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2010, SG 155 - Aménagement des Berges de Seine. Approbation des objectifs poursuivis pour l'aménagement des Berges de Seine (1er, 4e, 7e et 16e) et des modalités de la concertation préalable. Vœu déposé par le groupe socialiste, radical de gauche et apparentés relatif à des propositions sur les aménagements des voies sur berges. Vœu déposé Mme BLUMENTHAL et M. NAJDOVSKI relatif à la continuité piétonne sur la berge rive droite. Vœu déposé par le groupe socialiste, radical de gauche et apparentés relatif à un aménagement entre les berges d'Ivry, d'Austerlitz et du 5e arrondissement. Vœu déposé par le groupe socialiste, radical de gauche et apparentés relatif au service de navette fluviale Voguéo. Vœu déposé par le groupe Communiste et élus du Parti de Gauche relatif à l'installation de halles alimentaires des producteurs aux consommateurs. Vœu déposé par le groupe Communiste et élus du Parti de Gauche relatif à l'introduction de clauses d'insertion dans les marchés relatifs à l'aménagement des berges de seine. Vœu déposé par le groupe Communiste et élus du Parti de Gauche relatif au renforcement de l'offre de transports collectifs. Vœu déposé par le groupe "Les Verts" relatif à un aménagement ambitieux des berges sur les deux rives de la Seine. Vœu déposé par le groupe "Les Verts" relatif à l'aménagement des quais hauts de la Seine en boulevards urbains. Vœu déposé par le groupe "Les Verts" relatif à l'augmentation de l'offre de transports en commun sur les quais hauts de la Seine et leurs environs. Vœu déposé par le groupe "Les Verts" relatif à l'extension de Voguéo à l'ensemble du bief parisien. Vœu déposé par le groupe "Les Verts" relatif aux futures animations des voies sur berges. Vœu déposé par le groupe "Les Verts" relatif à l'instauration d'une continuité piétonne et cyclable sur l'ensemble des berges de la rive gauche. Vœu déposé par le groupe "Les Verts" relatif à la création de passerelles piétonnes et cyclables entre les deux rives de la Seine. Vœu déposé par le groupe UMPPA relatif à l'aménagement prioritaire des berges des 12e, 13e, 15e et 16e arrondissements. Vœu déposé par le groupe UMPPA relatif à la mise en place de capteurs mesurant l'évolution du trafic automobile et ses nuisances. Vœu déposé par le groupe UMPPA relatif à la consultation des arrondissements riverains et des communes limitrophes. Vœu déposé par le groupe UMPPA relatif à la discussion du projet d'aménagement des voies sur berges devant "Paris Métropole". Vœu déposé par le groupe UMPPA relatif au retrait de la délibération et au lancement d'un appel international à projets. Vœu déposé par le groupe UMPPA relatif aux usines à béton dans le 13e. Vœu déposé par le groupe NI relatif à l'aménagement des quais piétons préexistants le long de la Seine. Vœu déposé par le groupe NI relatif à l'aménagement de parkings aux portes de Paris le long de la Seine. Vœu déposé par le groupe NI relatif à la progressivité de la fermeture des voies sur berge rive gauche. Vœu n° 42 bis déposé par l’Exécutif.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, bien que nous ne soyons pas tr�s nombreux, je crois pr�f�rable de commencer parce que c'est un d�bat important sur lequel beaucoup vont vouloir s?exprimer. Si on tra�ne pour commencer, cela ne va pas cr�er les meilleures conditions de travail.

Les voies sur berges.

Mes chers coll�gues, nous en avions pris l'engagement devant les Parisiens : nous tiendrons parole. En 2014, Paris aura chang�. Et ce matin nous d�battons de l'un des actes majeurs de ce changement.

Disons-le simplement : les bords de la Seine, � Paris, sont un site unique au monde. Ils sont d'ailleurs class�s par l?UNESCO au patrimoine mondial de l?humanit�.

Or, aujourd'hui, sur 26 kilom�tres de berges, 7 sont exclusivement d�di�s � la circulation automobile. Nous devons corriger cette anomalie car il n'est pas acceptable qu'un lieu aussi magique, charg� de tant de m�moire et qui s'�tend sur pr�s de 15 hectares demeure une autoroute.

Notre capitale doit se r�approprier son fleuve au bord duquel elle est n�e, autour duquel elle s'est construite.

Nous avons con�u ce projet avec pragmatisme en veillant � ne rien figer d'embl�e et en tenant compte de toutes les r�alit�s, notamment celle de la circulation.

Quels en sont les objectifs ? Pr�cisons avant tout que nous distinguons bien entre les deux rives de la Seine. Chacune a ses particularit�s dont nous devons tenir compte.

Rive droite, il s'agira de transformer une voie autorouti�re en boulevard parisien que l'on pourra traverser, sur lequel on pourra se promener. Les files de circulation seront limit�es � 6 m�tres de largeur, ce qui laissera la possibilit� de marcher au bord du fleuve et de retrouver ainsi le sens de la fl�nerie qui participe de l'esprit de Paris.

Nous am�nagerons en outre deux passages : le premier au pied du palais de Tokyo, le second entre les Tuileries et le Mus�e d?Orsay.

L'id�e, rive droite, est donc bien de permettre le maintien d'une circulation automobile tout en pr�voyant la pr�sence du v�lo, et m�me la possibilit� de faire accoster quelques bateaux pr�s du Pont Marie.

Nous envisageons aussi, comme au port des C�lestins, de cr�er des espaces pi�tonniers o� pourront s'imaginer des activit�s tr�s diverses d�di�es � la culture, au commerce, � la convivialit�.

Quant � la rive gauche, ce que nous proposons est clair : la fermeture des quais bas au trafic automobile sur 2,3 kilom�tres, entre Solferino et l'Alma � partir de l'�t� 2012 et un itin�raire cyclable continu d?Ivry, dans le Val-de-Marne � Issy, dans les Hauts-de-Seine.

Sur ce vaste espace, nous pouvons donc laisser libre cours � l'inspiration et � la cr�ation. Aucune id�e ne doit �tre �cart�e a priori. Il y aura l� des caf�s, des boutiques, des activit�s nocturnes, des terrains de jeux, des animations pour les enfants, des cin�mas en plein air, bref, la vie va revenir au bord de la Seine.

� titre d'exemple, et sans entrer � ce stade dans le d�tail, je tiens � mentionner le port de Solferino, site exceptionnel aujourd'hui occup� par un parking, et qui pourra devenir un lieu de promenade et de culture.

Ce projet se situe donc au confluent de la pr�servation d'un patrimoine s�culaire et de la conception d'une ville en phase avec son temps. Ce projet a vocation � modifier profond�ment notre ville.

Je souhaite r�pondre d�s � pr�sent � une question majeure dont la r�solution �tait pour nous un pr�alable : dans quelle mesure la circulation en sera-t-elle affect�e ?

De nombreuses �tudes ont �t� conduites, notamment par la Direction de la Voirie et des D�placements, et elles aboutissent � des r�sultats tr�s convaincants. Au total, compte tenu des reports sur les quais hauts et de la circulation maintenue sur la rive droite, les automobilistes mettraient, pour traverser Paris � l'heure de pointe, six minutes de plus rive droite, et sept minutes de plus rive gauche.

Il reste bien entendu quelques points de vigilance qui appellent un travail tr�s fin, notamment la question de la circulation au carrefour du pont de la Concorde, rive gauche. Sur ce sujet, nous devons, avec la Pr�fecture de police, d�finir les am�nagements les plus adapt�s.

Mais pourquoi ne pas le dire ? Le projet d'am�nagement des voies sur berges s'inscrit dans le prolongement direct de notre politique de diversification des modes de transport, et je constate � la lecture des r�centes propositions de l'U.M.P.P.A. qu'il y a bien l� entre la Gauche et la Droite parisienne une diff�rence de fond, ancienne, durable, parfaitement respectable et que nous, nous assumons.

L'U.M.P.P.A. est hostile � tout ce qui pourrait contribuer � r�duire le nombre d'automobiles en circulation dans notre ville. Nous pensons, nous, que cette r�duction est une tendance historique profonde, y compris � Bordeaux et � Marseille, avec d'ailleurs pas mal d'embouteillages - et que cette r�duction correspond � un objectif affich� dans toutes les grandes m�tropoles de l'apr�s-Kyoto.

Je rappelle que la circulation dans notre Ville a baiss� de 20 % entre 2002 et 2007, ce qui a permis une diminution de 35 % de la pollution de proximit�.

Je sais que vous n'�tes pas d'accord, et bien nous continuerons. Notre ambition de reconqu�rir les berges n'est pas dissociable de l'ensemble des initiatives prises depuis neuf ans pour changer la fa�on de se d�placer dans la Ville.

Je pense par exemple au tramway et � Autolib? - deux projets auxquels l'U.M.P. Paris s'est oppos� -, au renforcement de V�lib? avec un contrat plus exigeant, � la mise en ?uvre du sch�ma V�lo vot� ici m�me le mois dernier, � l'automatisation de la ligne 1 du m�tro, � la r�novation du R.E.R., au doublement des fr�quences de desserte sur le R.E.R. entre Ivry et Vitry ou encore au dispositif Vogu�o.

