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2018 DDCT 96 - Subventions (33.000 euros) à 7 associations, pour le financement de 8 projets au titre de la thématique "Genre et espace public".


M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Nous allons examiner le projet de d�lib�ration DDTC 96�: subventions � 7 associations pour le financement de 8 projets au titre de la th�matique "Genre et espace public".

La parole est � Mme Nawel OUMER.

Mme Nawel OUMER. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, lorsqu?on sait qu?� Paris 53�% des Parisiens sont des Parisiennes et que les femmes ont plus souvent recours aux services publics et d?une mani�re beaucoup plus g�n�ralis�e que les hommes, on imagine volontiers que les femmes et les hommes usent de l?espace public �galement, tant d?un point de vue quantitatif que qualitatif.

Eh bien, pas du tout�! Nous savons par exemple depuis les ann�es 1980, notamment gr�ce aux recherches g�ographiques f�ministes que le harc�lement de rue n?est absolument pas le fait de quelques hommes malotrus mais proc�de bien davantage d?une activit� sociale genr�e qui repose sur une culture, j?allais dire presque ancestrale, une culture urbaine masculine.

De m�me, les trois quarts des d�penses publiques dans les domaines des �quipements sportifs ou de loisirs r�pondent � des besoins exprim�s avant tout par et pour les hommes. Les caract�ristiques d?un espace ou d?un �quipement, c?est-�-dire qu?ils soient par exemple spacieux, �clair�s, tr�s fr�quent�s ou tout l?inverse, contribuent tout autant � l?in�galit� qualitative de l?usage de ces lieux.

Ainsi l?espace public n?est pas un lieu neutre, contrairement � ce que l?on pourrait penser et il ne tient qu?� nous qu?il ne soit pas l?angle mort de la lutte contre les in�galit�s entre les femmes et les hommes. Quand je dis "nous", je parle de tous les membres de cette Assembl�e.

Depuis 2014, la Maire poursuit des objectifs ambitieux en la mati�re, mis en ?uvre avec beaucoup de d�termination, de cr�ativit� et de constance par son adjointe Mme H�l�ne BIDARD, dans le but pr�cis�ment de neutraliser cet espace, et en tout cas le caract�re genr� et in�galitaire de la fa�on dont l?espace public est utilis� et construit.

Ainsi, apr�s une premi�re phase d?�tudes et de concertation mettant en valeur la n�cessit� d?associer plus largement les femmes � la construction de l?espace public, la Ville a publi� un guide intitul� "Genre et espace public" � destination des professionnels de l?urbanisme et de l?am�nagement de la cit� pour qu?ils se posent les bonnes questions dans la construction genr�e de l?espace public.

Parall�lement la Ville soutient l?expertise d?associations qui permettent aux femmes d?�tre incluses dans la conception de leur cit� et de l?espace public dans lequel elles �voluent quotidiennement aux c�t�s des hommes.

C?est pr�cis�ment l?objet de ce projet de d�lib�ration que je vous invite � voter unanimement, vous faisant remarquer que depuis 2016 la Ville a doubl� le budget des subventions allou�es dans ce cadre.

Ces diff�rentes mesures - le guide, les marches exploratoires, les campagnes d?affichage - sont la concr�tisation qui a souvent manqu� par le pass� � des principes que nous partageons tous. L?�galit� entre les femmes et les hommes a besoin de pragmatisme, de p�dagogie et d?exemplarit�. Chacune et chacun � notre place, dans nos fonctions respectives de Conseiller de Paris, d?adjoint ou d?�lu d?arrondissement, de repr�sentant de la collectivit� dans diff�rents organismes devront �tre exemplaires.

C?est ce que j?appelle de mes v?ux � l?occasion de ce projet de d�lib�ration�; ayons en permanence le souci que ce que nous d�cidons soit une pierre � l?�difice de l?�galit� entre les Parisiennes et les Parisiens.

Je vous remercie.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Merci.

Monsieur Herv� B�GU�, vous avez la parole.

