettoient les d�g�ts et �galement, les fonctionnaires de police qui sont pr�sents de semaine en semaine.

"Je suis au ch�mage, j'ai tout perdu". Ces mots sont ceux de Jos� RUSSO, kiosquier sur les Champs-Elys�es qui, le 16 mars dernier, a vu son outil de travail br�l� par les "Black Blocs". Rien que lors de l'acte 18, le 16 mars, ce sont pr�s de 27 commerces qui ont �t� pill�s, 71 d�grad�s, et 9 kiosques br�l�s. Pourquoi br�ler un kiosque si ce n'est pour manifester une haine de la presse et des m�dias, pour limiter la libre expression des id�es et de leur confrontation. Cette tyrannie d'une minorit� doit cesser. A cela s'ajoutent les 4 millions d'euros de d�g�ts chiffr�s depuis le d�but du mouvement et le manque � gagner pour les commer�ants, depuis le d�but des manifestations, qui ne sont pas anodins en plus dans une p�riode budg�taire contrainte.

A ce bilan budg�taire, j'ajoute encore un bilan social et moral de ces �v�nements. Des personnes ont perdu leur outil de travail du jour au lendemain, d'autres sont mis au ch�mage partiel, voire licenci�es �conomiquement. Le bilan est sombre, mais il ne doit pas nous faire oublier la solidarit� dont ont fait preuve les Parisiens. En effet, plus de 6.000 euros ont �t� r�colt�s pour Jos� RUSSO, et d'autres cagnottes ont germ� pour l'ensemble des kiosquiers victimes de d�gradations.

Solidarit� �galement avec le soutien des collectivit�s, Ville de Paris, R�gion Ile-de-France, mais aussi la C.C.I., avec la mise en place d'un dispositif d'urgence pour les commer�ants � hauteur de 1,5 million d'euros, auxquels s'ajoutent les exon�rations d'imp�ts, et l'enveloppe de 3 millions de soutien pr�vue par l'Etat.

Ces fonds permettront de conserver de nombreux emplois menac�s parmi les 453 commerces touch�s depuis novembre, mais pas tous, h�las. Si ces fonds sont importants, ils ne r�pareront pas le traumatisme caus� par ces �v�nements. Car c'est �galement un bilan moral que j'�voquais, que nous devons dresser, avec des commer�ants d�sempar�s, des touristes qui r�fl�chissent � deux fois avant de venir dans notre capitale. Les chiffres sont tomb�s. Le nombre de r�servations de vols � destination de Paris a diminu� sur la p�riode � venir. Je voudrais � mon tour saluer le travail de Jean-Fran�ois MARTINS pour reconqu�rir ce secteur. Tous ces habitants, commer�ants et touristes doivent-ils avoir peur � chaque manifestation dans la capitale�?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Chers coll�gues, pouvez-vous cesser ce brouhaha�? Dehors, il y a du bruit, mais dedans, il y a du brouhaha. Si l'on peut aider un peu � �couter chacun et chacune des orateurs et des oratrices. Mme GOLDGRAB.

Mme Laurence GOLDGRAB. - Entre "Black Blocs" ultraviolents, manifestants et policiers souvent d�sabus�s, il faut trouver l'�quilibre entre les deux principes r�publicains que sont la tranquillit� publique et le droit de manifester. Cet �quilibre, c'est � vous, Monsieur le Pr�fet de police, de le trouver. La Ville reste bien entendu � vos c�t�s pour garantir �galement cette tranquillit� des Parisiennes et des Parisiens, comme elle le fait depuis d�cembre.

Il y a deux semaines, l'acte 19 s'est caract�ris� par une accalmie du mouvement, que l'on doit notamment � la mise en place de zones de manifestations interdites. Dans l'ensemble de la capitale, on a compt� seulement 5.000 manifestants, alors qu?ils �taient pr�s du double pour l'acte 18. Si cette mesure est intervenue tardivement, nous devons rester vigilants � l'aube d'une F�te du travail qui risque d'�tre explosive, selon les experts, et des conclusions du Grand d�bat qui sont aujourd'hui incertaines.

Il nous faut �galement penser l'avenir et l'attractivit� de notre ville qui en prend un coup. On l?a vu la semaine derni�re�: si les Champs-Elys�es �taient d�sert�s par les manifestants, malheureusement, ils l'�taient aussi par les visiteurs.

Enfin, Monsieur le Pr�fet, je m'interroge quant � la saisine des militaires de l'op�ration "Sentinelle" pour garder les b�timents publics. Que ce soient les syndicats de police, les associations, les sp�cialistes, ou m�me les militaires eux-m�mes, beaucoup se sont �mus de cette mesure jug�e dangereuse. Le maintien de l?ordre est un m�tier, et nos militaires ne sont ni form�s, ni �quip�s pour l?exercer, cela a �t� not�.

Bien que ce fut � titre exceptionnel et qu'ils n'aient pas �t� mobilis�s pour maintenir l'ordre, mais pour soulager la police dans cette mission, cela ne doit jamais faire jurisprudence car si leur mission �tait de surveiller certains points n�vralgiques afin de soulager les escadrons de C.R.S. habituellement mobilis�s, qu'auraient-ils fait si des manifestations avaient �t� beaucoup plus violentes et que des ultraviolents s'en �taient pris � eux�? Comment se d�fendre, le temps que la police arrive�?

Heureusement, le cas ne s'est pas pr�sent�, mais la question est pos�e. Si un Minist�re avait �t� attaqu�, comment auraient r�pondu les militaires qui, je le rappelle, sont �quip�s de fusils d'assaut�? Ne rien faire et risquer le pire, ou tirer et provoquer le pire�?

Le c?ur du probl�me est l�, � mon sens. Il faut s'attacher � ce que chacun reste dans son r�le, que les C.R.S. fassent du maintien de l'ordre et qu'uniquement, les agents form�s utilisent les L.B.D., car on le sait, dans la majorit� des incidents, les agents mis en cause ma�trisent mal l?usage de cette arme.

C'est cette juste r�partition des comp�tences qui a expliqu� la cr�ation d'une police municipale permettant � la Pr�fecture de se concentrer sur ses missions essentielles que sont la s�curit� urbaine, l?ordre public et la circulation. Nous devons travailler main dans la main, dans des relations apais�es pour garantir, d'une part, la tranquillit� des Parisiennes et des Parisiens et, de l'autre, le droit de manifester comme je le disais.

En conclusion, Monsieur le Pr�fet de police, laissez-moi vous poser une question�: quelle est votre vision du maintien de l'ordre � Paris, notamment dans les prochaines semaines�? Merci beaucoup.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Madame GOLDGRAB.

La parole est � Mme KUSTER, pour le groupe les R�publicains et Ind�pendants.

Mme Brigitte KUSTER. - Merci, Madame la Maire.

Monsieur le Pr�fet, permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter la bienvenue au Conseil de Paris, une bienvenue que j'assortis imm�diatement d'un bon courage de rigueur.

Difficile en effet de concevoir un contexte plus difficile que celui dans lequel est intervenue votre nomination.

C'est dire la tr�s grande confiance que place en vous le Gouvernement, et de la confiance, c'est pr�cis�ment ce qui fait d�faut actuellement � la Pr�fecture de police, apr�s le limogeage de votre pr�d�cesseur et les accusations port�es par le ministre de l'Int�rieur en personne contre des services plac�s sous son autorit�.

Il fut un temps o� les ministres assumaient les erreurs de leur administration, l'inverse est d�sormais la r�gle. Passons.

Votre nomination � la t�te de la Pr�fecture de police co�ncide avec deux samedis plus paisibles dans les rues de Paris. Rien de comparable, en tout cas, avec les sc�nes de guerre civile, et je p�se mes mots, que nous avons connues le 1er d�cembre et le 16 mars.

Deux journ�es qui resteront longtemps comme de vrais traumatismes pour nous tous, bien s�r, mais pour tous ceux qui ont subi ces violences inacceptables. Je pense notamment aux entreprises et aux commer�ants qui, pour certains, sont dans une tr�s grande difficult� financi�re, sans parler bien s�r du traumatisme social et moral.

Monsieur le Pr�fet, faut-il voir, dans ce relatif retour au calme, le signe d'une reprise en main du dispositif s�curitaire ou, comme � plusieurs reprises depuis le d�but de la crise des "Gilets jaunes", un reflux temporaire des violences avant de nouveaux d�bordements�?

Dans la premi�re hypoth�se, celle o� votre action se serait d�j� montr�e d�terminante, pouvez-vous d�tailler devant notre Conseil les dispositions que vous avez prises pour que des �v�nements comparables � ceux du 16 mars ne se reproduisent pas�?

Qu'est-ce qui a chang�, en l'espace de quelques jours, pour que nous ayons la garantie que Paris ne sera � l'avenir plus livr�e au saccage et � la sauvagerie�?

Ces questions, Monsieur le Pr�fet, je vous les pose aujourd?hui dans cette enceinte, mais je compte �galement les poser au ministre de l'Int�rieur et � votre pr�d�cesseur, dans le cadre de la commission d'enqu�te parlementaire dont j'ai propos� la cr�ation.

Vous n'�tes �videmment pas comptable de ce qui s'est produit durant ces terribles journ�es-l� et, par cons�quent, vos r�ponses valent davantage pour l'avenir que pour le pass�.

Mais comme d�put�e d'une des circonscriptions les plus touch�es par les violences, � cheval sur les 16e et 17e arrondissements, je suis persuad�e que les habitants ne sont pas pr�ts � tourner la page de ces �v�nements aussi facilement que le Gouvernement semble l?esp�rer.

Il ne suffit pas qu'un pr�fet soit r�voqu� pour annuler le traumatisme qu'ont subi les victimes de ces �meutes. Il est indispensable de comprendre, et de comprendre en d�tail ce qui n'a pas fonctionn�.

Les enseignements que nous en tirerons vaudront pour la crise que nous traversons, mais aussi pour toutes les autres manifestations qui d�g�n�rent, et elles sont nombreuses.

Je note d'ailleurs, Madame la Maire, que vous avez tenu � ce que ce d�bat ne se limite pas aux seules manifestations des "Gilets jaunes" et je vous donne pleinement raison sur ce point, car rares sont d�sormais les rassemblements � Paris qui se d�roulent sans heurt.

Souvenons-nous du 1er mai 2018 ou des manifestations contre la loi El Khomri, il y a manifestement ici un probl�me d'ordre public � Paris.

Notre doctrine d?emploi des forces de l?ordre, qui doit se situer � l'�quilibre entre la libert� de manifester et la s�curit� des biens et des personnes, est aujourd?hui totalement d�pass�e par l?�mergence de mouvements sociaux polymorphes, o� se m�lent des revendications disparates qui agr�gent des manifestants pacifiques avec des groupuscules radicaux, quand d'autres ne sont pas l� que pour piller.

Ce d�fi � l'autorit� de l'Etat implique une r�ponse globale. Depuis le renforcement du renseignement en amont jusqu'� la n�cessit� de mieux encadrer juridiquement le cadre d'intervention des forces de l'ordre, le perfectionnement des techniques d?interpellation ou encore le r�le essentiel que jouent les r�seaux sociaux, aucun sujet ne doit �tre �lud� pour b�tir un mod�le d?intervention � la hauteur des enjeux.

Si ma question est simple � formuler, j'ai conscience qu'il est redoutable d'y apporter une r�ponse pleinement op�rante et convaincante, mais je vous la pose quand m�me�: Monsieur le Pr�fet, comment comptez-vous r�tablir, de fa�on p�renne, l'ordre � Paris�? Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Madame KUSTER.

La parole est � M. BARGETON, pour le groupe DP.

M. Julien BARGETON. - Monsieur le Pr�fet, Madame la Maire, chers coll�gues, permettez-moi �galement de souhaiter la bienvenue au nouveau Pr�fet de police. Nous devons replacer ce d�bat � son juste niveau qui est celui de l?�volution de la doctrine du maintien de l'ordre face aux changements dans le d�roulement des manifestations. Une doctrine qui a commenc� � �tre red�finie � partir du 8 d�cembre et qui m�rite, bien s�r, toujours d'�tre affin�e, d?�tre pr�cis�e.

A quoi assiste-t-on depuis quelques ann�es�? A un ph�nom�ne de d�voiement d'une libert� fondamentale qui est le droit de manifester et qui ne peut pas �tre remise en cause en tant que telle, parce que c'est une libert� fondamentale.

Mais ce que nous voyons depuis un certain temps, c'est une forme de d�tournement du droit de manifester, qui n?est pas le droit de casser, le droit de piller ou le droit de vandaliser.

Nous avons �t� choqu�s par les violences�: des kiosques d�truits, des magasins vandalis�s, un �tablissement mis � feu - deux vies furent en jeu, je le rappelle - et je me demande bien en quoi ce serait r�volutionnaire de br�ler un kiosque � journaux. Je me r�jouis de l'aide apport�e par l'Etat, la Ville, la R�gion, mais le plus important est bien �videmment d'�viter le mal.

Les forces de l'ordre ont �t� violemment attaqu�es, elles m�ritent notre soutien, notre respect et nos remerciements, comme le m�ritent aussi les services municipaux durement �prouv�s.

L'activit� de Paris est gravement p�nalis�e, le co�t financier, comme psychologique et moral, est consid�rable.

Quasi syst�matiquement en d�but, en milieu ou en fin, les manifestants sont d�bord�s par des casseurs, et parfois eux-m�mes entra�n�s par un mouvement de foule. Certains viennent faire leurs courses, d?autres sont guid�s par des id�ologies extr�mistes, comme les "Black Blocs" de l?ultragauche. C'est un changement majeur de situation. Notre organisation de l'ordre public �tait cal�e sur une culture manifestante qui reposait sur des d�clarations anticip�es, des parcours respect�s, des services d'ordre rod�s, des interlocuteurs d�sign�s, une dispersion accept�e. Les grandes manifestations syndicales, dans l'Est de la capitale, si je puis m'exprimer ainsi. Le dispositif, qui �tait plut�t statique, permettait de prot�ger les biens et les personnes dans ce cadre. Mais comment faire, d�s lors qu'une partie des manifestants ne tournent pas � l'endroit pr�vu, lorsqu'on annonce sur les r�seaux sociaux que l'on va jouer � cache-cache avec les forces de l'ordre, que l'on refuse de se disperser, que tant�t on d�clare et que tant�t on ne d�clare pas.

Ce sont des manifestations d'un nouveau type auxquelles nous devons faire face. La situation ayant chang�, la doctrine doit s'adapter. Les forces doivent d�sormais �tre beaucoup plus mobiles, diversifi�es, souples, mobiles pour interpeller, diversifi�es pour r�partir les t�ches, souples pour d�cider sur le terrain sans attendre parfois toujours toutes les consignes. S'il faut bouger, qu'elles puissent d�cider de bouger.

Ce n'est pas une question quantitative, j'ai entendu des pol�miques parfois � ce sujet, mais des questions de conditions d'utilisation.

C'est le sens des quatre mesures annonc�es par le Premier Ministre�: la plus grande autonomie aux forces sur le terrain plac�es sous un commandement unifi�, la transformation des d�tachements d?action rapide en unit�s anticasseurs, l'utilisation de nouveaux moyens tels les drones ou des moyens vid�o, davantage d?officiers de police judiciaire sur le terrain.

Nous le voyons, le Gouvernement prend la mesure des risques et des d�g�ts.

Loin des pol�miques faciles sur un sujet qui ne s'y pr�te gu�re, il faut aborder le d�bat avec s�rieux, distance et honn�tet�. Il s'agit d'appliquer la doctrine d�finie avec constance, notamment les fouilles pr�ventives, de s?y tenir et de la renforcer.

C'est pourquoi � mon sens, �galement, les am�liorations qui sont apport�es par la loi visant � renforcer et garantir le maintien de l'ordre public lors des manifestations, loi qui a �t� controvers�e, m'apparaissent comme indispensables.

Voil� un mois, nous avions un d�bat, ici, sur la s�curit�, et nous avions alors � voter un v?u de l'Ex�cutif qui s'intitulait "v?u relatif � la libert� de manifester", sans que le maintien de l'ordre ne figure d'ailleurs dans son titre.

Je crois que le changement d'intitul�, entre ce v?u et le d�bat aujourd'hui qui, lui, ne parle que du maintien de l'ordre, est significatif. Ce v?u disait alors qu?il fallait en finir avec les d�rives, qu'il �tait urgent d'exiger du Pr�fet qu'il �crive � ses troupes pour lever le pied et faire preuve de retenue dans le maintien de l'ordre. Nous nous sommes habitu�s parfois aux injonctions contradictoires, mais il me semble qu'il y a des limites.

On est pass� � Paris, comme parfois dans le d�bat public national, du tout liberticide, le droit de manifestation n'aurait pas �t� respect�, au tout laxisme, le maintien de l'ordre ne serait plus du tout assur�.

Vous formuliez des critiques exactement oppos�es�: on en faisait trop et, d�sormais, on n'en fait pas assez. A ce balancement contradictoire et � ces injonctions contradictoires, je pr�f�re la s�r�nit� et le partenariat que ce sujet r�clame.

Dans ce v?u figurait l'opposition � la nouvelle loi. Le Pr�sident de la R�publique a d'ailleurs saisi le Conseil constitutionnel. Et les m�mes qui d�non�aient cette loi, les L.B.D., r�clament aujourd'hui davantage d'ordre public, sans expliquer de fa�on convaincante comment ils l�vent cette contradiction.

Le sens du v?u �tait clair, eu �gard � la longue s�rie de consid�rants et des demandes. C'est la direction oppos�e que cette majorit� emprunte depuis dans la tonalit� et les formulations.

C'est pourquoi notre groupe demande que le v?u qui a �t� adopt� soit retir�, ce qui serait plus conforme et coh�rent � ce qui semble �tre votre derni�re position exprim�e, en tout cas dans les expressions depuis le 16 mars, puisque les prises de parole, y compris dans cette majorit�, ne correspondent plus � l'�tat d'esprit qui pr�sidait � l'adoption du pr�c�dent v?u.

