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Vœu déposé par M. Pascal CHERKI, Mmes Virginie DASPET, Nathalie MAQUOI, Carine PETIT, les groupes PCF-FG et GEP relatif aux incidents survenus au lycée Arago. Vœu déposé par Mme Danielle SIMONNET relatif aux incidents survenus au lycée Arago. Vœu déposé par M. Pascal CHERKI, Mmes Virginie DASPET, Nathalie MAQUOI, Carine PETIT, M. Yves CONTASSOT, Mmes Sandrine MÉES et Marie ATALLAH relatif à l'accès à l'enseignement supérieur et aux choix des filières.


M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l'examen de v?ux non rattach�s. Les v?ux nos�129, 130 et 131 sont relatifs aux incidents survenus au lyc�e Arago et � l'acc�s � l'enseignement sup�rieur.

Je donne la parole au premier orateur, M. AQUA.

M. Jean-No�l AQUA. - Merci, Monsieur le Maire, mes chers coll�gues. Nous avons d�j� parl� ici hier des �v�nements du lyc�e Arago. Les t�moignages s'accumulent, et la l�gitimit� des ordres donn�s aux forces de l'ordre ne cesse d'�tre questionn�e. L'absence de r�ponse du Pr�fet hier aux questions pr�cises qui lui �taient pos�es, r�v�le le flou artistique autour de cette intervention polici�re.

Quand il y a un flou, il y a un loup, disent certaines grands-m�res. Nous voulons donc lever le voile sur cette affaire, et avoir plus d'�claircissements sur ces �v�nements qui peuvent �tre tant une bavure administrative, mais qui peuvent aussi �tre une volont� politique du Gouvernement d'instrumentaliser les forces de l'ordre pour �teindre la contestation elle-m�me politique de ses choix id�ologiques.

Car les �v�nements du lyc�e Arago ne sont pas une petite histoire qui s'�teint d'un coup de communication. A l'issue de la manifestation du 22 mai, de nombreux lyc�ens et lyc�ennes envisagent d'organiser une assembl�e g�n�rale. Alors que l'occupation est pacifique, les forces de l'ordre sont rapidement d�p�ch�es sur le lieu pour �vacuer les jeunes et pour op�rer des arrestations massives. 102 lyc�ens dont 44 mineurs seront interpel�s. Ils seront retenus dans des "paniers � salade" de nombreuses heures, avant d'�tre "dispatch�s" dans diff�rents commissariats pour se voir notifier une garde � vue de 24 heures, renouvel�e parfois.

De nombreux parents n'ont m�me pas eu acc�s � des informations sur ce qui arrivait � leurs enfants. On les a trait�s comme des d�linquants violents, c'est injustifiable et c'est incompr�hensible. On savait que La R�publique en marche �tait adepte d'une politique d'une violence sociale in�gal�e, mais on peut s'interroger, au vu de ces �v�nements, sur la violence concr�te de son action polici�re.

Nous demandons donc, dans notre v?u, � ce que le Pr�fet vienne expliquer en Commission le d�roul� de l'intervention de ses hommes, afin que nous comprenions enfin quelle est la nature de ces �v�nements.

Je vous remercie.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur AQUA.

Je donne la parole � Mme SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - La situation �tait extr�mement grave. D'abord, rappelons le fond de l'affaire. Le fond de l'affaire, c'est "Parcoursup", et la loi O.R.E. La col�re des lyc�ens et lyc�ennes et de leurs parents est totalement l�gitime, ainsi que celle des �tudiants. En effet, aujourd'hui, apr�s les premiers r�sultats de "Parcoursup", on sait que pr�s de la moiti� des lyc�ens en France n'ont pas eu de r�ponses favorables � la formulation de leurs v?ux.

Nous savons �galement qu'on va �tre dans une situation de remise en cause du baccalaur�at comme premier grade universitaire donnant acc�s � l'inscription dans la fili�re de son choix. Ce n'est pas rien. La col�re contre ce qui s'apparente � une mesure de s�gr�gation sociale dans l'enseignement sup�rieur et de remise en cause de la libert� de choisir ses �tudes est l�gitime.

Ensuite, il y a un droit des lyc�ens � s'organiser, la d�mocratie lyc�enne qui a �t� acquise et conquise. Je sais qu'ici, beaucoup ont fait partie, lors de leur jeunesse, de ce combat lyc�en et de ce combat �tudiant. J'esp�re qu'ils vont s'en souvenir en votant les trois v?ux pr�sent�s.

