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Vœu déposé par le groupe Communiste - Front de Gauche relatif à la prise en charge des réfugiés. Vœu déposé par l'Exécutif.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, la semaine derni�re, suite notamment � une interpellation du pr�sident du groupe UDI-MODEM dans la presse, cher Eric AZI�RE, vous avez dit qu'il fallait une r�ponse qui soit vraiment la plus collective possible concernant la question de l'accueil des r�fugi�s et des migrants en France, mais bien s�r � Paris.

Compte tenu de l'�volution des flux migratoires, encore plus nombreux, je rappelle que souvent, ceux qui arrivent � la porte de la Chapelle aujourd'hui, on va y venir, sont partis il y a un an, un an et demi, pour beaucoup d'entre eux d'Afrique sub-saharienne, et qu'encore au moment o� nous parlons, il y a des camions ininterrompus qui traversent le Sahel jusqu'� la Libye, avec des migrants qui vont venir sur nos c�tes dans l'ann�e qui vient. On est face � des ph�nom�nes qui, au moment o� on en parle, concernent des personnes qui sont parties il y a un an et demi, avec un flux qui continue � �tre tout aussi important. Ce sont des ph�nom�nes importants, s�rieux.

Bien s�r que la question de l'aide au d�veloppement est une question centrale, nous y travaillons � la hauteur qui est la n�tre en tant que Ville, en tant que pr�sidente que je suis de l'Association internationale des maires francophones, et donc travaillant tr�s particuli�rement avec mes coll�gues africains, que ce soit Abidjan, Bamako, Dakar, ou beaucoup d'autres grandes villes de l'Afrique notamment de l'Ouest, qui sont aussi des villes qui accueillent aujourd'hui des millions de r�fugi�s intra-africains, propres au continent africain.

Nous travaillons beaucoup avec eux, � la fois sur des questions de sant�, mais aussi sur des questions de d�veloppement �conomique. Nous avons avec Abidjan notamment un partenariat pour faire en sorte que cette grande capitale soit une capitale qui puisse aussi �tre une terre de d�veloppement de l'�conomie num�rique. Nous avons donc des partenariats parce que nous savons que, l� aussi, l'�conomie num�rique peut �tre une solution pour un certain nombre de jeunes dipl�m�s africains qui pourraient absolument trouver � s'employer, et en tous les cas, � �tre extr�mement utiles � leur pays dans ces villes. Nous y travaillons d'arrache-pied, y compris avec le maire de Ouagadougou qui vient, lui, du monde de l'entreprise et avec qui nous sommes en train de monter cela.

Nous travaillons avec Bamako, qui est une ville confront�e notamment � une venue en masse de r�fugi�s des groupes islamistes du Sahel, qui viennent, qui convergent. Ce sont des millions de r�fugi�s, que des villes comme Bamako, Abidjan ou Dakar accueillent aujourd'hui, il faut le savoir. On ne peut pas regarder ce qu'il se passe � Paris � la porte de la Chapelle, en ignorant cela. Il faut aussi int�grer ces �l�ments de temps, de dur�e, de flux dans ce que nous disons et ce que nous voulons porter.

J'ai souhait� que l'on puisse, compte tenu de l'urgence �voqu�e aujourd'hui, avoir un d�bat organis� en regroupant les diff�rents v?ux, que nous puissions avoir une expression commune. Je souhaite qu'elle soit la plus large possible. A la fois, notre Ville doit, bien s�r, r�pondre � son devoir qui est un devoir humanitaire, ce que nous avons fait en cr�ant le Centre de premier accueil � la porte de la Chapelle, mais nous devons aussi �tre l� dans l'interpellation et dans l'action, pour trouver les solutions � cette crise qui est durable.

Je le redis, le Centre de premier accueil � la porte de la Chapelle joue son r�le. Il a permis d'accueillir et de mettre � l'abri plus de 10.000 personnes depuis qu?il existe. Je veux remercier Emma�s notamment, et toutes les associations, tous les b�n�voles qui ont r�pondu pr�sents � ce Centre de premier accueil.

Pourquoi ce centre de premier accueil�? J'y reviens. Souvenez-vous des campements, jusqu'� 4.000 personnes � Jean-Jaur�s, il y a quelques mois de cela. 4.000 personnes dans des campements indignes avec des probl�mes sanitaires, avec des probl�mes de violence, avec des probl�mes pour les riverains que nous devons aussi d�fendre et �couter. Nous avons la chance d'�tre dans des quartiers o� il y a beaucoup de solidarit�. Mais nous ne pouvons pas faire comme si ces situations d'urgence ne venaient pas non plus traumatiser les riverains. Je pense aux enfants, dans ces quartiers, qui ont au pied de chez eux une situation d'indignit� totale, qui doivent se poser des questions sur dans quel monde on vit et qu'est-ce qu'on fait pour pouvoir r�soudre des situations inacceptables.

