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- Question d'actualité posée par le groupe Socialiste et Apparentés à Mme la Maire de Paris et à M. le Préfet de police relative à la piétonisation des berges de Seine rive droite.


Mme LA MAIRE DE PARIS. - Nous passons � la troisi�me question d'actualit�, qui est pos�e par M. Christophe GIRARD, pour le groupe Socialiste et Apparent�s. Monsieur le Maire, vous avez la parole.

M. Christophe GIRARD, maire du 4e arrondissement. - Il n'y a pas de fronti�re entre le 10e et le 4e.

Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet de police, sous votre impulsion, nous avons d�cid�, en septembre 2016, de r�server les quais de la rive droite de la Seine aux pi�tons et aux circulations douces.

La voie Georges Pompidou a donc �t� rendue aux promeneurs sur 3,3 kilom�tres du quai bas le long de la Seine, de l'entr�e du tunnel des Tuileries dans le 1er arrondissement � la sortie du tunnel Henri IV dans le 4e arrondissement.

Les Parisiennes et les Parisiens et les visiteurs nombreux se sont tr�s vite appropri� cet espace d'une superficie totale de 8 hectares.

Le site class� au patrimoine mondial de l'UNESCO constitue un nouvel espace de promenade, de bien-�tre et de respiration en bord de fleuve, comme toute grande ville du XXIe si�cle, soucieuse de ses habitants, le fait aujourd'hui, et l�, c'est au c?ur de Paris.

Tout au long de l'hiver, les agents municipaux ont v�g�talis� le site et d�velopp� ces nouveaux am�nagements, constat fait le 2 avril dernier, lors de l'ouverture officielle du parc Rives de Seine. Cette fermeture � la circulation de la rive droite de la Seine r�pond aux objectifs de l'accord de Paris sur le climat, mais �galement aux engagements de cr�er 30 hectares de nouveaux espaces verts durant cette mandature et de favoriser le d�veloppement des circulations dites douces.

Dans ce contexte, je vous rappelle que, depuis le 15 janvier dernier, Paris est devenue la premi�re zone � circulation restreinte en France et qu'� partir de cet �t�, dans la moiti� de la capitale, la vitesse autoris�e sera limit�e � 30 kilom�tres/heure, je le r�p�te, 30 kilom�tres/heure.

Il est, je pense, n�cessaire de rappeler que, pour accompagner la mise en ?uvre de ce projet, une importante concertation a �t� mise en place et que la Maire de Paris, Anne HIDALGO, ainsi que le Pr�fet de police, Michel DELPUECH, �taient convenus de la cr�ation d'un Comit� de suivi et d'une phase d'observation de six mois, afin de v�rifier l'impact de cette pi�tonisation.

La fermeture, selon certains, allait provoquer plus de bouchons et d'embouteillages dans la capitale ainsi que sur certains axes de la petite couronne. Derni�rement, le 14 mars, la Pr�sidente du Conseil r�gional d'Ile-de-France menait la contestation en demandant au Pr�fet de police un report de trois mois de l'exp�rimentation. Pschitt�! Nous savions tous que cette d�cision courageuse n'irait pas sans opposition.

Nous sommes �galement convaincus qu'elle est � la fois indispensable pour la sant� publique et qu'elle va dans le sens de l'histoire, celle d'une ville que les habitants se r�approprient pour mieux vivre.

Madame la Maire, Monsieur le Pr�fet de police, suite � l'exp�rimentation, la Pr�fecture de police a publi�, mercredi dernier, son rapport relatif � l'ouverture aux pi�tons et aux circulations douces de la rive droite de la Seine. Pouvez-vous nous communiquer ses conclusions ainsi que les �ventuelles pr�conisations ou recommandations�? Je vous remercie.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur le Maire du 4e arrondissement. Monsieur le Pr�fet, je vous donne la parole.

