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2018 DAC 745 - Convention d'occupation du domaine public relative à l'installation et à l'exploitation d'un espace d'affichage sur l'échafaudage de restauration de l'église de la Trinité (9e).


M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Nous pouvons maintenant passer � l'examen du projet de d�lib�ration DAC 745 concernant une convention d'occupation du domaine public relatif � l'installation et � l'exploitation d'un espace d'affichage sur l'�chafaudage de restauration de l'�glise de la Trinit�, dans le 9e arrondissement.

La parole est � Mme Rapha�lle PRIMET.

Mme Rapha�lle PRIMET. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues.

On va nous dire que la b�che qui sera install�e en fa�ade de l?�glise de la Trinit� respecte le R�glement local de la publicit�, et c'est vrai. On nous dira que la redevance est importante, environ 1,7 million d?euros sur la dur�e totale du chantier et qu'elle permet de remplir notre engagement en mati�re de restauration des monuments � caract�re historique et cultuel, et c?est vrai. On nous dira que la tutelle qu?est la Direction r�gionale des Affaires culturelles donnera son autorisation, et c'est vrai. On nous dira que la consultation des entreprises s'est faite dans le respect du droit li� � la mise en concurrence, et c'est aussi vrai.

Il n'en demeure pas moins que la multiplication des chantiers sur les b�timents culturels d'Etat, les b�timents culturels de la Ville et les grands chantiers priv�s sont d�sormais couverts de b�ches publicitaires pendant la dur�e des travaux. Il nous faut, � terme, trouver des montages �conomiques et financiers qui nous �pargnent progressivement de cette pollution visuelle et permettent aux collectivit�s de r�nover leur patrimoine sans avoir recours � une publicit� aussi envahissante. Mais vous me direz que l'Etat n'est pas un exemple, puisqu?il veut tellement la sauvegarde de son patrimoine qu'il va cr�er un loto sp�cial, d�s l'automne, id�e g�niale que M. BERN a vendue au Pr�sident de la R�publique.

Je suis peut-�tre de l'ancien monde, mais je consid�re que l'Etat ne fait que r�duire les financements publics et s?en remet de plus en plus au m�c�nat, masquant ainsi l'indigence de son budget culturel. Vous me direz que ce n'est pas le cas de notre Ville, que le m�c�nat est un plus et que le budget culturel de la Ville ne baisse pas et vous aurez raison.

Nous ne voterons pas contre ce projet de d�lib�ration mais nous nous abstiendrons pour alerter sur cette d�rive que nous voyons poindre�: une place trop importante de la publicit� sur les murs de notre ville. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Rapha�lle PRIMET. La parole est � Sandrine M�ES.

Mme Sandrine M�ES. - Merci, Monsieur le Maire.

Le Plan de restauration des �glises parisiennes nous a �t� pr�sent� il y a 3 ans. Il a �t� �labor� par des sp�cialistes du patrimoine qui ont hi�rarchis� et �tabli des priorit�s de travaux. Fid�les � nos convictions relatives � la protection et � la mise en valeur du patrimoine, nous aurions en effet souhait� que la Ville renforce son financement pour ce plan.

Cependant, tel qu'il �tait, ce plan �tait solide et s�rieux. Nous sommes donc toujours aussi choqu�s de voir le paysage parisien se consteller de b�ches publicitaires sur les �chafaudages des �glises. A l'initiative et � la demande du Dioc�se, elles permettent de mener � bien davantage de travaux plus vite, mais � quel prix pour la collectivit�? Au prix que les Parisiennes et les Parisiens doivent subir ce redoublement d?incitations � consommer, dont nous ne pouvons partager les valeurs, alors que les ressources de la plan�te sont limit�es.

Le 5 mai 2018, c'�tait le jour du d�passement fran�ais. Notre pays a consomm� depuis le 1er�janvier plus que ce que la nature sur notre territoire peut nous procurer sur une ann�e d?apr�s l?O.N.G. "Global Footprint Network". Il faudrait donc 2,9 Terres si toute l'humanit� vivait comme les plus privil�gi�s d'entre les Fran�ais.

