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Condoléances.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Il est des hasards qui font qu'aujourd'hui, apr�s avoir rendu hommage � un jeune sapeur-pompier de Paris, nous rendons aussi hommage � Odette Christienne. Nous en parlions, cher g�n�ral GALLET, c'est vrai qu'il y a quelque chose, une sorte de signal qui nous est donn�, entre la disparition de ce jeune pompier, Jonathan, mort pour sauver des vies, et Odette Christienne, cette femme qui a pass� sa vie � transmettre, que nous sommes nombreuses et nombreux ici � avoir connue, et dont nous savons combien elle �tait proche aussi de l'ensemble des militaires, et notamment de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris.

C'est donc avec une tr�s grande tristesse que nous avons appris la disparition, le 18 d�cembre dernier, d'Odette Christienne, ancienne adjointe au Maire de Paris, ancienne conseill�re de Paris. Odette a inspir� un respect unanime chez tous ceux qui l'ont connue au long d'une carri�re exceptionnelle, je pense bien s�r aux �l�ves et enseignants qui l'ont crois�e lorsqu'elle �tait proviseure, j'y reviendrai. Je pense aux citoyens et aux �lus qu'elle a rencontr�s lors de cette seconde vie qu'a repr�sent�e pour elle la politique. Je pense bien s�r aux autorit�s civiles et militaires aupr�s desquelles elle a repr�sent� avec beaucoup d'honneur et de majest� le Maire de Paris.

C'est une femme libre et une ma�tresse femme dont nous d�plorons la perte, une femme de c?ur. Elle avait des dehors aust�res, mais toutes celles et ceux qui l?ont connue savent combien c?�tait une femme ouverte, une femme de culture, une femme humaniste, une femme de parole, au sens le plus fort du terme.

C?�tait une femme "vert�br�e" par sa parole, aussi. Elle nous a tant transmis, elle nous a beaucoup accompagn�s. Elle m?a beaucoup accompagn�e dans mon premier pas d?�lue de Paris et je me souviendrai toujours de ces conversations que nous avions l?une et l?autre, elle, avec la force de son exp�rience, de son histoire, de sa culture et son respect des arm�es, son respect de celles et ceux qui servent la France.

Je me souviendrai toujours de ces �changes, de cette femme qui avait beaucoup d?humour, beaucoup, beaucoup d?humour. Chaque fois que j?assiste aujourd?hui � une c�r�monie militaire, j?ai toujours le sentiment d?avoir Odette � mes c�t�s qui me dit, � l?oreille, des choses qui me font rire et d?autres qui me font r�fl�chir.

La pr�sence de femmes telles qu?Odette Christienne sur les si�ges d?une assembl�e d?�lus est un signe de sant� pour la d�mocratie. Fille d?une institutrice corse, attach�e aux valeurs de la R�publique, agr�g�e de sciences naturelles, Odette Christienne a d?abord fait sa carri�re dans l?Education nationale. Enseignante, puis proviseure dans diff�rents lyc�es de la R�gion parisienne, elle a �t� la premi�re femme � diriger le prestigieux lyc�e Henri IV � Paris - certains ici s?en souviennent comme �l�ves ou parents d?�l�ves - et ce 15 ann�es durant.

C?�tait une femme de gauche, engag�e, une r�publicaine qui, d?ailleurs, �tait membre du groupe M.R.C., ch�re Marinette BACHE. Elle a contribu� � l?�lection de Bertrand DELANO� comme Maire de Paris en 2001 en participant � sa campagne, puis en 2008. Elle a �t� �lue, � cette m�me p�riode, conseill�re de Paris dans le 14e arrondissement et s?est successivement vue confier la mission d?adjointe charg�e de la m�moire, puis de correspondante de la D�fense aupr�s du Maire de Paris. Comme elle l?avait fait en tant que proviseure du lyc�e Henri IV, elle a su marquer les esprits dans ses fonctions d?adjointe. Elle a toujours su, en particulier, relier le sens du pass� et le sens du possible, c?est-�-dire faire de la m�moire une lampe capable d?�clairer l?avenir.

Ch�re Catherine VIEU-CHARIER, aujourd?hui, ces missions, c?est vous qui les portez, qui les assumez, et je sais combien l?h�ritage d?Odette a �t� pr�cieux pour pouvoir aussi poursuivre cette t�che au nom de Paris.

Aujourd?hui, au nom de tous les Parisiens, au nom des �lus ici pr�sents du Conseil de Paris, nous lui rendons hommage et nous assurons � ses proches notre gratitude profonde. Elle nous manque.

Je vous demande de bien vouloir respecter une minute de silence.

(L'Assembl�e, debout, observe une minute de silence).

Je vous remercie.

Le Conseil de Paris a aussi appris avec tristesse la disparition, le 19 janvier 2018, de M. Alain Devaquet, ancien Ministre, d�put�, maire du 11e arrondissement, conseiller de Paris et conseiller r�gional d?Ile-de-France. Ch�re Madame TISSOT, nous sommes ici r�unis pour lui rendre hommage et nous sommes � vos c�t�s dans cette �preuve.

