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2017 DAE 228 - Modifications des statuts de l'E.S.P.C.I.


M. Bernard JOMIER, adjoint, pr�sident. - Nous examinons le projet de d�lib�ration DAE 228 relatif � des modifications des statuts de l?E.S.P.C.I.

Jean-No�l AQUA a la parole.

M. Jean-No�l AQUA. - Monsieur le Maire, chers coll�gues, voici un projet de d�lib�ration qui peut para�tre s�duisant pour un ?il peu averti, mais nous ne le voterons pas. Non pas que le travail fait � l'E.S.P.C.I. ne soit pas remarquable, tant en mati�re de recherche que d'enseignement, c'est certain. Mais le motif sous-tendant ce projet de d�lib�ration est la cr�ation d'un regroupement d'universit�s, ou plut�t d'�coles, visant � cr�er une - je cite - "universit� de recherche", unique en son genre en France, "rassemblant plusieurs �tablissements d'enseignement sup�rieur et de recherche". Si on ne peut que saluer le prestige et, surtout, la qualit� scientifique des acteurs impliqu�s dans ce projet, nous regrettons et contestons la logique globale de l'op�ration. Deux critiques majeures.

La premi�re, c?est la logique des fusions d'universit�s, initi�e par SARKOZY, puis poursuivie sous HOLLANDE. Tant de voix politiques diff�rentes fait forc�ment r�fl�chir un imp�trant en politique. Mais ces regroupements d'universit�s cr�ent des mastodontes g�r�s, assez in�luctablement, de fa�on technocratique, loin de la r�alit� des paillasses et des amphis. Avec ces regroupements d'universit�s, nous ne parlons plus d�sormais de fonctionnement d�mocratique, mais de "gouvernance". Avec ces regroupements d'universit�s, nous �loignons les centres de d�cision des lieux de travail. Avec ces regroupements, nous cr�ons des strates suppl�mentaires de pouvoir, alors m�me qu'il n'y en a pas besoin. On entend souvent critiquer le millefeuille administratif et les m�mes qui le font promeuvent ces rassemblements. C'est pour le moins curieux.

Le probl�me de nos universit�s n'est pas un probl�me de taille. Le probl�me, c?est le manque de moyens financiers et humains qui ne nous permet pas d'accueillir dans de bonnes conditions tous les �tudiants. Certes, �videmment, en regroupant les universit�s, on augmente de mani�re artificielle son classement de Shanghai. Mais le co�t en termes bureaucratiques de l?op�ration ne vaut certainement pas les faibles b�n�fices qui en d�coulent.

Deuxi�me critique, qui est en fait plus importante�: c'est la logique de concurrence dure port�e par la cr�ation d'universit�s de recherche. Il ne s'agit, ici, non pas seulement de regrouper des universit�s, mais de cr�er un regroupement dit "universit� de recherche". Face � l'aust�rit� budg�taire, face au manque de moyens, certains pensent que ces op�rations peuvent sauver les meubles au d�triment de ceux des autres. Certaines universit�s vont s'en tirer et d'autres verront leurs moyens stagner. Ces universit�s de recherche se verraient largement dot�es dans tous les appels en "EX", laissant de c�t� les universit�s de seconde zone qui seraient en charge, elles, de l'enseignement pour tous. Il est d'ailleurs notable que la structure envisag�e dans le pr�sent projet de d�lib�ration ne comprenne pas l'accueil d'�tudiants des licences 1 et 2, qui doivent probablement �tre n�gligeables dans le march� de ces universit�s de recherche.

Nous savons que les moyens donn�s aux �tudiants des universit�s sont moins de la moiti� de ceux donn�s � ceux des classes pr�pas, grandes �coles et autres formations s�lectives. Avec ces universit�s de recherche, en fait, nous ferons entrer des diff�rences �normes de moyens � l'int�rieur du syst�me universitaire. C'est d�shabiller Paul pour rhabiller Pierre � nombre de v�tements constants. Ce n?est pas de cela dont nous avons besoin. L?enseignement sup�rieur et la recherche a besoin de coop�rations et de moyens financiers, humains, et non pas de concurrence et d'aust�rit�. La recherche d'un pays vaut bien plus que le renoncement � l'aust�rit� et � l'individualisme de la concurrence. Parce que nous n?acceptons pas la logique de ce projet de d�lib�ration, nous ne le soutiendrons donc �videmment pas.

Je vous remercie.

M. Bernard JOMIER, adjoint, pr�sident. - Merci � Jean-No�l AQUA.

Pour r�pondre, la parole est � Bruno JULLIARD.

M. Bruno JULLIARD, premier adjoint. - Oui. Merci beaucoup.

Ce dossier est �videmment suivi par Marie-Christine LEMARDELEY, mais, �tant membre du conseil d'administration, elle ne peut rapporter ce projet de d�lib�ration. Je pr�ciserai rapidement, puisque nous avons compris la position de Jean-No�l AQUA sur le refus du regroupement d'�tablissements d'enseignement sup�rieur et de recherche. C'est tout � fait respectable. Nous ne partageons pas ce point de vue. L'E.S.P.C.I. est aujourd'hui engag�e dans ce projet de construction de l?universit� int�gr�e Paris Sciences et Lettres, et tout cela dans la perspective de la validation du projet par le jury IDEX qui, justement, permettra l'attribution de moyens suppl�mentaires, ce qui est un des enjeux de ce projet de d�lib�ration et de ce regroupement.

Ainsi, des �tablissements d'enseignement sup�rieur et de recherche cr�eront une universit� originale - Paris Sciences et Lettres - regroupant dans une universit� de recherche des �tablissements compl�mentaires et d�j� fortement reconnus sur la sc�ne nationale et internationale. L'int�gration de l'E.S.P.C.I. dans cet ensemble universitaire n�cessite quelques modifications des statuts de l'�cole, l?E.S.P.C.I. C'est l'objet de ce projet de d�lib�ration.

J?ajoute, en r�ponse � vos interrogations, que la cr�ation de cette universit� int�gr�e Paris Sciences et Lettres doit justement permettre, non dans une logique de concurrence accrue, mais, au contraire, de favoriser les partenariats, la mobilit� des chercheurs comme des �tudiants, des coop�rations plus importantes entre les �tablissements d'enseignement sup�rieur et de recherche int�gr�s dans cette universit�, mais aussi par des moyens suppl�mentaires, plus de coop�rations avec d'autres entit�s rassembl�es par ailleurs. L'objectif vis�, c?est �videmment l'excellence. Il ne s'agit pas uniquement de monter dans le classement de Shanghai. Cela a finalement assez peu d'importance quand on conna�t les modalit�s d?�laboration de ce classement. En revanche, am�liorer notre outil de recherche au service de l?excellence et de la diversit�, ce sont nos objectifs. Nous sommes convaincus que, par ce type de regroupement qui ne nie en rien l'identit� de chacun des �tablissements de recherche, nous pouvons tout � fait conjuguer ce besoin d'excellence et ce besoin de diversit�.

M. Bernard JOMIER, adjoint, pr�sident. - Merci.

Je mets donc aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAE 228.

Qui est pour�?

Qui est contre�?

Qui s?abstient�?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2017, DAE 228).

Juillet 2017
Débat
Conseil municipal
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