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2008, IV - Question d’actualité posée par le groupe “Les Verts” à M. le Préfet de police relative à la répression des cyclistes à Paris.


M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. Denis BAUPIN pour la question d?actualit� du groupe ?Les Verts?.

Vive la libert� ! Allez, Monsieur BAUPIN !

M. Denis BAUPIN, adjoint. - La libert� de parole au Conseil de Paris, oui !

M. LE MAIRE DE PARIS. - Oui, bien s�r ! Un jour, je vous ferai un coup : quand un adjoint interrogera au nom de son groupe, je le chargerai de r�pondre au nom de l?Ex�cutif, ce sera plus rigolo. Comme cela, il fera les deux.

M. Denis BAUPIN, adjoint. - Aucun probl�me.

M. LE MAIRE DE PARIS. - En fait, je suis trop lib�ral.

M. Denis BAUPIN, adjoint. - Cela est un point sur lequel nous pouvons �tre d?accord.

Monsieur le Pr�fet, jamais il n?y a eu autant de cyclistes dans Paris : nous nous en r�jouissons et j?aurais pens� que l?Etat s?en r�jouirait aussi. Que l?on pense � la pollution urbaine, aux �missions de gaz � effet de serre ou encore � la d�pl�tion du p�trole, le v�lo am�liore la sant� et l?environnement.

Or, tous les signes donn�s par vos services vont dans le sens d?un ciblage d�lib�r� des cyclistes dans le discours et les actions de r�pression. Ainsi, quand la Pr�fecture de police publie les chiffres de l?accidentologie au premier trimestre 2008, elle souligne une augmentation de 21 % des accidents cyclistes mais ne pr�cise pas que dans le m�me temps, l?usage du v�lo a cr� de 33 %. Contrairement � ce que laisseraient croire les chiffres bruts publi�s, la dangerosit� de l?usage du v�lo a donc diminu�, comme cela avait �t� le cas � Lyon avec ?Velov?.

Plus les cyclistes sont nombreux, plus les automobilistes adaptent leur comportement et plus la circulation est apais�e. Certes, le nombre d?accidents reste pr�occupant, mais la r�pression n?est pas la r�ponse adapt�e. Je note d?ailleurs que c?est le seul domaine o� la r�pression cible d?abord les victimes, plut�t que ceux qui les mettent en danger.

Il est bien plus utile de multiplier les am�nagements cyclables, de diminuer la vitesse de circulation, de veiller � ce que les conditions de travail des salari�s de Cyclocity soient conformes � la r�glementation et � la s�curit� des salari�s et des usagers, ou encore de faire aboutir le code de la rue, notamment la g�n�ralisation des doubles sens cyclables dans les zones 30, et de modifier la r�glementation des poids lourds, cause des principaux accidents mortels dans les grandes villes, et notamment � Paris.

Le 7 juin dernier, c?�tait la f�te du v�lo, et comme dans de nombreuses villes du monde, une cyclonudiste �taient organis�e par les associations. Cette manifestation pacifique, d�clar�e, et qui n?avait fait l?objet d?aucune interdiction, a fait l?objet d?un d�ploiement policier et d?une brutalit� sans commune mesure avec le caract�re bon enfant d?une ballade qui avait pour but de mettre en �vidence la fragilit� du cycliste.

Nos coll�gues V�ronique DUBARRY ou Christophe NAJDOVSKI pourraient en t�moigner comme des responsables associatifs qui m?ont montr� les h�matomes caus�s par la brutalit� des forces de police, que rien ne peut justifier.

S?il n?y avait eu ces brutalit�s, on pourrait sourire de la vision dat�e de la Pr�fecture de police dans ce qu?elle qualifie d?exhibitionniste. Tous les jours, nous voyons sur les murs de Paris des affiches 4x3 qui exhibent des corps bien plus d�nud�s et provocants. Y a-t-il deux poids deux mesures dans l?exhibitionnisme, selon que le corps d�nud� a vocation lucrative ou militante ? Selon que l?on d�nude pour faire vendre ou pour d�fendre des droits ?

Plus s�rieusement, je conclurai en m?inqui�tant de l?acharnement qui s?exerce contre l?un des organisateurs de cette manifestation, responsable associatif reconnu et interlocuteur des pouvoirs publics. Interpell� � son domicile sans mandat, mis deux fois en garde-�-vue en 24 heures, ce militant s?est vu notifier un outrage motiv� par un jet de trac. Geste qu?aucun t�moin ne confirme, pas plus que les fonctionnaires pr�sents sur le stand de la Pr�fecture o� sont cens�s s?�tre produits les incidents vis�s.