Oui, c'est bien une nouvelle fa�on de vivre en ville et de rendre l'espace public � tous, qu'il s'agit de d�finir et de dessiner, dans la ville tr�s dense du XXIe si�cle.

Le projet, pour les voies sur berges, s'inscrit dans la logique de cette histoire. Comment le conduirons-nous ? J'insiste sur la m�thode qui repose sur la concertation.

D'abord, bien s�r, nous travaillerons en priorit� en relation �troite avec le Pr�fet de police qui s'exprimera, conform�ment � son souhait, � l'issue de notre d�bat. Nous veillons � ce que le projet prenne en compte ses attentes l�gitimes en mati�re de s�curit� et de gestion de l'espace public.

De m�me, nous sommes en lien avec des partenaires institutionnels comme les B�timents de France dont j?ignore ce qu'ils penseraient des contreprojets pr�sent�s la semaine derni�re. Je parle bien des B�timents de France qui d�pendent de l'�tat, qui sont assez s�v�res en g�n�ral sur un certain nombre d'excroissances que j'ai cru apercevoir dans des images.

Nous sommes en relation avec le Port de Paris �galement, notamment pour d�velopper toute la dimension �conomique du projet.

Au-del�, j'insiste sur un point. Notre s�ance de ce matin ne cl�t pas le d�bat, au contraire, elle l'ouvre.

Notre souhait est que les citoyens y contribuent avec leurs attentes, leurs insatisfactions, leurs inqui�tudes et leurs espoirs. Une consultation est d'ores et d�j� lanc�e sur le site Internet de la Ville.

Les r�unions d'information et de dialogue commenceront?

Monsieur le d�fenseur acharn� des projets d'un Secr�taire d'�tat qui n'est plus Secr�taire d'�tat, si nous nous �coutions d'abord ? Vous ne m'avez pas convaincu, j'ai respect� votre position. Je ne suis pas s�r que l'histoire vous donnera raison, on verra bien.

En attendant, nous allons nous �couter, vous et moi. Je n'ai pas l'impression que les derniers jours doivent vous inciter � l'arrogance et � la condescendance � laquelle, parfois, vous nous habituez.

Nous ouvrons seulement le d�bat. Une consultation est d'ores et d�j� lanc�e sur le site Internet de la Ville, les r�unions d'information et de dialogue commenceront d�s cet �t�.

Les collectivit�s voisines y seront associ�es, j'ai d'ailleurs d�j� eu l'occasion d'en parler � plusieurs pr�sidents de Conseils g�n�raux, sans oublier les Hauts-de-Seine qui, eux-m�mes, ont des projets pour l?am�nagement des bords de Seine.

Bien s�r, M. HUCHON y sera associ� lui aussi. C'est encore plus facile. Si je le fais avec M. DEVEDJIAN, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas avec M. HUCHON.

Vous pouvez m'interrompre, je suis d�tendu et pas agressif contrairement �... J'ai cru entendre une tonalit� un peu moins calme.

C'est l'occasion pour moi de rappeler que la Seine n'appartient pas aux seuls Parisiens et que les voies sur berges sont emprunt�es chaque jour par les habitants de l'agglom�ration.

Notre projet a donc vocation � s'inscrire dans une d�marche plus globale de valorisation des bords du fleuve, et il r�pond � une ambition partag�e par nos coll�gues des d�partements limitrophes.

Nous souhaitons que "Paris M�tropole", qui est plus que jamais le cadre reconnu par les plus hautes autorit�s de l'�tat, le cadre pertinent, se saisisse de ce projet et en fasse l?une de ses initiatives de l'automne prochain.

Bien entendu, comme pour tout ce qui concerne notre Ville, c'est le Conseil de Paris qui aura le dernier mot.

Tous les �lus seront associ�s � la r�flexion. Les Maires d'arrondissement de la Majorit�, comme de l'Opposition, seront consult�s � chaque �tape.

L'U.M.P. parisienne a pr�sent� son propre plan. Nous devons en d�battre avec s�r�nit� et, l� o� nous le pourrons, nous convaincre les uns et les autres sans renier nos diff�rences.

Car la reconqu�te des voies sur berges est un enjeu qui rel�ve de l'image de Paris dans le monde, nous l'abordons avec d�termination, avec s�rieux et avec la volont� d'aboutir vite � une ville plus belle et plus vivante.

Je tiens � remercier tous ceux qui contribuent et d'abord ma premi�re adjointe, Anne HIDALGO, dont l'efficacit� et la subtilit� ont �t� pour nous tous des atouts d�cisifs.

M. LAMOUR, que vous avez peut-�tre entendu ou non, a dit ce n'�tait pas n�cessaire. Si cela me fait plaisir ? Si cela d�range les �lus du 15e arrondissement ? Souffrez, je vais m�me en rajouter, parce que je veux dire aussi ma gratitude � Annick LEPETIT, � Anne LE STRAT et bien s�r � Pierre MANSAT pour leur conviction et leur engagement.

Mes chers coll�gues, � quelques jours de "Paris Plage" que vous aviez combattu? J'ai l'impression que les Parisiens, y compris parmi vos �lecteurs, ne d�testent pas. J'ai m�me parfois recueilli les confidences de quelques personnalit�s qui ne sont pas de Gauche, qui m'ont dit tout le bien qu?elles pensaient de "Paris Plage".

Je nous invite donc � regarder la Seine autrement et � imaginer avec audace l'avenir de Paris autour de son fleuve.

Je vous remercie.

Dans la bonne humeur qui va sans doute irriguer toute la matin�e, je donne d'abord la parole � Ian BROSSAT.

M. Ian BROSSAT. - Merci, Monsieur le Maire.

Chers coll�gues, l'am�nagement des berges de Seine n'est �videmment pas une op�ration anodine d'un point de vue symbolique et politique.

Le fleuve est en effet le point de d�part de notre Ville, sa raison d'�tre et son origine.

Si le XXe si�cle avait privil�gi� des voies rapides sur ces rives, cela correspondait � un �tat d'esprit qui faisait de la voiture individuelle � la fois un marqueur social, un outil de communication et de d�placement.

Aujourd'hui le monde a chang�, la ville a chang�, le XXIe si�cle a r�volutionn� la communication et les d�placements. Nous n?allons plus au monde, c?est le monde qui vient � nous. La vision de la ville a chang� elle aussi, les Parisiens n'aspirent plus aux m�mes rythmes, � la m�me pratique urbaine qu?il y a 50 ans.

C?est pourquoi, Monsieur le Maire, en r�am�nageant les berges du fleuve, vous proposez une nouvelle fa�on de vivre la ville, et vous poursuivez l'action entreprise depuis 2001 en faveur de modes de circulation plus apais�s et plus doux. Au pied de ce que l?UNESCO a class� au patrimoine mondial de l'humanit�, nous n'aurons plus avec ce projet � souffrir de longues lignes ininterrompues de v�hicules polluants ni le murmure incessant des moteurs. Car cette rumeur des voitures, c'est celle du pass�, ce n'est plus la n�tre, ce n?est plus celle � laquelle aspirent les Parisiens. Les �lus du groupe Communiste et �lus du Parti de Gauche ne peuvent qu'approuver cette volont� de faire �voluer la ville, c'est d'ailleurs ce pourquoi militait mon ami Jean VUILLERMOZ sous la pr�c�dente mandature.

Une fois n?est pas coutume, nos coll�gues de l'U.M.P. nous ont fait le plaisir de proposer quelque chose, eux aussi, pour l'am�nagement des berges du fleuve. Comme chacun dans cette Assembl�e je pense, et notamment dans la majorit�, je me suis empress� avec gourmandise de d�couvrir leur projet. En fait de vision, j'ai �t� un peu d��u car visiblement l'U.M.P. conduit au r�troviseur. On h�site entre la stupeur et l'incr�dulit�, on retient m�me un sourire g�n� devant ce vide grenier b�tonn� de vieilles id�es. C'est un �trange m�lange entre le boulevard circulaire et un a�roport des ann�es 80 comme si d�finitivement la Droite parisienne �tait scotch�e au XXe si�cle. J'ai un peu de peine pour cette conception du patrimoine mondial de l'humanit� qui empile des caissons de b�ton, et installe une autoroute en sous-sol. Je suis un peu triste que tout ce que l'U.M.P. propose comme activit�s aux Parisiens ce soit encore des commerces de luxe et une balade sur le toit des embouteillages. Quelle ville �trange que ce cauchemar en b�ton arm� que nous propose la Droite ! Quelle ville triste et d�shumanis�e dont l'ambition �cologique consiste � cacher ces voitures que l?on ne saurait voir, en les enfermant fa�on tunnel du Mont blanc ! Sans dire que cela manque d'imagination on devine que cela va co�ter cher puisqu?en plus il faudrait organiser un concours international d'architectes pour cette monstruosit�. Je ne souhaite � aucun d'entre eux de jamais remporter un pareil concours, � moins que le bunker ne devienne le nouvel id�alisme.