Cette question s�curitaire est urgente, mais doit s'inscrire plus globalement dans la crise des "Gilets jaunes". Nous ne cessons d?entendre qu?il faut des r�ponses politiques. Je le sais bien. En d�cembre d�j�, le Pr�sident annon�ait toute une s�rie de mesures d'urgence �conomiques et sociales. Faut-il rappeler qu'un milliard d'euros de pouvoir d'achat a �t� vers� � deux millions de salari�s gr�ce � la prime d�fiscalis�e. S'y ajoutent notamment les mesures sur la prime d'activit� ou les heures suppl�mentaires. Il s?en est suivi le Grand d�bat avec plus de 1,9 million de contributions. Nous tirerons les le�ons, mais nous devons le faire avec m�thode, et non dans la pr�cipitation. Les cahiers de dol�ances dans les mairies d?arrondissement, y compris � la Mairie de Paris, sont extr�mement remplis, et il faut les analyser avec exhaustivit�. Que nous le voulions ou non, que cela nous plaise ou non, Paris est cibl�e aussi comme lieu de concentration du pouvoir politique, �conomique et m�diatique dans cette crise. Comme �lus, cela doit alimenter notre r�flexion sur la place incomparable que joue notre capitale et sur aussi ce qu'elle suscite. Alors, face aux manifestations diverses qui s'op�rent chaque samedi, r�pondons par des mesures de s�curit� fortes et nouvelles, imm�diates, au plus pr�s du terrain. C'est la premi�re �tape, la seconde est celle du temps politique et des propositions. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - La parole, � pr�sent, est � M. Pascal CHERKI, pour le groupe "G�n�ration.s".

M. Pascal CHERKI. - Merci, Madame la Maire, mes chers coll�gues, nous accueillons aujourd'hui pour la premi�re fois le nouveau Pr�fet de police de Paris, M. LALLEMENT.

Au nom du groupe eG�n�ration.se, Monsieur le Pr�fet de police, nous vous souhaitons, � notre tour, la bienvenue dans notre capitale.

Monsieur le Pr�fet de police, vous avez, para�t-il, la r�putation d'�tre un homme franc et direct. Tant mieux. C'est une qualit� et, pour tout vous dire, nous pr�f�rons de loin la franchise � l'hypocrisie. C'est donc avec franchise que je m'adresse � vous maintenant.

Les conditions de votre arriv�e sont pour le moins surprenantes. Il n'aura �chapp� � personne que le cong�diement de votre pr�d�cesseur est apparu d?abord comme une mani�re peu glorieuse pour le Pr�sident de la R�publique et le Gouvernement qui tentaient de faire oublier la mani�re tr�s cavali�re dont ils avaient abord� l'avant-derni�re journ�e de mobilisation des "Gilets jaunes". Un Ministre de l?Int�rieur batifolant en discoth�que et un Pr�sident de la R�publique s?en allant skier sur les pentes des Pyr�n�es avaient donn� une image d�sinvolte du sommet de l'Etat. La stup�faction, l?�motion et la col�re ont saisi les Parisiennes et les Parisiens devant les sc�nes de pillage qui ont �maill�, � cette occasion, les Champs-Elys�es et d'autres endroits de la capitale, et dont la Maire de Paris s'est faite l'interpr�te en notre nom � tous. Nous r�prouvons ces actes de violences inadmissibles commis � l'encontre des forces de l'ordre et � l?encontre des lieux de notre capitale, et nous soutenons totalement la Maire de Paris dans ses prises de position.

Mais, et j'insiste sur ce point, il existe une stup�faction, une �motion et une col�re qui d�fraient moins la chronique, dont nous voulons aujourd'hui, et devant vous, nous faire les interpr�tes.

Je veux parler de toutes ces aussi insoutenables violences commises partout en France par les forces de l'ordre � l'encontre d?hommes et de femmes qui portent un gilet jaune, qui ne sont pas des casseurs ou des "Black blocs", et qui portent surtout des revendications de justice sociale que nous soutenons dans leur grande majorit�.

Regardez, mes chers coll�gues, les r�seaux sociaux, et vous y trouverez en nombre des vid�os de matraquages et de charges de police insens�es, de membres atrophi�s, en raison d'une utilisation d�brid�e des L.B.D. et des grenades de d�sencerclement.

Monsieur le Pr�fet de police, vous �tes re�u aujourd'hui dans l'enceinte du Conseil de Paris qui, il y a quelques semaines, a vot� un v?u demandant express�ment la non-utilisation de ces L.B.D. et de ces grenades de d�sencerclement.

Vous avez tout � fait la possibilit� de vous asseoir sur la position de la Municipalit�, mais sachez, Monsieur le Pr�fet, que notre voix porte bien au-del� de la capitale. Notre voix r�sonne de par le monde, dans la conscience des hommes et des femmes qui attendent de la France qu'elle reste la France, c'est-�-dire d'abord et avant tout le pays attach� scrupuleusement au respect des droits de l'Homme et � la d�fense des libert�s publiques. J'en veux pour preuve le vote, le 14 f�vrier dernier, par le Parlement europ�en, d'une r�solution d�non�ant les interventions violentes et disproportionn�es par les autorit�s publiques � l'occasion des manifestations. J'en veux pour preuve �galement l'interpellation faite � la France par le Commissariat aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe de suspendre l'usage des L.B.D. J'en veux enfin pour preuve la prise de position sans ambigu�t� de la Haute-Commissaire aux droits de l'Homme de l'O.N.U. d�non�ant une r�ponse disproportionn�e dans la gestion des manifestations, ainsi que les blessures graves caus�es par un usage tout aussi disproportionn� car non l�tal, comme ces fameuses grenades de d�sencerclement et ces L.B.D. La Haute-Commissaire aux droits de l?Homme de l?O.N.U. s'appelle Mme Michelle BACHELET. C'est une amie de la France et de Paris, elle n'a donc pas pris cette d�cision � la l�g�re, elle a �t� pr�sidente de la R�publique du Chili, elle conna�t les exigences et les contraintes de la gestion de l'Etat. Je vous invite, et je nous invite, � prendre son avertissement tr�s au s�rieux. Le deuxi�me point sur lequel je souhaite insister maintenant concerne la nature des relations que doivent entretenir un pr�fet et une Maire de Paris, la Pr�fecture de police et notre collectivit�. Etant �lu depuis mars 2001, j'ai vu, comme d?autres coll�gues, se succ�der plusieurs pr�fets de police � Paris. Certains, comme vous, Monsieur le Pr�fet, avaient �t� nomm�s par un pouvoir d?une couleur politique diff�rente de notre majorit�. Certains, comme vous, Monsieur le Pr�fet, arrivaient �galement nantis de l?aura d?homme � poigne. Cela ne nous impressionne donc pas. Ce que j'ai constat�, en revanche, c'est que tous, sans exception, avaient vite eu l'intelligence de comprendre qu'ils ne pourraient parvenir � exercer convenablement leur mission, dans le strict respect des lois et des principes r�publicains, que s'ils se comportaient d'abord comme de hauts fonctionnaires irr�prochables, laissant au vestiaire tout esprit partisan. Bref, qu?ils ne pouvaient �tre en service command� au service d'un pouvoir politique. Et comme je ne doute pas un seul instant que vous aurez � c?ur de vous comporter en haut fonctionnaire irr�prochable, vous n?aurez donc � c?ur, comme vos pr�d�cesseurs, que de chercher � travailler en bonne intelligence avec l'institution municipale.

Comme vous l'avez d�j� compris, vos missions sont importantes et difficiles, et une des cl�s de leur bon accomplissement vous conduit d�j� � travailler dans le respect de nos pr�rogatives respectives, dans un esprit de coop�ration.

Dans de tr�s nombreux domaines, nous avan�ons de concert. Cela ne signifie pas que nous soyons toujours en accord, cela signifie que nous recherchons toujours � prendre des d�cisions qui puissent, quand c'est n�cessaire, d�couler d'un compromis entre nous.

Vous avez �t� nomm� par le pouvoir ex�cutif, nous avons �t� choisis et �lus par le peuple de Paris. Cela nous place � des places respectivement diff�rentes symboliquement, mais il ne doit nullement nous emp�cher de travailler en bonne intelligence, ensemble, au service des Parisiennes et des Parisiens.

Evoquer nos champs fructueux de coop�ration rel�verait du catalogue � la Pr�vert et d�passerait largement le temps qui m'est imparti.

Depuis 2014, nous avons m�me nou� des coop�rations nouvelles, comme sur la politique de "La Nuit � Paris".

Je me permets juste d'attirer votre attention, en conclusion, sur deux questions o� des am�liorations peuvent d'ores et d�j� �tre apport�es. La premi�re concerne la sinc�rit� dans nos rapports respectifs. C'est un domaine dans lequel vous pouvez apporter des progr�s, au regard de la pratique de vos pr�d�cesseurs, en commen�ant par communiquer � la Maire de Paris, aux maires d'arrondissement et au Conseil de Paris, les chiffres exacts de fonctionnaires de police dans chacun des commissariats de notre capitale, et surtout leur �volution depuis ces dix derni�res ann�es. La seconde question concerne le traitement des sans-papiers. Nous sommes en d�saccord avec l'approche restrictive des politiques de r�gularisation qui d�coule de l?�volution des lois r�gissant l'entr�e et le s�jour des �trangers depuis des ann�es et que vous avez la charge de faire appliquer. Mon propos n'est pas de tenter de vous convaincre d?adopter une position politique que votre devoir de r�serve vous interdirait, le cas �ch�ant, d'exprimer. Vos pr�d�cesseurs avaient adopt� une politique de traitement des flux, faite de r�gularisations au fil de l?eau, plut�t que d'�viter de se retrouver confront�s � la gestion?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Il va falloir conclure, Monsieur CHERKI.

M. Pascal CHERKI. - Je conclus. � la gestion d?un stock de ces demandes qui conduirait in�vitablement � des mobilisations qui pouvaient s'�viter. Cette politique de traitement des flux permettait �galement de pouvoir travailler de concert avec les associations?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci?

M. Pascal CHERKI. - Je termine, Madame la Maire, ce sera mon dernier mot. des associations qui aident et accompagnent les sans-papiers dans leurs d�marches. Un tour de vis y eut-il �t� apport�, nous vous demandons d'y rem�dier. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur CHERKI.

Nous passons � Mme Maud GATEL, pour le groupe UDI-MODEM.

Mme Maud GATEL. - Merci, Madame la Maire.

Monsieur le Pr�fet, le 16 mars dernier, c'est une nouvelle fois la col�re qui pr�valait devant des sc�nes malheureusement trop vues, depuis le d�but de la mobilisation des "Gilets jaunes"�: les Champs-Elys�es d�vast�s, l'outil de travail d�truit, de trop nombreux commerces pill�s, des policiers pris pour cible, et m�me des habitants attaqu�s � travers un effroyable incendie volontaire.

Nous ne dirons jamais assez combien nous condamnons, avec la plus grande fermet�, les agissements des casseurs et de tous ceux qui les soutiennent, notamment en refusant de se d�solidariser face � la violence des actes contre les personnes et les biens.

Nous ne dirons jamais assez combien nous sommes reconnaissants aux forces mobilis�es, policiers, gendarmes, pompiers, personnels de la Ville, qui, chaque samedi depuis cinq mois, ont tent� de prot�ger et de r�parer notre ville dans des conditions �minemment difficiles.

Ces �v�nements du 16 mars, comme ceux des 1er et 8 d�cembre sont intol�rables. Chaque samedi depuis le 17 novembre, des membres des forces de l'ordre sont bless�s�; les Parisiens, les Franciliens et les touristes sont emp�ch�s de se d�placer�; les transports sont interrompus avec des cons�quences sur la vie quotidienne des habitants.

Les commer�ants voient leur outil de travail �tre d�grad� et leur chiffre d'affaires chuter. Certains ont m�me �t� oblig�s, apr�s des mois d'activit� au ralenti, de mettre la clef sous la porte. Ceux qui ouvrent le font avec la peur au ventre, et des salari�s sont au ch�mage technique. L'image de notre capitale est ab�m�e.

Les d�gradations se chiffrent d�sormais en plusieurs dizaines de millions d'euros. Vingt semaines d�sormais que Paris et ses habitants retiennent leur souffle. Cela ne peut plus durer.

Bien s�r, nous connaissons les contraintes de la s�curisation de ce type de mobilisation�: des manifestations non d�clar�es et non encadr�es par des services d?ordre interne, de multiples trajets envisag�s et envisageables qui rendent difficile la s�curisation de parcours inconnus, et notamment l'enl�vement du mobilier urbain et des mat�riels de chantier qui servent trop souvent d'armes par destination, et la pr�sence de casseurs dont les exactions ne sont d�sormais plus condamn�es par une partie des manifestants.

Face � ces nouvelles formes de mobilisation qui ne datent pas de la mobilisation des "Gilets jaunes", comme cela a �t� rappel�, il est n�cessaire d'adapter l'intervention des forces de l'ordre, � travers un commandement unifi� et � travers une nouvelle organisation autorisant une plus grande mobilit� et agilit� des forces de l'ordre qui doivent �tre en capacit� d'agir vite. Avec deux imp�ratifs�: le respect des libert�s fondamentales, et notamment le droit � manifester, et la s�curit� des manifestants, des forces de l'ordre, des commer�ants et des habitants de notre capitale.

D'ores et d�j� et sans attendre, il existe des dispositifs qui permettent de pr�venir les d�bordements�: le levier du p�rim�tre d'interdiction, comme ce fut le cas sur les Champs-Elys�es, qui permet la verbalisation et l?interpellation de personnes ne s?y conformant pas, et les contr�les visant � emp�cher que des armes n'arrivent sur les lieux des manifestations.

Tout l'arsenal juridique doit �tre mobilis� pour pr�venir les violences que nous avons connues, et la justice doit d�sormais faire son travail face aux centaines de personnes interpell�es, pour permettre de rappeler les fondamentaux de notre R�publique qui ont �t� oubli�s par certains.

Casser, piller, mettre en danger la vie d'autrui doit �tre s�v�rement puni. Il n'y a aucune excuse ni circonstances att�nuantes.

On parle de vies humaines, de l'outil de travail, des imp�ts des Parisiens, rien qui ne justifie la violence.

Chacun doit, � sa place, prendre ses responsabilit�s�: la Pr�fecture de police, s�curiser les manifestations et assurer le maintien de l'ordre�; la Ville de Paris, assurer la bonne diffusion de l'information aupr�s des maires d'arrondissement, des habitants des commer�ants et retirer les �l�ments de mobilier urbain afin qu?ils ne soient pas utilis�s comme arme. Et �galement soulager au maximum le travail des forces de l'ordre, car elles sont soumises � une sursollicitation depuis maintenant cinq mois.

Monsieur le Pr�fet, la t�che qui vous incombe est lourde�: trouver l'indispensable �quilibre entre la libert� de manifester et la libert� de vivre dans la capitale, d?y commercer, de s?y d�placer.

Chacun, � sa place, doit prendre ses responsabilit�s dans le cadre de ses pr�rogatives en partenariat, en coop�ration pour permettre � notre ville de panser ses plaies et � notre capitale d'enfin retrouver son souffle. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est � M. R�mi F�RAUD, pr�sident du groupe Socialiste et Apparent�s.

M. R�mi F�RAUD. - Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet de police, chers coll�gues, au nom des �lus du groupe Socialiste et Apparent�s, je veux tout d'abord vous souhaiter la bienvenue, Monsieur le Pr�fet de police.

La s�curit� des Parisiennes et des Parisiens n�cessite une coop�ration tr�s �troite entre la Ville et la Pr�fecture de police, je ne doute pas que vous aurez � c?ur de la faire vivre. Sachez que nous y serons particuli�rement attentifs, car nous sommes tr�s attach�s aux progr�s pr�cieux r�alis�s en la mati�re ces derni�res ann�es.

Mais c'est la question du maintien de l'ordre au cours des manifestations qui occupe l'essentiel des �changes de ce matin, et l'essentiel des �changes entre nos deux institutions, Ville de Paris et Pr�fecture de police, depuis plus de quatre mois.

Nous avons v�cu, chacun le sait, samedi dernier, le vingti�me �pisode cons�cutif de manifestations des "Gilets jaunes" � Paris, qui s'est heureusement d�roul� sans incident notable, mais, vous l?avez dit vous-m�me, Monsieur le Pr�fet, nous n'avons pas de garantie pour les autres samedis � venir.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je demande aux conseillers qui sont dans les trav�es en train de discuter de s'asseoir ou de poursuivre leur discussion ailleurs. On �coute dans le respect, chacun et chacune des orateurs.

Monsieur le Pr�sident�?

M. R�mi F�RAUD. - Je vous remercie, Madame la Maire.

Je veux dire que les violences tr�s graves qui ont �maill� les manifestations, notamment encore le 16 mars dernier sur les Champs-Elys�es, sont une atteinte � toute la R�publique que nous condamnons, au-del� m�me de l?atteinte � l'image de notre ville, que les d�g�ts caus�s aux commerces, aux mobiliers urbains sont inacceptables, que les sc�nes d'�meutes ne sont absolument pas acceptables par aucun d'entre nous, et que la volont� de s'en prendre au symbole de la France comme de la R�publique - je pense notamment au saccage de l'Arc de Triomphe en d�cembre dernier - nous devons tous le condamner, car ce saccage particuli�rement nous r�volte.

Nous l'avons d�j� dit, mais il est de notre devoir de le redire, ces sc�nes que l'on a vues trop souvent se reproduire, ne doivent plus se r�p�ter � l'avenir. Car rien ne justifie dans notre R�publique une telle violence, dans notre R�publique qui a une longue tradition de manifestations.

Je tiens � d�mentir ce que disait tout � l'heure notre coll�gue Mme KUSTER, il y a des manifestations tout � fait pacifiques. Je pense � celle pour le climat r�cemment, je pense � celle pour l'Education samedi dernier, je pense aussi � celle des Alg�riens de Paris, plusieurs samedis ou dimanches d'affil�e sur la place de la R�publique, et beaucoup d'autres manifestations.

Il est possible, dans notre pays, de manifester sans violence, et c'est pour cela d'ailleurs que les manifestations, sous forme d'�meutes avec de la casse, ne sont pas acceptables, quoi que l'on pense de la politique du Gouvernement et quelles que soient nos affiliations politiques dans notre d�mocratie.