M. LE PR�FET DE POLICE. - Madame la Maire, Monsieur le Conseiller, Mesdames et Messieurs les Conseillers, effectivement, la mise en place, � votre initiative, de cette aire pi�tonne d�nomm�e "berges de Seine-centre rive droite" s'est accompagn�e, � la demande de mon pr�d�cesseur Michel CADOT, de la cr�ation d'un Comit� technique de suivi, parmi les prescriptions que le Pr�fet de police avait �mises.

Cette instance s'est r�unie � cinq reprises depuis son installation, le 3 octobre dernier. Elle s'�tait donn� un horizon de travail de six mois, qui faisait appara�tre la fin de l'exercice en pleine p�riode �lectorale. D�s ma prise de fonction, j'avais dit que c'est � l'issue de la p�riode �lectorale que les communications et la conclusion du travail s'effectueraient pour �viter de polluer le d�bat �lectoral par ce sujet.

Le 28 juin dernier, je vous ai remis, Madame la Maire, et j'ai remis, concomitamment � l'ensemble des membres du Comit� technique, c'est-�-dire la Pr�sidente du Conseil r�gional, le Pr�sident de la M�tropole du Grand-Paris, le S.T.I.F., la R.A.T.P., la C.C.I., et d'autres acteurs, les conclusions des travaux au terme de la p�riode d'observation, l�g�rement prolong�e pour la raison que je viens d'indiquer.

Le rapport que j'ai communiqu� est accessible au grand public sur le site Internet de la Pr�fecture de police, en m�me temps que sont accessibles l'ensemble des donn�es fournies par les partenaires, tout au long des travaux du Comit� de suivi. Par exemple, ce sont les donn�es de la Direction r�gionale des routes d'Ile-de-France, les donn�es d'Airparif pour citer ces exemples parmi d'autres.

S'agissant des conclusions du rapport, j'en rappelle ici les grandes lignes. D'abord, j'ai constat� qu'au moment de la cr�ation de l'aire pi�tonne, l'attention s'est surtout port�e sur deux sujets�: la circulation et la pollution.

En ce qui concerne les conditions de circulation, le Comit� a constat� qu'elles se sont d�grad�es sur les axes de report, mais a constat� aussi que l'�volution observ�e ne s'�cartait pas des pr�visions de l'�tude d'impact.

Par ailleurs, il n'a pas �t� constat� de d�gradations des conditions d'intervention des services de secours et de police, point sur lequel je suis �videmment extr�mement vigilant.

J'ai donn� par �crit, depuis ma prise de fonction, des instructions expresses � mes services, afin que des tests de circulation soient r�alis�s mensuellement.

En ce qui concerne la pollution, les constats dress�s font appara�tre une situation contrast�e, et les cartes le montrent�: des am�liorations incontestables quais hauts rive droite, mais des augmentations sur d'autres secteurs. Si vous vous reportez � la carte, vous les voyez au d�bouch� du pont Sully, sur le secteur de la Concorde et au d�but du boulevard Saint-Germain.

Au-del� de ces deux aspects, le travail conduit par le Comit� et ses partenaires a mis en �vidence deux sujets qui n�cessitent, et je l'ai �crit, une plus particuli�re vigilance. D'une part, les transports en commun, c'est-�-dire les bus, avec les constats effectu�s par la R.A.T.P. de difficult�s de fluidit� pour les lignes concern�es, c'est-�-dire les lignes situ�es sur les quais hauts et leurs axes connexes. Il y a un deuxi�me point de vigilance que j'ai soulign�, c'est le bruit avec le constat d'une augmentation des nuisances sonores, notamment nocturnes pour les riverains quais hauts rive droite, l'am�lioration �tant constat�e sur la rive oppos�e.

Partant de ces constats, les orientations que je me suis permis de recommander sont les suivantes.

En premier lieu, il doit nous appara�tre � tous, en tout cas il m'appara�t et il appara�t aux repr�sentants de l'Etat, que la politique g�n�rale des d�placements � Paris, avec la diminution tendancielle de la circulation automobile, la politique de reconqu�te de la qualit� de l'air, et on en a parl� il y a quelques instants, avec les vignettes "Crit'Air", la Z.C.R., l'�volution des caract�ristiques du parc roulant �galement, apporteront dans la dur�e r�ponse aux deux premi�res pr�occupations de circulation et de pollution.

