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I - Question d'actualité posée par le groupe les Républicains et Indépendants à Mme la Maire de Paris relative à la politique du stationnement à Paris.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - La premi�re question d'actualit� est pos�e par le groupe les R�publicains et Ind�pendants.

La parole est � M. LECOQ.

M. Jean-Pierre LECOQ, maire du 6e arrondissement. - Merci.

Monsieur le Maire adjoint, mes chers coll�gues, depuis cinq semaines, la r�forme du stationnement payant est entr�e en vigueur � Paris.

Certes, la situation ant�rieure n'�tait pas satisfaisante, mais apr�s avoir r�cup�r� la tutelle des A.S.P. en vertu du nouveau statut de Paris, vous auriez pu continuer � leur confier cette mission en les dotant de nouveaux moyens. Ce faisant, vous auriez b�n�fici� d'un corps professionnel rompu aux sp�cificit�s parisiennes, et surtout, nous aurions �chapp� � la multitude des couacs qui ont accompagn� l'arriv�e des deux soci�t�s concessionnaires, "Moovia" et "Streeteo".

Parce que vous avez voulu d�s le d�part en obtenir le rendement maximum, on parle de 350 millions d'euros en ann�e pleine, soit une augmentation de plus de 400�% par rapport � l'ann�e pr�c�dente, l'ann�e derni�re, vous avez pr�f�r� d�l�guer cette mission et la mettre en ?uvre sans pr�avis.

Parall�lement, vous avez modifi� la grille du stationnement horaire sur tout Paris en surfacturant les horaires de stationnement au-del� des 2 premi�res heures, ce qui peut se traduire par des factures vertigineuses, d'o� l'exasp�ration et l'incompr�hension de nombreux Parisiens et de nombreux visiteurs.

Madame la Maire, Monsieur le Maire adjoint, je n'�voquerai pas les dysfonctionnements de toute nature qui ont accompagn� la mise en ?uvre pr�cipit�e de cette r�forme et ont donn� lieu d�j� � de nombreux articles et commentaires, "bugs" informatiques, horodateurs d�faillants, personnel mal recrut�, d�sorient�, sous pression constante de leur hi�rarchie.

En revanche, pour quelle raison une bonne partie de ces personnes semble souffrir de malvoyance en ne respectant ni les caduc�es des professionnels de sant�, ni les macarons des personnes handicap�es�?

En r�alit�, nous pouvons nous le dire, beaucoup de Parisiens commencent � se demander si les deux soci�t�s choisies, dont l'une est filiale � 100�% d'Indigo, n'ont pas pour objectif de pousser les voitures seulement vers des parcs de stationnement � moiti� vides. Indigo poss�de 80�% de ces parcs sur l'ensemble de la capitale.

Madame la Maire, nous vous demandons clairement comme � Tours, de surseoir � cette r�forme pendant plusieurs semaines, afin de corriger un certain nombre de pratiques d�fectueuses, et d'informer davantage les Parisiens sur une r�forme dont le produit semble avant tout destin� � combler l'impasse budg�taire.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. Christophe NAJDOVSKI, pour vous r�pondre.

M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint. - Pour vous r�pondre, je voudrais que nous prenions un tout petit peu de recul. En janvier 2017, la Chambre r�gionale des comptes rendait un rapport d'observation sur la gestion du stationnement urbain � Paris depuis 2010.

Je vous encourage d'ailleurs tous � en prendre connaissance. Il y �tait dit que la politique du stationnement urbain n'est pas une politique autonome, qu'elle constitue un outil de r�gulation de la circulation et de lutte contre la pollution atmosph�rique inscrit dans la politique globale des d�placements de l'aire urbaine.

Le rapport dit encore qu'il s'agit pour Paris de faciliter la circulation des v�hicules en am�liorant la rotation de ceux qui sont en stationnement�; de mieux partager la ressource limit�e que constitue l'espace public, entre les diff�rents usages particuliers et professionnels, et entre les diff�rents moyens de transport de surface, motoris�s ou non�; de faciliter les circulations � vocation �conomique�; de faciliter le stationnement des riverains�; de favoriser le report modal des usagers pendulaires et des Parisiens en les incitant � des solutions alternatives � l'usage d'un v�hicule individuel motoris�; et de favoriser le report des automobilistes sur l'offre de stationnement hors voirie.

L'offre de stationnement � Paris y �tait d'ailleurs qualifi�e d'abondante.

Enfin, dernier morceau choisi, le rapport notait que la Ville de Paris ne disposait alors d'aucune statistique d�taill�e permettant d'analyser le volume d'activit� des agents de contr�le alors plac�s sous l'autorit� du Pr�fet de police, et d'appr�cier l'efficacit� du contr�le r�alis�. Il notait une baisse du volume des P.V. ainsi qu'un taux de respect spontan� du stationnement payant sur voirie tr�s faible par rapport � la moyenne nationale.

En conclusion, ce rapport notait que Paris mettait malgr� tout en place une politique de stationnement coh�rente, efficace, tout en notant une situation unique en France o� la Ville n'avait aucune ma�trise du contr�le du stationnement payant.

Vous le savez, et vous l'avez mentionn�, depuis le 1er janvier 2018, cette particularit� a �t� gomm�e. Nous ma�trisons enfin l'outil indispensable au contr�le du stationnement.

Cette r�forme est fondamentale puisqu'elle nous donne enfin les moyens de mettre en ?uvre la politique de stationnement tel que d�crite dans le rapport de la Chambre r�gionale des comptes.