Je veux saluer les forces de l'ordre, car elles sont soumises � rude �preuve, leur apporter notre soutien dans l'exercice de leur difficile travail. Elles m�ritent ce soutien, car elles sont en premi�re ligne pour faire r�gner l'Etat de droit. C'est aussi pour cela que nous avons le devoir d'exiger des explications, lorsque leur comportement est mis en cause de mani�re ponctuelle, sur telle ou telle intervention. C'est aussi cela l'exigence de notre R�publique. Je sais les sollicitations dont les forces de l'ordre sont l'objet, et je suis inquiet, avec les �lus de mon groupe, avec Colombe BROSSEL, avec la Maire de Paris, de voir parfois les forces de police sacrifier d'autres missions de s�curit� en raison de leur mobilisation sur les manifestations. Rappelons que ces forces de police ont connu, il y a une dizaine d?ann�es, des coupes dans les effectifs tr�s importantes. Pascal CHERKI parlait tout � l'heure de notre souhait de transparence des effectifs des commissariats de Paris et de leur �volution, nous partageons bien s�r cette demande. Elle permettra aussi de r�tablir les responsabilit�s politiques des uns et des autres, au cours des ann�es pass�es. Je veux t�moigner de notre soutien aussi aux commer�ants durement touch�s, aux kiosquiers, victimes finalement d'attaques manifestes contre la libert� de la presse, alors qu?ils per�oivent souvent des r�mun�rations tr�s faibles pour un travail difficile et indispensable � la d�mocratie. Je sais qu'Olivia POLSKI et toute l'�quipe municipale sont mobilis�es pour att�nuer les difficult�s des commer�ants, que la Ville et la R�gion proposent de cr�er un fonds de soutien aux acteurs �conomiques, nous le saluons, mais je sais aussi que nous attendons toujours des r�ponses concr�tes du Gouvernement - c'est le cas d?ailleurs de l'ensemble des grandes villes - pour compenser les d�g�ts support�s par nos villes, plus de 20 millions d'euros en ce qui concerne Paris. Je salue �galement le professionnalisme et la r�activit� des agents de la Ville, que ce soient ceux de la voirie, de la propret� notamment, de la DPSP, bien s�r. L'administration parisienne est exemplaire pour r�parer au plus vite les d�g�ts dans la nuit souvent du samedi au dimanche. Nous souhaiterions tous n�anmoins qu'elle puisse mettre son talent au service �videmment d'autres missions. Pour cela, nous avons besoin que la strat�gie de maintien de l'ordre que vous d�ploierait dans les prochains week-ends, Monsieur le Pr�fet, emp�che au maximum les casseurs d'agir. C'est notre souhait � tous. Je sais qu'il est facile de donner des le�ons en mati�re de maintien de l'ordre, et j'�viterai donc de le faire, mais nous avons vu qu'au-del� des diff�rences de mobilisation des manifestants, et parfois au-del� des manifestants, des individus violents, ces derniers samedis, il y avait des strat�gies qui, dans le cadre des lois actuelles, �taient plus efficaces que d'autres. Pouvez-vous donc, Monsieur le Pr�fet, nous indiquer les strat�gies que vous mettrez en ?uvre dans les prochains samedis�? Nous avons la conviction qu'il est possible, dans le cadre des lois actuelles, d'interpeller en amont un certain nombre d'individus qui viennent exclusivement pour commettre des violences, les derniers samedis semblent l'avoir montr�. Car nous sommes convaincus qu'il est indispensable de continuer � vouloir concilier les deux principes, l'ordre r�publicain et le respect des libert�s fondamentales, comme celle de manifester. Si nous abandonnons l'un de ces principes, alors nous serons, je le crois, en grande difficult�. Les �lus de Paris attendent de la fermet� pour �viter les d�bordements, du discernement pour �viter les violences inutiles, du professionnalisme, mais ils attendent aussi d'�tre associ�s, et ma coll�gue Alexandra CORDEBARD y reviendra comme maire d'arrondissement. Nous sommes inquiets des vives tensions qui agitent notre soci�t�, de la marginalisation des corps interm�diaires, du d�veloppement et de la l�gitimation de la violence qui accompagne ce ph�nom�ne, la responsabilit� du Gouvernement est lourde. Mais nous sommes tr�s sceptiques devant les risques de fuite en avant l�gislative, les dispositifs inadapt�s, les risques que cela fait courir aux principes r�publicains. Notre coll�gue, Marie-Pierre de LA GONTRIE, y reviendra notamment dans son intervention. Pour conclure la mienne, je veux dire que nous ne nous r�solvons � aucun fatalisme, et que les conditions normales d'un d�bat d�mocratique doivent pouvoir �tre garanties dans notre pays. Nous croyons � la mobilisation n�cessaire de tous les �lus et de toutes les forces vives pour d�fendre la R�publique lorsqu'elle est attaqu�e. Il faut aussi des r�ponses politiques, car l'on demande beaucoup, beaucoup � la police et � la gendarmerie. Dans notre pays, nous sommes aujourd'hui impatients d'entendre les r�ponses du Pr�sident et du Gouvernement au d�bat politique qui s'est ouvert, ces derniers mois. Je crois que cette impatience est partag�e. Mais, pour notre part et dans l'enceinte de ce Conseil, je veux le dire, nous d�fendrons toujours ensemble l'ordre r�publicain, les libert�s publiques et la justice sociale, et nous n'abandonnerons jamais ni l'une ni l'autre. Alors que les forces de l'ordre sont indispensables pour concourir � l'ordre r�publicain et � l'exercice bien r�el des libert�s publiques, vous pourrez toujours compter dans ce cadre, Monsieur le Pr�fet de police, sur les �lus socialistes pour d�fendre ces valeurs et ces principes. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS.- Merci beaucoup, Monsieur le Pr�sident.

La parole est � David BELLIARD, pr�sident du groupe �cologiste de Paris.

M. David BELLIARD. - Merci, Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet de police, mes chers coll�gues, au nom de mon groupe, Monsieur le Pr�fet, je vous souhaite � mon tour la bienvenue � Paris, dans un contexte qui, je le sais, est difficile et complexe.

D'ailleurs, permettez-moi de revenir sur l'analyse que nous faisons de la situation. Parce que l'acc�l�ration du climat et l'explosion des in�galit�s sociales sont les deux sympt�mes d'un m�me mod�le de d�veloppement qui ruine notre environnement et nos conditions du vivre ensemble.

Nous n?opposons pas les revendications pour plus de justice fiscale et sociale port�es par le mouvement des "Gilets jaunes" � la revendication d'une justice climatique d�fendue dans les marches pour le climat. Au contraire, elles sont pour nous les deux faces d'un m�me sympt�me, les m�mes aspirations � un mod�le plus apais� et plus �galitaire.

D?ailleurs, pour nous, il ne peut y avoir de justice climatique sans justice sociale et fiscale. Cela, pour une raison simple�: quand les catastrophes climatiques se multiplient, qui sont les plus durement touch�s�? D'abord, celles et ceux qui sont les plus pr�caires, les plus fragiles, d?abord, celles et ceux qui n'ont pas assez pour se pr�server ou pour �chapper � la fureur des conditions climatiques et environnementales.

Les "Gilets jaunes" ont impos�, dans le d�bat public, la remise en cause des politiques n�olib�rales mises en ?uvre par des gouvernements successifs depuis des d�cennies. Fins de mois de plus en plus difficiles, pr�carisation toujours plus accrue du travail, injustice fiscale, logement cher, conditions de vie qui se d�t�riorent, telle est la situation subie par la majorit� de la population, et en particulier les femmes, d?ailleurs tr�s nombreuses � se mobiliser.

C?est peu dire que la situation actuelle leur donne raison. Car si les conditions se d�gradent pour une part importante de la population, en m�me temps, l'�vasion fiscale n'a jamais �t� aussi importante. Pire, entre la suppression de l'I.S.F., la flat tax de 30�% pour les revenus du capital qui ne sont plus soumis � l'imp�t progressif, ou encore la baisse de l'imp�t sur les soci�t�s, on permet aux plus riches, qui devraient pourtant contribuer le plus aux efforts li�s � la transition �cologique de notre mod�le, d'�chapper aux contraintes fiscales.

Dans ces conditions, l'augmentation des taxes sur les carburants fut la goutte d'eau qui a fait d�border le vase. On peut le comprendre. La justice climatique consiste � faire payer les gros pollueurs et/ou ceux qui ont le plus de ressources. Cet imp�ratif n?est acceptable que s?il prend en compte celles et ceux ayant le plus de difficult�s � s'adapter aux nouvelles r�gles du jeu.

Comment peut-on imaginer p�naliser des gens � qui on a vendu, pendant des d�cennies, le triptyque lotissement, voiture, fin des services publics de proximit�, et qui n'ont plus d'autres choix que d'utiliser leur voiture personnelle�?

Comment peut-on imaginer faire payer des gens modestes quand, dans le m�me temps, on laisse des grandes multinationales �chapper � l'imp�t�?

Oui, il y a des violences, de la casse, des forces de l'ordre �puis�es et des manifestants en col�re. Oui, il est des comportements condamnables qui doivent �tre sanctionn�s. Je veux ici d'ailleurs, au nom de mon groupe, apporter un soutien aux victimes de ces actes et aux agents de la Ville et � leur action.

Mais n'y a-t-il pas, au-del� de la r�ponse polici�re, une r�ponse politique � donner�? Le Gouvernement a lanc� le Grand d�bat, sans que l'on sache tr�s bien ce qui sortira de ces �changes nourris. La strat�gie du pourrissement est d�testable. M�me si le Gouvernement parvient � r�duire le mouvement des "Gilets jaunes" � des casseurs, il n'aura pas gagn�.

Dans un contexte de rar�faction des ressources, de tr�s forte instabilit� climatique et environnementale, le silence face aux in�galit�s croissantes est tout simplement intenable � moyen terme. In fine, il ne peut aboutir qu'� la mont�e des violences et de la force, voire au chaos.

La question climatique nous oblige � une transformation radicale de notre organisation sociale avec, en premier lieu, d'autres modes de production, et surtout de redistribution des richesses.

La strat�gie pr�sidentielle, dont vous �tes le serviteur, consiste � orienter le d�bat vers la question des casseurs pour le d�tourner des questions de fond pos�es par les Gilets jaunes. La r�ponse est liberticide, l� o� elle devrait �tre �mancipatrice.

Pour les prochaines semaines, Monsieur le Pr�fet, en tant qu?�lu parisien, en tant que citoyen, je suis profond�ment inquiet de la tournure que prennent les choses. L'interdiction de manifester est contraire � la D�claration universelle des droits humains, les arrestations pr�ventives ou l'utilisation des produits marquants cod�s ne sont pas respectueuses de la dignit� humaine.

Vous �voquez, dans votre intervention, une doctrine op�rationnelle efficiente. Nous voulons en savoir plus, Monsieur le Pr�fet. Quelle sera votre politique les prochains samedis de mobilisation�? Quelles armes seront utilis�es et avec quelles consignes�? Quels sont les moyens qui seront mis en ?uvre�?

Je laisse mon coll�gue Pascal JULIEN pr�ciser ces questions et mes propos.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est � Didier LE RESTE, pour le groupe Communiste - Front de Gauche.

M. Didier LE RESTE. - Merci, Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet, chers coll�gues.

Vingt semaines que des milliers de personnes d�filent dans toute la France. Vingt semaines � la suite desquelles le Gouvernement, apr�s une longue p�riode o� la surdit� le disputait � l'arrogance, s'est senti dans l'obligation de r�pondre en annon�ant un certain nombre de mesures, le 10 d�cembre dernier, qui, pr�cisons-le, �pargnent le grand patronat et le capital, mais sollicitent l'imp�t et la S�curit� sociale�; plus l'organisation d'un d�bat national, voulu par le Pr�sident, qui a attir� des dizaines de milliers de personnes qui ont fait des propositions, sans tenir compte d?ailleurs du cadrage voulu par le Pr�sident MACRON lui-m�me dans sa lettre aux Fran�ais.

Pourtant, une majorit� de Fran�ais continuent de douter de la volont� pr�sidentielle de r�pondre � leurs revendications de justice sociale, de pouvoir d'achat et de justice fiscale, tant il appara�t que l'amateurisme du Gouvernement le dispute � une certaine incomp�tence, teint�e trop souvent d'un m�pris de classe.

Car, pendant ce temps-l�, les r�formes continuent�: privatisation d'A�roports de Paris, nouveau scandale d'�tat, contr�le accru des ch�meurs, r�forme de la sant�, r�forme de la fonction publique, aucune de ces soi-disant r�formes ne va dans le sens des revendications port�es.

Les services publics de proximit� ferment, en province mais aussi � Paris, les bureaux de poste, les boutiques S.N.C.F., les agences E.D.F. et de la C.A.F., les h�pitaux de proximit�, alors que les "Gilets jaunes", comme des organisations syndicales et des �lus locaux, revendiquent le maintien, le retour des services publics de qualit� et de proximit�.

Le Pr�sident MACRON est pass� ma�tre dans la strat�gie d'enfumage. Et ce, en m�me temps, il faut que l'impression de changement de ton et de politique garantisse que les int�r�ts de ceux qu?il d�fend ne soient pas touch�s. Bref, que les riches restent riches, voire s'enrichissent encore plus, et que les autres se serrent la ceinture, et surtout qu'ils soient solidaires, comme on le demande par exemple aux retrait�s, qui doivent accepter le gel des pensions, la hausse de la C.S.G., la d�sindexation des pensions sur les prix, donc la baisse de leur pouvoir d'achat.

Est-ce � dire que, comme �lus parisiens, nous ne sommes pas choqu�s par les sc�nes de violence qui ont �maill� les manifestations parisiennes, plusieurs samedis de suite�? Est-ce � dire que nous ne sommes pas conscients des difficult�s de certains commer�ants confront�s � ces d�gradations et qu?elles n?ont pas de cons�quences sur l?emploi, et plus largement sur l?�conomie�? Est-ce � dire que nous trouvons normal que l'on s'attaque � des kiosques � journaux, � du mobilier urbain dont les co�ts de r�paration restent pour l'instant � la charge de la Ville de Paris�?

Non, et trois fois non�! Mais en rester au constat ne fait pas avancer les choses.

La radicalisation des mouvements de protestation est, d?une certaine fa�on �galement, proportionn�e � la volont� du Gouvernement d'utiliser une technique bien connue, � savoir le pourrissement du mouvement, aux fins de diviser l'opinion publique qui, malgr� tout, soutient les revendications port�es par les "Gilets jaunes", mais n'accepte pas les exactions commises par des casseurs, souvent professionnels.

Monsieur le Pr�fet, mon long parcours de militant, de dirigeant syndical et d?organisateur de grandes manifestations revendicatives m'autorise � avoir une opinion sur la gestion du maintien de l'ordre.

Cela fait plusieurs ann�es, et on peut faire remonter le ph�nom�ne aux manifestations de Seattle et de G�nes en 2001, mais aussi en France, ces derni�res ann�es notamment, � partir des manifestations contre la loi travail, des �l�ments extr�mistes connus de longue date des autorit�s de police se glissent, ou plus exactement, se collent aux manifestations, s'int�ressant peu aux revendications port�es par les manifestants pacifiques, et en profitent pour s'attaquer aux forces de l'ordre et aux biens publics et priv�s.

Si ce ph�nom�ne n'�tait apparu que depuis l'�mergence des mobilisations des Gilets jaunes, nous pourrions croire � un ph�nom�ne passager. Mais il n'en est rien. Rappelons-nous des exactions devant un h�pital, il y a quelques ann�es, par des d�linquants qui avaient usurp� des badges syndicaux afin de faire porter la responsabilit� des d�gradations aux organisations syndicales. C?�tait au moment de la contestation de la loi El Khomri.

L'�mergence, ces derni�res ann�es, de nouvelles formes de mobilisation, d'occupation de l'espace public, interpelle donc les conditions du maintien de l'ordre. A-t-on tir� tous les enseignements de ces agissements, de ces d�bordements�? Manifestement, non.

Monsieur le Pr�fet, vous le savez, la responsabilit� du maintien de l'ordre dans l'espace public rel�ve bien de la responsabilit� du Gouvernement et des forces de l'ordre. Dans le cadre de manifestations sociales, les organisateurs ont, eux, la responsabilit� d'assurer la s�curit� de leurs cort�ges respectifs. Il y a, chez nombre de nos concitoyens, une incompr�hension des m�thodes employ�es par les forces de l'ordre. Alors qu?elles assistent � des pillages et � du caillassage de magasins, � des voitures auxquelles on met le feu, cette doctrine cent fois r�p�t�e par les diff�rents pr�fets et ministres de l'Int�rieur, nous dit qu?il vaut mieux des d�gradations de commerces, de voitures ou de mobiliers urbains que de bless�s sur la voie publique. Je serais pr�t � vous entendre si nous n'avions pas eu � conna�tre, au cours des r�centes manifestations, un nombre important de bless�s, et de bless�s graves. Certains sont handicap�s � vie, suite � des tirs de grenades et de L.B.D. qui, vous le savez, sont totalement interdits dans nombre de pays europ�ens qui ont aussi � conna�tre des manifestations importantes, voire violentes. Donc nous r�it�rons ici notre demande d'interdiction. De plus, et vous le savez, les personnels en charge du maintien de l'ordre sont �puis�s, exasp�r�s, aussi des revirements en mati�re de doctrine du maintien de l?ordre. Leurs organisations syndicales se plaignent, � juste titre, d'un certain nombre de dysfonctionnements dans la transmission des ordres. Vous avez d'ailleurs �voqu�, dans votre propos liminaire, Monsieur le Pr�fet, un besoin de clart�. Faut-il rappeler ici que les policiers sont les ex�cutants d'ordres et de consignes venus de leur hi�rarchie qui peut aller jusqu'au sommet de l'�tat, puisque le Pr�sident MACRON s'est lui-m�me exprim� sur le sujet. Ces manifestations violentes ont eu aussi pour cons�quence le renforcement de l'arsenal juridique pour emp�cher, voire interdire les manifestations. Nous le savons toutes et tous, les lois d?exception ont tendance � devenir la norme. Et la logique des gouvernements est toujours d'utiliser ces lois contre celles et ceux qui protestent, ou mettent en cause les orientations politiques ou sociales d'un gouvernement. La majorit� macronienne, � la demande du Gouvernement, a vot� une proposition de loi propos�e par la droite, dite loi anticasseurs, que d'aucuns qualifient anti-manifestants. Il faut remonter � Michel Poniatowski, � la fin des ann�es 70, pour retrouver des textes aussi contraignants et d'inspiration liberticide. M�me si le Pr�sident r�p�te � l'envi, y compris devant les �l�ves de l'�cole primaire, que le droit de manifester est constitutionnel, il ne cesse de l'encadrer et de le limiter, parce que quelques centaines de provocateurs, de casseurs d�tournent cet acquis d�mocratique. Monsieur le Pr�fet, la loi vous conf�re l?autorit� sur le maintien de l?ordre � Paris. Votre arriv�e a �t� annonc�e comme la fin du laxisme ou des h�sitations de votre pr�d�cesseur en mati�re de strat�gie de maintien de l'ordre. Saurez-vous mieux, que ceux qui vous ont pr�c�d�s, faire la part des choses entre des manifestants pacifiques et des provocateurs extr�mistes�? Je ne le sais pas, mais nous jugerons sur pi�ce. Mais aucune politique ultra-r�pressive ne peut �tre la solution, s'il n'y a pas de r�ponses politiques et sociales fortes aux attentes des manifestants, et plus largement de nos concitoyens. Vous n'avez pas ce pouvoir et nous ne vous le demandons pas. C'est au Pr�sident, au Premier Ministre et � son Gouvernement de r�pondre.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci � vous, Monsieur LE RESTE.