Je ne peux croire que la police n?ait mieux � faire. Les cyclistes sont-ils devenus l?incarnation des h�ritiers honnis de mai 1968 ? Leur libert� fait-elle si peur � la police, pour reprendre les termes de M. Christophe CARESCHE, qu?elle en vienne � tenter d?intimider l?un de ses animateurs ?

M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur BAUPIN, je n?ai pas voulu vous interrompre parce que, m�me si on a arr�t� les temps de jeu, mais quand les adjoints deviennent interrogateurs, la r�gle des 2 minutes 30 s?applique aussi � eux.

Donc un peu de discipline ! D?ailleurs, on va y revenir, � la discipline.

A propos de l?usage de la voie publique, que l?on soit cycliste, pi�ton, automobiliste, il faut bien que tout le monde respecte les r�gles.

Monsieur le Pr�fet ?

M. LE PREFET DE POLICE. - Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillers,

Monsieur le conseiller, tout d?abord, je voudrais vous dire de fa�on tout � fait solennelle et tr�s sinc�re que la Pr�fecture de police, et plus modestement le Pr�fet de police, n?ont absolument rien contre les cyclistes de fa�on globale, pas plus que contre tout usager de la route. Mais, comme vient de le dire M. le Maire, je crois qu?il nous appartient de faire r�gner une certaine discipline, l� encore avec intelligence et discernement.

Apr�s un certain nombre de demandes de presse, nous avons effectivement rendues publiques les donn�es des accidents de cyclistes pour le premier quadrimestre, et je peux vous garantir que tout cela a �t� fait avec prudence et honn�tet�, en rappelant le contexte concomitant d?augmentation de la circulation, �l�ments qui ont d?ailleurs �t� repris dans le journal que vous avez signal�. Et, l?augmentation du nombre des deux-roues non motoris�s, ce n?est m�me pas 30 % sur les quatre premiers mois de 2008, mais 70 % sur l?ann�e 2007.

Vous voyez que je vais tout � fait dans votre sens et je crois qu?il n?a jamais �t� reproch� � la Pr�fecture, en tout cas pas par le Maire de Paris, de ne pas avoir accompagn�, avec tout ce qui �tait dans ses possibilit�s, la mise en place de V�lib?.

La Pr�fecture de police, s?agissant de ces chiffres sur la politique de s�curit� routi�re, pratique la transparence en mati�re de statistiques. Cela vaut � la fois pour la d�linquance, comme vous le savez, et pour la s�curit� routi�re. J?ajoute d?ailleurs que ces informations figurent en permanence et de mani�re d�taill�e sur le site Internet de la PP, qui contient un tr�s grand nombre de donn�es d�taill�es par cat�gorie d?usager, par arrondissement ou encore par section de voie accidentog�ne.

Le document en ligne contient tout particuli�rement la matrice des responsabilit�s dans les accidents corporels et l?examen de ces chiffres montre que les torts sont tout � fait partag�s par toutes les cat�gories d?usagers, de mani�re � peu pr�s �galement r�partie. Cela ne signifie pas que tous les usagers sont fautifs, mais que l?on trouve des usagers fautifs et dangereux dans toutes les cat�gories, qu?il s?agisse des conducteurs de poids lourds, des voitures, des motos, cyclistes et pi�tons.

Vous insistez beaucoup sur le caract�re r�pressif de la Pr�fecture de police, mais je m?honore d?avoir � d�velopper et mettre en place une politique de pr�vention qui est une politique d?�quilibre, et les d�bats sur pr�vention/r�pression sont largement d�pass�s aujourd?hui, puisqu?il s?agit d?un ensemble, notamment en mati�re de lutte contre la s�curit� routi�re.

S?agissant de la pr�vention, la Pr�fecture de police a particip� � de nombreuses actions, notamment la f�te du v�lo. J?y reviendrai sur les incidents que vous avez signal�s, en tout cas per�us comme vous par des incidents dans le cadre de la manifestation de ?v�lorution?. La Pr�fecture de police a �troitement travaill� en partenariat avec la Ville dans toute la pr�paration et l?accompagnement du lancement des v�los en libre service.