La seule qualit� de ces propositions, c?est qu?elles nous confortent dans la l�gitimit� de notre projet. En effet, ce que vous proposez, Monsieur le Maire, est un espace ouvert et coh�rent, ajustable et vivant, qu'il est possible de rendre exemplaire d'une nouvelle fa�on de vivre la ville, son rythme, sa g�ographie et son esprit.

Nous voudrions qu'il soit le lieu d'une exp�rimentation � taille humaine de notre besoin de solidarit� et de partage ainsi que de la reconnaissance des diff�rentes fonctions de la ville, des diff�rents temps de la ville, le travail, la promenade, le loisir, les rencontres, le sport et la culture. C'est-�-dire tout l'inverse de cette ambition de l'argent et du dioxyde de carbone sous cloche port� par nos coll�gues de Droite.

Vous l'aurez compris, le groupe Communiste et �lus du Parti de Gauche est favorable au projet pr�sent� par notre Municipalit�, il r�pond � un besoin essentiel de notre temps. En effet, l'une des caract�ristiques de notre modernit� est d'acc�l�rer le temps des communications et des transactions, nous encha�nons des temps toujours plus courts, c'est aussi pour cette raison que nous accordons d'autant plus d'importance � ce qui �chappe � ce rythme effr�n� et que nous recherchons d'autres formes d'�changes et de rencontres. Comme n?importe quel �tre vivant, nous avons besoin de reprendre notre souffle, c'est le sens de la culture, du sport, des loisirs, c'est pr�cis�ment � cet enjeu qu'il s'agit de r�pondre avec ce projet, et c'est pr�cis�ment pour cela que nous l'approuvons pleinement.

Parce que ce nouvel espace doit profiter au plus grand nombre, parce qu'il doit �tre � nos yeux un espace de partage et de solidarit�, nous faisons quatre suggestions afin d'enrichir encore ce projet de r�am�nagement des voies sur berges.

D'abord, parce que cet espace retrouv� doit �tre celui de tous les Parisiens et de tous les habitants de la m�tropole, il nous para�t essentiel d'�largir au maximum le champ de la concertation. Tous les Parisiens, cela signifie qu'� nos yeux la concertation ne se limite pas aux arrondissements directement impact�s par la reconqu�te des voies sur berges. Nous sugg�rons ainsi, par un amendement, que dans tous les arrondissements de la Capitale une r�union publique et une exposition puissent �tre organis�es. Tous les habitants de la m�tropole, cela suppose de voir large, d'associer les communes voisines et au-del� les d�partements de notre R�gion. Je sais et vous l'avez dit, Monsieur le Maire, que mon ami Pierre MANSAT y est particuli�rement attach�. C'est la m�me volont� qui nous amine lorsque nous proposons que les �quipements publics qui seront install�s sur les berges puissent �tre mis � disposition du plus grand nombre et pas seulement des riverains qui habitent � proximit�.

Parce que nous voulons placer les valeurs de solidarit� au c?ur de ce projet, nous sugg�rons �galement que des clauses d'insertion soient syst�matiquement introduites dans les march�s relatifs � cet am�nagement, nous pourrions permettre � des hommes et femmes tr�s �loign�s de l'emploi de retrouver un travail et contribuer � l'am�nagement d'un des grands projets de notre mandature.

Enfin, c'est l'objet d'un autre amendement, nous sugg�rons de faire de cet espace un lieu de d�veloppement en grand de l'�conomie sociale et solidaire, nous avions propos� � maintes reprises la cr�ation de halles alimentaires permettant de mettre en relation directe des producteurs de fruits et l�gumes bio et des consommateurs de notre R�gion, il nous semble que les berges de Seine r�am�nag�es nous donnent l'occasion de donner corps � ce projet, c?est le sens d?un des v?ux que nous pr�sentons.

Monsieur le Maire, avec ce projet, il s'agit de faire en sorte que la Seine retrouve son sens premier, celui d?un d�placement doux, de l'�change, du partage et de la rencontre, le fleuve est le premier espace naturel de coop�ration, � nous de le rendre aux Parisiens.

Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est � Jean-Fran�ois LAMOUR.

M. Jean-Fran�ois LAMOUR. - Monsieur le Maire, vous avez d�cid� de poursuivre votre croisade destructrice et d�magogique contre la voiture � Paris et je suis convaincu que les Parisiens et les Franciliens ne vous suivront pas dans cette obsession. Paris ne deviendra pas une ville dont l?hyper centre sanctuaris� aspire, tel un trou noir, toutes les perspectives de son rayonnement.

Je constate d'ailleurs avec regret que toutes ces ann�es pass�es � l'H�tel de Ville ne vous auront pas permis de saisir les enjeux majeurs du Paris du XXIe si�cle. La Capitale se retrouve aujourd?hui face � un enjeu crucial pour son avenir : celui de trouver sa place au sein du Grand Paris. Nous devons �tre les cr�ateurs d?une vraie dynamique innovante, afin de r�concilier Paris et sa banlieue.

Votre projet, �triqu�, et financ� comme d'habitude par les seuls contribuables, n'a pour cons�quence que de refermer la Capitale sur elle-m�me. A l'heure o� les transports sont la premi�re pr�occupation des Parisiens, votre manque d'ambition d�montre une fois encore votre incapacit� � concevoir pour notre ville un avenir conciliant d�veloppement �conomique et am�lioration de la vie quotidienne des Parisiens.

En outre, ce projet n'a fait l'objet d'aucune �tude s�rieuse mesurant les cons�quences de la fermeture des voies sur berges que vous pr�conisez. Il est imp�ratif de mener des �tudes d'impact rigoureuses et une exp�rimentation sur six mois, afin de quantifier concr�tement le report de la circulation.

Mais surtout je veux d�noncer la confiscation du d�bat aux d�pens des Parisiens. Cet unique projet �labor� dans la confidentialit� de votre cabinet, a �t� con�u par un service technique de la Ville et pire encore, il est d'ores et d�j� inscrit sur la liste des r�alisations qui seront soumises � l?�tude de Paris M�tropole sans que l?ensemble des �lus parisiens ait pu �tre associ� aux discussions. C?est un v�ritable scandale, un d�ni de d�mocratie dont vous vous faites en permanence le chantre.

Il est indispensable de lancer un appel � projets pour que les cabinets d'architectes et d'urbanistes du monde entier puissent y concourir et offrir aux Parisiens un d�bat de qualit� sur une d�cision qui les engagera sur 50 ans.

Pourquoi n'avez-vous pas consult� les 10 cabinets d'urbanisme que le Pr�sident de la R�publique avait lui-m�me consult�s afin d'�laborer le projet du Grand Paris ? Ils n'attendaient que cela. Certains d'ailleurs comme Antoine GRUMBACH avaient anticip� ce moment.

La cons�quence directe de tout cela est que vous nous pr�sentez un projet sans envergure et non consensuel. Nous souhaitons que notre Conseil ait une r�elle ambition pour Paris et propose un projet s�rieux et innovant aux Parisiens, un projet qui ne saurait se r�duire � un "non � la voiture".

Monsieur le Maire, faites confiance comme nous � l?industrie automobile. Faites confiance � sa capacit� � innover afin de mettre au point des technologies propres, Monsieur le Maire.

M. LE MAIRE DE PARIS. - S?il vous pla�t, �coutez tranquillement.

M. Jean-Fran�ois LAMOUR. - Oui, Monsieur le Maire, d'autant plus que vous-m�me, vous avez fait r�f�rence � Autolib?. Vous allez mettre sur le secteur parisien 4.000 v�hicules �lectriques. Alors, comment ne pas faire confiance � l'industrie automobile pour nous permettre d'avoir un dispositif de circulation propre.

Il est impensable aujourd?hui de remettre en cause les voies de circulation et de provoquer, comme vous le souhaitez, Monsieur le Maire, l'embolie du c?ur de Paris, sans avoir pr�vu une am�lioration des transports en commun. J'attends d'ailleurs les d�clarations du Pr�fet de police.

Comme il est impensable de ne pas avoir song� � valoriser les secteurs pi�tons existants, ceux des rives des 12e, 13e, 15e et 16e arrondissements.

Le projet de r�am�nagement des voies sur berges doit proposer un mod�le �conomique viable et indolore pour les Parisiens. Il n'est pas question d'am�nager sans �quilibre financier, sans investisseur et sans activit� �conomique suppl�mentaire.

Monsieur le Maire, votre projet n'est rien d'autre que la d�monstration de votre conception de l'�cologie : une �cologie contrainte. Nous pr�f�rons, pour notre part, d�fendre une �cologie choisie par l'ensemble des Parisiens.

L'am�nagement des voies sur berges doit se concevoir dans un objectif de fluidit�, pour concilier et r�concilier pi�tons, voitures, v�los, motos, transports en commun, et il doit surtout avoir pour objectif de donner � Paris sa place dans le Grand Paris.

