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III - Question d'actualité posée par le groupe UDI-MODEM à Mme la Maire de Paris et à M. le Préfet de police relative à la crue de la Seine.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous passons � la question d'actualit� suivante�: il s?agit d?une question du groupe UDI-MODEM.

La parole est � M. POZZO di BORGO.

M. Yves POZZO di BORGO. - Madame la Maire, mes chers coll�gues, 5,85 m�tres�: c?est le niveau qu?a atteint la Seine, lundi dernier, au pic de sa crue de janvier 2018. C?est un peu moins qu?en 2016 et heureusement moins que les 8,62 m�tres enregistr�s en 1910.

Je ne reviendrai pas sur les cons�quences d?une crue centennale, dont les experts disent qu?elle est certaine�: l?O.C.D.E. a d�j� �voqu� des co�ts de 30 milliards d?euros�; pr�s de 400.000 emplois d�truits�; 58,5 milliards d?euros d?impact sur le P.I.B. fran�ais sur 5 ans. L?excellent documentaire "Paris sous les eaux" �voque, pour sa part, des coupures d?�lectricit� de plusieurs semaines et un retour � la normale qui ne pourrait intervenir que 5 ans apr�s la crue.

Face � cette menace, la Ville et ses partenaires ont d�velopp� plusieurs outils palliatifs�: le plan O.R.S.E.C., le plan Neptune ou encore l?exercice EU Sequana. Mais qu?en est-il du pr�ventif�?

Un projet existe depuis le d�but des ann�es 2000, mais n?a aujourd?hui toujours pas �t� mis en ?uvre. Le projet de la Bass�e pr�voit en effet de construire dix casiers au sud-est de Paris afin de stocker 55 millions de m�tres cubes d?eau, le tout pour un co�t estim� en 2009 � environ 500 millions d?euros, compar� au co�t d'une crue centennale. Gr�ce � ce cinqui�me r�servoir, qui viendrait compl�ter les 4 d�j� existants, une crue de type centennale pourrait voir son niveau baisser de 20 � 60 centim�tres.

Si cela para�t peu, ce sont justement ces quelques centim�tres qui pourraient faire la diff�rence entre un �v�nement aux cons�quences ma�tris�es et un ph�nom�ne ing�rable.

Or, si le projet dans son ensemble appara�t toujours dans le programme d?action de pr�vention des inondations de la Seine-et-Marne francilienne, il n?est pour l?instant question concr�tement que de r�aliser un projet pilote, soit un seul et unique casier dont les travaux ne d�buteront pas avant 2021.

Le D�partement de Paris n?a pas jou� le r�le qui aurait d� �tre le sien par le pass� en n?accompagnant pas suffisamment ce projet des grands barrages sur la Seine dont il �tait membre.

Cependant notre collectivit� n?est pas la seule concern�e par ce projet. L?Etat, les D�partements, la R�gion, et aujourd?hui la M�tropole suite aux lois MAPTAM et NOTRe de 2014 et 2015, doivent travailler de concert pour le voir aboutir.

Mais que de temps perdu. Bient�t vingt ans que le projet est dans les cartons. Avec un peu de volont� politique, il aurait pu d�j� �tre op�rationnel et nous permettre d?envisager beaucoup plus sereinement les futurs �pisodes de crue de la Seine.

J?ajoute enfin que vous �voquiez il y a deux ans, � l?occasion de la crue de 2016, le lancement d?�tudes en parall�le, notamment sur les alternatives possibles au projet de la Bass�e. Ce projet, tel que d�fini dans le P.A.P.I. Seine-et-Marne francilienne est-il aujourd?hui toujours r�alisable�? Quand verra-t-il le jour�? Quel est le r�sultat des �tudes que vous nous annonciez, il y a deux ans, sur les alternatives possibles�? Enfin et surtout, que comptez-vous faire pour que la Ville de Paris devienne enfin un acteur majeur de ce dossier�?

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mme C�lia BLAUEL va vous r�pondre, actrice majeure de ce dossier.

Mme C�lia BLAUEL, adjointe. - Merci, Madame la Maire.

Nous sommes d?ailleurs au sein de ce Conseil un certain nombre d?acteurs et actrices tr�s pr�sents sur le dossier. Je pense � Fran�ois VAUGLIN, Pierre AURIACOMBE et d?autres, qui avec moi si�gent au syndicat Seine Grands Lacs et qui sont absolument au fait de ce dossier. Ils y d�fendent la position parisienne, en lien avec les autres territoires qui sont partie prenante � l?E.P.T.B. Seine Grands Lacs.

Pour revenir sur le contexte global, la ville a connu un nouvel �pisode de crue, on va dire "plus classique" que celui que l?on avait pu conna�tre en 2016 puisque c?est une crue des affluents de la Seine, de l?Yonne et de la Marne qui est due � des pluies extr�mement violentes. On a eu en ce mois de janvier plus 100�% de pluie par rapport aux normales saisonni�res. C?est un peu le point m�t�o de mon intervention, mais qui n?est pas tout � fait anodin dans le contexte actuel.