Dans ce contexte d'urgence �cologique, il ne nous semble absolument pas opportun de multiplier les supports d'appel � consommer, ni sur les �glises ni sur les autres monuments. Nous voterons donc contre ce projet de d�lib�ration.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci beaucoup, Sandrine M�ES.

Je donne la parole � Mme V�ronique LEVIEUX pour r�pondre aux intervenants.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire. Je remercie les deux intervenantes?

M. Patrick BLOCHE, adjoint. - Pardon, excusez-moi. Danielle SIMONNET est entr�e discr�tement dans notre salle du Conseil de Paris. Mon dernier regard faisait qu?elle n?�tait pas dans mon champ de vision. J'interromps donc V�ronique LEVIEUX, j'en suis sinc�rement d�sol�, et je donne �videmment la parole � Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - La discr�tion est une de mes grandes qualit�s.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Je sais, c'est pourquoi je lui rendais hommage.

Mme Danielle SIMONNET. - Je souscris � 100�% aux propos de ma coll�gue Sandrine M�ES. On est dans une course de vitesse � la recherche des financements ou, plut�t, vous vous mettez dans une situation de course de vitesse � la recherche de financements et vous continuez et poursuivez le recours � des publicit�s g�antes sur des b�ches pour financer les travaux de restauration de nos monuments historiques, notamment les �glises qui font partie du patrimoine historique.

C'est une aberration �cologique et c'est une aberration culturelle. On sait tous que l'hyperconsum�risme s?adosse � un matraquage permanent de la publicit� dans l'espace public, qui fait que les citoyens et les citoyennes n'ont plus de libert� de recevoir ou de ne pas recevoir le message publicitaire et sont ainsi conditionn�s � ne plus �tre des citoyens pouvant faire usage de leur libre arbitre, mais conditionn�s � �tre purement des consommateurs qui doivent consommer et consommer toujours plus, alors que notre monde est un monde aux ressources finies et que cet hyperconsum�risme met en p�ril les conditions m�mes de la vie de notre humanit� dans notre �cosyst�me.

C'est donc un choix totalement catastrophique et suicidaire en termes de civilisation que de d�velopper cet hyperconsum�risme. Et quel cynisme absolu quand il s'agit d'y avoir recours pour pr�server un patrimoine architectural et culturel. Quel terrible cynisme. Que voulez-vous que je vous dise�? Hier, vous avez, une fois de plus, dans le vote du budget, souscrit � la transcription, finalement, de cette r�gle d?or europ�enne absurde dans la fa�on de concevoir les budgets. Je n'ose imaginer comment certains peuvent encore pr�tendre qu'ils s'opposeront � cette Europe technocratique, ultralib�rale, s'ils se soumettent eux aussi au vote des contrats impos�s par le Gouvernement MACRON, qui condamne notre collectivit� � chercher ce type de financement.

Si nous ne nous imposions pas cette r�gle des 12 ans sur les emprunts, nous pourrions avoir recours � bien plus d'investissements et nous aurions la possibilit� de trouver les recettes qui permettent de pouvoir assurer les responsabilit�s de la Ville dans la pr�servation de son patrimoine. Mais voil�, vous vous mettez dans cette logique extr�me, lib�rale, qui fait le bonheur des annonceurs publicitaires pour le malheur des Parisiennes et des Parisiens, mais aussi pour le malheur, plus globalement, d'une certaine conception de civilisation qui va nous r�duire � des animaux de la consommation. C'est vraiment regrettable.

Ainsi, je voterai contre ce projet de d�lib�ration. Je me souviens d'une �poque, dans une autre mandature o�, au contraire, vous vous opposiez au Gouvernement, lorsqu'on �tait sous Nicolas SARKOZY. Vous vous opposiez alors au Minist�re de la Culture quand celui-ci avait recours � ces pages publicitaires, � ces publicit�s pour financer la r�novation des monuments, des b�timents. Finalement, dans votre macronisme compatible, vous montrez que vous �tes en capacit�, chaque fois, d'�tre les bons �l�ves de cette doctrine lib�rale et d'avoir recours, sans plus aucun complexe, au matraquage parisien de la publicit� alors que vous savez que les citoyennes et les citoyens y sont oppos�s. Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Danielle SIMONNET. Je redonne la parole avec mes sinc�res excuses � V�ronique LEVIEUX pour r�pondre aux intervenantes.