La parole est � M. DUBUS, pour le groupe PPCI.

M. J�r�me DUBUS. - Merci, Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet, mes chers coll�gues.

Monsieur le Pr�fet, c'est d'une belle maison dont vous h�ritez aujourd'hui, forte de plus de 30.000 agents, d'un budget de 627 millions d?euros, et de comp�tences s'�tendant sur quatre d�partements. Une belle maison, certes, mais dont les murs s'effritent aujourd'hui sous la pression de mois de violence et d'�meutes. Aussi, vous pouvez compter sur notre confiance et notre soutien, dans la t�che que le Gouvernement vous a confi�e.

Les manifestations des "Gilets jaunes" ont �t� le th��tre de saccages, de vols, d'actes de lynchage, d'actes racistes et antis�mites, in�dits depuis des d�cennies dans notre pays et a fortiori dans notre capitale. Je ne peux que comprendre la lassitude et le malaise des agents des forces de l'ordre, auxquels je rends un vibrant hommage ici, car ils refl�tent le d�sarroi de l'ensemble des Parisiens.

Les Cassandres, les pyromanes de tous poils diront que le Pr�sident de la R�publique est � bl�mer, tandis que les r�alistes verront plut�t � l'?uvre de nombreux s�ditieux, rouges ou bruns, qui veulent mettre � bas notre R�publique. Mais cela est au fond sans importance, car les faits sont l�. Le constat mat�riel comme moral � Paris est sans appel.

En cinq mois de mobilisation, mes chers coll�gues, 112 dossiers de ch�mage partiel ont �t� d�pos�s par des entreprises, soit 2.000 emplois menac�s�; 700 commerces ont �t� d�grad�s, dont 216 pour le seul acte 18�; les kiosquiers ont perdu la moiti� de leur chiffre d'affaires�; 35.000 nuit�es ont �t� annul�es mensuellement, et 20 millions d?euros de dommages ont �t� caus�s � la Ville de Paris.

Reflux du tourisme, non-renouvellement des contrats courts, gel des embauches, ass�chement des primes d'objectifs et des pourboires, les premi�res victimes de ces mouvements, ce sont des vendeurs, des gar�ons de caf�, des femmes de chambre, des r�ceptionnistes, des employ�s de kiosque, des agents de s�curit�, ces m�mes individus que MM. DROUET et consorts disent repr�senter, et qu'ils asphyxient quotidiennement en r�alit�.

Le temps des revendications est depuis longtemps pass�. Aujourd'hui, la casse ne sert plus que la casse, la casse, toujours la casse.

En la mati�re, l'ang�lisme, ou qui sait, l'hypocrisie de certaines composantes de cette assembl�e fut proprement stup�fiante. Nous nous souvenons tous qu'au dernier Conseil de Paris, alors que nos forces de l'ordre �taient violemment agress�es semaine apr�s semaine, les v?ux contre les L.B.D., pourtant n�cessaires instruments interm�diaires entre corps � corps et armes de service assurant la s�curit� des policiers comme des manifestants, se multipliaient.

Nous nous souvenons �galement que d�but d�cembre, Mme�HIDALGO, la Maire de Paris elle-m�me, je la cite, "invitait tous les Fran�ais � exercer leur droit de venir manifester dans notre ville pour interpeller le Gouvernement". Une position un peu h�tive.

Alors, comprenez-moi bien�: la Ville n'a bien s�r pas vocation � r�guler de tels �v�nements ou � en assurer la s�curit� - elle n'en a ni la mission, ni les moyens - et une telle prise de position, aussi curieuse soit-elle, n'engage en r�alit� que l'actuel Ex�cutif.

Pourtant, elle contribue � cette haine du flic qui monte dans nos rues. Elle contribue � excuser les pr�judices qui ont �t� caus�s au nom d'une certaine lutte sociale. En r�alit�, les revendications sociales, parfois l�gitimes, que nous avons entendues d�but d�cembre, ont depuis bien longtemps d�sert� les cort�ges pour venir alimenter la r�flexion du Grand d�bat national. Alors, oui, il est temps que tout cela cesse.

Votre bapt�me du feu fut un succ�s, Monsieur le Pr�fet. Au nom du groupe PPCI, laissez-moi vous en f�liciter, vous et vos �quipes, forces de l'ordre et sapeurs-pompiers, et en tant qu?�lu du 17e, et exprimer mon soulagement, comme celui de nos commer�ants.

Je me garderai bien de vous donner des conseils en mati�re de maintien de l'ordre, car je n'en suis pas un sp�cialiste. L'ordre r�tabli, conform�ment aux engagements du Pr�sident de la R�publique, viendra apr�s l'injection, le 10 d�cembre, de 12 milliards d'euros de pouvoir d'achat pour les plus modestes, viendra donc le temps de la r�ponse politique � la suite de ce formidable moment d�mocratique que fut le Grand d�bat. Cette r�ponse, n?en d�plaise aux grincheux, sera forte, puissante, et constituera un nouveau contrat social que nous soutiendrons aupr�s des Parisiennes et de Parisiens.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - La parole est � Mme SIMONNET, pour deux minutes.

Mme Danielle SIMONNET. - Monsieur le Pr�fet de police, faut-il, et comment, vous souhaiter la bienvenue. Votre pr�d�cesseur, Michel DELPUECH, a �t� tr�s critiqu� depuis l?acte 18 du mouvement des "Gilets jaunes", pour ne pas avoir us� des L.B.D.

Pourtant, nombre de voix s'�l�vent contre les trop nombreuses mutilations�: yeux �borgn�s, m�choires d�form�es, par ces armes qui devraient �tre interdites et ne sont pas utilis�es dans les autres pays europ�ens pour le maintien de l?ordre.

Toutes mes pens�es vont � Fiorina LIGNIER, � J�r�me RODRIGUES priv� d'un ?il, � S�bastien priv� d'une main, et � tant d'autres. A tous les journalistes qui ont re�u des coups, aux street medics.

Depuis votre arriv�e, les L.B.D. sont �quip�s de nouvelles cartouches plus performantes. Aussi, les brigades de r�pression de l?action violente remplacent les d�tachements d?action rapide. Qu'est-ce que cela signifie�?

Votre pr�d�cesseur a sans doute aussi pay�, ainsi que d'autres fonctionnaires de la Pr�fecture de police, sa d�nonciation des graves dysfonctionnements dans l'affaire Benalla, en parlant de d�rives inacceptables sur fond de copinage malsain.

Concernant vos �tats de service, j'ai en m�moire cette manifestation, d�but mars � Bordeaux. Le d�put� Lo�c PRUD?HOMME y avait subi des coups de matraque alors qu?il quittait pacifiquement la manifestation. Malgr� les vid�os � l?appui et sans attendre aucune enqu�te interne, vous avez exprim� votre soutien clair aux forces de l?ordre, estimant qu'elles avaient correctement fait leur travail.

Parenth�se par ailleurs, votre nom appara�t dans le dossier de la Soci�t� du Grand Paris, o� vous avez pr�sid� la Commission d?examen des offres. L'enqu�te porte sur des soup�ons de favoritisme dans des chantiers � 38 milliards d'euros.

Alors que nombre d?associations de d�fense des droits de l?Homme protestent contre un usage disproportionn� de la force jusqu'� l'O.N.U. qui demande � la France l'ouverture d'une enqu�te approfondie sur les violences polici�res recens�es lors des manifestations des "Gilets jaunes", quelle va �tre la doctrine de maintien de l?ordre pour contribuer � une d�sescalade de la violence�? Mes chers coll�gues, � vous toutes et tous ici, comme vous, je d�sapprouve toutes les violences, d'o� qu'elles viennent. Mais ne l?occultez pas, la pire des violences aujourd'hui � Paris, ce n'est pas celle qui a mis le feu au Fouquet's.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Il faut conclure, Madame SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - C?est celle qui a caus� la mort d'au moins 566 personnes, selon le recensement des morts de la rue l'an dernier. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je donne la parole � Mme d'HAUTESERRE, maire du 8e arrondissement, pour le groupe les R�publicains et Ind�pendants.

Mme Jeanne d'HAUTESERRE, maire du 8e arrondissement. - Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet de police, mes chers coll�gues, le contexte national de ces quatre derniers mois est une source d'inqui�tude, avec des nouvelles plus que pr�occupantes pour les semaines � venir, et les cons�quences de ce conflit sur notre territoire sont dans la t�te de tous nos concitoyens.

Depuis plus de quatre mois maintenant, nous vivons des samedis marqu�s par les manifestations du mouvement des "Gilets jaunes", avec son cort�ge de violence et de d�gradations commises par des individus venus sp�cialement pour semer le chaos.

Nous faisons, bien s�r, la diff�rence entre les "Gilets jaunes" qui manifestent pour d�fendre une cause sociale, et ceux qui d�gradent, saccagent et pillent.

Nous avons assist�, impuissants, � des sc�nes de gu�rilla urbaine, montrant des affrontements avec les forces de l'ordre, l'Arc de Triomphe assailli, des commerces saccag�s et pill�s, des kiosques � journaux vandalis�s et br�l�s, des banques incendi�es avec des immeubles d'habitation � �vacuer. Ces actes d?une violence inou�e ont traumatis� des familles avec enfants du 8e qui ont demand� un suivi psychologique afin d?�voquer ces moments de panique.

Samedi 24 mars, � 4 heures 20 du matin, un individu a mis le feu � une voiture gar�e rue du Commandant Rivi�re, et le feu s'est propag� � quatre autres v�hicules, stationn�s � proximit� des immeubles r�sidentiels. Gr�ce � l'intervention rapide des pompiers, le drame a pu �tre �vit�.

Selon le t�moignage d'un riverain, il y a eu une altercation dans l'apr�s-midi entre les manifestants et les habitants du quartier. Des menaces de punition ont �t� entendues. Une enqu�te est en cours. J'ai communiqu� au commissaire du 8e arrondissement les coordonn�es d'une habitante qui a film� la sc�ne.

La s�curit� produit des r�flexes d'autoprotection et met en p�ril l?id�e m�me de la d�mocratie. Les riverains sont exc�d�s et sont pr�ts � utiliser leurs armes, car beaucoup sont des chasseurs. Les commer�ants envisagent de porter plainte contre l'Etat pour non-assistance aux commerces en danger.

Force est de constater que le droit de manifester est devenu insurrectionnel. Face � toutes ces fracassantes violences et ces destructions d'outils de travail que repr�sentent des commerces, le moment est venu que s'affirme l'ordre r�publicain.

Nous sommes dans un Etat de droit et la fermet� doit s'exprimer. L'interdiction de manifester sur les Champs-Elys�es est une d�cision bien accueillie par les commer�ants et les riverains. Mais jusqu?� quand allons-nous subir cette situation�?

Nous savons tous que les policiers et les forces de l'ordre sont �puis�s. Tout comme vous, Monsieur le Pr�fet, ils ex�cutent les instructions qui vous sont donn�es par le Ministre de l'Int�rieur. C'est une erreur politique de miser sur l?essoufflement de ce mouvement. On ne doit pas laisser un pays sombrer dans la violence, et seule une d�cision politique pourrait sortir notre pays de cette crise sociale et institutionnelle. Depuis le 25 novembre 2018, au lendemain des saccages sur les Champs-Elys�es, j'ai appel� au dialogue avec les porte-parole des "Gilets jaunes". J'esp�re enfin �tre entendue.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Madame la Maire. La parole est � Marie-Pierre de LA GONTRIE pour le groupe Socialiste et Apparent�s.

Mme Marie-Pierre de LA GONTRIE. - Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet de police, mes chers coll�gues, nous avons connu, samedi 30 mars, ce vingti�me samedi cons�cutif de manifestations de "Gilets jaunes" � Paris et dans le reste de la France.

A ce jour, apr�s plus de quatre mois de conflit, aucune solution politique ne semble s'esquisser. Le Pr�sident de la R�publique a, certes, annonc� des mesures de pouvoir d'achat au mois de d�cembre, mais le Grand d�bat national, auquel d?ailleurs il faut rappeler que la Ville de Paris a pris toute sa part d�s le premier jour, n'a pas encore abouti � des actions concr�tes pour celles et ceux qui ont choisi d'exprimer leur col�re en rev�tant un gilet jaune.

Semaine apr�s semaine, le bilan des d�gradations s'alourdit. Madame la Maire, vous l?avez rappel�, Paris paye un lourd tribut du fait des errances gouvernementales que les marathons du Pr�sident de la R�publique, qui rel�vent jusqu?� pr�sent, il faut bien le dire, davantage de performances sportives que de gestion politique du pays, ne parviennent � dissimuler.

Vous l?avez rappel�, Madame la Maire, selon les estimations, le co�t des d�g�ts caus�s par les casseurs avoisine, pour la seule ville de Paris, les 20 millions d?euros. Des dizaines de commerces ont �t� pill�s, certains d�truits. C'est le fruit du travail de nombreux commer�ants, l?outil de travail de nombreux employ�s qui ont �t� atteints. Je veux ici leur rapporter, pour mon groupe, tout mon soutien. Je sais que Paris s'engage � leurs c�t�s, notamment avec le travail d?Olivia POLSKI.

Durant les sc�nes d'�meutes dont chacun d?entre nous a pu voir les images, les forces de s�curit�, policiers, gendarmes, et, vous avez raison de l?avoir rappel� tout � l?heure, les pompiers ont accompli un travail difficile pour assurer le maintien de l'ordre n�cessaire � notre d�mocratie. Il faut, permettez-moi, Monsieur le Pr�fet, rendre � nouveau hommage, � travers vous, � ces femmes et � ces hommes. Comme il faut aussi rendre hommage aux agents de la propret� de la Ville de Paris, dont le savoir-faire et l'efficacit� pour rendre leur ville aux Parisiens forcent l'admiration. Nous en remercions Paul SIMONDON.

La violence est r�elle, elle est inadmissible. Nous l'avons tous dit ici, nous la condamnons fermement. Pourtant, de nombreuses questions se posent, � commencer par la gestion de la crise par les autorit�s. Il serait en effet r�ducteur et incomplet de ramener l'enti�re responsabilit� de la situation � la seule pr�sence de "Black blocs", fussent-ils ultraviolents.

La vaine tentative de stigmatiser la cha�ne de commandement de la Pr�fecture de police masque, me semble-t-il, maladroitement une r�elle faute politique.

Il y a d'abord eu ce flottement, �trange, incompr�hensible, au sein m�me du Gouvernement, auquel nous avons assist� le 16 mars. Ce jour-l�, 5.000 policiers et gendarmes avaient �t� mobilis�s par le minist�re de l'Int�rieur, soit pr�s de 3.000 fonctionnaires de moins que le 8 d�cembre. Pourtant, alors que les renseignements avaient alert� qu'un pic de violence �tait attendu, le dispositif �tait donc clairement sous-dimensionn�.

Il est vrai que les Fran�ais payent encore la r�duction, par la droite, de 13.000 fonctionnaires entre 2007 et 2012, que les d�cisions de Fran�ois HOLLANDE et de ses gouvernements n'ont pas suffi � compenser, malgr� la cr�ation de plus de 9.000 postes de policiers.

Le 16 mars, dans l?apr�s-midi, le Premier Ministre et le ministre de l'Int�rieur se sont eux-m�mes rendus sur les Champs-Elys�es. Ils n'ont, semble-t-il, pas relev� de dysfonctionnements. Au moment o� des forces de s�curit� faisaient face aux pires difficult�s depuis le 8 d�cembre, le Pr�sident de la R�publique n?�tait pas aux c�t�s de ses forces, il ne pilotait pas la cellule de crise, il �tait � la Mongie. Ce n'est que, dans la soir�e qu'il a finalement pris la t�te de la cellule de crise minist�rielle.

Face � ce flottement troublant, le Gouvernement a choisi l'option du tout s�curitaire. C'est d'abord avec la loi dite anticasseurs qui supprime, je le souligne, le droit au recours effectif devant le juge apr�s une interdiction administrative de manifester, et qui fait d'ailleurs, � cet �gard, l'objet de plusieurs recours devant le Conseil Constitutionnel, notamment par le Pr�sident de la R�publique.

C'est ensuite la R�publique des fusibles, que le Pr�sident de la R�publique pr�tendait condamner, avec le limogeage du Pr�fet DELPUECH, de son directeur de cabinet et du directeur de la S�curit� publique, � qui l'on reproche le non-respect d'instructions minist�rielles sans que l'on n'en ait su plus de pr�cisions.

C'est enfin le recours aux soldats de la force Sentinelle. Il est encore ici questions de flottement. En effet, il a fallu des jours entiers pour savoir avec clart� � quelles missions, pourtant annonc�es par le Gouvernement, allaient �tre affect�s nos soldats, apr�s que le Gouverneur militaire de Paris ait �mu concernant leurs moyens d'action pouvant aller jusqu'� l'ouverture du feu, et avant que les ministres, appel�s en renfort dans toutes les matinales des m�dias, ne viennent circonstancier ses propos.

Je le dis devant vous, le maintien de l'ordre r�publicain indispensable ne peut pas, ne doit pas faire l'objet de tels �garements.