Comme vous l?avez dit, cela n?a rien � voir avec une crue de type 1910. Pour autant, c?est mis en lumi�re notamment par diff�rentes �tudes sur les effets du d�r�glement climatique. Nous pourrions craindre un jour de revoir � Paris une crue de l?ampleur de celle de 1910. L?�tude de l?O.C.D.E. montre tr�s bien quels pourraient �tre les impacts d?un tel �v�nement.

Ce reportage que vous avez cit�, pour ceux qui veulent �ventuellement le regarder, montre effectivement la fragilit� de la ville moderne face � la mont�e des eaux, car nombre de nos r�seaux, transports, assainissement, �lectricit�, chauffage, sont aujourd?hui en souterrain et une crue de type 1910 aurait d?importants impacts sur la ville.

Fort heureusement, nous n?en sommes pas l� aujourd?hui. Durant cet �pisode de crue, nous avons fait activer, en lien avec les territoires concern�s, tous les dispositifs de protection de la ville. Je pense notamment � ces grands lacs r�servoirs que vous avez cit�s, qui ont jou� leur r�le puisque nous avons stock� durant cet �pisode pr�s de 400 millions de m�tre cubes d?eau et cela a permis de faire baisser le niveau de la Seine � Paris au plus fort de la crise de 85 centim�tres, le 2 f�vrier dernier.

Ces dispositifs de protection, je pense qu?il est important de le rappeler, permettent de prot�ger Paris mais aussi tous les territoires en amont, notamment les villes de Troyes et Saint-Dizier qui sont les premi�res villes prot�g�es par ces grands lacs.

Cet �pisode permet en effet de faire �cho au travail engag� sur notre politique de pr�vention des crues qui repose, si je devais le r�sumer rapidement, sur deux piliers, et j?insisterai sur ce point.

Le premier pilier est la question des grandes infrastructures. Le syndicat des Grands Lacs a jou� un grand r�le face � cet �v�nement. D?ailleurs, depuis l?�pisode de 2016, ses membres ont fortement travaill� sur ces questions puisqu?en 2016 nous avons fait une r�volution sur la gouvernance pour enfin int�grer les territoires en amont et faciliter le travail sur la question du projet de la Bass�e.

Ce syndicat des Grands Lac a confirm� ce travail sur le projet de la Bass�e puisqu?une s�rie d?�tudes sont en cours. Les �tudes d?impact environnemental ont eu lieu. Nous sommes en ce moment sur la phase dite de reconnaissance pr�alable et de l?�tablissement de l?�tat initial avec un travail sur l?�tat �cologique et l?�tat des nappes souterraines, et pour la r�alisation d?un premier casier dont le premier coup de pelle ou de pioche pourra avoir lieu en 2020-2021 pour un montant de 100 millions d?euros.

Pour rappel, cette op�ration fait l?objet d?un cofinancement avec la R�gion Ile-de-France. Je rencontrerai dans quelques jours mon homologue vice-pr�sident � la R�gion pour voir notamment si cette collectivit� a �volu� sur la part de financement qu?elle prendra � ce grand projet parce que la situation n?est pas tout � fait claire � cette heure.

Il y a une �volution importante depuis 2016 puisque, depuis le 1er janvier 2018, c?est la M�tropole du Grand Paris qui a pris la comp�tence G.E.M.A.P.I., Gestion des milieux aquatiques et pr�vention des inondations, qui, dans ce contexte, a un r�le majeur � tenir. Si c?est le syndicat Seine Grands Lacs qui sera ma�tre d?ouvrage de cet �quipement, c?est bien la M�tropole qui en sera le propri�taire et qui a la responsabilit� de r�unir le tour de table financier.

J?en ai presque fini, Madame la Maire.

Se pose donc d�sormais la question de lever la taxe G.E.M.A.P.I. C?est un d�bat qui n?est pas du ressort de notre �tablissement mais qui devrait �tre fait avant le 15 f�vrier prochain, sinon on va � nouveau perdre un an, mais ce n?est pas forc�ment d?actualit� � l?heure actuelle au sein de la m�tropole.

Je voudrais dire juste deux �l�ments pour terminer.

Un �l�ment important est qu?il ne faut pas totalement avoir trop d'attentes sur la Bass�e parce que c?est un �quipement qui permettrait de r�duire la crue � Paris et non de l?effacer.

Puis, je ferai le lien avec le climat. J?ai eu un entretien r�cemment avec le r�seau des villes du C40�: sur 92 villes membres du C40 aujourd?hui, 49 d?entre elles sur les six derni�res ann�es ont connu des �v�nements climatiques extr�mes qui faussent totalement les statistiques, telles qu?on les conna�t aujourd?hui, de par leur fr�quence et leur ampleur. Ce qui nous appelle aussi de mani�re globale � acc�l�rer la mise en ?uvre de nos politiques climat, tant sur la question d?adaptation que d?att�nuation.

Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, C�lia BLAUEL.

Je vais proposer � M. le Repr�sentant du Pr�fet de police de prendre �galement la parole sur ce sujet.

M. LE REPR�SENTANT DU PR�FET DE POLICE. - Merci, Madame la Maire.

Je vous pr�sente tout d?abord, ainsi qu?� l?ensemble des membres du Conseil de Paris, les excuses du Pr�fet de police qui, en tant qu?ancien Pr�fet de Corse, participe actuellement aux comm�morations du 20e anniversaire de l?assassinat du Pr�fet �rignac.

Je dirai deux mots en compl�ment sur ce sujet, le sujet du projet de la Bass�e est plus sp�cifiquement suivi par la Pr�fecture de R�gion Ile-de-France, � laquelle �videmment je transmettrai vos pr�occupations, Monsieur le Conseiller. S?agissant de la Pr�fecture de police qui a �t� amen�e � g�rer la crise de la crue r�cente, il y a deux �l�ments. Sans revenir sur les pr�cisions apport�es par Mme BLAUEL, le ph�nom�ne est rest� effectivement ma�tris�. La B.S.P.P. a r�alis� 250�interventions en lien direct avec le ph�nom�ne de crue pendant les quelques jours qui ont pr�c�d�. Paris est rest�e relativement �pargn� m�me si des difficult�s ont �t� constat�es �videmment dans les communes situ�es en aval et dans le reste de la r�gion. Puis un deuxi�me �l�ment pour mon intervention, c?est saluer la coop�ration entre les services de la Ville, Madame la Maire, et les services de l?Etat, � travers les r�unions de crise, le plan de r�gulation du trafic � l?int�rieur de Paris qui a �t� mis en place. Les relations ont �t� fluides, les �changes ont �t� pertinents et efficaces, ce qui nous a permis de faire face � cette situation de la fa�on la moins difficile possible.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci et permettez-moi d?ajouter � la liste des remerciements ceux � Colombe BROSSEL, qui a anim� et qui anime encore la cellule de crise de l?H�tel de Ville, � laquelle ont particip� bien s�r tous les directeurs, les maires d?arrondissement qui �taient venus et je veux les remercier, ainsi que leurs services. Ce sont �galement tous les concessionnaires, puisque nous travaillons ensemble. Je pense qu?avec vous, avec l?Etat, avec l?ensemble des autorit�s publiques, nous avons pu accompagner - ce n?est pas encore termin� - ce ph�nom�ne de crue qui vient maintenant se doubler d?un ph�nom�ne de grand froid et de remont�e des nappes phr�atiques toujours extr�mement pr�sentes et pleines. Qui dit pleines, dit pr�tes aussi � pouvoir se d�verser. Nous suivons donc avec beaucoup de s�rieux toutes les questions li�es notamment au chauffage, � l?alimentation en �nergie de la ville, que ce soient des entreprises ou des particuliers. Mais je veux vraiment remercier l?ensemble des autorit�s. Je crois que l?on a progress� dans cette gestion de crise, suite aussi � la crue de 2016, et bien �videmment nous allons faire un retour d?exp�rience sur ce qui vient de se passer.

Monsieur POZZO di BORGO, vous avez le dernier mot.

M. Yves POZZO di BORGO. - Madame la Maire, que se passera-t-il s?il y a une crue centennale avant les Jeux Olympiques de 2024 ou m�me l?ann�e pr�c�dente�? Si on se fie � la r�ponse dilatoire de votre adjointe, ce sera une catastrophe. J?ai pos� une question tr�s concr�te, on a l?impression que Mme votre adjointe d�couvre le dossier.

Cela fait dix ou douze ans que ce dossier est r�gl�. Il y avait juste un probl�me de financement. La Ville de Paris avec les milliards qu?elle a d�pens�s aurait pu mettre chaque ann�e 40 ou 50 millions et le dossier aurait �t� r�gl�. L�, vous me r�pondez de fa�on dilatoire sur ce qu?il faut faire, ce qu?on fait, des r�unions, des commissions�!

Madame la Maire, lorsqu?il y aura les Jeux Olympiques et qu?il y aura une crue centennale, votre successeur aura beaucoup de probl�mes.

Merci.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - D?abord, peut-�tre que vous n'avez pas compris ce qu'est une crue centennale. Ce n?est pas une crue qui vient tous les cent ans. C'est une crue qui, chaque ann�e, m�me plusieurs fois par an, peut se produire parce qu'elle est de l'ordre de ces tr�s grandes crues.

Vous parlez des Jeux olympiques. J'esp�re que nous n'aurons pas de crue centennale dans les ann�es qui viennent, avant m�me les Jeux Olympiques, cher Monsieur POZZO di BORGO. Mais, bon, moi, j'ai confiance en le travail qu'on fait ensemble et, en tous les cas, dans la capacit� de nos �quipes, services publics, entreprises, � travailler ensemble. Bien.

IV - Question d'actualit� pos�e par

Février 2018
Débat
Conseil municipal
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