Que s'est-il pass� ce mardi 22 mai, lorsque des �tudiants et des lyc�ens souhaitent mettre en place une assembl�e g�n�rale inter-�tablissement dans le lyc�e Arago�? Ils sont l'objet d'interpellations massives sans pr�c�dent, 101 interpellations. Ces interpellations ont donn� lieu, sur ordre du Minist�re, � des placements en garde � vue.

Il faut savoir les conditions dans lesquelles cela s'est d�roul�: en violation totale des r�gles de proc�dure. Signification de la garde � vue apr�s plus de cinq heures de r�tention au commissariat du 18e rue de l'Evangile et non, par exemple, � la fin de la premi�re heure comme la loi l'impose. Les interpell�s ont parfois �t� enferm�s dans un bus sans pouvoir boire, s'alimenter ou aller aux toilettes avec, pour les mineurs, le fait que les parents n'ont m�me pas �t� contact�s par les autorit�s de police avant la fin de la troisi�me heure. Je n'ai, h�las, pas le temps de tout d�tailler, mais nous sommes sur des situations de mise en examen. On sait que ces r�pressions, qui cherchent � faire taire la jeunesse, se sont reproduites dans d'autres �tablissements scolaires. Il faut que cela cesse.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame SIMONNET.

Madame MAQUOI?

Mme Nathalie MAQUOI. - Merci, Monsieur le Maire.

Dans deux semaines commencent les �preuves du baccalaur�at. Pour une g�n�ration, ces deux semaines sont cruciales, stressantes, � traverser pour obtenir ce premier dipl�me.

Pour un certain nombre de lyc�ens, et permettez-moi d'avoir une pens�e particuli�re pour les lyc�ens professionnels, ils seront les premiers de leur famille � obtenir ce s�same.

Or, dans cette m�me p�riode, les r�sultats incertains de "Parcoursup" ajoutent un stress inutile et suppl�mentaire. Paris est l'acad�mie o� il y a le plus de jeunes souhaitant entamer des �tudes. Or, "Parcoursup", et cela a �t� rappel� avant, est un outil qui instaure une s�lection � l'universit� et qui essaie de justifier de ne pas augmenter le nombre de places dans l'enseignement sup�rieur pour accueillir, dans de bonnes conditions, une g�n�ration plus nombreuse que la pr�c�dente. Cette absence de perspective d'avenir g�n�re des r�actions de contestation des lyc�ens et des lyc�ennes qui ont �t� r�prim�es durement par le Gouvernement. C'est pourquoi, avec Pascal CHERKI, Virginie DASPET, Carine PETIT, Yves CONTASSOT, Sandrine M�ES et Marie ATALLAH, nous souhaitons que le Conseil de Paris s'indigne de la fa�on dont les jeunes Parisiens sont trait�s, et nous condamnons les gardes � vue qui sont, pour nous, injustifi�es. Nous demandons au Gouvernement d'entendre les revendications des lyc�ens et qu'un v�ritable dialogue s'engage, pour trouver des solutions viables pour l'avenir viable de cette g�n�ration.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame MAQUOI.

Je donne la parole pour r�pondre aux orateurs � M. Patrick BLOCHE, ensuite � M. le Repr�sentant du Pr�fet de police.

M. Patrick BLOCHE, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire.

Une r�ponse commune � ces trois v?ux qui portent sur un m�me sujet, les conditions de l'interpellation, en marge de la manifestation du 22 mai dernier, de 102 jeunes lyc�ennes et lyc�ens, dont 34 mineurs, suite � la br�ve occupation du lyc�e Arago pour y tenir une assembl�e g�n�rale.

J'ai �videmment �t� tr�s attentif avec Colombe BROSSEL et Catherine BARATTI-ELBAZ que j'associe � mes propos, aux diff�rents t�moignages sur les conditions de ces interpellations et gardes � vue. Une �motion tout � fait l�gitime s'est exprim�e. Nous avons �videmment �t� t�moins de ce qui a pu �tre la grande inqui�tude des parents, notamment des parents de jeunes mineurs, qui n'avaient pas �t� inform�s de ces placements en garde � vue.

Le Pr�fet de police s'est exprim� hier lors des questions d'actualit�. M. le directeur de cabinet va �galement intervenir. Je voudrais dire en l'occurrence que l'Ex�cutif donnera un avis favorable, sous r�serve de l'adoption d'amendements, aux v?ux nos�129 et 131, mais par contre donnera un avis d�favorable au v?u n��130 de Danielle SIMONNET, car il y est indiqu� que les r�gles de proc�dure ou de droit ont �t� viol�es.