Ancien �l�ve de l?Ecole normale sup�rieure, agr�g� de chimie, docteur en science, Alain Devaquet a entam� en 1966 une brillante carri�re de chercheur au sein du C.N.R.S. et d?enseignant � l?universit� et l?Ecole Polytechnique. C?est en 1977 qu?il s?est engag� dans la vie politique en adh�rant au R.P.R. et en devenant secr�taire g�n�ral de ce mouvement de 1978 � 1979.

En 1978, les �lecteurs du 11e arrondissement l?ont port� � l?Assembl�e nationale. Il a toujours �t� fid�le au 11e arrondissement et les �lus du 11e arrondissement lui ont rendu hommage, qu?ils aient �t�, � l?�poque, dans son opposition ou avec lui, dans sa majorit�. Il a �t� �lu conseiller de Paris en 1983, r��lu en 1989 et en 1995, avant d?y �tre �lu maire, fonction qu?il a exerc�e de 1983 � 1995. En 1986, il est devenu Ministre d�l�gu� charg� de la Recherche et de l?Enseignement sup�rieur. Il a si�g� au Conseil r�gional d?Ile-de-France de 1986 � 1992 et est redevenu d�put� de Paris de 1988 � 1997. Une belle carri�re, une longue carri�re d?�lu, d?�lu de la Nation, mais d?�lu au service des Parisiens. En 1995, il est aussi devenu adjoint au Maire de Paris charg� des questions relatives aux droits de l?Homme. Jacques CHIRAC l?a appel� � la pr�sidence de la R�publique en qualit�, ensuite, de conseiller scientifique de 1997 � 2002.

Alain Devaquet �tait d�crit comme un grand universitaire, un humaniste, un homme modeste et droit, demeur� boulevers�, bien s�r, par le d�c�s de Malik Oussekine, survenu lors des manifestations qui demandaient le retrait de son projet de loi. Beaucoup de ceux qui l?ont c�toy� � l?�poque, de ceux qui l?ont combattu, ont rendu un hommage - un hommage sinc�re, comme nous le faisons ici - � cet homme qui �tait un grand r�publicain et un homme qui voulait servir son pays. M. Devaquet �tait Officier dans l?Ordre national de la L�gion d?honneur.

En mon nom, au nom du Conseil de Paris, j?exprime � sa famille et � ses proches les condol�ances de notre Assembl�e. Nous ne l?oublierons pas.

Je vous demande � pr�sent de respecter une minute de silence.

(L'Assembl�e, debout, observe une minute de silence). Je vous remercie. Mesdames et Messieurs, des groupes ont demand� � prendre la parole, � l?issue de ces hommages. Jean-Fran�ois LEGARET, je vous donne la parole.

M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - Merci, Madame la Maire.

Mes chers coll�gues.

Sa longue silhouette juv�nile, son sourire d�sarmant, sa force de conviction, ses origines modestes, ses hautes comp�tences scientifiques - comme vous venez de le rappeler, Madame la Maire -, sa simplicit�, avaient un aspect inattendu, d�cal�, paradoxal, parmi les nouveaux maires d?arrondissement en 1983.

Fervent gaulliste, tr�s proche de Jacques CHIRAC, Alain Devaquet avait adh�r� au R.P.R., d�s sa cr�ation, pour en devenir le secr�taire g�n�ral en 1978. D�put�, premier maire �lu du 11e arrondissement, il y consacra pendant 12 ann�es son intelligence rapide et pr�cise, son ardeur et sa passion.

Il plaida inlassablement aupr�s de Jacques CHIRAC, Maire de Paris, pour r��quilibrer Paris vers l?Est. Sous son impulsion, la r�novation urbaine du quartier de l?Orillon, la construction des ensembles de la rue Duranti, le conservatoire du 11e arrondissement, la Roquette, l?am�nagement du boulevard Richard-Lenoir se r�alisent. Il est �galement attach� � l?am�nagement en coul�es vertes des boulevards de Charonne, de M�nilmontant et de Belleville. Travailleur infatigable, toujours pr�sent dans sa mairie, y compris les week-ends, il restait accessible et efficace.

Vice-pr�sident du Conseil r�gional d?Ile-de-France charg� de la formation professionnelle, puis Ministre en 1986 dans le premier Gouvernement de cohabitation, il a connu l?enthousiasme, le d�bat, l?�chec et le drame d?un projet de r�forme difficile, lors d?un automne �tudiant particuli�rement chaud. Il en �tait rest� marqu�, mais en avait tir� aussit�t les le�ons en d�missionnant du Gouvernement. Qualit�s rares et rarement r�unies chez un homme politique, il savait �couter, r�fl�chir et arbitrer. Aupr�s de Jacques CHIRAC, Pr�sident de la R�publique, il avait soutenu la recherche, rappelant que le g�n�ral de Gaulle voyait, disait-il, "dans la recherche scientifique, une grande ?uvre de l'esprit". Il avait quitt� la vie politique comme il y �tait entr�, avec discr�tion et lucidit�. Il avait �crit son t�moignage dans un livre, "L?Amibe et l'Etudiant", qu'il concluait en ces mots�: "Les �v�nements que j'ai v�cus n?ont en rien entam� ce que je suis". Il �tait retourn� � sa premi�re passion�: l'enseignement de la chimie. Il aimait transmettre aux plus jeunes la connaissance et le jugement.