Nous vous le demandons, Monsieur le Maire, faites acte de d�mocratie, alors qu'elle n'est souvent qu'un v?u pieu au sein de cette assembl�e. Le retrait de cette d�lib�ration s'impose. Faites preuve d'ouverture : lancez un appel international � projets, et surtout, Monsieur le Maire, consultez les Parisiens sur les diff�rentes visions qui seront propos�es, et impliquez tous les �lus, toute la collectivit�, autour d'un projet ambitieux.

(Applaudissements).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous aurons plein d'�changes sur le fond. Je voulais juste vous informer qu?� ma connaissance les �quipes d'architectes, avec qui j'entretiens des relations assez bonnes - d?ailleurs Anne HIDALGO aussi - sont plut�t int�ress�es par ce projet, qui est ouvert.

Attendez, laissez-moi finir.

Deuxi�mement, vous dites qu?on fait cela dans le secret de quelques services, etc. Parmi ceux � qui j'ai fait appel, il y a l?A.P.U.R. et, vous �coutant, cela me faisait sourire, parce que lorsque je rencontre un certain nombre de personnalit�s importantes de l'Ex�cutif, qui me disent : "est-ce que l?A.P.U.R. pourrait nous aider sur les projets Grand Paris, etc. ?", c'est pr�cis�ment ceux avec qui j'ai beaucoup travaill� sur l'�laboration du projet que je vous pr�sente, dont on me demande de bien vouloir les mettre aussi � la disposition du projet du Grand Paris, port� par le Pr�sident de la R�publique.

Je ne pouvais donc pas r�sister au plaisir de vous le dire, compte tenu de la mani�re dont vous avez qualifi� ceux qui m'ont aid� � faire ce projet.

Je donne la parole � Mme Edith CUIGNACHE-GALLOIS.

Mme Edith CUIGNACHE-GALLOIS. - Merci, Monsieur le Maire.

Voici donc, Monsieur le Maire, ce que vous nous avez pr�sent� � grands renforts m�diatiques, comme le grand projet de votre mandature. Un grand projet donc, que vous avez pr�par� dans le secret de votre cabinet et que vous nous pr�sentez comme la reconqu�te des voies sur berges.

Conqu�te est un mot guerrier : il signifie gagner par la force. En m�me temps, conqu�rir, c'est s�duire. C'est donc d�j� tout un programme. Mais conqu�te, dans son �tymologie latine, c'est aussi "conquirere", et cela veut dire : rassembler.

Vous dites que vous souhaitez que ce lieu soit des lieux de vie et des lieux de plaisir. Ce projet devrait donc nous rassembler, nous Parisiens, de la rive gauche et Parisiens de la rive droite, Parisiens du centre historique et des quartiers p�riph�riques, nous Franciliens, habitants du Grand Paris. Nous tous, amoureux de Paris, la plus belle ville du monde, nous qui sommes sensibles � la beaut�, nous qui aimons nous promener, profiter de la vie parisienne.

Votre id�e pourrait �tre bonne : la Seine peinte par Renoir, Manet, Sisley, doit retrouver un �crin et devrait nous rassembler.

Pourtant, le projet, tel que vous nous le pr�sentez, ne nous para�t pas rassembleur, mais malheureusement plut�t diviseur. Parce que vous ne souhaitez pas embellir les berges de la Seine, mais simplement les voies sur berges, et parce que votre ligne politique, c'est la politique des privil�gi�s : toute votre attention est exclusivement tourn� vers l?hypercentre, vers ceux qui ont les moyens de vivre Paris comme un village.

(R�actions dans l?h�micycle).

Si vous voulez me laisser parler, je recommence ma phrase.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Laissez parlez et laissez moi quand m�me plaider coupable : c?est vrai que je suis � fond pour le bouclier fiscal, Monsieur POZZO di BORGO, vous avez raison de me critiquer. Je suis pour les privil�gi�s !

Mme Edith CUIGNACHE-GALLOIS. - C?est la politique des privil�gi�s, et toute votre attention est exclusivement tourn�e vers l?hypercentre, vers ceux qui ont les moyens de vivre Paris comme un village.

Diviseur aussi, votre projet, parce qu'il m�prise donc les quartiers p�riph�riques. Diviseur, parce qu'il rejette les habitants des communes limitrophes. Une r�flexion plus g�n�rale vous aurait amen�s � consid�rer non seulement tous les arrondissements concern�s, mais aussi les incidences sur la vie de tous les Franciliens.

Ce projet en fait n'est malheureusement qu'un habillage distrayant de l'id�ologie r�gressive qu?il promeut.

40 millions d?euros pour quelques petites attractions dans l?hypercentre, alors qu?on nous parle de reconqu�te des berges.

40 millions d'euros pour supprimer la circulation automobile sur la rive gauche et la diminuer sur la rive droite.

40 millions pour nous couper un peu plus de la banlieue et emp�cher le transit d'Est en Ouest, sans consulter en amont les maires des villes limitrophes.

C'est �a Paris M�tropole ? Renvoyer les banlieusards dans leurs banlieues ? C'est vrai qu'ils ne sont pas vos �lecteurs. Est-ce cela votre vision m�tropolitaine ?

Et pourquoi ne rien proposer dans l'Est parisien, par exemple, o� l'espace souvent en friche ne manque pas ? On aurait pu imaginer plein de choses sur ces berges non circul�es.

Comme le soulignera plus tard mon coll�gue Patrick TR�M�GE, le 13e arrondissement, par exemple, ne serait-il bon, selon vous, que pour les usines � b�ton ? Alors qu'un am�nagement r�fl�chi, concert�, �largi � l'ensemble des berges parisiennes aurait pu �tre une tr�s belle occasion de r�aliser un r��quilibrage entre les quartiers les plus favoris�s et les autres, un fil conducteur pour nos voisins.

Nous craignons qu'au contraire votre projet n'accentue encore la fracture des territoires.

Monsieur le Maire, il aurait fallu d�passer le stade de l'�v�nementiel.

Dans une crise �conomique sans pr�c�dents, nous nous trouvons face � une d�cision qui nous para�t symptomatique d'une politique peu soucieuse des r�alit�s.

Les loisirs, le go�t du beau, la d�tente, comment ne pas y �tre sensible quand les jours sont longs en plein �t� ? Pour autant, elle ne para�t pas politiquement responsable de favoriser � tout prix la f�te, au d�triment du travail et du d�veloppement �conomique.

La possibilit� de circuler d?Est en Ouest et le d�sengorgement des voies hautes, qui permettent ces voies rapides sur berges, ne peuvent �tre ray�s d'un coup de crayon, m�me joliment color�.

Je vous rappelle d?ailleurs que vous aviez pris l'engagement dans le P.D.P. de 2007 de conditionner l'am�nagement des voies sur berges � une augmentation de l'offre de transports, permettant un report de trafic. Mais ce n?est pas le cas. Le R.E.R. C ne suffit pas. L'offre de transports en commun sur ces trajets n'est pas suffisante.

En fait, votre croisade contre la voiture risque de vous aveugler et de finir par nous asphyxier, pour n'avoir pas pris la mesure de thrombose et de reports de circulation.

Il ne faudrait pas que votre croisade anti-voitures ne nous �carte du d�veloppement durable. Raison pour laquelle probablement la Pr�fecture, si j'ai bien compris, vous demande de mener une exp�rimentation d'un an, avant de vous lancer dans votre projet.

Mais votre r�ponse est curieuse, si ce n'est stup�fiante. Vous r�pondez oui � une exp�rimentation, mais � condition de r�aliser avant la totalit� des 40 millions d'am�nagement. C'est original, il faut le reconna�tre, vous venez d'inventer le concept de l'exp�rimentation d�finitive !

Nous estimons que Paris capitale, avec ses 2 millions d'habitants, l?Ile-de-France, premi�re r�gion europ�enne, m�ritent l'excellence. Nous ne la trouvons pas malheureusement dans les am�nagements propos�s, qui nous paraissent au total r�ducteurs. Tout juste distrayants quelques jours par an. C'est dommage, parce que, faut-il vous le rappeler, Monsieur le Maire, vous �tes le maire d'une capitale monde, pas le pr�sident du comit� des f�tes d'une station baln�aire !

(Applaudissements).

Il ne faudrait pas tomber dans le tout ludo-culturel, oubliant les contraintes de la vie quotidienne, les exigences du travail et de la vie �conomique, la n�cessit� et le droit de se d�placer, les besoins de gommer les fractures territoriales. Un petit projet finalement, mais qui peut avoir de lourdes cons�quences et qui aurait vraiment m�rit� une r�flexion � la hauteur des enjeux et du rayonnement que nous pourrions attendre de notre Capitale.

Cette r�flexion devrait s'inscrire dans un projet de requalification territoriale et de r��quilibrage entre l'Est et l'Ouest. Elle devrait prendre en compte l?�laboration pr�alable d?un plan de communication. Elle devrait �tre men�e � travers la confrontation de diff�rentes visions d'architectes urbanistes. Elle ne devrait pas non plus sortir ex nihilo, alors que se pr�parent les travaux du Grand Paris.

Telles sont, Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, les propositions que nous vous formulons pour un vrai projet d'am�nagement de toutes les berges parisiennes, dans un esprit constructif et avec une vision toute m�tropolitaine.

