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2- Hommage aux 3 policiers décédés boulevard de la Chapelle le 27 janvier dernier.



M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur le Pr�fet de police, mes chers coll�gues. Comme tous les Parisiens, comme tous nos concitoyens, nous avons �t� boulevers�s par le drame qui, dans la soir�e du 27 janvier, a provoqu� la mort de trois policiers, infligeant de cruelles blessures au quatri�me d'entre eux.
Les circonstances de ce drame, apr�s un bref moment de confusion, ont vite �t� connues dans leur banalit� et leur horreur.
Banalit� d'une intervention classique effectu�e dans le respect des r�gles au cours d'un diff�rend familial.
Horreur d'une violence impr�visible. Asperg�s d'essence, le capitaine de police Laurent DELOS, les lieutenants de police Wilfrid BOURDON et J�r�me DELVA, connaissent une mort terrible, le policier Cyrille GRIMAUD parvenant, malgr� ses blessures aux jambes, � donner l'alerte.
Au nom de tous les �lus de Paris, au nom de tous ses habitants, en mon nom personnel, je veux exprimer ma tristesse, ma sympathie et ma solidarit� aux familles de ces hommes qui ont trouv� la mort en accomplissant leur devoir.
Comme tant d'entre nous, j'ai �t� impressionn� lors des obs�ques solennelles c�l�br�es devant la Pr�fecture de police par la dignit� avec laquelle ces familles ont affront� le deuil qui les frappait. Cette tristesse, cette sympathie, cette solidarit�, avec vous tous, je les adresse aussi aux fonctionnaires du commissariat du 10e arrondissement dont faisait partie Laurent DELOS, ainsi qu'� tous les policiers parisiens accabl�s et r�volt�s par ce drame.
Je vous prie, Monsieur le Pr�fet, de bien vouloir vous faire l'interpr�te de notre Assembl�e aupr�s d'eux.
Ce qui s'est pass� vient douloureusement rappeler � chacun l'abn�gation et le courage de chaque instant, les risques et les dangers quotidiens, et malheureusement croissants, qui s'attachent aux missions des gardiens de la paix, notre paix � tous.
J'ai su qu'un des pompiers intervenant sur les lieux avait r�pondu, livide, � des voisins qui l'interrogeaient : " Je viens de perdre des amis ". Comme lui, nous �prouvons le sentiment que nous venons de perdre des amis.
Pour rendre hommage � la m�moire de ces trois jeunes policiers morts dans la nuit du 27 janvier, je vous demanderai de respecter une minute de silence apr�s que chaque Pr�sident de groupe, comme le souhait m'en a �t� exprim�, aura pris la parole.
Monsieur DELANO�, vous avez la parole.
M. Bertrand DELANO�. - Monsieur le Maire, Monsieur le Pr�fet, mes chers coll�gues.
Le drame survenu dans la soir�e du 27 janvier dernier rappelle � chacun la grandeur mais aussi l'exigence extr�me du r�le qu'assument quotidiennement les gardiens de la paix.
Appel�s pour pr�venir les risques d'un diff�rend familial, Laurent DELOS, Wilfrid BOURDON et J�r�me DELVA ont pay� de leur vie leur sens du devoir et leur d�vouement.
Au nom des �lus socialistes et apparent�s, au nom du Maire du 10e arrondissement o� ces trois policiers �taient affect�s, je voudrais assurer les familles aujourd'hui plong�es dans la douleur, leurs proches, ainsi que les policiers de la Capitale, de notre estime, de notre consid�ration.
Je voudrais �galement adresser des voeux de prompt r�tablissement au gardien Cyrille GRIMAUD, gri�vement bless� au cours de cette intervention.
Tout comme vous, Monsieur le Maire, Monsieur le Pr�fet de police, et de nombreux �lus de notre Assembl�e, j'�tais pr�sent aux obs�ques de ces trois policiers. Chacun, je crois, a �t� saisi par la dignit� et l'immense �motion de cette c�r�monie. Une tristesse profonde, mais aussi la trace que laisse le destin lorsqu'il se montre cruel, se lisaient sur le visage des gardiens de la paix pr�sents. Qui aurait pu pr�voir en effet qu'un appel semblable aux centaines que re�oivent quotidiennement les commissariats conduirait au drame qui nous atteint tous ?
