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Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif à l'effacement de fresques dans les 13e et 18e.


M. Paul SIMONDON, adjoint, pr�sident. - Nous passons maintenant au v?u r�f�renc� n��52 relatif � l'effacement des fresques dans les 13e et le 18e arrondissements.

La parole est � Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Alors, censure�? Censure�! Eh oui, retour de la censure�! Quand la libert� d'expression et de cr�ation, libert� fondamentale, est pi�tin�e dans Paris.

Je voudrais, � travers ce v?u, vous interpeller, mes chers coll�gues, sur deux grandes fresques, dans le 13e et dans le 18e arrondissement, qui ont �t� r�alis�es sur la th�matique engag�e des mobilisations actuelles des "Gilets jaunes".

Il y avait d'abord une fresque rue d'Aubervilliers dans le 18e arrondissement, 300�m�tres de long, intitul�e "L'hiver jaune", r�alis�e � l'appel de "Black Lines" par 25 artistes. Elle a �t� censur�e, quasi enti�rement recouverte de peinture grise.

Des voisins, d'ailleurs choqu�s, racontent sur les r�seaux sociaux qu'ils ne comprenaient pas parce qu'ils voyaient r�guli�rement des gens faire des graphes sur ces murs sans aucun souci. Ils sont descendus et ont voulu apposer eux-m�mes leurs propres inscriptions sur ce mur. Ni une ni deux, ce sont des personnes de la s�curit� qui les ont interpell�s, hop retour au commissariat avec, du coup, de longues discussions avec les forces de l'ordre avant d'�tre enfin lib�r�s.

Une autre fresque, r�alis�e le 24 f�vrier par une trentaine de "street artists", 100 m�tres de long, sur les murs du pont Kellermann et de la rue de la Poterne des peupliers � Paris, dans le 13e arrondissement, toujours sur le th�me des "Gilets jaunes", d'ailleurs je crois qu'elle s'intitulait "L?hiver jaune 2". A l?origine, elle avait �t� autoris�e, puis recouverte par des agents de la Mairie sur ordre de la Pr�fecture de police, au motif qu'elle portait atteinte � l'image des forces de l'ordre. J'aimerais que l'on essaie de se souvenir quelles sont les ?uvres qui auraient pu �tre consid�r�es comme portant atteinte � l'image des forces de l'ordre dans l'histoire de l'art contemporain. Je pense que notre adjoint en charge de la Culture n'aura pas trop de difficult� � m'en trouver pl�thore.

M. Paul SIMONDON, adjoint, pr�sident. - Merci de conclure.

Mme Danielle SIMONNET. - Je conclurai, mes chers coll�gues, en disant que cette censure doit cesser. La Mairie de Paris et la Pr�fecture de Paris doivent expliquer, devant les conseillers de Paris, les raisons qui ont motiv� une telle censure et, dor�navant, que l'on fasse respecter l'ensemble des fresques artistiques engag�es tant qu?elles respectent le cadre r�publicain, au m�me titre que les fresques artistiques pas forc�ment engag�es. Je vous remercie.

M. Paul SIMONDON, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame SIMONNET. Le maire du 13e arrondissement, M.�J�r�me COUMET, a demand� la parole.

M. J�r�me COUMET, maire du 13e arrondissement. - Pour une explication de vote, et j?imagine, ch�re Danielle SIMONNET, que cela t?agace, te h�risse quand on r�duit les "Gilets jaunes" aux casseurs ou quand on d�l�gitime toute forme de manifestation parce qu'il y a des risques de d�bordements. Ch�re Danielle SIMONNET, pour cette fresque, c'est exactement la m�me chose.

Dire que cette fresque est un soutien aux "Gilets jaunes" serait r�duire les "Gilets jaunes" � ceux qui insultent la police. D?ailleurs, l?initiateur de cette fresque a tout � fait convenu que certaines repr�sentations �taient irresponsables. Il s'�tait d'ailleurs engag� � imm�diatement intervenir pour les supprimer, engagement qu'il n'a pas tenu.

Alors, puisque tu nous interpelles sur le fond, on va venir au fond.

Le probl�me, c'�tait �videmment de repr�senter une femme "Gilet jaune" cribl�e de balles. Est-ce cela, ta vision des derni�res manifestations�? Est-ce cela, ta vision de la libert� d'expression�?

Le probl�me �tait aussi d'afficher l'image d'un enfant affubl� d'un gilet jaune et menac� par un fusil-mitrailleur de la police sur la tempe et d'une grenade, oui, un enfant "gilet jaune" avec un fusil-mitrailleur sur la tempe. Est-ce ta vision de la libert� d'expression�? Est-ce cela qu?il faut montrer aux gamins qui se rendent � l'�cole�? Et que dire du texte qui accompagnait tout cela et qui comparait les C.R.S. � des terroristes�?

Est-ce cela encore l'image des forces de l'ordre que vous d�fendez, que tu d�fends ou que tu cautionnes�?