Merci.

(Applaudissements).

M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � Jean-Pierre CAFFET.

M. Jean-Pierre CAFFET. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, la d�lib�ration que nous examinons ce matin n'est pas seulement la traduction d'un engagement pris par notre majorit� en 2008.

Par son contenu, elle constitue � l'�vidence un enjeu majeur pour Paris, pour son visage, son avenir et pour les pratiques de ceux qui y vivent ou y viennent. Par les perspectives qu'elle ouvre, elle rev�t sans doute une importance particulaire pour la m�tropole et, au-del�, pour l'am�nagement de la vall�e de la Seine jusqu'au Havre. Ce d�bat strat�gique sur la valorisation de la Seine jusqu'� son embouchure a d'ailleurs commenc� au d�but du mois de mai dernier.

Dans le temps qui m'est imparti, je ne reviendrai pas longuement sur les principales caract�ristiques de ce projet, mais je me bornerai � dire qu?il est � la fois ambitieux et r�aliste.

Ambitieux parce qu'il permet la reconqu�te et l'embellissement de l'un des plus beaux sites de Paris inscrit au Patrimoine mondial de l?U.N.E.S.C.O.

R�aliste parce qu'en raison de sa conception, de son dimensionnement et de la judicieuse distinction op�r�e entre la rive droite et la rive gauche, il ne menace pas les grands �quilibre et les principales fonctions urbaines de la Capitale. Ce sont ainsi 7 kilom�tres de voiries, aujourd'hui domaine exclusif de l'automobile, sur les 26 kilom�tres des bords de Seine qui vont �tre rendus aux Parisiens et � tous ceux qui fr�quentent Paris.

Rive droite : l'autoroute actuelle sera transform�e en un boulevard parisien moderne pour un meilleur partage de la berge au profit des pi�tons et des circulations douces.

Rive gauche : la reconqu�te de la rive qui, n'�tant utilis�e qu'� la moiti� de sa capacit�, n'aura qu'un impact limit� sur les itin�raires de report, permettra de consacrer pr�s de 5 hectares � des usages in�dits et diversifi�s sur un parcours pi�ton de plus de 2 kilom�tres.

Mais, au-del� de ce bref rappel, ce que je voudrais souligner au nom de mon groupe, c'est que loin des caricatures qui en sont faites par la Droite parisienne qui, visiblement, reste englu�e dans une vision de l'am�nagement urbain datant des ann�es 60 du si�cle dernier, ce projet est un projet global qui se fonde sur les conceptions contemporaines de la fabrication d'une ville durable, de son renouvellement, de la diversit� de ses fonctions et des instruments qui les favorisent, ainsi que de la n�cessaire mixit� de ses usagers.

Oui, les am�nagements propos�s dans cette d�lib�ration sont con�us pour cr�er un nouveau rapport au fleuve en lui redonnant son lustre et en permettant aux Parisiens, aux Franciliens et aux touristes de se r�approprier les berges de la Seine.

Pour autant, nous ne consid�rons pas que la Seine soit un d�cor de carte postale. La Seine, c'est un territoire strat�gique, la colonne vert�brale d'un v�ritable �cosyst�me et pas seulement le vecteur de d�placements automobiles gr�ce � ses berges. Si ce projet est moderne, c'est parce qu'il combine de nombreuses dimensions urbaines.

Pour notre part, nous en voyons quatre parmi les principales.

La premi�re de ces dimensions, c'est �videmment celle d'un nouveau partage de l'espace public et d'un enrichissement de ses usages s'adressant au plus grand nombre, qu'ils soient culturels, sportifs ou simplement de promenade.

La deuxi�me dimension a trait au renforcement du potentiel �conomique de la Capitale - eh oui, Messieurs de l'U.M.P. ! - car il est clair que la r�alisation de ce projet g�n�rera des activit�s nouvelles. A celles qui concerneront les loisirs, il faut ajouter les activit�s portuaires et industrielles qui pourront conna�tre un nouveau d�veloppement dans les espaces qui leur sont d�di�s dans le P.L.U.

Je n'ai pas le temps, h�las, d'insister sur l'impact positif quant � l'image internationale de Paris qui ne peut sortir que renforc�e d'une telle r�alisation, tant il est vrai que l'attractivit� de la Capitale ne peut se r�sumer � un temps de parcours en automobile sur les voies sur berges.

Troisi�me dimension : les transports. Vous en avez parl�, Monsieur le Maire, et je serai donc bref. Mais qui ne voit que ce projet peut �tre porteur d'un d�veloppement significatif des transports fluviaux qui pourraient �tre maill�s avec le r�seau de transports existants ?

J'ajoute qu'il s'inscrit dans une politique de renforcement consid�rable des transports collectifs le long de la Seine et dans l'axe Est-Ouest de la m�tropole qui permettra une augmentation de capacit� de plus de 10.000 passagers � l'heure, alors que la reconqu�te des voies sur berges ne modifie � la baisse ses capacit�s que de 1.500 � 2.000 passagers par heure.

Pour notre part, nous pensons que cette perspective vaut bien celle du Grand Huit impos� aux collectivit�s territoriales dans les conditions que l'on sait.

La quatri�me et derni�re dimension, que je ne ferai qu?�voquer, et qui m�riterait sans doute une r�flexion approfondie, c?est celle de fonction de corridor �cologique et de biodiversit� de la Seine, qu'il nous faut int�grer totalement dans les am�nagements qui seront soumis � concertation.

C'est de la prise en compte de l'ensemble de ces dimensions, qui contribueront � faire de Paris une ville durable, que d�pend le succ�s de ce projet et, avec mon groupe, je ne doute pas qu'elle le soit.

Mais ce projet a, semble-t-il, un concurrent. C'est celui qui a �t� annonc� par le groupe U.M.P. Je dis � dessein "annonc�" et non "pr�sent�", car � part quelques coupures de presse, nous en savons bien peu.

Nous en savons pourtant suffisamment pour formuler quelques commentaires.

(Brouhaha).

Laissez-moi terminer, vous pourrez me r�pondre autant que vous voulez !

Je dis que nous en savons pourtant suffisamment pour formuler quelques commentaires.

Certes, ce projet a, para�t-il, �t� pr�par� par un collectif d'urbanistes, d�nomm� Bureau autonome d'anticipation urbaine, mais force est de reconna�tre que la discr�tion de ce collectif, qui confine � une sorte de clandestinit�, n'est pas sans susciter quelques interrogations.

Certes, ce collectif dispose d'un site Internet, r�cent d'ailleurs, puisqu'il a �t� cr�� le 19 juin dernier. Mais on y cherchera vainement la trace des propositions de l?U.M.P. dans les quelques croquis sommaires mis en ligne vendredi dernier et sans rapport avec ce que nous avons pu voir dans la presse.

Monsieur LAMOUR, pour ce qui est du secret des travaux de l?A.P.U.R., tr�s franchement, je vous renvoie la balle : faites en sorte que nous puissions tous d�battre avec ce collectif d'urbanistes, qui reste d'une discr�tion que personne ne peut comprendre dans cette enceinte.

Mais l� n'est pas l'essentiel !

L'essentiel, c'est la philosophie urbaine v�hicul�e par ce que l'U.M.P. croit pouvoir appeler un contre-projet. Cette philosophie est simple et se r�sume � ce credo : ne pas interrompre le flot de v�hicules sur les voies sur berges, bref ne pas diminuer la circulation automobile, m�me sur ce site exceptionnel. Et tout le reste en d�coule pour finalement d�boucher sur une sorte de cauchemar urbain rive gauche de la Seine.

Songez, chers coll�gues, que l'U.M.P. y propose de couvrir partiellement la voie sur berges par une sorte de gruy�re en b�ton qui servirait de promenade. Imaginez la promenade sur cette couverture ajour�e avec vue imprenable sur les voitures qui d�filent quelques m�tres en dessous, sans parler bien �videmment du bruit et des gaz d'�chappement.

Pour faire bonne mesure, afin, para�t-il, de financer cet am�nagement, l'U.M.P. propose d'arrimer sur les quais et de les relier directement � la couverture - ce qui laisse supposer qu'ils seraient p�rennes - des caissons destin�s � l'�v�nementiel et aux activit�s. Quel �v�nementiel ? Quelles activit�s ? De luxe, �videmment ! Forc�ment de luxe ! Bref, en quelques mots, un projet d'activit�s de luxe r�serv� sans doute � quelques Parisiens privil�gi�s et desservi par une autoroute urbaine sur laquelle on pourrait se promener en contemplant les v�hicules sous ses pieds.

Pour faire bonne mesure �galement, l'U.M.P. a ajout� � cette proposition une touche �cologique : il s'agit de cultures mara�ch�res et bio sur l?�le aux cygnes, dont je rappelle au passage qu?elle est un site de biodiversit� reconnu qui a vu r�appara�tre des espaces v�g�tales et animales qui avaient disparu.