Le Centre de premi�re urgence a permis de mettre � l'abri des personnes, pour une dur�e courte, la vocation de ce centre n'�tant pas l'h�bergement dans la dur�e, mais permettant, je le redis, de dormir, manger, se laver, pouvoir se soigner et savoir � quels droits on peut pr�tendre.

Je suis d�sol�e. Je le redis comme je l'ai dit devant les autorit�s minist�rielles comp�tentes, ce n'est pas inscrit sur la t�te de ces personnes si elles sont "dublin�es", pas "dublin�es", si elles sont susceptibles d'acqu�rir ou pas le statut de r�fugi�. Ce n'est pas �crit sur leur t�te�! Cela ne peut pas se faire dans un camp de fortune ou d'infortune, dans la rue, avec des gens � qui on demanderait de monter dans des bus pour aller o��? Si on ne sait pas ce qu'ils vont faire, ils ne monteront pas � juste titre et cela g�n�rera des situations de violence o� forc�ment les associations viendront aussi s'inviter au d�bat. Cela ne peut pas se passer comme cela. C'est pour cela que l'on a cr�� le centre de premier accueil.

Ce qu'il faut aujourd'hui, et Dominique VERSINI que je veux vraiment remercier elle aussi avec tous les services de la Ville pour le travail remarquable qui a �t� fait, nous le savons, est all�e en mon nom, notamment en Allemagne, pour voir comment cela se passait. J'ai vu comment cela se passait en Italie.

Comment des pays comme l'Allemagne ou l'Italie aujourd'hui g�rent cette situation � laquelle ils sont aussi confront�s�? On n'est pas les seuls. On n'est pas les seuls. Comment font-ils�? Ils ont pr�vu une loi de r�partition dans les grandes m�tropoles de ces migrants, de ces r�fugi�s, pour que ce travail d'identification de leur situation et de droit puisse �tre fait pas simplement dans un endroit unique.

O� doivent �tre ces centres de premier accueil�? Soyons pragmatiques et lucides�: l� o� sont les migrants. On le conna�t, on sait quel est l'itin�raire, quelle est la trajectoire des migrants sur un axe qui vient du sud de la France jusqu'au nord, Calais et bien s�r Grande-Synthe.

Hier nous avons eu l'occasion avec notre coll�gue de Grande-Synthe d'�voquer cette situation. Il faut �tre pragmatique et apporter une r�ponse � un probl�me qui ne va pas s'effacer parce qu'on ne saurait pas le voir, ou parce qu'on ne voudrait pas le voir, ou parce qu'on nous dirait, comme je l'entends trop souvent, "parler de cela, c'est faire monter l'extr�me-droite".

Mes amis, et je peux m'exprimer comme cela, c'est quoi les scores de l'extr�me-droite � Paris�? Moins de 5�% au premier tour de la pr�sidentielle. Je pense que nous pouvons dire que lorsqu'on prend un sujet et qu'on le traite, on fait aussi reculer cet obscurantisme qui fait que d'une fa�on tr�s simpliste, on pourrait se dire, il suffit de ne pas en parler pour que cela n'existe pas. Non, parce que le probl�me est l�.

Je suis heureuse ce matin que nous puissions en parler ensemble. Je souhaite vraiment, apr�s les discussions que j'ai pu avoir avec le Ministre de l'Int�rieur, avec le Ministre de la Transition �nerg�tique et de la Solidarit�, Nicolas HULOT, ou encore avec le Premier Ministre, que bien s�r maintenant on passe aux actes, qu'une mise � l'abri soit faite notamment pour tous ces migrants et r�fugi�s de la porte de la Chapelle.

La mise � l'abri sans tenir compte de notre exp�rience aujourd'hui, c'est-�-dire l'installation de centres de premier accueil ailleurs en France sur le parcours migratoire et sans qu'il y ait une acc�l�ration des proc�dures vers les C.A.O., on se retrouvera confront� dans quelques mois � la m�me situation.

Je pense que notre expertise est sans aucune agressivit�. Notre souci est d'�tre concrets, efficaces, de trouver des solutions � ces personnes qui n'ont plus rien, mais de trouver aussi des solutions aux riverains, aux habitants qui voient ces situations indignes. Trouver des solutions aussi � nos agents et je veux remercier les agents de la propret�, notamment de la Ville de Paris et les agents de la pr�vention qui font un travail remarquable, et vous le savez il y a eu l'exercice d'un droit de retrait. Des cas de gale ont �t� identifi�s, y compris chez nos agents. Cela aussi, nous devons en tenir compte.

