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M. Jean VUILLERMOZ, adjoint, pr�sident. - Nous allons donc maintenant examiner le v?u r�f�renc�e n� 11 dans le fascicule, d�pos� par le groupe ?Les Verts?.

Je donne la parole � Sylvain GAREL.

M. Sylvain GAREL. - Merci, Monsieur le Maire.

Puisque nous honorons des combattants de la libert�, Henri Curiel �tait l?un d?eux. Lui aussi, vient d?ailleurs ; il est n� en Egypte, de parents juifs italiens, et s?est r�fugi� en France parce que ses activit�s politiques l?ont oblig� � quitter son pays d?origine, o� il avait d?ailleurs un statut tr�s inconfortable, puisqu?il �tait apatride, ce qui n?est jamais simple.

Il a continu� son combat avec beaucoup de ces camarades qui avaient �t� des combattants, en particulier proches du parti communiste �gyptien et il a milit� comme un v�ritable internationaliste pour soutenir les r�sistances du monde entier, que ce soit en Alg�rie, en Afrique du Sud, les gens qui refusaient d?aller faire la guerre au Vietnam, ceux qui luttaient contre les dictatures en Gr�ce, en Espagne ou au Chili.

Il y a eu aussi un travail tr�s important de sa part pour tenter un rapprochement entre les Palestiniens et les Isra�liens, un travail qui, on le sait, est loin d?�tre termin� et que Henri Curiel a essay� de faire avancer.

Il a �t�, dans des circonstances rest�es aujourd?hui non �lucid�es, assassin� le 4 mai 1978 dans la rue Rolin dans le 5e arrondissement. Nous sommes certains qu?il a �t� assassin� pour des raisons politiques, m�mes si nous n?avons jamais su lesquelles exactement.

Nous souhaitons qu?� l?occasion du 30e anniversaire de cet assassinat, la petite place qui est � l?entr�e de la rue Rolin, cette place o� il est mort, porte le nom d?Henri Curiel. Nous souhaiterions que notre assembl�e prenne cette d�cision. Je sais qu?elle l?a d�j� refus� il y a cinq ans. J?esp�re, maintenant que le recul n�cessaire a eu lieu, qu?il y aura une acceptation de ce v?u pour une personne qui a beaucoup contribu� � ce que notre monde soit un peu moins injuste qu?il ne l?aurait �t� sans lui.

Merci.

M. Jean VUILLERMOZ, adjoint, pr�sident. - Merci.

Pour r�pondre, Mme HIDALGO.

Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe. - M. GAREL l?a dit : il y a cinq ans, cette proposition est venue par sa bouche, ici en Conseil de Paris, et elle avait �t� refus�e. J?�mettrai � nouveau un avis n�gatif.

Lorsque nous donnons des d�nominations � des rues, � des places dans notre ville, cela suppose quand m�me une forme de consensus. Cela suppose que les noms que nous proposons ne suscitent pas des pol�miques mais soient bien de nature � rassembler sur une histoire commune que nous assumons, en tous les cas qui est une histoire, m�me si tous n?approuvent pas, dont on a connaissance.

Henri Curiel, a eu des engagements tr�s forts, c?est un personnage tout � fait respectable, mais pour autant, sa vie, ses engagements, son parcours politique et militant ne permettraient pas de d�gager ce consensus et ce rassemblement n�cessaire, dans la mesure o� une bonne partie de son histoire est une histoire faite dans la clandestinit�, et pour laquelle il y a quand m�me des zones d?ombre tr�s fortes qui subsistent.

Je suis au regret de dire � Sylvain GAREL que depuis cinq ans, cet �l�ment n?a pas �t� lev� et donc, je r�it�re un avis n�gatif � ce v?u qui vient de nous �tre propos�.

M. Jean VUILLERMOZ, adjoint, pr�sident. - Je vous remercie.

J?ai une explication de vote de Mme Aline ARROUZE au nom du groupe communiste.

Mme Aline ARROUZE. - Monsieur le Pr�sident.

Comme le groupe des "Verts" vient de le rappeler, Henri Curiel, qui �tait un combattant de la paix et de la libert�, militant internationaliste juif, fondateur du mouvement communiste �gyptien dans les ann�es 40, s?est engag� en France dans le soutien � la lutte d?ind�pendance du peuple alg�rien.

Il fut plus tard l?animateur d?un r�seau de solidarit� avec les mouvements de lib�ration du Tiers monde, notamment de l?Afrique du Sud. Puis, l?organisateur des premiers contacts secrets entre l?Organisation de lib�ration de la Palestine et des responsables isra�liens.

Une campagne affreuse de calomnie tenta de discr�diter ses id�es et sa personne, notamment dans le journal ?Le Point? au cours de l?ann�e 1976. Henri Curiel a �t� assassin� � Paris le 4 mai 1978 et les responsables de ce meurtre n?ont jamais �t� retrouv�s.

Le dossier est aujourd?hui ferm� sans qu?il y ait eu le moindre effort pour retrouver les assassins et leurs commanditaires. Il serait bon d?ailleurs d?exiger l?acc�s de la justice aux archives des services secrets fran�ais, mais aussi pour rappeler l?action de solidarit� militante entre les peuples du nord et du sud � laquelle Henri Curiel a vou� sa vie.

Nous voterons ce v?u, parce que le groupe communiste veut rendre hommage � cet homme qui fut l?un des siens, qui v�cut pour ses id�es et qui laissa en h�ritage l?ardente exigence d?inventer un nouvel internationalisme et qui reste une des grandes figures des combats progressistes dans le monde m�diterran�en.

Merci.

M. Jean VUILLERMOZ, adjoint, pr�sident. - Monsieur GAREL, pour une explication de vote.

M. Sylvain GAREL. - Je suis tr�s pein� et un peu r�volt� de la r�ponse de Mme HIDALGO sur ce v?u. D?abord, je tenais � dire que ce v?u, il y a cinq ans, avait �t� d�pos� et d�fendu par Myl�ne STAMBOULI alors adjointe au Maire de Paris, dont le p�re �tait un compagnon de combat d?Henri Curiel et quelqu?un qui faisait partie de ses r�seaux.

Deuxi�mement, si on consid�re que la clandestinit� est quelque chose qui emp�che d?avoir une d�nomination dans les rues de Paris, � ce moment-l� il faut d�baptiser toutes les rues � qui nous avons donn� des noms de r�sistants, puisque les r�sistants, que ce soit en France ou au niveau international, ont v�cu dans la clandestinit�.

Troisi�mement, s?il faut qu?il y ait un consensus, j?ai du mal � comprendre pourquoi � ce moment-l� on a donn� une place � Jean-Paul II, ce qui �tait loin de faire consensus entre nous et a m�me provoqu� des d�bats tr�s forts entre nous.

Derni�rement, et c?est ce qui me r�volte le plus, ce refus accr�dite la th�se que certains ont avanc�, et qui a �t� rappel�e par ma coll�gue, comme quoi Curiel aurait �t� un agent du KGB. Il faut savoir que c?est quelques mois apr�s que ?Le Point? ait avanc� cette hypoth�se - qui n?a jamais �t� confirm�e ni prouv�e malgr� l?ouverture des archives des Pays de l?Est -, que Curiel a �t� assassin�.

En refusant de donner le nom d?une place de Paris � Henri Curiel, vous accr�ditez cette th�se qui a contribu� � l?assassinat de cette personne.

M. Jean VUILLERMOZ, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u d�pos�e par le groupe ?Les Verts?, assortie d?un avis d�favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est rejet�e.

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