En tout �tat de cause, cette proposition semble bien anecdotique au regard des dimensions de cette �le artificielle, car longue de 850 m�tres, large de 11 m�tres, si mon calcul est bon, sa superficie est donc inf�rieure � un hectare. Alors, � moins de supprimer son all�e centrale, qui est un v�ritable paradis des promeneurs, les surfaces qui pourraient �tre consacr�es aux cultures bio n'exc�deraient pas quelques centaines de m�tres carr�s. � coup s�r, compte tenu des conditions d'acc�s et d'exploitation, le co�t de la salade y sera �lev�.

(Rires).

Mais il me faut conclure chers coll�gues, et je dirai simplement que la Droite parisienne qui, il y a pr�s de dix ans maintenant, �tait oppos�e aux couloirs de bus et au tramway des mar�chaux, n'a pas pris la mesure des enjeux de la construction de la ville durable du XXIe si�cle.

Ne laissons pas en outre d�naturer les berges de la Seine, qui sont au c?ur de l'identit� de Paris, par le cauchemar urbain, je r�p�te ce terme, par le cauchemar urbain que nous propose l'U.M.P.

Tout au contraire, le projet de la municipalit�, par son ampleur et aussi par sa souplesse, par les perspectives qu'il ouvre pour notre ville et sans doute pour le c?ur de la m�tropole, est particuli�rement stimulants.

C'est pourquoi mon groupe lui apportera son soutien enthousiaste.

Je vous remercie.

(Applaudissements).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Ce dont je ne suis pas surpris, c'est de l'excellent niveau de cette intervention. Il para�t que vous n?aimez pas que je fasse des compliments, mais moi, j?aime bien.

Oui, je suis assez fier d?eux, figurez-vous !

La parole est � Christophe NAJDOVSKI.

M. Christophe NAJDOVSKI, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire.

R�inventer les berges de Seine, r�inventer Paris, tel est le mot d'ordre auquel nous invite le projet de reconqu�te des berges de la Seine.

Oui, r�inventer Paris, car de tout temps, la ville a v�cu avec son fleuve. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les armoiries de la Ville de Paris sont symbolis�es par un bateau voguant sur la Seine : la Seine est la colonne vert�brale de Paris, sa ligne de vie.

Pendant des si�cles, les Parisiens ont �t� proches de leur fleuve. Il est utile de rappeler que les Parisiens s?y baignaient jusque dans les ann�es 1930, avant que la baignade soit interdite pour cause de trafic fluvial intensif et de pollution.

Mais depuis quelques d�cennies, Paris tourne le dos � son fleuve. La raison est simple : ce sont les choix d'am�nagement urbain r�alis�s dans les ann�es 1960 et 1970, le r�gne du tout automobile, qui ont coup� la ville de son fleuve. Il fallait � l'�poque, selon les propres mots de Georges Pompidou, adapter la ville � la voiture.

Les berges offrent aujourd'hui un spectacle indigne de notre capitale, celui d'une autoroute urbaine en plein c?ur de la ville alors m�me que les berges de la Seine sont class�es au patrimoine mondial de l'Unesco.

L� o� elles ne sont pas circul�es, les berges offrent un aspect morcel�, illisible, peu coh�rent, les continuit�s pi�tonnes sont mal assur�es quand elles ne sont pas purement et simplement absentes. Et je ne parle m�me pas des continuit�s cyclables, presque inexistantes.

Le paysage des berges aujourd'hui est donc celui d'un espace inhospitalier, un tube � voitures g�n�rateur de nombreuses nuisances comme le bruit ou la pollution de l?air. Une autoroute en plein c?ur de ville pour y faire passer le trafic de transit m�tropolitain, c'est une aberration urbanistique, un anachronisme inexplicable.

Reconqu�rir les berges, s'est entrer de plain-pied dans la ville du XXIe si�cle, comme l'ont fait de nombreuses ville en France et en Europe, qui ont retrouv� le lien avec leur fleuve ou la mer. Citons par exemple les villes de Lyon ou de Bordeaux.

Cette ambition, les �cologistes la d�fendent depuis toujours. En 2002, le succ�s de la premi�re �dition de "Paris plage" nous a renforc�s dans notre conviction que la reconqu�te des berges r�pond � une r�elle attente. Quatre semaines durant, notre cit� renoue les liens avec son fleuve et nous avons � maintes reprises exprim� notre souhait que cette op�ration ponctuelle soit progressivement �tendue.

Monsieur le Maire, vous avez pr�sent� en avril dernier un projet de reconqu�te des berges. Les �lus Verts vous soutiennent pleinement dans cette initiative en consid�rant qu'il s'agit l� d'une premi�re �tape d'un plan plus global qui nous m�nera jusqu'� la restitution globale des berges aux Parisiens, aux Franciliens, aux touristes, bref, � tous ceux qui aiment Paris.

Nous pouvons �mettre le regret que ce projet n'ait pas �t� co-�labor� avec vos partenaires de la majorit� municipale?

(Protestations sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s et Communiste et �lus du Parti de Gauche).

? et nous souhaitons en cons�quence proposer un certain nombre d'amendements ou de v?ux pour que le projet soit bonifi�.

Nous pensons notamment que deux ou plusieurs sc�narii d'am�nagement pourraient �tre soumis � l'enqu�te publique plut�t que le seul sc�nario que vous proposez. D?autant que, si nous sommes parfaitement en accord avec la perspective d'am�nagement de la rive gauche, nous avons des interrogations sur le sch�ma que vous proposez pour la rive droite, � savoir la cohabitation entre une circulation qui restera intense et la volont� de restituer une partie des berges aux pi�tons.

Nous souhaitons donc que des �tudes approfondies puissent �tre men�es pour d�terminer les conditions d'une reconqu�te plus globale des berges, en rive droite comme en rive gauche, et les pr�senter � l'enqu�te publique.

Bien entendu, la reconqu�te des berges de la Seine devra s'accompagner d'un plan de renforcement des transports collectifs de mani�re � inciter au report du trafic sur les transports en commun.

Mon coll�gue Denis BAUPIN insistera sur le renforcement des RER A et C, de la ligne 1 du m�tro, de la cr�ation d'une ligne de bus � haute qualit� de service sur les quais hauts, ou d'un service public de transport fluvial sur l'ensemble du bief de Paris.

Penser les berges, c'est aussi penser � l'am�nagement des quais hauts. Les propositions d'am�lioration des travers�es propos�es au niveau du palais de Tokyo ou du Jardin des Tuileries vont tout � fait dans le sens d'une meilleure int�gration urbaine de ces quais.

Nous pensons malgr� tout que ceux-ci resteront encore fortement marqu�s par un aspect routier. En de nombreux endroits, en particulier en rive droite, les trottoirs sont extr�mement �troits et la circulation des pi�tons, dont celle de nombreux visiteurs, y est malais�e.

Aussi nous proposons que la Ville de Paris �tudie le r�am�nagement des quais hauts en boulevards urbains avec la priorit� donn�e aux bus en site propre, � des trottoirs �largis et � des itin�raires cyclables s�curis�s et continus.

Nous voulons aussi que la qualit� des berges soit am�lior�e avec de v�ritables continuit�s pi�tonnes et cyclables, et que la biodiversit� soit pr�serv�e, affirmant la Seine dans son r�le de corridor �cologique.

Am�nager les berges, c'est aussi penser � la r�alisation de nouvelles passerelles pi�tonnes accessibles aux v�los pour mieux relier les deux rives, en particulier aux endroits ou l'interdistance entre les ponts de Paris est importante. C'est le sens des v?ux que nous vous pr�sentons.

Un mot sur l'opposition municipale. L'U.M.P. parisienne a pr�sent� un contreprojet dont le principe consiste � surtout ne rien changer. Pour la droite parisienne, les berges de la Seine doivent rester une autoroute que l'on habille de vert pour faire moderne et tendance.

Elle propose ainsi une hasardeuse dentelle de passerelles qui relierait des espaces �v�nementiels de luxe. Couvrir les berges d'une chape de b�ton : voil� le projet de l'U.M.P. pour Paris. La droite parisienne du XXe si�cle, c'�tait Georges Pompidou, la droite parisienne du XXIe si�cle, c?est Georges Pompidou, plus le b�ton ! Vous aurez not� l'�volution.

� l'oppos� de ces �volutions, nous voulons rendre la beaut� des berges de Paris � d'autres usages que celui d?un aspirateur � voitures, car l'am�nagement des berges de Paris, ce n'est pas simplement traiter une question de circulation, c'est aussi et surtout d�velopper d'autres usages, sportifs, culturels, citoyens - ma coll�gue Dani�le FOURNIER en parlera tout � l'heure - mais aussi des usages �conomiques, avec la pr�servation et m�me le d�veloppement de l?activit� portuaire fluviale pour le fret des marchandises.

Pour conclure, Monsieur le Maire, je voudrais vous dire l'enthousiasme des �lus "Verts" � voir se concr�tiser les engagements pris au d�but de la d�cennie pr�c�dente.

Au c?ur de la Capitale, les berges sont class�es au patrimoine mondial de l'humanit�. Parce que nous aimons Paris, nous voulons que les berges de la Seine aient un autre destin que celui d'une autoroute urbaine.