M. Herv� B�GU�. - Merci.

Monsieur le Maire, chers coll�gues. "Pour moi, la femme id�ale, c?est la femme corr�zienne, celle de l?ancien temps, dure � la peine, qui sert les hommes � table, ne s?assied jamais avec eux et ne parle pas." Ainsi s?exprimait le d�put� de la Corr�ze, mais aussi Maire de Paris et futur pr�sident de la R�publique. Par ces mots, il symbolisait le regard qu?une partie des hommes ont sur les femmes.

Depuis l?antiquit�, voire depuis la p�riode pr�historique, le r�le d�volu aux hommes et aux femmes se veut immuable. Aux hommes, l?espace public, aux femmes, la bonne tenue de la grotte puis de la maison, l?�ducation des enfants jusqu?� un certain �ge o� les gar�ons seront �duqu�s et initi�s par leur p�re.

A de rares exceptions pr�s dans le monde, le syst�me patriarcal perdure. Les avanc�es vers une �galit� r�elle sont � mettre � l?actif des femmes elles-m�mes et des mouvements f�ministes n�s au XIXe si�cle. N?oublions pas que les Suffragettes anglaises ont �t� interpell�es par la police au motif que les femmes ne devaient pas participer � des manifestations publiques.

Le genre et l?espace public fait l?objet d?�tudes depuis une trentaine d?ann�es. De nombreux chercheurs et de nombreuses chercheuses du monde entier se sont pench�s sur cette question, afin de faire reculer le sexisme dans l?espace public.

Si s?attaquer aux formes les plus violentes du sexisme, insultes, agressions, voire viols, fait l'objet d'un consensus assez large, il n'emp�che que nous restons dans la r�paration. Elle est n�cessaire mais pas suffisante.

Il convient d�sormais de s'attaquer aux racines du mal, c'est-�-dire de r�fl�chir � une �galit� totale, une �galit� de fait. Cela passe par la mobilisation des actrices et acteurs publics afin de trouver des solutions pour que reculent les espaces non mixtes et les zones de rel�gation des femmes.

Il n'y a qu'� se promener dans une ville pour constater que l'espace est genr�, non pas par volont� politique, comme cela existe dans certains pays, mais par l'usage et l'habitude.

Des statistiques et des constats �voqu�s lors du colloque organis� par la Maire de Paris et son adjointe H�l�ne BIDARD, en 2016, ont permis de rep�rer ce qu'il fallait faire pour que recule le ph�nom�ne d'acc�s in�gal � l'espace public�: prise en compte du genre dans l'espace public dans l'appel � projets de r�am�nagement des places parisiennes, �tudes sur l'utilisation des �quipements sportifs de proximit� en libre acc�s, utilisation du mobilier urbain, travail sur les parcours et l'�clairage. De nombreuses pistes concr�tes commencent � �tre mises en pratique dans notre ville.

Pour revenir au plus pr�s de ce projet de d�lib�ration, l'aide aux associations qui interviennent sp�cifiquement dans ce champ est une tr�s bonne chose. Je retiendrai particuli�rement les projets de "Womenability" et de "Womanhood", non pas parce que je ne salue pas le travail des autres, mais parce que ces deux structures m�nent un travail qui s'appuie sur des constats et des exp�riences � l'international.

Ce qui d�montre bien que ce ph�nom�ne n'est pas r�serv� � la France, il est mondial, comme la prise de conscience qu'il faut changer les choses � tous les niveaux, du global au local.

Alors inscrivons-nous avec enthousiasme dans cette d�marche qui nous am�nera enfin � passer de l'�galit� des droits � l'�galit� de fait. Il y a beaucoup de travail, et je souhaite que de plus en plus d'hommes soient acteurs de cette r�flexion et des actions concr�tes.

Edith MARUEJOULS, chercheuse, r�pondait r�cemment � une interview dans "L'Obs" et je conclurai en reprenant ses paroles�: "La vraie question est celle aussi de l'�mancipation des hommes pour qu?ils aient la possibilit� de se positionner diff�remment. La question du regard masculin est une question de changement, d'�volution de penser qui n�cessite une d�construction de la pens�e dominante actuelle."

Alors, Messieurs les Conseillers de Paris, encore un effort. Mesdames les Conseill�res, je vous fais confiance. Adoptons unanimement ce projet de d�lib�ration. Ce sera un premier pas dans la prise de conscience.

Je vous remercie.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Merci.

Pour vous r�pondre, la parole est � Mme H�l�ne BIDARD.