Cela n�cessite bien �videmment de mettre fin � de mauvaises habitudes. Je comprends tout � fait que cela puisse faire r�ler les anciens b�n�ficiaires, mais retenez que seuls les fraudeurs r�lent. Les autres ont bien compris le b�n�fice de cette r�forme, notamment ceux qui payaient leur stationnement et qui auparavant �taient en quelque sorte les dindons de la farce, d'autant que cette r�forme n'a entra�n� aucune hausse des tarifs de stationnement.

Les premiers r�sultats sont tr�s encourageants, il y a moins de voitures ventouses dans les rues de Paris, davantage de places disponibles pour les automobilistes qui souhaitent stationner, moins de v�hicules � la recherche d'une place, et cette r�forme est b�n�fique pour les automobilistes mais aussi pour les commer�ants, et donc pour la vitalit� �conomique de Paris.

Durant le mois de janvier, ce sont 260.000 F.P.S., forfaits post-stationnement, qui ont �t� �mis, avec un taux de recours de seulement 3�%, similaire � celui observ� lorsque la Pr�fecture de Police �mettait des P.V.

La qualit� de service est donc bien l�. La fraude, estim�e � pr�s de 90�%, recule, le taux de paiement est ainsi pass� de 7�% � 17�%, soit un gain de 10 points en un seul mois. Les demandes commencent � affluer pour stationner dans les parcs souterrains, dans les parkings des bailleurs sociaux, ou encore avec des applications num�riques qui permettent de mutualiser les places de stationnement.

Nous sommes en train de lib�rer Paris des voitures ventouses et de fluidifier la circulation dans les rues de Paris.

Je lisais hier un article dans la presse qui relate la mise en place de la r�forme � Tours que vous �voquez, o� la succession de "bugs" informatiques a conduit le maire � remettre temporairement en place la gratuit�.

Permettez-moi deux commentaires.

Le premier est que les commer�ants protestent contre cette d�cision, car ils constatent le retour des voitures ventouses qui emp�chent le stationnement des visiteurs.

Le deuxi�me, un message adress� � l'ensemble des directions qui ont travaill� pendant un an et demi � la mise en place de cette r�forme, pour les f�liciter pour la qualit� du travail accompli. Le basculement au 1er janvier sur les nouveaux outils s'est d�roul�, certes avec quelques couacs au d�marrage, qui ont �t� fortement m�diatis�s et relay�s par nos opposants, mais sans aucun "bug" majeur. C'est tout � fait exceptionnel compte tenu de l'ampleur des t�ches � r�aliser et outils � mettre en place, et je tiens encore � les f�liciter et les remercier.

Nous sommes tr�s optimistes pour la suite. Les quelques dysfonctionnements relev�s au cours de ce premier mois sont corrig�s au fur et � mesure.

Contrairement � l'ann�e derni�re, nous poss�dons aujourd'hui les outils de mesure et de contr�le de la bonne ex�cution et du contr�le du stationnement payant au service d'une plus grande rotation des v�hicules, d'une fluidit� pour les particuliers comme les professionnels, avec une attractivit� �conomique de Paris qui en sortira grandie.

Voil� qui devrait toutes et tous nous rassembler.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

Monsieur LECOQ, je vous redonne la parole.

M. Jean-Pierre LECOQ, maire du 6e arrondissement. - J'ai �cout� la longue r�ponse de M. NAJDOVSKI, qui se base avant tout sur le rapport de la Chambre r�gionale des comptes, un de plus, qui serait favorable � cette r�forme, m�me s'il a �t� produit avant.

L�, nous parlons bien �videmment de ce qui s'est pass� depuis le 1er janvier. Je suis d�sol� de vous dire que ce ne sont pas uniquement des opposants. C'est la r�alit�. La r�alit� d'ailleurs, qui est une r�alit� parisienne, comme elle peut exister dans d'autres villes de France. J'ai cit� la ville de Tours par exemple g�r�e par un maire divers droite, o� il y a de nombreuses difficult�s.

Je souhaite n�anmoins que vous examiniez avec beaucoup d'attention notre demande de surseoir quelques semaines. Je ne vous demande pas d'abroger la r�forme, ni de la reporter "sine die", ni de la repousser d'un an. Il y a manifestement eu un d�faut d'information? Il y a eu de l'information, c'est vrai, mais vous le savez, � une �poque, avant les vacances de No�l, o� manifestement les Parisiens avaient la t�te ailleurs.

De nombreuses difficult�s ont �t� relev�es. Il y a �galement, je tiens � vous le dire, et c'est li� aux appels d'offres, nous en reparlerons un jour, cette sorte de confusion des genres entre une filiale et une soci�t� concessionnaire de parking, qui interroge beaucoup, m�me si les parkings ont bien s�r vocation � recevoir des voitures.

Et puis, je voulais quand m�me vous dire qu?� un moment, � un instant, dans une journ�e, dans une semaine, o� on ne peut plus prendre certains moyens de transport, o� la Seine est en crue, o� la neige est en train de paralyser les transports en Ile-de-France et, peut-�tre malheureusement aussi, dans la capitale, il ne me semble pas ill�gitime de se poser ce type de question. Vous avez eu beaucoup de compassion pour le Zouave du pont de l?Alma, ce week-end. Je souhaiterais que les Parisiens, qui sont vos administr�s, nos administr�s, aient droit � autant de compassion et � autant d?int�r�t que ce cher Zouave qui n?avait rien demand�.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur le Maire.

D?ailleurs, les cartes de stationnement r�sidentiel sont l� pour montrer, pas simplement de la compassion, mais de l?accompagnement des Parisiens dans leur vie et dans la possibilit� qui leur est donn�e de pouvoir se garer � des tarifs pr�f�rentiels.

Février 2018
Débat
Conseil municipal
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