Monsieur le Pr�fet, vous avez parl� tout � l'heure de votre r�putation et de votre souhait de clart�, donc je souhaite aborder avec vous deux questions.

Tout d?abord, le probl�me pr�occupant, qui dans le cadre de l'�quipement des forces de s�curit�, am�ne � l'usage syst�matique des lanceurs de balles de d�fense dits LBD, et qui sont semble-t-il interrog�s avec raison.

Cela a �t� rappel� tout � l?heure, le Haut-Commissariat aux droits de l?Homme de l'ONU, le Conseil de l'Europe, la Ligue des droits de l'Homme, la C.N.C.D.H., le d�fenseur des droits notamment ont d�nonc� l'usage de la violence et leurs cons�quences au cours des manifestations.

Je rappelle ici que l'IGPN aurait �t� saisie de plus de 170 cas de violence pr�sum�e depuis le 17 novembre, dont la moiti� impliquerait l'usage de LBD, que nous attendons toujours les conclusions de ces enqu�tes avec grand int�r�t, et dont il faut souligner que seulement 4 concerneraient la gendarmerie.

Madame la Maire, vous l'avez rappel�, un tel niveau de violences est in�dit depuis 1968. Ce recours syst�matique � l'usage du LBD pose �galement, �videmment, la question du respect du cadre r�glementaire. En effet, au-del� de l?usage proportionn� de la force, certaines organisations syndicales ont indiqu� que les policiers et les gendarmes, nombreux � �tre �quip�s au LBD, n'ont pas tous suivi les entra�nements n�cessaires, indispensables pour l?usage de ce type d?armement.

Ce point, Monsieur le Pr�fet, suscite l'inqui�tude, vous l?avez entendu y compris dans ces rangs, mais aussi de nombre de nos concitoyens � qui des garanties doivent �tre apport�es. Je sais pouvoir compter sur votre grande vigilance quant au strict respect du principe d'usage proportionn� de la force. Pouvez-vous �galement nous �clairer concernant un deuxi�me point, il s'agit des missions de la nouvelle brigade de r�pression des actions violentes motoris�e, qui semble faire revivre les brigades des voltigeurs supprim�es par Charles Pasqua apr�s leur mise en cause dans la mort de Malik Oussekine en 1986. Nous savons, Monsieur le Pr�fet, que vous vous emploierez � appliquer scrupuleusement la doctrine du minist�re de l?Int�rieur, et pour cela nous vous accordons notre confiance a priori car nous ne doutons pas que vous �tes un grand serviteur de l?�tat. Cependant, si la sortie de crise est aujourd'hui imp�rative, nous savons bien qu?elle ne d�pend pas de vous. La responsabilit� incombe � la capacit� de l'ex�cutif qui jusqu'� pr�sent aborde la question sous l'angle du maintien de l'ordre comme d'ailleurs certains groupes ici, et dont on doute de la capacit� � se rappeler que l'issue ne peut �tre que politique tant la crise s'est install�e dans la dur�e. Le Gouvernement doit d�sormais sortir de la spirale univoque du tout s�curitaire pour r�unir les conditions de cette issue politique, or la premi�re de ces conditions, c'est l'apaisement. La seconde r�side dans la r�ponse concr�te aux attentes qui restent l�gitimes bien qu?elles soient pass�es au second plan derri�re l'importance des violences. La Ville de Paris et, je le pense, l'ensemble des membres de ce Conseil, attach�s au respect de l'�tat de droit, seront aux c�t�s du Gouvernement d�s lors qu'il s'agira de sortir de cette crise par la d�lib�ration et le d�bat. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame de LA GONTRIE.

La parole est � M. Pascal JULIEN, pour le groupe Ecologiste de Paris.

M. Pascal JULIEN. - Monsieur le Pr�fet, selon le journaliste David DUFRESNE, les 20�manifestations des "Gilets jaunes" ont occasionn� pr�s de 600 signalements aupr�s de l'IGPN. Presque tous se rapportent � un usage manifestement disproportionn� de la force polici�re et pour cela nomm�e violence polici�re, pour la distinguer de la violence l�gitime. 235 blessures � la t�te constat�es, 23 personnes �borgn�es, 5 mains arrach�es, etc.

Grand prix du jury des Assises du journalisme, David DUFRESNE rapporte des faits film�s non par vos cam�ras de vid�osurveillance, mais par des citoyennes et citoyens. Son travail n'a jamais �t� d�menti par le ministre de l'Int�rieur.

Monsieur le Pr�fet, d�noncerez-vous les actes de violence polici�re avec le m�me empressement que vous d�noncerez ceux des casseurs�?

Attendrez-vous que les manifestants poursuivis aient �t� jug�s pour les condamner ou bien, comme vos pr�d�cesseurs, ferez-vous l'inverse, les privant ainsi de la pr�somption d'innocence�?

L'usage disproportionn� de la force polici�re et le recours inappropri� aux lanceurs de balles de d�fense et grenades GLI-F4 sont d�plor�s par successivement une r�solution du Parlement europ�en, un m�morandum du Conseil de l'Europe, un rapport du d�fenseur des droits, et enfin, par la haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU.

Toutes ces institutions condamnent tr�s fermement, comme nous-m�mes, l'action des casseurs auxquels se joignent certains manifestants dont la col�re ne trouve plus comme unique d�bouch� politique que la violence.

Toutes constatent, au nombre et � la gravit� des blessures, que les m�thodes employ�es lors des op�rations de maintien de l'ordre sont incompatibles avec le respect des droits, m�me un collectif d'ophtalmologistes s?en est �mu.

Alors, corrigerez-vous le tir�? Ou, si j'ose dire, plaiderez-vous fa�on MACRON, que face � des �meutiers tout est permis m�me l'arm�e, puisque nous avons entendu le gouverneur militaire de Paris affirmer que le cas �ch�ant, les soldats de l'op�ration Sentinelle mobilis�s ouvriraient le feu�?

Et que le 12 janvier, nous avons vu des CRS empoigner leur fusil HKG36 sur les avenues autour de l'Arc de Triomphe, et que des gaz incapacitants furent stock�s dans les cars de police, et que la cr�ation des d�tachements d'action rapide sont la m�tastase des pelotons voltigeurs motoport�s dissous, apr�s qu?ils eurent �t� impliqu�s dans la mort de Malik Oussekine en 1986.

Le 16 janvier, le directeur g�n�ral de la police nationale s'est tout de m�me senti oblig� de rappeler aux policiers quelques r�gles. Un tireur de LBD ne doit viser que le torse et les membres sup�rieurs ou inf�rieurs. Rappel vain, car comment convaincre des policiers de respecter les instructions quand le ministre de l'Int�rieur a lui-m�me le culot d'affirmer, le 20 f�vrier devant des enfants�: "on a eu une dizaine de tirs o� par accident, on a eu des tirs au visage".

En r�alit�, Monsieur le Pr�fet, ce qui est vis�, c'est le droit de manifester tout en affirmant, en m�me temps, le contraire.

D�s l'acte IX, votre ministre de tutelle affirmait que ceux qui viendront manifester seront complices des �ventuelles violences, d�courageant ainsi des manifestants pacifistes d'exercer leurs droits. Pacifistes innocents qui subissent eux-m�mes lacrymog�nes et coups de matraque.

Faisant fi des d�cisions de classement sans suite ou de simples rappels � la loi, une directive du procureur de la R�publique aux magistrats du parquet de Paris vise � ne lever les gardes � vue que le dimanche matin. Et enfin, l'interdiction administrative de manifester rendue d�sormais possible par la loi nous plonge dans un cycle sombre.

Comme votre pr�d�cesseur, renverrez-vous � l'IGPN � chaque bavure polici�re �voqu�e�? Le jugement d'un manifestant en comparution imm�diate survient quelques jours apr�s les faits, alors qu?une proc�dure engag�e aupr�s de l?IGPN contre un policier peut prendre des ann�es. Il a fallu 7�ans pour que l'�tat soit condamn� � 50.000 euros d'amende parce qu?un policier, pendant une op�ration de maintien de l'ordre pendant un match de foot, avait �borgn� un supporter par un tir de Flash-ball.

Qui conna�t ici les statistiques relatives aux poursuites dont les policiers furent l'objet pour usage disproportionn� de leur force l�gitime�?

Qui saurait nous dire � ce sujet le nombre et la nature des sanctions prononc�es par la justice et l'administration�? Je crains que la lecture du prochain rapport de l'IGPN nous laisse sur notre faim autant que les pr�c�dents.

Monsieur le Pr�fet, sachez que nier les faits de violence polici�re ou en amoindrir la r�alit� a pour cons�quence d'augmenter la haine du flic aupr�s d'une partie de la population, notamment la jeunesse.

Etes-vous d'accord que la d�fense inconditionnelle, voire corporatiste de la police par les autorit�s, est contre-productive�?

Inscrirez-vous votre action dans les pas de ceux de Maurice Grimaud�? Nous avons besoin de police nationale, celle du quotidien comme celle du maintien de l'ordre. Les Ecologistes aiment tellement la police nationale, qu'ils sont oppos�s � la transformation de la DPSP en police municipale, car elle viendrait t�t ou tard empi�ter sur vos missions de police, Monsieur le Pr�fet. Les Ecologistes veulent aussi une police du maintien de l'ordre qui ne soit pas une machine de r�pression entre les mains d?un pouvoir incapable d'apporter une r�ponse autre que polici�re � l?immense malaise, voire au d�sespoir manifest� par les Gilets jaunes. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.

Madame PAWLIK, vous avez la parole, pour le groupe PPCI.

Mme D�borah PAWLIK. - Merci, Madame la Maire.

Monsieur le Pr�fet de police, chers coll�gues, en pr�ambule, bien s�r permettez-moi au nom du groupe PPCI et de mes coll�gues de vous souhaiter la bienvenue, Monsieur le Pr�fet de police, nous sommes bien s�r heureux de vous compter parmi les forces vives d�sormais de cette ville et de vous accueillir aujourd'hui au sein de cet h�micycle.

Nous vous souhaitons donc la bienvenue, mais aussi bon courage, car vous prenez votre fonction sur un territoire � un moment o� les enjeux en mati�re de s�curit� sont majeurs.

La s�curit� � Paris a toujours �t� une question centrale, c'est vrai, mais elle est d�sormais aujourd'hui devenue une question vitale.

En raison de l'actualit� bien s�r, car Paris est une ville qui, chaque samedi depuis 20�semaines, est traumatis�e, malmen�e, violent�e par des manifestations sans fin qui obligent les Parisiennes et Parisiens � adapter leurs habitudes, mais surtout par des mouvements dont les d�bordements sont maintenant devenus courants puisqu'au rang des manifestants se sont ajout�es, �videmment, des hordes de casseurs, des voyous qui ne sont l� que pour d�molir les biens communs et s?attaquer � la R�publique et � ses symboles. Ici en ravageant l'Arc de Triomphe, l� en for�ant la porte d'un Minist�re.

Ces casseurs sont pour beaucoup bien connus, membres des mouvements de l'ultragauche ou de l?ultradroite, habituels et rod�s. Mais ils ont pu �tre aussi, il ne faut pas se mentir, des manifestants d�sinhib�s par la violence, emport�s par des ph�nom�nes de foule.

Ces casseurs, que nous dirons habituels ou occasionnels, ont en tout cas un point commun�: ils ont tir� pr�texte du mouvement des "Gilets jaunes" pour attiser la haine, voler, d�grader et attaquer les forces de l'ordre. Tous ont aussi ab�m� notre �conomie et ses acteurs et tous ont terni l'image de notre pays et, a fortiori, celle de notre ville.

Et pourtant, au d�but du mouvement, on ne vous a pas beaucoup entendu condamner les violences, Madame la Maire, ni faire appel � un esprit de responsabilit�. Nous nous souvenons tous de votre invitation ubuesque � profiter des illuminations des Champs-Elys�es alors que ceux-ci �taient en proie � une gu�rilla urbaine.

Finalement, apr�s des semaines de silence, votre premi�re prise de position aura �t� celle d'une v�ritable pompi�re pyromane. Et que dire du v?u que vous avez fait adopter en Conseil de Paris, condamnant l'usage des LBD�? Un v?u bancal, fourre-tout, qui ne r�pond � rien et banalise tout. Un v?u dangereux aussi qui place au m�me niveau casseurs et forces de l'ordre et, en la mati�re nous soutiendrons pleinement la demande de notre coll�gue M. BARGETON, demandant que ce v?u soit retir�.

Je r�ve aussi que dans cet h�micycle, dans votre majorit�, Madame la Maire, certains cessent de se tromper de camp. Monsieur CHERKI, Monsieur JULIEN, vous n'avez pas que votre pr�nom en commun, vous avez aussi cette haine antiflics. Cessez, � longueur de journ�e sur les plateaux t�l�, de mettre en cause l'int�grit� de ceux qui nous prot�gent, car les voyous, ce ne sont pas les flics, ce sont ceux qui, chaque samedi, ne sont l� justement que pour casser du flic.

Non, on ne vient pas arm� de boules de p�tanque, de haches, de barres � mine pour manifester pacifiquement. On ne vient pas non plus masqu� et on n?incendie pas les restaurants et les bars. On ne met pas non plus en danger la vie des autres quand on d�file.

Nous avons tous en t�te l'image de cette femme, un b�b� dans les bras, appelant d�sesp�r�ment � l?aide dans son immeuble en proie aux flammes. Car qui sont ces gens capables de telles monstruosit�s aujourd'hui � Paris, de mettre le feu � un immeuble occup�?

En un mot, manifester pour une vie meilleure, ce n?est �videmment pas ruiner celle des autres, et pour nous la ligne de d�marcation est tr�s claire et se situe l�.

En premi�re ligne, justement, les forces de l'ordre le sont Monsieur le Pr�fet de police, chaque samedi, pour d�fendre Parisiens et touristes. Faisant fi de la fatigue, des provocations, de la lassitude, ils sont l�, impassibles. Ils sont d�j� plus de 1.000 depuis le d�but du mouvement � avoir �t� bless�s. Alors, soyons fiers de leur professionnalisme et de leur sang-froid et rendons-leur �videmment hommage aujourd'hui.

Monsieur le Pr�fet, bien s�r, il va falloir faire preuve de fermet�, mais je pense qu?avec vous nous n'allons pas en manquer et, vu les circonstances, prenez cette remarque dans ma bouche pour ce qu'elle est, � savoir un compliment. Car les sc�nes de chaos, ce Paris sens dessus dessous qui chaque samedi nous am�ne � retenir notre respiration, c?en est �videmment trop.

Les Parisiennes et les Parisiens en ont tout simplement ras le bol de vivre dans une ville assi�g�e. Dans certains quartiers, � Etoile, � R�publique, ils sont assign�s � r�sidence, leur vie est mise entre parenth�ses chaque samedi.

La col�re doit �tre entendue, c'est vrai, et le gouvernement a pris ses pleines responsabilit�s en la mati�re, en annon�ant des mesures �conomiques d�s le mois de novembre et en mettant en place les conditions de l'�coute et du dialogue avec le grand d�bat national.

Mais il faut d�sormais �tre intraitable avec ceux qui n'ont pour revendication sociale que la haine et pour projet de renverser les institutions. Ceux qui, dans des s�quences film�es o� ils se prennent pour des h�ros de jeux vid�o, menacent directement les habitants du 16e arrondissement, leurs enfants, les invitant � d�m�nager parce qu'ils seraient riches. Ceux qui terrorisent, ceux qui tyrannisent doivent �tre inqui�t�s et nous comptons sur vous et sur la justice pour ne rien laisser passer.

Vous avez rappel� �galement, Monsieur le Pr�fet de police, votre attachement � la cha�ne de commandement et � son respect, j'en suis heureuse car ce sont �videmment des questions importantes et nous vous faisons pleine confiance en la mati�re. J'ai termin�, Madame la Maire. Dans les semaines ou plut�t les week-ends qui viennent, la t�che est immense?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Je vous remercie.

Je vais donner maintenant la parole � M. BOULARD, pour le groupe les R�publicains et Ind�pendants, Monsieur le Maire du 17e, et Jeanne d'HAUTESERRE aura appr�ci� le compliment, comme moi, sur les inaugurations des illuminations aux Champs-Elys�es.

N'est-ce pas Jeanne�? Merci.

M. Geoffroy BOULARD, maire du 17e arrondissement. - Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet de police, mes chers coll�gues, permettez-moi tout d'abord, Monsieur le Pr�fet, de vous souhaiter la bienvenue dans cet h�micycle. Avant toute chose, je souhaiterais rendre un hommage appuy� aux forces de l'ordre, aux pompiers, mobilis�s chaque week-end depuis le d�but de ce mouvement des "Gilets jaunes". Malgr� l'�puisement physique, moral, ils sont rest�s debout face � des individus enrag�s, pr�ts � tout pour casser du flic.

Il faut �galement saluer l'efficacit�, la r�activit� des agents de la Ville qui ont su remettre en �tat, dans des d�lais tr�s courts, des rues ravag�es apr�s le passage des casseurs. Ces extr�mistes, ces radicaux dont la pr�sence est d�sormais attendue, sans pour autant que tout soit mis en ?uvre pour les emp�cher d'agir, c'est d'ailleurs ce qui nous am�ne � tenir ce d�bat apr�s 20 semaines de manifestations et presque autant de week-ends de d�solation dans nos quartiers.

Ce d�bat, nous l'avons r�clam�, et il n'est pas ici question de pointer du doigt des responsabilit�s personnelles, nous devons collectivement comprendre comment Paris a pu subir un tel d�ferlement de violences. Comment, en 2019, des sc�nes de gu�rillas urbaines peuvent encore avoir lieu dans nos arrondissements, car ces pillages, ces saccages organis�s auxquels nous avons pu assister ont profond�ment marqu� et choqu� les Parisiens.

Plus jamais, plus jamais ces ennemis de la R�publique ne doivent �tre en mesure de se livrer � de tels actes de violences gratuites. Certes, ces individus, ces extr�mistes sont d�termin�s � semer le chaos dans nos rues, mais cela ne doit pas nous emp�cher, vous emp�cher, Madame la Maire et Monsieur le Pr�fet de police, de tirer les enseignements des dysfonctionnements qui ont �t� relev�s dans le maintien de l'ordre ces derni�res semaines.

Pr�sent sur le terrain comme chaque samedi, comme de nombreux maires d?arrondissement, j'ai �t� le t�moin d'un manque de coordination entre la Ville et la Pr�fecture.

