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Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, nous avons appris avec tristesse la disparition, survenue le 23 f�vrier 2019, de M. Andr� R�au, ancien Conseiller municipal de Paris et ancien Conseiller g�n�ral de la Seine. Andr� R�au a �t� ajusteur, d�l�gu� syndical CGT. Il a adh�r� au parti communiste en 1953 et est devenu tr�s rapidement secr�taire de la section de Maison-Blanche, dans le 13e arrondissement de Paris.

Andr� R�au, militant fid�le, s'est engag� dans toutes les luttes du parti communiste et a milit� notamment pour la paix en Alg�rie. Il a �t� tr�s attach� au 13e arrondissement, lieu de son action politique. Il s'est pr�sent� en 1965 et a �t� �lu au Conseil de Paris entre 1965 et 1971, sur les bancs du groupe Communiste. Par la suite, il est rest� un militant associatif tr�s actif et a continu� � participer � la vie locale du 13e arrondissement.

Ses obs�ques ont �t� c�l�br�es le vendredi 1er mars 2019 au cimeti�re de Cachan, dans le Val-de-Marne. Au nom de notre Conseil, � sa famille, � ses amis, � ses camarades, je veux ici, bien s�r, apporter tout mon soutien � sa m�moire et vous proposer une minute de silence.

(L'Assembl�e, debout, observe une minute de silence).

Je vous remercie.

Nous allons proc�der aux diff�rents hommages. Ensuite, je donnerai la parole aux diff�rents pr�sidents de groupe.

Nous avons aussi appris avec tristesse la disparition, survenue le 27 d�cembre 2018, de Mme Gis�le Favre, ancienne Conseill�re de Paris. Elle �tait n�e dans le 6e arrondissement, auquel elle �tait demeur�e fid�le. Gis�le Favre est devenue, par la suite, conseill�re du travail. Elle s'est engag�e dans la vie politique aux c�t�s de M. Pierre Bas, �lu parisien et ancien maire du 6e arrondissement. Elle a �t� �lue dans le 6e arrondissement, au Conseil de Paris en 1983, puis r��lue en 1989. Elle y a si�g� sur les bancs du groupe "Paris-Libert�s". Ses obs�ques ont �t� c�l�br�es le jeudi 3 janvier 2019 en l'�glise Saint-Sulpice, � Paris, dans le 6e arrondissement. Au nom de notre Assembl�e, en mon nom, je voudrais, l� aussi, assurer sa famille de tout notre soutien et vous proposer une minute de silence en sa m�moire.

(L'Assembl�e, debout, observe une minute de silence). Je vous remercie. Je vais donner la parole au pr�sident du groupe Communiste - Front de Gauche, Nicolas BONNET-OULALDJ.

M. Nicolas BONNET-OULALDJ. - Je tiens � vous remercier, Madame la Maire, pour les paroles chaleureuses que vous avez eues � l?�gard d?Andr� R�au, cet ancien Conseiller de Paris, mort il y a quelques semaines dans sa 88e ann�e. Je pr�sente mes condol�ances � sa famille - � sa femme, Dani�le, � sa fille, Marie-Claude, � son fils, Jean-Pierre - � ses amis et camarades pr�sents aujourd'hui dans les tribunes. Je tiens � les assurer de tout notre soutien et notre fraternit�.

Andr� R�au a �t� �lu de 1965 � 1971, p�riode durant laquelle il a repr�sent� les habitants du 13e arrondissement. Mais ce n'est qu'une �tape dans son parcours de militant communiste et syndicaliste � la C.G.T. Rien dans le parcours d?Andr� ne laissait pr�sager qu'il allait si�ger ici, sous les ors de l'H�tel de Ville. N� � Paris en 1930 dans une famille durement marqu�e par la guerre de 1914, son p�re, grand invalide de guerre, rescap� de la bataille de Verdun, allait marquer Andr� dont le pacifisme allait �tre un engagement permanent. Sa m�re vient du pays des mines. Son grand-p�re �tait charpentier. On vit durement, on meurt jeune de la silicose, on d�teste les barons de l'industrie, on lit "Germinal" comme une bible dans laquelle on retrouve les siens, leurs joies et leurs souffrances.

Mais c'est aussi un milieu o� la solidarit� entre les travailleurs est forte, au fond de la mine comme dans les luttes. Les r�cits de sa m�re font qu?Andr� prend vite conscience des injustices et de la n�cessit� de les combattre. Andr� devient fraiseur tourneur et syndicaliste. Il adh�re au P.C.F. en 1953. Il devient un intellectuel autodidacte. Il lira et annotera les ?uvres compl�tes de L�nine et d?Engels. Il donne des cours � ses camarades. Il est certainement "l'homme communiste", comme le d�crit Aragon dans le roman du m�me nom. L?homme communiste, c?est celui qui ne demande rien, mais qui veut tout pour l'homme, o� il envie 1.000 choses - le bonheur, la sant�, la s�curit� - mais pour tous, au prix de sa sant�, de son bonheur, de sa s�curit�, de son existence.

C?est pendant la guerre d'Alg�rie qu?il conna�tra des grands moments de militance. Il organisera des manifestations interdites pour la paix et l?ind�pendance en Alg�rie. Condamn� � mort par les commandos O.A.S., il �chappera � un attentat parce qu'il a �t� pr�venu par un policier du 13e. Il gardera une m�fiance et une d�testation pour l?extr�me droite toute sa vie.