Certes, le d�veloppement r�cent du fait cycliste sur la voie publique, qui est nettement perceptible depuis quelques ann�es, avant m�me l?arriv�e des v�los en libre service, a entra�n� une mobilisation plus forte qu?autrefois des services de police sur la question des infractions commises par les cyclistes. La verbalisation de leurs fautes de comportement n?est plus marginale, puisqu?il y a eu, effectivement, 11.000 PV en 2007.

Mais, en tout cas, dans cette affaire, il s?agit plut�t pour nous d?un effet de rattrapage que d?une volont� - cela, je vous le garantis - de cibler les v�los, puisque nous sommes tout � fait conscients que c?est un mode de d�placement qui a beaucoup moins de r�percussions, notamment au regard de la pollution que d?autres modes de d�placement.

Mais l?activit� r�pressive s?exerce aussi - je tiens � vous rassurer - de mani�re accrue � l?encontre des v�hicules qui repr�sentent une source de danger pour les cyclistes. Depuis un an, j?ai donn� des instructions tout � fait fermes pour que les comportements dangereux des v�hicules motoris�s � l?encontre des cyclistes ou les utilisations abusives des voies qui leur sont r�serv�es, soient syst�matiquement sanctionn�s.

C?est la raison pour laquelle, d?ailleurs, comme les modes de contr�le classiques ne permettent pas toujours de toucher les gens les plus dangereux, j?ai �t� � l?origine d?une technique de verbalisation dite ?au vol?. Le but de la man?uvre est vraiment de sanctionner les usagers, quels que soient leurs modes de locomotion, qui sont les plus dangereux pour nos concitoyens.

Je terminerai, bien s�r, par ?V�lorution?.

Je crois qu?il ne faut pas accorder une importance d�mesur�e � cette affaire, mais je vous dirai, dans le cadre de mes responsabilit�s, ce que nous avons fait.

Il �tait pr�vu le 7 juin 2008, � l?initiative de cette association, un d�fil� organis� � Paris, comme dans d?autres capitales europ�ennes, pour expliquer, pour mettre en lumi�re la fragilit� du cycliste par rapport aux autres usagers.

Bien �videmment, nous n?avons aucune pr�vention contre ce type de message, sauf que je ne vois pas pourquoi, pour prouver la fragilit� du cycliste, on est oblig� de se promener tout nu !

A titre personnel, je n?ai absolument rien contre les gens qui se prom�nent tout nu, mais on est dans un pays o� il y a encore quelques r�gles !

Ce que nous avions dit, c?est qu?il nous paraissait que, le but �tant de montrer la fragilit�, un maillot de bain en tissu tr�s l�ger?

(Rires - applaudissements).

? il ne s?agissait pas d?imposer le port d?une armure de guerre mais une tenue l�g�re ne nous semblait pas incompatible avec la d�livrance du message en direction du public.

En cons�quence de quoi, nous avons appliqu� le droit. L?association en question a �t� re�ue � la Pr�fecture, comme, je l?esp�re, toutes les associations. Et nous n?avons pas accept� la d�claration. Fort heureusement, et vous me poseriez sans doute des questions, la France n?est pas soumise � un r�gime d?autorisation, mais de d�claration. Et ce n?est qu?au cas o� nous consid�rons qu?il y a risque pour l?ordre public que nous interdisons la manifestation ce que je n?ai pas du tout voulu faire. J?ai simplement appel� � la d�cence parce que, dans notre pays, tout le monde ne pense pas exactement la m�me chose et se promener tout nu me para�t quelque chose qui n?est pas encore compl�tement accept� en France?

(Rires).

? et c?est la raison pour laquelle nous avons laiss� cette manifestation se d�rouler. Il y a trois personnes qui se sont d�v�tues, qui ont �t� interpell�es. Pourquoi y a-t-il eu ensuite des �v�nements qui vous font parler de violence ? C?est que certains manifestants sont venus sur le stand de la Pr�fecture de police, ont insult� les fonctionnaires qui le tenaient, ont jet� par terre les documents que nous diffusons pr�cis�ment.