En revanche, j'ai recommand� des initiatives aussi rapides que possible pour r�pondre, je crois que nous pouvons tous le souhaiter, dans les d�lais les meilleurs � la question du bruit. Cela passe sans doute par l'investissement dans des rev�tements dits silencieux, et cela existe. Pour am�liorer la fluidit� des transports en commun sur les itin�raires directement concern�s, c'est-�-dire les itin�raires de bus, c'est la question de gestion de carrefours, voire de contr�le automatique aussi que nous pourrions tester sur les voies r�serv�es au bus.

Il appartiendra � tous les acteurs d'agir en ce sens. Je tiens � vous confirmer, si besoin en �tait, que la Pr�fecture de police apportera �videmment tout son concours dans le cadre des comp�tences qui sont les siennes.

Enfin, pour accompagner la cr�ation de cette aire pi�tonne et dans l'esprit qui a anim� ce Comit� depuis sa cr�ation, depuis sa mise en place, j'ai sugg�r� que le travail partenarial se poursuive pendant une dur�e qui � mes yeux ne devrait pas exc�der deux ans, afin de continuer l'observation et l'analyse, donc sur une p�riode plus longue, d'�valuer les actions entreprises par les diff�rents partenaires, ainsi que leurs r�sultats, et de recommander le cas �ch�ant d'autres pr�conisations.

J'ai propos� en ce sens, parce que cela me para�t normal, que cette instance "ad hoc" soit co-pr�sid�e par Mme la Maire de Paris et par le Pr�fet de police et qu'elle se compose, � ce stade en tout cas � mes yeux, des m�mes membres que ceux qui ont �t� associ�s � ce travail du Comit� technique de suivi. Voil� le contenu du rapport que j'ai remis, voil� le contenu des recommandations que j'ai exprim�es.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur le Pr�fet de police, je vais redonner la parole � M. NAJDOVSKI et j'ajouterai bien s�r un ou deux commentaires.

Christophe�?

M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint. - Merci, Madame la Maire.

Que le chemin fut long pour parvenir � redonner aux pi�tons et aux cyclistes l'usage des berges en rive droite de la Seine, un chemin sem� de pol�miques inutiles mais aussi pav� de d�bats n�cessaires.

Ces 3 kilom�tres de bitume, sur les 1.700 kilom�tres que compte Paris, c'est-�-dire tr�s exactement 0,17�% de la voirie parisienne, ont �t� la portion de voie sans doute la plus scrut�e du monde, b�n�ficiant de l'observation de pas moins de trois comit�s r�unissant des dizaines d?experts.

Je ne vais pas d�tailler les conclusions du dernier Comit� de suivi pr�sid� par M. le Pr�fet de police, qui les a rappel�es il y a quelques instants, ces 8 mois d'observation ont confirm� que les �tudes pr�alables men�es par les services de la Ville ont �t� r�alis�es dans les r�gles de l'art, � l'aide d'outils performants et selon une m�thodologie �prouv�e.

Le chaos annonc� par certains, voulu peut-�tre, n'a pas eu lieu. Pour mesurer le chemin parcouru, souvenons-nous une derni�re fois de ce tract d'un ancien d�put�-maire d'une commune hupp�e du Val-de-Marne, repris sur une pleine page dans le journal municipal, et qui promettait p�le-m�le�: un bouchon quotidien de 340 kilom�tres en p�riph�rie de Paris, une augmentation de la dur�e de trajet automobile de 30 minutes, une saturation d�finitive de la ligne RER A, une pollution de la Marne et de la Seine aux hydrocarbures, rien que �a�!

A l'inverse de ces arguments caricaturaux des d�fenseurs du tout-voiture, nous nous sommes attach�s � �couter et � entendre les propositions constructives, y compris celles qui ont �t� formul�es dans le cadre du Comit� pr�sid� par M. le Pr�fet de police, y compris et apr�s des mois d'opposition, les propositions de la pr�sidente de la R�gion Ile-de-France, qui a tourn� casaque et fait des propositions pour accompagner la pi�tonisation, puisqu'elle nous a apport� son soutien au projet de liaison haut niveau de service sur les quais, ce qui est une bonne nouvelle pour un projet que nous portons depuis trois ans d�j�.