Mme V�ronique LEVIEUX, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Il s'agit effectivement d'un d�bat assez f�minin.

Je vois que ce n'est pas vraiment le projet de d�lib�ration en soi qui porte sujet mais le principe des b�ches publicitaires pos�es dans le cadre du plan de r�novation, de restauration de nos �difices cultuels. Dans ce cadre, je rappelle que l'on s'inscrit dans les engagements pris dans le plan qui a �t� vot� au d�but de la mandature. Les travaux qui seront lanc�s sur l'�glise de la Trinit�, dans le 9e arrondissement, sont des travaux qui ont �t�, dans le principe, vot�s, et le principe d'avoir recours aux b�ches publicitaires faisait �galement partie de ces �l�ments de base. Il n'y a donc pas de nouveaut� en la mati�re.

En l?occurrence, on est en phase d'installation de ce chantier, de cet �chafaudage, qui est un des chantiers les plus importants de cette mandature. Je rappelle que sur les 96 �difices qui appartiennent � la Ville, plus d?une vingtaine font l?objet de travaux dans le cadre de cette mandature, et seuls quatre font l?objet d?un recours � des b�ches publicitaires.

On n?est donc pas dans une extension de la proc�dure et on ne s?�tend pas sur toutes les �glises ou les frontons des �glises de Paris avec des b�ches publicitaires. Elles sont choisies minutieusement et en fonction de leur attrait, de leur potentiel, mais c?est un �l�ment qui vient compl�ter l?engagement financier de la Ville � hauteur de 80 millions d?euros, je dois le rappeler. Ce n?est pas un mince engagement pour ces travaux qui sont absolument n�cessaires. Pour certains, ce sont des �l�ments de s�curit� qui sont men�s.

En ce qui concerne La Trinit�, l?�chafaudage est en cours et sera termin� au mois d?ao�t. Il sera d?une superficie de 700 m�tres carr�s. Le visuel - je tiens � le rappeler, Bruno JULLIARD y avait �t� particuli�rement vigilant - fait l?objet d?une s�lection, d?un choix, � la fois avec l?avis de l?adjointe en charge du patrimoine, donc le mien, celui du maire ou de la maire d?arrondissement concern�, de l?affectataire et du dioc�se quand il s?agit d?une �glise. D�s lors que l?un �met un avis n�gatif, on ne retient pas la proposition. C?est donc vraiment une proc�dure tr�s cadr�e et chacun peut exprimer ses diff�rentes alertes sur le type de projet qui nous est soumis.

Encore une fois, on s?inscrit vraiment dans le cadre qui a �t� �tabli. Il n?y a pas d?�volution d?accentuation de ce recours mais c?est n�cessaire.

Je souligne que Rapha�lle PRIMET a fait r�f�rence � la participation des citoyens par le loto du patrimoine. Il faut savoir que les Fran�ais et les Parisiens aiment leur patrimoine et aiment aussi � contribuer par eux-m�mes � ce type de d�marche participative. Si diff�rents outils le permettent, je trouve plut�t bien de leur proposer de le faire. On a inaugur� une partie de la restauration de l?int�rieur de Saint-Germain-des-Pr�s. Cela a �t� rendu possible gr�ce au m�c�nat, gr�ce � diff�rentes personnes qui ont voulu y contribuer. Je trouve cela bien parce que les gens aiment leur patrimoine et ont envie de participer � cela. Mais cela est possible parce que d?abord la Ville de Paris s?est engag�e � mener ces travaux.

Je ne peux que vous amener � soutenir ce projet de d�lib�ration.

Je vous remercie.

M. Patrick BLOCHE, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame la Maire. Merci, V�ronique LEVIEUX.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 745.

Qui est pour�?

Contre�?

Abstentions�? Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2018, DAC 745).

Juin 2018
Débat
Conseil municipal
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