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2010, Vœu déposé par le groupe "Les Verts" en faveur d'un 14 juillet sans défilé militaire.


M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Nous engageons maintenant l'examen des projets de d�lib�ration inscrits en 9e Commission. En premier lieu le v?u n� 82, qui ne se rattache � aucun projet de d�lib�ration, d�pos� par le groupe "Les Verts", et pr�sent� par le Pr�sident Sylvain GAREL.

Les collaborateurs notamment sont invit�s � ne pas obstruer les salles, et les �lus � rester � leur place, ou � d�faut � sortir, ou en tout cas se taire.

Sylvain GAREL, vous avez la parole.

M. Sylvain GAREL. - Merci, Monsieur le Maire.

Comme vous le savez, il y a quelques jours, nous avons demand�, dans le cadre des mesures d'�conomie d�cid�es par le Pr�sident de la R�publique lors de la f�te nationale du 14 juillet, de supprimer le d�fil� militaire.

En effet, ce d�fil� militaire co�te beaucoup d'argent. Alors, nous n'avions pas la somme au d�but de cette pol�mique et d'ailleurs cette pol�mique a d�j� eu une retomb�e positive, c'est qu'un g�n�ral a reconnu qu'elle co�tait 4 millions d?euros, chiffre sans doute sous-estim� lorsqu'on sait que les Grecs qui ont renonc� au d�fil� militaire de leur f�te nationale du 25 mars ont �conomis� 5 millions d'euros.

On sait aussi que c'est quelque chose qui est extr�mement polluant puisque vous avez ce jour des centaines de v�hicules dont des chars qui p�sent tr�s lourd, des dizaines d'a�ronefs, d'h�licopt�res, qui survolent Paris et rejettent �norm�ment de gaz � effet de serre, des produits polluants et qui font un bruit consid�rable.

C'est aussi pour nous et je dirai m�me surtout, une volont� de faire en sorte que la France rejoigne les autres grandes d�mocraties qui existent sur cette plan�te, en faisant des f�tes nationales, et nous ne sommes pas contre une f�te nationale le 14 juillet bien au contraire, qui ne soient pas organis�es autour d'un d�fil� militaire.

Les d�fil�s militaires pour les f�tes nationales sont g�n�ralement l?apanage des dictatures, cela a �t� le cas pendant longtemps de l?U.R.S.S. et aujourd?hui de la Chine, de l'Iran, de la Cor�e du Nord, des pays qui ne font pas du tout honneur � la d�mocratie. De grandes d�mocraties comme l'Allemagne, la Grande Bretagne, le Canada, le Japon ont renonc� depuis tr�s longtemps ou m�me pour certaines n?en ont jamais fait, � faire des d�fil�s militaires pour leur f�te nationale.

Au contraire, ce jour, nous demandons que ce soit la population qui d�file, et qui ne soit plus spectatrice mais actrice de la f�te nationale, et c'est ce nous souhaitons, c?est-�-dire qu?une partie de l?argent �conomis� en supprimant ce d�fil� militaire qui se d�roule sur le territoire parisien, soit utilis� pour promouvoir des rassemblements festifs, des d�fil�s festifs qui pourraient se tenir d'ailleurs dans toute la France et pas uniquement � Paris. Voil� pourquoi nous demandons que soit supprim� le d�fil� militaire du 14 juillet.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs du groupe "Les Verts").

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Merci.

C'est Mme Odette CHRISTIENNE qui va vous r�pondre.

Mme Odette CHRISTIENNE. - Merci, Monsieur le Maire.

Je suis tr�s surprise par le v?u des "Verts" demandant la suppression du d�fil� militaire du 14 juillet en faveur d'un rassemblement populaire.

Qu'il me soit permis d'abord de rappeler que l?organisation de la f�te est du ressort de la Pr�sidence de la R�publique et non de la Mairie de Paris. Cela dit, nous sommes tous concern�s par cette manifestation dans notre Capitale et comme correspondant d�fense, il me para�t utile de donner notre point de vue.

En effet, le 14 juillet est une des rares occasions de maintenir ce que l?on appelle le lien Arm�e-Nation apr�s la suspension du service militaire en 1996. De fait, la m�connaissance du bien-fond� de l?existence de l?Arm�e et de ses missions progresse malheureusement au fil des ans depuis cette date, et de nombreux citoyens se demandent s?il ne faut pas regretter le service national, ou du moins une certaine forme de service qui cr�ait ind�niablement des liens, non seulement avec l'arm�e mais entre conscrits de toutes classes sociales.

Or, dans le contexte, le d�fil� du 14 juillet est un moment fort qui souligne, lors de la seule f�te nationale de notre pays, que l'arm�e est au service des institutions r�publicaines qui incarnent la nation. C'est le sens pr�cis de ce d�fil� effectu� devant les plus hautes autorit�s de l'Etat.

Je pense que les �lus "Verts" ne souhaitent pas que l'indispensable arm�e soit livr�e � elle-m�me et agisse de mani�re autonome.

Ne vaut-il pas mieux que l?arm�e, rappelant symboliquement par ce d�fil� qu?elle est l'Arm�e de la R�publique, reste au service et � la disposition du politique ?

Personnellement, je ne regrette pas les moments de notre histoire o� cette soumission de l?arm�e a failli ne plus �tre de mise.

Par ailleurs, les �lus "Verts" demandent le remplacement du d�fil� par un rassemblement populaire, mais le d�fil� est d�j� un magnifique rassemblement populaire. Demandez-le aux milliers de spectateurs, dont ceux qui montent de province expr�s, et aux millions de t�l�spectateurs qui le suivent sur le petit �cran quand ils n'ont pas la chance d?y assister. Car le peuple aime l'arm�e et c?est, me semble-t-il, ce que n'arrivent pas � comprendre certains �lus !