Elle a �galement fait la proposition d'ouvrir des places de parking relais � la p�riph�rie parisienne pour permettre aux conducteurs de laisser leur voiture et prendre le m�tro, nous lui avions propos� cette solution il y a 6 mois d�j�.

Pour autant, tout n'est pas positif dans les propositions de la pr�sidente de la r�gion Ile-de-France, qui a �mis l'id�e tout de m�me de laisser une voie de circulation aux v�hicules sur les quais bas, dr�le de conception de l'espace pi�tonnier, ou peut-�tre dr�le de recyclage du projet co�teux � 60 millions d'euros bricol� par le groupe parisien des R�publicains, qui voulait cr�er tant�t sur les quais hauts tant�t sur les quais bas, des rampes automobiles en totale m�connaissance des r�gles de la loi sur l'eau, pour y faire circuler les voitures.

Nous continuons � travailler avec M. le Pr�fet de police, notamment pour suivre les recommandations sur un plan d'action complet permettant de traiter toutes les cons�quences de la pi�tonisation des berges. Je pense notamment � la question du bruit routier avec la pose d'enrob�s phoniques, mais aussi la baisse de la vitesse pour diminuer les �missions sonores nocturnes, ou encore la mise en place de mesures pour garantir la fluidit� des transports en commun, mesures � travailler avec le S.T.I.F. et la R.A.T.P.

Je voudrais pour terminer vous dire combien je suis heureux d'avoir particip� � ce projet, de l'avoir port� et d�fendu aux c�t�s de la Maire de Paris et de nombreux �lus parisiens, mais aussi franciliens. Je constate � chaque visite la popularit� du parc des rives de Seine, qui nous rappelle que nous manquons d'espaces comme celui-ci dans Paris, et combien les Parisiens, les visiteurs, les touristes ont besoin d'espaces de respiration. La pi�tonisation des berges de Seine participe amplement aux objectifs de r�duction de la pollution de l'air et de diminution globale du trafic automobile, et j'esp�re que nous saurons d�passer les pol�miques excessives pour nous retrouver cet �t�, mais aussi tout au long de l'ann�e, � pied, � v�lo, en rollers, en trottinette, en poussette ou tout autre mode non polluant sur les berges lib�r�es de la circulation automobile.

Mme LA MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Christophe NAJDOVSKI.

Juste un mot en compl�ment parce que M. le Pr�fet a une r�union aussi tr�s importante. Sur la proposition d'avoir un dispositif d'�valuation dans le temps, bien s�r je suis enti�rement d'accord pour le copilotage Pr�fecture - Ville sur notamment le suivi de toutes ces mesures, en l'�largissant � tout Paris, parce que c'est vrai que ces 3 kilom�tres de voirie qui nous ont beaucoup occup�s, cela a �t� dit par Christophe GIRARD �galement, ne sauraient tenir la totalit� du sujet � la fois de circulation, de trafic, de pollution, qu'elle soit sonore ou bien s�r atmosph�rique.

Je pense que c'est une bonne fa�on de conduire des politiques publiques, que de pouvoir les �valuer, d'�tre en capacit� d'ajuster, nous sommes des collectivit�s agiles au sens o� nous pouvons bien s�r nous adapter � des �volutions qui sont celles que l'on provoque et parfois qui ne sont pas anticipables.

Donc, Monsieur le Pr�fet, bien s�r, � l'�chelle de Paris, je pense que nous aurons � c?ur de pouvoir �valuer et montrer les �volutions de cette politique en mati�re de circulation automobile.

Merci, Monsieur le Pr�fet, pour votre apport � travers ce rapport qui est arriv� comme il se devait sur les bancs de chacun de nos conseillers.

Juillet 2017
Débat
Conseil municipal
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