Notre ville, comme les autres sites qui sont aujourd'hui confront�s � cette situation, ne peut pas �tre laiss�e seule. Nous serons plus forts s'il y a dans nos rangs, je le sais, un accord tr�s large, tr�s majoritaire, majorit� et opposition, pour s'engager dans cette voie pragmatique, lucide, humaniste, qui est de mon point de vue, avec l'exp�rience que nous avons de cette situation, la seule voie empruntable.

Je voulais vous dire ces quelques mots avant de donner maintenant la parole � celles et ceux qui se sont inscrits, et je vous remercie de participer � ce d�bat.

Tout d'abord, la parole est � M. Pierre-Yves BOURNAZEL, pour le groupe les R�publicains.

M. Pierre-Yves BOURNAZEL. - Madame la Maire de Paris, c'est un sujet complexe qui touche � la vie d'hommes, de femmes et d'enfants qui fuient la guerre, qui fuient la faim, et fuient souvent la mort.

A l'hiver 2014-2015, avec ma coll�gue D�borah PAWLIK, mais aussi Fadila M�HAL et Christian HONOR�, nous �tions intervenus sur ces probl�mes extr�mement difficiles.

Je m'en tiendrai � des principes, et je voudrais les rappeler ici d'abord, la dignit� que l'on doit � ces hommes et � ces femmes, aux r�fugi�s et aux migrants. C'est la raison pour laquelle, et ces propos n'engagent que moi, j'avais soutenu votre proposition d'un premier centre d'accueil humanitaire.

Ce sont des questions de s�curit� pour ces hommes et ces femmes, ces enfants, et c'est une question d'hygi�ne aussi pour eux, pour leur vie quotidienne, de les prot�ger.

C'est une question de tranquillit�, vous l'avez abord�e tout � l'heure, pour des riverains qui expriment l�gitimement leur exasp�ration face � des probl�mes qui se multiplient dans leur quartier. Ils m�ritent d'�tre entendus, �cout�s, et que des solutions p�rennes puissent �tre amen�es pour am�liorer aussi leur vie quotidienne.

La fermet� aussi vis-�-vis des r�seaux de passeurs et des mafias, qui profitent de tous ces probl�mes pour essayer de faire prosp�rer leur trafic. Il faut exiger de l'�tat une fermet� totale vis-�-vis de celles et ceux qui se font du fric sur la mis�re humaine.

L'efficacit� de nos politiques publiques, certains l'ont rappel� tout � l'heure, il faut s'attaquer aux racines du mal. C'est notre politique de coop�ration, notre politique de co-d�veloppement qui est en jeu. Il faut que la France et l'Europe portent une vraie strat�gie en la mati�re. C'est la politique europ�enne bien s�r, il nous faut aller vers une harmonisation du droit d'asile � l'�chelle europ�enne. Il faut aussi mobiliser nos moyens, comme l'a dit tout � l'heure Delphine B�RKLI.

Il faut le raccourcissement des d�lais du droit d'asile, pour donner des r�ponses plus rapides et plus respectueuses pour les demandeurs. Et puis, cela n'engage encore une fois que moi, mais il faut la solidarit�. Cela veut dire qu'il faut de nouveaux centres d'accueil, notamment dans les m�tropoles fran�aises qui pourraient les accueillir et sont sur les chemins de ces migrants et de ces r�fugi�s. Je crois que sur ces sujets, il faut �viter toute pol�mique politicienne, il faut avoir le sens de l'int�r�t g�n�ral quand on touche � la vie d'hommes, de femmes et d'enfants, il faut avoir d'abord une vision, un cadre politique d'action. Ce sont des sujets tr�s complexes qui ne vont pas se r�gler en quelques minutes. Ce ne sont pas des sujets qui vont se r�gler en quelques mois. Il faut avoir le courage et la lucidit� de le dire, mais c'est maintenant que l'on doit travailler � trouver des solutions. Lorsque vous porterez des solutions, je les soutiendrai, nous les soutiendrons pour celles et ceux qui le souhaitent sur ces bancs. J'esp�re en tout cas. En m�me temps, il faut interpeller l'�tat et l'�chelon europ�en pour que des solutions durables soient trouv�es et pour permettre un accueil digne de la France, digne de Paris, digne des m�tropoles fran�aises et respectueuses de nos compatriotes.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Pierre-Yves BOURNAZEL.

Je vous remercie pour ce soutien.

Juillet 2017
Débat
Conseil municipal
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