Lorsque j'ai demand� � la Ville de retirer en urgence du mobilier urbain avenue de la Grande Arm�e le 16 mars dernier, il m'a �t� r�pondu�: "Nous attendons l'ordre de la Pr�fecture".

Malgr� les p�rim�tres de r�quisition, non communiqu�s aux maires d'arrondissement, nombre d'�quipements pr�sents sur la voie publique et pouvant facilement servir de projectiles n'avaient pas �t� retir�s par la Ville.

L'anticipation, c'est ce qui a fait d�faut ces derni�res semaines, alors que la pr�sence des casseurs �tait syst�matiquement attendue.

La Ville de Paris a sa cellule de crise. La Pr�fecture a la sienne et va la fusionner avec celle du minist�re de l'Int�rieur. Ce cloisonnement n'a pas permis une coordination optimale des services de la Ville et de la Pr�fecture malgr� les r�unions organis�es chaque semaine en amont des manifestations, r�unissant les maires d'arrondissement, la Pr�fecture, les parlementaires et la Ville de Paris.

Avec mes coll�gues, Fr�d�ric P�CHENARD, notre pr�sidente de groupe, Florence BERTHOUT, Jean-Pierre LECOQ, Philippe GOUJON, mes coll�gues maires d'arrondissement, nous vous proposons donc d'�tudier la possibilit� de cr�er une cellule de crise unique, physique, permettant une coordination renforc�e en mati�re de maintien de l'ordre, en mati�re de troubles majeurs � l'ordre public.

Cette cellule de crise Ville-Pr�fecture n'aurait pas uniquement vocation � �tre activ�e dans le cadre des manifestations li�es au mouvement des "Gilets jaunes", mais doit permettre de r�fl�chir plus largement aux actions qui peuvent �tre men�es pour r�duire au maximum le risque en amont, pendant et apr�s la manifestation. Sun Tzu nous disait�: "en r�gle g�n�rale, on use des moyens r�guliers en amont de l'engagement, on recourt aux moyens extraordinaires pour emporter la victoire". Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci.

Madame CORDEBARD, maire du 10e, pour le groupe Socialiste et Apparent�s, vous avez la parole, pour 3,5 minutes.

Mme Alexandra CORDEBARD, maire du 10e arrondissement. - Merci, Madame la Maire.

Monsieur le Pr�fet de police, mes chers coll�gues, je tiens tout d'abord � saluer cette initiative qui, comme tous mes coll�gues, me donne l'occasion de saluer et de rendre hommage aux tr�s nombreux fonctionnaires, que ce soit au sein des forces de l'ordre, au sein de la Ville de Paris, qui semaine apr�s semaine sont pr�sents chaque samedi, chaque week-end pour pr�server notre ville ainsi que nos institutions d�mocratiques et r�publicaines.

Le grand d�bat voulu par le Pr�sident de la R�publique n'a pas permis que notre pays retrouve sa s�r�nit�, il reste h�las un long chemin avant que les esprits ne s'apaisent, les mobilisations ne se transforment en d�bouch�s politiques.

Nous sommes confront�s � des expressions de violence, des destructions sans pr�c�dent, qui paralysent notre ville, la d�gradent, entra�nent chaque semaine des heures et des heures de r�paration, de nettoyage. Tout ne peut d'ailleurs pas �tre r�par�. Les manifestants, les forces de l'ordre qui ont �t� gravement bless�es, les commer�ants qui ne peuvent plus travailler devront longtemps supporter les cons�quences de ces samedis de grands d�sordres. Ces regains de mobilisation, ces nouvelles violences dont Paris est la victime, ce n'est naturellement pas � la Pr�fecture de police, aux policiers d'y r�pondre seuls, nous attendons une r�ponse politique et sociale, Madame Maire vous l'avez rappel� avec force. Dans ces circonstances, dans ce contexte exceptionnel, je voudrais pourtant t�moigner de l'important et n�cessaire travail partenarial qui a �t� mis en place avec la Pr�fecture, entre la Pr�fecture, la Ville et les mairies d'arrondissement depuis le mois de novembre. Je veux vous remercier, Monsieur le Pr�fet, d'avoir maintenu ces �changes pr�cieux au moment de votre prise de fonction, car si certains arrondissements sont aujourd'hui plus touch�s que le 10e par des actions violentes en marge des manifestations, ce travail partenarial renouvel�, in�dit dans un tel contexte, permet aux �lus d'aller r�guli�rement devant les habitants, les commer�ants tr�s durement �prouv�s par la crise pour leur communiquer des informations fiables, utiles, pour les accompagner lorsque cela est n�cessaire dans leurs d�marches. Il permet �galement aux services municipaux de pr�parer au mieux l'espace public lorsqu'un cort�ge est annonc�, et aux services de propret� ou de voirie d'intervenir dans de bonnes conditions, l� o� malheureusement la casse n'aura pas pu �tre �vit�e. Car c'est pr�cis�ment sur la question de la r�activit� des services publics, sur ces sujets des manifestations comme sur tous les autres que les Parisiens nous attendent ensemble. Ils souhaitent en effet que nos institutions collaborent plus �troitement, au quotidien, pour r�pondre � leurs pr�occupations. Je pense, par exemple, � la lutte contre les incivilit�s, encore beaucoup trop nombreuses dans nos quartiers populaires du nord-est parisien. Je pense �galement � la lutte contre les ventes � la sauvette, et par exemple, aux comportements qui excluent les femmes de l'espace public. Il en va de m�me du renforcement de notre mobilisation n�cessaire contre les trafics, notamment de drogues, qui minent certains quartiers dans lesquels la mixit�, bien que fragile, continue pourtant � exister. Je parle enfin des comportements routiers dangereux, notamment des deux-roues motoris�s, qui emp�chent encore aujourd'hui les familles de se promener sereinement dans nos rues avec leurs enfants. Monsieur le Pr�fet, nous vous avons tous souhait� la bienvenue, la bienvenue ici dans cet h�micycle et � Paris, et ces chantiers sont, j'en suis s�r, des chantiers � venir. Vous pouvez compter sur ma mobilisation, ainsi que sur celle, je pense, des maires d'arrondissement et de mes coll�gues dans cet h�micycle.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame la Maire du 10e.

Je donne la parole � Mme GIAZZI, je rappelle qu'il reste deux orateurs pour le groupe les R�publicains et Ind�pendants, avec 8,45 minutes � vous r�partir.

Madame GIAZZI�?

Mme Dani�le GIAZZI, maire du 16e arrondissement. - Merci.

Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet de police, mes chers coll�gues.

Monsieur le Pr�fet de police, je ne pourrai pas �videmment commencer mon intervention sans avoir un mot de profonde reconnaissance, au nom des �lus du 16e, de mon arrondissement, et de tous nos administr�s pour nos forces de s�curit� et de secours, qui depuis plus de quatre mois, sont sollicit�es chaque week-end.

Nous avons tous vu les provocations et la violence auxquelles policiers, gendarmes et pompiers doivent faire face depuis fin novembre o� la seule motivation est de cogner du flic. Je veux donc les remercier pour leur courage et leur professionnalisme, notre confiance en eux et en vous est totale.

Ce mouvement des "Gilets jaunes", qui d�vie dans sa forme et sa dur�e, la r�currence des journ�es de mobilisation, a un impact durable dans certains quartiers, et l'activit� commerciale souffre de fa�on catastrophique. En effet, m�me lorsque les choses se passent globalement bien sur le plan de la s�curit�, comme ce fut le cas le week-end dernier, il n'en demeure pas moins que c'est un nouveau samedi en grande partie perdu pour nos commer�ants.

Je ne peux d'ailleurs que me f�liciter � ce titre du fonds d'aide r�gional mis en place par Val�rie P�CRESSE, la pr�sidente de la R�gion Ile-de-France, mais je regrette que la Mairie de Paris n'ait pas su mettre en place d'autres outils compl�mentaires dont nos commer�ants auraient tant besoin.

Face � cette situation exceptionnelle, nous ne pouvions plus, nous �lus de la capitale, �tre tenus totalement � l'�cart des mesures de maintien de l'ordre. Les dispositifs arr�t�s par la Pr�fecture de police peuvent par eux-m�mes �tre lourds de cons�quences dans le p�rim�tre en cause, mais aussi � ses abords. Ils doivent donc pouvoir �tre discut�s bien en amont.

Un premier pas a �t� fait en ce sens par votre pr�d�cesseur, Monsieur le Pr�fet de police, au lendemain des graves d�bordements du 1er d�cembre, o� il est apparu que les craintes que nous avions fait remonter n'avaient pas ou peu �t� prises en compte alors qu?elles se sont av�r�es fond�es et les d�gradations �vitables au moins pour partie.

Depuis, chaque semaine, un point nous est fait avant le week-end et nous sommes tenus inform�s de l'�volution de la situation pendant la journ�e du samedi. Si nous ne pouvons que nous f�liciter de ce premier pas, il nous semble toutefois insuffisant, car cette r�union ne nous apporte au final qu'une information limit�e et nous laisse souvent avec plus de questions que de r�ponses � apporter aux riverains et aux commer�ants.

Surtout, nous n'avons pas le sentiment d'�tre v�ritablement associ�s � l'organisation du dispositif, ni m�me d'�tre suffisamment entendus dans nos demandes et pr�conisations, et je m'associe donc �videmment � la demande de mon groupe retransmise par Geoffroy BOULARD.

Ainsi, nous demandions d�s le 1er d�cembre que soient prises des interdictions de manifester, on nous expliquait alors que ce n'�tait pas possible, que l'�tat n'aurait pas les moyens de faire respecter de telles mesures. Or, nous avons vu depuis deux semaines que c'est en fait possible, que les forces de police font respecter des zones d'interdiction et que les secteurs concern�s ont �t� �pargn�s. Mais nous, maires d'arrondissement, ne sommes certes pas des experts en mati�re de maintien de l'ordre, je m?en garderais bien, Monsieur le Pr�fet de police. N�anmoins, nous connaissons parfaitement nos arrondissements, nous sommes les premiers interlocuteurs des commer�ants et habitants qui attendent de nous des informations pr�cises et des directives claires, que nous ne sommes malheureusement pas toujours en mesure de leur donner. Mon arrondissement a �t� durement touch� et ce, � plusieurs reprises. Ce week-end encore c'est au Trocad�ro que deux cort�ges avaient choisi de se disperser. La situation a �t� ma�tris�e et je vous en remercie. Mais on sait cependant que les choses peuvent vite d�g�n�rer. Je m'interroge, � d�faut d'interdire une manifestation, la Pr�fecture de police n'a-t-elle pas la capacit� de persuader ou de contraindre les organisateurs de choisir d'autres itin�raires ou d?autres lieux lorsque ceux-ci ont �t� impact�s�? C'�tait le sens de la demande que je vous ai faite et � laquelle je n?ai pas eu directement de r�ponse de votre part. Nos pr�occupations concernent �galement toutes les voies de fuite, les abords des Champs-�lys�es, secteurs prot�g�s ou interdits qui ont parfois apparu �tre abandonn�s aux casseurs. La zone tampon de 100 m�tres autour de ce p�rim�tre ne nous semble pas suffisamment large. J'en terminerai l�, Monsieur le Pr�fet, total soutien et confiance � vos forces de l'ordre et merci beaucoup de plus nous �couter et plus nous associer.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame GIAZZI, Madame la Maire du 16e.

Monsieur le Maire du 15e arrondissement, Philippe GOUJON, vous avez la parole, pour le groupe les R�publicains et Ind�pendants.

M. Philippe GOUJON, maire du 15e arrondissement. - Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet, mes chers coll�gues, dans ce d�bat que je conclus, finalement chacun a �t� dans son r�le, rassurez-vous je ne d�rogerai pas � cette pratique, et apr�s vous avoir souhait� la bienvenue et form� des v?ux pour votre r�ussite de surcro�t, mes premiers mots seront pour rendre hommage aux forces de l'ordre qui, semaine apr�s semaine, depuis plus de quatre mois, sont engag�es sous les attaques et les injures pour prot�ger les personnes et les biens mis � mal dans des manifestations souvent d'une violence extr�me. Et bien s�r, hommage aux agents de la Ville pour leur mobilisation.

Certes, on ne r�glera pas cette crise sans pr�c�dent par des mesures de police, mais seulement par une r�ponse politique.

N�anmoins, si Paris conna�t de fa�on r�currente exactions et d�gradations, il serait injuste d'en imputer l'enti�re responsabilit� � la Pr�fecture de police, afin d'exon�rer finalement le pouvoir de ses responsabilit�s dans ce que l'on pourrait appeler une gestion chaotique du maintien de l'ordre.

La purge d'une ampleur in�dite qui a affect� la Pr�fecture ne suffit pas � masquer les atermoiements d'un ministre de l'Int�rieur sur la d�fensive, rarement en initiative.

Les policiers eux-m�mes d?ailleurs n'en peuvent plus de ces changements de doctrine incessants, car ils sont condamn�s � subir un d�ferlement de violences jusqu'� vouloir les tuer, soit ils doivent se justifier en permanence sur l'emploi de leurs moyens de d�fense jusque devant l'IGPN.

Ayant pass� pr�s de 20 ans au sein m�me de la Pr�fecture de police, je ne peux imaginer de surcro�t que ses chefs n'aient pas r�f�r� au Minist�re de l'Int�rieur de leurs moindres d�cisions, encore moins qu?ils aient refus� d?appliquer les instructions minist�rielles. Encore faut-il que le Ministre n'interf�re pas dans la man?uvre � contretemps�!

Ainsi, apr�s plusieurs samedis de maintien � distance des manifestants, avec force grenadage, la DSPAP a eu raison de mettre en ?uvre les DAR, ces unit�s qui vont au contact des casseurs, mais ce qui a finalement effray� le pouvoir, d?o� leur subite mise en retrait.

Vu la pol�mique autour des LBD 40, peut-on reprocher au directeur de la DSPAP, un des meilleurs professionnels de la Pr�fecture de police, de juste rappeler la note de la DGPN restreignant son utilisation�?

Nouveau revirement donc apr�s les saccages des Champs-Elys�es, avec les interdictions de manifestation que nous r�clamions depuis des mois et un commandement plus proche du terrain, strat�gie efficace au moins lors des deux derniers samedis, sous votre autorit�, Monsieur le Pr�fet de police, et je vous en f�licite.

Mais durant toute cette p�riode, il a manqu� un cap clair. A l'image des p�r�grinations de la loi anticasseurs, le "en m�me temps" montre vite ses limites en mati�re r�galienne.

Dans un rapport parlementaire dont je fus le coauteur sur le maintien de l'ordre, datant de 2015, nous pr�conisions d�j� une peine compl�mentaire d?interdiction de manifester assortie d?une obligation de pointage au commissariat, une interdiction administrative individuelle, un r�gime de flagrance du trouble � l'ordre public pour faciliter les poursuites judiciaires, une pr�somption d?organisation de manifestations et une responsabilit� civile solidaire pour leurs organisateurs, une sanction effective des manifestations non d�clar�es, l'introduction de la notion de subversion violente dans notre droit pour utiliser les moyens sp�ciaux du renseignement, l?interception des SMS pour incriminer les casseurs, proposition de Bernard CAZENEUVE d?ailleurs, un renforcement des contr�les d'identit� et des effets personnels des passants dans des p�rim�tres de contr�le, etc. Que de temps perdu depuis 2015, pour un rapport adopt� pourtant � l'unanimit�.

Application stricte du Code p�nal, interdiction des manifestations en cas de menace � l?ordre public, assignation � r�sidence des casseurs connus, dissolution des groupes de "Black bloc", peines plancher contre les agresseurs de policiers, interpellation syst�matique des individus fich�s au fichier de pr�vention des atteintes � la s�curit� publique, cr�ation d'un fichier de personnes interdites de manifestations, sanction de la dissimulation du visage, action r�cursoire contre les auteurs de dommages, en attendant compl�teront les mesures de nature � restaurer l'ordre r�publicain et � sortir de l?impuissance face � quelques centaines de casseurs.

Enfin, si une r�forme de la Pr�fecture de police est n�cessaire, et je suis le premier � la r�clamer, je la demande depuis longtemps d?ailleurs, la critique de sa pratique du maintien de l'ordre ne saurait servir de pr�texte � son d�mant�lement. Non seulement il ne faut pas la supprimer, mais c?est toute la police nationale dans notre pays qui devrait calquer son organisation sur elle�!

"La Pr�fecture de police, ce sont toutes les facettes de notre s�curit� qui se compl�tent et se r�pondent", a d�clar� le Ministre de l'Int�rieur lors de votre installation dans la cour du 19 ao�t.

Alors n?y touchons qu?avec une main tremblante, Monsieur le Pr�fet de police�! Le Ministre de l'Int�rieur vous a assign� une obligation de r�sultat. � cette fin, vous installant � cette tribune, vous avez bien s�r d'embl�e notre confiance et vous pourrez compter sur nous dans votre mission de r�tablissement de l'ordre public et de s�curisation des Parisiens.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur GOUJON.

Mes chers coll�gues, l'ensemble des orateurs et oratrices ont pu prendre la parole. Je vous en remercie.

Je donne la parole tout de suite � M. le Pr�fet de police pour r�pondre, puis � Colombe BROSSEL.

M. LE PR�FET DE POLICE. - Merci, Madame la Maire, merci, Mesdames et Messieurs, de vos mots de bienvenue, aussi surtout pour vos mots de soutien aux policiers, gendarmes et pompiers qui font au quotidien la s�curit� de cette agglom�ration.

Vous avez pos� un certain nombre de questions qui tournent pour l'essentiel, c'est bien naturel, autour du maintien de l'ordre. Je crois qu'il est important, cela a �t� esquiss� dans de nombreuses interventions, de faire le bilan du changement de contexte dans lequel nous sommes, en mati�re de s�curit�, pas seulement de maintien de l'ordre.

Ce n'est pas � vous que je vais apprendre que le risque terroriste est toujours pr�sent. Il fait partie de nos pr�occupations constantes. C'est une de nos priorit�s. Je ne voudrais pas que la probl�matique du maintien de l'ordre efface les efforts que nous faisons en la mati�re, efforts que nous devons � tous nos concitoyens, car plus que jamais la vigilance doit �tre au c?ur de notre action.