Rendons aux berges de la Seine un statut digne de leur rang : faisons-en des espaces ouverts � tous pour que notre capitale, la ville lumi�re, brille de tous ses feux !

Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. Jean-Fran�ois MARTINS.

M. Jean-Fran�ois MARTINS. - Monsieur le Maire, outre le d�senclavement d'un certain nombre de nos quartiers, la reconqu�te de nouveaux espaces publics est sans aucun doute l'un des premiers objectifs de d�veloppement urbain de la Capitale et l'un des d�fis majeurs que nous avons � relever pour notre ville, avec sa densit� et son histoire.

Reconqu�rir ces nouveaux espaces, c?est aussi cr�er et construire des espaces publics nouveaux, partag�s, accessibles, pacifi�s et qui devront repr�senter les nouveaux leviers d'am�lioration de la qualit� de la vie et du d�veloppement �conomique de Paris.

A ce titre, reconqu�rir les berges de la Seine est le bon objectif � suivre, c?est un objectif qui est fid�le � notre histoire, � l'histoire de Paris et conforme � l'attente des Parisiens.

Reconqu�rir les berges de Seine, reconqu�rir le fleuve, c'est aussi le pari qu'ont fait les grandes capitales du monde et, � ce titre, Paris ne pouvait pas rater son histoire.

Son histoire, �galement, � Paris, c?est celle de r�duire la place de la voiture. Nous ne faisons pas de dogmatisme sur ce point, nous devons inventer la soci�t� de l'apr�s carbone, cette soci�t� se fera avec moins de voitures, moins d'�nergies fossiles et nous devons, nous le savons, r�duire la place de l'automobile dans Paris.

Ainsi, si l'objectif est le bon, si le dommage qu'il cr�e, c'est�-dire r�duire le nombre de voitures dans Paris va dans le sens de l'histoire, pour autant, votre projet Monsieur le Maire comporte un certain nombre de lacunes que je veux souligner ici.

La premi�re, ne vous en d�plaise, vous n'inventez pas les quais pi�tons le long de la Seine, il en existait, il en pr�existait un certain nombre avant ce projet et c'est malheureusement le traitement que vous leur infligez ou que vous ne leur infligez pas qui est en cause ici.

Il y a un certain nombre de quais pi�tons sur lesquels les Parisiens ont d�j� l'habitude de se promener, de s'arr�ter, de pique-niquer, de d�couvrir les premi�res amours autour de l?�le de la Cit� ou du Port Saint-Bernard qui, dans votre projet, n?ont aucune place et ne font l'objet d'aucun investissement.

Aujourd'hui, ils sont peu accessibles aux poussettes par exemple, ils sont peu v�g�talis�s, leurs rev�tements sont tr�s rarement de bonne qualit�, etc. Aucun investissement n'est fait sur ces quais pi�tons, autres que ceux que vous proposez aujourd'hui, c?est le premier reproche que je vous ferai.

Monsieur le Maire, j'ai deux minutes, j?ai un amendement et trois v?ux. Vous qui �tes tellement attach� au vote des Parisiens, je vous rappelle que le Mouvement d�mocrate a fini troisi�me aux �lections municipales � Paris devant vos alli�s "Verts", au premier tour de l'�lection municipale.

Je vais prendre plus que ces deux minutes pour m?exprimer et pr�senter les trois v?ux et amendements que j?ai d�pos�s.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vous ai fait un signe discret.

Si d�j� vous perdez deux minutes pour donner toutes ces explications? Les r�gles s'appliquent � tous, soyez gentil. Je n'ai pas l??il riv� sur le chronom�tre mais tenez compte de votre statut de non-inscrit.

M. Jean-Fran�ois MARTINS. - Tenez compte du vote des Parisiens.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Il y en a qui font �cole sur le ton de donneur de le�ons. Vous arrivez et d�j� vous faites la le�on � tout le monde.

Parlez en �tant r�aliste.

M. Jean-Fran�ois MARTINS. - Ainsi, c'est l'un des v?ux que j'ai d�pos�s, les autres quais, ceux qui ne sont pas concern�s par le projet d?aujourd'hui, devront faire l'objet d'un investissement lourd, les rendant plus accessibles, v�g�talis�s et surtout cr�ant une continuit� urbaine, une continuit� pi�tonne et cyclable dans Paris pour cr�er cette Coul�e bleue � l?image de la Coul�e verte de l?Est de Paris.

Deuxi�me reproche � faire � ce projet, c'est l'approche brutale que vous avez eue de la fermeture des rives gauches, notamment pour deux raisons, la premi�re �tant l'absence d'offre alternative de transport, notamment l'absence de renforcement des transports publics.

La voiture existe encore dans Paris, les Franciliens l'utilisent encore, c?est aussi l?absence de projet de parking relais aux portes de Paris permettant � ceux qui veulent se rendre � Paris de se rapprocher de la capitale pour ensuite faire les trajets int�rieurs en transports publics. Aucun projet de cet ordre n'a �t� retenu, c?est bien Dommage.

Dernier �l�ment, la modification des pratiques, le changement des choix de mobilit�, ce n'est pas un choix facile, c'est un choix co�teux pour un certain nombre de Parisiens. Ce sont des d�cisions lourdes qui changent les habitudes du quotidien : comment aller chercher les enfants � l'�cole ? Comment aller au travail ? Ce sont des d�cisions qui prennent du temps et que l'on ne peut imposer aux Parisiens du jour au lendemain.

Je ne suis pas favorable � l'approche exp�rimentale mais en revanche � une approche progressive qui ferait de cette fermeture une fermeture par tron�ons, notamment d'abord le weekend puis trois jours par semaine, pour permettre aux Parisiens et aux Franciliens de trouver leurs nouvelles habitudes et leurs nouveaux modes de mobilit�.

C'est rapidement et trop bri�vement le sens des v?ux et amendements que j'ai d�pos�s, je serais particuli�rement attentif aux r�ponses que vous nous apporterez, qui conditionneront mon vote.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Anne HIDALGO vous r�pondra. J'ai l'impression qu'on n'est pas tout � fait sur la m�me logique. Vous voulez des choses un peu r�duites. Vous avez beaucoup moins, semble-t-il, la volont� de remettre durablement en cause la place de la voiture sur les voies sur berges.

Quelques jours de temps en temps, ce n?est pas comme cela que l'on fait de grands am�nagements. J'ai le droit de penser quelque chose de vos propositions.

La parole est � Emmanuelle BECKER.

Mme Emmanuelle BECKER. - Merci, Monsieur le Maire.

Chers coll�gues, si le r�am�nagement des berges de Seine est un enjeu urbain, culturel et �conomique, on ne peut nier qu?il bouleverse �galement les d�placements � l'int�rieur de Paris.

Comme vous l?avez rappel�, cette op�ration s'inscrit dans une volont� de r�duire la place de l?automobile dans les d�placements, ce que mon groupe a toujours soutenu.

Dans le cas pr�sent, il s'agit bel et bien d'un acte fort qui ne se limite pas � la r�organisation ou � la requalification d'une voie parmi d'autres.

En intervenant sur les bords de Seine, nous supprimons de fait la seule voie rapide "intra muros" qui permettait de traverser Paris.

Au fond, le d�fi est double, il s'agit �videmment de restreindre la place de la voiture. C?est un objectif l�gitime que nous approuvons pleinement. Dans le m�me temps, il faut faire respecter le droit � la mobilit�. Cela suppose qu'� chaque fois que nous faisons le choix de r�duire la place de l'automobile dans les d�placements, nous prenons le parti d'accro�tre et d?am�liorer l'offre de transports collectifs.

A la diff�rence de l'U.M.P., c'est une d�cision que nous voulons assumer. Redonner les berges du fleuve aux Parisiens, c'est effectivement reconsid�rer les usages de certains espaces, reconsid�rer nos priorit�s d'am�nagement � l'aune de la crise �cologique que nous traversons d?une part, ainsi qu?� l?aune de la vision que nous avons d'une m�tropole moderne, d?autre part.

Depuis 2001, notre Municipalit� a fait des efforts importants pour favoriser une diversification r�elle des modes de d�placement qui permettent � des v�hicules plus respectueux de l?environnement et de la ville de trouver une vraie place dans nos rues.

La cr�ation de lignes de tramway, l'installation d'un r�seau de pistes cyclables et le lancement de V�lib? mais aussi la cr�ation des voies d�di�es aux bus et aux taxis vont dans ce sens, la mise en service future d?Autolib? �galement.

De fait, si nous r�am�nageons les voies sur berges pour des raisons diverses et notamment pour que les Parisiens se r�approprient un espace symbolique de la m�tropole, les cons�quences sur la circulation participent d'un m�me id�al de d�placements apais�s.

N�anmoins et bien que les diff�rentes �tudes jointes au projet de d�lib�ration indiquent que les effets de report sur le reste du r�seau seront en partie accessoires, il faut les anticiper car Paris est une ville d�j� engorg�e.