Dans le cas de notre Etat de droit, ce n'est pas au Conseil de Paris, mais bien � la justice, si elle est saisie, et je crois qu'elle l'est ou le sera, de le dire. C'est la raison pour laquelle j'�mettrai un avis d�favorable dans le cadre de ce que l'on appelle commun�ment la s�paration des pouvoirs.

Parall�lement, je me r�jouis que le D�fenseur des droits, parce que c'est son r�le, ait �t� saisi par un collectif de parents, d'intellectuels et de citoyens engag�s.

Je pense qu'il est tr�s important, j'en termine, de traduire � travers notre �change, notre inqui�tude partag�e et celle exprim�e par la jeunesse quant � son insertion dans la soci�t� et imm�diatement quant � l'acc�s � l'universit� dont la mise en place de "Parcoursup" est l'une des expressions qui doivent �tre consid�r�es � leur juste mesure.

Nous devons toujours rappeler que le respect du droit des personnes est un �l�ment constitutif de la confiance n�cessaire que doivent pouvoir ressentir les individus dans les institutions, particuli�rement � l'adolescence ou au commencement de la vie d'adulte et que la manifestation est un �l�ment constitutif du processus de socialisation politique de la jeunesse et l'un des composants de la vitalit� d'une soci�t� d�mocratique.

Nous sommes un certain nombre ici � pouvoir en t�moigner quant � ce que nous faisions nous-m�mes quand nous �tions jeunes. Je rappellerai, pour finir, cette tr�s belle phrase de Jean Zay, qu'il a prononc�e en d�cembre 1936�: "Les �coles doivent rester l'asile inviolable o� les querelles des hommes ne p�n�trent pas".

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur BLOCHE.

La parole est � M. le Repr�sentant du Pr�fet de police.

M. LE REPR�SENTANT DU PR�FET DE POLICE. - Merci, Monsieur le Maire.

En effet, le Pr�fet de police a �t� amen� � r�pondre � une question d'actualit� hier apr�s-midi. Vous me permettrez ici de reprendre ses propos et de r�pondre notamment sur trois aspects �voqu�s aujourd'hui.

D'abord, le contexte g�n�ral, cette intrusion dans le lyc�e Arago a eu lieu en marge de la manifestation du 22 mai, qui elle-m�me avait �t� maill�e d'incidents en marge du d�fil�. Je ne reviens pas sur les �l�ments que le Pr�fet de police a apport�s.

Au moment de la dispersion place de la Nation, une centaine de personnes sont entr�es de force dans le lyc�e Arago, sans l'autorisation du chef d'�tablissement qui se trouvait � l'int�rieur, et selon les informations communiqu�es par le chef d'�tablissement, ont commenc� � commettre des d�gradations, avec par ailleurs la disparition de mat�riels informatiques. Voil� pour les faits.

La chef d'�tablissement, au vu de ces �l�ments, ayant la responsabilit� de cet �tablissement, a sollicit� le concours de la force publique pour �vacuer les locaux dont elle a la responsabilit�.

C'est sur l'ordre personnel du Pr�fet de police que les forces de l'ordre sont intervenues pour d�loger les manifestants.

Deuxi�me point de clarification�: le cadre l�gal de l'action des services de police, puisque j'ai entendu les mots de manipulation ou d'instrumentalisation. C'est la loi, c'est le Code p�nal. Un article du Code p�nal a �t� rappel� in extenso par le Pr�fet de police hier, qui pr�voit que "le fait de p�n�trer ou se maintenir dans l'enceinte d'un �tablissement d'enseignement scolaire sans y �tre habilit�, en vertu de dispositions l�gislatives ou r�glementaires ou y avoir �t� autoris� par les autorit�s comp�tentes, notamment le chef d'�tablissement, dans le but de troubler la tranquillit� ou le bon ordre de l'�tablissement, est puni d'un an d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende". Autant dire que c'est un d�lit. Des peines plus graves sont pr�vues lorsque ce d�lit est commis en r�union, comme c'�tait le cas le 22 mai. C'est la loi de la R�publique, elle s'applique � tous, aux majeurs comme aux mineurs, et aux 102 manifestants interpell�s le 22 mai, parmi lesquels 34 mineurs. Je rappelle que sur ces 34 mineurs, il y avait 2 �l�ves de l'�tablissement, lyc�e Arago.