En tout cas, ce n'est pas la mienne. Elle n'est pas seulement irrespectueuse, elle est aussi insultante, et je dirais m�me irresponsable. D'ailleurs, le Procureur de la R�publique a �t� saisi. Et oui, je te confirme que nous avons �t� destinataires d'une injonction d'effacer c�t� Pr�fecture de police. Et oui, nous avons fait effacer ces images parce qu'elles �taient choquantes et insultantes. A toi, � vous de consid�rer si ces images �taient insultantes pour les "Gilets jaunes", en tout cas, elles l'�taient pour la police.

M. Paul SIMONDON, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur le Maire.

Pour vous r�pondre, la parole est � M. Christophe GIRARD.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - Merci, ch�re Danielle SIMONNET, merci, cher J�r�me COUMET.

J'ai visit� vingt ronds-points, dans le Morbihan, Loire-Atlantique et Maine-et-Loire, chez moi. Jamais, je n'ai vu d'expression artistique violente ou haineuse. Donc, en effet, l'art haineux ou l'expression haineuse n'a pas sa place chez les "Gilets jaunes" de bonne foi.

Vous �voquez deux fresques, Danielle SIMONNET, r�alis�es l'une dans le 13e, l'autre dans le 18e. Elles repr�sentaient des images d'affrontements, pour certaines tr�s violentes, c'est l'art qui peut s'exprimer ainsi, avec notamment dans le 18e, celle d'un personnage avec un ?il crev� et en sang, et dans le 13e, celle d?un enfant avec une grenade sur la tempe. Mais J�r�me COUMET a �t� beaucoup plus explicite.

L?art doit pouvoir provoquer, interroger les consciences, nous opposer, provoquer de la pol�mique, c'est �videmment la place de l'art de questionner la soci�t� et de nous remettre en cause.

Interpeller et faire passer des messages politiques aussi, mais ces ?uvres, dans le contexte particuli�rement tendu que nous connaissons, ont suscit� des r�actions n�gatives, douloureuses et nombreuses chez les habitants et les riverains, et chez les jeunes ainsi qu?une injonction d?effacement de la Pr�fecture de police.

Le maire du 13e, J�r�me COUMET, comme vous le savez, est en soutien du "Street Art". Il avait autoris� la r�alisation d'une fresque en pr�cisant toutefois, et je salue sa sagesse, que les images ne devaient pas �tre agressives ou haineuses.

La r�alisation de ces fresques collectives n'a pas �t� conforme � cet engagement, la parole a donc �t� rompue.

A la suite des plaintes re�ues, un �change a eu lieu entre l'artiste et le maire du 13e, M. COUMET, pour remanier les passages violents de la fresque s'il le voulait bien. L'artiste s'y est engag�, mais il ne l'a pas fait. Selon ce que l'on m'a dit, c'est dans ce contexte que les fresques ont �t� effac�es, rupture de confiance et rupture de contrat.

Pour le 18e, c'est une situation diff�rente o� certains dessins associaient des policiers � des symboles nazis. Il s'agit d?un mur appartenant � la S.N.C.F. qui a proc�d� aux travaux de peinture, car elle est chez elle et � la demande du Pr�fet de police.

Pour ces raisons, l'avis de l'Ex�cutif est donc d�favorable.

M. Paul SIMONDON, adjoint, pr�sident. - Merci.

Une explication de vote de M. Pascal JULIEN, pour le groupe Ecologiste de Paris, pour une minute.

M. Pascal JULIEN. - Vous avez raison, Christophe GIRARD, et je pense qu'il faut aller plus loin. Allons au Louvre. J'ai vu un nombre de tableaux irresponsables, haineux � l'�gard des forces de l'ordre. Je pense, par exemple, � une petite gravure que j'ai vue du peintre Louis Martinet sur les journ�es du 27 juillet 1830, o� on voit des cuirass�s de la garde s?en prendre plein la gueule, des bouts de bois dans la tronche, des pav�s, et on se moque d'eux. Imaginez que les enfants aillent au Louvre mais quelle honte�! Comment peut-on oser faire cela�? Il faut aller vers la censure de toutes ces peintures, de toutes ces gravures�!

Christophe GIRARD, je suis avec vous, vous avez raison, vous commencez bien, mais allez jusqu'au bout. Censurez toutes les ?uvres au Louvre ou d?ailleurs qui collent � l'actualit� et expriment effectivement, � un moment donn�, des choses, et les forces de l'ordre tourn�es en ridicule�! Vous vous rendez compte�! En plus de ce tableau de Louis Martinet, je pourrais vous citer Gaspard Baudoux et bien d'autres comme cela.

Je compte sur vous. Merci de votre collaboration.

M. Paul SIMONDON, adjoint, pr�sident. - Merci pour cette explication de vote.

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u d�pos�e par Mme SIMONNET, assortie d'un avis d�favorable de l'Ex�cutif.

Qui est pour�? Contre�? Abstentions�?

La proposition de v?u est repouss�e.

Avril 2019
Débat
Conseil municipal
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