Je le dis, parce que la lutte contre le terrorisme mobilise une grande partie des policiers et des militaires de Sentinelle, dont c'est le m�tier principal de nous aider en la mati�re. N'oublions pas non plus la d�linquance, car la police est faite aussi pour lutter contre la d�linquance. Ce sont aussi des efforts quotidiens que nous devons faire, nous assistons dans un certain nombre d'endroits, dans la zone Pr�fecture de police, je vais la qualifier de cette nature, � la mont�e des violences aux personnes, � l'augmentation parfois des cambriolages. Il faut ne pas non plus baisser la garde sur cet aspect des choses.

Je ne vous le dis pas pour vous en convaincre, car je sais que vous en �tes convaincus, mais pour que la subite actualit� sur le maintien de l'ordre ne masque pas ce que sont ces priorit�s que nous devons � nos concitoyens, sur lesquelles aussi il faut avoir des r�sultats. Si je me fixe aussi des obligations de la nature de celles que m'a fix�es le gouvernement, c'est �galement sur ces aspects.

Sur les aspects d'ordre public, je le disais � l'instant, nous avons chang� de contexte, c'est-�-dire que je suis comme un certain nombre d'intervenants, je regrette le temps des manifestations structur�es, avec des services d'ordre cons�quents qui se mouvaient sur des parcours bien connus d?un certain nombre d'entre vous, qui faisaient qu'il y avait une certaine pr�visibilit�, qui faisaient aussi que l'articulation police-services d'ordre se faisait parfaitement. Il y avait une collaboration, au bon sens du terme, entre les uns et les autres, qui faisait que progressivement, pouvaient �tre exclus les vrais risques de casse et de destruction.

Depuis quelques ann�es, nous assistons � un changement assez profond. Les manifestations contre la loi El Khomri ont �t� rappel�es tout � l'heure, avec les difficult�s qu'elles ont montr�es par la pr�sence des "Black Blocs" et ce changement de nature.

La difficult� suppl�mentaire � laquelle nous sommes confront�s, � laquelle je suis confront�, est que nous sommes devant une contestation sur le fond duquel je ne me prononce pas, mais dont j'observe que la m�thode est avant tout une m�thode sans organisation, sans chef. Des influenceurs, et pas des responsables, sans v�ritablement souci d'organisation, voire sur une contestation permanente de toute organisation.

La contestation m�me du d�p�t de parcours, du d�p�t de manifestation, est quand m�me sur les r�seaux, qui sont totalement publics, comme vous pouvez l'observer, une constante de ce mouvement. Sa num�risation, en quelque sorte, dans l'expression de la contestation.

Ce qui fait, comme cela a �t� parfaitement dit par un certain nombre d'entre vous, ce n'est pas parce qu'on conna�t le d�but d'une manifestation que l'on en conna�t le point d'aboutissement. Ce n'est pas parce qu?un cheminement est envisag� qu'au dernier moment il ne changera pas, qu'il ne tournera pas dans telle ou telle rue, sans forc�ment d?ailleurs qu?il y ait une coh�rence particuli�re. Il y a beaucoup de hasard, de sentiment qu'il faut passer par l� plus que par tel endroit.

Ce type de mouvement est tout � fait propice � ce que se greffent dessus ceux qui sont devenus des professionnels de la casse, pour justement le modifier, lui faire r�pondre � ses objectifs, qui sont ceux de la subversion par la destruction. Je parle des professionnels de la casse, pas des manifestants.

Tout se m�le, et quand parfois on assiste � une l�gitimation de la violence par un certain nombre de manifestants, on voit que les ingr�dients sont particuli�rement d�vastateurs. Ce n?est pas � vous que je vais l'apprendre, vous l'avez v�cu.

Par rapport � cela, que vais-je faire�? Cela a �t� rappel� par un certain nombre d?entre vous�: je vais mettre en ?uvre les instructions du Gouvernement. Elles sont publiques. Le Premier Ministre a eu l'occasion de s'exprimer extr�mement clairement sur leur contenu le 18 mars. Si vous le voulez, je peux les rappeler pour vous en d�tailler un peu plus pr�cis�ment la mise en ?uvre.

D'abord, des p�rim�tres interdits aux manifestations. Vous comprendrez bien que le choix des Champs-Elys�es, de l'Arc de Triomphe, r�ponde � cette option.

J'entends les remarques qui m'ont �t� faites sur l'extension de ce type de p�rim�tre, pour l� aussi essayer de garder un �quilibre dans la logique d'interdiction, par rapport � l'�quilibre sur les libert�s publiques. Si tout �tait interdit, quelle possibilit� y aurait-il de manifester�?

Je comprends le souci de prot�ger tel ou tel endroit de Paris, mais en tout �tat de cause, le principe d'interdiction, au moins juridiquement, doit �tre une exception par rapport � une r�gle. C'est dans ce contexte juridique qu'il est appliqu�. Il l'est parce que les destructions ont �t� particuli�rement significatives, aussi parce que dans tout mouvement, il y a des lieux embl�matiques, et les Champs-Elys�es sont devenus le lieu embl�matique de ce mouvement.

Paris a connu d'autres lieux embl�matiques dans son histoire. Celui-ci en est devenu un. Je ne peux pas totalement vous l'expliquer, m�me si j'ai des id�es personnelles sur la nature du lieu embl�matique. En tout �tat de cause, je ne peux que constater cela, et c'est ce lieu embl�matique que nous prot�geons, que nous allons continuer � prot�ger.

Nous avons pour cela un nouveau dispositif, permis par une modification d'un article r�glementaire du Code p�nal, qui est la possibilit� d'une amende de 135 euros. Nous l'avons largement utilis�e, puisque nous avons ainsi fait une petite soixantaine de contraventions le week-end pr�c�dent celui-ci, et une grosse vingtaine, le pr�c�dent. Nous utilisons cette interdiction de manifester et son articulation avec la modification de cet article du Code p�nal.

Mais cela ne suffit pas, parce que, comment vous dire, en quelque sorte, le dispositif �tant connu, ceux qui veulent l?�prouver bien s�r sont un peu venus, mais en tout �tat de cause, ils se d�placent � d'autres endroits.

Je dois quand m�me me f�liciter et me r�jouir � vrai dire, du fait que depuis 15 jours, nous avons des Gilets jaunes qui d�posent des parcours. C'est un progr�s, je le prends comme tel.

Effectivement, ces parcours, parfois, cela a �t� dit par un certain nombre d'intervenants, convergent avec d'autres manifestations. C'est ce qui s'est pass� samedi dernier, le parcours "Gilet jaune" a converg� avec la manifestation DAL, converg� au sens propre d?ailleurs, avant de franchir la Seine, les deux cort�ges se sont r�unis et ont abouti au Trocad�ro.

Puis-je emp�cher des parcours d�clar�s de se produire, ou plus exactement la question n'�tait pas celle-l�: puis-je faire en sorte d'influencer ceux qui d�posent les parcours, de passer par tel ou tel endroit�?

Oui, nous avons une discussion en amont avec ceux qui entendent d�clarer les parcours, mais je ne vous cache pas que s'agissant par exemple du Trocad�ro, pour vous r�pondre Madame la Maire, il n'a pas �t� possible d'envisager un autre endroit que celui-l�, le d�clarant y tenant absolument. L�-dessus, je limite ma propre capacit� de pouvoir changer les choses.

En tout �tat de cause, nous essayons vraiment d'accompagner ces parcours d�clar�s et de faire en sorte que ceux qui ne le sont pas? Parce que samedi dernier, vous avez constat� comme moi que des parcours non d�clar�s se sont cr��s et ont essay� de rejoindre des endroits assez improbables pour moi � ce stade, mais qui peut-�tre voulaient converger avec les manifestations en cours. D'o� la n�cessit�, cela a �t� rappel� par le Premier ministre, cela a �t� rappel� par le ministre de l'Int�rieur, d'�tre extr�mement rapide et extr�mement mobile.

C'est en cela que le changement de DAR en BRAV n'est pas simplement un changement d'acronyme. C'est un changement assez complet de doctrine. Le reproche qui nous a �t� fait dans cette assembl�e, par un certain nombre d'entre vous, est justement que l'intervention des DAR dans ce sens que, corr�l�e � l'utilisation des LBD ou de certaines grenades, pouvait avoir provoqu� des blessures.

Il est av�r� qu'il y a eu des blessures. C'est pour cela que les BRAV sont avant tout constitu�es de structures habitu�es au maintien de l'ordre, ce que dans notre jargon Pr�fecture de police nous appelons des compagnies d'intervention, qu'elles rel�vent de la DOPC ou de la DESPA. C'est-�-dire que les BRAV sont en particulier structur�es au travers de trois sections, dont deux viennent de ces professionnels du maintien de l'ordre. Ce qui �tait les DAR pr�c�demment, grosso modo principalement constitu�es des BAC, n?est que la troisi�me section de ces nouveaux BRAV, et donc nous avons deux tiers des gens �prouv�s au maintien de l'ordre, et nous ajoutons ceux qui ont aussi l'exp�rience du maintien de l'ordre, mais qui sont plut�t sur des pratiques de BAC, qui sont les anciens DAR. C'est cela que sont les BRAV. Encore une fois, ce n?est pas simplement un changement d'acronyme, c'est un changement de conception, qui fait que d'abord, le groupe est plus pertinent, puisque 60 est plus efficace que 20. Sa composition est aussi plus professionnelle dans l'utilisation des diff�rents moyens de maintien de l'ordre. Pourquoi 60 c'est mieux que 20�? On a observ� qu'aujourd'hui, les manifestants n'h�sitaient pas � attaquer les petits groupes de policiers. Des groupes � 20 ne sont plus aujourd'hui des groupes "secure", y compris pour les fonctionnaires qui les composent. D'o� la n�cessit�, en articulant avec la n�cessaire mobilit�, d'augmenter le nombre de fonctionnaires pouvant r�pondre � la menace. Les BRAV, ce sont aussi des moyens plus ad�quats de se d�placer dans Paris. Cela me permet de r�pondre sur les aspects moto. Il ne s'agit pas de remettre en vogue les voltigeurs, parce que les motos pour les BRAV, quand elles les utilisent, ne sont qu'un vecteur, en aucune fa�on ne sont un moyen de maintien de l'ordre. Aucun fonctionnaire ne va agir sur la moto. Les fonctionnaires descendent de la moto, sont projet�s � l'endroit o� sont les destructions, et peuvent ainsi les faire cesser. Toutes choses �tant �gales par ailleurs, bien �videmment, c'est un moyen de transport comme un autre, comme les quatre-roues. Simplement, il s'av�re, vous le savez aussi bien que moi, que le samedi apr�s-midi, pour se d�placer d'un point � l'autre de Paris, il faille quelquefois faire comme les Parisiens, et emprunter des deux-roues. Cela ne me para�t pas particuli�rement choquant. C'est ce que font un grand nombre de nos concitoyens.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Monsieur le Pr�fet, vous avez les couloirs de bus qui sont totalement utilisables.

M. LE PR�FET DE POLICE. - Nous avons les couloirs de bus, mais ils ne sont pas uniquement suffisants, ce n'est pas une critique, Madame la Maire, ne le prenez pas comme telle. Je ne fais qu?observer ce que font nos concitoyens.

Et apr�s tout, nous adapter aussi � ce qu'est la r�alit� et ce qu'est le dispositif ne me para�t pas choquant, pour une autre raison qui va aller dans votre sens, quelquefois, lorsque nous nous d�pla�ons � quatre-roues, nous nous embouteillions nous-m�mes, Madame la Maire. Quand un escadron passe devant une compagnie, qu'un ELE se d�place, il est souvent possible, nous l'avons observ� encore r�cemment, que nous provoquions nous-m�mes notre propre embouteillage. Je le dis pour que les choses soient particuli�rement claires.

Les BRAV servent avant tout � cela, et c'est un dispositif de mobilit� et de plus de pertinence. Dans ce contexte, je ne sais pas si je d�cevrai un certain nombre d'entre vous, il n'est pas question, cela a �t� dit par les autorit�s gouvernementales, de renoncer ni au LBD ni � diff�rentes formes de grenade, parce qu?elles sont constitutives de notre doctrine de maintien de l'ordre et des moyens qu'il faut utiliser.

Je rappellerai toujours, je l'ai observ� de ma province lointaine, le pire des sc�narios pour nous, c'est un fonctionnaire de police ou un militaire de gendarmerie sortant son arme de service. Rien ne serait plus grave dans une op�ration de maintien de l'ordre. C'est d?ailleurs pour cela qu'� la Lib�ration ont �t� cr��es les compagnies r�publicaines de s�curit�. Il faut s'en rappeler. Lorsque le maintien de l'ordre �tait fait par l'arm�e, avec l'utilisation d'armes l�tales, on se souvient tous, sur le plan historique, de ce que cela repr�sentait, y compris pour un certain nombre de mouvements sociaux.

En m�me temps, il faut un �quilibre et une adaptation � ce qu'est aussi la r�alit� des manifestations aujourd'hui, et c'est en ce sens que sont activ�s ces principes de rapidit� dans la mobilit�.

La rapidit� ne vaut que si elle se traduit dans la fermet� � mettre en ?uvre.

La fermet�, je crois que l'ensemble des fonctionnaires de police et des militaires de la gendarmerie l?ont. Simplement, la difficult� que vous avez observ�e le 16 mars, voire peut-�tre quelques week-ends pr�c�dents, et qui a �t� rappel�e par le gouvernement, par le Premier ministre le 18 mars et par le ministre de l'Int�rieur, est celle de combiner la fermet� avec l'autonomie tactique.

J'utilise des termes qui peuvent para�tre un peu guerriers, mais au moins, ils ont le m�rite de vouloir dire ce qu'ils veulent dire. Il faut que les unit�s, quelle qu?en soit la nature, interviennent en opportunit�. Or c'est vrai que jusqu'� pr�sent, notre dispositif �tait beaucoup un dialogue entre la salle de commandement et les unit�s de terrain, qui fait que l'on positionne une unit� � tel endroit, avec comme objectif de d�fendre telle ou telle partie de la ville, en disant�: vous r�pondez � tel ou tel type de menace.

Quelquefois, on s'aper�oit que le temps que remonte l'observation de terrain de l'unit� qui la constate, � la salle de commandement, puis que la salle de commandement r�agisse en disant il faut faire cela, entre-temps, les �l�ments casseurs ont eu le temps de commettre leurs m�faits.

C'est aussi cela que j'ai mis en place � mon arriv�e, c'est de rappeler aux unit�s qu'elles avaient cette capacit� op�rationnelle. D�s lors que l'on constatait des violences, il fallait intervenir, tout en gardant pr�sent � l'esprit ce que j?ai dit pr�c�demment�: le nombre. Il ne faut pas exposer des fonctionnaires, il ne faut pas exposer une section, une vingtaine de fonctionnaires � l'isolement dans le cadre d'une intervention.

Toujours garder cette notion du rapport de force, mais avec la n�cessit� de la s�curisation, qui passe par cette capacit� d'intervention.

Pour faire cela, comme l'ont indiqu�, je le rappelle encore une fois, le Premier ministre et le ministre de l'Int�rieur, il faut une cha�ne de commandement unifi�e. Une cha�ne, car � vrai dire le commandement est unifi�. Le commandement, je l'incarne au travers des responsabilit�s qui m'ont �t� donn�es par ma nomination comme Pr�fet de police. C?est vrai que nous avons de multiples tuyaux de commandement. D'abord, le commandement DOPC, c'est-�-dire le maintien de l'ordre, et le commandement DSPAP, s�curit� publique si vous le voulez.

Quand on fait jouer la totalit� de ces unit�s dans la manifestation, jusqu'� pr�sent il y avait deux cha�nes. J'ai fait une chose extr�mement simple, qui n'a pu se faire que sur le constat des difficult�s du 16 mars, vous allez me dire�: pourquoi diable ne l'avez-vous pas fait avant�? Le 16 mars, peut-�tre que les constatations n'avaient pas �t� faites. Toute unit� se rapportant au maintien de l'ordre dans un m�me espace et dans un m�me lieu qui est celui de l'agglom�ration parisienne, est sous le commandement de cette cha�ne dite DOPC.

Les unit�s basculent en fonction du moment o� elles agissent en termes de maintien de l'ordre. Je vous donne un exemple�: quand la DSPAP fait des op�rations de contr�le, des op�rations pr�alables aux manifestations, elles sont dans leur commandement habituel, dans une cha�ne de commandement DSPAP. D�s lors qu'elles interviennent pour faire de l'ordre public, parce qu'elles constatent un attroupement, des violences li�es � un attroupement, elles passent imm�diatement sous le commandement op�rationnel ordre public.

Je ne vous d�taille pas comment cela se passe tr�s concr�tement, ce sont des sujets de fr�quences radio, et de g�olocalisation des unit�s qui permettent ce transfert.

Unification du commandement pour �tre plus rapide, et encore une fois, plus souple, avec cette autonomie.

Ce que j'ai dit aux responsables, c'est-�-dire aux chefs de ces unit�s, c'est qu'autonomie signifiait bien �videmment une plus grande responsabilit� dans le cadre du professionnalisme qui est le n�tre en mati�re d'ordre public. Ce n'est pas parce qu'on a une autonomie que l'on intervient dans le cadre de doctrines diff�rentes.

Sur les commissaires, sur les officiers repose cette responsabilit� de l'intervention appropri�e. L'autonomie, ce n'est pas une chose tr�s facile � pratiquer du fait de cette plus grande responsabilit�. J'ai toute confiance en eux. Je travaille vraiment avec eux dans les "briefings" que je fais, pr�alables, ou ce que l'on appelle dans notre jargon les "RETEX", les restitutions d'exp�riences du dispositif, c'est extr�mement important.

Je voudrais quand m�me vous dire un mot de ce que je disais. Je vous ai parl� du maintien de l'ordre en vous esquissant ce qu?�taient les actions pr�alables.

Nous avons multipli� depuis 15 jours ce que nous appelons les contr�les pr�ventifs, c'est-�-dire des contr�les qui, sur r�quisition judiciaire, permettent d'ouvrir les sacs d'un certain nombre de personnes dont nous pensons qu'ils ont sur eux des mat�riels prohib�s, et qui permettent d'aboutir � des confiscations, voire des interpellations de ces mat�riels, dont certains ont �t� d�crits lors des interventions, qui sont des armes par destination.