Troisi�me sujet qui a �t� �voqu� ici�: la r�gularit� des proc�dures. Une mesure de garde � vue n'est pas d�cid�e par le Minist�re de l'Int�rieur, mais, sous l?autorit� du Procureur de la R�publique, par des officiers de police judiciaire. Elle est strictement encadr�e par le Code de proc�dure p�nale. Le Parquet a d�cid� de d�f�rer plus des trois-quarts des individus qui avaient �t� interpell�s. C'est un taux extr�mement important. Je pense que le Procureur de la R�publique de Paris, s'il avait estim� que les r�gles de proc�dure p�nale avaient �t� viol�es � l?occasion de ces gardes � vue, n'aurait sans doute pas pris ces d�cisions.

Je r�p�te ici, comme le Pr�fet de police a �t� amen� � le faire, pour clarifier les choses�: que les r�gles de d�ontologie et les principes de proc�dure p�nale ont �t� respect�s.

S'il appartient au Pr�fet de police et � tous les services plac�s sous son autorit� de respecter scrupuleusement les r�gles de d�ontologie, les r�gles de proc�dure p�nale et les dispositions l�gislatives applicables sur le territoire de la R�publique, s'il lui appartient de veiller au bon d�roulement des manifestations - et nous le faisons plus de 5.000 fois par an � Paris en accompagnant les organisateurs et en veillant � la s�curit� des �v�nements, qu?ils soient organis�s - il appartient aussi au Pr�fet de police, aux termes de la Constitution, de veiller au respect de la loi. C'est ce qui a �t� fait le 22 mai dernier. Je vous remercie.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Merci.

Avant de soumettre l'ensemble des v?ux aux voix, j'ai une demande d'explication de vote de M. Pascal JULIEN. Je vous donne la parole.

M. Pascal JULIEN. - Merci.

Je r�pondrai aux trois v?ux en une seule fois.

Monsieur le Repr�sentant du Pr�fet, l'affaire est d'importance. Il s'agit de la confiance de la jeunesse envers la police et, je dirai m�me, de la confiance des �lus envers la police. C'est cela, mon sujet � moi. Et quand le Pr�fet, comme vous aujourd'hui, ne r�pondez pas � la question que l'on vous pose, ce n'est pas de nature � �tablir la confiance. On ne vous interroge pas sur le principe m�me de l'intervention, mais sur des jeunes qui ont �t� parqu�s dans des cars, sans avoir � manger, sans pouvoir aller aux toilettes, sans pouvoir boire, sans contact avec leurs parents. On vous interroge sur une mise � nu d'un adolescent, sur des brutalit�s qui ont �t� film�es, avec plusieurs t�moignages de journalistes. On vous interroge sur la mani�re dont la force l�gitime a �t� utilis�e. On ne vous interroge pas sur les d�cisions du Parquet, ni sur le principe m�me de l'intervention.

Or, sur ce point central, sur lequel on vous a interrog�s hier, sur lequel vous l'�tes aujourd'hui, vous ne r�pondez pas. Le Pr�fet n'a pas r�pondu et cela me d�sole, parce que moi je suis de ceux qui militent depuis toujours pour une police r�publicaine qui a la confiance des gens, des jeunes et des �lus. Je suis contre le discours anti-policier. J'aime la police. Je le r�p�te�: j'aime la police, Monsieur le Repr�sentant du Pr�fet. Mais, pour l'aimer, faut-il que cette police reconnaisse, parfois, comme tout le monde, qu'elle fait des conneries, qu'elle a des d�rapages qu'elle ne ma�trise pas. Parce que l'on fait tous des erreurs.

La r�ponse langue de bois, qui a �t� celle du Pr�fet et qui est la v�tre aujourd'hui, me d�sole.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Merci. Je vais mettre aux voix l'ensemble des v?ux qui ont �t� pr�sent�s.

Je mets aux voix, � main lev�e, le v?u n��129 des groupes Communiste - Front de Gauche et Ecologiste de Paris, avec une proposition d'amendement de l'Ex�cutif qui est accept�e, avec un avis favorable de l'Ex�cutif.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s'abstient�?

Le v?u amend� est adopt�. (2018, V. 332).

Je mets aux voix, � main lev�e, le v?u n��130 de Mme SIMONNET, avec un avis d�favorable de l'Ex�cutif.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s'abstient�?

Le v?u est rejet�.

Je mets aux voix, � main lev�e, le v?u n��131 de M. CHERKI, Mmes DASPET, MAQUOI, PETIT, M.�CONTASSOT, avec un amendement propos� par l'Ex�cutif qui est accept�, avec un avis favorable de l'Ex�cutif.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s'abstient�?

Le v?u amend� est adopt�. (2018, V. 333).

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Nous allons suspendre la s�ance. Je vous propose de la reprendre � 14�heures�30.

Juin 2018
Débat
Conseil municipal
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