Andr� sera charg� par la f�d�ration de Paris, entre autres missions, des relations avec les chr�tiens. Beaucoup de chr�tiens, autour du journal "T�moins chr�tiens", s'�taient engag�s contre la guerre d'Alg�rie. Le parti Communiste le pr�sente aux �lections, d'abord comme suppl�ant de Charles Lederman, en 1962, puis comme Conseiller de Paris en 1965. En 1973, il faillit cr�er la surprise aux �lections l�gislatives, o� il arriva derri�re le d�put� Hubert GERMAIN avec 6 voix d?�cart. Il sera l'une des victimes politiques de la crise qui traversera la f�d�ration de Paris du P.C.F. � la fin des ann�es1970. Il quittera le parti � cette �poque. Je crois pouvoir me permettre de dire, devant sa famille et ses amis, qu'il est rest� ce communiste de c?ur. Les valeurs qui avaient guid� sa vie sont rest�es intactes. Quitter le parti �tait v�cu par certains camarades comme une mort sociale. Mais Andr� a su rebondir gr�ce aux siens, � sa famille, � ses amis et � ses camarades. Il reprend des �tudes et met ses comp�tences au service d'un comit� d'entreprise important. Il n?abandonnera jamais la C.G.T. Il �tait amateur de musique classique et d'op�ra italien. Apr�s sa retraite de salari�, il s'engage aupr�s de l'Amicale la�que de Cachan, jusqu'� ce que la maladie l'en emp�che. Je voudrais dire � sa famille qu?�videmment, nous continuerons tous les combats qu'Andr� a men�s ici, pour une ville pour toutes et tous, pour les ouvriers, comme lui, les employ�s, les intellectuels, les commer�ants et les artisans. Oui, les luttes ont chang� de nature, mais notre boussole reste la m�me. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup pour cet hommage et ce rappel.

Mes chers coll�gues, nous allons passer � la s�ance. Les comptes rendus de la s�ance pr�c�dente ont �t� publi�s sur ces?

Pardon�? Monsieur AZI�RE, vous aviez, avant m�me que j'ouvre? Tr�s bien, je vous donne la parole.

M. Eric AZI�RE. - Madame la Maire, je voudrais rendre hommage � Gis�le Favre.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Oh, pardon�! Pardonnez-moi. Tr�s bien. On ne m?avait pas dit qu?il y avait une prise de parole sur l?hommage, donc?

M. Eric AZI�RE. - Si.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Bien. Pardon.

M. Eric AZI�RE. - Gis�le Favre, Gis�le Peyromaure Debord Broca, qui, de son tr�s joli nom patronymique de naissance, triplement toponymique, entrem�lant des racines profondes, latines et occitanes ancestrales, dans lesquelles il n'est pas �tonnant qu'elle ait puis� les qualit�s de courage et la l�gitimit� d'un engagement pour les deux causes politiques et sociales qui furent en m�me temps les siennes et celles de son si�cle�: le combat pour l'�galit� des femmes et la construction europ�enne.

N�e en 1921 dans le 6e arrondissement - vous l?avez dit, Madame la Maire - apr�s des �tudes de droit au Panth�on, o� elle rencontrera Henry Favre, son mari mais aussi son compagnon de route de ses convictions europ�ennes. Comme ancien secr�taire g�n�ral du Comit� europ�en des assurances, il sera � l'origine de la rencontre naturelle de Gis�le Favre avec sa seconde famille, la famille politique qui deviendra la sienne, parce que cette famille fut au centre de ses combats pour la lutte des femmes pour leurs droits, incarn�e et sublim�e par Simone Veil, et la construction d'une Europe id�alis�e par Jacques Maritain. Cette famille politique, anim�e entre autres par Paul et Alfred Coste-Floret, dont ils sont proches, c'est la d�mocratie chr�tienne. D�s lors, c'est � l'Union f�minine civique et sociale, mouvement catholique pour la promotion des femmes dans la vie politique et citoyenne, qu'elle consacre son engagement b�n�vole. Elle poursuit cet engagement au Centre des d�mocrates sociaux, le parti de Jean Lecanuet, qui sera le dernier parti politique fran�ais � revendiquer son rattachement au grand courant d�mocrate-chr�tien europ�en.

Elue dans le 6e arrondissement, conseill�re de Paris le 13 mars 1983, elle rejoint Colette TALMON sur les bancs centristes du Conseil de Paris, comme l?une des 28 femmes �lues ce jour-l� sur les 163 si�ges au Conseil de Paris. 28 femmes, 135 hommes. Le sens et l'honneur d'un combat.

C'est au groupe "Paris-Libert�s" qu'elle s'inscrira. "Libert�", ce m�me nom donn� au mouvement de r�sistance fond� en 1940 par ses pairs, Alfred Coste-Floret, Pierre-Henri Teitgen, Fran�ois de Menthon et d?autres. Au nom de ce groupe, "Paris-Libert�s", Gis�le Favre sera r��lue de 1989 � 1995, � travers les soutiens qu'elle apportera � Val�ry GISCARD d'ESTAING, puis � Raymond Barre, des ann�es 1970 � 1990. Elle reste un d�fenseur infatigable et acharn� des valeurs sociales et politiques de la famille. La famille, Gis�le Favre ne saura jamais oublier de rassembler la sienne en toutes occasions - enfants, petits-enfants et arri�re-petits-enfants - dans leur maison familiale de La Baule. Au nom du groupe UDI-MODEM et en votre nom � tous, Madame la Maire, mes chers coll�gues, je veux dire � sa famille, pr�sente ce matin � cette tribune, toute l'�motion qui est la n�tre, et leur transmettre l'estime et la consid�ration de notre Assembl�e pour celle qui fut l'une des n�tres et qui le restera pour toujours. Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup � vous, Monsieur le Pr�sident, cher Eric AZI�RE.

A pr�sent, nous pouvons passer � notre Conseil.

Adoption de comptes rendus.

Avril 2019
Débat
Conseil municipal
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