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2019 DAE 56 - Subvention (15.000 euros) et convention avec l'association "Paris & Compagnie" (19e).


M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Pour le projet de d�lib�ration DAE 56, la parole est � Jean-No�l AQUA, qui peut ne pas faire 5 minutes.

M. Jean-No�l AQUA. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, nous voterons contre cette subvention au projet "Rhizome".

Qu?est-ce que ce projet "Rhizome"�? Il semble � premi�re vue bien �loign� de la tige souterraine de certaines plantes vivaces, et pourtant nous pouvons faire certains parall�les et comparaisons int�ressants entre ce projet et cette tige v�g�tale.

Ce programme tente en effet de faire passer de mani�re souterraine un soutien public aux entreprises priv�es, et en l?occurrence afin qu?elles fassent �voluer leur politique de gestion des ressources humaines et de management. Qu?allons-nous faire dans cette gal�re�? Quel lien avec l?action publique�?

Le projet "Rhizome" s?alimente donc de l?argent public pour des b�n�fices priv�s, le bon vieil adage collectivisant les co�ts et privatisant les b�n�fices, et pour des b�n�fices qui seront probablement bien �loign�s de ce que l?on est en droit d?attendre d?une politique de l?emploi, lorsqu?on s?aper�oit que les partenaires de la plateforme sont "AG2R", "La Mondiale" ou "Total".

Derri�re l?objectif de mutation du travail et de transformation des ressources humaines, que trouvons-nous�? Nous connaissons l?habilet� du nouveau management public pour masquer les dures r�alit�s sociales par un vocabulaire trompeur�: derri�re les "plans de sauvegarde de l?emploi" se cachent en r�alit� des licenciements, derri�re les restructurations se cache une volont� avide d?augmenter le profit en supprimant des emplois.

Que cache-t-on dans ce projet de d�lib�ration derri�re la, je cite�: "mutation du travail, transformation des ressources humaines, gestion dynamique des comp�tences"�? Non seulement cette distribution d?argent public pour ce type de mission ne rel�ve pas visiblement de nos comp�tences, mais en outre elle pourrait atteindre des objectifs compl�tement contradictoires avec ceux que nous poursuivons, � savoir la s�curit� de l?emploi et de la formation tout au long de la vie.

En laissant les chefs d?entreprise et les DRH orchestrer cette mutation du travail, nous laissons la logique du profit guider l?organisation du travail au m�pris des consid�rations sociales. Les cons�quences sont lourdes�: "burn out", maladies professionnelles, multiplication de la souffrance au travail, etc.

A l?heure o� le pays est travers� par une grave crise d�mocratique, nous r�affirmons la n�cessit� d?une d�mocratisation des entreprises. La vraie innovation en mati�re de ressources humaines serait l?introduction d?une r�elle d�mocratie au travail. Soyons fous, demandons l?impossible ou du moins l?impossible pour les petits pieds�: demandons la participation de tous les salari�s aux d�cisions de l?entreprise�!

Le regain, ces derni�res ann�es, des coop�ratives nous permet d?entrevoir cet espoir. Ces innovations nous permettent d?imaginer un monde du travail o� les hommes et les femmes ne sont pas uniquement des ressources, mais sont pleinement acteurs de leur vie professionnelle.

Mais nulle trace de telles innovations dans les projets de "Rhizome". Il reste centr� sur l?am�lioration du profit � coup d?innovations techniques diverses et vari�es, comme on peut le voir sur le site Internet.

Bref, rien de bien novateur sous le soleil, tout juste une nouvelle peinture. Pour nous, ce projet de d�lib�ration n?a pas lieu d?�tre. Il verse de l?argent public pour une finalit� bien �loign�e de l?int�r�t collectif, pour une finalit� bien �loign�e d?un projet �mancipateur qui serait, lui, r�ellement novateur.

Pour toutes ces raisons, nous voterons contre. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Jean-No�l AQUA.

La parole est � Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - C?est une vraie provocation, en fait, ce projet de d�lib�ration parce qu?une entreprise est d?abord et avant tout un collectif de travail. Sauf que comment traiter ce collectif de travail�? Comment regarder la gestion des ressources humaines�?