Mais si, Monsieur BAUPIN, si, il y a eu tentative de d�monter le stand de la Pr�fecture de police. Je trouve que c?est tout � fait inadmissible. C?est dans ces conditions que ces personnes ont �t� interpell�es. Elles n?ont en rien �t� bless�es, elles ne seront pas sanctionn�es ; il y aura un rappel � la loi, le rappel � la loi. Le rappel de la loi, c?est qu?on ne peut ni se promener nu, ni renverser les stands de la Pr�fecture de police.

Je trouve qu?avec le respect de ces deux r�gles, on progressera beaucoup.

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P.P.A. et Centre et Ind�pendants).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Peut-�tre tel ou tel adjoint veut-il ajouter un mot ? Mais je n?encourage pas � la d�pense. Vous faites bref. On vient de passer beaucoup de temps l�-dessus.

Le seul int�r�t c?est la s�curit� de tous. Que tout le monde fasse un effort et puis voil�, on a souri un peu sur le reste, on ne va pas y passer le r�veillon.

Mme Annick LEPETIT, adjointe. - Une phrase, Monsieur le Maire, concernant la s�curit�, pour dire que l?installation dans les tous prochains jours d?un panneau provisoire sur le couloir de bus de la rue Lafayette qui rappelle l?interdiction aux cyclistes va se faire.

Sinon, concernant la Ville, effectivement il y a eu des actions de pr�vention importantes lors de la derni�re F�te du v�lo notamment au sujet des angles morts qui concernent les camions, et j?ajouterai enfin, comme vous l?avez dit et M. le Pr�fet est �galement d?accord avec ce principe, que la s�curit� routi�re concerne tout le monde.

Il nous faut veiller au partage de l?espace public, � ce que chacun puisse trouver sa place, d?autant qu?on peut �tre tour � tour automobiliste, cycliste, motard, pi�ton. Nous ferons une grande campagne de sensibilisation � ce sujet.

J?esp�re que la Pr�fecture de police nous accompagnera dans cette campagne pour que chacun puisse �tre effectivement sensibilis� sur ces questions.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est � M. Georges SARRE.

M. Georges SARRE, adjoint. - Monsieur le Maire, Monsieur le Pr�fet de Police, bri�vement je dirai que c?est l?ensemble des situations dangereuses qu?il faut �viter en faisant respecter par tous, par tous les usagers de la route, le code.

Et je souhaite simplement vous pr�ciser que la Mairie de Paris et la Pr�fecture de police entendent bien poursuivre et renforcer de concert les dispositifs de pr�vention, d?�ducation et de r�pression appropri�s, pour que le code de la route et les r�gles de s�curit� soient respect�s par tous, par tous les usagers, au b�n�fice d?une bonne cohabitation de tous et d?une meilleure s�curit� de chacun sur la voie publique.

Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Chers amis, je veux simplement vous dire que pour parcourir beaucoup les rues de Paris, je vois beaucoup d?indisciplines qui m?inqui�tent, c?est tout. Il m?arrive d?ailleurs de le dire � des automobilistes, � des cyclistes et � des pi�tons, de me faire envoyer pa�tre et cela m?inqui�te, non pas du tout parce que j?ai un quelconque go�t pour la r�pression ou pour l?ordre moral y compris si on veut se d�nuder, chacun choisit les endroits, mais en revanche pour la s�curit� des Parisiens cela m?inqui�te.

Il y a un d�veloppement du v�lo � Paris, dont je me r�jouis beaucoup, on y a m�me contribu� mais il y a parfois des usagers de tous les modes de transport qui sont un peu d�sinvoltes par rapport � leur propre s�curit�.

Je demande avec bon sens, avec s�rieux, avec la souplesse n�cessaire, oui il y a un effort consid�rable � consentir de p�dagogie, d?information et aussi d?alerte. Que voulez-vous, moi je vois parfois des deux roues, qu?ils soient motoris�s ou pas, sur des trottoirs qui fr�lent des personnes �g�es, cela me fout la trouille et je n?ai pas l?intention d?�tre d�magogique.

Je vous le dis franchement. Il y a des indisciplines que je ne veux accepter de personne. Ce n?est pas commode. M�me des cyclistes vous disent qu?ils ne s?arr�tent pas au feu rouge. Et bien il faut quand m�me tous ensemble qu?on essaie de prendre nos responsabilit�s pour le reste, enlevez ce que vous voulez mais soyez en s�curit� tous et qu?il n?y ait pas d?accident �vitable � Paris.

Juin 2008
Débat
Conseil municipal
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