Il faut esp�rer que la brutalit� du sort qui a frapp� ces trois jeunes fonctionnaires puisse favoriser une prise de conscience collective. Comme l'a justement rappel� M. le Premier Ministre dans son allocution, les policiers se trouvent aux postes avanc�s d'un combat essentiel dont l'enjeu est la libert�, la s�curit� et l'ordre public, sans lesquels tout id�al d�mocratique est illusoire.
C'est pourquoi je souhaite que notre cit� s'associe � une telle ambition en veillant, notamment, � une meilleure int�gration des gardiens de la paix � la vie de nos quartiers.
Aujourd'hui unanimes dans la peine et dans le respect, nous trouverons, j'en suis convaincu, les moyens d'avancer ensemble dans une telle direction. Nous le devons au sacrifice de ces trois policiers.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur MALBERG, vous avez la parole.
M. Henri MALBERG. - Monsieur le Pr�fet de police, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs.
J'associe le groupe communiste � cet instant d'�motion o� nous rendons hommage � la m�moire des trois jeunes policiers victimes du drame du boulevard de la Chapelle, le 27 janvier dernier.
L'�v�nement survenu ce jour-l� a provoqu� une grande �motion dans la population parisienne comme dans le pays, �motion l�gitime, et aussi une r�flexion.
Ces hommes accomplissaient tout simplement leur devoir, un devoir r�p�t� chaque jour des dizaines de fois � Paris ; il s'agissait, en l'occurrence, de se porter au secours d'une femme et d'un enfant menac�s par un forcen�.
L'action de service public men�e par les gardiens de la paix s'en trouve comme remise au premier plan, honor�e par la trag�die elle-m�me.
La soci�t� attend beaucoup de ce travail quotidien, apparemment banal et si important.
Comment ne pas ajouter � quel point notre �poque appara�t plus douloureuse, peut-�tre plus cruelle, en rapport avec la d�t�rioration de la vie de beaucoup de gens.
Naturellement, l'action quotidienne de service public de la police n'en est que plus difficile, plus n�cessaire aussi dans le respect de l'ordre r�publicain.
Cette trag�die, Mesdames, Messieurs, Monsieur le Pr�fet de police, nous touche profond�ment et, comme je l'ai fait le jour des obs�ques, je veux assurer les familles qui ont tant perdu ce jour-l� de notre �motion et de notre solidarit� et souhaiter le meilleur r�tablissement au policier gri�vement bless�.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur SARRE, vous avez la parole.
M. Georges SARRE, Pr�sident du groupe du Mouvement des citoyens, maire du 11e arrondissement. - Monsieur le Pr�fet de police, mes chers coll�gues.
A mon tour je voudrais dire � l'Assembl�e l'�motion qu'ont ressentie et ressentent encore en ce moment les �lus du Mouvement des citoyens comme l'ensemble des Parisiennes et des Parisiens devant ces �v�nements tragiques.
Ils avaient 23 ans, 24 ans, 33 ans, ils sont morts victimes du devoir, accomplissant leur mission d'aide � la population. Cela nous rappelle � toutes et � tous, mes chers coll�gues, que dans notre pays, � Paris tout particuli�rement, Monsieur le Pr�fet de police, on demande beaucoup aux fonctionnaires de police.
Notre soci�t� ne va pas bien et c'est toujours ou presque toujours que l'on se tourne vers les policiers pour leur demander encore davantage.
Je voudrais qu'en ce moment de recueillement chacun pense que les efforts doivent �tre poursuivis pour que le mal dont souffre la soci�t� fran�aise soit vaincu. Je veux parler de ce qui d�sint�gre tout, le ch�mage. C'est parce que nous saurons mobiliser le pays que chacun retrouvera mieux sa place dans la soci�t�.