C'est d'ailleurs ce qui explique le succ�s, jamais d�menti depuis sa cr�ation, de l'op�ration "Les Parisiens accueillent leurs soldats" du 14 juillet apr�s-midi qui permet aux Parisiens d'�changer avec des militaires pr�sents avec leur mat�riel dans plus de la moiti� des arrondissements. Leur vif int�r�t montre que, contrairement � certains �lus, ils sont d�sireux de mieux conna�tre leur arm�e et, pour peu qu'on leur en donne l'occasion, ils lui manifestent son soutien.

D�s lors, je m'�tonne du d�nigrement, sous-jacent � ce v?u, de l'id�e m�me de Nation, c�l�br�e lors de ce d�fil� qui f�d�re largement. Car comment, pr�cis�ment, envisager de faire r�f�rence � la f�te de la F�d�ration en occultant le fait qu'elle a �t� organis�e sciemment, jour pour jour, un an apr�s la prise de la Bastille du 14 juillet 1789, date symbole du d�but de la R�volution ?

Le 14 juillet 1790, d'un bout � l'autre du pays, des Pyr�n�es aux Alpes et au Rhin, de toutes les parties du territoire national, arrivent � Paris les d�putations des gardes nationales et de l'arm�e qui venaient c�l�brer l'?uvre de 1789. Elles y retrouvent tout un peuple, sans distinction de rang ou de fortune, pour les pr�paratifs de la F�te de cette F�d�ration.

Cette journ�e fut en quelque sorte la cons�cration du ralliement de l'arm�e � la R�publique.

Comment, d�s lors, dissocier cette journ�e de la prise de la Bastille ? Car comme l'affirmait Clemenceau, si�geant sur les bancs les plus � gauche de la Chambre des d�put�s, "La R�volution est un bloc", il me para�t n�cessaire de rappeler que notre R�publique et ses valeurs proc�dent essentiellement de la grande R�volution, dont les effets se sont d'ailleurs diffus�s dans toute l'Europe.

Et que serait devenue la R�volution sans les soldats de l?An II et le peuple en armes qui ont d�fendu l'int�grit� du territoire ? "Soldats de la R�publique, parfois sans vivres et pieds nus", dit un chant populaire qui leur rend hommage et apr�s avoir rendu hommage � notre pays "Gloire � toi, � France, � Patrie, foul�e aux pieds de l?�tranger par d?aveugles Fran�ais meurtrie, salut � patrie en danger."

De surcro�t, nous refusons la culture de la repentance syst�matique qui conduit � ne retenir que les pages les plus sombres de notre histoire, au d�triment de ce qui fait la grandeur de notre nation. Cette id�e fond�e sur la volont� de vivre ensemble qui permet de "faire France", selon l?expression de Mich�le TRIBALAT.

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Madame CHRISTIENNE, je vais devoir vous inviter � conclure, pardonnez-moi !

Mme Odette CHRISTIENNE. - Car, comme l?�crivait l?historien Marc Bloch, et ce sera ma conclusion, dans "L'Etrange d�faite" : il est deux cat�gories de Fran�ais qui ne comprendront jamais l'histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du Sacre de Reims ; ceux qui lisent sans �motion le r�cit de la F�te de la F�d�ration" et on ajoute : ou ceux qui veulent en donner une image restrictive.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du Parti de Gauche, U.M.P.P.A. et Centre et Ind�pendants).

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Nous passons maintenant aux op�rations de vote sur?

Vous n'allez pas expliquer que vous votez pour le v?u que vous d�fendez, Monsieur GAREL !

M. Sylvain GAREL. - Je peux m?exprimer ! Il y a 10 minutes?

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Non, pas 10 minutes ! Vous avez pris 3 minutes pour pr�senter un v?u pour lequel vous aviez 1 minute. Mme CHRISTIENNE a r�pondu? elle ne monopolise pas la parole en s�ance trop souvent !

J'ai aussi la responsabilit� de faire en sorte que les d�bats folkloriques ne polarisent pas toute l'attention du Conseil de Paris. On a encore beaucoup de projets de d�lib�ration et la responsabilit� de finir dans des d�lais raisonnables qui permettent aux �lus d'�tre l�.

On peut faire le show pour s'amuser, on a des choses s�rieuses � examiner aussi !

(Protestations sur les bancs du groupe "Les Verts").

Allez-y ! Et on va y passer la journ�e, il n'y a pas de probl�me, mais vous serez l� tous � 22 heures ce soir pour finir la s�ance ! D?accord ?

Monsieur GAREL, amusons-nous !

M. Sylvain GAREL. - Je souhaite r�pondre � la tr�s longue et assez incroyable intervention que l'on vient d'entendre.

La comm�moration du 14 juillet, effectivement, vient du 14 juillet 1790, mais la d�cision de faire un d�fil� militaire, cela remonte � 1880, 10 ans apr�s la d�faite de Sedan et c?est pour pr�parer la revanche sur la Prusse. C?est pour pr�parer la revanche qui va nous conduire � la boucherie de 1914-1918.

Il faut se rappeler du contexte politique et ne pas tout m�langer. Nous ne sommes pas contre la R�volution fran�aise, nous ne sommes pas contre le fait que le 14 juillet soit la f�te nationale, nous sommes contre le fait que cette f�te nationale soit principalement organis�e autour d'un d�fil� militaire. Voil� !

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Cette fois, nous pouvons passer aux op�rations de vote.

Je mets aux voix, � main lev�e, le v?u assorti d'un avis d�favorable de l'Ex�cutif.

Qui est pour l?adoption de ce voeu ?

Qui s?y oppose ?

Abstentions ?

Le v?u est donc rejet�. Je vous remercie.

Juillet 2010
Débat
Conseil municipal
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