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Vœu déposé par Mme SIMONNET relatif à la sécurité lors d'une lecture-spectacle.


M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Le v?u r�f�renc� n��79 est relatif � la s�curit� lors d?une lecture-spectacle.

La parole est � Mme Danielle SIMONNET.

Mme Danielle SIMONNET. - Non, cela n?est pas relatif � la s�curit� lors de la lecture-spectacle, mais plut�t relatif au soutien que nous devons accorder � la libert� d'expression, et la libert� d'expression aussi th��trale.

Je reprends l'histoire. Charb, juste avant son assassinat dans les attentats terribles contre l'ensemble de l'�quipe de "Charlie Hebdo", avait termin� un ouvrage qui s'intitule "Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes". Ce livre a ensuite �t� transform� en lecture spectacle, et je tiens vraiment � saluer le talent de G�rald DUMONT que j'ai eu le plaisir d�j� de voir trois fois sur sc�ne.

Je vous invite vraiment � voir cette lecture spectacle qui est extr�mement forte. Les extraits de l'?uvre de Charb permettent une r�flexion sur le terme "islamophobie". En aucun cas, l'?uvre ne remet en cause qu'il y a un racisme antimusulman qui, bien souvent, masque la poursuite du racisme anti-arabe, qui bien souvent a pris la place d'un antis�mitisme, m�me si l'antis�mitisme continue �galement. C'est une vraie r�flexion sur la la�cit� et le fait que l'on a aussi le droit de critiquer les religions, toutes les religions. Charb �tait connu et reconnu pour cet engagement en faveur de la libert� de conscience, en faveur de la la�cit� qui garantit cette libert� de conscience. Excusez-moi, je m'�gare. Pour revenir au centre du sujet, h�las, cette pi�ce n'a pas toujours pu �tre jou�e. Vous avez eu � la fois une annulation � la facult� de Lille soi-disant pour troubles � l'ordre public. On sait qu'il peut y avoir des pressions de personnes qui ne sont pas du tout d'accord avec le contenu. En aucun cas, on ne doit accepter que l'on remette en cause la libert� d'une ?uvre comme celle-ci, quand elle respecte totalement les fondamentaux de la R�publique. A Paris, il y a eu une menace puisqu'� Paris, vous avez eu � l'universit� Ren�-Descartes, une organisation �tudiante qui a voulu intervenir aupr�s de la direction de l'universit� pour demander l'annulation de la repr�sentation de la pi�ce. Heureusement, l'universit� a tenu bon. Je sais qu'il y a, h�las parfois, des structures de th��tre ou d'autres universit�s qui h�sitent � donner leur accord parce qu'ils craignent ces troubles � l'ordre public ou de la contestation. Je pense que c'est tout � notre honneur que nous, Ville de Paris, � travers ce v?u, on soutienne toutes les structures, th��tres ou universit�s, qui s'engageraient � permettre le d�bat public, la cr�ation artistique et la libert� d'expression.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci. Je vois que vous avez eu de la discr�tion sur le nom de l'organisation syndicale.