Dans ce genre d'�v�nement, seul le silence est grand.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur BURRIEZ, vous avez la parole.
M. Jean-Pierre BURRIEZ, adjoint. - Monsieur le Pr�fet de police, c'est avec une profonde tristesse et beaucoup d'�motion que les �lus du groupe " Paris-Libert�s " ont appris le d�c�s dans la soir�e du 27 janvier de trois policiers br�l�s vifs dans l'incendie d'un appartement d'un immeuble du 10e arrondissement. Les conditions dans lesquelles ce drame s'est d�roul� et la banalit� de la situation : un diff�rend familial, rendent encore plus injuste et inacceptable leur disparition.
Un quatri�me policier a �t� �galement gravement bless� aux jambes.
Je tiens � vous exprimer, Monsieur le Pr�fet de police, la solidarit� et la sympathie de notre groupe, dans ce moment �prouvant.
Nos pens�es vont naturellement d'abord aux familles des victimes, mais au-del�, elles s'�tendent � tous les fonctionnaires de police dont la noble mission, celle d'assurer la s�curit� quotidienne des habitants de notre Ville, s'exerce tr�s souvent dans les conditions extr�mement difficiles.
C'est en assumant pleinement cette mission que ces trois jeunes policiers sont tomb�s, le plus �g� n'avait que trente trois ans, les deux autres policiers tu�s �tant stagiaires et �g�s de vingt quatre et vingt six ans.
Nos concitoyens, si enclins parfois � critiquer les forces de police, ne mesurent pas toujours les difficult�s de leur travail ; il faut esp�rer qu'un tel drame favorisera une prise de conscience plus objective des risques qu'ils prennent quotidiennement pour les Parisiens.
La s�curit�, c'est tr�s souvent des statistiques et des chiffres, des succ�s et des �checs, mais un tel drame nous permet de prendre conscience qu'avant tout, la s�curit�, c'est le travail d'hommes et de femmes qui risquent de perdre la vie � la suite d'une intervention au d�part de pure routine.
Or, le 27 janvier, la mort �tait au rendez-vous pour les policiers, comme elle l'est trop souvent pour tous ceux qui combattent l'ins�curit� au quotidien.
Il appartient � la collectivit� publique et d'abord � l'Etat d'assurer aux policiers les conditions de travail les meilleures possibles, mais aussi importantes soient-elles, les am�liorations � apporter aux conditions mat�rielles d'exercice du m�tier de policier ne lui �teront jamais cette part irr�ductible du risque inh�rent � toute vie en soci�t� et qui peut d�boucher sur des drames, comme celui d'hier.
Nous savons l'abn�gation, l'altruisme, le d�vouement de l'ensemble des policiers parisiens et nous appelons chacun de nous � r�fl�chir aux difficult�s, mais aussi � la grandeur du m�tier de policier.
Soyez assur�, Monsieur le Pr�fet de police, que nous serons toujours attentifs aux actions que vous engagerez pour permettre aux policiers d'exercer dans des conditions de s�curit� accrues leur difficile m�tier, indispensable mission au service de nos concitoyens.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur GOUJON, vous avez la parole.
M. Philippe GOUJON, adjoint. - Monsieur le Maire, Monsieur le Pr�fet, le groupe " Rassemblement pour Paris " partage l'�motion que ressent chacun des fonctionnaires de la Pr�fecture de Police et s'associe aux condol�ances et aux t�moignages de solidarit� que vient de prononcer M. le Maire de Paris � l'�gard des trois victimes, de leurs proches, de leurs coll�gues et de l'ensemble des forces de police.
Une fois encore, la police parisienne a pay� un trop lourd tribut dans l'accomplissement de sa mission de s�curit� au service de nos concitoyens o� elle occupe les postes les plus avanc�s.
Cet �v�nement dramatique rappelle � nouveau, s'il en �tait besoin, � quel point le noble et beau m�tier de gardien de la paix est quotidiennement expos� � la violence et � la folie meurtri�re.