Nous en avons fait le week-end dernier, le pr�c�dent samedi, 14.485. Nous en avions fait le week-end d'avant, depuis que je suis arriv�, 8.545. J'y crois beaucoup � ces contr�les pr�ventifs, car je pense qu'ils permettent, au travers de cette confiscation, au travers des interpellations et des gardes � vue qui sont rendues possibles par leur mise en place, de diminuer la pression en filtrant ceux des �l�ments dont on peut penser � juste titre, du moins au travers de ces d�couvertes, qu'ils sont anim�s de mauvaises intentions, voire qu'ils font partie de ces casseurs.

Simplement, vous le savez aussi parce que c?est de notori�t� publique, parce que cela a �t� longuement d�crit dans des articles de presse, il y a aussi des pratiques de "Black bloc" consistant � dissimuler des armes tout au long des parcours de manifestation, dans diff�rents endroits, et de se servir de tout ce qu'ils trouvent. Je ne vais pas d�tailler l� les nouveaux dispositifs que nous mettons en place vis-�-vis des gens qui ont ce type de pratique. Sachez que nous envisageons aussi de nous moderniser un peu par rapport � cela.

La difficult� pour nous est celle que je vous d�cris. Dans un contexte de terrorisme, dans un contexte de lutte contre la d�linquance, nous devons nous adapter � un mouvement fondamentalement nouveau. Ce n'est pas v�ritablement surprenant que nous ayons eu ces difficult�s d'adaptation jusqu'� pr�sent et que nous continuions � rechercher quelle est la meilleure des adaptations.

Qui peut se targuer ici, que ce soit en mati�re d?ordre public ou en mati�re politique, d'avoir vu venir le mouvement des "Gilets jaunes"�? Vous comprendrez que nous ayons besoin aussi de cette adaptation. C'est ce � quoi je m'emploie, et c'est la nature exacte du mandat qui m'a �t� donn�.

Je ne peux pas pr�dire l'avenir, essayant ainsi de r�pondre aux souhaits de franchise qui ont �t� �mis. Je pense que nous pouvons effectivement, au travers de ces nouveaux dispositifs, �viter des d�bordements, les contenir, et je vais m'y employer, en coop�ration �troite avec vous. J'ai entendu ce message plusieurs fois �mis par la plupart d'entre vous, j'ai donc repris les m�thodes que mon pr�d�cesseur m'avait laiss�es, c'est-�-dire le contact avec les �lus d�s le vendredi apr�s-midi, suivi d'un contact avec les professionnels commer�ants et diff�rents repr�sentants des diff�rentes activit�s �conomiques.

Ce que j'ai essay� de faire samedi dernier, je pense que c'est plus parlant, c'est de vous mettre sur un plan, du moins pour ceux qui participaient � cette r�union, les cheminements exacts des manifestations d�clar�es. L� aussi, je ne pr�dis pas l'avenir, je ne peux pas savoir o� passeront les manifestations non d�clar�es, pour peu que je sache avec pr�cision si elles auront lieu, de mani�re que nous puissions collectivement participer. Je pense que ce travail est tr�s important. J'ai aussi v�rifi�, cela a �t� �prouv� au travers des deux samedis, que le dispositif mis en place par la Pr�fecture de police, qui permet par SMS d'alerter les commer�ants, fonctionnait avec pertinence. Le retour que j'ai eu pour ma part, je serais aussi tr�s heureux d'avoir votre propre appr�ciation, est plut�t pertinent. D�s lors qu'un cort�ge arrive, on a un syst�me, � la condition que les uns et les autres se soient inscrits dans le dispositif, qui permet de les alerter en disant�: le cort�ge arrive, prenez les dispositions que vous entendez prendre. Cela me para�t essentiel, car je comprends dans toutes les interventions, et j'en suis parfaitement conscient, l'angoisse qui est celle des commer�ants, mais au-del�, des habitants, face � des cort�ges qui ont parfois pu d�montrer leur extr�me violence. Il est normal d'alerter et de pr�venir pour que nous puissions anticiper. Vous me trouverez dispos� � cette coop�ration �troite avec vous, je pense qu?elle est absolument fondamentale. De l� � faire une seule salle de gestion de la crise, je tiens � corriger ce qui a �t� dit dans une intervention, il n'est pas question que la salle de crise de la Pr�fecture de police fusionne avec la salle de crise du minist�re de l'Int�rieur. Leur nature est assez profond�ment diff�rente. La salle de crise de la PP est une salle de crise op�rationnelle. La salle de crise du minist�re de l'Int�rieur est une salle de commandement, r�unie parfois sous l'autorit� du Pr�sident de la R�publique. Ce n'est pas tout � fait la m�me nature de gestion entre une gestion qui est plus tactique, et une gestion qui est plus strat�gique. On ne peut pas confondre les diff�rents niveaux, sinon on arriverait � l'embolie d'une salle unique, qui ne pourrait pas g�rer l'ensemble des �l�ments de la proximit�, surtout sur des villes aussi importantes que celle de Paris, et avec des forces aussi nombreuses. Cela a �t� dit aussi, les forces sont suffisantes lorsqu'elles agissent. Ce qui nous a manqu�, c'est une doctrine plus effective, mais le niveau de mobilisation est tout � fait significatif, tout au long de ces diff�rentes semaines. Cela a aussi �t� dit de fa�on publique, je n'annonce rien de sp�cial, mais quand on dispose d'une quarantaine d?unit�s de force mobile, c'est extr�mement significatif dans un p�rim�tre de cette nature. C'est le cas de la mobilisation de plusieurs semaines, voire beaucoup plus. Pour comparer ce que sont les choses, m�me si comparaison n'est pas raison, � Bordeaux je mobilisais en moyenne 6 unit�s de forces mobiles. Certes, pour une ville?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - L'�quivalent du 15e arrondissement de Paris.

M. LE PR�FET DE POLICE. - Oui c?est cela, pour une ville trois fois moins importante. M�me si vous multipliez par 3, on n?est pas sur le 40. Je me f�licite quand m�me de ce niveau de mobilisation, qui est en tout �tat de cause suffisant. Ce qui nous manque, c?est l?application de la doctrine et la mobilit�. Mais c?est notre probl�me d?�tre mobile, ce n?est pas votre probl�me ni celui des manifestants.

Je comprends parfaitement que vos concitoyens, vos mandants, soient parfaitement exc�d�s par tout cela.

Les fonctionnaires, j'ai entendu dire cela, je l'ai dit d'entr�e, les fonctionnaires de police, les militaires de gendarmerie, sont fatigu�s, mais ils ne sont pas du tout �puis�s moralement. Les uns et les autres sont tr�s motiv�s. Je tiens � vous rassurer, ils continueront � faire leur travail dans le contexte tel qu'il est, qui ne pose pas pour eux particuli�rement de difficult�s, m�me si je veille � l'�quilibre que je vous d�crivais en introduction. L?�quilibre, c?est la lutte contre le terrorisme et la lutte contre la d�linquance.

Les militaires de Sentinelle, � vrai dire j'ai �t� un peu surpris par la nature du d�bat, parce que fondamentalement, rien n'a chang� sur Sentinelle depuis 2015. La doctrine Sentinelle du SGDSN d�finie en 2015 n'a pas chang� d'un centim�tre, ni d'un iota. Ce qu'a rappel� le gouverneur militaire, et je me suis int�ress� � ses propos, c'est finalement la modification de la loi consentie sous la l�gislature pr�c�dente, de l'ouverture du feu, ce fameux alignement permis aux militaires de Sentinelle, en cas bien s�r d'actes de terrorisme ou d'attaque, entre policiers, gendarmes et militaires, qui m'avait paru, sous la pr�c�dente l�gislature, une excellente chose.

Il n'y a pas de modification dans l'utilisation de Sentinelle. Simplement, il y a des moments, lorsqu'il y a des manifestations particuli�rement importantes, ou devant des lieux susceptibles d'�tre vis�s par des actes terroristes, car encore une fois, je ne consid�re pas que le terrorisme s?est �vanoui du jour au lendemain parce qu'il y a des "Gilets jaunes" dans la rue.

Nous renfor�ons, effectivement, la pr�sence de Sentinelle devant un certain nombre d?�difices religieux ou pouvant �tre la cible de menaces de diff�rentes natures. Pourquoi�? Non pas que je pense que les "Gilets jaunes" vont attaquer ces endroits, mais tout simplement parce que je sais que nos v�ritables adversaires, nos adversaires terroristes, eux, peuvent profiter de ces moments, du d�sordre et du chaos ainsi cr��s pour nous attaquer.

Vous comprendrez bien qu?il est assez normal que nous renforcions ces points-l�. Ce sont des cibles. Je ne vais pas les d�tailler, car je ne vais pas indiquer les cibles que nous pensons �tre celles auxquelles ces terroristes peuvent s'attaquer.

Voil� � peu pr�s le dispositif mis en place. Je peux bien �videmment avoir des discussions pr�alables avec vous, mais il faut que chacun fasse son m�tier. Mon m�tier, c'est le maintien de l'ordre. Autant je peux partager avec vous des appr�ciations de la menace, autant je ne peux pas vous d�tailler en totalit� les dispositifs, car il faut aussi que nous ayons notre phase de surprise et notre phase qui nous permet aussi d'�tre v�ritablement pertinents. J'ai not� quand m�me qu'au travers du dispositif des BRAV, mis en place la semaine derni�re, mais �galement de ce que nous mettons en place dans les �quipes encore plus l�g�res que les BRAV, qui elles se d�ploient sur l'arri�re des arrondissements? Je pense que les maires du 15e et du 16e ont constat� samedi dernier notre pr�sence en profondeur dans leurs arrondissements respectifs, parce que le trajet de la manifestation passait tant au niveau du Champ-de-Mars, avec un risque de p�n�tration dans le 15e arrondissement, que sur le Trocad�ro, avec un risque d'envahissement de votre arrondissement. Nous avons travaill� sur la profondeur, avec des syst�mes qui nous permettent, en �tant l� aussi tr�s mobiles, de surveiller et d'�tre attentifs aux choses. J'ai aussi, samedi, essay� de faire en sorte, vous l'avez not�, que lorsque la manifestation se termine, elle se dissolve, et elle se dissolve de la fa�on la plus pacifique possible, m�me si c'est le moment un peu d�licat, on le voit en direct sur les cha�nes d'intervention, on voit la pr�sence de casseurs, on voit tr�s bien ce que s?appr�tent � faire un certain nombre de ces casseurs. C'est important que la dissolution se passe bien. Ce qui compte dans une manifestation, c'est son d�roul�. On observe que les d�buts ne sont pas probl�matiques, mais les fins sont particuli�rement p�rilleuses. Donc, nous essayons de faire en sorte que ces fins soient les plus tranquilles possibles pour ceux qui sont venus manifester pacifiquement, et de mani�re qu'ils ne soient pas expos�s � la prise d'otages que font d'eux les casseurs les plus d�termin�s. Voil�, Mesdames, Messieurs, j'essaierai de ne pas �tre beaucoup plus long dans ma r�ponse. Retenez de mon propos le nouveau dispositif, sa nouvelle doctrine, la n�cessit� de la coop�ration �troite avec vous. Et puis, mes remerciements pour la confiance que vous accordez aux forces de s�curit� int�rieure, policiers, gendarmes, et pompiers. Et puis, dans ma d�termination que certains d'entre vous ont bien voulu saluer, voire d'autres un peu critiquer. Mais le ministre a demand� que ma main ne tremble pas. J'essaierai d'�tre � la hauteur de l'exigence minist�rielle.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur le Pr�fet, pour votre r�ponse, r�ponse pr�cise.

Permettez-moi, au-del� de la question qui nous occupe aujourd'hui, de vous remercier aussi d'avoir parl� de ces priorit�s de votre action, qui restent des pr�occupations tr�s importantes�: la question du terrorisme et la question de la d�linquance.

Permettez-moi chers coll�gues, devant vous, Monsieur le Pr�fet, de saluer aussi le travail que nous avons fait avec votre pr�d�cesseur, Michel DELPUECH, parce que nous avons pu travailler aussi sur tous ces sujets, avant m�me et pendant cette p�riode qui nous a vus confront�s � ces manifestations extr�mement violentes.

Je voudrais le remercier, le saluer, dire que nous avons pu travailler en confiance compl�te avec la Pr�fecture de police, que nous avons pu approfondir des dispositifs justement de liaison qui sont extr�mement utiles, et que je sais, Monsieur le Pr�fet, que nous partons avec le m�me �tat d'esprit et dans le m�me climat de confiance, mais chacun dans son r�le.

Beaucoup d'�lus vous ont dit qu'ils n'�taient pas des sp�cialistes de l'ordre public, merci chers coll�gues de le reconna�tre, moi non plus. Mais le lien entre la Ville et la Pr�fecture doit �tre un lien tr�s fort.

Pour reprendre une partie des propos de Philippe GOUJON, on a besoin d'une Pr�fecture de police forte pour pouvoir assurer toutes les missions de la police r�publicaine ici, � Paris, parce que m�me si nous allons vers le droit commun, sur beaucoup de dispositifs, vous pouvez rire, c'est tr�s amusant, c'est en effet tr�s amusant?

M�me si nous allons vers des dispositifs de droit commun, parce que Paris est aussi une ville dans laquelle les habitants ont besoin qu'on les traite comme les habitants d'une ville, des citoyens avec des droits de citoyens, nous savons qu'il y a une limite � ce droit commun, qui est le statut de Paris, qui reste la capitale de la France, �videmment, mais qui est aussi le lieu de tous les pouvoirs, politique, m�diatique, et �conomique.

Je sais que nous allons pouvoir continuer, comme nous l'avons fait, en nous adaptant aux situations nouvelles. Avant 2015, on n'avait pas eu l'occasion de travailler de cette fa�on avec la Pr�fecture de police sur le risque attentat. On a appris, on a travaill� ensemble. Avant les "Gilets jaunes", on �tait dans un mode de relation qui �tait confiant, mais par exemple, les r�unions avec les maires d'arrondissement pr�alables aux manifestations, c'est quelque chose qui s'est install�, parce que justement il y a eu cette crise dite des "Gilets jaunes".

Permettez-moi de donner la parole � Colombe BROSSEL, tr�s rapidement parce que nous avons des votes, mais peut-�tre sur les deux ou trois points concernant directement la Ville.

Colombe�?

Mme Colombe BROSSEL, adjointe. - Madame la Maire, permettez-moi, au regard de l'horaire, de vous proposer de passer directement au vote sur les v?ux, en proposant n�anmoins? Cela s'appelle gagner en popularit�. En proposant n�anmoins, si vous m'y autorisez, � l'ensemble de mes coll�gues maires d'arrondissement, car quasiment l'ensemble des arrondissements de la capitale ont �t� touch�s par les violences depuis maintenant 20 semaines? Nous parlons �videmment beaucoup des Champs-Elys�es, c'est bien l�gitime, mais c'est quasiment l'int�gralit� des arrondissements qui ont eu � subir des d�gradations, des violences et des pillages, et donc de proposer � mes coll�gues maires d'arrondissement un temps de travail pour voir ce que nous pouvons ensemble encore am�liorer. C'est une fa�on de r�pondre � vos pr�occupations. Je proposerai donc un avis d�favorable sur l'ensemble des v?ux. Cela nous permettra d'aller d�jeuner.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, ch�re Colombe BROSSEL.

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u r�f�renc�e n��15, d�pos�e par le groupe les R�publicains et Ind�pendants, assortie d'un un avis d�favorable de l'Ex�cutif, mais avec une proposition de r�union de l'ensemble des maires d'arrondissement pour approfondir.

Qui est pour�? Contre�? Abstentions�?

La proposition de v?u est repouss�e.

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u r�f�renc�e n��16 d�pos�e par le groupe D�mocrates et Progressistes, assortie d'un un avis d�favorable de l'Ex�cutif.

Qui est pour�? Contre�? Abstentions�?

La proposition de v?u est repouss�e.

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u r�f�renc�e n��17 d�pos�e par Mme SIMONNET, assortie d'un un avis d�favorable de l'Ex�cutif.

Qui est pour�? Contre�? Abstentions�?

La proposition de v?u est repouss�e. D�p�t de questions d'actualit�.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, je vous informe que 10 questions d'actualit� ont �t� d�pos�es.

La premi�re question d'actualit�, pos�e par le groupe Parisiens Progressistes, Constructifs et Ind�pendants � Mme la Maire de Paris, est relative au nouveau mobilier urbain et int�gration dans le paysage parisien.

La deuxi�me question d'actualit�, pos�e par le groupe Radical de Gauche, Centre et Ind�pendants � Mme la Maire de Paris, est relative au bilan de la 2e �dition de la "Nuit de Solidarit�".

La troisi�me question d'actualit�, pos�e par le groupe les R�publicains et Ind�pendants � Mme la Maire de Paris, est relative � V�lib'.

La quatri�me question d'actualit�, pos�e par le groupe D�mocrates et Progressistes � Mme la Maire de Paris et � M. le Pr�fet de police est relative aux d�gradations au Nord de Paris.

La cinqui�me question d'actualit�, pos�e par le groupe "G�n�ration.s" � Mme la Maire de Paris, concerne la r�quisition des logements et immeubles vacants.

La sixi�me question d'actualit�, pos�e par le groupe UDI-MODEM � Mme la Maire de Paris, est relative au rapport de l'Inspection g�n�rale de la Ville de Paris sur le march� V�lib'2. La septi�me question d'actualit�, pos�e par le groupe Socialiste et Apparent�s � Mme la Maire de Paris, concerne la politique parisienne � destination des personnes autistes. La huiti�me question d'actualit�, pos�e par le groupe Ecologiste de Paris � Mme la Maire de Paris et � M. le Pr�fet de police, concerne l'impact de l'urbanisme sur la pollution de l'air. La Neuvi�me question d'actualit�, pos�e par le groupe Communiste - Front de Gauche � Mme la Maire de Paris, est relative � l'A.P.-H.P. Enfin, la derni�re question d'actualit�, pos�e par Mme SIMONNET � Mme la Maire de Paris, est relative au dispositif de pr�vention dans les administrations parisiennes. Bon app�tit, mes chers coll�gues. Nous nous retrouvons pour les questions d'actualit� � 14 heures 45. Merci.

Avril 2019
Débat
Conseil municipal
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