La parole est � M. Bruno JULLIARD.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint. - Merci, Monsieur le Maire, merci, Danielle SIMONNET, pour ce v?u sur un sujet �minemment important pour le d�bat public mais important aussi pour notre ville, Paris, ville o� Charb a longtemps travaill�, dessin�, et ville, h�las aussi, de son assassinat. Ville de la marche du 11 janvier 2015, ville enfin qui a fait de "Charlie Hebdo" un de ses citoyens d'honneur � l'unanimit� de notre Assembl�e, d�s janvier 2015. Cette marche du 11 janvier 2015 �tait une marche de concorde, mais aussi un cri de nos concitoyens pour d�fendre la libert� d'expression et les principes qui fondent notre communaut� nationale. Cette marche semble parfois bien lointaine au regard de certaines pol�miques r�centes dont vous avez parfaitement fait �tat. S'il est bien une chose que nous devons pr�server aujourd'hui en m�moire de ces journalistes irr�v�rencieux, de leur insolence salutaire, c'est la libert� de d�battre et de confronter nos points de vue. Il ne s'agit pas aujourd'hui de sacraliser le texte de Charb, pas plus dans votre intervention, au pr�texte de la fin tragique de son auteur. Il ne s'agit pas d'imposer une vision plus qu'une autre. Il s'agit simplement de rappeler que ce texte doit pouvoir �tre entendu, �tre d�battu, �tre critiqu�, et qu'il nous serait absolument insupportable qu'il ne puisse pas l'�tre. Je veux dire ici ma solidarit� aux �quipes de "Charlie" dont le quotidien est v�ritablement pourri par les menaces et les intimidations venant de toute part. C'est bien l� l'objet des lectures publiques qui sont organis�es, donner � entendre ce texte, cet engagement de Charb. Au final, vous l'avez dit, cette lecture a pu avoir lieu. Le d�bat pr�vu � sa suite a eu lieu jeudi dernier, malgr� la pr�sence pacifique de quelques manifestants. C'est le signe d'un bon fonctionnement quand m�me de notre d�mocratie. Je remercie la Pr�fecture de Police pour sa vigilance et la protection rapproch�e qu'elle assure depuis des ann�es aux �quipes de "Charlie" pour leur permettre de s'exprimer librement. C'est notre d�mocratie aussi qui est en jeu. Avis favorable � ce v?u.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Merci.

J'ai une explication de vote du groupe Communiste - Front de Gauche, Jean-No�l AQUA, et une autre du groupe PPCI.

Jean-No�l AQUA�?

M. Jean-No�l AQUA. - Merci, Monsieur le Maire.

La la�cit� n'est pas une opinion parmi d'autres, mais la libert� d'en avoir une. Elle repose sur le principe de la libert� de conscience et est indissociable de la libert� d'expression. Donc penser, interdire, ou vouloir interdire une repr�sentation de th��tre, qui ne comprend aucun appel � la violence ou � la haine, est une aberration dans notre R�publique. Cette volont� d'interdiction pi�tine non seulement le principe de libert� d'expression, mais aussi celui de la�cit�. Pour nous, communistes, la libert� d'expression est un incontournable � la base de l'�mancipation des individus. Il n'y a pas � m�goter sur cette libert�.

C'est vrai, en g�n�ral, et bien s�r dans la limite de l'appel � la violence et � la haine. C'est vrai particuli�rement pour la pi�ce dont nous parlons sur le texte singulier de Charb. Son texte vise � fonder l'antiracisme et le respect de l'autre sur la base de valeurs universelles. On peut discuter de tel ou tel point, mais le texte reste un appel qui pr�cis�ment, parce qu'il met un signe �gal entre tous les individus, ne m�che aucune critique, ne c�de � aucune facilit�.

Pour ces deux raisons, nous voterons le v?u.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - La parole est � M. J�r�me DUBUS, pour le groupe PPCI.

M. J�r�me DUBUS. - Merci, Monsieur le Maire.

Tr�s rapidement, bien s�r nous voterons ce v?u qui est un v?u important. Je voudrais que Mme SIMONNET, m�me si je le sais parce que je viens de lire "Charlie Hebdo", nous pr�cise quelle �tait l'organisation qui avait appel� au boycott. Dites-le. C'est int�ressant de le savoir.

Mme Danielle SIMONNET. - C'�tait Solidaires Etudiant-e-s Paris 7. Il y a m�me eu d'ailleurs U.N.E.F. Paris 7 qui �tait aussi en soutien de cette d�marche. Visiblement, cela provoque un vrai d�bat dans de nombreuses organisations �tudiantes mais il me semble, en revanche, que ni l'U.N.E.F. ni Solidaires, au niveau national, n'ont soutenu la d�marche des structures locales de Paris 7.

M. Mao PENINOU, adjoint, pr�sident. - Il n'en reste pas moins que pour un certain nombre d'entre nous, cela fait mal.

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u d�pos�e par Mme SIMONNET, assortie d'un avis favorable de l'Ex�cutif.

Qui est pour�? Contre�? Abstentions�?

La proposition de v?u est adopt�e � l'unanimit�. (2018, V. 38).

Je vous en remercie.

Février 2018
Débat
Conseil municipal
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