Mme H�l�ne BIDARD, adjointe. - Merci beaucoup, tr�s chers coll�gues. Je vous remercie tous les deux d'attirer l'attention sur ce projet de d�lib�ration qui nous permet de rappeler que nous poursuivons en effet notre travail sur les enjeux de genre et d'espace public.

Il est vrai, vous avez tous les deux fait le lien, qu'il y a un lien entre le partage de l'espace public et la place � �galit� jusque dans la gestion de la chose publique et, bien s�r, de l'usage politique.

Je le dis tr�s souvent, nous vivons parfois tous dans une illusion de l'�galit�. En effet, l'espace public est aussi, et avant tout, con�u sur la base de visions masculines, et cela historiquement.

Les �tudes le montrent. Les trois-quarts des d�penses publiques dans le domaine sportif et loisirs - vous l'avez cit�, ch�re Nawel OUMER - r�pondent � des besoins exprim�s avant tout par et pour les hommes. Le renouvellement urbain, la cr�ation de services publics doivent permettre de porter une autre vision. Il est primordial d'agir pour favoriser l'appropriation de la ville par les femmes, et une r�elle mixit� dans l'espace public, en tout lieu, � toute heure, en le rendant plus adapt� � toutes et � tous, plus agr�able et inclusif. Il s'agit d'un des axes initi�s, depuis 2014, qui a permis � la Ville de Paris d'�tre reconnue par des architectes, des professionnels de l'am�nagement urbain, par d'autres collectivit�s en France et aussi en Europe, avec notamment le travail que nous faisons sur les sept places, avec l'implication des Parisiennes dans les nouveaux projets urbains, avec le partenariat r�cemment d�velopp� avec le C.N.F.P.T. pour former les professionnels de Paris et d'autres communes franciliennes sur le sujet. D'ailleurs, vous trouverez les actes des derni�res sessions sur Paris.fr. Je suis tr�s heureuse, au vu des r�sultats et des nouvelles attentes, de proposer d'augmenter le financement de cet axe afin de toucher plus de territoires. Nous passerons ainsi de 16.000 euros de projets financ�s en 2016, � 23.000 l'ann�e derni�re et, cette ann�e, 33.000 euros. Vous le voyez, c'est en d�veloppement parce que nous apprenons tous, les professionnels, les associations, sur ce sujet. Nous avons maintenant une ligne budg�taire qui a pu augmenter. Nous avons d'autres projets pour les ann�es � venir puisque nous souhaitons pouvoir agir �galement, gr�ce � une question port�e dans le cadre de l'h�ritage des Jeux Olympiques et Paralympiques, en lien avec Plaine Commune et la d�l�gation d�di�e au niveau du Secr�tariat g�n�ral de la Ville. Mais dans l'imm�diat, ces projets consisteront � recueillir la parole des habitantes et habitants, � susciter l'implication des femmes dans les projets de quartier, avec "Paris Macadam" notamment dans le 18e arrondissement qui d�veloppe de nombreux projets avec le groupe des femmes, des marches exploratoires, des nouvelles habitantes qui rejoignent ce groupe, �galement avec Jean REVIL et l'excellente association "A places �gales" qui accompagne les marches exploratoires � Paris et dont je salue particuli�rement le travail. Nous travaillons aussi � sensibiliser le grand public � cette probl�matique avec "Robin des Villes" "Womanhood" et "Osez le f�minisme". Cette derni�re, cette ann�e, nous la finan�ons. Elle nous a propos� d'intervenir contre le sexisme et le harc�lement dans les transports en commun avec des interventions pr�vues dans les rames de R.E.R. et des stands d'information dans certaines stations. Et Dieu sait si ces questions font, de mani�re r�currente, l'actualit�. Enfin, avec "Womenability", nous travaillons � partager les bonnes pratiques des villes du monde, pour un meilleur partage de la ville pour les femmes et les hommes. C'est pourquoi je vous remercie de votre soutien et du soutien que vous avez manifest� avec vos interventions pour ces projets.

Je vous remercie.

M. Nicolas NORDMAN, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame BIDARD.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DDCT 96.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s'abstient�?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2018, DDCT 96).

Juin 2018
Débat
Conseil municipal
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