Pr�sent sur les lieux aux c�t�s de Jean TIBERI, lors de cette tragique soir�e du 27 janvier, j'ai �t� pour ma part tr�s vivement impressionn� par la vive �motion et en m�me temps la profonde dignit� qui �manaient des policiers du Commissariat du 10e arrondissement de Paris et lors de la c�r�monie officielle du 31 janvier � la Pr�fecture de police, ils sont venus nombreux, beaucoup en civil, hors service, pour rendre un dernier hommage � leurs coll�gues.
Chacun d'entre nous a ressenti au plus profond de soi un sentiment de peine intense pour les victimes et leur famille, mais aussi de grande reconnaissance et de solidarit� pour notre police.
C'est avec un immense respect que nous saluons le sacrifice de ces trois jeunes policiers, d'un courage exceptionnel, victimes de leur devoir, et que nous nous inclinons devant la tristesse de leurs familles et de leurs proches.
Je forme aussi des voeux de prompt et complet r�tablissement pour le fonctionnaire de police Cyrille GRIMAUD, gri�vement bless� lors de cette trag�die.
Puissent nos concitoyens prendre conscience de l'esprit de sacrifice, du d�vouement, du sens du devoir, de l'importance des risques encourus par les policiers dans l'exercice de leurs difficiles fonctions, qu'ils assument trop souvent au p�ril de leur vie.
(L'Assembl�e, debout, observe une minute de silence).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
Monsieur le Pr�fet de police, vous avez la parole.
M. LE PR�FET DE POLICE. - Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers de Paris, je voudrais simplement vous dire merci pour les paroles empreintes de sympathie, de tristesse, que vous avez prononc�es � la m�moire du Capitaine de police Laurent DELOS et des lieutenants de police J�r�me DELVA et Wilfrid BOURDON, victimes du devoir le 27 janvier dernier, alors qu'ils intervenaient � la suite d'un diff�rend familial dans un immeuble situ� 15, boulevard de la Chapelle, dans le 10e arrondissement.
Le bel et �mouvant hommage que vous leur avez rendu, Monsieur le Maire, ainsi qu'au nom de l'ensemble du Conseil de Paris, tous les Pr�sidents de groupe, ira - je le sais - droit au coeur de leurs parents, de leurs proches et de tous les policiers de la Capitale.
A cet �gard, permettez-moi, Monsieur le Maire, de vous dire aujourd'hui combien la grand famille de la Pr�fecture de police, de la police nationale, si cruellement �prouv�e par ce drame a �t� touch�e par votre pr�sence aupr�s d'elle boulevard de la Chapelle, d'abord, puis lors des obs�ques solennelles pr�sid�es par M. le Premier Ministre et M. le Ministre de l'Int�rieur, et combien elle a �t� sensible au geste symbolique que vous avez accompli en d�posant devant chacun des victimes la Grande M�daille de Vermeil de la Ville de Paris.
Nous avons �t� �galement extr�mement sensibles � la pr�sence � vos c�t�s de nombreux �lus de Paris, notamment M. le Maire du 10e arrondissement et M. l'adjoint au Maire charg� de la Pr�vention, dans les minutes qui ont suivi ce drame. Ils ont apport� aux familles des victimes et au personnel de la Pr�fecture de police la compassion, le soutien et le r�confort dont ils avaient tant besoin en ces moments douloureux.
Soyez assur�s que je ne manquerai pas, non plus, de transmettre le message cordial et les voeux chaleureux des �lus de la Capitale au Gardien de la Paix, Cyrille GRIMAUD, auquel nous souhaitons tous un prompt r�tablissement.
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers de Paris, je vous remercie particuli�rement pour toutes les marques de solidarit� et d'amiti� que vous nous avez t�moign�s dans l'�preuve travers�e par la Pr�fecture de police.
Je tiens, en mon nom personnel et au nom de l'ensemble des fonctionnaires plac�s sous mon autorit�, � renouveler ici � chacun, � renouveler ici � tous, l'expression de mes sinc�res remerciements et de ma profonde reconnaissance.

Février 1998
Débat
Conseil municipal
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