Si nous plaidons pour un changement des rythmes de la ville, pour une urbanit� qui s'accorde aux nouveaux besoins des habitants, il existe des contraintes qu?il faut prendre en compte pour un grand nombre de personnes.

Mon groupe tient � attirer l'attention de ce Conseil sur les nombreux Franciliens qui travaillent � Paris et utilisent leur v�hicule pour se rendre dans la capitale ou dans un d�partement voisin.

Nous le savons, les trajets entre domicile et travail s'allongent. A l'avenir, cela ne risque pas de s'arranger du fait de la sp�culation immobili�re et de la chert� de la vie � Paris.

On ne choisit pas d'habiter loin de son travail, il ne faudrait pas que les familles franciliennes, les travailleurs pr�caires ou certaines classes moyennes voient encore leur temps de trajet s'allonger.

Pour cette raison, l?am�nagement des voies sur berges renvoie pour nous � un enjeu essentiel, celui du transport collectif qui existe bel et bien � Paris mais qui est proche de la saturation.

Dans la m�tropole, ces transports en commun sont largement insuffisants. Comme le disait Ian BROSSAT tout � l'heure, le seul succ�s possible des voies sur berges est m�tropolitain ou il ne sera pas.

Nous ne pouvons pas inviter les Franciliens � venir si nous leur promettons des bouchons en r�compense. La p�nibilit� des trajets longs � l'issue de journ�es de travail harassantes est une r�alit� que nous ne pouvons ignorer.

La responsabilit� d'une offre renforc�e de transports collectifs, nous la partageons avec la r�gion et avec l'�tat. Ce dernier est actionnaire de la R.A.T.P., il pourrait au moins, � ce titre, participer � la r�novation des rames ou d�cider d?un financement massif voire contribuer � celui du tramway, comme il le fait dans d?autres villes.

On le sait, la contradiction entre les v?ux pieux du Gouvernement en ce qui concerne le Grenelle de l?environnement et la r�alit� de l'action m�diocre est trop proverbiale pour m�me en r�ver.

C'est la raison pour laquelle mon groupe tient � d�poser un v?u rattach� � ce projet de d�lib�ration qui s'adresse au S.T.I.F. pour qu?il �tudie une offre renforc�e � l?�chelle de la m�tropole.

La question est trop s�rieuse et elle concerne des milliers de salari�s. Nous devons montrer une solidarit� exemplaire avec les autres territoires de l?agglom�ration.

Le r�am�nagement des voies sur berges est un choix politique, nous devons faire en sorte d?anticiper toutes ses cons�quences.

Nous ne partageons pas le fatalisme aveugle de l'U.M.P. qui voudrait faire de ce projet une question seulement de circulation et s'en remet � une notion floue et magique de l'avenir qui a vaguement � voir avec la fameuse main invisible du march�.

Ainsi, dans un entretien au "Figaro", M. LAMOUR veut nous faire croire que le march� se chargera de tout, encore une fois. Il nous explique qu'il faut faire confiance � l'industrie automobile et que les d�placements propres ne d�pendent que du bon vouloir de ces entreprises � fabriquer des v�hicules �cologiques.

A peine deux ans et demi apr�s la crise financi�re, c?est au choix � la limite de l?ind�cence ou la preuve que l?amour du march� est d�finitivement aveugle. La main invisible se retrouve plus souvent en train de faire les poches des Fran�ais que de dessiner les plans d'un futur v�hicule propre. Les Parisiens ne sont pas amn�siques, ils se souviennent de la privatisation de l'eau et des grandes professions de foi qui nous garantissaient que les entreprises concern�es allaient innover et trouver la bonne formule.

Le seul r�sultat a �t� la multiplication des montants � payer au bas des factures et la multiplication de leurs profits.

De ce fait, dans ce projet, l?U.M.P. a fait la d�monstration de son manque d'imagination et de son archa�sme. En guise d'architecture : du b�ton, en guise de progr�s : la main invisible du march�, en guise d'activit� et de services : des magasins de luxe. Voil� comment la Droite parisienne voit l?am�nagement de la Seine, l'origine de notre ville et son lieu le plus naturel, le th��tre d'une culture et d'une histoire. Du b�ton, de l'argent et encore de l'argent.

Parce que nous croyons que l'avenir s'invente avec les habitants de la m�tropole et que le projet urbain existe, nous proposons de faire des rives du fleuve un espace exemplaire d'un point de vue urbain, culturel, et �conomique.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

Mme DOUVIN a la parole.

Mme Laurence DOUVIN. - Pour un lieu prestigieux et unique vous nous proposez un projet �triqu�, dict� par votre obsession r�currente anti voitures, et au profit de l'installation d'un Paris plage permanent. Au lieu de consid�rer la Seine dans le cadre du Grand Paris comme un lien, une art�re, un fleuve nourricier, vous r�duisez son traitement � un "sp�cial voies sur berges", limit� � la pose de cinq feux tricolores sur la rive droite, et � la suppression de la circulation sur la rive gauche. Quelle d�ception !

Au lieu d'un grand projet de vie, c'est un timbre-poste que vous nous proposez. Monsieur le Maire, vous vous trompez de cible, en pleine crise, dans un contexte de hausse doublement r�p�t�e des imp�ts locaux (les 25 % en deux ans dont parlait Mme LAGARDE hier), vous pr�sentez un projet ludique, �conomiquement st�rile, qui co�te 40 millions en plus du prix faramineux et non chiffr� li� � l'engorgement permanent de la circulation. Monsieur le Maire, si cela ne vous int�resse pas je m'arr�te.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je ne m'amuse pas, je r�gle un probl�me important en lien avec notre d�bat.

Mme Laurence DOUVIN. - Prenez votre temps.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Poursuivez.

Madame DOUVIN, si je devais interrompre toutes les interventions quand l'un d?entre vous n'�coute pas, notamment les pr�sidents de groupe, ce serait assez dr�le. Je vous accorde ce que vous n'accordez pas au Maire de Paris.

Allez-y et continuez � vous amuser comme cela, cela vous r�ussit bien. Ici et ailleurs?

Mme Laurence DOUVIN. - Monsieur le Maire, je ne m'amuse pas et ensuite vous �tes le Maire de Paris. Il me semble que vous avez le devoir?

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je ne suis pas votre esclave. Je suis �lu de Paris depuis 1977, jamais je ne me suis permis de parler comme cela � Jacques CHIRAC et � Jean TIB�RI, jamais !

M. CHIRAC �tait l� un petit peu, il ne nous �coutait pas beaucoup, et je l'ai toujours respect�. D'ailleurs, � aucun moment il n'y a eu de ma part de diffamation � son �gard.

Deuxi�mement, M. TIB�RI pendant 6 ans a pr�sid�, et je l'ai respect�. Voil�.

Madame DOUVIN, je vous ai m�me beaucoup connue dans les conf�rences d'organisation, vous repr�sentiez un groupe du centre quand je repr�sentais le groupe socialiste, et je me souviens qu'� l'�poque nous pr�parions ensemble les s�ances dans un climat respectueux o� nous facilitions la t�che de l'Ex�cutif.

Aujourd'hui, l'U.M.P. � laquelle maintenant vous appartenez est toujours dans la mesquinerie, dans les petits...

(Protestations sur les bancs du groupe U.M.P.P.A.).

Monsieur LAMOUR, Mme DOUVIN m'interpelle, c'est son droit, je dois lui r�pondre. Monsieur LAMOUR, calmez-vous, moi je suis tr�s calme. Madame DOUVIN, je vais vous accorder ce qu'aucun Maire de Paris n?a accord� � personne, je vais vous �couter de la premi�re � la derni�re seconde et je vais me r�galer.

Madame DOUVIN, vous seule avez la parole.

Monsieur LAMOUR, que voulez-vous dire de si essentiel ?

M. Jean-Fran�ois LAMOUR. - On dirait un professeur de 6e.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Lamentable et pitoyable a dit M. GOUJON. Cela continue. Lamentable et pitoyable. Monsieur LAMOUR, vous avez la parole.

M. Jean-Fran�ois LAMOUR. - Monsieur le Maire, j'ai l'impression que ce d�bat vous pose probl�me. Depuis ce matin, Monsieur le Maire, vous faites preuve d'une condescendance � notre �gard qui est inacceptable comme si finalement seul vous et votre majorit� pouviez proposer des projets aux Parisiens dignes d?�coute, d'attention, et de validation. Non, Monsieur le Maire, vous avez une opposition, elle est tout aussi respectable que votre majorit�. Or, depuis ce matin, votre ton, Monsieur le Maire, la fa�on dont vous venez de traiter Laurence DOUVIN sans �couter son propos alors que vous pr�sidez?

Monsieur le Maire, je vous ai regard�. Depuis le d�but de son intervention, Monsieur le Maire, vous ne l'avez pas �cout�e. Faites preuve d'attention � notre �gard, �vitez ce ton m�prisant et je vous assure, nous respecterons la pr�sidence de ce Conseil de Paris. Je demande une suspension de s�ance.

M. LE MAIRE DE PARIS. - C?est moi qui d�cide du temps, 5 minutes.

Juillet 2010
Débat
Conseil municipal
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