P�re tr�s pr�sent, c'est ce qu'il a voulu pour ses enfants, Marc, J�r�me, H�lo�se, Alexandra, qui ont, � leur tour, r�ussi de brillants parcours. Je veux dire � nouveau � Claude-Annick TISSOT et � ses filles notre tristesse et notre fid�le et amical soutien dans cette �preuve, au terme d'une douloureuse et longue maladie.

J'associe notre pr�sidente de groupe, Florence BERTHOUT, et tous les �lus et amis de notre famille politique qui n'oublieront pas Alain Devaquet, son exemple, son �thique, son ?uvre, son humanit�, sa m�moire.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur LEGARET.

Je vais donner la parole � Marinette BACHE au sujet, bien s�r, d?Odette Christienne.

Mme Marinette BACHE. - Merci, Madame la Maire.

Tout d'abord, je tenais � vous remercier tr�s sinc�rement, Madame la Maire, de ce que vous venez de dire et du communiqu� que vous aviez d'ailleurs fait para�tre en d�cembre, lors du d�c�s d?Odette, et qui nous avait beaucoup touch�s.

Parce qu'elle �tait passionn�ment de gauche et passionn�ment r�publicaine, nous avons eu un long parcours commun. Elle d�fendait une conception exigeante de la R�publique sociale et avait au c?ur ce qui, pour elle, en �tait le moteur�: son �cole, publique, la�que, gratuite et obligatoire.

Chacun a en m�moire son brillant parcours au sein de l'Education nationale. On se souvient qu'elle a �t� proviseure de deux fleurons de notre enseignement secondaire�: le lyc�e Hoche de Versailles et le lyc�e Henri IV � Paris. Je la revois me racontant - ses yeux se plissaient malicieusement - son arriv�e de proviseurE, de "bonne femme", comme elle disait, dans cette ville de garnison qu'�tait Versailles. Mais vous imaginez bien que cela ne la troubla pas�: son f�minisme �tait du type t�te haute.

On sait moins la fiert� qu'elle avait d'avoir fait ses premi�res armes au lyc�e Romain Rolland d'Ivry. Elle racontait, elle-m�me, avec l'humour que nous lui connaissions, son arriv�e de dame au chapeau noir dans ce lyc�e, � une �poque - c'�tait la mienne - o� les profs �taient plut�t cheveux longs et pulls trou�s, et dans une banlieue plut�t d�favoris�e avec 2.500 �l�ves de toutes nationalit�s.

Odette Christienne, pour laquelle l'int�gration r�publicaine passe par l'�cole, ne c�da rien sur l'exigence des savoirs qui sont dus � tous, quelle que soit l'origine sociale ou g�ographique. Pour cela, il lui faudra se battre face � sa hi�rarchie, bien s�r, mais aussi face � certaines pratiques enseignantes. Elle ne l�chera rien�: on ne brade pas l'�ducation � laquelle avaient droit SES gamins autant que les enfants des beaux quartiers.

Elue du 14e arrondissement, elle deviendra adjointe � la m�moire et au monde combattant, puis correspondante D�fense. F�rue d'histoire, amoureuse de la France, elle remplira son mandat avec bonheur. Epouse du g�n�ral Christienne, ancien de la 2e D.B., elle s'attellera � relier les liens distendus entre la gauche et l'arm�e. Toujours p�dagogue, croyant profond�ment en la transmission de la m�moire historique, elle ?uvrera pour faire mieux conna�tre la R�sistance aupr�s des Parisiens, et en particulier des coll�giens, multipliant initiatives et brochures didactiques.

Odette ne cachait ni son attachement � son pays, ni sa fibre r�publicaine, ni son c?ur � gauche. Pour elle, c'�tait un. Elle avait un humour d�capant. J'ai en m�moire l'�change, dans cet h�micycle, sur un v?u � propos de la pr�sence des soldats du RIMA sur le parvis de la mairie du 18e � l'occasion du 14 juillet. Et j'en connais beaucoup, parmi ceux qui �taient �lus en 2011, qui ont litt�ralement pleur� de rire lors de son intervention.

Vous me permettrez donc, pour terminer, de citer quelques phrases de Robert Desnos qu'elle nous avait alors rappel�es et qui lui correspondaient si bien�: "Ce c?ur qui ha�ssait la guerre, voil� qu'il bat pour le combat et les batailles. Ce c?ur qui ne battait qu'au rythme des mar�es, � celui des saisons, � celui des heures du jour et de la nuit, �coutez, je l'entends qui me revient, envoy� par les �chos. Mais non, c'est le bruit d'autres c?urs, de millions d'autres c?urs battant comme le mien � travers la France. Pourtant, ce c?ur ha�ssait la guerre et battait au rythme des saisons. Mais un seul mot, libert�, a suffi � r�veiller les vieilles col�res".

Salut � toi, Odette.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, merci infiniment, Marinette BACHE. Merci, chers coll�gues.

Février 2018
Débat
Conseil municipal
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