2008, V - Question d’actualité posée par le groupe socialiste, radical de gauche et apparentés à M. le Maire de Paris relative au désengagement de l’Etat dans les quartiers politique de la ville.
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M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � Mao PENINOU, pour la question d?actualit� du groupe socialiste, radical de gauche et apparent�s.
M. Mao PENINOU. - Monsieur le Maire, chers coll�gues.
Ici m�me, le mois dernier, Fr�d�rique PIGEON soumettait un v?u � notre Conseil alertant le Pr�fet de Paris sur les inqui�tudes des associations intervenant dans le domaine de la politique de la ville quant � leur financement pour l?ann�e 2008.
Deux semaines apr�s la pr�sentation du plan Espoir banlieue par M. le Premier ministre, c?est � nouveau sur ce sujet que je souhaite vous saisir aujourd?hui. Nos inqui�tudes, ainsi que celles des responsables associatives vont en effet grandissantes.
A Paris, sur l?ensemble des 14 quartiers politiques de la ville le recul de l?engagement de l?Etat menace de fa�on de plus en plus alarmante. Pour vous en donnez quelques exemples concrets dans le 18e arrondissement, l?association la Salle Saint-Bruno, qui organise une part importante du soutien scolaire craint de voir ses subventions diminuer de 55 % entre 2007 et 2008. Dans le 19e, c?est la r�gie du quartier nord qui risque de voir l?ensemble du volet insertion de son action menac�, et en particulier son soutien � l?apprentissage du fran�ais.
Dans le 20e, la subvention du centre social relais de M�nilmontant pourrait chuter de 55 % en un an. Plus g�n�ralement, ce sont l?ensemble des actions en faveur de l?apprentissage du fran�ais pour les familles, de l?acc�s au droit et de l?int�gration qui sont aujourd?hui menac�es dans leur existence m�me. Ces inqui�tudes se situent aussi dans un cadre plus global. La pr�sentation du plan espoir banlieue n?a amen� aucun �l�ment nouveau par rapport au discours du Pr�sident de la R�publique en f�vrier dernier.
Les principales mesures annonc�es ne sont toujours financ�es, et les seules qui le soient le sont par le red�ploiement de cr�dits. Pas un centime d?euro suppl�mentaire n?a �t� investi.
On peut m�me se poser la question de savoir si la politique de la ville existe encore dans notre pays.
Le retour � des politiques de droit commun, l?amputation des cr�dits de l?Agence de coh�sion sociale et de l?�galit� des chances de tout son volet int�gration maintenant g�r� par M. le Ministre de l?Immigration, ou les tentations de d�sinvestissement de la C.A.F. du soutien scolaire nous inqui�tent d?autant plus.
La politique de la ville est certes un dispositif complexe auquel participent de nombreux acteurs, mais c?est avant tout un instrument de lutte contre ce qui est sans doute le pire fl�au fran�ais : la s�gr�gation urbaine, cette lente d�t�rioration de notre tissu social qui fait que l?on ne na�t plus �gaux en droits selon l� o� on est n�, ce cancer qui ronge notre pays, son vivre ensemble, son contrat social qui brise l?espoir des familles en un avenir meilleur pour leurs enfants.
Il n?y a pas d?avenir dans notre pays pour une soci�t� qui acterait cette fracture entre une France dans laquelle on vivrait somme toute bien et des quartiers dans lesquels les citoyens seraient d�laiss�s par la puissance publique. C?est pourquoi je tenais � nouveau � vous alerter. La politique de la ville est en danger, nos quartiers sont en danger, et ce sont plusieurs dizaines de milliers de Parisiens qui sont aujourd?hui concern�s.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Madame STIEVENARD, vous avez la parole.
Mme Gis�le STIEVENARD, adjointe. - Chers coll�gues, je remercie le groupe socialiste radical de gauche et apparent�s de l?int�r�t manifest� � l?�gard de la politique de la ville qui en effet, vit des heures difficiles.
En juin dernier, en r�ponse � Fr�d�rique PIGEON, j?ai �voqu� les gels de cr�dits op�r�s sur les subventions aux associations, je n?y reviens pas dans le d�tail car Mao PENINOU, � l?instant, a parfaitement expos� nos pr�occupations. Sachez chers coll�gues qu?� cet �gard, selon votre v?u, j?ai �crit � M. le Pr�fet de R�gion sur l?exigence du maintien des soutiens de l?Etat aux associations, dans la dur�e.
Entre temps, s?est tenu le Comit� interminist�riel des villes qui avait �t� report� � trois reprises. Le Gouvernement s?est enfin r�uni le 20 juin � Meaux mais l?engagement national en faveur des quartiers populaires promis par le pr�sident de la R�publique n?�tait pas au rendez-vous.
Il se limite � des annonces d�j� connues, des mesures d?affichage comme le ?busing?, consistant � faire croire que la mixit� sociale peut �tre obtenue en louant des cars pour d�placer quelques enfants des �coles en difficult� vers les centres-villes, et surtout un plan qui affirme sans complexe une politique uniquement financ�e par des red�ploiements.
A l?�vidence, le Gouvernement refuse d?entendre les appels au secours des associations et des �lus sur l?aggravation des logiques de s�gr�gation et de ghetto�sation des quartiers populaires. Or, les fractures continuent � se creuser, faute d?une politique dynamique d?application de la loi Solidarit� Renouvellement Urbain et d?une v�ritable p�r�quation financi�re � la hauteur des besoins.
S?y ajoute l?annonce d?une r�duction drastique du nombre de quartiers prioritaires qui passeraient de 2.000, actuellement, � seulement 215. C?est r�voltant. Loin de nous l?id�e de figer la g�ographie des quartiers ?politique de la ville?. Mais la politique de la ville n?est pas non plus r�ductible uniquement aux op�rations de renouvellement urbain financ�es par l? A.N.R.U., qui portent sur un nombre tr�s limit� de territoires.
L?Etat ne peut renvoyer les projets de d�veloppement en cours dans des centaines de quartiers d�favoris�s, simplement au droit commun ou � la seule volont� des collectivit�s locales. Le Gouvernement a lanc� contre les collectivit�s locales une campagne de d�nigrement, les accusant d?�tre trop d�pensi�res alors que l?Etat ne cesse de se d�charger sur elles de missions essentielles et co�teuses.
Tout cela se fait de fa�on unilat�rale, sans dialogue. L?Etat nous traite comme des ex�cutants, pas comme des partenaires. Cette attitude de m�pris est inacceptable. D?ailleurs, la fronde des maires est en train d?enfler un peu partout, quelles que soient les sensibilit�s. C?est pourquoi j?invite tous nos coll�gues � d�fendre les int�r�ts des quartiers populaires parisiens, en relayant les inqui�tudes l�gitimes port�es par les associations et en exigeant une dynamique forte, durable, de la solidarit� nationale, conform�ment au Contrat urbain de coh�sion sociale que nous avons sign� le 30 mars 2007.
C?est l?avenir de plus de 300.000 Parisiens qui est en jeu dans ces quartiers. Je remercie Mao PENINOU d?avoir donn� un coup de projecteur sur cette situation qui nous inqui�te profond�ment.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci bien.
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