Aujourd?hui, force est de constater, qu?il s?agisse des "start-up" ou qu?il s?agisse de grandes entreprises, mais honn�tement les "start-up" n?�chappent absolument pas � la r�gle et c?est g�n�ralement pire que dans les petites entreprises plus traditionnelles, on constate une violence symbolique dans les rapports au travail qui est terrible, que cela d�clenche de la souffrance au travail, qu?il y a bien souvent un d�ni de reconnaissance de ce qu?il reste dans le droit du travail, malgr� l?ensemble des tentatives de d�tricotage du Code du travail. Et l�, vous voulez donner 15.000 euros pour l?association "Paris et Compagnie" qui vise notamment � accompagner, dans l?innovation sur les ressources humaines, la gestion des ressources humaines des "start-up"�?

Mais faites dans ce cas un don aux organisations syndicales des salari�s de ce pays�! Intervenez pour qu?il y ait une campagne aupr�s du Gouvernement pour exiger qu?il y ait plus d?inspecteurs et d?inspectrices du travail, et que l?on arr�te de casser le corps des inspecteurs et inspectrices du travail. Ou bien faites un partenariat avec des chercheurs � l?universit� sur la question du droit au travail, de la protection du travail, contre le "burn out", la souffrance au travail, la maltraitance au travail, mais pas pour l?innovation des ressources humaines.

J?imagine et j?esp�re que vous allez nous donner d?autres explications, mais bien �videmment je voterai contre ce projet de d�lib�ration.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Danielle SIMONNET.

Je donne la parole � Afaf GABELOTAUD, pour r�pondre aux oratrices et orateurs.

Mme Afaf GABELOTAUD, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

"Paris et Compagnie", "Paris & Co", l?Agence de d�veloppement �conomique et d?innovation de Paris est un outil unique au service de l?�mergence et du d�veloppement des "start-up" parisiennes, du d�ploiement des r�seaux professionnels, du rayonnement et de l?attractivit� de Paris.

Cela n?a rien de botanique �videmment, et plus s�rieusement la Ville de Paris a choisi de soutenir "Paris & Co" via un conventionnement et une subvention de 15.000 euros pour le d�veloppement de la plateforme d?innovation de "Rhizome". Une plateforme d�di�e � la mutation du travail et � la mutation des ressources humaines.

Mais, tr�s s�rieusement, pensez-vous r�ellement que nous allions subventionner une structure pour d�tricoter le Code du travail, ou encore chercher � faire une mutation particuli�re pour aider les entreprises � mieux licencier ou licencier diff�remment�? Pas du tout. Il s?agit, tr�s s�rieusement, que la Ville s?interroge et aide � s?interroger les ressources humaines.

Je salue V�ronique LEVIEUX puisque la Ville utilise aussi cette plateforme pour s?interroger sur ses propres ressources humaines. Comment faire �voluer, via les outils num�riques, mais aussi comment rapprocher les acteurs priv�s du public le plus �loign�, � travers des formations, des outils num�riques pour s?aider dans son C.V., des outils num�riques qui permettent de proposer et de poster des C.V. virtuels. C?est donc tr�s concret. Cela n?a rien de fantasmagorique. Ce n?est absolument pas un mythe. On n?est pas en train de construire ou de d�structurer. On est tr�s loin de ce sch�ma.

Il y a des secteurs en tension�: l?h�tellerie, le tourisme, la restauration, le B.T.P., les m�tiers d?aide � la personne. Ils sont structurellement en tension et peinent � recruter. Ces entreprises nous demandent aussi que des jeunes "start-up" puissent s?interroger sur de nouvelles formes puisqu?aujourd?hui il y a des outils num�riques un peu partout, que cette mutation et cette transformation existent. C?est le sens de l?histoire. Il faut savoir faire avec.

Personnellement, je n?ai aucun probl�me � aider � cette r�flexion, � faire en sorte que les probl�matiques de recrutement ne soient pas une mati�re fig�e. L?innovation y a toute sa place, y compris dans l?objectif social d?accompagnement et d?insertion des personnes �loign�es de l?emploi. Par ailleurs, les adh�rents, ce sont aussi P�le Emploi, la Ville de Paris. Ils utilisent cette plateforme pour s?interroger sur leurs propres r�flexions, le recrutement et les ressources humaines de fa�on plus globale.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Afaf GABELOTAUD.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAE 56.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s?abstient�?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2019, DAE 56).

Février 2019
Débat
Conseil municipal
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